Paul Perny (1818-1907), missionnaire en Chine pendant plus de 20 ans, est l’un des sinologues français les plus remarquables du XIXe siècle, mais sa place n’a pas encore été reconnue par manque d’études sur son œuvre. Parmi les publications de Perny, on peut distinguer l’ensemble consacré à l’apprentissage de la langue chinoise et, en particulier, son Dictionnaire français – latin – chinois de la langue mandarine parlée (1869), car il s’agit du premier dictionnaire imprimé avec la combinaison des langues français – latin – chinois.
L’approche génétique de la correspondance de Perny, conservée à Paris, permettra de saisir sa manière de construire ses différents dictionnaires et outils d’apprentissage du chinois. Cette approche génétique sera encore mieux mise en valeur à travers une édition numérique sur la plateforme e-Man. Le corpus concerne pour l’instant plus d'une centaine de lettres parmi la correspondance générale de Perny. Ces lettres seront commentées avec des références et des analyses du processus de création des œuvres publiées de Perny.
]]>L’Épistolaire Perny vise à retracer le processus de création de l’œuvre lexicographique du Père Paul Perny ainsi qu’à réaliser un portrait de l’auteur à travers l’édition numérique et génétique de ses lettres.
Paul Perny (1818-1907), missionnaire en Chine pendant plus de 20 ans, est l’un des sinologues français les plus remarquables du XIXe siècle, mais sa place n’a pas encore été reconnue par manque d’études sur son œuvre. Parmi les publications de Perny, on peut distinguer l’ensemble consacré à l’apprentissage de la langue chinoise et, en particulier, son Dictionnaire français – latin – chinois de la langue mandarine parlée (1869), car il s’agit du premier dictionnaire imprimé avec la combinaison des langues français – latin – chinois.
L’approche génétique de la correspondance de Perny, conservée à Paris, permettra de saisir sa manière de construire ses différents dictionnaires et outils d’apprentissage du chinois. Cette approche génétique sera encore mieux mise en valeur à travers une édition numérique sur la plateforme e-Man. Le corpus concerne pour l’instant plus d'une centaine de lettres parmi la correspondance générale de Perny. Ces lettres seront commentées avec des références et des analyses du processus de création des œuvres publiées de Perny.
Le corpus initial comprend plus de 140 lettres manuscrites et un dictionnaire inédit dactylographié.
L’Épistolaire Perny (E-Perny) vise à mettre en lumière l’œuvre lexicographique de Paul Perny et à retracer le processus de création de ses ouvrages à travers l’édition génétique et numérique de sa correspondance.
L’œuvre de Perny sur la langue chinoise se distingue d’autres publications du XIXe siècle par le fait d'être un ensemble pédagogique complet : deux dictionnaires, un appendice à l’un de ces dictionnaires, une grammaire en deux volumes, un livre de dialogues chinois - latin et un recueil de proverbes chinois. L’étude et l’édition numérique et génétique de ses lettres permettront, également, de réaliser un portrait de l’auteur et de son époque, ainsi que mettre en relation cette correspondance avec l’ensemble de son œuvre.
Le corpus de l’Épistolaire Perny (E-Perny) comprend plus de 140 lettres inédites entre 1849 et 1868 ainsi que certains œuvres de Perny consacrés à l'apprentissage de la langue chinoise. Parmi ces œuvres on trouve le Vocabularium latino sinicum (1861), dictionnaire inédit, réalisé en papier riz et dactylographié. Les autres publications de Perny sur l’enseignement du chinois sont accessibles à travers des liens vers Gallica ou vers d'autres bibliothèques numériques.
Comme matériel un peu particulier présent dans l'Épistolaire Perny (E-Perny), on trouve le libelle contre certains professeurs du Collège de France, rédigé sous le pseudonyme de Léon Bertin. De même, on y trouve également la réponse du Marquis d'Hervey de Saint Denys (1874) à ce pamphlet et la publication du jugement du tribunal de Versailles qui a eu lieu suite à cette publication.
La numérisation a été faite en interne et manuellement. Le corpus est dans un état très homogène. Mais un travail conséquent doit être fait entre le registre des Missions et les lettres numérisées de ce fond.
La correspondance va être transcrite. C'est une correspondance officielle, avec donc une langue surveillée, une écriture lisible, peu de variations (ratures, ajouts) dans le texte.
La transcription sera au départ non diplomatique et non modernisée : on garde l'orthographe de l'époque ; dans une seconde campagne de relecture, les variantes seront encodées pour avoir un texte modernisé utile au moteur de recherche. Les retours à la ligne, les alinéas, les notations d'inventaires ne sont pas notifiées.
La transcription est faite par l'outil Transcript et sera exportable en PDF, XML et XML/TEI.
Un exemple : les 4 folios de la lettre "L'œuvre de son dictionnaire chinois le retient en France"
Œuvre lexicographique et correspondance
Paul Perny est un auteur prolifique, passionné de la langue et de la culture chinoises qui a une longue expérience de terrain. Sa préoccupation de rendre accessible une langue réputée comme très difficile, voire impossible d’être apprise, se reflète dans son œuvre et dans sa correspondance.
Effectivement, Perny conçoit un ensemble complet pour l’apprentissage de la langue chinoise avec plusieurs types des publications : deux dictionnaires, un appendice à l’un de ces dictionnaires, un livre de dialogues, un autre des proverbes et une grammaire. D’ailleurs, cette grammaire est représentative de la mission catholique française en Chine au 19e siècle, car elle est, d'après nos données, la seule à avoir été publiée pendant la deuxième moitié du 19e siècle.
Une autre particularité de son œuvre est la publication en 1869 du Dictionnaire français – latin – chinois de la langue mandarine parlée. Il s’agit, d'après le propre Perny, du premier dictionnaire publié avec cette combinaison des langues. Ce dictionnaire présente une approche 'communicative' de la langue, face aux approches plus traditionnelles des lexicographes antérieurs.
Perny est également un auteur épistolaire prolifique. Une très riche correspondance en témoigne. Entreprendre une analyse de cette correspondance nous permettra de tracer le cheminement de Perny lors du processus de création de ses ouvrages. Ainsi, à travers les différentes informations qu’on peut y trouver, on peut mieux comprendre les difficultés auxquelles il s’est confronté pour publier un dictionnaire et une grammaire chinoise, ainsi que d’autres textes, à Paris, dans la deuxième moitié du 19e siècle : achat des fontes de caractères, difficultés économiques pour payer l’impression, etc.
Débuté en 2017, le projet « Naturalismes du monde » a été une initiative de partenariat incluant le CNRS, l’ENS et le Collège de France, au sein de la COMUE PSL. Le Labex TransferS a envisagé d’étudier les circulations des textes, des modèles intellectuels et des objets culturels saisis dans le contact des langues. Dans ce cadre, et en lien avec « La République des Savoirs », le Centre Zola de l’ITEM a souhaité étudier et valoriser les lettres internationales adressées à Zola. Il s’agit du courrier des lecteurs du monde, dans le contexte d’une vie littéraire internationalisée à la fin du 19e siècle, à l’ère du cosmopolitisme, des colonies et des Alliances françaises, du commerce industriel et des grands chantiers, et bien sûr au moment de l’affaire Dreyfus.
Cette dernière a suscité l’explosion d’un courrier planétaire adressé à Zola, convergeant vers la rue de Bruxelles ou vers Médan, par centaines de lettres journalières lors de la publication du J’Accuse dans L’Aurore du 13 janvier 1898, traduit aux quatre coins du globe. Notre priorité est allée vers l’examen de ce vaste corpus épistolaire multilingue, dont une part est encore conservée dans les archives du Dr. Brigitte Émile-Zola, précieuse collaboratrice des projets archivistiques zoliens. Comment ce courrier planétaire des lecteurs parle-t-il du naturalisme ? Comment les professionnels de l’édition et de la presse contractualisent-ils les droits de traductions et de publications en langue étrangère ? Quelles images renvoient-ils de Zola en dehors de l’hexagone, et – au-delà même de la question artistique – comment les lettres sur l’affaire Dreyfus modifient-elle la perception du naturalisme zolien, avant et après cette « affaire-monde », à la charnière de l’esthétique et de l’éthique, de l’art et du combat ? Sur le plan de la sociologie épistolaire, ce courrier de milliers de lettres participe enfin d’une photographie mondiale exceptionnelle des canons artistiques, des idéologies et des mentalités des peuples à ce moment de l’histoire, des pratiques des langues susceptibles de permettre la compréhension de certains phénomènes de transferts culturels à la fin du 19e siècle, en particulier la fabrique de l’opinion publique, entre le nationalisme et l’universalisme, l’histoire politique de l’Europe et la montée de l’antisémitisme, l’histoire des nations européennes aux portes de la Première Guerre Mondiale.
Pour une part, le courrier international des lecteurs de Zola, anonymes en majorité, entre dans le contexte de la « lettre à l’écrivain ». Cette situation-type du vedettariat littéraire, qui débute notamment avec Rousseau, est un élément important de l’histoire médiatique du 19e siècle pour comprendre l’économie du succès et la stratégie de fidélisation d’un lectorat. Plus encore, l’écrivain a besoin de cet audimat épistolaire comme baromètre de popularité à mesure qu’explosent l’industrie de la presse et la publication en feuilletons qui transforment le champ littéraire.
Plus de 2300 lettres numérisées à ce jour, sous la responsabilité de Jean-Sébastien Macke, sont en ligne sur la plateforme E-Man de l’ITEM. Tous les continents sont couverts, sur une période qui va surtout des années 1880 jusqu’à la fin de la vie de l’écrivain : l’Europe limitrophe de la France (Belgique, Suisse, Allemagne, Espagne, Angleterre…), l’Europe de l’Est (Hongrie, Pologne, et les lettres de Russie, …), les deux Amériques, du Nord et du Sud (Canada, États-Unis, Chili, Argentine, Brésil, Colombie, Costa Rica, Mexique ou encore Venezuela), le continent asiatique, (Inde et Indonésie), l’Australie, l’Afrique du Sud. L’équipe est loin d’avoir fait le tour de ce courrier international, dont une grande partie reste encore inédite. Cependant, le corpus déjà constitué permet d’élaborer une méthode et des axes de lecture qui répondent à la question principale d’un tel projet : quel traitement apporté à une telle masse épistolaire, pour quels intérêts et quels usages ? Le colloque de mai 2019, dont les actes sont publiés dans le numéro 94 des Cahiers naturalistes (2020), a tenté de répondre en partie à ces questions.
Ces lettres sont des archives-monde, sans doute parmi les plus fortes de la mémoire collective de l’humanité en marche, qui fit écrire à l’un des épistoliers argentins, le Dr Louis Harperath, le 23 février 1898 : « Zola est tout un homme ! ». Ces lettres sont ainsi un trésor de langues et les traces vibrantes de la conscience collective planétaire. Elles offrent un trésor de l’humanité dans l’un des gestes les plus inaliénables : reconnaitre la souffrance de l’autre comme la sienne propre, et oser l’écrire, à l’échelle du monde, à la manière d’un chœur épistolaire qui ne reconnait que la race humaine, au moyen d’une diversité scripturale.
Si ces lettres internationales ont des vertus éducatives, en ceci qu’elles portent en elle ce que les humains ont de plus commun – le langage, l’identification, l’émotion et la conscience – l’énonciation vient cependant buter sur l’intraduisible dans la langue de Zola. Gabriel Oliveiras écrit : « Pauvre, pauvrissime, est ma plume pour vous dire tout ce que mon cœur sent vers votre personnalité » (15 mars 98). Sans la langue française faite cri de justice par la voix de Zola, et sans la frappe de son verbe dans J’Accuse, le 13 janvier 1898, sans l’attachement à cette langue française de milliers de voix étrangères anonymes portées par ces lettres venues du monde, jamais l’affaire Dreyfus n’aurait été, au-delà d’une affaire d’opinion, une affaire-monde. Sans doute, son issue aurait-elle été différente si elle était restée une affaire nationale, une affaire d’État dans l’État, qu’elle était encore en 1894.
On peut regrouper les lettres mises en ligne en trois grandes rubriques :
1-Les lettres professionnelles du monde des Lettres, de l’édition et de la traduction, de la presse étrangère et de la diplomatie culturelle. Elles renseignent sur un écrivain de grande notoriété dont la carrière s’est internationalisée et qui s’approprie des réseaux médiatiques.
2-Les lettres d’admiration des lecteurs et lectrices des œuvres de Zola et de son engagement dans l’affaire Dreyfus. Elles relèvent de la reconnaissance pour l’artiste réaliste et l’intellectuel engagé. Ce sont les lettres qui offrent, de façon individuelle ou collective, un capital de soutien, proches de la lettre-pétition.
3-Les lettres de quémandeurs qui, au nom de la générosité de Zola, expriment une demande de soutien financier ou une lettre de recommandation. Ce sont des courriers qui sollicitent une attention, une protection ou un don. On trouvera les lettres des utopistes, des rêveurs, des mégalomanes, des démunis et des condamnés politiques. Au fond, le personnel romanesque d’un « monde à part » rêvant un familistère argentin ou un prototype d’avion dirigeable, inspirés par la vision industrielle de Paris ou Travail. Leur créativité entrepreneuriale nait dans le terreau de la fiction romanesque.