Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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N°1 Abbeville, samedi 1er juillet 7 h. du soir

J’arrive dans cet instant bien fatiguée. J’ai faim, j’ai sommeil mais je ne puis ni manger ni dormir avant de vous avoir remercier de ce bon billet, de ces bonnes connaissances que vous m’avez fait faire. j’ai tout dévoré. J’ai cherché l’histoire, le roman, c’est là ce qu’il me fallait d’abord. Il y a trop peu de cela, mais comme le peu qu’il y a m’a émue. J’ai couru ensuite après les dates. J’ai cherché à me rappeler ce que je faisais à pareil jour. Enfin, j’ai eu toute les émotions du monde. Elles n’ont pas toutes été douces. Ah mon Dieu, que j’ai peu d’esprit à côté de ces esprits là ! J’en ressens quelque embarras. Et puis je me dis qu’il y a autre chose qui compte, et je me rassure.
Monsieur je devais commencer par vous conter hier. Votre billet porte la date de 6 heures. Je ne l’ai vu qu’à 9. Mais à 6 heures je passais devant votre porte ; un embarras de voitures dans la rue parallèle à la vôtre ayant forcé mon cocher de prendre de votre côté pour me mener chez lady Granville. J’ai été bien contente d’elle. Elle m’a répété " you are safe." Je fus dîner chez Mad. de Flahaut, mais matériellement dîner & bien vite, & puis chez moi des affaires, des arrangements à prendre. Il se trouve que je n’avais pensé à rien, que je n’avais donné aucun ordre, quand tout était à commencer lorsque tout devait être fini. Voilà cette bonne tête, qu’on appelait comme cela jadis ! J’ai été excédée à 10 heures je me suis couchée sans pouvoir. dormir. À 6 heures j’étais en voiture & dans la rue de Luxembourg déjà j’avais ouvert le paquet je lisais et je n’ai pas fait autre chose jusqu’ici, excepté de une à trois heures où j’ai fermé les yeux, je ne sais si j’ai dormi, si j’ai rêvé, je ne puis trop expliquer cela, & je ne veux pas m’étendre sur cette partie de ma journée. Ma voiture est douce je m’y trouve bien, il me semble que je ne me trouverai bien que dans ma voiture mon courrier entre dans mes goûts il me fait avancer rapidement et cependant avancer c’est m’éloigner mais j’ai hâte de le faire. On dirait que cela me fera revenir plus tôt.
Adieu Monsieur. Je serai couchée à l’heure où je revenais de Chatenay, il y a huit jours. Je crois que je dors déjà. Pardonnez-moi, Monsieur, cette sotte lettre. Vous n’en aurez pas de plus élégantes jusqu’à ce que je sois settled en Angleterre. Je vous promets des nouvelles, mais jusque là seulement, ma plus tendre amitié.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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2. Boulogne midi dimanche 2 juillet 1837

Vous voyez comme je cours Monsieur. C’est superbe, et puis c’est insupportable car j’arrive et le bateau à vapeur est parti il y a deux heures. Il faut patienter jusqu’à demain 9 heures ! Soyez assez bon pour un faire passer le temps. Causons un peu et nous pouvons le faire bien commodément. Mon appartement est bien tranquille, pas le moindre bruit. Cela me fait une nouveauté après la bruyante rue de Rivoli. J’ai la vue de la mer de cette mer que j’aime tant & que vous connaissez si peu, & que je vous prie d’aller regarder pour me faire plaisir en descendant de voiture tout à l’heure j’ai senti une main saisir la mienne. Cela m’a donné une palpitation involontaire. C’était celle de lord Pembroke. Il ne valait pas la peine de m’agiter. Comme vous n’êtes pas femme, vous ne comprenez pas les bêtises que je vous dis là.
J’avais reçu en partant de Paris une lettre de mon mari. Je l’avais oubliée. Je l’ai ouverte aujourd’hui. Il m’écrit du 15 juin. Je me sens bien triste aujourd’hui. Je ne l’ai jamais été autant. Monsieur ces paroles dites ce jour là m’ont bien frappées.
4 h. Je viens de dîner, & j’ai reçu quelques visites. J’ai fait parler lord Pembroke, il a quitté Londres hier les Torys sont découragés, toutes les faveurs de la reine sont pour les Whigs. Lord Melbourne passe tous les jours deux heures de la matinée avec elle. Toutes ses idées sont accueillies. On ne dit rien de l’esprit et des opinions de la reine. On dit seulement qu’elle sait haïr, mais c’est bien quelque chose à 18 ans ! Elle veut à toute force chasser l’amant de sa mère. Elle le fait magnifiquement. Elle donne au chevalier Conroy trois mille lires sterling de pension pour qu’il s’en aille. Lord Pembroke s’est avisé de me parler aussi de french politics, il me dit : " Nous autres Torys nous n’avons qu’un vœu, c’est de voir M. Guizot aux affaires."
Mais monsieur ce n’est pas de politique que je veux vous parler, Je cherche... C’est de musique. Vous savez comme Je l’aime cette musique ! Comme elle m’enivre, comme elle me plait. Et bien, je l’entends, je la sens. Je n’ai pas lu aujourd’hui. j’avais trop lu hier, j’en ai mal aux yeux mais j’ai pensé à ce que j’avais lu j’ai trouvé des paroles qui m’ont été répétées. " Le paradis sur la terre." Il venait donc d’elle ? Et c’est avec elle qu’il était trouvé !
8 h. Je vous demande pardon Monsieur de vous parler à tort et à travers de tout ce qui me vient dans la tête. Quel début de correspondance et cependant, vous voyez bien que je ne vous dis rien, rien de ce que je voudrais dire. Je n’aime pas la contrainte. Je n’aime pas les souliers étroits ; un ruban qui me serre, & bien je n’aime pas plus les lettres que je vous écris, comment n’ai-je pas pensé à cela en m’engageant dans cette correspondance ? Dites Monsieur ne vaudrait-il pas mieux la laisser-là ? Hier & aujourd’hui ont été bien mal. C’est à dire bien maladroite. cela va vous fâcher, & je me sens toute humiliée d’avance de cette fâcherie.
Adieu Monsieur, adieu. C’est mon dernier mot de cette terre de France dans quelques heures je trouverai des émotions terribles. Ces pensées me font frémir. Le manteau de Raleigh (je crois que c’est le nom/ sera-t-il assez puissant ? Ah Monsieur j’ai le cœur brisé. Pensez à moi, prenez pitié de moi, je suis bien malheureuse. Adieu.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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N°2 Dimanche 2 juillet 10 heures du soir

Je rentre de ma promenade solitaire. Il n’y a presque plus personne à Paris, et je ne vais pas chercher ce qui y reste. Le bonheur, les affaires ou la solitude. C’est un blasphème de placer ces trois mots l’un à côté de l’autre. Le bonheur ne doit jamais être nommé que tout seul ; rien ne lui ressemble. Mais sans bonheur, et à défaut des affaires, j’aime bien mieux la solitude que le bavardage des indifférents. Je sais qu’on ne la supporterait pas longtemps, que l’âme s’userait vite à vivre ainsi à ses propres dépens et de sa seule substance. Mais finir seul sa journée se promener deux heures sans rien regarder, sans rien dire, n’entendant que le bruit de ses pas n’écoutant que cette voix intérieure qui nous entretient de notre passé ou de notre avenir, c’est assez doux. Dans les affaires mêmes, un peu de solitude est bonne ; il faut un moment chaque jour, secouer tous les jougs ne relever que de soi-même, permettre à sa pensée cette liberté insouciante qui lui conserve seule toute son originalité et sa grandeur. Gouverner n’est pas labourer. On s’hébête à avoir toujours la main sur la charrue et l’oeil sur le sillon. C’est un grand vice de notre organisation politique en France que ce travail incessant, ce défaut absolu de loisir auquel nous nous sommes condammés. A faire un tel métier, on se sent devenir machine soi-même et on tombe bientôt au dessous de sa tâche pour n’avoir pas su ou pu, de temps en temps, la laisser là et n’y plus songer. Je vous assure Madame qu’au milieu des plus pressantes affaires, une heure de conversation avec vous n’importe sur quoi serait, tout plaisir à part, le régime le plus sain du monde. à la vérité, ce n’est pas là de la solitude.
Lundi 3. 10 h du matin. Voilà votre lettre d’Abbeville. Je ne serai pas seul aujourd’hui. Que vous êtes aimable! Je voudrais vous le dire à mon plein gré. Mais je n’en ferai rien. Cette lettre n’ira cependant pas par la poste ; elle vous sera portée par le jeune homme dont je vous ai parlé, M. Nettement, qui va passer trois semaines en Angleterre et vient de me dire qu’il partait demain. Un moment, il m’a semblé que dans cette confiance, je vous parlerais comme nous nous parlions ici. Cela ne se peut ; j’y renonce. Ces mains étrangères, quelque sûres qu’elles soient
Ces chances lointaines, inconnues, tout cela refoule dans le cœur les choses qui auraient le plus envie d’en sortir. Il y a un degré de vérité, de liberté, qui ne souffre aucune entremise. C’est déjà trop quand on est ensemble, que la nécessité de rédiger ses sentiments en phrases et de les envoyer à deux pas en entendant le bruit de sa voix. L’âme ne passe jamais tout entière dans cette manifestation extérieure, et au moment même où elle parle, elle aspire. Surtout à être devinée dans ce qu’elle retient. Je ne sais lequel de nos poètes pour peindre la conversation. intime de deux amants a dit :
Cachés, et se parlant tout bas, quoique tout seuls. Il savait ce que c’est que l’intimité.
A tout prendre cependant, je me sens un peu plus à l’aise par M. Nettement que par la poste. Je lui remets donc cette lettre. Si vous êtes encore à Londres quand il en partira, il ira vous demander vos ordres pour moi. Vous pouvez les lui donner en sûreté. J’étais sûr que les volumes vous plairaient beaucoup. Si je n’en avais été sûr, je ne vous les aurais pas envoyés. Je ne déteste rien tant que la profanation d’un souvenir. A présent, quand vous reviendrez (car vous reviendrez) je vous parlerai librement de ces deux nobles créatures qui ont tenu tant de place dans ma vie. Il n’y a jamais eu, entre elles et moi, cinq minutes de roman. Je m’éprise le roman. Il a la prétention de surpasser la réalité et il lui est bien inférieur. L’amour vrai l’admiration vraie le dévouement vrai sont très rares, c’est pourquoi les gens qui ne s’y connaissent pas les appellent romanesques. Ils ne le sont pas du tout ; ils sont au contraire, quand ils existent tout ce qu’il y a de plus simple de plus positif, de plus pratique. Seulement il ne faut pas s’y tromper et prendre pour les sentiments-là, les fantaisies qui s’en attribuent le nom. Les feux follets qui traversent l’air s’appellent aussi des étoiles ; mais ils n’en ressemblent pas d’avantage aux étoiles véritables, et celles-ci n’en sont pas moins hautes et fixes parce que des traits de flamme apparente courent et brillent un moment dans les régions inférieures de l’atmosphère. Pourquoi vous parlerais-je aujourd’hui d’autre chose? J’ai le cœur joyeux et profondément indifférent à tout ce qui n’est pas ma joie. J’attendais votre première lettre avec une inexprimable impatience. J’avais soif de rentrer par ce simulacre, en possession de nos longs et doux entretiens. Dans une charmante habitude la première interruption a quelque chose de très amer. L’âme se précipite pour ressaisir le fil qui lui a échappé un moment. Adieu, dearest Princess. Soignez-vous comme vous me l’avez promis. Je serai charmé que vous me donniez des nouvelles ; mais sachez bien que j’aime infiniment mieux autre chose.
Adieu. Adieu. Guizot Je suis obligé de rester deux ou trois jours de plus à Paris. Moi aussi, j’ai négligé mes affaires et comme il y en a qui intéressent mes enfants je veux les faire avant de partir. Remarquez mon cachet. C’est celui dont je me servirai habituellement.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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3. Boulogne, 9 h du matin.
Lundi 3 juillet

La marée n’arrive pas, je suis toute impatiente de placer la mer entre la France et moi. J’espère retrouver un peu de calme en Angleterre. J’en ai grand besoin. Il me semble que j’ai la fièvre. Ah monsieur, que je voudrais vous parler, vous écouter, vous mettriez mon esprit en ordre. Que d’idées s’y pressent. Tant de douleurs, tant de joie, tant d’incertitudes sur mon avenir. C’est un chaos ; mon cœur n’y suffit pas. Il est si plein, si plein. J’attends le Capitaine, dans 10 minutes je m’embarque. Je resterai sur le pont. Je regarderai, cette France tant que mes yeux pourront regarder.

Londres mardi 10 h. du matin, J’ai fait un passage superbe, deux heures et demie. J’ai pris quelque chose a Douvres, et puis je suis venu sans m’arrêter à Stafford house. J’ y étais à onze heures hier soir. Il y avait un grand dîner tous mes english friends de la couleur Whig. Lord Grey à la tête. Ils s’étaient lasser de m’attendre ; en sorte que je n’ai plus trouvé que la famille de la Duchesse, M. Ellice, mon fils. Il ne m’attendait plus. Il allait partir. Je l’ai rencontré sur ce magnifique palier avec cette belle Duchesse et un groupe de douze personnes. Tout cela m’a accablé. J’ai embrassé le Duc, croyant embrasser mon fils. Mes jambes ne me soutenaient pas. La fatigue, les battements de mon cœur en entrant à Londres, tout ce qui le remplit mon cœur ! tout cela m’avait étourdie. On m’a fait causer, on m’a même fait rire, on m’a servi à souper à minuit, on m’a mené dans mon appartement, mon fils est resté jusqu’à une heure. Il a bien de l’esprit, et il m’aime, c’est du bonheur pour moi de me retrouver avec lui.
Je me suis couchée sans pouvoir m’endormir. J’ai entendu l’horloge de St James sonner toutes les demi heures. Mon âme était si agitée ! Je viens de me lever, & je viens à vous Monsieur. Je vous ai fait un récit bien sec de ma journée d’hier. Je n’ose pas me livrer à la douceur de vous décrire mes sensations. Cela m’entraîne, cela m’égare je ne saurais où m’arrêter ; je dirais trop peu, je dirais trop. Avant de m’embarquer hier. Je me suis jetée à genoux. J’ai invoqué Dieu. Je lui ai si souvent demandé de me laisser mourir. Hier je l’ai prié de me laisser vivre ; de me conserver ce cœur que j’ai trouvé. Il y avait du trouble et cependant tant de passion dans ma prière, et de tristesse & de douceur.
Le temps a été magnifique ; la mer calme. Je vous ai dit que pour éviter le mal de mer il faut regarder la ligne de l’horizon. Je l’ai regardé tout le temps. Mon horizon c’était la France. Cette ligne blanche que mon œil apercevait encore presque au moment d’entrer dans le port de Douvres. Et puis quand on m’a dit que nous arrivions, je me suis retournée de l’autre côté et mes yeux se sont remplis de larmes. Cette île où j’ai été si longtemps heureuse d’un bonheur si pur, si doux, si calme. Je la revoyais donc toute pleine de tant de souvenirs, & rien J’ai regardé rien pour mon cœur ! tout avec calme, je crois. Quelques habitants du lieu attendant sur le bord m’ont reconnue. J’ai été accablée de soins, de prévenance, pas un embarras. Je leur ai si longtemps appartenu que toutes les difficultés s’aplanissaient devant mon nom. Il y avait du cœur dans cet accueil ; dans les auberges sur la route on m’apportait des fruits, des fleurs. Il n’y manquait que les couplets mais John Bell n’en fait pas ! J’entendais répéter mon nom ; moi même il me semblait que j’ y avais été la veille. Rien ne m’étonnait. Je rêvais, je regardais tranquillement en beaux paysages. Deux ou trois fois seulement à la vue de ces ravissants cottages, bien ornés, entourés de beaux ombrages, tapissés de fleurs, avec les beaux enfants jouant sur le gazon, j’ai senti comment on peut être heureux. Et les plus profonds soupirs sont sortis de mon triste cœur. En approchant de Londres la nuit était venue. Je la voulais. En plein jour je n’aurai pas supporté cette vue. Londres éclairée ne me rappelait rien qui peut faire faiblir mon cœur. Je n’ai donc pas pleuré mais j’étais en rêve, vous savez Monsieur tous mes rêves. Vous me l’avez dit & je vous crois. Vous me devinez, vous savez, vous comprenez tout ce que je pense. Continuez Monsieur à penser tout ce que je pense !
Quelle lettre Monsieur, c’est moi, toujours moi dont je vous parle. Je vais vous ennuyer. D’après le peu qu’on m’a dit hier au soir le règne des Whigs est parfaitement assuré. Ils disent éternel. Je saurai beaucoup aujourd’hui ce qui fait que vous saurez beaucoup demain. Dans ce moment je n’en puis plus; je suis accablée de fatigue. Adieu Monsieur. Adieu, ne m’oubliez pas.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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Château d'Eu. Mercredi 16 0ct. 1844,
9 heures

Je vous en conjure, ne soyez pas malade ; que je ne vous trouve pas malade. Vous ne savez pas à quel point j'ai besoin d'être tranquille sur vous, avec quel sentiment, chaque fois que je vous vois, j’interroge votre physionomie. Que sera-ce quand je vais vous revoir ? Vous le voyez ; je suis prudent je suis clever. J’ai ramené le Roi par Calais. Je reste un jour ici à me reposer. C’est vous qui êtes chargée de m’en récompenser. Portez-vous bien. Je suis bien, très bien. J’ai bien dormi de 5 à 10 heures. J’ai très bien déjeuné dans ma chambre. Quand ma toilette a été faite, l’heure du déjeuner du Roi était passé. Et puis, j'ai besoin et soif de solitude. J’ai donc préféré ma chambre. Une côtelette, une aile de poulet, des asperges, du raisin, et du thé. Est-ce bien ?
Cela vaut mieux que la cuisine de Windsor. Pas de légumes mangeables, excepté les pommes de terre. Pas un bon poulet. Et toutes les peines du monde à avoir du riz ou du vermicel, pour potage, au lieu de turtle. Vous auriez ri du luncheon que nous avons mangé à Portsmouth chez un bon M. Grant, Store keeper qui l’avait préparé pour ses amis de Londres venus pour assister à l'embarquement du Roi. Plus de 10 mille personnes étaient là dans cet espoir. L’amiral Cockburn, était au désespoir de notre changement de plan. Il a lutté obstinément pour le premier projet. Il regrettait. passionnément son spectacle sur mer. Puis, quand on lui a demandé d’envoyer un canot au Gomer, qui était en rade à Spithead il y en a envoyé deux successivement qui sont revenus, tous deux sans avoir pu franchir la barre. Il aurait fallu rester à Portsmouth à attendre que le temps changeât.
En débarquant en France à Calais, à Boulogne, à Montreuil, à Abbeville, partout sur la route, j’ai trouvé l’état d’esprit des populations excellent. Vive joie de revoir, de reprendre le Roi. Vif orgueil de l’accueil qu’il venait de recevoir en Angleterre. Vive satisfaction de la consolidation de la paix. Voilà les sentiments vrais, naturels, spontanés. Je les jetterai à la tête de ceux qui essaieront de les obscurcir, de les dénaturer, de mettre à la place les stupidités routinières et les animosités factices des journaux. Vous avez mille fois raison. Je prendrai ma position et les choses sur un ton très haut. J’en ai le droit, et c’est la bonne tactique. Adien. Adieu.
Dear, dear, infinitely dear. Encore une fois, ne soyez pas malade. Si vous m’aimez, c’est tout ce que je vous demande. Adieu. Je suis charmé que Marion soit là. Adieu. à demain. Charmante parole ! G.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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367. Londres, Jeudi 14 mai 1840,

Votre fils va bien. Je ne vous dis rien de plus parce qu’il n’y a rien de plus à dire. Je vous ai toujours dit la vérité, et je n’ai rien négligé pour la savoir. Au moment où vous m’écriviez Lundi cette lettre dont je suis blessé, j’étais dans ma voiture à
la porte de Brodie, attendant M. Herbet que j’avais envoyé causer avec lui, et qui m’a rapporté les détails que vous avez reçus hier. Adieu. Je vous écris aujourd’hui à Douvres aussi bien qu’à Boulogne. Si vous êtes partie aujourd’hui comme vous me le dites, je doute que ma lettre arrive à temps à Boulogne. Vous l’aurez à Douvres. J’écris poste restante. Adieu.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
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368. Londres, Jeudi 14 mai 1840

Votre fils va bien. La convalescence suit son cours régulier. Je ne vous dis rien de plus parce qu’il n’y a rien de plus à dire. Je vous ai toujours dit la vérité et je n’ai rien negligé pour la savoir au moment où vous m’écriviez Lundi cette lettre dont je suis blessé, j’étais dans ma voiture à la porte de Brodie, attendant, M. Herbet que j’avais envoyé causer avec lui, et qui m’a rapporté les détails que vous avez reçus hier. Adieu. Ceci est la répétition d’une lettre que je vous adresse en même temps à Boulogne. Si vous êtes partie aujourd’hui, je doute que ma lettre de Boulogue vous arrive. Vous trouverez celle-ci à Douvres. J’écris poste restante. Adieu
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