Transcription Transcription des fichiers de la notice - Troisième état dactylographié Valéry, Paul 1924 [circa] chargé d'édition/chercheur Johansson, Franz (édition scientifique) Franz Johansson, équipe Paul Valéry, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1924 [circa] Texte de Valéry publié avec l'aimable autorisation des ayants droit de Paul Valéry
f°29-31<br />Cote Rousseau : 383 21/133 à 23/123
Frappe noire. La première page manque, si bien que la série commence par une page avec une numérotation "2", indiquée à la main, et en plein milieu d’une phrase. On peut douter s’il s’agit véritablement d’une série dont manquerait la première feuille. Car les différentes pages ne présentent pas une succession claire et la numérotation est tantôt indiquée à la main (f. 29), tantôt à la machine (f. 30 et 31). <br /> Le verso des f. 29 et 30 est couvert de calculs, équations et schémas. Celui du f. 31 est vierge. Français Frappe noire. La première page manque, si bien que la série commence par une page avec une numérotation "2", indiquée à la main, et en plein milieu d’une phrase. On peut douter s’il s’agit véritablement d’une série dont manquerait la première feuille. Car les différentes pages ne présentent pas une succession claire et la numérotation est tantôt indiquée à la main (f. 29), tantôt à la machine (f. 30 et 31). <br /> Le verso des f. 29 et 30 est couvert de calculs, équations et schémas. Celui du f. 31 est vierge.
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graines et de noix paisibles sont un trésor dans les caisses de quiétude, captives des les sens tout un hiver tranquille est perceptible habité  par leurs c…. dans leur parfum. C’est le plus grand triomphe des hommes et qui  le commandait  de tous les autres, que d’avoir su transporter jusqu’au lendemain les effets et les fruits du labeur de la veille Les hommes se sont élevés sur le tas de leurs. Provisions et prévisions, peu à peu, nous ont détachés de l’exactitude de nos nécessités animales répit et du mot à mot de nos besoins. La graisse qui est sur nos membres, la mémoire qui se tient auprès de nos âmes toute prête dans l’ obscur relai, ce sont des ressources  réserves idées contre l’instant contre l’inconstance des choses que notre industrie a imitées développées  nous portons avec nous de quoi durer résister quelques instants

Il y avait chez Robinson, traînant non loin de l’âtre, une vieille table de logarithmes sauvée des eaux, qui lui ser vait à maint usage domestique. Elle disait aussi, dans son naïf langage décimal, que nous  l’espèce laborieuse s’est constitué nous sommes fait des écono mies de pensées ouverte, elle était pleine de fourmis, dévorée de chiffres menus, et que des écritures convenables changent consument  [à déchiffrer] les heures et les peines ds dans de quelqu’un en minutes utilité immédiate de tout le monde.

Robinson, au milieu de ses nouveaux biens, et dans la  et à cause présence et la certitude de son capital de durée, de se proposer dans un personnage indécis commençait de redevenir un homme c. à d. un être indécis entre ce qu’il a et ce qu’il aurait. Il respirait distraitement, il ne savait quels fantômes poursuivre Le service  Ses appétits ne demandent plus son assurance matérielle. Il était menacé de songer métaphysique. L’oisiveté, qui est fille du sel du passé, de la cuisson et de tous les apprêts qui suspendent travail, en quelque sorte, le destin des aliments périssables, quand on dit qu’elle est mère des vi ces, on se trompe, on omet un degré de filiation. Elle n’est que l’aïeule des vices, mais elle est mère directe des rêveries, lesquelles enfantent tout ce que l’on sait. les marins

Des formules mathématiques sont écrites au verso
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L’ave Son avenir étant mis en caisses et confié  et assuré par des préparations inaltérables, Robinson créateur de loisir, puisqu’il n’avait plus rien à faire, se sentait envahir de pensées.

Ne rien faire, c’est se faire universel ; et qu’on le veuil le ou non, à peine nous avons les mains libres aussitôt cette liber té gagne l’esprit.

  Ce R spirituel Mais [à déchiffrer] isolement 

fluctuations Ses entreprises  A quoi donc

  dévoré consu mer tout ce temps, dont il était roi daguet Tout le vide était devant lui s’était Il se déploie comme un homme qui [à déchiffrer] ne pouvant supporter le silence d’une forêt et 

Croquis et calculs
Croquis et calculs au verso du folio

  Robinson, au milieu de ses nouveaux biens, commençait de redevenir un homme, Il naissait c’est-à-dire un être indécis. Il respirait distraitement, il ne savait quels fantômes pour suivre. Il était menacé de songer.

Notre  L’avenir était  une fois mis en caisses et confié à des prépa- rations inaltérables, cette assurance matérielle nous livre sans défense aux étranges mouvements propres de notre esprit. Nos appétits ne commandent pus nos journées. Alors,  nous croyons d’ê tre libres, mais nous ne sommes qu’à la disposition des incidents les plus vains de notre regard. La variété, l’in finité des images qu’il se crée nous abusent sur nos pou voirs.

Robinson, créateur de loisir, puisqu’il n’avait plus rien à faire, se sentait envahir de pensées.

Ne rien faire, c’est se faire universel. À peine nous a vons nous les mains libres, aussitôt cette liberté gagne l’esprit. Il se déploie et se dépense devant soi-même, comme pour emplir le vide du temps qui lui appartient. C’est une sorte de solitude que le désœuvrement ; l’âme essaie de s’y sous traire par ses moyens intérieurs, comme un homme qui ne pouvant supporter le silence et la profondeur d’une forêt, chante ou parle à tue-tête, et se récite tout ce qu’il sait.