Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Auteur : Lemoine, John Emile (1815-1892)
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J'ai bien regretté, Monsieur, d'avoir quitté l'Angleterre au moment où vous y arrivait la nouvelle de votre délivrance. J'aurais voulu être des premiers à vous féliciter, et assister à la joie que ce souffle venu de la patrie a dû répandre autour de votre foyer. Cette petite cage mélodieuse de Brompton où gazouillaient dès l'aurore vos chers oiseaux doit se réveiller plus matinal encore et plus joyeuse depuis qu'elle n'est plus suspendue aux saules de l'exil [...].
Vous m'avez toujours permis d'être vrai devant vous ; je dirai donc que je crains qu'à notre tour nous ne jouions en ce moment le jeu de la force et du hasard. Je vois presque tout notre parti engagé dans cette voie et je ne sais où elle nous mène. Vous m'avez dit que vous vouliez user du privilège de la proscription ; tout ce qui se fait ici vous donne raison et ne peut que vous engager à vous réserver. Je ne puis m'empêcher de prévoir le jour où, avec l'esprit et avec la liberté, vous serez appelé à combattre ce parti de matérialistes et de soldats qui vont nous entraîner à sa suite. Pour moi, j'ai aussi mon privilège, celui de l'obscurité ; et j'en use pour m'abstenir.
Si je voyais distinctement la vérité, je ne m'abstiendrais pas. Mais dans ce désordre universel, je ne vois que le mal, et si j'entrevois le bien, c'est encore à travers le mal. J'attends la lumière.
Ce que je sais le mieux, et ce dont vous ne doutez pas, c'est que nul n'a plus que moi partagé le bonheur qu'a dû vous causer la fin de votre exil. Veuillez en recevoir encore, et pour vous, et pour tout ce qui respire, prie, et travaille autour de vous, mes félicitations les plus sincères avec l'hommage de mon dévouement et de mon respect.

Auteur : Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
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Vous êtes mieux placé, sous quelque rapport, que nous le sommes ici, pour juger l'état politique du moment. Les documents publics et les correspondances privées vous fournissent des données à peu près suffisantes pour bien asseoir votre jugement, et vous êtes à peu près en dehors de l'esprit de coterie, qui est souvent une cause d'erreur.

Auteur : Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
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Vous êtes un écrivain célèbre et un publiciste de premier rang ; dans vos écrits vous avez apprécié les époques les plus brillantes de l'histoire d'Angleterre, votre nom est mêlé à tout ce qui s'est fait de plus important en France depuis dix ans, tout absent que vous êtes, vous exercé une influence réelle sur ce qui se passe ici, quoi qu'invisible, vous êtes un des auteurs du drame animé qui se développe sous nos yeux ; en voilà plus qu'il n'en faut pour faire de vous à Londres un Lion de proportions gigantesques et cependant je ne vous ai considéré que comme homme politique : comme philosophe et littérateur, vous excitez la sympathie d'une classe nombreuse jouissant d'une considération dans les cercles de la capitale des trois royaumes.
Et je me suis réjoui de votre départ : je le crois utile pour vous et par conséquent pour la France.

Auteur : Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
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Hier, je dînais au château des Tuileries : après le repas, lorsque le roi eut congédié la plus part de ses convives, sa majesté vint à moi, me demanda si j'avais eu de vos nouvelles ; sur ma réponse négative, le prince me dit : je vois que M. Guizot est bien accueilli par les hommes de tous les rangs de la société, à Londres, et qu'il y jouit d'une juste considération, j'espère que cette considération s'accroitra encore, et que notre ambassadeur conservera cette position qui lui plait, qui lui est avantageuse et dans laquelle il peut bien servir la France et le roi. Je trouve seulement que, dans ses dernières lettres au président du Conseil, M. Guizot parait trop préoccupé des dispositions de l'Angleterre qui lui semblent douteuses envers nous. Guizot est enclin à croire que les ministres anglais traiteront avec les puissances étrangères sur les affaires de la Turquie sans nous.

Auteur : Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
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Sa majesté m'a demandé s'il était vrai que Mme de Lieven dût conduire vos enfants à Londres, au mois de mai prochain. Sur ma réponse négative, le roi ajouta qu'il en éprouverait du regret ; parce que cette dame était considérée dans le West end et dans downing street comme toute dévouée aux intérêts russes.

Auteur : Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
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Hier je n'ai pu joindre le roi : il est allé à Versailles ; mais ce matin il a lu votre lettre. Sa majesté m'a dit qu'elle ne pouvait que donner des éloges au langage que vous tenez dans cette lettre, qu'elle serait toujours disposée à soutenir, par tous les moyens en son pouvoir, les efforts des hommes de bien qui voudraient maintenir le système politique, si heureusement suivi depuis le 13 mars.

Auteur : Royer-Collard, Hippolyte (1802-1850)
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Maintenant que votre voix vient de se faire entendre jusqu'au milieu de nous, et que vous nous avez parlé, non plus comme la première fois en philosophe et en publiciste, mais en citoyen actif, peut à venir combattre comme nous et avec nous, avec l'éloquence de votre parole et l'autorité de vos conseils pour la cause de la civilisation attaquée de toute part [...] Nous avons été heureux d'y retrouver cette élévation de vues, ce beau langage, qui nous semblaient perdus en France depuis plus d'un an. La netteté de votre position et votre courageuse franchise, ressortent avec éclat, à côté des ambages de M. Duchatel, de ses hésitations, de ses déclarations à double sens, & j'ajouterai, de son style inqualifiable. Si vous deviez rester à Londres, et du haut de votre exil volontaire, juger publiquement l'état présent de notre pays, lui expliquer les causes et les résultats de cette situation & enseigner au monde les moyens d'arriver à la solution d'un problème qui semble insoluble, je ne trouverai jamais assez d'approbation, assez d'éloges, assez d'admiration, pour ce noble rôle que vous vous feriez au milieu de cette tristesse des temps. [...]
Je crois, peut-être je me trompe, mais enfin je crois fermement que l'état de la France n'est pas précisément celui que vous supposez. Quelqu'un qui n'a pas vécu depuis un an au milieu de nous, et qui n'a pas vu de près et par lui-même ce qui s'est passé, ne saurait imaginer que le prodigieux changement se sont accomplis en si peu de temps dans ses esprits. Tout ce que vous dites de l'aversion générale pour la République et de l'impossibilité de s'établir en France et de prendre au sérieux ce mode de gouvernement a été vrai pendant les premiers mois qui ont suivi la Révolution de février ; mais il n'en est plsu de même aujourd'hui. Je n'ai, en ce qui me concerne, aucun goût pour la République mais en m'arrêtant avec une impartialité à l'observation sérieuse des faits, je me permettrai de dire que l'immense majorité de la France, (c'est Paris que j'appelle la France, parce que Paris est tout ; le reste se soumet) ne voudrait maintenant accepter aucune autre forme de gouvernement que la République. La Monarchie, il faut le reconnaître, est tombée dans le mépris ; quelle sécurité peut inspirer un gouvernement qui s'écroule devant un banquet qu'on ne peut pas même s'exécuter, qui ne peut compter ni sur la population, ni sur la Garde Nationale dont l'existence est peut-être incompatible avec la sienne, ni sur l'armée qui est travaillée par les fausses doctrines, qui vit nécessairement avec le peuple, & qui, chaque jour, devient de plus en plus, sinon ennemie du moins incertaine et hésitante ? 
Ce n'est point la République qu'on ne redoute maintenant, c'est les Républicains, c'est à dire les faubourgs et une centaine d'hommes.
[...]

Auteur : Montalivet, Camille Bachasson, comte de (1801-1880)
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Je désirais vous prier de me remettre la copie que vous avez bien voulu faire faire pour moi des lettres que j'ai eu l'honneur de vous adresser sur le procès des Ministres de Charles X : c'eût été pour moi une précieuse occasion de vous revoir et de causer avec vous.

[De la main de Guizot] Je lui ai renvoyé les copies le juillet 1869.

Auteur : Floquet, Amable (1797-1881)
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Retour sur la lettre de Guizot à Gladstone (Val Richer, [17] janvier 1871, avec un post-scriptum du 18 janvier), British Library, Add. Mss. 44429, p. 88-102. Concernant cet échange de correspondance, voir aussi Gabriel de Broglie, Guizot, Paris, Perrin, 1990, p. 467-471
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