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-
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1854 (1er janvier-21 décembre) : Dorothée, une princesse russe, persona non grata à Paris
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-01-01
1854-12-21
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Schlangenbad (Allemagne)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Ems (Allemagne)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
100. Val Richer, Mardi 20 juin 1854, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Source
A related resource from which the described resource is derived
3844, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 17
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-06-20
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Val-Richer (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée
Conditions matérielles de la correspondance
Eloignement
Nicolas I (1796-1855 ; empereur de Russie)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">100 Val Richer, Mardi 20 Juin 1864<br /><br />Voilà un chiffre qui me fait peur. Autrefois, quand nous étions longtemps séparés, nous savions quel jour nous ne le serions plus. Aujourd’hui, plus nous avançons plus nous entrons dans les ténèbres.<br />Votre Empereur doit être très froissé de ce qui se passe sur la côte de Circassie ; lutter depuis tout d’années contre ces montagnards et voir le terrain qu’on avait conquis, les forts qu’on avait élevés détruits en quelques jours par des coups de main d'étrangers. Je me figure à la fois la tristesse irritée de votre Empereur et la joie si imprévue de Schamyl. Celui-ci doit éprouver les mêmes transports dont Abdel Kader eût été saisi si, pendant qu’il tenait encore sur le bord du désert, les Anglais fussent venus nous chasser d'Algérie. Abel Kader languit à Pérouse. Schamyl a été plus heureux. Vos armées ne me paraissent pas plus actives ni plus triomphantes. en Asie qu’en Europe.<br />Que signifient ces quatre lignes du Moniteur. " Un arrangement vient d'être conclu à Constantinople, entre l’Autriche et la Porte, pour l’occupation continuelle des principautés de Moldavie et de Valachie par un corps d'armée Autrichien" ? Si c’est vrai, c’est le fait le plus décisif de la situation ; il indique le parti pris, par les Alliés, de soustraire les Principautés au Protectorat Russe et de les placer sous le Protectorat Autrichien. Je ne sais à quoi vous consentirez lors du rétablissement de la paix ; mais certainement si les choses suivent leur cours actuel vous n'aurez pas le statu quo ante bellium.<br /><br />Onze heures<br />Voilà votre N°82 et je n’ai rien à dire pour combattre votre tristesse. Je vous écris tous les jours. Je me plains quand vos lettres me manquent un jour. Mais je sais à quel point les lettres sont insuffisantes. Le Duc de Noailles m'écrit qu’il va vous envoyer ses enfants. Petite ressource. Pas un mot de nouvelles. Adieu, Adieu. G.</div>
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Conditions matérielles de la correspondance
Eloignement
Guerre de Crimée (1853-1856)
Nicolas I (1796-1855 ; empereur de Russie)
Relation François-Dorothée
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/340bfde6ef7902d09c7806d045321d1b.jpg
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1854 (1er janvier-21 décembre) : Dorothée, une princesse russe, persona non grata à Paris
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-01-01
1854-12-21
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Schlangenbad (Allemagne)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Bruxelles (Belgique)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
87. Val Richer, Mardi 6 juin 1854, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Source
A related resource from which the described resource is derived
3823, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 17
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-06-06
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Val-Richer (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Subject
The topic of the resource
Eloignement
Relation François-Dorothée
Santé (Dorothée)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Napoléon 1 (1769-1821 ; empereur des Français)
Napoléon III (1808-1873 ; empereur des Français)
Politique (Analyse)
Solitude
Discours du for intérieur
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">87 Val Richer, Mardi 6 juin 1854<br /><br />Vous voilà donc bien plus loin. Au moins j’espère que votre santé s’en trouvera bien. Ems m'a laissé un souvenir très agréable. J’aime extrêmement les bois et les montagnes. Je me suis beaucoup promené seul à Ems, en pensant que, trois ou quatre heures après, je me promènerais avec vous. Rien n’est plus doux que le mélange de la solitude et de la société qu’on aime.<br />Votre voisin de campagne à Bruxelles a raison. Vous êtes déjà grandement diminués. J’en suis frappé par ce que j'entends dire aux ignorants et aux simples. Les uns comptaient sur vous comme puissance conservatrice ; les autres vous redoutaient comme puissance envahissante. Vous avez perdu la confiance des uns et la peur des autres. Evidemment vous êtes capables d’une grande et longue résistance passive, mais non pas d’un grand et prompt effort actif.<br />Votre sécurité Russe vous reste ; votre importance Européenne baisse beaucoup. C'est un fait qui se développera de plus en plus si la guerre se prolonge ; on ne vous atteindra pas au coeur, par où vous êtes Russes ; on vous humiliera, on vous mutilera peut-être sur vos frontières, par où vous êtes européens. Je ne sais ce que cela changera à votre avenir lointain, à vos perspectives séculaires, mais votre situation actuelle et votre avenir prochain en souffriront beaucoup. Ce que l'Empereur Napoléon 1er voulait faire contre vous, en même temps qu’il luttait contre l’Angle terre, l'Angleterre, le fera avec l’aide de l'Empereur Napoléon III. Bossuet s'écrierait ; " Ô mystère des plans et des coups de Dieu. Ô vicissitudes étranges et faces imprévues des affaires humaines. " Faites bientôt la paix, c'est votre meilleur, peut-être votre seul moyen de couper court à tous les développements d’une crise que vous n'avez pas su prévoir.<br />Y a-t-il quelque chose de vrai dans ce que dit la Gazette de Cologne de la disgrâce, où est tombé chez vous M. de Meyendorff ? Il est aisé de briser les hommes d’esprit à qui l’on a commandé des fautes ; il est difficile de les remplacer.<br />Adieu jusqu'à l’arrivée de mon facteur. Je vous quitte pour aller profiter dans mon jardin d’un rayon de soleil. Hier, nous espérions le beau temps mais le vent du nord ouest lutte encore pour le froid et la pluie.<br /><br />Onze heures<br />Je viens de lire les détails et l'affaire de Hango. Petite expérience d’où il paraît résulter que vos artilleurs tirent bien et que les canons Anglais portent plus loin que les vôtres. Viennent les grandes épreuves. Tout indique que l’armée Turque et un corps Anglo-Français se sont mis en mouvement pour vous faire lever le siège de Silistrie. Adieu, adieu. G.</div>
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Discours du for intérieur
Eloignement
Guerre de Crimée (1853-1856)
Napoléon 1 (1769-1821 ; empereur des Français)
Napoléon III (1808-1873 ; empereur des Français)
Politique (Analyse)
Relation François-Dorothée
Santé (Dorothée)
Solitude
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/133329b858abb57645de25742855c2b3.jpg
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1854 (1er janvier-21 décembre) : Dorothée, une princesse russe, persona non grata à Paris
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-01-01
1854-12-21
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Schlangenbad (Allemagne)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Bruxelles (Belgique)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
82. Val Richer, Jeudi 1er juin 1854, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Source
A related resource from which the described resource is derived
3815, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 17
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
01/06/54
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Val-Richer (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Subject
The topic of the resource
Eloignement
Relation François-Dorothée
Guerre de Crimée (1853-1856)
Diplomatie
Politique (Angleterre)
Réseau social et politique
Vie domestique (Dorothée)
Eloignement
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">82 Val Richer, Jeudi 1er Juin 1854<br /><br />Voilà un nouveau mois qui commence ; le temps s'écoule et rien ne finit. Vous allez partir pour Ems. Nous nous éloignons l’un de l'autre. Quand nous retrouverons-nous ? Moi aussi, je suis triste.<br />Je comprends le parti que vont prendre les Anglais pour un ministre de la guerre. Ils ont raison. Mais Lord Palmerston me plaît encore moins là qu'ailleurs. Chargé de diriger la guerre, il aura probablement plus de moyens de l'étendre. Il est de ceux qui accepteront le remaniement de l’Europe, et les révolutions pour s’assurer dans la mer noire ou sur le Danube, un peu plus de succès.<br />Qu’y a-t-il de vrai dans ce qu’on dit de la mauvaise santé de Lord Stratford ? Cela aussi serait un événement. On s'en réjouirait certainement chez vous. Pour moi, je ne suis pas sûr que la paix y gagnât rien, et dans le peu le rapports que j'ai eus avec Lord Stratford, j’ai pris pour lui de l'estime et presque du goût. Je ne sais rien d'ailleurs.<br />Je n'ai point de lettres de Paris. Tous mes amis sont partis ou endormis. Il faudra pourtant bien que Génie me donne des nouvelles de votre appartement. Je l’ai sommé d'en finir de façon à mettre fin à toute combinerie. Midi Me voilà tranquille sur votre bail. Génie me dit qu’il vous l’a envoyé. Quand changera-t-on d'autres signatures. Point de nouvelles d'ailleurs. Adieu. Adieu. G.</div>
Diplomatie
Eloignement
Guerre de Crimée (1853-1856)
Politique (Angleterre)
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
Vie domestique (Dorothée)
-
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1854 (1er janvier-21 décembre) : Dorothée, une princesse russe, persona non grata à Paris
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-01-01
1854-12-21
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Schlangenbad (Allemagne)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Paris (France)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
65. Bruxelles, [Mercredi 24] mai 1854, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Source
A related resource from which the described resource is derived
3800, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 17
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-05-24
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Bruxelles (Belgique)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Réseau social et politique
Guerre de Crimée (1853-1856)
Diplomatie (France-Angleterre)
Eloignement
Enfants (Benckendorff)
Religion
Santé (Dorothée)
Conditions matérielles de la correspondance
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">65. Bruxelles le 24 mai 1854<br />Jeudi<br /><br />Brockhausen est revenu hier de Paris. Enivré de Paris, malheureux de retrouver Bruxelles. Il dit qu'on sait bien moins là qu'ici. Je suis dans mon lit aujourd’hui c’est bien ennuyeux, j’espère que ce n’est pas dangereux. Redcliffe a fait ses embarras. Il n’a pas voulu aller au dîner donné pour le prince Français, Raglan non plus, c’est drôle. Les spectateurs trouvent cela un singulier début pour l’action commune.<br />Il y a des gens qui prétendent qu'il y a quelques nuages entre Paris et Londres, c’est des mauvaises langues.<br />Quelle misère d’aller nous trouver vous en Normandie, moi en Nassau. Ce pauvre Constantin me conseillait l’autre jour de penser comme la Grande Duchesse de Weimar qui dit que le bon Dieu n’aurait pas fait autre ment que l’[Empereur] son frère, j’ai répondu que c’était bon pour un orthodoxe de le croire, mais que moi j’étais Luthérienne, et je crois au bon Dieu plus d'esprit que cela. J'ai été prise d’un accès de sommeil après une nuit blanche, et voilà qu'il est tard. Je suis obligée de fermer ma lettre. Je viens d'en recevoir une de Greville un peu bête. Evidemment l’intéressant il ne veut pas me le dire. Adieu. Adieu.<br />N'oubliez pas de me donner l’adresse de Génie.</div>
Conditions matérielles de la correspondance
Diplomatie (France-Angleterre)
Eloignement
Enfants (Benckendorff)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Religion
Réseau social et politique
Santé (Dorothée)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/2e4c349b69ec6e81ce2fa6420eb22e2a.jpg
c915775a73cfeacfacb6f84959ebcab1
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1854 (1er janvier-21 décembre) : Dorothée, une princesse russe, persona non grata à Paris
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-01-01
1854-12-21
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Schlangenbad (Allemagne)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Paris (France)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
64. Bruxelles, Mardi 23 mai 1854, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Source
A related resource from which the described resource is derived
3798, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 17
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-05-23
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Bruxelles (Belgique)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Vie domestique (Dorothée)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Santé (Dorothée)
Conversation
Diplomatie (Russie)
Relation François-Dorothée
Portrait
Femme (portrait)
Eloignement
Discours du for intérieur
Tristesse
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">64. Bruxelles le 23 Mai 1854<br />Mardi <br /><br />Je vous remercie d’avoir remis mon affaire entre les mains de Génie. Il traitera fort bien avec Rothschild et cela pourra aller vite. Mais reverrai-je jamais mon appartement ? D’abord la paix, quand viendra-t-elle ? & ma santé qui s’en va au grand galop. J’ai tous les jours quelque mal nouveau. Maintenant mal à la poitrine, hier névralgie à la tête. C'est une misère. Je crois le climat de Bruxelles bien mauvais. Quelle est l’adresse de Génie ? J'ai lu des choses curieuses. Il paraît que la faction allemande est débordée à Pétersbourg. Et nos agents diplomatiques sont tous allemands. En Autriche, Prusse, Danemark, Brunnow est à Vienne. Tout cela est pour la paix et la prêche. On dit même que Paskevitch aurait dit : "Je ne sais pas pourquoi je vais faire la guerre." Et bien tout cela n'a pas cours chez nous. Je commence à croire que le petit Grand Duc Constantin gouverne.<br />Comme vous voyez beaucoup Mad. Mollien depuis quelques temps je suis devenue jalouse et j’ai demandé ce qu’elle était. De bonnes manières, je le sais je la connais, mais après on me dit qu’elle est très ennuyeuse, de la prétention, de l’affectation de la flatterie & des phrases. Cela ne vous va pas il me semble et je me rassure. C'est bien long toute une journée avec elle.<br />Le ministre Belge chez nous raconte Odessa comme nous l’avons raconté nous-même. Pas une grosse affaire, pas grand dommage à la ville même point, et celui fait à vos vaisseaux c’est les 4 canons de notre petit lieutenant d’artillerie qui l’a causé. Tout cela est donc peu de chose. Les préparatifs à Cronstadt, Sveaborg et surtout Pétersbourg formidables, & même exagérés. La Finlande très dévouée. La Suède pas de danger qu’elle tourne contre nous. Vienne l'hiver & elle aurait tout à craindre de notre part. Elle ne peut pas s'y exposer. Levorin, Courlande, Estonie, les plus affectionnées provinces de l’Empire. Enfin nous sommes en pleine confiance. Ai-je raison de dire que nous sommes très mal à l'aise, mais pas ridicules ?<br />Comme je suis triste de penser que vous allez être si loin. Et que moi je m'éloignerai à mon tour. Quel espace entre nous ! Adieu. Adieu.</div>
Conversation
Diplomatie (Russie)
Discours du for intérieur
Eloignement
Femme (portrait)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Portrait
Relation François-Dorothée
Santé (Dorothée)
Tristesse
Vie domestique (Dorothée)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/6a0ef775e48989c8947d7851c415fd1b.jpg
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https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/9ec6d9f494053ea779431cb197537b78.jpg
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1854 (1er janvier-21 décembre) : Dorothée, une princesse russe, persona non grata à Paris
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-01-01
1854-12-21
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Schlangenbad (Allemagne)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Bruxelles (Belgique)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
64. Val-Richer, Jeudi 11 mai 1854, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Source
A related resource from which the described resource is derived
3780, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 17
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-05-11
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Val-Richer (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Réseau social et politique
Vie domestique (Dorothée)
Portrait
Eloignement
Relation François-Dorothée
Discours du for intérieur
Politique (Angleterre)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">64 Val Richer, Jeudi 11 Mai 1854<br /><br />Le langage de Rothschild prouve qu’il a bien envie que la paix se fasse, et que vous cédiez assez pour qu’elle se fasse. Je ne connais pas d'homme dont toutes les paroles tendent plus constamment au but de son intérêt personnel, par instinct ou avec dessein. Il ne s'oublie pas un moment.<br />Le jour même de mon départ de Paris, j’ai fait un effort pour vous envoyer Montebello qui était venu me voir. Mais je n'y crois pas, malgré son envie. Outre ses enfants, il a des affaires qui le clouent à Paris. Son second fils doit faire, bientôt ses examens pour entrer à l'École de St Cyr. Il n’ira chez lui, en Champagne, que tard, vers la fin de Juillet. Duchâtel part le 22 de ce mois pour La Grange, et de là à Vichy, où d'Haubersart va aussi. Dumon part aussi pour aller inaugurer la moitié de son chemin de fer de Lyon à Avignon. Je trouverai encore tout notre monde à Paris jeudi prochain, mais, en en repartant, je n’y laisserai plus personne.<br />Moi aussi cela me déplait que vous vous éloigniez encore davantage. Ce sera pis encore quand vous serez à Schlangenbad ou à Bade. Je connais Ems ; je vous y vois. Que de sentiments puissants et doux il faut refouler dans son coeur quand on est loin ! Que de choses qu’on voudrait se dire quand on ne le peut pas, et qu’on n'aurait pas besoin de se dire si on était ensemble !<br />Le journal des Débats a fait un bon article sur la duchesse de Parme. Elle se fait vraiment honneur. Lord Clauricard, et M. Disraeli s’en font moins par leurs taquineries sur l'amiral Dundas et le Duc de Cambridge. Le gouvernement anglais n'a pa grandi ; mais l'opposition a bien plus baissé. Est-il vrai que lady Clauricard a perdu une de ses filles, Lady Larcelles, je crois ?<br />Vous voyez bien que je n’ai rien à vous dire. Je vais faire ma toilette en attendant la poste. Adieu. Midi. Voilà le N°53. Adieu, Adieu.<br />Je n’ai pas encore ouvert les journaux. G.</div>
Discours du for intérieur
Eloignement
Politique (Angleterre)
Portrait
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
Vie domestique (Dorothée)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/7b5ce1c72b8fc6a485ebe0ce6a64b9cc.jpg
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https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/d0f5eb5a87177775a004e9be2b283046.jpg
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1854 (1er janvier-21 décembre) : Dorothée, une princesse russe, persona non grata à Paris
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-01-01
1854-12-21
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Schlangenbad (Allemagne)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Paris (France)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
50. Bruxelles, Samedi 6 mai 1854, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Source
A related resource from which the described resource is derived
3771, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 17
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-05-06
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Bruxelles (Belgique)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Conditions matérielles de la correspondance
Inquiétude
Guerre de Crimée (1853-1856)
Politique (Grèce)
Insurrection
Femme (portrait)
Eloignement
Salon
Réseau social et politique
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">50 Bruxelles samedi 6 mai 1854<br /><br />Je vous écris encore de mon lit et avant la poste. Je suis dans la plus vive attente de cette poste. Il me faut une lettre, car j’ai passé hier toute la journée dans l’inquiétude.<br />Pas de nouvelles ici. Le silence du Moniteur sur Odessa étonne. Il y a à Londres beaucoup de faillites cela commence à inquiéter l'insurrection grecque va mal, et l’intervention anglo-franco-autrichien va sans doute l'achever. Car cette intervention parait résolue.<br />La légion populaire se forme. On recrute partout, & Adam Czartoryski mène tout cela successfully.<br />Seymour est reparti sans venir me voir. Il a eu peur de rencontrer l'un de nos ministres. Je vous ai dit que son langage sur l’Empereur était trés bon. Il ne trouve pas que son gouvernement fasse assez de cas de lui, le public le comble, mais il n’y a aucun profit à ces démonstrations.<br />Voilà votre lettre d’hier le 59. Pas de 58. Qu’est-il devenu ? Où le réclamer ? Que concluait-il ? Vous en souvenez-vous, pourriez-vous recommencer, ou du moins vous souvenir un peu ? C’est le jeudi 4 qui me manque. Celui-ci est bien court, & vous voilà bien loin. Cet éloignement me désole. Se parler & se répondre dans 48 heures c’est encore charmant quand on n’a pas mieux.<br />Mlle Cerini (c’est bien cela famille Italienne de Florence) est repartie ce matin. Nos arrangements sont faits. Elle est tout ce que vous me dites d'elle reste à m’accoutumer à elle et à oublier Marion, ce qui est bien difficile. Elle viendra for good vers le 25 de ce mois. Je compte aller le 6 juin à Ems. Ce sera avec une grande tristesse. M'éloigner de vous encore davantage, c’est à pleurer ! Le Moniteur de ce matin est encore maigre sur Odessa. Il y reste au 22. Je suis curieuse de votre relation, et enfin, de la fin. Brockhausen deux fois le jour, Van Praet une, les Creptovitch, Brunnow souvent, Labensky, voilà sur quoi je roule. La petite Olga me plait bien, elle lit & m’amuse. Adieu. Adieu.</div>
Conditions matérielles de la correspondance
Eloignement
Femme (portrait)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Inquiétude
Insurrection
Politique (Grèce)
Réseau social et politique
Salon
-
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/f080e0af31c3748c1f40f6c833f0703d.jpg
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/9354c1be0f2579dd924d730199543cbb.jpg
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1854 (1er janvier-21 décembre) : Dorothée, une princesse russe, persona non grata à Paris
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-01-01
1854-12-21
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Schlangenbad (Allemagne)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Paris (France)
Date précise de la lettre
Le 10 mars 1854
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
3718, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 17
Title
A name given to the resource
26. Bruxelles, Lundi 10 avril 1854, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Bruxelles (Belgique)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-04-10
Language
A language of the resource
Français
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Guerre de Crimée (1853-1856)
Diplomatie
Politique (Autriche)
Eloignement
Réseau social et politique
Salon
Femme (politique)
Discours autobiographique
Politique (Russie)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">26 Bruxelles le 10 mars 1854<br /><br />Bual en apprenant nos propositions a dit, il est trop tard. L’Autriche ne se prononce pas encore hostilement mais elle aime à nous laisser dans l’inquiétude. Meyendorff est dans son lit de colère et de vexation. Brouillé tout-à-fait avec son beau frère. Tout a très mauvaise apparence. Ce que vous me dites de votre anglais ne présente pas une perspective passable prochaine. Ah mon Dieu que notre joie aura été courte ! A point seulement pour m'empêcher de pleurer quand je me suis séparée de vous. Mais que de soupires je pousse depuis.<br />Hier un arrivant russe de Vienne. Mad. Barrot, [Chrepto vitch] [Brockhausen] Van Stratten, je n’ai pas vu autre chose. J'oublie Kisseleff cinq minutes pour une commission indirecte. Même froideur de mon côté. Brunnow m’a parlé de lui, du repentir. Et bien qu'il le montre. La commission c’était Mercier lui écrivant de Dresde à propos d'une dame de compagnie, un écho de Mad. Bilinska. Grand commérage déjà. Seebach passera par ici demain se rendant à Dresde. Ah mon Dieu que les jours sont longs.<br />Vous ne me dites pas si vous avez reçu tous mes N° avez-vous eu le 23 ? Sans importance mais for regularity's sake.<br />Le Maréchal Paskevitch a des pleins pouvoirs prodigieux militaires et diplomatiques. Il commande tout depuis la Crimée jusqu’à la Baltique et prendra une résidence centrale d'où il dirigera tous les mouvements. Pétersbourg est trop loin. Nous nous replions sur nous-même abandonnant tous les postes exposés. Je crois vous avoir déjà dit cela. Je me souviens d'avoir l'année 34 proposé à l’Empereur de faire cadeau à quelqu’un des îles d'Ossil et Dago. Habitées par des sauvages, car j'en avais vu à bord du bâtiment où j’étais sur la Baltique. Nous avions pensé échoué là sur des rochers, et ces animaux étaient venus nous porter secours. Une honte d’avoir de pareils sujets si près de la capitale. Adieu. Adieu.<br />Que deviendrai- je sans vos lettres ! Pas un moment de soulagement pour mon esprit dans toute une longue journée. Et Paris, si beau si charmant, si vert, si animé, l'air si doux, et la causerie ! et vous deux fois le jour, quel paradis. Adieu.</div>
Diplomatie
Discours autobiographique
Eloignement
Femme (politique)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Politique (Autriche)
Politique (Russie)
Réseau social et politique
Salon
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/ac8f12ea8a004331b637e63109b05e2b.jpg
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/4fcf25d9fc0cf07ff30e27afd6a40897.jpg
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Dublin Core
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Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1854 (1er janvier-21 décembre) : Dorothée, une princesse russe, persona non grata à Paris
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-01-01
1854-12-21
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Schlangenbad (Allemagne)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Paris (France)
Date précise de la lettre
Le 15 mars 1854
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
3688, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 17
Title
A name given to the resource
13. Bruxelles, Mercredi 15 mars 1854, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Bruxelles (Belgique)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-03-15
Language
A language of the resource
Français
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Conditions matérielles de la correspondance
Guerre de Crimée (1853-1856)
Eloignement
Réseau social et politique
France (1852-1870, Second Empire)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">13 Bruxelles le 15 mars 1854<br /><br />Portez demain votre lettre chez Hatzfeld, il envoie un courrier, il recevra votre lettre jusqu'à 6 heures. J’ai vu hier le roi. Bien bonne & longue conversation. Plein de raison, & sachant se placer au point de vue de chacun. Il n’y a rien de nouveau. Si la négociation pour l'émancipation des Chrétiens réussit à Constantinople (Je vois qu'on s'était trop pressé de la regarder comme faite) tout devrait finir. Adieu. Adieu.<br />Priez mes amis de ne pas m'oublier. Votre rencontre avec Thiers m'amuse.</div>
Conditions matérielles de la correspondance
Eloignement
France (1852-1870, Second Empire)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Réseau social et politique
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/99aed960344d780b10d6d2a8cba6f004.jpg
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Dublin Core
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1854 (1er janvier-21 décembre) : Dorothée, une princesse russe, persona non grata à Paris
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-01-01
1854-12-21
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Schlangenbad (Allemagne)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Paris (France)
Date précise de la lettre
Le 7 mars 1854
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
3678, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 17
Title
A name given to the resource
8. Bruxelles, Mardi 7 mars 1854, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Bruxelles (Belgique)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-03-07
Language
A language of the resource
Français
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Eloignement
Description
An account of the resource
8 Bruxelles le 7 mars <br /><br />Mes yeux me condamnent à l’obscurité. On me défend d'écrire, de lire, de sortir. Quelle misère, quel désespoir. J'ai eu un homme de lettre de Pétersbourg. Evidemment on eût désiré que je restasse encore à Paris. Quel regret pour moi. On ne le dit pas, je devine, peut être je me trompe, c’est que je suis si malheureuse je perds la tête. Ecrivez-moi. Adieu. Adieu.<br />La Prusse se rapproche de nous.
Eloignement
Guerre de Crimée (1853-1856)
Santé (Dorothée)
-
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Dublin Core
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/8448766253607b77073e898322db7cfb.jpg
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Dublin Core
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/d51d648215af90cf4eef94125313421d.jpg
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Dublin Core
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1854 (1er janvier-21 décembre) : Dorothée, une princesse russe, persona non grata à Paris
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-01-01
1854-12-21
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Schlangenbad (Allemagne)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Bruxelles (Belgique)
Date précise de la lettre
Vendredi 24 février 1854
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
3660, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 17
Title
A name given to the resource
1. Paris, Vendredi 24 février 1854, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-02-24
Language
A language of the resource
Français
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Eloignement
Relation François-Dorothée
Académies
Réseau social et politique
Discours du for intérieur
Guerre de Crimée (1853-1856)
Enfants (Guizot)
Salon
Femme (politique)
Diplomatie
Solitude
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">1. Paris, Vendredi 24 Février 1854<br /><br />J'avais résolu de ne pas vous dire un mot de mon chagrin et de mon vide. Cela ne se peut pas. Il y aurait trop de mensonge dans le silence. Mais je ne vous en dirais pas plus long qu'hier matin, en vous quittant. Que Dieu vous garde et vous ramène. Je reste à Paris et vous êtes à Bruxelles. Sans vous, Paris, pour moi, c’est Bruxelles pour vous.<br />Hier matin, l’Académie. Tout le monde y était, sauf le Duc de Noailles. Dupin m'a demandé si vous étiez partie, avec des paroles de regret et s'excusant de n'être pas allé vous voir ces derniers jours. Je le soupçonne, un peu de n'avoir pas voulu être classé parmi les complices de la Russie. Peu de conversation politique. L’Académie commence à s'occuper du jugement des prix qu’elle a à donner cette année. C'est son coup de feu. Cela la distrait des autres.<br />Le soir quelques personnes chez moi, entre autres, le Duc de Broglie et son fils. Broglie était venu me voir la veille, et m’avait touché. Après m'avoir parlé de toutes choses, il m'avait dit, d’un bon d’amitié aussi vraie qu’embarrassée " Vous allez vous trouver bien seul ; venez nous voir plus souvent ; nous sommes chez nous tous les jours, les dimanche et lundi chez moi, les mardi, jeudi et samedi chez Mad. d'Haussonville la mère, les mercredi et vendredi chez ma fille et chez Mad. de Stael ; vous aurez toujours là de quoi causer avec des amis. Et puis, venez dîner toutes les fois que vous voudrez, avec Guillaume." Je lui ai serré la main de bon cœur.<br />On ne parlait que de deux choses l’entrée de l’Autriche dans l'alliance et le soulèvement des Chrétiens de Turquie. Deux grosses choses. On ne sait précisément et certainement ni l’une ni l’autre ; mais on les accueille l’une et l’autre avec faveur, comme des espérances ou des moyens de retour à la paix qui est toujours l'idée fixe de ce pays-ci. Je me trompe ; on parlait un peu d’une deux jours. Moins nombreuses qu’on ne l’avait dit ; mais on en annonçait d'autres. On dit, aussi que quelques personnes seront engagées à aller à la campagne. " à quelle compagne ? - Oh,à leur propre campagne, chez elles, hors de Paris seulement. "<br />Je ne suppose elle serait bien superflue ; je n'attends que le retour de ma fille Pauline pour m'en aller au Val Richer.<br />A onze heures, je suis allé signer le contrat de la petite La Redorte. Une cohue immense ; 1700 personnes invitées ; l’ennui de la queue m’a pris ; il faisait sec et pas froid ; j'ai laissé là ma voiture et j’ai été à pied. En arrivant, sur l'escalier, 2 ou 300 personnes montant, 2 ou 300 descendant ; tout le monde de connaissance, étrangers et Français ; quelques rares légitimistes. J’ai vu la Maréchale et La Redorte qui donnait le bras à sa fille ; très jolie. Il m’avait rencontré dans le premier salon ; il est revenu sur ses pas avec sa fille : " Ma fille veut vous bien voir et vous remercier d'être venu."<br />J’ai mis dix minutes à redescendre l'escalier. Au bas, j’ai rencontré Thiers qui attendait : " N'est-ce pas, lui ai-je dit, que la patience est la plus difficile des vertus ? - Oui ; pourtant, on l’apprend avec l’âge. - Comme on apprend ce qu’on subit." J'étais dans mon lit à minuit. J'espère que vous étiez depuis longtemps dans le vôtre. J’ai joui pour vous du beau temps de la journée. Adieu, adieu. Pour combien de temps ? Adieu. G.</div>
Académies
Diplomatie
Discours du for intérieur
Eloignement
Enfants (Guizot)
Femme (politique)
Guerre de Crimée (1853-1856)
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
Salon
Solitude
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/d68cf08ffd6154b0aebd8d88e23dfc0a.jpg
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/c98a9b12d2de675eb318074756a6e4f4.jpg
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1853 (4 mars - 31 décembre) : La Russie face à l'Europe
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Dimanche 17 juillet 1853
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
3534, AN63 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 16
Title
A name given to the resource
33. Schlangenbad, Dimanche 17 juillet 1853, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Schlangenbad (Allemagne)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1853-07-17
Language
A language of the resource
Français
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Voyage
Santé (Dorothée)
Réseau social et politique
Famille Benckendorff
Eloignement
Conditions matérielles de la correspondance
Salon
Aristocratie
Diplomatie
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">33 Schlangenbad dimanche 17 juillet 1853<br /><br />Je suis arrivée fatiguée. Je trouve ici la température de la Sibérie, beaucoup de monde, pas une connaissance, ma nièce qui a ici ses parents, le Roi de Wurtemberg arrivé hier aussi. Comme on ne dispose pas des rois, je ne sais trop s'il me fera une ressource. Les journaux et les lettres arrivent ici tard, je serai bien arrivée, et vous êtes plus loin que jamais. Votre dernière lettre est du 11. Au fond l'été est ma plus mauvaise saison. Je ne sais jamais l'employer. On dit qu’on va me regretter à Ems. J'y avais un vrai salon. Les princes de Prusse et [Panin] & Platen étaient le fond, cela avait fini par être agréable, après avoir bien mal commencé. Il fait très froid ici, froid comme en octobre. J’attends la porte, si elle m’apporte quelque chose, j’ajouterai, si non et en tous cas. Adieu. Adieu.</div>
Aristocratie
Conditions matérielles de la correspondance
Diplomatie
Eloignement
Famille Benckendorff
Réseau social et politique
Salon
Santé (Dorothée)
Voyage
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/46b52443ca0df3df638c2f3f836a1f69.jpg
568263bbdd10948d12526785c5b807a7
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/9e8e96b6ef9a39f2a135faf509e9b267.jpg
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1853 (4 mars - 31 décembre) : La Russie face à l'Europe
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Le 13 juillet 1853
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
3529, AN63 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 16
Title
A name given to the resource
31. Ems, Mercredi 13 juillet 1853, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Ems (Allemagne)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1853-07-13
Language
A language of the resource
Français
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Affaire d'Orient
Politique (Russie)
Circulation épistolaire
Inquiétude
Santé (Dorothée)
Réseau social et politique
Eloignement
Conversation
Relation François-Dorothée
Politique (Angleterre)
Politique (France)
Politique (Turquie)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">31 Ems le 13 juillet 1853<br />Voici une lettre qui devrait me rassurer, et je ne parviens pas à l’être. Je trouve notre dernière circulaire de 20 juin bien faite, mais elle engage la polémique avec l'Ang & la France. Voilà une complication. Et cependant le fond est pacifique. Je suis tourmentée, l'esprit s'épuise à examiner cette maudite question sous toutes ses faces.<br />Je n’ai pas été bien hier. Aujourd’hui encore un fort mouvement de bile. C’est la Turquie. Le comte [Pani] me plait tous les jours d'avantage. Un bien honnête homme, très instruit, très intéressant à écouter sur la Russie, et en pleine confiance avec moi. C’est un ami de Viel Castel ils se sont rencontrés en Espagne. Nous nous parlons de bien loin c’est vrai, c’est bien ennuyeux ; et quand il y aurait tant à se dire ! C’est pourquoi mes lettres sont bêtes. Je le sens. Je ne puis penser qu'à une seule chose, & je ne puis pas dire tout ce que j’en pense. Pour changer, que veut dire le voyage de la Reine Christine ? Je trouve que nous sommes devenus bien ignorants vous et moi. Adieu. Adieu.<br />La lettre dont parle M. et celle où vous me disiez votre opinion sur l'Angleterre.</div>
Affaire d'Orient
Circulation épistolaire
Conversation
Eloignement
Inquiétude
Politique (Angleterre)
Politique (France)
Politique (Russie)
Politique (Turquie)
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
Santé (Dorothée)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/91315bbde28f78ae10313bd1a9f83384.jpg
2fd4a3a50548bf3815372833775d334f
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/f255a41afe9e27f9b1c61a7dc8529961.jpg
3fdf64dd70947e66c37d50dfdf7b04de
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Title
A name given to the resource
1851 (1er janvier-10 novembre) : Guizot observateur des jeux de tensions entre le Président et l'Assemblée
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Subject
The topic of the resource
Asssemblée nationale
Bonaparte, Charles-Louis-Napoléon (1808-1873)
Politique (France)
Pensée politique et sociale
Académies
Salon
Femme (politique)
Presse
Famille royale (France)
Relation François-Dorothée (Politique)
Posture politique
Politique (Analyse)
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Le 6 octobre 1851 Lundi
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
3105, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 14
Title
A name given to the resource
Paris, Lundi 6 octobre 1851, Dorothée de Lieven à François Guizot
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1851-10-06
Language
A language of the resource
Français
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée (Politique)
Salon
Réseau social et politique
Diplomatie
Posture politique
Eloignement
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris le 6 octobre 1851 Lundi<br />Je suis bien aise de ce que vous me dites à propos d'Abdel Kader c'est bon au besoin. Trop long à vous expliquer pourquoi. J’ai vu assez de monde hier mais rien d’intéressant, le comte de Thomas, comme nouveauté. Pas de Français intéressant. Thiers part aujourd’hui pour Valenciennes, dit-il. Une absence de 5 jours. Lamoricière n’est pas allé en Angleterre comme il en avait le projet. Hatzfeld est venu me dire adieu. Il part ce soir pour Berlin.<br />Malgré tout mon [?] de rester si longtemps sans vous voir, d'autant plus qu’à présent je suis vraiment sans ressource, je ne puis pas regretter votre absence. Il est bon que vous restiez tranquille et loin dans ce moment de bavardage stérile. L’agitation ne sert jamais et elle ôte toujours un peu de la dignité. Quelle pauvre lettre ! Mais je ne sais absolument rien. Adieu. Adieu</div>
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Diplomatie
Eloignement
Posture politique
Relation François-Dorothée (Politique)
Réseau social et politique
Salon
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/b5ce934b1a6b844dde3cbb71f3ec9e8d.jpg
ad2251e92d34d7a83d3683988d4d7cff
Dublin Core
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/8b66f3a5171fcc89043cb5b065ad4b21.jpg
eaaf2216ae443667f5d13d41cdf150da
Dublin Core
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1851 (1er janvier-10 novembre) : Guizot observateur des jeux de tensions entre le Président et l'Assemblée
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Subject
The topic of the resource
Asssemblée nationale
Bonaparte, Charles-Louis-Napoléon (1808-1873)
Politique (France)
Pensée politique et sociale
Académies
Salon
Femme (politique)
Presse
Famille royale (France)
Relation François-Dorothée (Politique)
Posture politique
Politique (Analyse)
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Ems
Date précise de la lettre
Jeudi 17 juillet 1851
Heure
6 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
2940, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 14
Title
A name given to the resource
Val-Richer, Jeudi 17 juillet 1851, François Guizot à Dorothée de Lieven
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Val-Richer (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1851-07-17
Language
A language of the resource
Français
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Nature
Eloignement
Politique (France)
Politique (Analyse)
Portrait
République
Asssemblée nationale
Réseau social et politique
Conditions matérielles de la correspondance
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Val Richer, Jeudi 17 Juillet 1851<br />6 heures<br /><br />Le temps est splendide. J'ouvre mes fenêtres sous le plus pur ciel, et le plus brillant soleil que j’aie jamais vus en Normandie. N'étaient les vapeurs qui roulent en fuyant à l’horizon, je croirais un col et un soleil du midi. Mais je n'y crois pas. L’impression chaude et transparente de l’air du midi est restée trop vive dans ma mémoire. Je viens d'allumer mon feu.<br />Après la nature, l'histoire. Celle-ci est bien ancienne. Pourquoi êtes-vous si loin ? Le discours de M. de Falloux est excellent, spirituel, sensé, honnête, élevé, élégant. Je comprends que l’assemblée soit restée froide. Ni l’éloquence n'est puissante, ni la politique pratique. Rien qui satisfasse les intérêts, ni qui remue les armes. C'est, pour moitié, la faute de la situation quand il n’y a rien à faire, il n’y a rien à dire. Pourtant on pouvait certainement exciter plus fortement l’inquiétude et faire entrevoir plus distinctement l'avenir. Le Général Cavaignac m'a intéressé et ennuyé. Tout ce qu’il dit est nouveau pour lui et vieux pour moi. Il découvre des théories usées. Mais on sent un homme sous les guenilles un homme fortement convaincu et qui se battra pour la République. Plus l'avenir s'éloigne, plus il m'inquiète. La République ne peut pas vivre, et ne se laissera pas mourir. Je suis dans un état d’esprit très désagréable. Je crois fermement à un certain avenir et je ne vois pas du tout comment il sortira du présent. Comme un homme sûr d'arriver, mais qui marcherait à travers des précipices sans voir du tout son chemin. C’est la foi absolument dénuée de science. M. de Maistre serait content de celle-là.<br />Je n'ai point oublié les Delmas. Je suis allé chez eux et, ne les trouvant pas j'ai laissé deux cartes p.p.c., pour qu’ils sussent bien que, s'ils ne me croyaient pas, c’est que je n'étais plus à Paris. Quand j'aurais un mauvais procédé, pour vous, vous ou moi, nous irons le dire à Rome. Je vous laisserai le choix. Je n’ai pas dîné le Jeudi 10, chez les Hatzfeldt parce que j’avais un engagement antérieur chez Mad. Lenormant, engagement auquel j'ai manqué parce que j'étais encore souffrant. J’ai passé moi-même et mis des cartes, la veille de mon départ, chez Hatzfeldt, Hübner, Kisseleff et Antonini. On m'a dit que ce dernier était malade.<br /><br />10 heures<br />Voilà des visites qui m'arrivent avec la poste. Je n'ai que le temps de fermer mes lettres. Mon bulletin de l'assemblée porte : “ Berryer est depuis quelques minutes à la tribune. Il signale le double danger de l’anarchie, et du Bonapartisme. Il devient magnifique, admirable. Il n’a jamais été plus beau, aussi beau. Mais il faut que je ferme ma lettre. La nomination du Général Magnan est très mal accueillie.” Adieu, Adieu. G.</div>
Asssemblée nationale
Conditions matérielles de la correspondance
Eloignement
Nature
Politique (Analyse)
Politique (France)
Portrait
République
Réseau social et politique
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/4cc91cc384fb5252756d267760401a9d.jpg
152185c331634f59ff371570ef6c945e
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The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/5ea7d3fdaa51cd1b157c7dfef24057df.jpg
3e06ac9dc4773c5359345313e762635e
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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037bb1a0b38aa2751a90007a9f6c4573
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Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1851 (1er janvier-10 novembre) : Guizot observateur des jeux de tensions entre le Président et l'Assemblée
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Subject
The topic of the resource
Asssemblée nationale
Bonaparte, Charles-Louis-Napoléon (1808-1873)
Politique (France)
Pensée politique et sociale
Académies
Salon
Femme (politique)
Presse
Famille royale (France)
Relation François-Dorothée (Politique)
Posture politique
Politique (Analyse)
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Ems
Date précise de la lettre
Mardi 8 juillet 1851
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
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2925, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 14
Title
A name given to the resource
Paris, Mardi 8 juillet 1851, François Guizot à Dorothée de Lieven
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1851-07-08
Language
A language of the resource
Français
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Réseau social et politique
Politique (France)
République
Politique (Analyse)
Conditions matérielles de la correspondance
Conversation
Asssemblée nationale
Relation François-Dorothée
Absence
Eloignement
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris, Mardi 8 Juillet 1851<br /><br />M. Vitet et M. Moulin sont venus hier à 5 heures. L’un quittait le Gal Changarnier ; l'autre sortait de le Commission de révision où le Rapport de M. de Tocqueville venait d'être lu. Rapport pas trop républicain. La république est encore le seul gouvernement possible ; il faut en prolonger l’expérience, mais ne pas prétendre y lier définitivement le pays. Il est le maître de choisir le gouvernement qui lui convient, et l'assemblée constituante sera la maîtresse d’exprimer comme elle l’entendra, le vœu du pays. On ne peut limiter, ni la souveraineté nationale, ni le pouvoir constituant. En attendant, il faut observer strictement la légalité, seul frein qui subsiste encore, et la faire observer, à tous ceux qui voudraient la violer.<br />Le ton du Rapport est triste, très triste, connu d’un homme sans confiance dans les gouvernements qu’il préfère et dans le pays qu’il invoque. Les Montagnards s’en sont montrés surpris, et mécontents. Le Gal Cavaignac a dit à M. de Tocqueville : " C'est le moins de mal que vous ayez pu dire de nous. " selon M. Charras, c’est de la métaphysique bien vague ; il faut du temps pour la comprendre. "<br />Ils ont demandé, l'impression immédiate du Rapport pour eux seuls et du temps. Ils le discuteront aujourd’hui et demain. On croit qu'il ne sera déposé que jeudi, et que le débat ne commencera que le jeudi suivant 17. Après la séance de la Commission les révisionnistes se sont réunis chez le duc de Broglie pour arrêter la liste des orateurs qui doivent parler et s'inscrire pour la révision. M. de Montalembert très ardent, poussant tout le monde à parler ; ce qu’il faudrait, dit-il, ce serait que les 233 membres, qui ont signé pour demander la révision, s’inscrivissent pour la soutenir. Il s'est plaint du rigorisme excessif du rapport quant à la légalité. " Il n'y a pas moyen de nous plaindre, lui a dit le duc de Broglie, ni de parler autrement ; nous pouvons subir l’illégalité ; nous ne pouvons pas l'autoriser et l'accepter d'avance. "<br />On a dressé la liste des Orateurs ; une douzaine environ, MM de Montalembert, Broglie, Daru, Beugnot, Goulard, O. Barrot, Berryer, Falloux, Kerdrel & &. O. Barrot prêchant avec passion, la prudence, la modération " On sera très violent contre le Président ; il faut être très doux, jeter de l’eau froide. " Il fait sur tout le monde l'effet d’une ambition impatiente et sénile, qui veut arriver, qui se croit près d’arriver, et qui meurt de peur qu’on ne la dérange, ou qu’on ne lui impose des efforts qu'elle ne pourrait pas faire. On ne sait pas encore si beaucoup de Montagnards parleront, et lesquels. On s’attend à un débat long, violent, confus et plein d’incidents.<br />Changarnier est triste et inquiet. Il y a évidemment recrudescence de mouvement Bonapartiste et de timidité parmi les anti bonapartistes. L’intérêt électoral gouvernera tout le monde. Dans les masses, Changarnier est un candidat inconnu. Pour lui donner quelques chances, il faudrait écarter d'avance, et absolument au nom de la légalité, les trois candidats connus Le Napoléon, le Prince de Joinville & Ledru Rollin, Est-ce faisable ? En allant à Beauvais, le Président a été harangué à Clermont-Oise, par le Président du tribunal qui lui a dit : " Vous avez été élu il y a trois ans ; vous serez réélu l'an prochain, quoiqu'on fasse, et quoi qu'on dise. " Cette boutade inconstitutionnelle de la part d'un magistrat, a fait quelque rumeur. Le Président n’a rien répondu. Thiers ne songe qu'au libre échange. Michel Chevalier voyage pour recueillir des faits contre son discours. Thiers en recueille pour le défendre. Duvergier de Hauranne revient de Claremont, et se loue de l'accueil qu’il y a reçu. Je n'ai encore point de nouvelles, des autres voyageurs. Il en viendra probablement aujourd’hui. Je pars toujours samedi. J’ai été un peu incommodé hier ; ce n'est rien. Les Hatzfeldt m’ont engagé à dîner pour Jeudi. Je n'irai pas. Je mettrai quelques cartes p.p.c. Adieu.<br />J’ai bien peur de ne pas avoir ce matin une lettre d'Ems. L'Allemagne ne me ressemble pas ; elle ne prend ni la ligne droite, ni le chemin le plus court. Adieu, Adieu.G.</div>
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Absence
Asssemblée nationale
Conditions matérielles de la correspondance
Conversation
Eloignement
Politique (Analyse)
Politique (France)
Relation François-Dorothée
République
Réseau social et politique
-
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Title
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1851 (1er janvier-10 novembre) : Guizot observateur des jeux de tensions entre le Président et l'Assemblée
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Subject
The topic of the resource
Asssemblée nationale
Bonaparte, Charles-Louis-Napoléon (1808-1873)
Politique (France)
Pensée politique et sociale
Académies
Salon
Femme (politique)
Presse
Famille royale (France)
Relation François-Dorothée (Politique)
Posture politique
Politique (Analyse)
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Paris
Date précise de la lettre
Mercredi 2 juillet 1851
Heure
Une heure
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
2913, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 14
Title
A name given to the resource
Paris, Mercredi 2 juillet 1851, François Guizot à Dorothée de Lieven
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1851-07-02
Language
A language of the resource
Français
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée
Eloignement
Salon
Femme (politique)
Politique (France)
Politique (Internationale)
Elections (France)
Posture politique
Loi du 31 mai 1850
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris. Mercredi 2 Juillet 185<br />Une heure<br /><br />Je ne suis pas du tout résigné à la séparation. Mon plaisir me manquera aux heures accoutumées, et mon attente de mon plaisir tout le jour.<br />En vous quittant hier soir je suis retourné chez Mad. de Staël. Point d'autre visiteur que Viel-Castel uniquement préoccupé des affaires de La Plata dont le rapport se fait ces jours-ci. M. Thiers, les a toujours à coeur, plus que vous. Il ne refera pourtant pas son discours cette année, mais il en fera faire plusieurs. Pour rien, car la paix sera faite avec Rosas. 13 membres de la commission sont pour la paix contre 2. M. De Tocqueville lira Lundi 7, à la Commission, son rapport sur la révision. La Commission le discutera lundi et mardi. Il le lira à l’assemblée mercredi, ou jeudi. Le grand débat commencera, le mardi 15, grand peut-être, et long certainement.<br />Pour la réunion des Pyramides, sept orateurs, MM. de Broglie, Montalembert, Daru, Odilon Barrot, Beugnot, Gal Bedeau et Coquerel. Pour la République, plaine ou Montagne, MM. le Gal Cavaignac, Lamartine, Gal Lamoricière, Jules Favre, Charras, Mathieu de la Drôme Michel de Bourges. Pour le Tiers Parti, MM. Dufaure, Tocqueville et Laboulais. Pour les légitimistes, MM. Berryer, Falloux, Vatimesnil, La Rochejacquelein, Laboulie. Pour les fusionnistes MM. Molé, Montebello, Moulin. Pour le Ministère, MM. Baroche. Léon Faucher et Rouher. Voilà le programme général. Et comme il s’agit de prendre position pour les élections futures, peu de gens se retireront de la scène. Au moins dix ou douze jours de débat. Je n’ai encore vu personne qui connût le discours du Président.<br />La réception de Poitiers n'a pas valu celle de Tours. Peu de visites ce matin. Deux légitimistes, MM. de Neuville et de Limairac, bien pressés qu’on s'entende avec eux pour faire, à la loi du 31 mai une petite modification qui leur permette de ne pas attaquer la loi, et de voter avec la majorité, contre la Montagne. Le parti est assez découragé.<br />Je verrai demain le général Chabannes qui part le soir pour Claremont. Je lui dirai bien des choses à redire et il les redira. Je ne suis pas plus intéressant que cela. Adieu. La pluie me plait. Vous aurez moins chaud et point de poussière. Adieu, adieu.<br />Tout va bien chez moi. Adieu. G.</div>
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Elections (France)
Eloignement
Femme (politique)
Loi du 31 mai 1850
Politique (France)
Politique (Internationale)
Posture politique
Relation François-Dorothée
Salon
-
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Title
A name given to the resource
1850 (31 mai-18 octobre) : Une posture politique et publique à établir
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-06
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Val-Richer (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
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Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Ems
Date précise de la lettre
Jeudi 18 juillet 1850
Heure
6 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 13
Title
A name given to the resource
Val-Richer, Jeudi 18 juillet 1850, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Val-Richer (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-07-18
Language
A language of the resource
Français
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
VIe quotidienne (Dorothée)
Relation François-Dorothée
Absence
Conditions matérielles de la correspondance
Politique (France)
Famille royale (France)
Politique (Angleterre)
Politique (Espagne)
Eloignement
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Val Richer, Jeudi 18 Juillet 1850<br />6 heures<br /><br />C'est aussi l’heure où vous vous levez, me dites-vous. Que faites-vous à cette heure-ci, aujourd’hui ? Quand vous vous le rappellerez, au moment où vous recevrez ma lettre, la vôtre ne me le dirait que dans huit jours. On aura beau inventer les chemins de fer, les ballons ; on ne supprimera pas l'absence. Je n'ai guère plus de nouveau à vous envoyer d’ici que vous d'Ems à moi.<br />J’ai fait hier mes visites à Lisieux, par la pluie. Je suis frappé de ce qu’il y a de tranquillité et de ce qui revient de prospérité matérielle dans le pays. Cette société est aussi habile à se défendre du mal qu’inhabile à conserver le bien. Il est vrai qu'en fait de prospérité comme de sécurité, elle se contente à bon marché. Toutes ces existences sont très petites pour la richesse comme pour l’esprit, et elles se soucient peu de devenir grandes, sous l'un ou sous l'autre rapport. Quand on a gagné assez d’argent pour vivre sans rien faire dans sa petite maison de ville ou de campagne, on se trouve assez riche. Quand on sait faire ses comptes et lire son journal, on se trouve assez spirituel. Jamais l’ambition n'a été si courte et si basse. Les proverbes ont toujours raison : on est punis par où l'on a pêché.<br />Voici où ce mot puni me mène tout à coup à M. de Lamartine. Bien des gens le trouvent bien puni. Je trouve qu’il ne le sera jamais assez. Vous vous rappelez l’article de Croker dans le Quarterly review sur l’évasion du Roi après Février, et la réponse qu’y a faite M. de Lamartine et dans laquelle il a raconté qu’il avait voulu, comme gouvernement provisoire, faire sortir le Roi en sûreté, qu’il était allé trouver M. de Montalivet, qu’il lui avait demandé où était le Roi, et lui avait offert, sur son honneur, de le faire conduire hors de France par quatre commissaires qu’il lui avait nommés, M. Ferdinand de Lasteyrie, M. Oscar de Lafayette, et deux de ses amis personnels, M. de Champeaux ancien officier dans la garde royale, et M. d'Argaud, attaché aux Affaires étrangères. Croker ne lâche pas prise aisément ; il est allé au fond de tous ces dire ; il a questionné le Roi, et par le Roi, M. de Montalivet. Il publie dans le nouveau n° du Quarterly review une réponse à la réponse de M. de Lamartine, et, il affirme que les quatre commissaires proposés par M. de Lamartine à M. de Montativet étaient, Lasteyrie et Lafayette, oui, mais au lieu des deux derniers nommés dans la réponse, MM. Flocon et Albert, [ouvriers] ! Peut-on concevoir un tel mensonge ? Car entre les deux assertions, je crois à celle de Montalivet. M. de Lamartine s’en tirera par l'absence. Il est à Smyrne. Le Quaterly review ne va pas là.<br />Voilà un petit désagrément pour Palmerston. C'est encore la Duchesse de Montpensier qui hérite du trône d’Espagne. Si la Reine d'Espagne mourait demain, il aurait de la peine, malgré ses 46 voix de majorité, à faire faire la guerre par son pays pour empêcher l'Infante de succéder. Car elle succéderait en Espagne sans difficulté ; les progressistes seraient les premiers à la reconnaître et Narvaez est toujours là.<br /><br />9 heures.<br />Voilà votre lettre. Je n’en ai absolument aucune autre. Quand j’ai celle-là, j’attends les autres patiemment. Comment ne savez-vous pas encore que j’ai été cinq jours sans lettre ? Nous sommes bien loin. Adieu, adieu, adieu. G.</div>
Absence
Conditions matérielles de la correspondance
Eloignement
Famille royale (France)
Politique (Angleterre)
Politique (Espagne)
Politique (France)
Relation François-Dorothée
VIe quotidienne (Dorothée)
-
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
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An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/a0a7fc762684e1647446952f801eaedc.jpg
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1850 (31 mai-18 octobre) : Une posture politique et publique à établir
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-06
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Val-Richer (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Paris
Date précise de la lettre
Vendredi 28 juin 1850
Heure
Sept heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
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A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 13
Title
A name given to the resource
Val-Richer, Vendredi 28 juin 1850, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Val-Richer (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-06-28
Language
A language of the resource
Français
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée
Santé (Dorothée)
Femme (santé)
Eloignement
Politique (Angleterre)
Politique (Analyse)
Description
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<div style="text-align: justify;">Val Richer, Vendredi 28 juin 1850<br />Sept heures<br /><br />Est-ce donc bien demain que vous partez ? Cela me fait l'effet d’une seconde séparation. Paris est si près ! J’espère qu’au moins les eaux d’Aix-la-Chapelle vous feront du bien. Prenez les avec précaution ; elles passent pour très fortes ; j’ai entendu dire que nous n'avions en France point d’eaux sulfureuses aussi fortes. Je ne vous crois aucun mal spécial et précis ; je vous crois au contraire un bon fond d’organisation et de tempérament. Mais vous êtes affaiblie délicate et susceptible ; il faut vous fortifier en vous ménageant ; des toniques doux et soutenus ; point de secousse. C'est dommage que je ne sois pas médecin et votre médecin. Je suis sûr que je vous traiterais à merveille. Mais vous n'êtes pas commode pour votre médecin.<br />J'attends Londres dans beaucoup de curiosité. Personne n'aura dit ce qu’il y à dire, et ce qui tuerait infailliblement Lord Palmerston, peut-être même dans la Chambre des Communes actuelle. Je connais bien les Anglais. et je les comprends d'instinct encore mieux que je ne les connais ; je sais qu’elles sont les cordes qu’il faut toucher pour aller jusqu'au fond de leur âme. Ils ont à la fois le respect des anciennes choses, des anciennes lois, et le goût de la liberté ; ils sont en même temps de vieux conservateurs et des libéraux sensés et honnêtes ; il faut leur montrer que Lord Palmerston ne leur ressemble et ne leur convient ni sous l’un ni sous l'autre rappor ; qu’il fait en leur nom de la politique qui n’a rien d'Anglais, point de dignité, point de moralité point d'intelligence des vrais intérêts de la liberté dans le monde comme de la considération et de l'influence de l’Angleterre. Je voudrais soulever contre lui, l’esprit libéral des Anglais, aussi bien que leur esprit conservateur, et le leur faire voir tel qu’il est réellement, comme un brouillon sans prévoyance et sans foi, qui va servant et semant partout, l'anarchie révolutionnaire, et qui revient ensuite dire dans le Parlement qu’il a soutenu l'Angleterre et la liberté tandis qu'il les a partout compromises, et rendues suspectes ou odieuses. Vous voyez ; je retombe toujours dans mon ancien métier. Je vous assure, et vous me croirez sans peine, que mon discours serait très bon.<br /><br />10 heures<br />J’avais bien raison de vous envoyer un discours. Je viens de parcourir celui de Lord Palmerston. Le meilleur, ce me semble, qu’il ait jamais fait. Spirituel, spécieux et convenable. Je le lirai attentivement. Mais je persiste dans le mien. La réponse à Lord Palmerston pourrait être foudroyante. Puisque Sir J. Graham s'est engagé si avant, Sir Robert Peel en fera certainement autant et parlera bien. Le débat est solennel. Et certainement Palmerston en restera blessé à mort. Je crains seulement que le public, les badauds honnêtes, ne soient pas suffisamment détrompés et éclairés, sur son compte. Vous aurez moins chaud aujourd'hui. L'orage n’est pas encore fini. Il abattra la poussière sur votre route. Adieu. adieu. G.</div>
Eloignement
Femme (santé)
Politique (Analyse)
Politique (Angleterre)
Relation François-Dorothée
Santé (Dorothée)
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1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
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Français
Anglais
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<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Paris
Date précise de la lettre
Jeudi 1er novembre 1849
Heure
Huit heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 12
Title
A name given to the resource
Val-Richer, Jeudi 1er novembre 1849, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Val-Richer (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-11-01
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée
Eloignement
Relation François-Dorothée (Dispute)
Conversation
Portrait
Politique (France)
Politique (Vatican)
Réception (Guizot)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Val Richer, jeudi 1er Novembre 1849<br />Huit heures<br /><br />Voici enfin, le mois où nous nous retrouverons. Je ne crains pas que les amertumes, dont avant-hier vous m'avez envoyé un trait résistent à la présence réelle. La vérité vous saisit et chasse de vous l’erreur. Mais elle ne l'empêche pas de revenir. J’ai bien envie de vous dire une fois tout ce que je pense de la source de cela. Quand on a vécu quelque temps séparés en pensant toujours, on s'étonne de tout ce qu’on ne s’est pas dit. Que de silences, de réticences, de voiles dans une bien grande intimité! C’est bien dommage. Il y a un point où l'on arrive bien rarement, mais où, quand on y est arrivé, ce qui est incomplet devient intolérable. Il faut pourtant s'y résigner. Je suis charmé que le Duc de Noailles soit à Paris. Je me promets que nous causerons beaucoup. Non seulement il est très sensé et très honnête, mais je me figure qu’il y a en lui quelque chose de plus qu’il ne montre. J’aime les gens dont je n‘ai pas vu le bout. J’ai eu hier ici un autre ancien député conservateur du midi. Il avait une lettre de son fils, jeune maréchal des logés dans un régiment de chasseurs à Rome. Voici les termes. « Nous nous ennuyons bien ici. Nous ne savons pas pour qui ni pourquoi nous y sommes. On nous fait changer tous les jours notre fusil d’épaule ; demi-tour à droite, demi-tour à gauche. Le Pape devrait bien revenir pour que nous nous en allions. Voilà le sentiment populaire dans l'armée. Je vois venir un bien autre embarras. Le Pape dira, ou donnera clairement à entendre qu'il ne reviendra à Rome que lorsque les Français n'y seront plus. Et alors comment s'en ira-t-on. S’en aller, ce sera être chassé par le Pape. J'admire ce que la bonne politique peut devenir, entre les mains des sots. Ici aussi le coup d'état est dans l’air ; c’est-à-dire qu'on en parle car je ne trouve pas qu’on y croie. Quel qu’il soit s’il se fait sans le concours de l'assemblée et du général Changarnier, ce sera un triste coup de cloche. Le Président a beaucoup perdu dans les campagnes mêmes. Il ne me paraît plus en état d’agir seul. Comme de raison, il me vient bien des messages empressés et obscurs. C'est l’état de tous les esprits. Il m'en vient d’Emile de Girardin toujours, en ébullition. Il me paraît que la présidence du Prince de Joinville est décidément son idée du jour, et qu’il se propose de la pousser chaude ment à travers le premier nouveau gâchis. Je ne sais plus quelle importance conserve encore son journal. Je le vois toujours assez rependu pour nuire. Et l'homme a, dans ce genre, une vraie puissance.<br /><br />Midi<br />Voilà un nouveau cabinet qui m’arrive. Ce n'est évidemment qu’une préface. Quel déplorable et ridicule gâchis ! J’ai la conviction que tout cela ne sera que ridicule. Il faudrait que les honnêtes gens fussent plus sots que les sots pour se laisser déposséder et mâter avec les forces qu’ils ont entre les mains. Je suis charmé que vous vous inquiétiez moins. Quand serons-nous réunis ? Adieu, Adieu Adieu. G.</div>
Conversation
Eloignement
Politique (France)
Politique (Vatican)
Portrait
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Relation François-Dorothée (Dispute)
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Richmond
Date précise de la lettre
Jeudi 20 sept. 1849
Heure
Sept heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
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Archives Nationales (Paris)
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Source
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 12
Title
A name given to the resource
Broglie, Jeudi 20 septembre 1849, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Broglie (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09-20
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Subject
The topic of the resource
Politique (France)
Presse
Politique extérieure
Politique (Italie)
Relation François-Dorothée (Politique)
Eloignement
Manque
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
Portrait
Femme (mariage)
Femme (politique)
République
Politique
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Broglie jeudi 20 Sept 1849 Sept heures<br /><br />J’ai tout le jour sous les yeux une preuve frappante qu’il n’y a aujourd’hui pour la France, dans la pensée de tout le monde, point de politique extérieure. Personne n'en parle. Personne ne songe à en rien demander ni à en rien dire. Il vient ici assez de visites ; on ne parle que des affaires publiques ; point des Affaires étrangères ; un mot, en passant, sur Rome, qui tombe aussitôt et qui est dit plutôt pour parler du Président. qu'on est curieux de bien connaître, que de Rome dont on ne se soucie pas. La France n’est préoccupée que d'elle-même. Le Duc de Broglie me dit qu’il répète sans cesse aux Ministres : " La paix à tout prix, et point d'affaires ; la République ne peut pas avoir une autre politique. " Il a raison, et le public, est de son avis. Les journaux seuls sont en dehors de cette disposition du public, et raisonnent à perte de vue sur l'Europe. Et leurs lecteurs se plaisent assez à cela. Mais comment on se plaît à un moment de badauderie et d'oisiveté. Personne ne prend les journaux au sérieux. Ce qui n'empêche pas qu'à la longue ils n'agissent. Un jour viendra où le pays sortira de cette insouciance forcée sur sa politique et sa position au dehors, et s’en vengera sur le gouvernement qui lui en fait une nécessité. Etrange chaos que l'état des esprits et ce qu'ils ont à la fois d'activité et d’apathie de passion et d’indifférence de bon sens et d’inintelligence. Plus j'y regarde, plus je me persuade que c’est bien un état de transition, non une chute définitive. C'est ma seule consolation, et je crois que c’est la vérité.<br />Transition à quoi. Je n’en sais pas plus que je n’en savais quand nous avions le bonheur de causer ensemble de tout cela. Pourtant je suis plutôt confirmé qu’ébranlé dans l’idée à laquelle j'aboutissais en définitive quand nous voulions absolument voir à ceci une issue.<br /><br />Onze heures<br />Je vous reviens après être allé entendre une homélie de l'évêque d'Evreux dans l’Eglise de Broglie. Hélas oui, il y a deux grands mois que nous nous sommes quittés ! Je n'essaie pas de vous dire combien vous me manquez. Vous me manquez non seulement pour les choses que je ne dis qu'à vous et que je n’entends que de vous, là où le vide est complet quand vous n’y êtes pas. Vous me manquez même dans les moments où il n’y a pas de vide, ou ce que j’entends et dis me plait et m'intéresse. Je suis toujours sur le point de me retourner pour voir si vous êtes là et pour vous mettre de part dans tout. Que de choses je ne dis pas que je vous dirais, et que de choses je vous dirais que je ne vous ai jamais dîtes ! Et la vie s’écoule dans cette impatience d’une affection qui ne donne et ne reçoit pas, tout ce qu'elle pourrait recevoir et donner dans le sentiment d’un grand bonheur possible et manqué.<br />Paris sera tranquille. Et si les rouges essayaient de le troubler la tranquillité serait pleinement rétablie en quelques heures comme au 13 Juin. La force et la volonté de faire cela y sont également. Certainement le choléra diminue. Pourtant il y en a encore, et presque toujours grave. Ne vous ai-je pas déjà dit hier qu'à cause du Choléra, on retardait de quinze jours la rentrée des écoliers aux collèges ?<br />La lettre de Marion est charmante et très originale, si cette aimable fille était heureuse, elle aurait tout le bon sens hors duquel elle se jette quelquefois pour répandre et animer son âme. Elle a naturellement beaucoup de bon sens. Mais il faut aux femmes même aux plus distinguées, du bonheur personnel, et de cœur, pour être dans cet équilibre intérieur qui met en état de voir les choses du dehors comme elles sont réellement, parce qu'on n'a rien à leur demander. Je parlais un jour à la Duchesse de Broglie d’une jeune femme de sa connaissance, et de la mienne qui avant son mariage avait un amour propre assez agité et exigeant, et qui depuis son mariage, était devenue parfaitement calme et modeste : " Je le crois bien, me dit-elle, elle a ce qui apaise et satisfait le plus grand amour propre possible d’une femme : elle est aimée et heureuse. " J'ai bien souvent reconnu la vérité de cela. J’ai peur que notre bonne Marion reste toujours républicaine, tantôt pour Cavaignac, tantôt pour Manin, faute d'avoir son roi à elle, un mari qu'elle adore, et qui l'adore. Adieu. Adieu.<br />Je ne vois rien dans mes journaux de ce matin. Je pars toujours le 28 pour retourner au Val Richer le Duc de Broglie, le 29 pour Paris. Il veut être au premier jour de l’assemblée aussi à la réunion du Conseil d'Etat qui aura probablement, lieu la veille. Adieu, Adieu, Adieu. G.</div>
Eloignement
Femme (mariage)
Femme (politique)
Manque
Politique
Politique (France)
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Politique extérieure
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Relation François-Dorothée
Relation François-Dorothée (Politique)
République
Réseau social et politique
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
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Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
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<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Richmond
Date précise de la lettre
Mardi 21 août 1849
Heure
Sept heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Val-Richer, Mardi 21 août 1849, François Guizot à Dorothée de Lieven
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Guizot, François (1787-1874)
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The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Val-Richer (France)
Date
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1849-08-21
Language
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Français
Type
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Correspondance
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
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Eloignement
Politique (France)
Politique (Italie)
Réseau social et politique
Portrait (Dorothée)
Conversation
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Val Richer, Mardi 21 Août 1849<br />Sept heures<br /><br />Votre dernière lettre est datée du 18 Août, juste un mois après mon départ. C'est déjà bien long. Chaque jour plus long. Vous me dîtes : " Je veux de la sécurité à Paris. Qui me répond que j'en aurai ? " J'y regarde bien. J’ai toutes les raisons possibles d'y bien regarder, vous la première. Plus j’y regarde, plus je crois à la sécurité matérielle dans Paris. Et je ne vois personne qui n’y croie comme moi. Les coquins sont aussi abattus dans leur cœur que décriés dans le public. Non pas certes qu’ils renoncent. Mais dans l'état actuel, ils ne se croient aucune chance de succès. Ils attendront un autre état. Viendra- t-il un autre état ? Ceci, je le crois, et tout le monde, le croit. Il n’y a donc pas de sécurité politique. L'avenir amènera des évènements. Lesquels et quand ? Personne ne le sait. Tout ce qu'on peut dire, tout ce que disent tous les hommes sensés, c’est que dans trois ans, si d'ici là on ne fait rien, la réélection du Président et de l'assemblée fera une révolution, bonne ou mauvaise plus probablement mauvaise. Et probablement avant ce terme, aux approches de ce terme, pour éviter cette révolution inconnue, les pouvoirs aujourd’hui établis, et certainement, les plus forts, l'Assemblée, le Président, le Général Changarnier feront quelque chose. Personne ne sait quoi, ni quand. Tout le monde croit à quelque chose et croit que quelque chose sera nécessaire. Je reviens donc à mon point de départ. De la sécurité matérielle, oui. Pas de troubles dans la rue. De la sécurité politique, pas d’évènements graves. Personne ne peut vous promettre cela. La question se réduit donc à ceci : quel genre et quel degré de sécurité vous faut-il ?<br />M. de Metternich a raison ; l'exécution du prêtre à Bologne est stupide. C’est du bois sur un feu qui s'éteint. Les gouvernements vainqueurs ne savent pas le mal qu’ils se préparent quand ils redonnent un bon thème aux mauvaises passions vaincues. Ce que veulent surtout les révolutionnaires, c’est un fait, un acte, un nom-propre, de quoi parler. Ils excellent ensuite à commenter et à répandre.<br />Je ne comprends pas Brünnow à votre égard. Non seulement de la négligence, mais de la malveillance, c’est trop bête pour un homme même pour un subalterne d’esprit. Il faut que je ne sais quand, je ne sais comment, vous l’ayez blessé dans quelque secret repli de son cœur subalterne. Vous pouvez avoir le Génie de l'offense ; quelque fois le voulant bien, quelquefois sans le savoir. Peu importe du reste cette occasion-ci. M. de Brünnow n'apprendra rien à Lord Palmerston sur l’amitié que vous lui portez.<br />Je regrette bien Lord Beauvale pour vous. C'est évidemment la conversation qui vous plaît le plus. Pourquoi les Ellice ne veulent-ils plus venir à Paris ? Est-ce que le père et la mère ont peur ? Avez-vous des nouvelles de Bav. Ellice ? Est-il en Ecosse ? J’ai vu arriver hier un petit anglais, le second fils de Sir John Boileau. Il vient passer huit jours au Val Richer. L’aîné est aux Etats Unis. Milnes veut venir me voir ici. Bon homme et fidèle, malgré la promiscuité de son amitié.<br /><br />Onze heures<br />J'ai beau faire ; j’attends la poste le mardi comme les autres jours. Adieu. Adieu. G.</div>
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Politique (France)
Politique (Italie)
Portrait (Dorothée)
Réseau social et politique
-
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1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
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Français
Anglais
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Jeudi 9 août 1849
Heure
Midi
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Jeudi 9 août 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-08-09
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Réseau social et politique
Circulation épistolaire
Conditions matérielles de la correspondance
Eloignement
Relation François-Dorothée
Santé (Dorothée)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Jeudi 9 août 1849 Midi<br /><br />Ce que vous mande Piscatory est triste. Comme tout le monde dit de même, ce doit être la vérité attendue. J’ai eu hier quelques visites du voisinage. (à propos la vieille princesse si touchée de ce que vous lui adressez, que vite elle a envoyé chercher des fleurs, bouquets, plantes & & pour orner mon salon) le duc de Cambridge qui part aujourd’hui pour faire visite à son frère à Hanovre. Plus tard j’ai été dîner chez la duchesse de Glocester, rien que la famille royale et moi. J’ai regretté d’avoir accepté, car malgré mes barricades, mes yeux ont souffert de la lumière rien d’intéressant naturellement. A onze heures j'ai été dans mon lit. La duchesse de Cambridge se plaint et avec raison, de la duchesse d’Orléans qui ne lui a pas fait visite quoiqu’elle en ait fait aux autres membres de la famille. Cela fait un petit commérage qui les occupe. Sa fille de Meklembourg me plait chaque fois que je la rencontre. Le vieux Dennison M.P. frère de la. Marquise de Conyngham vient de mourir. Il laisse à lord Albert Conyngham, second fils de sa sœur toute sa fortune en terre et de plus deux millions de Livres, ce qui veut dire deux millions de Francs de rente. Vous avez vu lord Albert chez moi à Paris, pas grand-chose.<br />Voici votre lettre de Mardi. Toujours un nouveau bonheur quand j'aperçois votre petite lettre dans la grosse main de Jean. Quand aurai-je un autre bonheur que celui-là ? Adieu. Adieu. Je ménage mes yeux aujourd’hui, et je n’ai pas une nouvelle à vous donner ici on ne parle que de la reine et de l'Irlande. Il me semble que nos affaires vont cependant bien en Hongrie, Dieu merci. Adieu dearest Adieu. Comme vous êtes loin ! Adieu.</div>
Circulation épistolaire
Conditions matérielles de la correspondance
Eloignement
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
Santé (Dorothée)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/fc292a6fc390f27ff033cdf04feedf8d.jpg
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Mercredi 1er août 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
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Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Mercredi 1er août 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-08-01
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée
Diplomatie
Politique (France)
Politique (Autriche)
Politique (Hongrie)
Santé (Dorothée)
Réseau social et politique
Enfants (Benckendorff)
Eloignement
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Mercredi 1er août 1849,<br /><br />Un nouveau mois, qui sera un bien mauvais mois pour nous comme cela me serre le cœur ! J’ai lu hier une lettre de lord Ponsonby de Vienne à lord Beauvale. Il dit que la guerre peut trainer quelques semaines encore, mais que l’issue n'est pas douteuse, et personne ne s'en inquiète. Il dit aussi que les relations entre la France et l’Autriche sont excellentes ; tant mieux.<br />Mon fils est venu me voir hier. Brünnow est un peu noir sur la Hongrie. Je ne sais pas de nouvelles du reste. Le choléra continue et grandit. 130 morts dans la journée. C'est beaucoup, & ce n'est pas tout ; on avoue cela, mais le vrai chiffre est au-delà de 200. Je reste cependant. Je me soigne. Je me fais beaucoup trainer dans le parc, il n’y a pas de choléra là. Je passe et repasse devant le beau chêne, & vous savez à quoi je pense et repense tous les soirs chez Beauvale et un peu aussi chez Mad. Delmas.<br />A propos elle a été bien flattée de votre souvenir. Faites dire un mot à la vieille princesse. Le temps est passable. J’occupe dans ce moment-ci l'appartement qu’avait la Reine. Mais c’est un peu bruyant, & j’espère succéder à Mad. Steigley qui part dans peu de jours.<br />Je suis allée aux informations à propos de la lettre de l’Empereur au Président ; c'est la même formule que pour le Président des Etats-Unis. Mon grand et bon ami. N’importe je suis bien aise qu’il ait écrit. Je ne vois pas cependant que les journaux français le disent. C’est dans le Morning Chronicle que je l’avais trouvé.<br />J’ai rendu compte à Lord Aberdeen de ma petite discussion avec Lord John à son sujet. Cela l’amusera. Je n’ai pas manqué avant hier de lui faire parvenir votre lettre. Adieu. Adieu dearest, adieu.<br />Que c’est long déjà, & que ce sera long encore. Les correspondances de Paris dans les journaux anglais disent qu'on est inquiet. On croit à un coup d’état on le craint parce que les trois partis monarchistes sont divisés mais on ne peut pas rester comme on est. Quel puzzle. Adieu. Adieu.</div>
Diplomatie
Eloignement
Enfants (Benckendorff)
Politique (Autriche)
Politique (France)
Politique (Hongrie)
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
Santé (Dorothée)
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
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Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Lundi le 30 juillet 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Lundi 30 juillet 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-07-30
Language
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Français
Type
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Correspondance
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Réseau social et politique
Circulation épistolaire
Politique (France)
Réception (Guizot)
Diplomatie
Enfants (Benckendorff)
Politique (Italie)
Politique (Vatican)
Santé (Dorothée)
Enfants (Guizot)
Femme (mariage)
Relation François-Dorothée
Eloignement
Mariage
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond lundi le 30 juillet 1849<br /><br />Duchâtel m’a tenu longtemps et mon essai de la poste de 4 heures ne peut pas se faire aujourd’hui. Il part le 4. Il s'embarque à Ostende, le lendemain il dîne à Spa chez sa belle-mère. Il ira ensuite à Paris pour peu de jours & de là chez lui dans le midi. Je crois qu'il préfère ne pas débarquer dans un port français. Son arrivée ne fait pas événement et il aura fait d'une pierre deux coups, la France & Paris. On lui écrit pour lui conseiller cela. Il sera à Paris encore avant la dispersion de l'Assemblée. On lui mande que Morny est un vrai personnage et que c’est lui qui pousse à l’Empire. Duchâtel n’y croit pas. Il ne voit d’où viendrait le courage. En même temps je pense, que si on le tentait cela serait accepté par tous, lui, Duchâtel le premier. Morny a écrit à Duchâtel une lettre très vive d'amitié, de vœux de le voir à Paris, à l’Assemblée, disant que des gens comme lui sont nécessaires & &<br />Il faut que je vous dise qu'ayant été très inquiétée par suite de ce qui s’est passé au Havre le 19. J’avais écrit au duc de Broglie pour lui demander s’il voyait du danger pour vous au Val-Richer, il me répond et me rassure pleinement, me disant que les quelques cris poussés au Havre n’avaient aucune signification aucune portée mais voici comme il finit sa lettre... " Votre bon souvenir m’est d’autant plus précieux que je n’espère point vous revoir ici. Vous avez vu les derniers beaux jours de la France, ni vous, ni nous ne les reverrons plus. " Il n’espère pas me revoir. Cela veut dire poliment que je ferai grand plaisir en ne [?] pas. C’est clair. Je [?] bien ne pas lui faire ce plaisir. Lettres de vendredi et Samedi très intéressantes. Je vois que vos journées sont bien garnies. J’en [suis] bien aise. J’aime qu’on vienne [vous] voir.<br /><br />Mardi 31. Onze heures<br />[?] ce que m'écrit mon fils de [?] en date du 20. [Je] vous ai écrit dans le temps que les français mettaient le maintien [de] la constitution comme prix au [retour] du Pape, ils n’auraient rien [?], & que si le Pape avait la faiblesse d’accepter cette condition [?] serait recommencé. D’après tout ce que j'ai su, le [?] Pape retournerait à Rome les mains libres. Lui de sa personne ne retournera qu’après un an à Rome où il serait représenté par une commission, et toutes les commissions le [?] à une sécularisation partielle de l’administration. En attendant le Pape irait probablement résider dans quelque ville des légations. Rayneval qui c’est conduit dans toute cette affaire avec sagesse et habileté succéderait dit-on à Haverest. Si le pays est tranquille et gouvernement fort. "<br />Voilà un petit rapport très bien fait. Je lis avec plaisir que mon Empereur a écrit au Président pour lui annoncer, je crois la mort de sa petite-fille. Voilà les relations régulières rétablies. Cela ne fera pas à Claremont autant de plaisir qu'à moi.<br />Hier M. Fould s’est annoncé chez moi, je l'ai reçu. Quelle figure ! Che bruta facia ! Puisque nous sommes voisins, il a cru devoir venir. Il m’a rassurée sur le choléra de Richmond aussi bien que sur celui de Paris. Il arrivait de là. Il dit que c'est bien vide & bien triste. J'ai fait ma promenade en voiture avec lord Chelsea. Le soir j’ai [?] le piquet à Lord Beauvale. Cela ne lui a pas plu du tout. Je suis un mauvais maitre.<br />J’ai pris un nouveau médecin à Richmond. J'ai horreur de celui qui m’a tant effrayé l’autre jour. M. G. de Mussy reviendra me voir aussi. Adieu. Adieu. Aujourd’hui Mardi, Il y a quinze jours, je vous ai vu encore. Je ne veux pas me laisser aller à vous dire tout ce que je sens, tout ce que je souffre ! Trouvez un mari, je vous en prie. Travaillez- y. Adieu. Adieu dearest adieu.</div>
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Title
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1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Vendredi le 27 juillet 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Vendredi 27 juillet 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-07-27
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Réseau social et politique
Conversation
Politique (France)
Politique (Angleterre)
Eloignement
Relation François-Dorothée
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond vendredi le 27 juillet 1849<br /><br />Hier nous avons eu le plus violent orage qu’on ait jamais eu en Angleterre. 3 heures de durée, éclairs et tonnerre incessant. L'orage s'acharnait sur le Castel & le royal hôtel. J’ai passé tout ce temps seule, la communication impossible. Le déluge. La pluie a passé le toit & j’ai reçu un vrai bain de douche dans ma chambre à coucher. Plus tard j’ai été voir Metternich il m’a prouvé très longuement que cet orage devait tuer le Choléra. Electricité & & C’était de la sienne. En politique, il est charmé de Montalembert, de Thiers. Il dit que les nouvelles de Hongrie sont excellentes. Je ne vois pas cela encore. Il m'a beaucoup demandé de vos nouvelles. Je l'ai trouvé fort maigre, mais il est bien.<br />Le soir j’ai vu Beauvale, et puis de la musique chez Delmas. Cela m’a un peu échauffé, & j'ai mal passé la nuit. Hier il est mort 120 personnes du Choléra à Londres, avant-hier 64. Cela augmente beaucoup. J'ai lu ou plutôt parcouru Thiers, il a dit d'excellentes choses, et le ton de ce discours m’a paru bon. Les journaux anglais disent qu'il a produit beaucoup d’effet. Ils le donnent aujourd’hui tout en entier.<br />Voici votre lettre. Je vais affranchir la mienne, et nous verrons. Comment il n'y a que huit jours aujourd’hui que vous êtes arrivé au Val Richer ? Dieu que cela a été long. Je ne vous parle pas de ma santé par superstition en effet. Quand je serai malade je vous le dirai. Le parlement sera prorogé le 31. Point de séance royale. La reine part d'Osborne le 1er août pour l’Irlande. Adieu. Adieu. Je n’ai pas un mot de nouvelle à vous donner l'orage a intercepté tous les arrivages. La province a vécu sur son propre fond. God bless you dearest.</div>
Conversation
Eloignement
Politique (Angleterre)
Politique (France)
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Mercredi le 25 juillet 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
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Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Mercredi 25 juillet 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-07-25
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée
Eloignement
Politique (France)
Posture politique
Réseau social et politique
Politique (Angleterre)
Enfants (Benckendorff)
Diplomatie
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Mercredi le 25 juillet 1849<br /><br />Hier à neuf heures il y a huit jours nous nous sommes séparés. Le dernier adieu. Mon Dieu que c’était doux. & triste. Voici votre lettre. Il me semble que vous jugez ici les choses de votre pays comme vous les jugez depuis que vous y êtes rentré ; choses & hommes. Voyons ce que le temps amènera ? Il n'amènera pas de grands hommes, je crois.<br />Aberdeen est venu me voir hier. II est parti ce matin pour l’Ecosse. Pas très étonné du dévouement de Vendredi. Lord Brougham avait fait un discours des plus lâches, des plus longs, des plus ennuyeux du monde. Le parti était révolté. Il ménageait lord Palmerston avec une tendresse paternelle. Cela a dégouté beaucoup de monde. Quelques Pairs sont sortis disant qu’ils ne voulaient pas voter pour une motion faite par lord Brougham. Je crois que ceci était un prétexte, et que la vraie raison était la crainte de renverser le Ministère. Quoiqu'il ne soit les Lords Hefford, Pembroke. Tankerville, Cantorbéry, Willougby & & & s’en sont allés. Le duc de Wellington est parti aussi, il est vrai que pour celui-là son vote eût pu être de l’autre côté. On l’accuse fort de désorganiser encore un parti qui l’est déjà beaucoup. Lord Aberdeen a eu hier un dernier entretien très long avec lord Stanly. Ils ne sont venus à reconnaître qu’il n’y avait pour le moment aucun moyen de prendre les affaires ensemble quand bien même les circonstances écarteraient les présents ministres du pouvoir. Aberdeen parle très dédaigneusement de Peel. D'abord comme d'un défunt et puis comme du destructeur du plus grand et respectable parti qu’ait jamais eu l'Angleterre. Moi aussi, mon Peelisme est fini. Lady Alice, parle comme les autres. Aberdeen craint fort les meetings radicaux qui vont se tenir partout en faveur des Hongrois. Il trouve que l’esprit démagogique grandit. Cela l’inquiète.<br />J’ai oublié de vous dire hier qu' Ellice a reçu une nouvelle lettre de Mad. d'Osne sur le même ton. Thiers et toute la famille sera à Dieppe le 3 août pour y passer quatre semaines. Mon fils est venu me voir hier pour quelques heures. Sa tournée dans le pays lui a profité, il se porte mieux. Brunow envoie des courriers à Varsovie. L’Empereur doit y être revenu hier. J’ai été hier au soir chez Lord Beauvale. Nous sommes une grande ressource l’un pour l’autre Bulwer m'écrit une longue lettre de Francfort, Résumé. L’Allemagne veut l’Unité. La Prusse, si elle ne fait pas de fautes, formera une [?] du Nord. Les petits princes disparaîtront certainement. L'Autriche reprendra sa situation après que la guerre de Hongrie sera terminée. Il n’y a là rien de neuf.<br />Adieu. Adieu. Je pense à vous tout le jour. Cela n’est pas nouveau non plus, adieu, adieu.</div>
Diplomatie
Eloignement
Enfants (Benckendorff)
Politique (Angleterre)
Politique (France)
Posture politique
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Richmond
Date précise de la lettre
Dimanche 22 juillet 1849
Heure
7 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Val-Richer, Dimanche 22 juillet 1849, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
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Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Val-Richer (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-07-22
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Conditions matérielles de la correspondance
Relation François-Dorothée
Discours du for intérieur
Eloignement
Santé (Dorothée)
Nature
Politique
Posture politique
Politique (France)
Circulation épistolaire
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Val Richer. Dimanche 22 Juillet 1849 7 heures<br /><br />Je n'aurai le cœur un peu à l'aise que lorsque nous nous serons mutuellement répondu à notre première lettre. Il me semble qu'alors la séparation sera un peu moindre. Vous avez raison ; je suis plus heureux que vous ; j'ai des ressources et des plaisirs qui vous manquent. Aussi je n'en jouis qu'avec un certain sentiment de remords. Mes plaisirs me rappellent à vous comme mes privations. Je viens de me lever. Il fait un temps admirable, l’air est doux et vif, le bleu du ciel aussi pur et aussi brillant que le vert de mes bois. Le climat est réellement bien différent. Je voudrais vous envoyer mon soleil à Richmond. Bien mieux, vous amener, vous, sous mon soleil. Vous y viendrez, soignez-vous bien d’ici là, c'est ma préoccupation de tous les moments.<br /><br />Les visites commencent bien vite. J’en ai déjà eu quatre hier. De braves gens du pays de ceux qui m’ont été fidèles, et qui restent indignes contre ceux qui ne l'ont pas été. Je leur dis qu’ils ont raison d'être indignes, et je suis plus indulgent qu'eux. Je traiterai mal un très petit nombre d'infidèles, deux ou trois, les plus scandaleux. Amnistie pleine et entière pour tous les autres. La bonne politique est partout la même. Ne trouvez-vous pas que j'ai l’air d’un souverain restauré ? C’est un peu prompt. J'en suis fort loin ; personne n'en est plus convaincu que moi. Mais je suis décidé à prendre mes avantages c'est-a-dire l'attitude d’un homme envers qui on a eu tort, et qui n'a eu tort envers personne. C’est la visite et je crois qu’elle me réussira.<br /><br />9 heures<br />Béhier vient de m’arriver. Vous avez lu ses lettres. Il connait bien Paris et comprend bien ma situation. Rien de nouveau dans ce qu’il me dit. Tout confirme ce que nous pensons. Du temps et de l’immobilité, à ces deux conditions, la rivière coule de mon côté. A Paris, impossibilité pour le commerce, et le crédit de se relever. Détresse croissante, après la victoire. On a commencé par s'en étonner. On commence à se l’expliquer. Mais le président est fort loin d'être épuisé comme espérance. On tournera et retournera, en tous sens cette combinaison pour essayer d'en faire sortir un gouvernement. Presque plus de choléra. Moins aujourd’hui qu'à Londres. Il a été affreux pendant cinq jours. La forte chaleur semblait un ennemi acharné à la poursuite de tout le monde. Adieu. Je vais faire ma toilette. Je vous reviendrai après la poste. Merci des détails de votre lettre de jeudi. Je sais très bien comment s’est passée votre journée.<br /><br />Onze heures<br />Voilà votre lettre de Vendredi. Votre préoccupation du choléra me désole. Non que je vous veuille insouciante à cet égard. Vous ne sauriez prendre trop de précautions. Béhier me disait tout à l’heure que bien peu de personnes avaient été attaquées sans quelque imprudence positive et constatée. C’est un mal qui atteint rarement, très rarement ceux qui le repoussent d'avance par un régime bon et soutenu et constant. A cela la peur est utile. Gardez donc la vôtre dans cette mesure. Et puis n’oubliez pas ce que vous m’avez promis. Si le mal s’aggravait à Londres, ou si votre peur devenait un vrai mal, n’hésitez pas, partez. Il n’y a réellement plus rien à Paris. Dans l’hôpital où est Béhier, pas un seul cas depuis plusieurs jours. Je ferme une lettre avant d'avoir ouvert mes journaux. Il m'en est arrivé un paquet. L’article des Débats sur le grand duché de Bade était très bon en effet. Je ne crois pas que la Prusse ose. Adieu. Adieu.<br />Pas une des minutes que nous avons passées ensemble dans ces derniers jours ne me sort de la mémoire. Toutes charmantes. Adieu. Adieu, demain sera un mauvais jour. Vous aurez été un jour sans lettre de moi. Je n’ai pas pu l’éviter. Adieu. Adieu. G.</div>
Circulation épistolaire
Conditions matérielles de la correspondance
Discours du for intérieur
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Title
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1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Samedi 21 Janvier 1849
Heure
Midi
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Samedi 21 juillet 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-07-21
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Conditions matérielles de la correspondance
Presse
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
Eloignement
Relation François-Dorothée
Politique (Angleterre)
Enfants (Benckendorff)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Samedi 21 juillet 1849<br />Midi.<br /><br />J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes ! Ma journée a été triste hier comme le temps. Beaucoup de pluie, point de visites de Londres. J’ai vu les Delmas la vieille princesse, & le soir les Beauvale. Là, bonne et longue et intime conversation.<br />Lady Palmerston avait écrit une lettre très inquiète, elle croyait à une bataille perdue à propos de la motion de Lord Brougham. Je vois ce matin qu’elle a été rejetée par 12 voix. La séance a duré jusqu'à 4 h. du matin. Brougham. Carlisle. Hugtesberg. Minto. Aberdeen Lansdown, Stanley. Voilà les orateurs & dans l’ordre que je dis là. On m'apporte votre lettre du Havre. Merci, mais vous ne dites pas comme le Times. J'aime mieux vous croire vous, que lui. (C’était dans les ships news, Southampton.)<br />Vous voilà donc établi chez vous ! que Dieu vous protège. Comme nous sommes loin ! Les discours hier sont si longs, qu’il m’est impossible de les lire. J'ai choisi celui d'Aberdeen, j’y trouve des paroles honorables & justes pour le roi, Lord Palmerston et pour vous. Je relève cela, parce que les journaux de Paris ne rendront surement pas les discours dans leur étendue. Onze heures de séance. C'est long !<br />Mon fils est revenu de Londres de sa tournée. J’irai peut être le voir demain, quoique je ne me soucie pas trop de l'air de Londres. Il est vrai que le choléra est bien près d’ici à Brentford vis-à-vis Ken. Peut-être à Richmond, mais on ne me le dit pas. Je n’ai pas de lettres du continent. Demain rien de nulle part, ce sera very dull. Adieu, sotte lettre. Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse ! Adieu. Adieu. Adieu.</div>
Conditions matérielles de la correspondance
Eloignement
Enfants (Benckendorff)
Politique (Angleterre)
Presse
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Brompton
Date précise de la lettre
Jeudi 19 juillet 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Jeudi 19 juillet 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-07-19
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Réseau social et politique
Relation François-Dorothée
Eloignement
Portrait
Politique (Angleterre)
Relation François-Dorothée (Diplomatie)
Diplomatie (France-Angleterre)
Politique (Italie)
Conversation
Santé (Dorothée)
Voyage
Conditions matérielles de la correspondance
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond jeudi 19 juillet 1849<br /><br />Votre petit mot de chez Duchâtel m’a fait du bien. Je l'ai reçu chez lord Beauvale où je dînais. Je me suis mieux tenue que je ne l’avais espéré, et les convives m'ont épargné les phrases banales. Brougham a été très aimable. Ellice un peu endormi. Beauvale mange & ne dit pas un mot, il est charmé qu'on l’amuse et qu’on le laisse tranquille. Grand égoïste. Lord Aberdeen est resté longtemps chez moi avant dîner. Il est très décidé à venir à Paris en 9bre et s'en réjouit tout-à-fait, il vous aime tendrement. Il ne s’attend pas à la majorité demain, mais il voudrait une minorité très respectable.<br />Ellenborough ne vient pas. Il est malade à la campagne, il a écrit à Lord Brougham ( qui me l’a montré) une lettre très sage très sensée sur la discussion de demain. Lord Aberdeen de son côté a fait part à Lord Brougham de votre recommandation de ne rien dire qui peut gêner les mouvements de la diplomatie française en Italie, & Brougham m’a paru très résolu à observer cette recommandation. Nous verrons car c'est une créature si mobile. Il a vivement regretté de n’avoir pas su le jour de votre départ, il aurait beaucoup désiré causer avec vous avant le débat. Lady Palmerston lui a écrit deux autres lettres, bien aigres & bien inquiètes, il raconte cela fort drôlement.<br />Je ne suis pas contente de moi. Le malaise continue. Il faut que ce soit dans l'air, car Dieu sait que je me ménage. Le temps est froid. Le vent a soufflé cette nuit. Vous concevez que je n’ai pas dormi, je vous voyais malade en mer.<br /><br />Midi.<br />Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, Vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />La Reine ayant décidé qu’elle ne viendrait plus à Londres, a reçu hier l’ambassadeur de France à Osborne. Simple présentation, après quoi il est revenu à Londres avec lord Palmerston. La reine a gardé quelques ministres à dîner, elle avait tenu conseil. Elle ne prorogera pas le parlement en personne. Son départ pour l’Irlande est fixé au 2 ou 3 août. Hier encore il m’a été dit de bien bonne source qu’elle est plus que jamais mécontente de Lord Palmerston et qu’elle le lui montre. Adieu. Adieu, mille fois. J’espère une lettre du Havre Samedi. Adieu encore & toujours.</div>
Conditions matérielles de la correspondance
Conversation
Diplomatie (France-Angleterre)
Eloignement
Politique (Angleterre)
Politique (Italie)
Portrait
Relation François-Dorothée
Relation François-Dorothée (Diplomatie)
Réseau social et politique
Santé (Dorothée)
Voyage
-
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96878c5da2fe6d55ac80533a197143fc
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A name given to the resource
1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Circulation épistolaire
De la Démocratie (ouvrage)
Monarchie
République
Politique (France)
Politique internationale
Posture politique
Relation François-Dorothée (Politique)
Santé (Dorothée)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-01
1849-09
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Angleterre
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Brompton
Date précise de la lettre
Mercredi 18 juillet 1849
Heure
Onze heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
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Richmond, Mercredi 18 juillet 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-07-18
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Eloignement
Relation François-Dorothée
Discours du for intérieur
Diplomatie (Russie)
Enfants (Benckendorff)
Politique (Allemagne)
Politique (Autriche)
Conditions matérielles de la correspondance
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Mercredi 18 juillet 1849<br />Onze heures<br /><br />Je veux encore essayer de vous faire parvenir deux mots à Londres. Cette pensée si douce que vous êtes à une heure de distance, il y faut donc renoncer. Renoncer à tant de bonheur ! Ah mon Dieu Hier mes genoux ont fléchi quand vous avez fermé la porte. Je suis restée en prières. J’ai tant prié, et toujours une seule & même prière. Je n’ai pas pleuré. Le moment même d'un grand chagrin me trouve sans larmes. C'est de l’étonne ment. Tout est suspendu en moi. Je me suis mise à la fenêtre, presque sans pensée. Je ne sais ce que j’ai fait ensuite. Je me suis couchée. J’ai dormi un peu, pas beaucoup et je me lève, la désolation dans l'âme !<br />Une lettre de Constantin de Berlin. L’Empereur est parti subitement de Varsovie pour aller surprendre l'Impératrice le jour de sa fête le 13. Il ne devait passer à Pétersbourg que deux ou 3 jours. Un moment de halte dans les opérations. On veut toucher en masse sur l’armée véritable des rebelles. Tout est calculé. On ne doute de rien, et dans 15 jours ou 3 semaines l’affaire de la Hongrie sera terminée. A Berlin, grand changement dans les esprit même les plus sages. L’unité, l’unité au profit de la Prusse ; les succès dans le Palatinat & dans le grand-duché de Bade ont tourné toutes les têtes. grande haine contre l’Autriche, mille soupçons. Le roi, la reine & une partie du ministère résistent seuls à cet entrainement. Mais la bourrasque est bien forte. Prokesh et Bernstorff sont incapables de rien arranger. Il faut changer ces deux instruments. L’armistice avec le Danemark mécontente beaucoup les Allemands. Enfin beaucoup de fronde à Berlin.<br />Adieu. Adieu, cher bien aimé, adieu. Voici les larmes. Je m’arrête. Adieu. Dites un mot, pour que je sache que vous avez reçu cette lettre. Voilà du vent. J’ai peur pour cette nuit. Passez-vous sur un bâtiment anglais ou français ? Je ferme ma lettre à 2 1/2. Je l'adresse chez Duchâtel. C’est plus sûr. Mon messager reviendra de la directement. Adieu. Adieu, mille fois. Mon cœur se brise. Adieu.</div>
Conditions matérielles de la correspondance
Diplomatie (Russie)
Discours du for intérieur
Eloignement
Enfants (Benckendorff)
Politique (Allemagne)
Politique (Autriche)
Relation François-Dorothée
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/685dbf30a40b4829c40e60d062810c4a.jpg
dc54df3005b28ee5cb60f54d800d9386
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
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Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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709601f018d70b83ee111b66716434c6
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Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Circulation épistolaire
De la Démocratie (ouvrage)
Monarchie
République
Politique (France)
Politique internationale
Posture politique
Relation François-Dorothée (Politique)
Santé (Dorothée)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-01
1849-09
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Angleterre
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Brompton
Date précise de la lettre
Lundi le 16 juillet 1849
Heure
3 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Lundi 16 juillet 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-07-16
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée
Santé (Dorothée)
Eloignement
Politique (Italie)
Politique (France)
Politique extérieure
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Lundi le 16 Juillet 1849 8 heures<br /><br />J'ai beaucoup dormi mais je me sens encore plus fatiguée qu’hier et sans le moindre appétit. Deux cuillérées de bouillon viennent de me redonner des crampes. C’est bien ennuyeux mais qu’est-ce que ma santé à côté du malheur inévitable de votre départ ? Je ne me comprends pas, sans vous, sans la possibilité de vous revoir. le lendemain. Je reste hébétée quand je pense à cela, et j'y pense sans cesse !<br />Lady Alice Peel est venue un moment ce matin. Elle ne sait rien. La situation des Français à Rome me parait terrible. Comment cela finira-t-il ? Adieu que puis-je vous dire ? Je ne sais rien, et je ne trouve dans mon propre fond que misère, tristesse, désolation. Adieu. Adieu.</div>
Eloignement
Politique (France)
Politique (Italie)
Politique extérieure
Relation François-Dorothée
Santé (Dorothée)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/12217a1a44f58508581c2c0b5f630239.jpg
4a764bd2008676bebe7c692d7c2de2df
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/c6bab0f0064bf619e07cc3b24e37a51f.jpg
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Dublin Core
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Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Circulation épistolaire
De la Démocratie (ouvrage)
Monarchie
République
Politique (France)
Politique internationale
Posture politique
Relation François-Dorothée (Politique)
Santé (Dorothée)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-01
1849-09
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Angleterre
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Brompton
Date précise de la lettre
Le 4 juillet 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Mercredi 4 juillet 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-07-04
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée (Dispute)
Eloignement
Réseau social et politique
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond le 4 Juillet 1849<br /><br />J'aurais parié hier ma vie que vous ne viendrez pas aujourd’hui, et j’aurais gardé ma vie. Mais ne parlons pas de cela. Nos jours sont comptés. Si d'un côté cela devrait disposer à être avare de nos bons moments si courts et si rares, d’un autre côté cela m'impose de ne point quereller. Ainsi encore une fois n'en parlons plus. Voilà donc Rome soumise J'en sens bien aise. Mais encore une maladresse tout au bout. Bideau envoie lorsque Oudinot achève ! Au reste voici les embarras qui commencent.<br /><br />7 heures<br />Lord Aberdeen est venu. J’espère que vous avez vu l’article de Thiers sur l’Espagne. Admirable Lady Allen, Peel, lady [?] Flahaut, Koller. Abondance aujourd’hui, Metternich va plus mal. Il s'affaiblit. Il ne peut plus marcher on le porte. On persiste à dire qu'il n’y a pas de danger. Cela n’est pas possible. Les Ellice sont partis. Cela me fait un vrai chagrin et un grand vide. Adieu. Je crains de manquer la poste. Adieu.</div>
Eloignement
Relation François-Dorothée (Dispute)
Réseau social et politique
-
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b341fa42cf4e62f06bbfcaaeb8feff17
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/34dd825b8bb335aa8e0e3b7ee72b52b9.jpg
8dd0ef774a0500d3c38d0f38b77ffa09
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Circulation épistolaire
De la Démocratie (ouvrage)
Monarchie
République
Politique (France)
Politique internationale
Posture politique
Relation François-Dorothée (Politique)
Santé (Dorothée)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-01
1849-09
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Angleterre
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Brompton
Date précise de la lettre
Dimanche 1er juillet 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Dimanche 1er juillet 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-07-01
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Eloignement
Relation François-Dorothée
Politique (France)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Dimanche 1er Juillet 1849<br /><br />Le voilà commencé ce vilain mois dans lequel doit commencer notre séparation. Ah que ce sera dur comme hier encore était charmant. Comment nous passer de cela ? Marion et Aggy sont revenues. Ellice a reçu une nouvelle lettre de Thiers hier matin. Il sera ici le 20 juillet avec tout son ménage. Le 10 août il veut être de retour à Paris. Il écrit en bonne humeur & bonne espérance. Il dit que la majorité est excellente. Ferme, décidée. Plus de batailles à craindre dans les rues. J’ai été chez Metternich hier soir. Il était bien, et de bonne humeur ; l’accident & l'inquiétude étaient passés. <br /><br />4 heures<br />Je rentre d'une longue promenade à Hampton court. J’ai voulu montrer au moins les jardins à mes petites. Le temps est charmant. Vous auriez aimé cette course. Qu’apprendrons-nous demain ? 6 heures. Voici les Duchatel. Il faut fermer ceci. Adieu. Adieu. Adieu.</div>
Eloignement
Politique (France)
Relation François-Dorothée
-
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d7b6ebdf83b9945ad6aa8365e479f7b9
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/2dae5d05343b9542dccc7c40eedc72e5.jpg
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Circulation épistolaire
De la Démocratie (ouvrage)
Monarchie
République
Politique (France)
Politique internationale
Posture politique
Relation François-Dorothée (Politique)
Santé (Dorothée)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-01
1849-09
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Angleterre
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Brompton
Date précise de la lettre
Vendredi le 29 juin 1849
Heure
Midi
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Vendredi 29 juin 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-06-29
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Eloignement
Relation François-Dorothée
Vie domestique (Dorothée)
Réseau social et politique
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond vendredi le 29 Juin Midi.<br /><br />Votre lettre est bien touchante et tendre et m’a bien touchée. Oui, je suis plus triste que vous, cela tient à nos caractères, j'espère moins et je suis si seule ! Il est si impossible de deviner ce qui peut nous arriver à l’un et à l’autre ? La seule chose sûre, c'est la séparation et pour assez de temps. Comment voulez-vous que je ne pleure pas ?<br />Je viens de recevoir une lettre d’[?] que je vous montrerai. Il est probable que la grande Duchesse Marie viendra passer 3 semaines en Angleterre. Cela peut se croiser avec mon voyage à Paris, il faudrait y renoncer, le retarder. Albrecht veut absolument que je prenne l’entresol place Vendôme. Je ne veux pas me lier. C’est bien bas, il me semble que je dormirais mal. Je veux choisir moi-même.<br />Je crois que Marion & Aggy reviendront ici demain. Elles vont aujourd’hui en ville. Les parents sont doux & charmés qu'elles s'amusent. Quand je me couche elles vont chez les Metternich, là elles chantent & dansent jusqu’à minuit. Moi je me sens bien lasse et nervous. Je vais ce matin. à un déjeuner chez lady Douglas, j’y verrai du monde, et cela ne m'amuse pas. Les jours vont se presser, se passer. Et le terrible jour arrivera. Quel néant pour moi ! Alors, comme je trouverai doux d'être à Richmond, vous à Brompton, sans nous voir. Qu’est-ce que cela fait ? On se sent près l'un de l’autre, on peut se voir dans une heure. Toute la différence du possible à l’impossible. Ah que je suis triste. Adieu. Adieu, & demain adieu.</div>
Eloignement
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
Vie domestique (Dorothée)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/744ce06ad492af3e40b68d613c93e808.jpg
7a4648fd7f88f6710719aed3a63bc63e
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Publisher
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4d04cd7a60a04c1a236cd6adcaba1563
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0e77f55754cea11cb7e145d9257feddf
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Circulation épistolaire
De la Démocratie (ouvrage)
Monarchie
République
Politique (France)
Politique internationale
Posture politique
Relation François-Dorothée (Politique)
Santé (Dorothée)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-01
1849-09
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Angleterre
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Richmond
Date précise de la lettre
Jeudi 28 juin 1849
Heure
3 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Brompton, Jeudi 28 juin 1849, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Brompton (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-06-28
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée
Posture politique
Enfants (Guizot)
Conditions matérielles de la correspondance
Eloignement
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Brompton. Jeudi 28 juin 1849, 3 heures<br /><br />J'espérais vous voir un moment ce matin. J’aime même les moments. Mais il est 3 heures. Vous ne viendrez pas. J’écris donc. Je rectifie votre nouvelle à l'Impératrice sur mes assiduités au bal. Je viens de vérifier mon tableau d’invitations en Mai et Juin. J’ai mené deux fois Pauline au bal ( Henriette n'y va pas) et elle y est allée deux fois sans moi. Est-ce assez pour que ce soit drôle ? Je tiens à ma rectification parce que je suis de votre avis dans l'état de mon pays et dans mon état à moi hors de mon pays, le bal ne me convient pas. Je n'irai certes jamais sans mes filles, et comme vous le voyez, je ne les y mène que bien peu. 4 heures et demie Je reprends ma lettre. Je ne veux pas que [vous] soyez tout demain sans moi. Votre tristesse me pèse douloureusement, quoi que je fusse bien fâché si vous n'étiez pas triste. Depuis bien longtemps, je ne vous vois pas, je ne pense pas à vous sans avoir devant les yeux cette amère séparation. Elle est inévitable. J’ai tardé autant que je l’ai pu décemment, à rentrer dans mon pays. Je ne puis pas ne pas y rentrer, et ne pas saisir le bon moment d’y rentrer. Et en y rentrant, je ne puis pas ne pas aller d'abord m'établir au Val-Richer. Toutes les nécessités de toute sorte, tous les avis de tous mes amis m'en font une loi. Si vous pouviez croire que j’en suis, que j’en serai aussi triste que vous ! Si vous saviez tout ce que sont pour moi votre affection, votre conversation, votre présence, notre intimité ! Vous me manquez déjà tant quand nous sommes près, quand nous nous verrons demain ! Que sera-ce quand nous serons loin, et sans savoir quand nous nous verrons ? Je suis plus enclin que vous à l'espérance, à la confiance. Vous viendrez bientôt à Paris. Vous y resterez plus longtemps que vous n'aurez dit. Nous nous y rejoindrons plus souvent que nous ne l'attendons. Je crois cela. Je le crois vraiment. Croyons le ensemble. Nous serons encore bien assez tristes. En le croyant, nous ferons bien mieux ce qu’il faudra pour que cela soit. J’aime mieux vous l'écrire que vous le dire. Je compte partir du 15 au 20 juillet. Je ne veux pas manquer le moment opportun et que tout le monde juge opportun. Tout le monde s'attend à me voir revenir bientôt. On ne comprendrait pas pourquoi je tarde plus longtemps et si je tardais longtemps, on demanderait ensuite pourquoi je reviens. De plus, le bail de ma maison finit le 18 Juillet. J'espère que d'ici là le choléra aura quitté Paris, et que vous aussi vous y retournerez vers la même époque. Quand nous serons ensemble en France, ce sera un commencement de réunion. Je ne puis pas vous parler d'autre chose, quand même j'aurais autre chose à vous dire. Je mettrai, cette lettre à la poste en allant dîner. Vous l'aurez demain, à je ne sais quelle heure. Après-demain. nous aurons quelques bonnes heures. J’espère que cela ne tient pas uniquement à mon tour d'esprit, plus optimiste que le vôtre ; mais j’ai la confiance que nous aurons encore de bonnes années. J’ai une peine immense à me figurer que je n'aurai pas ce que je désire ardemment. J'ai pourtant assez vécu pour savoir que je m’y suis souvent trompé. Adieu, adieu. Adieu. Adieu. G.</div>
Conditions matérielles de la correspondance
Eloignement
Enfants (Guizot)
Posture politique
Relation François-Dorothée
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/a6b33507876a750bb8a2189eb09c01ec.jpg
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/efcf1d798bcb5b52326372bfac22a7d2.jpg
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Dublin Core
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Circulation épistolaire
De la Démocratie (ouvrage)
Monarchie
République
Politique (France)
Politique internationale
Posture politique
Relation François-Dorothée (Politique)
Santé (Dorothée)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-01
1849-09
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Angleterre
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Date précise de la lettre
Samedi le 16 juin
Heure
11 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
2305, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Samedi 16 juin 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-06-16
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Eloignement
Discours du for intérieur
Réseau social et politique
Femme (mariage)
Relation François-Dorothée
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Samedi 11 heures<br />le 16 Juin<br /><br />J’ai dormi, je m'étais couchée le cœur content & réveillée de même. Je trouve que demain est loin ! Voici une lettre de Marion que vous me rendez. Quelle charmante fille. Comme la tirer de là. Quel péché de la lasser croupir dans ce sot ménage. Je n’ai pas vu les Metternich hier, il n'était pas bien. Lady Allen est revenue au moment où j’allais me mettre au lit. Elle avait manqué le chemin de fer. Adieu. Je suis encore fatiguée, mais quand on a le cœur en place. Le reste est peu de chose. Adieu. Adieu.</div>
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Discours du for intérieur
Eloignement
Femme (mariage)
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/bfcef8786b63416319c40773f218ecff.jpg
1e5ff9f5898482bed1c64352a9aa2e16
Dublin Core
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/a513e284dbccfbfcd6aa15b50bb8f8f5.jpg
9593d826f062a2585fdb4dad09708f84
Dublin Core
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/3e24ee0717e696537ed574a6e5cef793.jpg
793fd2b46dcf7a19106cf3eb980042d1
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/e0cdff33832bce5dc1e3744951bc5461.jpg
0ae7d32e528150ff73168eb993b93406
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Brompton
Date précise de la lettre
Dimanche le 29 octobre1848
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Bedford hotel Brighton, Dimanche 29 octobre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Brighton (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-10-29
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Conditions matérielles de la correspondance
Réseau social et politique
Voyage
Vie domestique (Dorothée)
Relation François-Dorothée (Politique)
Presse
Presse
Eloignement
Tristesse
Bonaparte, Charles-Louis-Napoléon (1808-1873)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Bedford Hôtel Brighton Dimanche le 29 octobre 1848<br /><br />Je commence Brighton bien mal. Votre lettre n’est pas venue. Pourquoi ? Vous êtes maladroit en expéditions de lettres. Sans doute trop tard à la poste, car je ne veux admettre, ni maladie, ni oubli, ni paresse. Je vous en prie, ne me faites pas de ces mauvais tours. Vous savez que tout de suite je m'inquiète. Quel temps hier, quel voyage ! Pas même Gale, personne. Avec la multitude d'amis et d’obligés, je manque toujours d’obligeants, tandis que tout le monde en trouve. J'ai eu bien peur, j’ai eu bien froid. Je trouve ici une tempête, de la tristesse, de la solitude, un joli salon mais petit comme une cage avec des courants d'air de tous côtés. Je ne sais comment je pourrai y tenir. La bonne Marion est venue deux fois me recréer la vue & me réjouir le cœur. Aggy va décidément mieux. J'irai la voir aujourd’hui, si la tempête me permet de sortir. Vous ne m'avez pas donné votre adresse pour Cambridge.<br />Voici Brougham amusant. Hier pas un mot de politique et je n’y ai pas pensé ; savez vous que cela repose. Et que cette continuelle agitation, excitation est très malsaine. Je ne m’agiterai tout le jour, aujourd’hui, que de votre silence, mais c’est bien pire que la politique. Je serai en rhumatisme, en choléra, cependant tout cela n’aurait pas empêché un bout de lettres, et je crois que je resterai encore un peu plus fâchée qu'inquiète.<br />Le Constitutionnel raconte le discours de Louis Bonaparte. Sans commentaire. La Prusse appuie cette candidature à défaut de Lamartine qu’il regarde comme impossible faute de votants. Je découpe ce qu’il dit sur Thiers ; et que je trouve très bien.<br />Adieu, Cambridge est loin, bien loin de Brighton. Je voudrais être à vendredi pour vous tenir plus prés. N’allez pas trop manger ou boire dans ce ménage anglais. Dites-moi votre adresse, je crains que vous ne l'ayez pas fait, de sorte que demain j'adresserai ma lettre tout bonnement à Cambridge. Envoyez la chercher à la poste. Adieu. Adieu</div>
Bonaparte, Charles-Louis-Napoléon (1808-1873)
Conditions matérielles de la correspondance
Eloignement
Presse
Relation François-Dorothée (Politique)
Réseau social et politique
Tristesse
Vie domestique (Dorothée)
Voyage
-
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Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
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Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Richmond
Date précise de la lettre
Samedi 28 octobre 1848
Heure
Une heure
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Brompton, Samedi 28 octobre 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Brompton (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-10-28
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Réseau social et politique
Politique (France)
Révolution
Relation François-Dorothée
Eloignement
Presse
Portrait
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Brompton, Samedi 28 octobre 1848<br />Une heure<br /><br />Vous êtes partie. Donc vous n’êtes pas plus enrhumée. C’est bon. Mais si vous aviez été plus enrhumée, vous ne seriez pas partie. Je viens de me promener. A peu près sans la pluie. Je vais bien. Je n’ai pas encore mes journaux. Je n’ai vu personne. Excepté un garde national de Paris qui était là tout à l'heure, me racontant comment, le 24 février, il avait sauvé M. de Rambuteau et toute la peine qu’il avait eue à le hisser dans un cabriolet. A quoi il a ajouté qu’il avait une passion effrénée, non pas pour Mad. de R. mais pour la politique ce qui l’avait fait destituer de sa place à l’hôtel de Ville. Voilà toutes mes nouvelles.<br />J’espère que les journaux vont arriver. Je serai à Cambridge de lundi à Vendredi, Ecrivez-moi donc là, chez le Dr Whewell, Trinity lodge. Jusqu'à jeudi. Votre lettre de Jeudi arrivera à Brompton quelques heures avant moi. Je ne serai jamais content de vous voir à Brighton. Mais je serai moins mécontent quand je vous y aurai vraiment vue. Je ne puis souffrir de ne pas connaître votre maison, votre appartement. C’est bien assez de l'absence, sans y ajouter l'ignorance.<br />Vous aurez peut-être à Brighton des nouvelles du spectateur de Londres. M. de Matternich est très fâché qu’il ne paraisse plus. Il a fait venir Melle K. pour lui dire de continuer. Une bonne somme était venue de St Pétersbourg. Mlle K. ne peut pas. Elle ne sait pas où est son père, et dit qu’il l'a abandonnée, elle et le journal.<br />On vient de m’apporter la Revue des deux mondes. Le second article de M. d’Haussonville sur notre politique étrangère n’y est pas encore. Il y a en revanche, un assez curieux article de M. de Langsdorff sur Kossuth et Gellachion, des détails qu’on n'a pas vus ailleurs. Vous devriez vous faire lire cela. La Revue des deux mondes se trouve probablement à Brighton. C'est le n° du 15 octobre.<br /><br />2 heures<br />Le Journal des Débats seul m'est arrivé. Je viens de lire la séance. Je ne comprends pas bien. Mon instinct est que la prompte élection est donc l’intérêt de Louis Bonaparte. Mais alors pourquoi Cavaignac l’a-t-il voulue ? Pourquoi l'Assemblée l’a-t-elle votée ? Je parierais presque que l’arrangement est fait entre Louis Bonaparte et Thiers. Odilon Barrot a parlé comme un compère. C'est une mêlée bien confuse. L’Assemblée se montre inquiète de sa propre responsabilité, et pressée de s’en décharger en partie sur un Président définitif. Nous y verrons plus clair dans quelques jours. Je n'ai rien de Paris. Ce qui me frappe c’est à quel point toutes les opinions, tous les partis se divisent, se subdivisent, se fractionnent en petites coteries qui cachent leur jeu. Grand symptôme de pauvreté d’esprit et de personnalité mesquinement ambitieuse. Je suis triste de l'aspect de mon pays. Plus triste qu'inquiet. La décadence me déplait plus que le malheur. Le discours de M. Molé est bien petit. Adieu. Adieu.<br />Je compte bien avoir lundi matin de vos nouvelles. Je ne pars pour Cambridge qu'à une heure. Adieu, puisqu’il faut recommencer Adieu.</div>
Eloignement
Politique (France)
Portrait
Presse
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
Révolution
Santé (Dorothée)
-
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Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
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Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
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Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Richmond
Date précise de la lettre
Lundi 2 oct. 1848
Heure
2 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Brompton, Lundi 2 octobre 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Brompton (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-10-02
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
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Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Santé (François)
Eloignement
Réseau social et politique
Politique
Diplomatie
République
Diplomatie (France-Angleterre)
Politique (Autriche)
Politique (Italie)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Brompton. Lundi 2 oct. 1848<br />2 heures<br /><br />J'espère bien que cette indisposition ne sera rien. Vous avez raison de vous tenir tranquille et de manger très peu. Le repos et la diète. Moi aussi, j’ai été un peu incommodé cette nuit. Mais ce n’est rien du tout. Je viens de me promener une heure par un joli temps. Le voilà qui se gâte. Quel déplaisir que la distance !<br />Je suis allé hier voir Dumon. Il y a dans ce quartier bien des maisons à louer. Même deux ou trois. Grosvenor Place qui me paraît un très bon emplacement. Dumon restera seul lundi prochain. Sa femme et sa fille retournent à Paris. Il quittera sa maison de Wilton-Street, et se rapprochera de l'Athenaeum, sa ressource contre la solitude. Mais il sera toujours fort à portée de ce quartier-là. Duchâtel revient à la fin d’octobre, et passera l’hiver à Londres. Si on ne peut pas le passer en France. Presque toutes les lettres de France croient à une crise prochaine qui nous y fera rentrer. Personne ne dit bien pourquoi ni comment. Mais tout le monde le dit, les simples comme les gens d’esprit, à mon profond regret, ce n’est pas mon impression. Voici la nouvelle qu’on m’apporte ce matin, tout bien examiné, tous calculs faits, Cavaignac et ses amis en sont venus à penser que si on tentait de le faire nommer Président maintenant il ne serait pas nommé, et que tout croulerait. Ils se sont rejetés alors dans l’expédient contraire qui serait d’ajourner la nomination du président de la République jusqu'au moment de la dissolution de l'Assemblée elle-même, c’est-à-dire après les lois organiques. Jusque-là, on resterait et exactement comme on est, sans toucher à cette machine qu'on ne peut pas toucher, sans la briser. On m'assure que c’est là ce qui sera proposé ces jours-ci. La réunion de la rue de Poitiers s'y opposera. Mais on croit qu’elle sera battue, toutes les autres portions de l'Assemblée, y compris les Montagnards, désirant éviter une crise dont elles ne se promettent rien de bon pour elles-mêmes. C’est un gouvernement de plus en plus convaincu qu'il ne peut pas vivre, et décidé à ne pas remuer pour ne pas mourir. En définitive, il n'en mourra pas moins. Mais cela peut durer encore quelque temps.<br />Les Italiens affluent ici, en colère croissante contre la France et la République. Cavaignac ne sait pas la valeur des moindres paroles en Affaires étrangères. Il a, lui-même tout récemment encore, donné aux gens de Milan, aux gens de Venise, aux gens de Sicile, des espérances qui sont tombées le lendemain après une séance du Conseil. On les renvoie à Londres, en disant : " Nous ferons comme Londres. " Et Londres ne dit rien du tout. Le Roi de Naples n'attaquera, pas Palerme. Il prendra, ou se conciliera successivement toutes les autres villes, laissant Palerme vivre comme elle pourra dans son anarchie. Le temps est pour lui. A Rome on augure très mal du Cabinet Rossi. On dit que le Pape l’usera et le laissera tomber comme les autres. Et s’il veut résister plus réellement que les autres, les Républicains demain le feront tomber. Les fantaisies républicaines sont en progrès dans tous les coins. L'avocat Guerazzi reste le maître à Livourne et se promet de devenir le président de la République Toscane. Le cabinet du grand Duc va se dissoudre. Son président, le marquis Capponi, capable et honnête, aveugle et impotent, déclare qu’il ne peut plus continuer, par impotence et par honnêteté. La fermentation républicaine gagne Gênes de plus en plus ; à ce point que l’idée y circule de s'annexer à la Lombardie autrichienne. Si l’Autriche doit consentir à accepter Gênes comme ville libre et port franc. L'Empereur d’Autriche protecteur du Hambourg de la Méditerranée. Vous voyez que tout n’est pas près de finir là. Adieu. Adieu.<br />J’ai trouvé l'adresse de Salvo. Il part cette semaine pour aller passer quinze jours à Paris. Adieu, j'espère que demain matin, je vous saurai bien. G.</div>
Diplomatie
Diplomatie (France-Angleterre)
Eloignement
Politique
Politique (Autriche)
Politique (Italie)
République
Réseau social et politique
Santé (Dorothée)
Santé (François)
-
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1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
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Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
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Anglais
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Correspondance
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Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Brompton
Date précise de la lettre
Jeudi 16 novembre 1848
Heure
9 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot
Title
A name given to the resource
Brighton, Jeudi 16 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Brighton (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-11-16
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Conditions matérielles de la correspondance
Politique (France)
Procès
Réseau social et politique
Femme (mariage)
Eloignement
Relation François-Dorothée
Diplomatie
Bonaparte, Charles-Louis-Napoléon (1808-1873)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Brighton jeudi 16 Novembre 1848<br />9 heures<br /><br />Le bavardage de Marion hier soir m’a fait manquer la poste de 10 minutes. J'en ai été au désespoir, mais pas de remède. Je viens me confesser, et vite je vous adresse deux mots à l'aube du jour bien en courant pour ne pas manquer la porte de ce matin. Je n'ai fait que lire votre petit mot pas encore les incluses. Je vous les renverrai par la poste de 2 h. Vous aurez cela ce soir ou au plus tard demain de bonne heure.<br />Je suis consternée du journal des Débats. Une querelle parmi les modérés dans ce moment, mais c’est criant. Qu’est-ce qui peut être arrivé. Cela me parait un grand malheur. Je crois que je ne rendrai jamais au journal des Débats mon estime. Kielmannsegge est ici et y reste. Audran lui a dit que Francfort a envoyé à Berlin le député Basserman pour donner appui au roi et l’encourager à chasser son Assemblée nationale. Audran va venir ici.<br />Je suis charmée de la fin de votre procès mais cependant j’ai quelque envie d'en avoir peur. Vous voudrez retourner, pas à présent mais vous commencez à y songer. Et moi. quoi ? M. de la Redorte écrit à Marion. Cavaignac est usé, personne n'en veut. Louis Bonaparte est inconnu, il vaut peut-être mieux, mais je ne sais pas. Je ne m'intéresse plus à rien et puis trois pages de bonheur domestique qu'elle n’a pas. les Cambridge arrivent la semaine prochaine, aussi au Bedford. Adieu. Adieu bien vite.<br />Hier, avant-hier charmants. Votre absence et si loin va être insupportable. Je crois encore que vous pourriez abréger et retourner Lundi. Adieu, adieu mille fois. Ayez bien soin en arrivant là de dire vous même à la house maid To warm your bed, and bring a bedpan when you go to bed. Les chambres & les lits sont toujours froids dans les châteaux. Adieu.</div>
Bonaparte, Charles-Louis-Napoléon (1808-1873)
Conditions matérielles de la correspondance
Diplomatie
Eloignement
Femme (mariage)
Politique (France)
Procès
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/6f13ecd81938e5d26eed294e750c200c.jpg
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Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Brighton
Date précise de la lettre
Mercredi 1er novembre 1848
Heure
3 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Title
A name given to the resource
Cambridge, Mercredi 1er novembre 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Cambridge (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-11-01
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Eloignement
Relation François-Dorothée
Tristesse
Conditions matérielles de la correspondance
Presse
Politique (France)
Circulation épistolaire
Réseau social et politique
Diplomatie
Réception (Guizot)
Posture politique
Femme (politique)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Cambridge, Mercredi 1 Nov. 1848<br />3 heures<br /><br />C’est un des plus grands ennuis de l'absence que de conserver pendant bien des heures, bien des jours, une tristesse qui n’existe plus là d'où elle est venue. Je suis sûr que vous avez eu hier mes deux lettres. J'ai beau me le dire ; je ne puis me décharger le cœur de votre peine. Il faut que vous m'ayez dit vous-même qu'elle n'est plus. Ce soir, j’espère. Demain matin au plus tard.<br />Je suis frappé de l’attaque simultanée des Débats, de l’Assemblée nationale et de l'Opinion publique contre Louis Bonaparte Les conservateurs et les légitimistes prennent ouvertement leur parti contre lui. Cela le voue à une situation intenable, (nous en savons quelque chose) à la situation entre deux feux. Thiers et ses amis peuvent l’y faire durer un peu plus longtemps, pas bien longtemps. Je les connais d'ailleurs ; ils ne sont ni braves, ni tenaces ; ils se dégouteront bientôt de ce métier. Nous ne touchons pas à la fin, mais bien certainement nous y marchons.<br />Mad. Lenormant m’écrit : " Nous allons au Bonaparte comme on va dans ce pays-ici. C’est un torrent. " C’est sur Bugeaud ou sur Changarnier que se porteront les voix des conservateurs et des légitimistes qui ne veulent décidément pas de Louis Bonaparte. Ce ne sera probablement pas très nombreux. Seulement une protestation. Mad. Lenormant me dit : " J’ai reçu une lettre bien triste de M. de Barante. Il est aussi abattu, aussi découragé qu'en mars dernier. Il me charge de vous parler de lui et de vous dire qu’il souffre de la privation de toute correspondance avec vous ; mais je ne sais s’il oserait. " M. Parquier et Mad. de Boigne sont revenus, le 25. Le chancelier ne tenait plus hors de Paris. Il est établi rue Royale, mieux logé, dit-il, qu’il n’a jamais été ; en train de tout ; n'ayant rien perdu à la République, car son âge et ses yeux l'avertissaient de quitter son siège &. Mad. de Boigne est fort maigrie, fort pâlie ; pleine de sens et d’esprit comme toujours ; assez rassurée car elle aussi a eu bien peur. Savez-vous que Mad. d’Arbouville a un cancer du sein. On doit l’opérer, mais on dit que cette opération ne donne pas l’espérance de la guérison parce que l’humeur cancéreuse est dans le sang. Voilà les petites nouvelles des personnes.<br />D'autres lettres où on me demande ce qu’il faut faire pour la Présidence. J’ai quelque doute s’il me convient de donner d’ici un conseil. Pourtant on me dit que la Presse de ce matin prétend que je conseille Louis Napoléon. Je ne veux pas laisser établir cela.<br /><br />Jeudi 2 Nov. 6 heures<br />J’ai eu hier au soir votre lettre satisfaite. Nous voilà rétablis en sincérité mutuelle. J’ai trouvé là un mot qui me plaît bien. Quand vous serez revenue de Cambridge, nous verrons. Mes journaux ne m'apprennent rien. Le Prince de Windischgratz compte évidemment sur la reddition de Vienne sans coup périr ou à peu près, s’il a raison d'y compter, il a raison d'attendre. Les agents de Louis Bonaparte font des bévues bien vulgaires. Il y en a un qui s’est présenté il y a quelques jours à Verneuil chez M. de Talleyrand (Ernest que j’avais fait entrer à la Chambre des Pairs, le dernier entré) pour lui demander, s’il voulait vendre sa terre au Prince Louis disant qu’il ne serait probablement pas facile qu'on lui en donnât 2 ou 300 mille francs de plus qu’elle ne vaut. M. de Talleyrand l’a mis à la porte. C’est son fils, Archambaud qui l’écrit à Guillaume. Le Dr Olliffe me fait écrire que vous lui avez fait espérer que vous vous intéresseriez à lui pour qu’il fût knighted, et il me fait prier de vous le rappeler. Je ne sais ce qu’il y a de vrai mais je m'acquitte de la commission. Adieu. Adieu.<br />J’aurai votre lettre dans la journée. Il y a trois postes par jour à Cambridge. Adieu. G.</div>
Circulation épistolaire
Conditions matérielles de la correspondance
Diplomatie
Eloignement
Femme (politique)
Politique (France)
Posture politique
Presse
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
Tristesse
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/c42d25b2a2f5daeef4ab259ac502625c.jpg
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Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
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Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Brighton
Date précise de la lettre
Lundi 30 octobre 1848
Heure
8 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Title
A name given to the resource
Brompton, Lundi 30 octobre 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Brompton (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-10-30
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Eloignement
Relation François-Dorothée
Politique
Travail intellectuel
Autoportrait
Politique (France)
Procès
Elections (France)
Femme (politique)
Diplomatie (France-Angleterre)
Enfants (Guizot)
Relation François-Dorothée
Bonaparte, Charles-Louis-Napoléon (1808-1873)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Brompton. Lundi 30 Octobre 1848<br />8 heures<br />Je pars aujourd’hui pour Cambridge à 2 heures. Cela ne me plaît guères. Nous serons plus loin. Je crains le retard des lettres. J’étais en train de travail. Quand vous n’y êtes pas, c'est mon amusement. Je fais de la très bonne politique. Trop bonne. Toujours la même faute. Je puis vous le dire à vous. Je puis être avec vous aussi orgueilleux qu’il me plaît. Vous savez que je suis modeste en même temps qu'orgueilleux.<br />Point de nouvelles hier. Je suis allé voir Duchâtel qui n’en avait pas plus que moi. Nous verrons le courrier d’aujourd’hui. Il ne nous apportera pas grand chose. Nous vivrons dans le statu quo jusqu'au 10 Décembre. Mais nous comprendrons mieux une situation vraiment obscure pour moi. Duchâtel soutient que notre procès finira aussi tôt après l'élection du président. Par une ordonnance de non lieu. Si Louis Bonaparte est nommé et Thiers son ministre, il est impossible que notre procès ne finisse pas tout de suite malgré le peu d'envie.<br />Lisez je vous prie, attentivement le Constitutionnel. Cherchez y Thiers envers Louis Bonaparte. Là est la clef de l'avenir. D'un avenir qui dans aucun cas ne sera bien long, j’espère, mais qui pourrait être très court si Louis Bonaparte n’épousait pas Thiers. Vous devriez engager Marion à écrire à Madame de La Redorte et à la questionner un peu. Peu importe que les réponses soient des mensonges. Vous voyez clair dans le mensonge comme dans la vérité.<br />Les histoires des Gardes nationaux de Paris ne finissent pas. Le Duc de Somerset a demandé à Panton Hôtel, Panton Street, qu’on en priât quatre à dîner chez lui, n'importe lesquels. On lui en a envoyé quatre dont il a fait une exhibition. Entre autres un Capitaine Gonet qui est un beau parleur, et qui s’est fait l’intermédiaire entre tous ses camarades et la légation de la République à Londres. M. de Beaumont est assez embarrassé de la visite de quelques-uns à Claremont. Il a fait un rapport à ce sujet, fort modéré, atténuant au lieu de grossir. Cependant on croit qu’il y aura quelque mesure prise à Paris, qu’on défendra ces visites en uniforme hors des frontières. Il me paraît qu'à tout prendre l’excursion nationale n’a pas beaucoup plu à Paris. Entre les promeneurs eux-mêmes, il y a un peu de mauvaise humeur. Ceux qui ne sont pas allés à Claremont se sont plaints d'être compromis par ceux qui y sont allés. Ceux-ci se sont fâchés. On dit qu'au retour à Calais, il y aura quelques duels. Ici, évidemment, le peuple les a pris en très bonne part. Adieu.<br />Je vais faire ma toilette. Je vous reviendrai après la poste. Savez-vous ce qu'a fait Guillaume avant-hier dans un metting où les jeunes gens de King's college se réunissent les samedi pour s'exercer à parler ? Il a fait un speech en Anglais pour M. de Metternich qu’un autre attaquait comme l'auteur, par son obstination, des malheurs de l’Autriche. Guillaume a fait l’apologie de la consistency politique. Assez bien pour être fort cheered et pour faire voter à une voix de majorité, que la consistency était une vertu, non pas un tort. Il m’a redit son speech qui n’était pas mal. Il a pour la politique une passion au moins aussi effrénée que celle de mon garde national d’avant Hier. Midi Je suis désolé que ma lettre vous ait manqué, Elle a été mise à la poste avant 5 heures Peut-être est-ce trop tard pour Brighton. Celle-ci sera mise avant l’heure, par Guillaume que j'envoie exprès. C'est votre seul chagrin de Brighton que je regrette beaucoup. Je prends mon parti des autres. J’ai eu tort de ne pas insister davantage pour vous y conduire moi-même. Je n’aime pas que vous ayez peur et froid toute seule. Adieu Adieu.<br />Je n'ai qu’une longue lettre de Bruxelles, d’Hébert. Adieu. G. Mes amitiés à Marion, je vous prie.</div>
Autoportrait
Bonaparte, Charles-Louis-Napoléon (1808-1873)
Diplomatie (France-Angleterre)
Elections (France)
Eloignement
Enfants (Guizot)
Femme (politique)
Politique
Politique (France)
Procès
Relation François-Dorothée
Travail intellectuel
-
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
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An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
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Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Richmond
Date précise de la lettre
Samedi 9 sept.
Heure
9 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Title
A name given to the resource
Brompton, Samedi 9 septembre 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Brompton (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-09-09
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée
Vie quotidienne (François)
Eloignement
Travail intellectuel
Politique (France)
Portrait
Régime politique
République
Monarchie
Guerre
Bonaparte, Charles-Louis-Napoléon (1808-1873)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Brompton Samedi 9 Sept. 1848<br />9 heures<br /><br />Je vous ai quittée hier à 4 heures moins un quart. J'étais chez moi à 4 heures 35 minutes, ayant changé trois fois de voiture, le railway, mes pieds et l’omnibus. On ne peut guères surmonter mieux l'obstacle de la distance. Mais l’ennui de la séparation reste et il est grand. J'étais levé ce matin de bonne heure. Non seulement je travaille, mais j'y reprends plaisir. Je retrouve cette confiance de ma jeunesse où je croyais à l'efficacité de mes paroles autant qu'à la vérité de mes idées. A la réflexion, j’en rabats ; mais le fond reste. Grâce à Dieu, car pour être un peu puissant, il faut, non seulement vouloir l'être mais croire fermement qu’on le sera.<br />Je n'ai rien appris hier soir. Rumigny part aujourd’hui. Il est de ceux qui voudraient que de Claremont, on se montrât, en parlât, on fit sentir sa présence à ses amis. Il dit que les amis le demandent, se plaignent du silence. Il rappelle la proclamation que Zea Bermudes fit faire à la reine Christine chassée en 1840, et la bonne position d'attente que ce seul fait rendit à la Reine. Il se peut que le moment vienne, pour le Roi, de dire quelque chose ; mais, à coup sûr, il n’est pas venu. Je viens de vous renvoyer Jean. Je persiste dans mes deux avis. Il faut proposer ce que vous dit Lutteroth. Il faut sommer Lady Holland de se retirer. Rothschild vous donnerait en tous cas, la préférence. Les Holland ne sont que des oiseaux de passage. Merci du gibier.<br /><br />Midi<br />Que dites-vous des derniers mots de la Lettre de Louis Bonaparte ; on ne détruit réellement que ce qu'on remplace ? C’est une candidature bien déclarée. J’ai toutes les peines du monde à prendre cet homme-là un peu au sérieux. Pourtant il a été quelques jours un prétendant sérieux. Il pourrait le redevenir. Il faut pas se donner une démolition de plus à faire. Bon avis aux partis monarchiques pour qu’ils s’entendent. Le Journal des Débats continue. Le Gouvernement de Cavaignac est bien isolé. Le National pour tout appui ! Et le National embarrassé, triste. Il est impossible que cette situation dure longtemps.<br />Je regrette ce pauvre général Baudrand. Il n’avait plus rien à faire en ce monde. Mais je n’aime pas que les honnêtes gens meurent. C'était un soldat vertueux et gentleman. Très noble type. Il sera mort tristement et tranquillement. Il y a certainement quelque chose de nouveau de la part de l’Autriche. Vous l'aurez peut-être su hier soir. Je regarde attentivement aux préparatifs de Marseille. Ce ne sont pas des préparatifs de guerre. Il ne peuvent avoir pour objet qu’une démonstration. Où ? Pourquoi ? Le Pape ne parait pas menacé en ce moment. Le discours de la Reine est bien confiant dans la pacification. Croker croit à la guerre. Il m’écrit. « I am more and more convinced that this republic must end speedily, in another convulsion whether thal will produce another republic, red or rose, or a monarchy,or a regency. I cannot guess ; but as soon as ever the dictatorial sword it theather, we shall have another Struggle, in Paris ; and then also, if not before, a continental war. Je ne crois pas. Adieu. Adieu.<br />A demain Holland house. n'oubliez pas la lettre dont je vous ai envoyé tout à l'heure un paragraphe. Adieu. G.<br /><br />J'ai donné transmis à mon avocat les renseignements que vous avez bien voulu me transmettre sur mon procès, Il en a causé de nouveau avec mon oncle qu’il a trouvé mieux disposé pour une transaction et prenant lui-même quelque peine pour y disposer les autres parties intéressées. Mais il y a pour celles-ci surtout, et pour la situation où elles se trouveraient si la transaction avait lieu, certaines garanties qui paraissent indispensables. Je n'y vois, pour mon compte aucune difficulté. Quand mon avocat trouvera les choses assez avancées pour que j'aie à répondre, je vous prierai de me dire votre avis. Encore une fois, je ne vous demande plus pardon de vous ennuyer ainsi de mes affaires. Mais certainement il y a progrès vers la conciliation.</div>
Bonaparte, Charles-Louis-Napoléon (1808-1873)
Eloignement
Guerre
Monarchie
Politique (France)
Portrait
Régime politique
Relation François-Dorothée
République
Travail intellectuel
Vie quotidienne (François)
-
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
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Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
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Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Richmond
Date précise de la lettre
Jeudi 17 août 1848
Heure
10 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Title
A name given to the resource
Lowestoft, Jeudi 17 août 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Lowestoft (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-08-17
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Manque
Eloignement
Relation François-Dorothée
Politique (France)
Politique (Autriche)
Politique (Italie)
République
Révolution
Politique
Politique (Œuvre)
Circulation épistolaire
Presse
Réception (Guizot)
Diplomatie
Politique (Normandie)
Elections (France)
Travail intellectuel
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Lowestoft, jeudi 17 août 1848<br />10 heures<br /><br />Le temps est superbe. Je viens de me promener au bord de la mer. Mais vous manquez au soleil et à la mer bien plus que la mer et le soleil ne me manqueraient si vous étiez là. D’Hausonville m’écrit très triste quoique point découragé : " A l'heure qu’il est, me dit-il, le pouvoir nouveau est, vis-à-vis de la portion saine de l'Assemblée nationale à peu près dans les mêmes dispositions que l’ancienne commission exécutive. Autant que M. de Lamartine, M. Cavaignac redoute l’ancienne gauche, et comme lui il est prêt à s'allier avec les Montagnards, pour ne pas tomber dans les mains de ce qu'il appelle les Royalistes. Ce dictateur improvisé paie de mine plus que de toute autre chose, et a plus le goût que l’aptitude du pouvoir. Vienne une crise financière trop probable ou la guerre moins impossible depuis les revers des Italiens, et la république rouge n’aura pas perdu toutes ses chances. " Il veut écrire sur la politique étrangère passée. Il me dit que c’est à son excitation que son beau frère a écrit dans la revue des Deux Mondes, sur la diplomatie du gouvernement provisoire, l’article dont vous m’avez parlé. " Les documents diplomatiques insérés, dans la Revue rétrospective me serviront dit-il de point de départ pour venger, pièces en mains, cette diplomatie du gouvernement de Juillet, si étrangement défigurée. Je voudrais finir par indiquer quelle doit être dans cette crise terrible, l’attitude de ceux qui ont pensé ce que nous avons pensé, et fait ce que nous avons fait, si vous croyez utile de m'esquisser ce plan, je recevrai vos conseils avec reconnaissance et j’en ferai profiter notre pauvre parti resté, sans chef et sans boussole dans ce temps, si gros et si obscur." Ceci m'explique un peu Barante.<br />Évidemment l’envie de rentrer en scène vient à mes amis. J'ai aussi des nouvelles de Duchâtel, d’Écosse où il se promène charmé du pays. Je vous supprime l’Écosse. Voici ce qu’il me dit de la France : " Il me semble que, dans le peu qu’elle fait de bon, la République copie platement et gauchement la politique des premières années de la révolution de 1830." Quel spectacle donne la France.<br />On m’écrit de chez moi que les élections municipales ont été excellentes. Les résultats sont beaucoup meilleurs que de notre temps. Le député actuel de mon arrondissement, qui faisait toujours partie du conseil municipal n'a pas pu être élu cette fois.<br /><br />Une heure<br />Votre lettre est venue au moment où j’allais déjeuner. J'espère que celle de demain me dira que votre frisson n’a pas continué. La phrase du National ne me paraît indiquer rien de particulier pour moi. Il insiste seulement sur le danger pour la République d’un débat qui mettra en scène le dernier ministre de la Monarchie qui n’a fait, après tout, que combattre ces mêmes auteurs de la révolution qu'on demande aujourd’hui à la république de condamner. Je comprends que ce débat, leur pèse. S'il y a un peu d’énergie dans le parti modéré, il faudra bien que le National et ses amis le subissent. Mais je doute de l’énergie. Tout le mal vient en France de la pusillanimité des honnêtes gens. S'ils osaient, deux jours seulement, parler et agir comme ils pensent, ils se délivreraient du cauchemar qui les oppresse. Mais ce cauchemar les paralyse, comme dans les mauvais rêves.<br />La lettre de Hügel est bien sombre, et je crois bien vraie. Je vous la rapporterai avec celle de Bulwer à moins que vous ne le vouliez plutôt. Je vois que Koenigsberg le parti unitaire a pris le dessus. Parti incapable de réussir, mais très capable d'empêcher que la réaction ne réussisse. La folie ne peut rien pour elle-même ; mais elle peut beaucoup contre le bon sens. Pour longtemps du moins. Que dites-vous du Général Cavaignac parcourant les Palais de Paris le Luxembourg, l’Élysée & pour voir comment on en peut faire des casernes et des postes militaires. On voulait nous prendre pour les forts détachés, dont le canon n'atteint pas Paris. Aujourd’hui, on met les forts détachés dans les rues. Ce qui me frappe, c’est que Cavaignac et les siens ont l’air de régler cela comme un régime permanent. C'est de l'avenir qu’ils s’occupent. Ils sont convaincus que, si on ôte au malade sa camisole de force, il jettera son médecin par la fenêtre. Et le gouvernement ne consiste plus pour eux qu’à prendre des mesures pour n'être pas jetés par la fenêtre. Adieu.<br />J’attendrai la lettre de demain un peu plus impatiemment. Je travaille. Que de choses je voudrais faire ! Adieu. Adieu. G.<br />J’avais donc bien raison hier de croire que la chance du Roi de Naples en Sicile pourrait bien valoir mieux que celle du Duc de Gènes.</div>
Circulation épistolaire
Diplomatie
Elections (France)
Eloignement
Manque
Politique
Politique (Autriche)
Politique (France)
Politique (Italie)
Politique (Normandie)
Politique (Œuvre)
Presse
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
République
Révolution
Travail intellectuel
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
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f22ea3e51f9375d13b69b37f3a4ca5ef
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
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Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
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Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Richmond
Date précise de la lettre
Lundi 14 août 1848
Heure
Midi
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
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Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Title
A name given to the resource
Lowestoft, Lundi 14 août 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Lowestoft (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-08-14
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Conditions matérielles de la correspondance
Relation François-Dorothée
Discours du for intérieur
Réception (Guizot)
Politique (France)
Presse
Politique (Italie)
Conversation
Eloignement
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Lowestoft, Lundi 14 août 1848<br />Midi<br /><br />Un blank day est encore plus mauvais en réalité qu’en perspective. C’est du reste mon impression sur toutes choses. J’ai toujours trouvé le bien et le mal plus grands dans la réalité que dans l’attente. Comme je trouve les vérités de la vie bien supérieures aux inventions des romans. Pour me consoler, il pleut, et je n’ai pas plus de journaux de Paris que de lettres de vous. Je pense à vous et je lis. Je remplirai ainsi ma journée. Demain vaudra mieux.<br />Je ne connais personne ici, sauf la famille du Chief justice baron Alderson et un M. Manners Sulton, fils de Lord Canterbury. Mais tout le monde me reçoit avec une grande bienveillance. Le peuple en Angleterre sait mon nom. Et il sait aussi que je suis ami de l'Angleterre. Partout, il me traite en amis. Je jouis de cette impression. Ne trouvez-vous pas que le Général Cavaignac en répétant sans cesse à l’Assemblée nationale qu'elle est seule souveraine, et qu’il n’est que son humble agent, lui met bien continuellement le marché à la main ? Il le peut, mais il me semble qu’il en abuse. Je crois beaucoup au pouvoir d'un caractère droit et digne. Pourtant il y a une certaine mesure d’esprit dont cela, ne dispense pas. Vous revient-il quelque chose d’une intrigue Girardin, Lamartine et Marrast que dénonce mon journal l'Assemblée nationale? Certainement les deux premiers sont des hommes qui n’ont pas renoncé à s’approprier la République. Ils n'y réussiront pas, mais ils la manieront et remanieront assez pour ajouter leur propre discrédit au sien.<br />J’attends impatiemment des nouvelles d'Italie. Et en attendant, je n’ai rien de plus à vous dire. Si vous étiez là, je ne tarirais pas. Adieu. Adieu. Mon éternuement s’en va un peu. Adieu. G.</div>
Conditions matérielles de la correspondance
Conversation
Discours du for intérieur
Eloignement
Politique (France)
Politique (Italie)
Presse
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
-
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Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
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Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Lowestoft
Date précise de la lettre
Lundi 14 août 1848
Heure
Midi
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Title
A name given to the resource
Richmond, Lundi 14 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-08-14
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
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Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée
Diplomatie (France-Angleterre)
Réseau social et politique
Eloignement
Enfants (Benckendorff)
Politique (Internationale)
Politique (Autriche)
Politique (Italie)
Portrait
Diplomatie (Russie)
VIe quotidienne (Dorothée)
Politique (France)
Presse
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Lundi 14 août.<br />Midi<br /><br />J’ai vu hier Lord Palmerston à Holland House. Il ne savait pas si l’armistice était ou non une conséquence de la médiation commune. Les courriers n’étant partis de Paris que Mardi dernier. Il me parait que ce n’est pas eux qui ont pu décider. On bavardait beaucoup là hier. La Lombardie à la Toscane. Voilà l’idée générale, dans tout cela voyons le dernier mot de l'Autriche. L’article du Moniteur est fort important. Évidemment chez vous on veut la paix, et on compte encore sur notre bon vouloir pour la république. L'Allemagne fait le plus gros, des embarras. Kielmannsegge me disait encore hier que les têtes y sont tout-à-fait renversées. Vous voyez que la France aussi se mêle d’arranger l'affaire des Duchés. L’entente entre Paris et Londres embrasse sans doute toutes les questions en litige. Le Manifeste du Prince de Linange serait bien plus critiqué s’il ne serait pas du frère de la Reine. Mais avec cela même, on en parle avec grande désapprobation. Je n’ai rien lu de plus fou & de plus bête. On dit que Strockmer la croit, c’est impossible. Il a plus d'esprit que cela.<br />Voilà de la pluie à verse. Quel climat, quelle tristesse. Comment iront les bains de mer avec cette pluie ? Et puis vous viendrez me dire qu'on n’a pas pu prendre les bains, qu'il faut donc prolonger. Je n’accepterai pas cela. Voilà votre lettre. Seul plaisir, seule ressource. Mais quand viendra le temps où nous ne songerons plus aux ressources ?<br />J'ai rencontré hier Dumon aussi à Holland house. Il songe beaucoup à s’établir à Brighton le mois prochain pour la mauvaise saison. Aggy va un peu mieux. Elle m’a écrit elle même. Je ne donne pas encore de rendez-vous à Pierre d’Aremberg car je n'ai rien décidé sur Tunbridge. J'attends toujours pour un appartement. Adieu, adieu. Comme c’est long.<br />Voici mes réponses de Tunbridge Wells. Pas d'appartement du tout. Tout est pris. Je reste donc ici. Cela va faire plaisir à Montebello, il est bien accoutumé à mon bavardage. </div>
Diplomatie (France-Angleterre)
Diplomatie (Russie)
Eloignement
Enfants (Benckendorff)
Politique (Autriche)
Politique (France)
Politique (Internationale)
Politique (Italie)
Portrait
Presse
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
VIe quotidienne (Dorothée)
-
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Rights
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Dublin Core
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Richmond
Date précise de la lettre
Dimanche 13 août 1846
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Title
A name given to the resource
Lowestoft, Dimanche 13 août 1848, François Guizot à Dorothée de Lieven
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Lowestoft (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-08-13
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée
Eloignement
Tristesse
Santé (François)
VIe quotidienne (Dorothée)
Politique (Internationale)
Révolution
République
Diplomatie (France-Angleterre)
Politique (Autriche)
Réseau social et politique
Conditions matérielles de la correspondance
Discours du for intérieur
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Lowestoft, Dimanche 13 août 1848<br />Une heure<br /><br />Certainement, je suis triste. Je vous ai dit mille fois que, sans vous, j'étais seul. Et la solitude, c’est la tristesse. Je la supporte mais je n’en sors pas. Les Anglais n’y sont pour rien. Dans la belle Italie, je ne serais pas autrement. Peut-être l'Italie me dispenserait-elle d’un rhume de cerveau qui me prend, me quitte et me reprend sans cesse depuis quatre jours. Je me suis déjà interrompu deux fois en vous écrivant pour éternuer trente fois. J’espère que la mer, m'en guérira. La mer n’est pas humide. Décidément, en ceci, je ne suis pas comme vous. J’aime la mer devant moi. Elle ne m’attriste pas. Elle est très belle ici. Et cette petite ville est propre, comme un gentleman. Mes enfants commencent à se baigner demain. Aurez-vous quelqu’un à Tunbridge Wells ? Je ne vous veux pas la solitude, par dessus la tristesse. Il me semble qu’à Richmond lord John, Montebello et quelques visites de Londres ou à Londres sont des ressources que vous n'aurez pas ailleurs. Il est vrai que j’entends dire à tout le monde que Tunbridge est charmant. C’est quelque chose qu’un nouveau lieu charmant, pour quelques jours.<br />Il me revient de Paris qu'on n’y croit pas plus que vous au succès de la médiation. Ce n'est pas mon instinct. Si la situation actuelle pouvait se prolonger sans solution, je croirais volontiers que la médiation échouera. Elle vient, comme vous dîtes, plus qu'après dîner. Mais je ne me figure pas que l’Autriche se rétablisse purement et simplement en Lombardie et Charles Albert à Turin. Les Italiens conspireront, se soulèveront, la République sera proclamé quelque part. La République française sera forcée d’intervenir. C’est là surtout ce qu’on veut éviter par la médiation. Il faut donc que la médiation aboutisse à quelque chose, que la question paraisse résolue. Elle ne le sera pas. Mais à Paris et à Londres on a besoin de pouvoir dire qu'elle l’est. Pour sortir du mauvais pas où l'on s'est engagé. Tout cela tournera contre la République de Paris mais plus tard. On m'écrit que ces jours derniers le général Bedeau, dans des accès de délire criait sans cesse. "Je n’avais pas d’ordres! Je n'avais pas d’ordres." Vous vous rappelez que c’est lui qui devait protéger et qui n’a pas protégé la Chambre le 22 février.<br />Je suis bien aise que Pierre d'Aremberg soit allé à Claremont. Tout le travail en ce sens ne peut avoir que de vous effets soit qu'il réussisse ou ne réussisse pas. Quand on était à Paris, en avait assez d'humeur contre Pierre d’Aremberg qu'on ne voyait pas. Je suppose qu'on aura été bien aise de le voir à Claremont. A Claremont on est d’avis que la meilleure solution de la question Italienne, c'est de maintenir l’unité du royaume Lombardo-Vénitien en lui donnant pour roi indépendant un archiduc de Toscane. Idée simple et qui vient à tout le monde. Je la crois peu pratique. Un petit souverain de plus en Italie, et un petit souverain hors d’état de s'affranchir des Autrichiens, et de se défendre des Italiens. Ce serait un entracte, et non un dénouement. Je doute que personne veuille se contenter d’un entracte. Adieu. Adieu.<br />C’est bien vrai, les blank days sont détestables. Demain sera le mien. Votre lettre de Vendredi m'est arrivée hier, à 10 heures et demie du soir. Je venais de me coucher. Je m'endormais. On a eu l’esprit de me réveiller. Je me suis rendormi mieux. Je viens de recevoir celle d’hier samedi. Adieu. Adieu. Adieu. G.</div>
Conditions matérielles de la correspondance
Diplomatie (France-Angleterre)
Discours du for intérieur
Eloignement
Politique (Autriche)
Politique (Internationale)
Relation François-Dorothée
République
Réseau social et politique
Révolution
Santé (François)
Tristesse
VIe quotidienne (Dorothée)
-
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Dublin Core
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Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Ketteringham Park
Date précise de la lettre
Vendredi 11 août 1848
Heure
Midi
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Title
A name given to the resource
Richmond, Vendredi 11 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-08-11
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée
Enfants (Guizot)
Femme (mariage)
Politique (Internationale)
Politique (Italie)
Politique (Autriche)
Diplomatie
Réseau social et politique
Santé (Dorothée)
Santé (enfants Guizot)
Eloignement
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond le 11 août 1848 Vendredi<br />Midi<br /><br />Je viens de lire votre lettre. Voici donc une nouvelle adresse pour la mienne. Si tout ce qui me donne tant de chagrin vous donne à vous un gendre, j'en serai charmée. Les nouvelles d’Italie sont excellentes. Milan pris à ce qu'il parait. Qu’est-ce qui vient faire la médiation ? Je pense que Radetzki l’enverra promener. Il est rentré at home. Personne au monde n'a le droit de l’inviter à en sortir. Savez-vous ce que je crois. L'Autriche érigera la Lombardie en état indépendant, sous un prince autrichien. Une autre Toscane. Qui est-ce qui pourra trouver à redire à cela ? Elle gardera Venise comme de raison. Tallenay est parti avant-hier soir pour Paris, furieux ; on lui a donné congé pas trop brusquement on ne sait pas pourquoi ; moi au moins je ne le sais pas ; est-ce parce qu’il m’a rencontré à Holland house ? Beaumont est arrivé. La reine va venir le recevoir. On dit que Normanby a contribué à cette nomination. Il le voyait beaucoup qu’est-ce que vous pensez de lui ? On dit que le Roi de Hollande est très mal. La nouvelle en est venue hier. Je suis charmée que vous soyez sans inquiétude pour Pauline. Ma santé est comme vous l'avez laissée. La Prusse est très intéressante comme nouvelles. Elle est mieux renseignée qu'aucun journal de Paris. Elle dit le secret des négociations très exactement, à ce que je sais. Du reste elle est assez modérée. Opposition, mais contenue. Adieu. Adieu.<br />Il y a bien longtemps que nous sommes séparés. Adieu.</div>
Diplomatie
Eloignement
Enfants (Guizot)
Femme (mariage)
Politique (Autriche)
Politique (Internationale)
Politique (Italie)
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
Santé (Dorothée)
Santé (enfants Guizot)
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Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
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Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Ketteringham Park
Date précise de la lettre
Jeudi 10 août 1848
Heure
Midi
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Title
A name given to the resource
Richmond, Jeudi 10 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-08-10
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Diplomatie
Relations diplomatiques
Politique (France)
Politique (Italie)
Politique (Russie)
Diplomatie (France-Angleterre)
Réseau social et politique
Circulation épistolaire
Politique (Angleterre)
Eloignement
Relation François-Dorothée (Politique)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond le 10 août 1848 Jeudi<br />midi<br /><br />Lord John était très préoccupé de l’Allemagne surtout. Qu’est-ce que veut dire cette immiscion dans les affaires d’Italie ? Cette guerre au Danemark ? Ces prétentions sur le Limbourg de quoi se mêle Francfort ? Mais ni nous, ni la France, ni la Russie, ni la Prusse probablement ne peuvent le permettre. Nous espérons dans Wessemberg qu'il ait un esprit sage. Quand au Pce de Linange sa nomination nous déplait fort. La Reine est très fâchée. Nous pouvons être dans le cas de faire très mauvais ménage avec son frère. Sur l’Italie, il m’a donné à entendre que la médiation de la France & de l'Angleterre aurait pour base l'Adige. Mais d’un côté il ne sait pas si l’Autriche voudra s’en contenter après les victoires de Radzki, de l’autre il ne me semblait pas très sûr de la France qui a proclamé l’indépendance de l’Italie toute entière. Ensuite, il me dit quoique Cavaignac & Bastide. parlent dans le meilleur sens, on n’est cependant jamais très sûr du même langage deux jours de suite. Enfin il n’était pas très stons en fait de confiance, mais certainement extrêmement anxious d’éviter la guerre. On va faire venir la Reine à Londres pour un conseil où on reconnaitra la république française, et elle recevra. Talleney. Il m’a dit, " et vous aussi vous avez dit que vous reconnaîtriez." Je n’en sais rien. Le Morning Chronicle annonce ce matin que Gustave de Beaumont est nommé ministre à Londres. Ce serait du Thiers n’est-ce pas ? Voici une lettre du duc de Noailles. Renvoyez la moi après l'avoir lue. Constantin m’écrit : " Si l'armée allemande entre dans le Lettland nous intervenons et la guerre en est la conséquence. Que fera la Prusse ? Se soumettra-t-elle à Francfort ? S’exposera-t-elle à voir ses provinces envahies par notre armée ? Ou se joindra-t-elle à nous qui seule pouvons la soutenir et la rendre à son honneur national. " Les réponses de Lord Lansdown à Stanley semblent équivalentes à l’aveu que la flotte anglaise s'opposera de force à l'envoi des troupes napolitaines, contre la seule ses réponses confirment aussi de tous points ce que Lady Holland vous avait dit. Quelle conduite ! Lisez le leading article du Times ce matin, admirable. Que de topics, sur lesquels nous aurions à parler à perte d’haleine. Quel dommage, quel dommage d’être si loin. Votre petit mot ce matin est bien court. J'espère mieux demain. J'ai déjeuné hier chez la duchesse de Gloucester, bonne femme. Adieu, adieu.</div>
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Circulation épistolaire
Diplomatie
Diplomatie (France-Angleterre)
Eloignement
Politique (Angleterre)
Politique (France)
Politique (Italie)
Politique (Russie)
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