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Title
A name given to the resource
Lettres de Jean Psichari à Émile Zola
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Linguiste et écrivain, Jean Psichari, père d'Ernest Psichari et gendre de Renan, est né à Odessa ; il vient en France à quatorze ans, à Marseille puis à Paris où il fera des études supérieures à l'École des langues orientales. Toute sa vie et son œuvre sont consacrées à la question linguistique en Grèce. Après quelques voyages dans ce pays, il devient directeur d'études à l'École pratique des hautes études, puis professeur à la Sorbonne et, en 1900, il succède à son maître, Legrand, à l'École des langues orientales. Il élabore peu à peu une doctrine sur l'emploi du grec moderne démotique. Une série d'essais de philologie et de linguistique contribuent ainsi à promouvoir cette langue. Il veut d'abord en établir les lois (<em>Essais de grammaire historique néo</em>-<em>grecque</em>, 1884) et en étudier l'évolution (<em>Études de philologie néo</em>-<em>grecque</em>, 1892), afin de montrer comment elle est la seule possibilité d'unité linguistique et, partant, d'unité nationale de la Grèce. Ce choix fondamental en faveur du grec moderne, il entend ensuite le mettre en pratique dans sa création littéraire personnelle. <em>Mon voyage</em> (1888) est ainsi l'un des premiers textes littéraires grecs rédigés en langue vulgaire, dont il illustre toute la richesse. Mais vouloir préciser les règles avec tant de détails entre en contradiction avec l'aspect créateur d'une langue populaire dont tous les usages ne sont pas entièrement fixés. Et cela met en cause l'entreprise du philologue qui ne réussira jamais pleinement. Psichari poursuit une œuvre littéraire, romans et nouvelles, en grec et en français. Il réunira ses œuvres complètes entre 1909 et 1912 : l'ensemble de ses œuvres d'imagination recevra le titre de <em>Roses et pommes</em>.<br /><br /></div>
<div style="text-align: justify;">Antoine COMPAGNON, « <span class="rg">PSICHARI </span><span class="pc">JEAN </span> - <span class="titre_sub"><span class="rm">(1854-1929)</span></span> », <em>Encyclopædia Universalis</em> [en ligne], consulté le <span id="eu-date">25 août 2020</span>. URL : <span id="eu-url">http://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-psichari/</span></div>
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Markopoulou, Athina
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1893-1902
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Markopoulou, Athina
Macke, Jean-Sébastien (édition scientifique)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Fiche : Centre d'Études sur Zola et le Naturalisme & Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR).
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Centre d'Étude sur Zola et le Naturalisme & Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle).
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Texte de la lettre
Transcription du texte de la lettre. Sans encodage TEI.
<p style="text-align: right;">27 septembre, 1901</p>
<p> </p>
<p>Cher et excellent maître,</p>
<div style="text-align: justify;"> J’ai attendu d’être à la campagne pour me plonger dans votre œuvre. Comme toujours, j’en suis sorti avec une vision qui ne me quitte plus. La chose est, cette fois-ci, d’autant plus remarquable que tout votre roman presque, en tout cas la seconde et la plus forte partie se passe en plein symbolisme, en plein rêve. Il y a néanmoins une solidité de contours telle, un si ferme dessin et des couleurs si éclatantes et si réelles même dans ce monde idéal, qu’on est pris et qu’on est ébloui. J’ai tant à vous dire sur <em>Travail</em> que je ne sais pas si j’y arriverai. Certaines créations, d’une fantaisie puissante dans l’irréel, certains types, comme Morfain, comme Ma-Bleue, contribuent, les uns avec une vigueur singulière, les autres avec un charme souverain, à produire cette impression <em>d’être là, </em>que j’essayais de vous décrire. Il y a des gradations très savamment observées entre les personnages qui sont des purs symboles et ceux qui, comme Boisgelin, comme l’admirable Fernande, comme Ragu, sont des saisissantes réalités, et cette gradation, cette fusion dans un même cadre d’individus divers vient de ce que les êtres de réalité symbolisent eux aussi quelque chose comme les êtres de rêve. Mais à qui doit-on la vérité si ce n’est à Zola ? Je vous avoue donc que ce tour de force prodigieux que vous avez tenté dans les deux cents dernières pages, cette idylle perpétuelle, cette peinture continue du bonheur, de la félicité dont jouit la cité de justice et de paix, jusqu’à ces personnages qui ne disent plus rien sans sourire, sans le dire gaiement, eh bien, tout cela représente, en effet, un effort trop grand pour que le lecteur puisse toujours le suivre avec amour. Il se met alors à penser avec nostalgie à la scène superbe du viol de Fernanda par Ragu, à cet incendie magnifique, qui est une de vos pages les plus belles, parce que c’est une de celles qui sont le plus dans la donnée de votre œuvre : en effet, le drame violent, la brutale réalité, le tableau tout matériel symbolisent une pensée grandiose. Et maintenant, tuez moi, parce que je vais avoir l’audace de vous soumettre quelques petites oh ! très petites, il est vrai, critiques de détail. P. 88, vous dites que « Boisgelin, qui s’était épris d’elle » (de sa femme), etc. Mais p. 96, je lis ceci qui ne pouvait contenir une contradiction légère : « Son mari l’avait toujours trouvée d’une insignifiance lamentable ». Je me trompe peut-être ; cela arrête un peu cependant et demanderait à être expliqué, pour concorder. De même p. 198, vous écrivez excellemment que « Il n’est pas un être, pas une chose qui puisse s’immobiliser dans l’oisiveté ». Et c’est une de vos plus belles conceptions que celle de l’univers emporté dans une action incessante, où rien, en réalité, où, en dernière analyse, pas un être ne peut ne pas agir. Plus loin, cependant, vous ajoutez : « Quiconque ne travaille pas, disparaît », alors que même les paresseux travaillent, puisqu’ils vivent. Je crois, en d’autres termes, que vous n’avez peut-être pas marqué – d’un mot ou deux – la différence entre le travail cosmique et le travail social. Enfin, p. 228, vous dites : « Il n’est de bon équilibre mental que dans un corps bien portant. » Votre admirable Jordan s’inscrit ici en faux – quoique vous ayez au fond bien raison. Et, puisque je viens à parler de Jordan, laissez moi vous dire tout de suite ce qu’il y a de beau, de splendide, de transportant dans ce beau chant d’amour que vous chantez à la science – ce qu’il y a aussi dans cette foi de profond et de vrai. Je ne sais pas si vous avez lu dans la Revue de Labori, la conférence de Renan sur « Les services que la science rend aux peuples ». Je trouve, dans votre livre et dans cette conférence, cette même pensée que la science est l’affranchissement suprême, le paradis qui n’est plus derrière nous, mais devant nous, le paradis à conquérir. Et, dans la peinture même de ce bonheur continu, au sujet duquel j’osais tout à l’heure vous exprimer quelques doutes, la science, traduite en réalité, vous a inspiré quelques tableaux charmants, quelques rêves grandioses : je veux parler des scènes des oiseaux sur les tables et du soleil dont l’homme parvient à régler la lumière pour les fêtes futures de l’humanité ! Cela est enivrant et cela fait penser avec intensité. Vous faites beaucoup penser dans ce beau livre –et quiconque l’a lu en demeure empli.</div>
<div style="text-align: justify;"> J’ai relevé trois vers dans <em>Travail</em>, que voici : p. 183 <em>Laissait sa songerie errer dans les grands arbres, </em>p. 361 <em>Les bras montrant aussi leur peau jusqu’aux épaules, </em>p. 896 <em>Il semblait avoir plu des roses</em> <em>dans Beauclair. </em>Ces trois vers sont très beaux – ce qui fait que, de toutes façons, vous êtes un grand poète.</div>
<div style="text-align: justify;"> Après un été de travail acharné – et bien pourtant – nous rentrons à Paris le 10 octobre – du moins c’est moi qui prolonge mon séjour jusqu’à cette date, pour un peu plus de travail. Ernest a passé un brillant bachot et prépare sa licence : il fait, lui, de la philosophie. Le plus jeune entre en seconde – et moi avec lui. Il a moissonnée quelques prix l’année dernière : il faudra donc que je travaille encore bien cette année.— Je vous prie de présenter à Madame Zola tous mes respectueux, tous mes dévoués hommages. Et sachez vous-même que vous êtes ici aimé et admiré de tous, y compris votre tout dévoué</div>
<br /> Jean Psichari
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Lettre de Jean Psichari à Émile Zola du 27 septembre 1901
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Psichari, Jean
Subject
The topic of the resource
<em>Travail</em>
Critique
Renan, Ernest
Science
Description
An account of the resource
Psichari commente l'ouvrage de Zola, <em>Travail.</em>
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque nationale de France, Naf 24523
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1901-09-27
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Rosmapamon
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Bifeuillet à en-tête imprimé
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
1901-09-27
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Markopoulou, Athina
Rights
Information about rights held in and over the resource
Image : Document reproduit avec l’aimable autorisation des ayants droit d'Émile Zola. Toute reproduction du document est interdite sans autorisation des ayants droit. Les demandes peuvent se faire à l'aide du formulaire de contact.
Fiche : Centre d'Études sur Zola et le Naturalisme & Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR).
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Centre d'Étude sur Zola et le Naturalisme & Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle).
<em>Travail</em>
Critique
Renan, Ernest
science