Quand il s’essaie au roman historique – écrit directement en français –, le but du jeune poète est de rétablir la vérité en ce qui concerne l’histoire malgache récente, en particulier la conquête de l’île par les Français. Car les évènements ont été passés au crible par le vainqueur et leur sens a été gauchi de façon tendancieuse et intéressée. Mais la haute et claire revendication qui est celle de la «Note préliminaire» a quelque chose de lucidement désespéré. JJR sait qu’il sera contré par la censure coloniale et ce qu’il appelle «les politiques» qui sont tout autant les idéologies inspirant les mentalités, les comportements et l’action du pouvoir que les manœuvres politiciennes. De fait, le roman L’Aube rouge, miraculeusement rescapé des coulisses où l’histoire l’a si longtemps tenu, n’a été publié pour la première fois qu’en 1998, en une version de lecture, dans un volume anthologique. JJR, en intellectuel malgache voulant illustrer l’originalité de la civilisation qui est sienne autant que développer son interprétation de l’histoire nationale, s’efforce de faire comprendre ce qu’il s’est passé du point de vue malgache et aussi de porter jugement en prenant pour modèle le Batouala, véritable roman nègre de René Maran. Ce roman qui obtint le prix Goncourt en 1921 fut à l’origine d’un scandale, surtout dû à la préface violemment anticoloniale placée par l’auteur au début d’un ouvrage pourtant plus ethnographique que critique. JJR écrit ainsi, en 1925, son véritable roman malgache de la conquête française.
Fiche descriptive de la collection
Citation de la page
Rabearivelo, Jean-Joseph , Aube rouge [L'], .
Claire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Consulté le 18/04/2024 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/francophone/collections/show/31