N° 224, 1erjuillet 1996 : « L’opposition et sa tévéhaa »
Saint-Enelgui, notre courant national faisait du progrès. Sa facture vint avant la lumière.
Je sortais péniblement d’un maquis la tête pleine de vapeur, un pied soûl et l’autre ne m’obéissant pas. Moi entre les deux à me demander où aller. Où est parti le président ? Il paraît que c’est en Chine. Il faut espérer qu’il ne revienne pas avec les yeux bridés. Dans le drapeau national il y a du jaune, c’est vrai. Mais quand même.
Je m’ennuyais. L’Assemblée Saladière avait fermé ses portes. Bâ Banque route s’était tu. L’opposition ne savait plus à qui s’opposer. Le PéouPé, le parti Ô pouvoir ! cherchait à marquer un dernier pénalty dans son propre camp. En attendant, on collait des pénalités avec la Tévéhaa. La Sogekrash avait toujours des cars couchés sur le dos ainsi que ses employés. Le train de Kankan cherchait toujours des rails, les élèves ne savaient plus à quel bac se fier. Le scolaire ou le fluvier (sic : fluvial?). Les seins flétris à quel nouveau saint s’accrocher pour trouver du lait.
Fory Coco était parmi nous. Il paraît qu’il était en Chine pour faire Tchin Tchin ! Les Chinois qui sont parmi nous, ont deux quartiers. Le Palais du peuple. Et le carrefour chinois.
Il y a aussi les Philippins. Eux, il paraît que ce sont les chats qu’ils imitent. J’ai un ami qui travaille pour eux. Il attrape les chats au cimetière, les fameux chats de Boulbinet. Des chats qui parlent
« Morciré !
I Bara ikha quinzi tongo ?
Morciré ! Morciré ! »
Morciré ne dormait plus. Alors, il est parti à la banque, a retiré toutes ses économies. Et puis, il a dit aux chats, « tenez, c’est tout ce qui me reste et foutez-moi la paix ! ». Les chats ont pris l’argent et ne sont pas encore revenus. A Fakoudou ! Bon laissons chat. On chen fout ! C’est ce qu’on appelle en haut lieu la cohaut-pération et autres opérations. Sylla Charybe, notre minustre « voix de son maitre » nous apprend tous les jours, les mardis de préférence, même quand le conseil des minustres est à conseiller. « Le président après avoir fait un large tour de vue d’horizon national et international » Et patati, patata ! Mais comment peut-on faire le tour de l’horizon ? L’horizon est la limite circulaire de la vue. Il ne peut pas être international. Même en politique, la vue a des limites. On l’a vu avec le marxisme.
Et puis à Taouyah, on est croyant ou non ? Parce qu’il y a un « pont » mobile. Quand tu bois, il se déplace. Quand tu ne l’es pas, tu tombes dans l’un de ses trous. Et tu te retrouves au port, emporté par les eaux. Moi, j’ai été repêché par les pieds une fois. Grâce à une bonne âme qui savait nager. Depuis, je n’ai pas revu ce type. Avalé probablement par le « pont ». En ce moment, on est en train, paraît-il de le refaire. On a creusé, creusé. En oubliant que les veaux ne savent pas où passer. C’est le « pont » du président. Juste après l’église Saint-Augustin. Depuis l’ancien régime, personne ne sait quoi faire de ce « pont ». De temps en temps, on tombe, c’est tout.
Ha ! Le régime de Fory Coco. Ma chienne barbue et moi, nous regardions un infirme et un militaire passer. Et c’est l’infirme qui tenait le militaire. Pour ne pas qu’il tombe, hé kéla !!! Ils venaient d’un maquis sympa, juste en face d’une école où on n’échoue pas. Le patron sait plonger dans les problèmes. Et nous l’aidons pour plonger.
Mon nouveau coq chantait plus tard que le coq de notre La Baïcha, minustre des prétout. C’est à dire plus tard que 6 heures 09. C’est chronométré. A Fakoudou ! Elle est sûre que c’est à 6 heures 09. Elle dort avec sa montre. Finalement, on ne sait pas où se trouve le muezzin de son quartier dans cette affaire politico-métaphysique. C’est vrai, mon coq s’ennuyait. Comme tout le monde est éclaté, on chen fout ! Mon coq a une poule au bec tordu. Comment l’embrasser ? C’est chat, la politique ! L’opposition s’en est rendue compte.
Elle n’a rien à faire en ce moment. Pourquoi ne pas se rendre au « Marcory » à côté du « Transit » pour former une autre assemblée, en mangeant et en buvant bien et en sécurité. Parce qu’on ne sait plus d’où tombent les obus. A Fakoudou ! Mais nous en chen fout ! On vous regarde faire semblant de chercher le pouvoir seulement. On devait coller une Tévéhaa à ces gens, pour discours inutiles. Le président en premier. Mais comme il est le premier des derniers…...La Tévéhaa viendra.
Quelqu’un racontait : « Je ne comprends rien. Alors rien du tout ! Je suis déflaté. Ma femme ne travaille pas. Mais tous les jours, je trouve un poulet dans ma marmite. Quand je lui pose des questions, elle me dit que si je ne veux pas manger l’animal, de jeter. Je la soupçonne d’adultère. Mais un poulet est-il une preuve d’adultère ? Puisque je ne peux pas faire parler le poulet » Hé Kéla !
Billet
UN CHAT M'A CONTÉ
Au marché
Il y a des tomates
Du piment
De la viande
De tout
Mais pas de prix
Comme la Tévéhaa
C’est quoi chat ?
Par Williams Sassine