Rome, le 20 messidor de l'an V
Le quatrième convoi des objets d'arts livrés par le gouvernement romain en vertu du traité de Tolentino, est parti de Rome pour le port de Livourne
[2] le 16 de ce mois. Il est composé de dix chars, du chargement desquels nous vous envoyons l'état. Ce sera le dernier convoi de ce genre que nous expédierons par terre. Les autres statues et morceaux de sculpture dont le poids et le volume ne permettent pas de les traîner dans les chemins de montagne, sont encaissés, scellés, emballés et déposés dans un magasin du Vatican, dont nous déposerons la clef entre les mains du ministre de la République
[3], qui voudra bien les expédier par le Tibre, lorsque les circonstances permettront de faire le transport par mer en toute sûreté. Nous vous envoyons aussi l'état des objets qui composent ce dépôt.
Le troisième convoi est déjà depuis plusieurs jours sur les terres de la Toscane. Il a, par conséquent, passé tous les mauvais chemins et nous avons tout lieu de croire que, comme les deux premiers, il arrivera en bon état à Livourne. Tous les rapports qui nous viennent de la Toscane attestent la bonne conduite des deux artistes Gros et Gaulle
[4] qui surveillent sa marche ; et eux, à leur tour, se louent beaucoup des attentions scrupuleuses avec lesquelles les agents du grand-duc
[5] font fournir toutes les choses nécessaires.
Le choix des cinq cents manuscrits est enfin terminé ; ils sont déjà encaissés et scellés. On les emballera le 22
[6] et nous les expédierons sur le champ par deux rouliers pour Livourne. Nous vous enverrons la liste par le prochain courrier, en vous donnant avis du départ.
Les citoyens Moitte, Berthélemy et Tinet espèrent partir d'ici le 23 pour Venise. Ils s'écarteront un peu de la route pour aller voir par eux-mêmes l'état de notre dépôt à Livourne.
[7] Le citoyen Monge, qui sera retenu un ou deux jours de plus par les caractères de la Propagande, partira le 24 pour se rendre à Venise.
[8]
Vous trouverez encore ci-joint, citoyen ministre, une instruction sur l'entretien des buffles, qu'en vertu des ordres du ministre de l'intérieur,
[9] nous avons expédiés pour le département de l'Ain. Nous vous supplions de la faire passer à ce ministre afin qu'il puisse l'adresser à l'administration qui en sera chargée.
Salut et respect.
Monge Berthélemy Moitte Tinet
[10]
P.S. Nous vous prions, citoyen ministre, de vouloir bien faire traduire dans vos bureaux l'instruction italienne sur les buffles et d'en envoyer la traduction au ministre de l'intérieur.
[1] Charles DELACROIX (1741-1805).
[2] Tous les objets saisis selon le Traité de Tolentino du 1er ventôse an V [19 février 1797] sont transportés à Livourne en quatre convois pour être embarqués pour Marseille. Les deux premiers y sont déjà. Voir les lettres n°81, 92, 94, 100, 110, 115, 121 et 122.
[3] François CACAULT (1743-1805). Voir la lettre n°102.
[4] Le sculpteur Edme GAULLE (1762-1841) et le peintre Antoine-Jean GROS (1771-1835) adjoints à la commission des sciences et des arts. Voir les lettres n°103.
[5] FERDINAND III DE HABSBOURG, grand duc de Toscane (1769-1824).
[6] 22 messidor an V [10 juillet 1797].
[7] Jean-Guillaume MOITTE (1746-1810), Jean-Simon BERTHÉLÉMY (1743-1811) et Jacques-Pierre TINET (1753-1803) partent finalement le 24 messidor. Voir les lettres n°113 et 114.
[8] Monge ne partira que le 26. Il attend aussi la copie du catalogue des cinq cents manuscrits qui ont été saisis à Rome. Voir les lettres n°113 et 114. Sur la question des caractères de la Propagande voir les lettres n°86, 88, 109, 110, 114, 133 et 134.
[9] Pierre BÉNÉZECH (1749-1802). Voir les lettres n°21, 24, 29, 48 et 115.
[10] Monge est seul avec Tinet, Berthélemy et Moitte. Thoüin est toujours à Livourne. Voir les lettres n°100 et 113. Berthollet est déjà à Venise. Voir la lettre n°99.