316 Paris Mardi 26 février 1840
Midi
Voici ma pauvre journée hier. Le Bois de Boulogne, seule, Lady Granville et Mme Appony de 4 à 6. Le soir M. de Noailles, Bacourt, quelques autres. La combinaison Thiers et Doctrinaires étaient l’ordre du jour.
[[Je n’ai point vu paraître Génie pour le confirmer ou le démentir. Je [me ravis] d’un rien. Il me semble presque que je ne m’intéresse à rien. Je suis si triste ! J’ai passé une mauvaise nuit. J’ai pensé que vous aussi, bien froid ces routes. à 6 heures je vous verrai arrivé à Calais, car je doute que vous y soyez avant. Vous y trouverez une lettre.]] Lady Granville a été bien bonne et bien caressante pour moi hier, plus que de coutume. Son mari est toujours fort préoccupé de la crise. Il est arrivé quelque chose de très ridicule tandis que j’étais chez eux. Madame Sébastiani s’était fait annoncer une demi-heure avant, on l’attendait. Lorsqu’elle su que j’y étais, elle n’a pas voulu entrer. Ah pour le coup, c’est trop fort ? Et moi qui voulais innocemment lui aller faire visite pour apprendre des détails sur la noce ! [[Ne parlez pas de cela pas plus que je n’en parlerai. Vous concevez bien que je l’ignore. Il fait froid. Je ne sortirai pas tard.
2 heures Appony sort de chez moi, il est parfaitement convaincu que l’entrevue que le roi doit avoir ce matin avec Thiers n’aboutira à rien absolument, [acquis] avant la fin de la semaine l’ancien ministre sera rétabli. M. Molé est de cette opinion aussi. [Comte Mathieu Molé].
Vous êtes à Douvres. Vous en êtes déjà parti. Comme je pense à tout, à tout. Et vous, vous pensez à moi en traversant ce riant pays, en regardant ces cottages que j’ai tant regardés [l’année 37] ! [[Je me trompe fort, où vous aimez beaucoup l’Angleterre, et vous n’aimez pas beaucoup Londres. ]]
Il a fait trop froid pour me promener hier. J’ai passé une grande heure chez Lady Granville. Mme Sébastiani en sortait. Il y avait eu une scène très vive à mon sujet, qui a fini par des pleurs de l’ex-ambassadrice et amende honorable. Vous ne pourriez concevoir toutes les pauvretés qu’elle a dites. « On m’appelle à Londres, le chef de la coalition. J’ai remué ciel et terre pour vous y faire aller. » (Moi, la seule victime de ce départ !) Lady Granville s’est fâchée et a dit tout ce qu’il fallait dire. Au surplus tout cela ne fait rien ; ce serait trop bête de m’en fâcher. [[Pardonnez moi ma mauvaise plume. Je me punis par avance après un dîner solitaire j’ai reçu une troupe de joueur de Whist que Lady Granville m’a envoyée. Cela m’a diverti et pas trop pendant un quart d’heure après quoi je suis allée causer avec le duc de Noailles, messieurs d’a et de Castellane. Le premier exhorte ton [4 mots] il m’a parlé longuement et avec chagrin de la situation, il voudrait en sortir, il voudrait être [ ? ], parler agir travailler pour la monarchie sans s’inquiéter pour le [ ?] du monarque. Voilà le programme en gros.
Midi]]
Le vent était à Thiers hier et il y a des innocents qui y croient [[Je suppose qu’on croira autre chose aujourd’hui. Point de Génie encore. Cela ressemble beaucoup au [ ?2]
1 ½
Je viens de faire ma toilette, je reviens à vous. Mes lettres vous accueilleront. Je n’aurai rien à vous dire sans vous c’est temps perdu [ ? 2] et prendre les nouvelles. Qu’est-ce qui me reste ?
Le soleil est superbe ; mon appartement est bien gai, et je suis bien triste.]]
Adieu, je vais remettre ceci moi-même aux affaires étrangères [[et j’irai au bois de Boulogne, et puis quelques visites, et puis et puis toujours de la solitude, toujours de l’ennui, toujours de la tristesse, toujours de l’[ ?] adieu, adieu.]]