Notes de voyage inédites

Au commencement, il y avait un carnet de notes. Le voici. Document d'une étude de terrain menée par Mouloud Feraoun en 1951, il est devenu un terreau dans lequel se sont enracinés l'un après l'autre La Terre et le sang et Les Chemins qui montent. 
Le carnet réunit des notes succintes à caractère varié : certaines sont personnelles (description de sa propre indifférence face au décès de l’un des « siens », comme le dit Feraoun au folio 3v.) d’autres sont manifestement ethnographiques (p.ex. descriptions des habitations).
Ces notes ont eu une vie littéraire brillante et courte : soumises à une élaboration littéraire intense, elles ont donné naissance à tout un univers romanesque de la France des immigrés kabyles. L'écrasante majorité de ces fragments ont été ensuite supprimés de l'édition, principalement pour alléger les deux romans.
Il n’empêche que le contenu du carnet ait largement contribué à la compréhension approfondie de la société kabyle immigrée en France par l'écrivain lui-même.
Ainsi, ces notes, dont l'influence est évidente au niveau des manuscrits et pratiquement indécryptable dans les livres édités, ont permis de recréer une ambiance dans laquelle un lecteur-émigré kabyle (si seulement lettré) pouvait facilement se retrouver. En ce sens, même les suppressions importantes au niveau textuel n’ont pas pu effacer totalement le résultat du travail de documentation ici présent.