930 Mots dans un aquarium

Ce recueil, non daté sur le support manuscrit, n’est mentionné que deux fois, du moins sous ce titre. Car il pourrait avoir connu dès 1983 une première… inexistence : « Je prépare un recueil de poèmes (Les portes des Innexistences). Que je compte sortir en 1986 »¹. Un indice textuel et biographique suggère qu’il s’agirait bien de ce même recueil : le poème « Dimanche soir » est dédié « À Thiago de Mello » [f° 33v], le poète brésilien que Sony a rencontré cette année-là (1983) à Paris, sans doute à l’Unesco, et dont il est souvent question dans la correspondance avec Sônia, l’amie brésilienne qui sert d’intermédiaire et de traductrice de part et d’autre de l’Atlantique entre les deux amis poètes. C’est par son truchement qu’ils échangeront des poèmes².

Deux ans plus tard, dans une lettre du 23 décembre 1985, Sony écrit : « J’avance aussi mon recueil de Poèmes/nouvelles “930 Mots dans un aquarium” »³. On ne s’étonnera donc pas de retrouver ici, comme dans L’Amour des mots dont il est l’avant-texte, un singulier mélange de genres ; des textes en prose, sous les titres « Le Grand Congrès des Mots » et « Sept poèmes pour Brazzaville », et notamment le premier chapitre de ce dernier, « La décision » [f° 67r], constituent probablement la trace des premières élaborations textuelles du roman Les Yeux du volcan⁴ publié en 1988.

La dernière mention de ce texte se trouve dans un entretien réalisé à une date indéterminée avant 1989 (terminus ad quem) : « Je travaille sur un recueil intitulé “930 Mots dans un aquarium” que j’espère publier. Dans la vie quotidienne les gens utilisent pour s’exprimer moins de 900 mots, c’est donc avec ces mots-là que j’ai décidé d’écrire ma poésie »⁵. Sony aurait donc travaillé à ce recueil pendant plusieurs années entre 1983 et 1987. En 1988, il aura déjà achevé le suivant, Le Quatrième côté du triangle.

930 Mots dans un AQUARIUM a été publié pour la première fois en 2005⁶.