1
50
288
-
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
152_Correspondances : 1834-1860
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Gérard, Etienne-Maurice (1773-1852)
Macdonald, Etienne (1765-1840)
Allard, Jean-François (1785-1839)
Clauzel, Bertrand (1772-1842)
Lalande, Julien-Pierre-Anne (1787-1844)
Soult, Jean de Dieu, duc de Dalmatie (1769-1851)
Randon, Jacques-Louis (1795-1871)
Duvivier, Franciade-Fleurus (1794-1848)
Bernard, Simon (1779-1839)
Subject
The topic of the resource
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
Ministère de la Guerre (France)
Politique (France)
Diplomatie (France-Angleterre)
Politique (Algérie)
Politique (Maroc)
Ministère des Affaires étrangères (France)
France (1852-1870, Second Empire)
France (1848-1852, 2e République)
Mémoires (Guizot)
Réception (Guizot)
Enfants (Guizot)
Famille Guizot
Ministère de l'instruction publique (France)
Recommandation, Lettre de
De la Démocratie (ouvrage)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1834-09-01
1860-09-22
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Paris (France)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
St-Tropez, le 15 décembre 1835, le général Allard à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Allard, Jean-François (1785-1839)
Subject
The topic of the resource
Portrait (Guizot)
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
Réception (Guizot)
Louis-Philippe 1er
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Remerciements, Lettre de
Source
A related resource from which the described resource is derived
8, AN : 163 MI 42 AP 152 Papiers Guizot Bobine Opérateur 24
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1835-12-15
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
St Tropez (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
Louis-Philippe 1er
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Portrait (Guizot)
Réception (Guizot)
Remerciements, Lettre de
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/4ce5fe2408bb582102f66b7de0f7a67a.jpg
d2aed42f81a6962ec2f5227e1165f1cb
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/0476f28460ac6f4ca1e2c12ed808e52c.jpg
1ec0eca2037520641e6dc759b9cfc89e
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/202f3870851b8a62f03969dfe67181b8.jpg
c53c2fba7ad7a03018da8735fc331701
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
154_Correspondances : 1842-1873
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Saivet, Joseph-Frédéric (1828-1877)
La Tour d'Auvergne-Lauraguais, Hugues de (1768-1851)
Hugonin, Flavien (1823-1898)
Didiot, Charles-Nicolas-Pierre (1797-1866)
Donnet, Ferdinand-François-Auguste (1795-1882)
Landriot, Jean-François (1816-1874)
Monyer de Prilly, Marie-Joseph-François-Victor (1775-1860)
Dupanloup, Félix (1802-1878)
Dechamps, Victor-Auguste-Isidore (1810-1883)
Darboy, George (1813-1871)
Affre, Denys-Auguste (1793-1848)
Pie, Louis-Edouard (1815-1880)
Maret, Henry-Louis-Charles (1805-1884)
Le Mée, Jacques-Jean-Pierre (1794-1858)
Guibert, Joseph-Hippolyte (1802-1886)
La Croix de Ravignan, Xavier de (1795-1858)
Lepère, premier vicaire de Saint-Valéry-sur-Somme (?-?)
Gelmini, Domenico-Maria (1807-1888)
Miel, abbé (?-?)
Prétot, Emile (?-?)
Arbellot, François (1816-1900)
Meignan, G ? (?-?)
Cogniard, ? ( ?-?)
Tardy, ? (?-?)
Deguerry, Gaspard (1797-1871)
Rigault, A. (?-?)
Guizot, François (1787-1874)
Lamazou, Pierre-Henri (1828-1883)
Viard, Victor (1814-1886)
Petit, , (? -?)
Dacheux, Léon (1835-1903)
Gratry, Alphonse (1805-1872)
Isdang, S. (?-?)
Clergue, Léon (1825-1907)
Olivier, ? d' (?-?)
Loyson, Charles (1827-1912)
Guyard de Saint-Chéron, Alexandre (1807-1892)
Veuillot, Louis (1813-1883)
Subject
The topic of the resource
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
France (1848-1852, 2e République)
Publication
Religion
Théologie
Ministère des Affaires étrangères (France)
France (1852-1870, Second Empire)
Histoire
Ministère de l'Intérieur (France)
Eglise
Calvados (France)
Réception (Guizot)
Elections (France)
Les vies de quatre grands chrétiens français (1873)
Instruction publique
Politique (Suisse)
Louis-Philippe 1er
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Académies
Réseau social et politique
Présidence du Conseil
Remerciements, Lettre de
Académie française
Académie des inscriptions et belles-lettres
Education
Portrait (Guizot)
Mémoires (Guizot)
Presse
Mort
Catholicisme
Protestantisme
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1834-09-01
1860-09-22
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Paris (France)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Limoges, le 24 avril 1855, l'abbé Arbellot à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Arbellot, François (1816-1900)
Subject
The topic of the resource
France (1852-1870, Second Empire)
Religion
Réception (Guizot)
Histoire
Publication
Académie des inscriptions et belles-lettres
Philosophie
Source
A related resource from which the described resource is derived
28, AN : 163 MI 42 AP 154 Papiers Guizot Bobine Opérateur 24
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1855-04-24
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Limoges (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Académie des inscriptions et belles-lettres
France (1852-1870, Second Empire)
histoire
Philosophie
Publication
Réception (Guizot)
Religion
-
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46e49ea0b93a52710b324406153ae817
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49062396c0da38ca01fd2d803be90dc2
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38e5ec01c8a68f9695bab11c5a5afed0
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72dddc051e19984b2671298986e0a573
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/2ac742b6b00f98ec05cc4bada0cafbd0.jpg
e60e15ab4207d1d8ea0ad1cf3fecd09f
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
154_Correspondances : 1842-1873
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Saivet, Joseph-Frédéric (1828-1877)
La Tour d'Auvergne-Lauraguais, Hugues de (1768-1851)
Hugonin, Flavien (1823-1898)
Didiot, Charles-Nicolas-Pierre (1797-1866)
Donnet, Ferdinand-François-Auguste (1795-1882)
Landriot, Jean-François (1816-1874)
Monyer de Prilly, Marie-Joseph-François-Victor (1775-1860)
Dupanloup, Félix (1802-1878)
Dechamps, Victor-Auguste-Isidore (1810-1883)
Darboy, George (1813-1871)
Affre, Denys-Auguste (1793-1848)
Pie, Louis-Edouard (1815-1880)
Maret, Henry-Louis-Charles (1805-1884)
Le Mée, Jacques-Jean-Pierre (1794-1858)
Guibert, Joseph-Hippolyte (1802-1886)
La Croix de Ravignan, Xavier de (1795-1858)
Lepère, premier vicaire de Saint-Valéry-sur-Somme (?-?)
Gelmini, Domenico-Maria (1807-1888)
Miel, abbé (?-?)
Prétot, Emile (?-?)
Arbellot, François (1816-1900)
Meignan, G ? (?-?)
Cogniard, ? ( ?-?)
Tardy, ? (?-?)
Deguerry, Gaspard (1797-1871)
Rigault, A. (?-?)
Guizot, François (1787-1874)
Lamazou, Pierre-Henri (1828-1883)
Viard, Victor (1814-1886)
Petit, , (? -?)
Dacheux, Léon (1835-1903)
Gratry, Alphonse (1805-1872)
Isdang, S. (?-?)
Clergue, Léon (1825-1907)
Olivier, ? d' (?-?)
Loyson, Charles (1827-1912)
Guyard de Saint-Chéron, Alexandre (1807-1892)
Veuillot, Louis (1813-1883)
Subject
The topic of the resource
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
France (1848-1852, 2e République)
Publication
Religion
Théologie
Ministère des Affaires étrangères (France)
France (1852-1870, Second Empire)
Histoire
Ministère de l'Intérieur (France)
Eglise
Calvados (France)
Réception (Guizot)
Elections (France)
Les vies de quatre grands chrétiens français (1873)
Instruction publique
Politique (Suisse)
Louis-Philippe 1er
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Académies
Réseau social et politique
Présidence du Conseil
Remerciements, Lettre de
Académie française
Académie des inscriptions et belles-lettres
Education
Portrait (Guizot)
Mémoires (Guizot)
Presse
Mort
Catholicisme
Protestantisme
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1834-09-01
1860-09-22
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
63, 63 bis, AN : 163 MI 42 AP 154 Papiers Guizot Bobine Opérateur 24
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Title
A name given to the resource
La Digardêche, le 25 novembre 1861, Baron du Taya à François Guizot
Subject
The topic of the resource
Réception (Guizot)
Religion
Théologie
Protestantisme
Catholicisme
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">La lettre qui accompagne ce billet a été confiée pour vous être remise à un de nos publicistes les plus distingués. Son premier mouvement a été d'en trouver le style un peu trop rustique pour vous être présentée. Je suis bas Breton, pur sang, Monsieur, l'idiome de mes pères est peu riche d'expressions et très pauvre d'harmonie, je pense en langue celtique et j'essaie d'écrire en Français.</div>
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Baron Du Taya, Aimé-Marie-Rodolphe (1783-1850)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1861-11-25
Zotero EMAN
Zotero EMAN informations
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List of Zotero items' Ids
https://www.zotero.org/groups/4865519/bibliographie_guizot/library
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Tag to use to fetch Zotero entries for this content.
eglise
Catholicisme
Protestantisme
Réception (Guizot)
Religion
Théologie
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/7a827802decb4d43b33be5e49f3f2ee3.jpg
4abbf0fcdde9b13ed24b6679090bd4a2
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/aab663a70482828375bd2051a0ee57e5.jpg
28b7c7a8590d371cfce5ba0cff909242
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/51582695531ad50039aeb30f7b5fed4d.jpg
4e6b59ebb728c5de7c419d1e4df8f9c4
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/6e3435e35edd38fc2a35b07cb13dc1a8.jpg
81ad9e6134473a21360b8e6a4f3970ff
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
150_Correspondance du général Baudrand à François Guizot : 1839-1864
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
Veuillot, Louis (1813-1883)
Guizot, François (1787-1874)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1839-08-22
1864-08-05
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
France (1848-1852, 2e République)
France (1852-1870, Second Empire)
Ambassade à Londres
Politique (Analyse)
Politique (France)
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Louis-Philippe 1er
Académie française
De la Démocratie (ouvrage)
Réception (Guizot)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><img src="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/9e66e2b68abbd78637457ba7e20c3689.jpg" alt="" width="200" height="286" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /><br /><br />Ce dossier comporte 19 lettres échangées entre le général Baudrand (1774-1848) et Guizot. La plus grande partie de ce corpus est écrite lors de l'ambassade de Guizot à Londres. G. de Broglie indique que lors de son ambassade Guizot double ses dépêches de lettres privées. <br />Guizot correspond avec le roi Louis-Philippe au travers de sa correspondance avec son ami, le général Baudrand qui était chef d'état-major du duc d'Aumale. Le 22 août 1839, Guizot écrit à son ami : <br /><em>Je regrette de ne pouvoir causer avec vous. Mais j'avais besoin de vous exprimer le plaisir que m'a fait cette nouvelle marque que le Roi vous donne de sa confiance, et qui vous fournira l'occasion de dire encore, sur nos affaires et celles de l'Europe, quelques bonnes paroles, ces paroles de bon sens et de grand coeur qui sont de nos jours la vraie politique et le meilleur moyen d'agir sur les hommes. <br /></em>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/6070" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Le 30 mars 1840, le rôle d'intermédiaire du général Baudrand, entre le roi et son ambassadeur, apparaît nettement : <br /><em>Hier, je dînais au château des Tuileries : après le repas, lorsque le roi eut congédié la plus part de ses convives, sa majesté vint à moi, me demanda si j'avais eu de vos nouvelles ; sur ma réponse négative, le prince me dit : je vois que M. Guizot est bien accueilli par les hommes de tous les rangs de la société, à Londres, et qu'il y jouit d'une juste considération, j'espère que cette considération s'accroitra encore, et que notre ambassadeur conservera cette position qui lui plait, qui lui est avantageuse et dans laquelle il peut bien servir la France et le roi. Je trouve seulement que, dans ses dernières lettres au président du Conseil, M. Guizot parait trop préoccupé des dispositions de l'Angleterre qui lui semblent douteuses envers nous. Guizot est enclin à croire que les ministres anglais traiteront avec les puissances étrangères sur les affaires de la Turquie sans nous.</em><br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/6074" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br /><br /><br /></div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Londres (Angleterre)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Paris, le 11 mars 1840, Général Baudrand à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
Subject
The topic of the resource
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
Ambassade à Londres
Diplomatie (France-Angleterre)
Politique (France)
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Louis-Philippe 1er
Réception (Guizot)
Source
A related resource from which the described resource is derived
3, AN : 163 MI 42 AP 150 Papiers Guizot Bobine Opérateur 24
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1840-03-11
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Hier je n'ai pu joindre le roi : il est allé à Versailles ; mais ce matin il a lu votre lettre. Sa majesté m'a dit qu'elle ne pouvait que donner des éloges au langage que vous tenez dans cette lettre, qu'elle serait toujours disposée à soutenir, par tous les moyens en son pouvoir, les efforts des hommes de bien qui voudraient maintenir le système politique, si heureusement suivi depuis le 13 mars.</div>
Ambassade à Londres
Diplomatie (France-Angleterre)
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
Louis-Philippe 1er
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Politique (France)
Réception (Guizot)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/9a3c76719537be9b03b0e45eef11011c.jpg
9d4cf7d497907318658d87547b75b844
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/5a07a1679c38ec23c777968f8fb399a2.jpg
2000debd6cc4f466287dc946c2412bc8
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/d23df32818db0c6953edcc69661b3613.jpg
b9f3b8591951b1f69dbff633f5fd096e
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/c3e3304d8873067ce8a031a067b2c7b1.jpg
5df73cb4bbfeee02e17b3fee7d36d6f3
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
150_Correspondance du général Baudrand à François Guizot : 1839-1864
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
Veuillot, Louis (1813-1883)
Guizot, François (1787-1874)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1839-08-22
1864-08-05
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
France (1848-1852, 2e République)
France (1852-1870, Second Empire)
Ambassade à Londres
Politique (Analyse)
Politique (France)
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Louis-Philippe 1er
Académie française
De la Démocratie (ouvrage)
Réception (Guizot)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><img src="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/9e66e2b68abbd78637457ba7e20c3689.jpg" alt="" width="200" height="286" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /><br /><br />Ce dossier comporte 19 lettres échangées entre le général Baudrand (1774-1848) et Guizot. La plus grande partie de ce corpus est écrite lors de l'ambassade de Guizot à Londres. G. de Broglie indique que lors de son ambassade Guizot double ses dépêches de lettres privées. <br />Guizot correspond avec le roi Louis-Philippe au travers de sa correspondance avec son ami, le général Baudrand qui était chef d'état-major du duc d'Aumale. Le 22 août 1839, Guizot écrit à son ami : <br /><em>Je regrette de ne pouvoir causer avec vous. Mais j'avais besoin de vous exprimer le plaisir que m'a fait cette nouvelle marque que le Roi vous donne de sa confiance, et qui vous fournira l'occasion de dire encore, sur nos affaires et celles de l'Europe, quelques bonnes paroles, ces paroles de bon sens et de grand coeur qui sont de nos jours la vraie politique et le meilleur moyen d'agir sur les hommes. <br /></em>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/6070" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Le 30 mars 1840, le rôle d'intermédiaire du général Baudrand, entre le roi et son ambassadeur, apparaît nettement : <br /><em>Hier, je dînais au château des Tuileries : après le repas, lorsque le roi eut congédié la plus part de ses convives, sa majesté vint à moi, me demanda si j'avais eu de vos nouvelles ; sur ma réponse négative, le prince me dit : je vois que M. Guizot est bien accueilli par les hommes de tous les rangs de la société, à Londres, et qu'il y jouit d'une juste considération, j'espère que cette considération s'accroitra encore, et que notre ambassadeur conservera cette position qui lui plait, qui lui est avantageuse et dans laquelle il peut bien servir la France et le roi. Je trouve seulement que, dans ses dernières lettres au président du Conseil, M. Guizot parait trop préoccupé des dispositions de l'Angleterre qui lui semblent douteuses envers nous. Guizot est enclin à croire que les ministres anglais traiteront avec les puissances étrangères sur les affaires de la Turquie sans nous.</em><br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/6074" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br /><br /><br /></div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Londres (Angleterre)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Paris, le 30 mars 1840, Général Baudrand à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
Subject
The topic of the resource
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
Politique (France)
Louis-Philippe 1er
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Conversation
Réception (Guizot)
Ambassade à Londres
Affaire d'Orient
Diplomatie (France-Angleterre)
Source
A related resource from which the described resource is derived
5, AN : 163 MI 42 AP 150 Papiers Guizot Bobine Opérateur 24
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1840-03-30
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Hier, je dînais au château des Tuileries : après le repas, lorsque le roi eut congédié la plus part de ses convives, sa majesté vint à moi, me demanda si j'avais eu de vos nouvelles ; sur ma réponse négative, le prince me dit : je vois que M. Guizot est bien accueilli par les hommes de tous les rangs de la société, à Londres, et qu'il y jouit d'une juste considération, j'espère que cette considération s'accroitra encore, et que notre ambassadeur conservera cette position qui lui plait, qui lui est avantageuse et dans laquelle il peut bien servir la France et le roi. Je trouve seulement que, dans ses dernières lettres au président du Conseil, M. Guizot parait trop préoccupé des dispositions de l'Angleterre qui lui semblent douteuses envers nous. Guizot est enclin à croire que les ministres anglais traiteront avec les puissances étrangères sur les affaires de la Turquie sans nous.</div>
Affaire d'Orient
Ambassade à Londres
Conversation
Diplomatie (France-Angleterre)
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
Louis-Philippe 1er
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Politique (France)
Réception (Guizot)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/73dafc4c9bf14e73dfe93a0aa2facc92.jpg
dbcb1c5c9bbc111b2357254a6c3c464d
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171d0e8b294d75ded39d1601c042cafd
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3be7b8a0c9c7203f8222345e6b6261aa
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/2c0132af8102a983e3f5c1c1cdfb2ad7.jpg
1e71bfd99bb08d3150a5f3f643a710f5
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/c944f4c1dd85e564c7f5c236857fd4d7.jpg
7614ceca4450c3f688a4371e6fce535d
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/73e49acfdcafbe86eba882ab07a4ae75.jpg
c8731a0005c11f9cf09183dae2e12ac0
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
150_Correspondance du général Baudrand à François Guizot : 1839-1864
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
Veuillot, Louis (1813-1883)
Guizot, François (1787-1874)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1839-08-22
1864-08-05
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
France (1848-1852, 2e République)
France (1852-1870, Second Empire)
Ambassade à Londres
Politique (Analyse)
Politique (France)
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Louis-Philippe 1er
Académie française
De la Démocratie (ouvrage)
Réception (Guizot)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><img src="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/9e66e2b68abbd78637457ba7e20c3689.jpg" alt="" width="200" height="286" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /><br /><br />Ce dossier comporte 19 lettres échangées entre le général Baudrand (1774-1848) et Guizot. La plus grande partie de ce corpus est écrite lors de l'ambassade de Guizot à Londres. G. de Broglie indique que lors de son ambassade Guizot double ses dépêches de lettres privées. <br />Guizot correspond avec le roi Louis-Philippe au travers de sa correspondance avec son ami, le général Baudrand qui était chef d'état-major du duc d'Aumale. Le 22 août 1839, Guizot écrit à son ami : <br /><em>Je regrette de ne pouvoir causer avec vous. Mais j'avais besoin de vous exprimer le plaisir que m'a fait cette nouvelle marque que le Roi vous donne de sa confiance, et qui vous fournira l'occasion de dire encore, sur nos affaires et celles de l'Europe, quelques bonnes paroles, ces paroles de bon sens et de grand coeur qui sont de nos jours la vraie politique et le meilleur moyen d'agir sur les hommes. <br /></em>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/6070" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Le 30 mars 1840, le rôle d'intermédiaire du général Baudrand, entre le roi et son ambassadeur, apparaît nettement : <br /><em>Hier, je dînais au château des Tuileries : après le repas, lorsque le roi eut congédié la plus part de ses convives, sa majesté vint à moi, me demanda si j'avais eu de vos nouvelles ; sur ma réponse négative, le prince me dit : je vois que M. Guizot est bien accueilli par les hommes de tous les rangs de la société, à Londres, et qu'il y jouit d'une juste considération, j'espère que cette considération s'accroitra encore, et que notre ambassadeur conservera cette position qui lui plait, qui lui est avantageuse et dans laquelle il peut bien servir la France et le roi. Je trouve seulement que, dans ses dernières lettres au président du Conseil, M. Guizot parait trop préoccupé des dispositions de l'Angleterre qui lui semblent douteuses envers nous. Guizot est enclin à croire que les ministres anglais traiteront avec les puissances étrangères sur les affaires de la Turquie sans nous.</em><br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/6074" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br /><br /><br /></div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Londres (Angleterre)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Paris, le 21 juin 1840, Général Baudrand à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
Subject
The topic of the resource
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
Ambassade à Londres
Politique (France)
Correspondance
Réseau social et politique
Circulation épistolaire
Affaire d'Orient
Réception (Guizot)
Famille royale (France)
Politique (Algérie)
Femme (santé)
Source
A related resource from which the described resource is derived
12, 12 suite, AN : 163 MI 42 AP 150 Papiers Guizot Bobine Opérateur 24
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1840-06-21
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Affaire d'Orient
Ambassade à Londres
Circulation épistolaire
Correspondance
Famille royale (France)
Femme (santé)
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
Politique (Algérie)
Politique (France)
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/ab3ae11e715dfaf43a6d91bd0d676664.jpg
6068e9b77e0821afdce2318265d005be
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/8fa934103db25c8231ff7692e83a1e62.jpg
2a42d761d48eb8ca0ba506e0f70269d1
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/540bf4b3c9a3247c059001a0e7719845.jpg
0e6243ac249b8a62e8eae05669cac506
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/ad7cb7af074bc706a07dd06320fb6854.jpg
3cf29956201e6c4ac5b9c3a35a93a186
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/4b2fdddd5ede270d330df92408bc6262.jpg
fed2929b9189e18906a259ea64ac6349
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/1a71ff2b5f8d7cb234563a9d0f1e84bb.jpg
38c194ef3d101c05f7f0ea95b353f288
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/0ae3e6f05075794dad833e8a400bd45d.jpg
f44fed3ddeed8393dfae94f9ee3872ce
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
150_Correspondance du général Baudrand à François Guizot : 1839-1864
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
Veuillot, Louis (1813-1883)
Guizot, François (1787-1874)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1839-08-22
1864-08-05
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
France (1848-1852, 2e République)
France (1852-1870, Second Empire)
Ambassade à Londres
Politique (Analyse)
Politique (France)
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Louis-Philippe 1er
Académie française
De la Démocratie (ouvrage)
Réception (Guizot)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><img src="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/9e66e2b68abbd78637457ba7e20c3689.jpg" alt="" width="200" height="286" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /><br /><br />Ce dossier comporte 19 lettres échangées entre le général Baudrand (1774-1848) et Guizot. La plus grande partie de ce corpus est écrite lors de l'ambassade de Guizot à Londres. G. de Broglie indique que lors de son ambassade Guizot double ses dépêches de lettres privées. <br />Guizot correspond avec le roi Louis-Philippe au travers de sa correspondance avec son ami, le général Baudrand qui était chef d'état-major du duc d'Aumale. Le 22 août 1839, Guizot écrit à son ami : <br /><em>Je regrette de ne pouvoir causer avec vous. Mais j'avais besoin de vous exprimer le plaisir que m'a fait cette nouvelle marque que le Roi vous donne de sa confiance, et qui vous fournira l'occasion de dire encore, sur nos affaires et celles de l'Europe, quelques bonnes paroles, ces paroles de bon sens et de grand coeur qui sont de nos jours la vraie politique et le meilleur moyen d'agir sur les hommes. <br /></em>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/6070" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Le 30 mars 1840, le rôle d'intermédiaire du général Baudrand, entre le roi et son ambassadeur, apparaît nettement : <br /><em>Hier, je dînais au château des Tuileries : après le repas, lorsque le roi eut congédié la plus part de ses convives, sa majesté vint à moi, me demanda si j'avais eu de vos nouvelles ; sur ma réponse négative, le prince me dit : je vois que M. Guizot est bien accueilli par les hommes de tous les rangs de la société, à Londres, et qu'il y jouit d'une juste considération, j'espère que cette considération s'accroitra encore, et que notre ambassadeur conservera cette position qui lui plait, qui lui est avantageuse et dans laquelle il peut bien servir la France et le roi. Je trouve seulement que, dans ses dernières lettres au président du Conseil, M. Guizot parait trop préoccupé des dispositions de l'Angleterre qui lui semblent douteuses envers nous. Guizot est enclin à croire que les ministres anglais traiteront avec les puissances étrangères sur les affaires de la Turquie sans nous.</em><br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/6074" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br /><br /><br /></div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Londres (Angleterre)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Enghien-Les-Bains, le 2 août 1840, Général Baudrand à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
Subject
The topic of the resource
Conditions matérielles de la correspondance
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
Affaire d'Orient
Politique (Angleterre)
Politique (France)
Diplomatie (France-Angleterre)
Louis-Philippe 1er
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Réception (Guizot)
Posture politique
Politique (Analyse)
Source
A related resource from which the described resource is derived
16, 16 suite, AN : 163 MI 42 AP 150 Papiers Guizot Bobine Opérateur 24
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1840-08-02
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Enghien-Les-Bains (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Affaire d'Orient
Conditions matérielles de la correspondance
Diplomatie (France-Angleterre)
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
Louis-Philippe 1er
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Politique (Analyse)
Politique (Angleterre)
Politique (France)
Posture politique
Réception (Guizot)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/2be4e81052eabdd773f46682b698a422.jpg
406ce07e8dc7efa8cabfc95c57ea2e0f
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/8c751d51b25b7e45e3fb7b69594c4ee8.jpg
a0fb8e100521b2a0691f0526fde35f09
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/02279c84c0734a31e06cd6b7d46b1e19.jpg
9b08e8205cc8c5087eaddab11c492f28
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fa20f28e05e1f8723b3e71e9c9446465
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/eedda43fcb89127f8f2c137996ae5127.jpg
d20fd5c94870341047b6bd0f6d793603
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/48e7b6a69e78eae7655dc6c77788537d.jpg
c3d5b8ce1c609a6092e83cfe34e9398c
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
150_Correspondance du général Baudrand à François Guizot : 1839-1864
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
Veuillot, Louis (1813-1883)
Guizot, François (1787-1874)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1839-08-22
1864-08-05
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
France (1848-1852, 2e République)
France (1852-1870, Second Empire)
Ambassade à Londres
Politique (Analyse)
Politique (France)
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Louis-Philippe 1er
Académie française
De la Démocratie (ouvrage)
Réception (Guizot)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><img src="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/9e66e2b68abbd78637457ba7e20c3689.jpg" alt="" width="200" height="286" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /><br /><br />Ce dossier comporte 19 lettres échangées entre le général Baudrand (1774-1848) et Guizot. La plus grande partie de ce corpus est écrite lors de l'ambassade de Guizot à Londres. G. de Broglie indique que lors de son ambassade Guizot double ses dépêches de lettres privées. <br />Guizot correspond avec le roi Louis-Philippe au travers de sa correspondance avec son ami, le général Baudrand qui était chef d'état-major du duc d'Aumale. Le 22 août 1839, Guizot écrit à son ami : <br /><em>Je regrette de ne pouvoir causer avec vous. Mais j'avais besoin de vous exprimer le plaisir que m'a fait cette nouvelle marque que le Roi vous donne de sa confiance, et qui vous fournira l'occasion de dire encore, sur nos affaires et celles de l'Europe, quelques bonnes paroles, ces paroles de bon sens et de grand coeur qui sont de nos jours la vraie politique et le meilleur moyen d'agir sur les hommes. <br /></em>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/6070" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Le 30 mars 1840, le rôle d'intermédiaire du général Baudrand, entre le roi et son ambassadeur, apparaît nettement : <br /><em>Hier, je dînais au château des Tuileries : après le repas, lorsque le roi eut congédié la plus part de ses convives, sa majesté vint à moi, me demanda si j'avais eu de vos nouvelles ; sur ma réponse négative, le prince me dit : je vois que M. Guizot est bien accueilli par les hommes de tous les rangs de la société, à Londres, et qu'il y jouit d'une juste considération, j'espère que cette considération s'accroitra encore, et que notre ambassadeur conservera cette position qui lui plait, qui lui est avantageuse et dans laquelle il peut bien servir la France et le roi. Je trouve seulement que, dans ses dernières lettres au président du Conseil, M. Guizot parait trop préoccupé des dispositions de l'Angleterre qui lui semblent douteuses envers nous. Guizot est enclin à croire que les ministres anglais traiteront avec les puissances étrangères sur les affaires de la Turquie sans nous.</em><br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/6074" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br /><br /><br /></div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Londres (Angleterre)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Paris, le 12 septembre 1840, Général Baudrand à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Baudrand, Marie-Etienne-François-Henri (1774-1848)
Subject
The topic of the resource
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
Ambassade à Londres
Politique (France)
Diplomatie (France-Angleterre)
Affaire d'Orient
Politique (Angleterre)
Diplomatie
Réception (Guizot)
Louis-Philippe 1er
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Description
An account of the resource
Le général Baudrant m'a remis hier cette lettre dont m'a donné lecture 14 7bre.
Source
A related resource from which the described resource is derived
17, 17 suite, AN : 163 MI 42 AP 150 Papiers Guizot Bobine Opérateur 24
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1840-09-12
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Affaire d'Orient
Ambassade à Londres
Diplomatie
Diplomatie (France-Angleterre)
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
Louis-Philippe 1er
Louis-Philippe 1er (1773-1850)
Politique (Angleterre)
Politique (France)
Réception (Guizot)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/61a0864355b09948292eb13cc2a84fbb.jpg
a469864c74942816dcc806b5ba5afc0c
Dublin Core
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Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/f0340329800006eb07f3d31609786350.jpg
30125d9d6a2608b00acc1ba76e564eb0
Dublin Core
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Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/58c966452400c3300511ed92c3fa0510.jpg
2ed4dfb717be640894342931a9e543fa
Dublin Core
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Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/9e3470e32b53cb2d9dc2e827609d75fe.jpg
33310386177d8a7289c8a20f404ed1bb
Dublin Core
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Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1843 (12 août - 22 août) : Vacances au Val-Richer
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Subject
The topic of the resource
Diplomatie
Entente cordiale
Politique (France)
France (1830-1848, Monarchie de Juillet)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Lundi 14 août 1843
Heure
11 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
1320, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 7
Title
A name given to the resource
4. Beauséjour, Lundi 14 août 1843, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Versailles (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1843-08-14
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">4. Beauséjour lundi 11 heures<br />Le 14 août 1843<br />J’ai trouvé en ville hier votre petit mot d'Evreux. Cela m’a raffermi le coeur. J’ai été à l’église. J’ai prié avec ferveur. M. Cuvier nous a fait un bon sermon, simple, très bien.<br />En rentrant ici j’ai trouvé Bulwer qui m’attendait. Il part ce soir pour Dieppe d'où il veut revenir à la fin de la semaine pour se mettre à ma disposition. Je n’y crois pas du tout. Acton explique longuement qu'Espartero, avait eu raison dans son place de campagne, le bombardement de Séville était même très habile et très juste. Malheureusement Serano qui devait battre, a été battu. Petite différence qui a tout dérangé. Grande désunion parmi les chefs vainqueurs. Grande vraisemblance et même imminence de troubles à Madrid une réaction. Le parti français grossissant. Grande crainte que l'Espagne toute entière ne demande le duc d’Aumale. Voilà Acton, Bulwer a l’esprit préoccupé du duc d'Aumale aussi, et me demande beaucoup ce que j'en crois. Qu’est-ce que je puis croire ? Je ne crois rien, mais je m’amuse des inquiétudes anglaises, c’est ce que je lui ai dit. En ajoutant qu’ils étaient singulièrement crédules. Après, Bulwer j’ai vu Kisselef. Il n’a pas eu un mot par le dernier bateau, il ne savait donc rien et avait tout à apprendre. Grande éloge des discours du duc de Nemours vanté même par les légitimistes au Club.<br />A quatre heures je suis partie pour Versailles avec Pogenpohl. Jolie course, air excellent qui m’a donné des forces J'ai marché beaucoup sur la terrasse avent dîner, après dîner à huit heures je suis repartie, j’ai descendu à pied la montagne à St Cloud et j'étais rentrée à 9 1/2 et dans mon lit avant 10 heures. Voilà bien exactement hier. Aujourd’hui je vais en ville je passerai à la porte de Génie. Je dinerai chez les Cowley. Demain je compte m’établir à Versailles, mais je vais encore apprendre si la pieuse comtesse y vient décidément ; si elle ne venait pas j’irai à St Germain que je vois plus gai. Certainement je ne resterai pas ici j'y suis trop triste. Avant hier Appony, hier Bulwer ont fort exalté votre mérite. Grands, grands éloges. Voici du bien beau temps ; mais mon jardin me déplait. Je vous envoie la lettre d’Emilie. Il est clair qu’elle n’a pas grande envie de ce mariage. Je pense beaucoup à tout ce qui se prépare en Espagne, hors d’Espagne. Je crois beaucoup à une ligue européenne contre le mariage possible avec la branche d’Orléans. Je crois surtout que vous seriez mieux à Paris dans un moment pareil qu'au Val-Richer. Que de retard ; & que d'occasions où un jour de retard porte un dommage difficile à réparer. Je ne puis m’empêcher de répéter avec beaucoup d’autres que vous vous en allez tout juste au moment où vos embarras et votre action commencent, c’est singulier ! Je me sers du mot le plus poli. J’en ai de bien gros au bout des lèvres. Adieu. Adieu pourtant. Adieu. Le 26 et peut être avant. Pensez un peu si avant ne deviendrait pas nécessaire ? Adieu.</div>
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Subject
The topic of the resource
Conditions matérielles de la correspondance
Mariage
Réception (Guizot)
Politique (France)
Politique (Espagne)
Diplomatie
Réseau social et politique
Religion
Conversation
Femme (politique)
Santé (Dorothée)
Posture politique
Conditions matérielles de la correspondance
Conversation
Diplomatie
Femme (politique)
Mariage
Politique (Espagne)
Politique (France)
Posture politique
Réception (Guizot)
Religion
Réseau social et politique
Santé (Dorothée)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/6e0038cc00d4410b8af840bc854e136f.jpg
b2a9d50277e4c19a460326f982e5324f
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/14f06cd2a2ae58e7d17704db79244cab.jpg
b58f4a71184d4d3c317d5db13028dfd5
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/12d43ddb71f69adc087c21d982f9f3c6.jpg
73212da55b654017b7aa8f39a60e92b7
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
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Title
A name given to the resource
1843 (31 août-6 sept) : Guizot mobilisé pour la visite en France de la Reine Victoria
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Château d'Eu
Date précise de la lettre
Jeudi 31 août 1843
Heure
3 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
1344-1345-1346-1347, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 7
Title
A name given to the resource
2. Beauséjour, Jeudi 31 août 1843, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Versailles (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1843-08-31
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">2. Beauséjour 5 heures jeudi 31 août 1843,<br /><br />J’ai été en ville. J’ai remis à Génie ma lettre et une lettre de Lady Palmerston reçue après coup, et que vous me renverrez. J'ai fait visite aux Appony. Vraiment il est trop bête. "-Et bien, elle vient donc cette petite reine ? Caprice de petite-fille un Roi n’aurait par fait cela. - Pourquoi pas ? S'il en avait eu l’envie ? - Mais c’est que l’envie n’en serait pas venue. - C’est possible. Mais voilà toujours un grand événement et qui fera beaucoup d’effet partout. - Je ne crois pas. On dira que c’est une fantaisie de petite fille. - Fantaisie accepté par des Ministres qui ne sont pas des petites filles. - On sait qu'ils sont très plats et qu'ils tremblent devant elle. - En tous cas voilà parmi les souverains de l'Europe le plus considérable peut être, et celui qui ne se dérange jamais qui vient faire visite au Roi. C’est un grand précédent. (avec une mine et un geste très ricaneur) Il se trompe bien s'il croit pour cela que les autres feront autrement qu’ils n’ont fait jusqu'ici. Personne ne viendra. - Et bien on se passera mieux des autres visites depuis qu'on aura eu celle-ci. - Je suis bien sûr cependant que le roi eut été beaucoup plus flatté de la visite du roi de Prusse. - En vérité je ne sais pas pourquoi et certainement elle n’aurait pas fait autant d’effet que celle-ci. - à Vienne on n'y pensera pas. Je me mis à rire et je lui dis : - Savez-vous qu'il y a des rapportages en ville & que j'ai entendu moi-même dire à Molé que le corps diplomatique montrait beaucoup de dépit. Il est devenu rouge. Certainement pas moi. Nous sommes si bien avec l'Angleterre et si sûrs d’elle que nous serons même bien aises de cette visite. Je n’en avais pas assez et j'ai dit que Molé avait été assailli par des : " Avez-vous lu le National ? Décidément ceci l'a interdit. Il avait même l’air un peu colère, Armin est entré ; la conversation a fini. Il me semble que je vous envoie assez de commérages. Ce qui est bien sûr c’est que l'humeur de l’Europe sera grande et cela doit bien vous prouver que le continent sans exception est malveillant pour ici. Gardez l'Angleterre. C’est votre meilleure. pièce. Beauséjour vendredi 8 h dim. matin La journée a été bien mauvaise hier. Si vous n'aviez pas à recevoir une Reine je vous en conterais tous les incidents. Tout a été de travers, pas de fête, pas un coin et je me suis vu forcée de revenir coucher ici où j’ai failli ne pas retrouver mon lit. Je vous conterai tout cela à votre retour. Heureusement Pogenpohl était avec moi, ce qui a contenu ma colère, quoique pas trop. Il a un peu d'esprit et avant que j'eusse pris l’initiative il m’a parlé du voyage comme de quelque chose de très grand, très important et qui doit avoir un grand effet, ici et partout. Il a ajouté " à présent, les bouderies de l’Empereur n'ont plus la moindre portée. " Il ne fera peut-être pas autrement qu'il n'a fait mais cela ne veut plus rien dire. " Voilà qui est vrai. Le bon de ce voyage, c’est que tout le reste dévient égal. Ecrivez donc ou faites écrire à d’André de bien vous mander tout ce qu’il entendra dire. Vos autres après auront bien l'esprit de le faire sans attendre un ordre. J’ai fait prier Kisseleff de venir ce matin, je serai bien aise de lui parler. Fluhman viendra probablement aussi. 10 heures Que de choses utiles et bonnes à dire à Aberdeen. Vous n'oublierez surement pas de donner une bonne bais [?] à vos entretiens. Vous rappelez que le bon langage des Ministres anglais au parlement a bien puissamment contribué à calmer les folies françaises. Il me parait que vous devez, que vous pouvez vous établir sur un pied de si bonne amitié et franchise avec lui. Surement comme étranger vous lui cèderez le pas aux dîners, & & & Je vous dis des bêtises. Vous savez tout cela. Mais n’importe. Qu’est ce que l’affaire de votre consul et du drapeau français. à Jérusalem ? C’est mauvais. Sébastiani a eu je crois une affaire pareille à Vienne ou Constantinople. Ou bien n'était-ce pas Bernadotte ? Je reviens à Appony. Vraiment je suis un peu étonnée. Le meilleur !!! Metternich était bien tant qu’il croyait être seul à vous protéger car c’est bien là le sentiment. Sa vanité était en jeu et de là venait sa bonne conduite. Aujourd’hui il est débordé, son dépit sera grand, en attendant son ambassadeur est trop sot Voici votre N°1. Merci, merci. J’aime autant, et même mieux que la Reine ne vienne pas à Paris. On n’aura plus le droit de dire, petite-fille curieuse de s'amuser. Et puis. Vous serez libre plutôt. J'aurais aimé à causer avec Lord Aberdeen, mais vous n'oublierez rien, seulement j'aurais eu le contrôle. Je suis charmé que ce soit Andral j'espère qu'on choisira son meilleur rôle. Passé minuit est un peu trop leste pour la vue ; car il sort de son lit avec le stricte nécessaire. However I don't know. Les tapes sont une grande habitude en Angleterre ; peut-être par la chaleur aimera-t-elle la nouveauté d’un parquet. Si j’avais Lord Cowley sous la main je lui soufflerais la mauvaise humeur du corps diplomatique. Il se croyait si sûr de la probité autrichienne ! Nous en causions le dernier jour et il me disait : " pour ceux-là ils ne seront surement pas. jaloux. " Je regarde beaucoup le ciel. Quel bonheur s'il reste aussi beau ; ce sera superbe. Le danger qu’a couru le Roi et la famille fait faire d'étranges réflexions. Dans l’accident de l’an passé, il n’y avait pas de quoi se donner une entorse, et le Duc d'Orléans y a péri ! A présent ils devaient être tués tous, et il n'est rien arrivé qu'un bain à 3 chevaux ! Vraiment, vraiment la main du duc est bien visible. Elle protège toujours le Roi. jaloux. " Je regarde beaucoup le ciel. Quel bonheur s'il reste aussi beau ; ce sera superbe. Le danger qu’a couru le Roi et la famillie fait faire d'étranges réflexions. Dans l’accident de l’an passé, il n’y avait pas de quoi se donner une entorse, et le Duc d'Orléans y a péri ! A présent ils devaient être tués tous, et il n'est rien arrivé qu'un bain à 3 chevaux ! Vraiment, vraiment la main de duc est bien visible. Elle protège toujours le Roi. Je repense à ma conversation avec Molé. Certainement, il a retrouvé son esprit. C’est de très bon gout de dire son contentement du voyage, et il le fait avec un air très naturel, irréprochable. Le diable n’y perd rien peut-être, mais c’est égal.. Je vous écris des lettres énormes. Aurez-vous le temps de les lire ? On vient de me faire dire de Versailles qu'il y a un appartement. Je me décide donc à retourner. Si je puis entraîner Fluihman, je l’emmène si non j’irai seule. Adieu. Adieu mille fois adieu. l wish you success. Je serai bien contente d’apprendre que la Reine est actually arrived. Adieu. J'ai oublié encore à l’article Appony ceci : il me dit, j'espère que M. Guizot et ses collègues ne montreront pas trop d’orgueil de cette visite. Soyez tranquille. Ce sont des gens d’esprit. And now good bye for good. Mais encore adieu.</div>
Rights
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Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée (Diplomatie)
Femme (diplomatie)
Circulation épistolaire
Diplomatie (France-Angleterre)
Louis-Philippe 1er
Salon
Conversation
Réseau social et politique
Victoria (1819-1901 ; reine de Grande-Bretagne)
Réception (Guizot)
Portrait
Circulation épistolaire
Conversation
Diplomatie (France-Angleterre)
Femme (diplomatie)
Louis-Philippe 1er
Portrait
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée (Diplomatie)
Réseau social et politique
Salon
Victoria (1819-1901 ; reine de Grande-Bretagne)
-
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Title
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1843 (31 août-6 sept) : Guizot mobilisé pour la visite en France de la Reine Victoria
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Château d'Eu
Date précise de la lettre
Mercredi 6 septembre 1843
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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A related resource from which the described resource is derived
1372-1373, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 7
Title
A name given to the resource
9. Beauséjour, Mercredi 6 septembre 1843, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Versailles (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1843-09-06
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Français
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Correspondance
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">9. Beauséjour Mercredi le 6 septembre 1843<br /><br />Me revoilà dans mon home et j'en suis bien aise. J’ai encore dîné hier à Versailles et j’étais ici à 8 heures, & dans mon lit à 9. J'ai bien dormi jusqu'à 6 heures. à 7 heures j’étais sur les fortifications, je viens de faire ma toilette et me voici à vous. J’attends votre lettre. Le Galignani et les journaux ont devancé votre récit. Je sais que Lundi s’est bien passé. Belle promenade & concert. Je voudrais que tout fut fini. Dieu merci c'est le dernier jour.<br />Kisseleff est venu me trouver à Versailles hier sur les 3 heures, nous ne nous sommes vus seuls que dix minutes. Le Duc de Noailles est arrivé. Dans les 10 minutes il m’a dit qu'il avait écrit à Brünnow ceci : " On dit que le corps diplomatique (de Paris) montre quelque dépit de l’entrevue royale, quant à moi je me tiens dans un juste milieu. Je dis que c'est un événement très favorable au Roi et à son gouvernement et voilà tout. Si les autres disent plus ou autrement je trouve que c’est de la gaucherie. " Je l'ai encore loué. Il me dit qu'Appony avait changé de langage. Je le savais moi-même de la veille. Il est évident que c’est le rapportage de Molé et La confidence que je lui en ai faite qui ont amené ce changement. C'est donc un service que je lui ai rendu. Mais il n'en sort pas sans quelque petits blessure.<br />J’ai régalé le duc de Noailles de tout ce récit qui l’a fort diverti. Il a jugé l'homme comme vous et moi. Je lui ai dit qu’on savait que son langage à lui était très convenable. Cela lui a fait un petit plaisir de vanité. Il est évident que tous les jours ajoutent à son éducation politique, et qu’il meurt d’envie de la compléter. Je lui ai lu ainsi qu'à Kisseleff les parties descriptives de vos lettres. Cela les a enchantés surtout le duc de Noailles. Il trouve tout cela charmant, curieux, historique, important. Non seulement il n’y avait en lui nul dépit mais un plaisir visible comme s’il y prenait part. Je lui ai lu aussi un petit paragraphe, où vous me parlez du bon effet du camp de Plélan. Il m’a prié de le lui relire deux fois. Il est évident qu'il voudrait bien qu'on se ralliât. Il suivrait, il ne sait pas devancer. Il m’a parlé avec de grandes éloges du Roi, et de vous, de votre fermeté de votre courage, de votre habileté, de votre patience sur l’affaire d’Espagne. Il est très Don Carlos il a raison, c’est la meilleure combinaison parce qu'elle finit tout et convient à tous. Mais se peut-elle ? Il regrette que la Reine ne soit pas venue à Paris. " Un jour pour Paris, un jour pour Versailles. Elle aurait été reçue parfaitement. Le mouvement du public est pour elle aujourd’hui tout à fait. Une seconde visite sera du réchauffé. Aujourd’hui tout y était, la surprise, l’éclat. " C’est égal j’aime mieux qu’elle n'y soit pas venue. Kisselef m’avait quittée à 4 1/2 pour s’en retourner par la rive droite. Comme le Duc de Noailles partait par la gauche nous avons eu notre tête-à-tête jusqu'à cinq. Kisseleff partait triste, il avait peu recueilli. Tous les deux avaient dû dîner en ville et n'ont pas pu rester. J’ai dîné ave Pogenpohl que j’ai ramené jusqu’ici. J’ai remarqué qu'il en avait assez de Versailles. Un peu le rôle de Chambellan. La promenade et le dîner, et encore par la promenade quand j'en avais un autre. Mais c’est juste sa place.<br /><br />Onze heures. Voici le N°8 merci, merci. Que vous avez été charmant de m'écrire autant ! Enfin vendredi je vous verrai c’est bien sûr n’est-ce pas ? Passez-vous devant Beauséjour ou bien y viendrez-vous après avoir été à Auteuil ? Vous me direz tout cela. Que de choses à me dire ; nous en avons pour longtemps. Et puis, l’Europe a-t-elle donc dormi pendant Eu ? Comme nous allons nous divertir tous les jours des rapports de partout sur l'effet de la visite ! J’irai ce matin en ville mais tard. Je passerai à la porte de Génie pour causer avec lui. Et puis commander ma robe de noce pour lundi. Ensuite en Appony pour voir le trousseau. J’y resterai pour dîner. Voici donc ma dernière lettre. Adieu. Adieu. Adieu. Apportez-moi moi la jarretière, je m’inquiète que vous ne m'en parlez pas. Ce que vous dites de la princesse de Joinville est charmant ! Adieu encore je ne sais pas finir. Adieu. Prenez soin de vous demain. J’ai si peur de la mer. Et puis j’ai peur de tout. Revenez bien portant, revenez. Adieu. Je me sens mieux aujourd'hui.</div>
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The topic of the resource
Relation François-Dorothée (Politique)
Diplomatie (France-Angleterre)
Inquiétude
Voyage
Santé (Dorothée)
Santé (François)
Femme (diplomatie)
Conversation
Réseau social et politique
Réception (Guizot)
Louis-Philippe 1er
Politique (Espagne)
Victoria (1819-1901 ; reine de Grande-Bretagne)
Portrait (François)
Salon
Femme (politique)
Politique (France)
Réseau social et politique
Diplomatie
Diplomatie (France-Angleterre)
Conditions matérielles de la correspondance
Conditions matérielles de la correspondance
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Diplomatie
Diplomatie (France-Angleterre)
Femme (diplomatie)
Femme (politique)
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Santé (Dorothée)
Santé (François)
Victoria (1819-1901 ; reine de Grande-Bretagne)
Voyage
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Title
A name given to the resource
1845 (27 juillet - 29 août) : Dorothée à Londres, diplomatie et salon
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Publication
Deux choix :
Inédit.
Nom, Prénom (de l’auteur), Titre de la publication, Lieu, Maison d’édition, Date.
Indiquer volume, tome ou collection si nécessaire….
Une entrée par édition
Inédit
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Vendredi le 15 août 1845
Heure
dix heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
1563, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 8
Title
A name given to the resource
19. Londres, Vendredi 15 août 1845, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Londres (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1845-08-15
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">19 Londres, vendredi le 15 août 1845 dix heures. <br /><br />Mauvaise journée hier. Mes yeux allaient mal. J’ai eu bien peur le matin je suis mieux. Je serai curieuse de me faire lire votre discours du dîner. J’aurai cela à Douvres sans doute. Je pars demain matin à 9 heures avec Bulwer. J’irai à Folkston peut être, mais toujours par terre et non par fer. Si le temps n’est pas mauvais je passerai dimanche. Dietrichstein est revenu hier. Décidément il me fait sa cour pour arriver à Paris ! Pas d’autres news. Londres est [?] on avait bien envie de m’entraîner à la campagne. Le genre de vie et la lumière ne me vont pas.<br />Que de choses à vous raconter ! Tâchez que ce soit bientôt. Adieu. Adieu. J'ai mes paquets à faire & les bills à payer. Adieu beaucoup de fois adieu. Je viens de lire votre discours. Excellent. Parfait. Adieu. excellent.</div>
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Subject
The topic of the resource
Femme (diplomatie)
Diplomatie
Santé (Dorothée)
Réception (Guizot)
Posture politique
Relation François-Dorothée (Politique)
Politique (France)
Séjour à Londres (Dorothée)
Voyage
Relation François-Dorothée
Conversation
Conversation
Diplomatie
Femme (diplomatie)
Politique (France)
Posture politique
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Relation François-Dorothée (Politique)
Santé (Dorothée)
Séjour à Londres (Dorothée)
Voyage
-
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Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
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Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Lowestoft
Date précise de la lettre
Jeudi 17 août 1848
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Title
A name given to the resource
Richmond, Jeudi 17 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-08-17
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Circulation épistolaire
Diplomatie
Politique (France)
Révolution
République
Politique (Autriche)
Politique (Prusse)
Diplomatie (Russie)
Relation François-Dorothée (Politique)
Conversation
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
Politique (Angleterre)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond le 17 août 1848<br /><br />Une charmante lettre. Celle d'hier si charmante et élevée que je veux l'envoyer demain à l’Impératrice, telle quelle, par courrier. C'est le jeune Stakelberg qui est à Paris, & voici l’histoire. Il a été l’automne dernier à Alger. Il a fait un rapport qui a fort intéressé chez nous à la suite de cela on l’a nommé agent militaire à Paris, avant la révolution, ainsi auprès de vous. Quinze jours après, arrive la République, il n’a pas été révoqué, & réside maintenant à Paris dans cette capacité. Voici maintenant l’histoire de Kisseleff. Il a reçu l’ordre formel de quitter lui et toute l’ambassade. Il ne devait plus rester à Paris que Speis le consul général & Tolstoy qu’on attachait pour la forme au Consulat. Cet ordre de départ était signé par l’Empereur lui même il portait la date du 10 Mars. A l’époque où il parvient à Kisseleff, les révolutions de Vienne & de Berlin avaient eu lieu, & changeaient visiblement notre situation, puisqu'au lieu de nous tenir serrés avec nos alliés Autriche & Prusse comme nous le voulions & le désirions, nous restions absolument seuls. Kisseleff a représenté que, selon lui, cela modifiait tellement notre situation, qu'il regardait comme un devoir d’attendre, d’autant plus qu’entre les préparatifs de départ, les soucis à donner aux Russes, le bon effet que pourrait avoir encore sa première pour empêcher une trop vive explosion pour la Pologne. Il devait s’écouler peut- être 18 ou 20 jours. Que de nouveaux ordres pourraient lui arriver en conséquences de ces observations et qu’il attendrait jusqu'à une certaine date. Coup pour coup, il reçoit approbations de sa conduite & l’ordre de rester comme par le passé, mais en se dépouillant de son titre. Tout ceci m’a été conté hier par Tolstoy c’est fort bien expliqué et nous avons eu raison, & Kisseleff avait eu du courage. Tolstoy dit comme tout le monde qu'on veut la monarchie qu’on déteste la république. Mais voici la drôlerie, il y a une république et pas de républicains et on veut une monarchie seulement il manque un roi. Où le prendre ? Personne ne le dit.<br />Combien de choses nous aurions à nous dire ! J'ai un chagrin aujourd’hui. La Revue rétrospective nomme l’affaire de Mad. Danicau Philidor. Le nom y est. Evidemment on tient davantage car voici un renvoi.<br /><br />Cette note si elle est étrangère à l’affaire, Petit ne l’est pas comme on le verra par son post-scriptum au trafic de places, et prouve que sous ce rapport il y avait résistance de la part de M. Lacave Laplagne à laisser faire de M. Guizot. <br /><br />Adieu. Adieu.<br />Le temps ne s’arrange pas. Il est atroce, on a bien de la peine à ne pas être malade. Quand vous vous promenez prenez garde à la marée, ne vous laissez pas surprendre pas elle. J'ai peur de tout quand vous n'êtes pas sous mes yeux. Hier Lord Palmerston a donné à dîner à M. Beaumont. Les convives les Granville, les Shelburn, les Holland, les Janlyce, Henry Granville very well, mais dans tout cela le maitre de la maison aura manqué car à la longueur de la séance hier il est impossible qu'il ait dîné. Je n’ai pas lu encore la discussion. On la dit très curieuse. Je ne sais pas d’une manière positive si Naples a fait faire une déclaration. Mais ce que je sais pour sûr c’est qu’on a conseillé au roi de tenter l’expédition pour mettre la flotte Anglaise au défi de s'y opposer. A propos de Kisseleff, j'oubliais de vous dire que Normanby l'a mis en contact avec Cavaignac, & qu'il va quelques fois chez lui. Toujours très bien reçu ; mais privatly.</div>
Circulation épistolaire
Conversation
Diplomatie
Diplomatie (Russie)
Politique (Angleterre)
Politique (Autriche)
Politique (France)
Politique (Prusse)
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée (Politique)
République
Réseau social et politique
Révolution
-
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Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
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Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
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Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Lowestoft
Date précise de la lettre
Samedi le 19 août 1848
Heure
1 heure
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Title
A name given to the resource
Richmond, Samedi 19 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-08-19
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
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Subject
The topic of the resource
Tristesse
Enfants (Benckendorff)
Conversation
Salon
Réseau social et politique
Politique (France)
Monarchie
Portrait
Politique (Autriche)
Réception (Guizot)
Presse
Relation François-Dorothée
Discours du for intérieur
Portrait
République
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Samedi le 19 août 1848<br />1 heure<br /><br />Hélas, voilà mon fils parti ! J’en ai le cœur bien gros. Il l’a vu, et je crois qu'il en est touché. Il va à Bade, de là à Castelamane, & il veut revenir à Brighton à la fin de Novembre. Je n'ose y compter. Le temps est affeux. Tempête et pluie. Comme c’est triste quand on est triste et seule ! Pierre d’Aremberg m’est resté sur les bras hier pendant cinq heures, c’était long. Ce qu'il m’a dit de plus intéressant est la ferme croyance de son parti que dans trois mois Henri V sera en France, Roi. Nul doute dans son esprit et il est entré dans des détails qui m'ont assez frappée. Ce qui a donné de la valeur à ses propos, c'est que une heure après, j’ai vu Lady Palmerston à Kew, qui me dit avec étonnement qu'ils venaient de recevoir de Paris la confirmation de ce que leur disaient depuis quelques temps les lettres particulières que le parti légitimiste avait gagné énormément de terrain, et qu’il était presque hors de doute que le duc de Bordeaux serait roi, & sous peu. Après l’étonnement venait le plaisir. Evidemment le premier intérêt là est que la France redevienne une Monarchie. Enfin je vous redis Lady Palmerston, me donnant cela comme une nouvelle officielle du moins venant de source officielle. Son mari n’a pas paru du tout au dîner donné à G. de Beaumont. Il était retenu à la Chambre. Beaumont a été fort causant, cherchant à faire deviner qu’il n’était pas républicain du tout, et disant très haut qu'on l’était très peu en France. ça et là, quelques propos très monarchistes. On ne lui a pas trouvé la tournure d'un homme du grand monde. Mais convenable, l’air honnête. Tournure de littérateur. Il a bien mal parlé de Lamartine, Ledru Rollin & & D’Aremberg affirme positivement que la Duchesse d’Orléans a pris l’initiative à Frohedorff et qu’elle a écrit une lettre de sympathie, se référant à ce qu’elle avait toujours éprouvé pour eux, & demandant que dans une infortune commune ou confondue les douleurs, & les espérances, & la conduite. Il affirme.<br />Lady Palmerston très autrichienne disant que l’affaire est entre les mains de l’Autriche, qu'ils sont les maîtres. Espérant qu’ils se sépareront du milanais mais ne se reconnaissant aucun droit pour ce disposer contre le gré de l’Autriche. Impatiente de recevoir les réponses de Vienne. Inquiète de Naples. Mauvaise affaire pour Gouvernement anglais. Le Danemark, espoir, mais aucune certitude de l’arrangement. Toujours occupée du manifeste [?] qu'on trouve plus bête à [?] qu'on y pense. Voilà je crois tout. Je reçois ce matin une lettre de Lord Aberdeen pleure de chagrin de ce que vous ne venez plus. & puis beaucoup d’humeur des articles dans le Globe où Palmerston lui reproche son intimité avec vous. Comme je n’ai pas ce journal je n’ai pas lu.<br />J'oubliais que G. de Beaumont annonce une nouvelle bataille le dans les rues de Paris comme certaine. J'oublie aussi qu’il tient beaucoup au petit de avant son nom. Le prince Lichnovsky, (celui de Mad. de Talleyrand) est arrivé à Londres, on y arrive comme pendant à Lord Cowley à Francfort. Nothing more to tell you, excepté, que je trouve le temps bien long, bien triste, et qu’il me semble que vous devriez songer à me marquer le jour de votre retour. Depuis le 31 juillet déjà. C’est bien long ! Adieu. Adieu.</div>
Conversation
Discours du for intérieur
Enfants (Benckendorff)
Monarchie
Politique (Autriche)
Politique (France)
Portrait
Presse
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
République
Réseau social et politique
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Tristesse
-
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1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
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Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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1848
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Français
Anglais
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Destinataire
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Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Lowestoft
Date précise de la lettre
Dimanche 20 août 1848
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
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Etat général
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Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
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Richmond, Dimanche 20 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
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Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-08-20
Language
A language of the resource
Français
Type
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Correspondance
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The topic of the resource
Circulation épistolaire
Politique
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Politique (France)
Réception (Guizot)
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Politique (Italie)
Politique (Autriche)
Salon
Relation François-Dorothée
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<div style="text-align: justify;">Richmond Dimanche 20 août 1848<br /><br />Je crois vraiment que j'ai fait une bêtise en envoyant à l’Impératrice votre lettre du 16. Ce que vous dites d’elle est charmant, mais vous mettez les révolutionnaires et les autocrates sur un même plan, vous parlez de timidité, d’excuses. Comment n’ai je pas été frappée de la pensée que cela ne devait pas être envoyé ! Tout cela m’est revenu depuis la lettre partie. Si l’Empereur est tout-à-fait heureux d’esprits, il trouvera que vous avez raison. Mais comme avant tout il a beaucoup d'orgueil et il est possible que cela ne fasse pas fortune du tout. Il faut songer à réparer & voici ce que je vous propose. Ecrivez très naturellement dans une lettre, où vous me parleriez de l’attitude des grands cabinets, deux mots sur le nôtre. Dites ce qui est vrai, que quand on est si grand on a quelque mérite à être si sage, si modéré. Enfin vous savez bien ce que vous pourriez dire qui serait dans la vérité & qui ferait plaisir. Je vous prie faites cela tout de suite afin que je l'aie ici au plus tard lundi, car j'ai ce soir là une occasion.<br />J'ai été hier soir chez Lord John, j’y ai trouvé M. de Beaumont. Lord Palmerston, qui était là aussi me l’a présenté. Je l’ai trouvé comme on me l’avait dit. Sa conversation m’a paru un peu lourde. Il dit les choses longuement. Il ne me fait pas l’effet d’un homme de beaucoup d'esprit, il est un peu naïf. Je lui ai fait un accueil poli. Sans empressement. Lui avait l’air charmé de causer. Le dialogue a duré plus d’une demi-heure. Moi en interrogations. Difficultés immenses. L'édifice fragile. Cavaignac très républicain. " Lamoricière républicain comme moi. " ! - Je vais donc supposer, Monsieur que vous ne l’êtes pas beaucoup ? Il a éludé en disant qu’avant tout & pour le moment il fallait soutenir sincèrement ce qui donnait de l’ordre.<br />Eloge encore de Lamoricière. Si on s’avise de bouger, il mitraillera tout, on veut en finir avec les tapages de la rue. Il croit beaucoup à cela tout de suite. Très pacifique, charmé des dispositions qu'il rencontre ici, fâché qu’on ait si brusquement renvoyé Tallenay. Il s'en est expliqué avec Cavaignac qui lui a dit qu'on ferait des contes absurdes sur une rencontre avec vous. D’abord qu'elle n’était pas vraie, & puis le fût-elle, Tallenay n’aurait fait que son devoir en vous montrant des égards. Lui Beaumont si le hasard le met sur votre chemin, ira non seulement à vous, mais vous vous tendrez la main si vous voulez la prendre, quoiqu’il ait été toujours votre adversaire politique. Tallenay aura Francfort. Je lui ai demandé des nouvelles [?]. Je l’ai vu à l'Assemblée. Voilà tout ce qu’il m'en a dit, & puis, que Thiers était particulièrement décidé, exécré, par les factions et les partis que certainement on en voulait à sa vie. Que celle de Cavaignac était sans cesse menacée. Il est retourné au passé pour déplorer, pleurer, l’aveuglement respectif, dit-il, eux, avoir ignoré qu'ils faisaient les affaires de la république, vous que le mal avait de si profondes racines. Je crois vous avoir dit tout Beaumont au total il n’a pas l'air d'un mauvais homme, au contraire. Et on aurait pu moins bien choisir.<br />Il y avait là Minto, que, je n'avais jamais vu. Bien pressé de causer avec moi de me raconter l’Italie comment il n’avait cessé d'y prêcher le bon accord des peuples avec les Princes disant beaucoup de mal du roi de Naples, un menteur. Je n’ai pas trouvé la mine des trois ministres très radieuse. La session ira jusqu'à la première dizaine de septembre. Montebello a eu hier une lettre de Paris de vendredi, dans laquelle on lui dit que le télégraphe venait d'annoncer une insurrection à Nîmes & à Montpellier aux cris de Henry V. Ce serait trop tôt.<br />C’est ennuyeux de penser que tout ce que je vous écris là ne peut partir que demain soir.<br /><br />Lundi 21, midi<br />Bulwer et G. Greville sont venus me voir hier matin. Le premier ne m'a rien dit de bien nouveau il n’a vu littéralement personne à Paris que Normanby un moment, qui lui a dit beaucoup de mal de Lamartine maintenant après lui en avoir dit le plus grand bien au mois de Mai. Rien sur Paris. Seulement une observation : c'est que le peuple est poli, respectueux, dans les rien pour tout ce qui est au-dessus de lui, & que le bourgeois s'empresse de donner les titres ne parlant aux personnes qui en ont. Ainsi on n’avait jamais appelé Guiche autrement que Monsieur. Maintenant Monsieur le duc. Les classes se dessinent & y ont goût. Serait-il possible que le goût de l’égalité passât en France ? Cela me paraitrait la plus grande des révolutions. On parle beaucoup d’intrigues légitimistes. On craint qu’ils n’agissent trop tôt. Bulwer d'assez mauvaise humeur. Il voudrait Rome. Je lui ai ri au nez [?] mais enfin il me semble évident que si on ne lui donne pas quelque chose et du bon, il fera du mischief contre ceux qui lui refusent. Greville pas grand chose, d’ailleurs nous n'étions pas seuls. Il y avait Montebello qui est charmant mais qui ne remarque pas qu'on causerait plus à son aise sans lui. Comme le tact est une chose rare ! J'ai été à Holland house. Toute sortie de monde. Syracuse, Petrullo. Les Flahaut. Les Jersey. Dumon. Aubland. Beaucoup d’autres. On ne parle que d’Italie. De la médiation. Quel bon article dans la spectateur de Londres de Samedi ! Syracuse prétend que l’expédition est partie de Naples. Reste à voir si les Anglais se seront opposés au débarquement en Sicile. On dit que oui indubitablement Flahaut croit à propos de la médiation que Palmerston n’aura pas songé à prévoir le cas où l’Autriche se refuse rait à ce qu'on va lui demander. D’abord personne ne sait ce qu’on va lui demander. Et puis com ment s'engager sans être d’accord France & Angleterre sur ce qu'on fera au cas de refus ? Cela me paraitrait par trop étourdi. Tout le monde attend un événement à Paris, personne ne croit à du trop gros dans la rue, mais l'Assemblée qu'est-ce qui s’y passera ?<br /><br />Morny est revenu, il ne dit rien que ce que dit tout le monde. L’Empereur a été reçu avec le plus vif enthousiasme à Vienne. Je répète 40 fois 50 fois par jour, pourquoi n’êtes-vous pas là pour causer de tout. Il y a tant et tant ! On parle de Beaumont. On trouve qu'il manque de mesure, & qu’il est de mauvais goût de montrer du dédain pour la République. Du reste ses manières ne déplaisent pas. Il a fort l’envie d'être poli.<br /><br />2 heures. Merci de la bonne nouvelle. Le 2 ou 3 Septembre ! Comme je vais attendre cela, & compter les jours, les heures ! Voici une lettre intéressante renvoyez-la moi, je vous prie. Car je n’ai fait que la parcourir. Brignoles proteste officiellement contre l’armistice. Qu’est-ce que cela veut dire ? Le temps va de mal en pire. Aujourd’hui effroyable tempête & des torrents de plus. Hier un froid de Sibérie. Quel climat ! Adieu. Adieu. Je ne sais si je vous ai tout dit. Probablement non. Car il y a trop. Mais pour finir merci, merci de votre retour, n’allez pas changer ! Adieu, adieu.</div>
Circulation épistolaire
Conversation
Femme (politique)
Politique
Politique (Autriche)
Politique (France)
Politique (Italie)
Portrait
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Salon
-
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Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
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Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Lowestoft
Date précise de la lettre
Samedi 26 août 1848
Heure
10 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Title
A name given to the resource
Richmond, Samedi 26 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-08-26
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
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Subject
The topic of the resource
Relation François-Dorothée (Dispute)
Conditions matérielles de la correspondance
Réseau social et politique
Relation François-Dorothée
Réception (Guizot)
Circulation épistolaire
Autoportrait
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Samedi 26 août 1848 10 heures<br /><br />Je vous renvoie Broglie et Mme Lenormand. J’en ai régalé Montebello hier soir qui m’a aidé aussi à lire la première lettre. A great treat. Il a bien de l’esprit Broglie, surtout l’esprit réfléchi. Si vous connaissiez Montebello davantage, vous auriez bien bonne opinion de son esprit et de son caractère. Ils m’apparaissent tous les jours sous un aspect plus avantageux. Et très honnête homme. Très dégagé de prévention. Voici un mot de Sabine, amusant. Bonne fille tout-à-fait. Comme je suis curieuse de la discussion à Paris hier !<br /><br />Midi. Eh bien. Voilà la poste & pas de lettres de vous ! jamais je n’ai été séparée de vous sans qu'il m'arrive un de ces malheurs-là. Et moi je crois tout de suite le pire. Je m’inquiète, je m’agite. Je suis dans un état de folie. Vous partiez avant-hier pour Yarmouth. Vous est-il arrivé un accident en Route ? Mon dieu, je reviens à mes pressentiments de cette vilaine absence, de ce voyage qui au fond n'aboutissait à rien, qui a déjà commencé par un accident et demain dimanche pas de lettre du tout. Comment est-ce que j’atteindrai le lundi ? Vous êtes bien coupable, si vous êtes coupable de ce retard. Vous êtes dans tous les cas coupable de m’avoir quittée. Je ne vous dirai rien, plus rien aujourd’hui. Je suis si triste ! Si triste. Adieu.<br /><br />2 heures<br />Ah, je respire ! Voilà votre lettre mislaid at the post office. Savez-vous ce que j’allais faire ? J’allais vous envoyer tout de suite un homme exprès à Lowestoft pour me rapporter de vous un certificat de vie de bonne santé. Je sentais que je ne pourrais pas attendre Lundi. Enfin, enfin, je tiens cette lettre. J’ai écrit à Lord Aberdeen un petit mot sur la publication de sa lettre. Regrettant qu'il fut vanté à vos dépends. Je crois que je ne l'aime plus du tout. Les journaux d’hier de Paris ne m’apprennent rien du tout. Le Constitutionnel est très bien fait. Vous le lirez je crois. Adieu. Adieu. Je vous ai retrouvé. Je suis si contente ! Adieu.<br /><br />Le National hier contenait un long article qui établissait qu’en matière d’élections, l'influence morale du gouvernement est non seulement permise, mais nécessaire. C’est charmant. Je viens de lire une lettre d’une dame anglaise à Paris, à Miss Gibbons. They say Cavaignac has made many blunders and is too weak to remain. And what every one seems to think certain, is, that Henry V is coming to Paris, and in a fortnight his fate will he decided. he is a weak foolish man and will not be able to govern the French & & & je trouve tout cela singulier.<br />Je viens de relire votre lettre. Je vous admire pour votre journée de Yarmouth plus que pour tout ce que vous avez pu faire de grand dans votre vie. Grand dîner deux heures trois-quarts d’église, le matin. Une heure trois quarts le soir. Evêque, sermons. Comme j’aurais vite fait un esclandre au bout de 10 minutes. Vous êtes un homme étonnant. Je me prosterne. Adieu. Adieu. Merci de ce que je respire ; demain pas de lettres, mais je sais pourquoi. A lundi donc et pour vous & pour moi. Adieu.</div>
Autoportrait
Circulation épistolaire
Conditions matérielles de la correspondance
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Relation François-Dorothée (Dispute)
Réseau social et politique
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/3a32b07d884a507034b6540402fec5cf.jpg
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Title
A name given to the resource
1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
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Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
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Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
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Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Lowestoft
Date précise de la lettre
Jeudi 31 août 1848
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Title
A name given to the resource
Richmond, vendredi 31 août 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-08-31
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Conversation
Relation François-Dorothée
Diplomatie
Femme (politique)
Diplomatie (France-Angleterre)
République
Politique (Italie)
Politique (Autriche)
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond jeudi le 31 août 1848<br /><br />Ceci va à Brompton, quelle victoire. Je viens de recevoir votre lettre. Combien nous aurons à nous dire ! Je persiste à me trouver Samedi sur le port de Putney à 4 1/2 ne le dépassez pas si par hasard vous étiez là avant moi, car il y a deux routes, je vous trouverai près de l’Eglise, ou bien c’est vous qui m'y trouverez. J’ai été voir Lady Palmerston hier. Elle est malade. Elle m’a dit : " M. de Beaumont est très agréable nous l’aimons bien, & puis il dit une chose bien vraie, c’est que la république peut être mille fois plus facile ou docile pour l'Angleterre que ne le serait jamais une monarchie. Ainsi pour le moment mon mari trouve aussi que c’est très bon. " Sur l’Italie. " Mon mari dit qu'après tout Charles Albert est très injustement accusé. Les Milanais se révoltent, chassent les Autrichiens et l’appellent lui à leur secours ! Pourquoi ne l'aurait il pas donné ? " Vous voyez l’indulgence & la disposition. Pas de réponse encore de l’Autriche le National a vu cela aujourd'hui un article très menaçant. Je viens de lire dans le Times votre discours à Yarmouth, extrêmement bien, & évidemment exact parce qu'il y a même quelques fautes de langue. Never mind. Il n’y en a qu’une positive. C'est le mot awfull. Vous voulez dire solennel ou imposant, et vous avez dit effrayant. Mais au total c'est un discours qui a dû faire beaucoup d’effet & de plaisir et qui est d'une grande connivence.<br /><br />6 heures.<br />Je vous écris au milieu d’un orage effroyable. Voici deux heures qu'il dure. J’étais rentrée heureusement une minute avant d’une visite faite chez la Duchesse de Cambridge. J’y ai rencontré la prince Metternich. Quel ton ! C'est de plus fort en plus fort. Rien de nouveau. Elle annonce au nom de son mari que Septembre sera horrible, du massacres par tout. Enfin l’apogée de la révolution en Europe. Nous bavarderons bien sur tout cela. C'est bien long encore après demain. S’il pleuvait lorsque vous arriverez à Putney bridge vous savez que l’entrée des ponts est à couvert, & que vous pouvez vous abriter chez le turnpike keeper. Mais j'y serai avant vous. Je vous écrirai encore demain. Adieu. Adieu. Comme Samedi est loin. Adieu.</div>
Conversation
Diplomatie
Diplomatie (France-Angleterre)
Femme (politique)
Politique (Autriche)
Politique (Italie)
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
République
Réseau social et politique
-
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
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1848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil
Creator
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Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Brompton
Date précise de la lettre
Jeudi le 9 novembre 1848
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 10
Title
A name given to the resource
Brighton, Jeudi 9 novembre 1848, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Brighton (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1848-11-09
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Circulation épistolaire
Elections (France)
Femme (politique)
Politique (France)
Portrait
Posture politique
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée (Politique)
Réseau social et politique
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Brighton jeudi le 9 novembre 1848<br /><br />Voici la lettre, & merci beaucoup de me l’avoir envoyée. Relisez-la elle est pleine de sens pour les avis qu’elle vous donne et c’est bien là à quoi je vous ai exhorté. Pas un mot de vous à personne. J’espère qu’il n’y a rien dans les deux lettres que vous avez écrit à la Duchesse Galliera qui puisse vous embarrasser. Mais tenez pour certain que pour l’avenir ce que vous avez de mieux à faire est de ne plus lui écrire du tout. Et si vous m’en faisiez la promesse je serais plus tranquille. Elle n’est pas autre chose qu’une intrigante second rate.<br />Pour en revenir à la lettre. Quel coquin que [Thomine] ! (langage de Mad. de Metternich). Je crois qu'il faut un démenti très simple et court à ce qu’on débite sur vous et vos opinions. Vous n’êtes pas appelé à juger de choses & de situations que vous ne connaissez pas. Et ne nommez personne. Le Calvados vous n'en voulez pas. (Vous restez loin jusqu’après votre procès. Ceci est inutile.) Enfin bref & simple. Pourquoi votre travail si pressé ? Ce ne sera pas dans un moment de bouleversement qu'on le lira vous avez le temps de l'achever à votre aise. J’aime Bertin de tout mon cœur, et le narrateur aussi. Relisez la lettre. J’espère que vous aurez ceci dans la journée. Windisch Graetz se conduit à merveille, et de quatre ! Paris, Francfort, Milan, Vienne. Je crois que cela fera passer le goût d'insurrection dans les capitales. Vous verrez cependant qu’il y aura tout à l'heure quelque chose de très gros à Paris. Adieu. Adieu, et encore merci de m'avoir […]</div>
Circulation épistolaire
Elections (France)
Femme (politique)
Politique (France)
Portrait
Posture politique
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée (Politique)
Réseau social et politique
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/b501eb5e5f993c23127d1844f14f829e.jpg
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Dublin Core
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
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Dublin Core
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Dublin Core
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Circulation épistolaire
De la Démocratie (ouvrage)
Monarchie
République
Politique (France)
Politique internationale
Posture politique
Relation François-Dorothée (Politique)
Santé (Dorothée)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-01
1849-09
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Angleterre
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Brompton
Date précise de la lettre
Samedi 13 Janvier 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
2213, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Brighton, Samedi 13 janvier 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Brighton (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-01-13
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
De la Démocratie (ouvrage)
Posture politique
Réseau social et politique
Réception (Guizot)
Politique (France)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Brighton Samedi 13 Janvier 1849<br /><br />Le Prince Metternich a dit hier à Marion sa satisfaction de votre livre. Il venait de le lire. Il a dit : " Si M. Guizot n'avait jamais rien dit, rien fait, rien écrit de sa vie il y a là quatre pages qui suffisent pour immortaliser un homme. " Je ne sais quelles sont ces 4 pages. On me dit qu'on a vendu 20 mille exemplaires de la soit disante traduction de votre livre. Compilation de quelques uns de vos anciens écrits. Quelle fraude ! Le savez-vous ?<br />Mon fils est venu me voir hier. Louis B. écrit à d'Orsay tous les jours. Et lorsque après son joli appartement de King street. Il n’en peut plus. D’orsay lui avait beaucoup recommandé Bulwer. Louis B. l'a reçu & a beaucoup causé avec lui, et s’en dit très content. Je crois à sa nomination. à Paris. Sera-t-il content ! Paul me dit que jamais L. B. n'a bu en Angleterre. Je persiste à croire que Thiers sera obligé d'entrer au ministère. Adieu. Adieu, quel ennui que le dimanche. J’espère que ceci vous arrivera ce soir.</div>
Zotero EMAN
Zotero EMAN informations
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Démocratie
De la Démocratie (ouvrage)
Politique (France)
Posture politique
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
-
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c28e7a636c36559d5a769d921b83ba37
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/21936739495f88609f901a7085ada7b3.jpg
dd9c87db897225f8a0ddb30366cd352d
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Samedi 21 Janvier 1849
Heure
Midi
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
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Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Samedi 21 juillet 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-07-21
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
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Subject
The topic of the resource
Conditions matérielles de la correspondance
Presse
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
Eloignement
Relation François-Dorothée
Politique (Angleterre)
Enfants (Benckendorff)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Samedi 21 juillet 1849<br />Midi.<br /><br />J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes ! Ma journée a été triste hier comme le temps. Beaucoup de pluie, point de visites de Londres. J’ai vu les Delmas la vieille princesse, & le soir les Beauvale. Là, bonne et longue et intime conversation.<br />Lady Palmerston avait écrit une lettre très inquiète, elle croyait à une bataille perdue à propos de la motion de Lord Brougham. Je vois ce matin qu’elle a été rejetée par 12 voix. La séance a duré jusqu'à 4 h. du matin. Brougham. Carlisle. Hugtesberg. Minto. Aberdeen Lansdown, Stanley. Voilà les orateurs & dans l’ordre que je dis là. On m'apporte votre lettre du Havre. Merci, mais vous ne dites pas comme le Times. J'aime mieux vous croire vous, que lui. (C’était dans les ships news, Southampton.)<br />Vous voilà donc établi chez vous ! que Dieu vous protège. Comme nous sommes loin ! Les discours hier sont si longs, qu’il m’est impossible de les lire. J'ai choisi celui d'Aberdeen, j’y trouve des paroles honorables & justes pour le roi, Lord Palmerston et pour vous. Je relève cela, parce que les journaux de Paris ne rendront surement pas les discours dans leur étendue. Onze heures de séance. C'est long !<br />Mon fils est revenu de Londres de sa tournée. J’irai peut être le voir demain, quoique je ne me soucie pas trop de l'air de Londres. Il est vrai que le choléra est bien près d’ici à Brentford vis-à-vis Ken. Peut-être à Richmond, mais on ne me le dit pas. Je n’ai pas de lettres du continent. Demain rien de nulle part, ce sera very dull. Adieu, sotte lettre. Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse ! Adieu. Adieu. Adieu.</div>
Conditions matérielles de la correspondance
Eloignement
Enfants (Benckendorff)
Politique (Angleterre)
Presse
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Dimanche 22 juillet 1849
Heure
Midi
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Richmond, Dimanche 22 juillet 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
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1849-07-22
Language
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Français
Type
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Correspondance
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Politique (Angleterre)
Réseau social et politique
Presse
Politique (France)
Politique internationale
Portrait
Relation François-Dorothée
Manque
Discours du for intérieur
Réception (Guizot)
Conditions matérielles de la correspondance
Politique (Italie)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Dimanche 22 Juillet 1849<br />Midi<br /><br />J'ai vu hier Ellice. Il avait assisté à la séance vendredi. Brougham a été long, diffus, ennuyeux, sans effet. Le parti très mécontent de lui & disent qu’il les avait rendus à la Mallet, Aberdeen excellent, et Stanley encore plus, mais celui ci n’a commencé son discours qu’à 3 h. du matin ; les amis avaient sommeil, quelques uns sont partis, c'est ainsi que la minorité a été diminuée. En attendant le chiffre 12 a comblé de joie le ministère. Aberdeen a dit des vérités très dures. En parlant de Palmerston il a dit insanity, de Minto playing antics with [?] & & Je cherche en vain dans le Times ce qu'il a dit de vous. Je l'ai là dans le Chronicle. Ellice m’a dit qu'il a entendu ce passage, grand éloge. Il faut que je le trouve et vous l’envoie. On dit que Minto a été misérable, si misérable qu'on en était honteux pour lui.<br />Voilà donc le Pape proclamé. Et bien cette expédition tant critiquée et avec quelque raison, a un très beau dénouement. Et Oudinot doit être content. Tous les orateurs à la Chambre haute l'ont comblé de courage. Ce qui viendra après ? Dieu sait.<br />De Londres je n’ai vu qu’Ellice. Hier Madame Delmas est venue. J’ai été voir Mad. de Metternich. Elle est changée, ses cheveux sont même fort gris, elle est triste, quoique le mari soit très bien ; mais ils ne savent où aller. Ils finissent l’Angleterre, elle est trop chère. Bruxelles, mais c’est bien ennuyeux Je crois presque qu'ils se décident pour Paris au mois d'octobre. Ils essaieront au moins pendant quelques mois. J'ai été le soir chez Beauvale, avec mon Ellice. J’ai joué un peu de piano, et puis un peu Whist. A 10 heures dans mon lit. Voilà ce triste dimanche, sorte d’anticipation du tombeau. Dieu que cela est triste aujourd’hui. Il y a huit jours je vous attendais ! Ah que de bons moments finis ! Je me fais une grande pitié car je suis bien à plaindre.<br />J'écris aujourd’hui à Albrecht pour quelques arrangements, pas grand chose. Je vous en prie ne vous promener pas seul dans vos bois. J’ai mille terreurs pour vous. Je vous envoie cette lettre aujourd’hui. Vous me direz si elle vous arrive avant celle de Lundi ou en même temps. Dans ce dernier cas je ne ferais qu’une enveloppe pour les deux jours, à l’avenir. Car je vous promets bien une lettre tous les jours. Adieu. Adieu. Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir. Adieu. Adieu mille fois et tendrement adieu.<br /><br />5 heures dimanche. Flahaut sort de chez moi dans ce moment. Il me dit qu’à Carlton Gardens on est triomphant ; il y avait soirée hier après le dîner pour M. Drouin de Lhuys. Triomphe complet. Lord Palmerston s’était fait interpeller hier à le Chambre des Communes. Il a parlé de tout, de ses vœux pour les Hongrois ! De ses adversaires personnels, il a apellé Lord Aberdeen that antiquated imbecility. Cela vaut les gros mots de Mme de Metternich. J’ajoute ces sottises, pour avoir le prétexte de vous dire encore adieu.</div>
Conditions matérielles de la correspondance
Discours du for intérieur
Manque
Politique (Angleterre)
Politique (France)
Politique (Italie)
Politique internationale
Portrait
Presse
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
-
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1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
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A language of the resource
Français
Anglais
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Lundi le 23 juillet 1849
Heure
Onze heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Lundi 23 juillet 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-07-23
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Conditions matérielles de la correspondance
Politique (Angleterre)
Diplomatie
Salon
Femme (politique)
Réseau social et politique
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Lundi le 23 Juillet 1849 onze heures<br /><br />J'attends l'heure de la poste avec une vive impatience. Je commence en attendant ma relation d’hier. J’ai vu Flahaut, Cetto, Kielmansegge. Tous les trois fort occupés et révoltés de la séance de Samedi à la Chambre basse. Lord John Russell faisant amende honorable à la Chambre pour avoir osé qualifier (dans une précédente séance) la révolution de Hongrie, d’insurrection. Palmerston appelant Lord Aberdeen an antiquated imbecility. Voilà les aménités qui se sont dites. Lord Palmerston a eu un complet triomphe comme de coutume, & il lui sera loisible de faire jusqu’au mois de février comme il l’entendra : il était en pleine gloire à son Dieu.<br />Le soir quelques personnes seulement car Lady Palmerston ne sachant pas si son mari serait encore ministre ce jour- là n’avait prié que quelques intimes. C’est ce qu’elle a dit elle-même à Cetto. Votre ambassadeur a fait la connaissance avec quelques diplomates. On ne trouve pas sa femme jolie. De lui, on dit qu'il est assez bien rappelant un peu M. G. de Beaumont. La princesse Metternich et Mad. de Flahaut ont eu hier une vive dispute à propos de la Hongrie. Mad. de Metternich est sortie de son salon et à dit à Flahaut qu’elle n’y rentrerait pas tant que Mad de [?]. y serait. Des témoins de cela ont été fort amusés & sont venus me raconter la scène. Cela a dû être drôle.<br />J’ai fait ma promenade en calèche avec Kielmansegge. J’ai été dîner chez Mad. Delmas. Madame de Caraman, Richard Metternich & & de la musique après le dîner. Mad. de Caraman joue du piano avec goût. Richard avec force. Le vieux aveugle grogne et voudrait renverser toute les constitutions du monde. Mad. Delmas occupée de mes yeux, de mon poulet. Enfin pleine de bonne grâce. Bonne femme. Voilà hier, et un ciel couvert l’air doux.<br /><br />4 heures Lady Alice m’a interrompue et voici votre lettre de Lisieux. Vendredi & Samedi. Merci merci de tous les détails. Je n'ai fait encore que parcourir, je vais lire & relire. Paul Tolstoy m'écrit aussi deux mots pour me parler de vous. Comme il vous aime ! Excellent homme, je vais bien le remercier. Votre lettre, vos lettres vont faire mon seul, mon unique plaisir. Je vous en conjure point d’accidents dans notre correspondance. Dieu sait ce que je ne croirais pas si j’en manquais un seul jour. Adieu. Adieu dearest. Adieu. Il pleut, il fait laid mais j’ai votre lettre. Adieu encore, encore.</div>
Conditions matérielles de la correspondance
Diplomatie
Femme (politique)
Politique (Angleterre)
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
Salon
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/895861430e61c716b51fc68d0a14f34d.jpg
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Mardi le 24 juillet 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
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Archives Nationales (Paris)
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Source
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Mardi 24 juillet 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-07-24
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Presse
Politique (Angleterre)
Relation François-Dorothée (Politique)
Diplomatie
Politique (Hongrie)
Réseau social et politique
Conditions matérielles de la correspondance
Relation François-Dorothée
Réception (Guizot)
Politique (France)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond mardi le 24 juillet 1849<br /><br />Je découpe du Morning Chronicle le passage (très abrégé à ce qu'on m'a dit) du discours de Lord Aberdeen qui s’adresse au roi et à vous. C'est pour le cas où le Galignani ou les journaux français l’auraient ouïe. Voici donc ce mardi dernier jour où nous nous sommes vus. Comme chaque minute de cette journée reste & reste vive dans mon souvenir jusqu’à ce que votre présence l'efface ou l’adoucisse. Votre présence, quand est ce que le ciel me l’accordera !<br />J’ai été voir hier Mad. de Metternich enragée plus enragée que jamais contre Lord Palmerston ces deux séances de vendredi et Samedi ont produit un grand effet, mauvais, cela a fait éclater la sympathie de la chambre basse pour les Hongrois, et assuré un grand triomphe à lord Palmerston. Une longue approbation de sa politique ; il fera plus que jamais rien que sa volonté. Il n'a jamais été aussi glorifié et ainsi glorieux, à la suite de cette séance il y a des public meetings pour demander au Gouvernement la reconnaissance de la république de Hongrie. Votre ami Milner s'y distingue. J'ai dîné hier chez Beauvale avec Ellice, il affirme que tout le monde est Hongrois au jourd’hui. Le prince de Canino est arrivé. Lord Palmerston l'a reçu. Il recevra certainement Marrini aussi. Demain & Samedi, lord Palmerston a de grandes soirées. On me dit cependant que Londres est à peu près vide. La peur [des] minorités vendredi à la chambre haute était si grande parmi les Ministres que Lord John lui-même a écrit des lettres de menaces à de vieux Pairs Tories pour les engager à retirer leurs proxies. Il annonce sa démission, une révolution, une république. C’est littéralement vrai ce que je vous dis. Lord Buxley, jadis Vansitart, a reçu une lettre de cette nature qui l'a tant épouvanté qu'il a de suite redemandé à Lord Wynfort le proxy qu'il lui avait confié. Je vous entretiens des petits événements anglais, biens petits en comparaison de tout ce qui se passe hors d'Angleterre.<br />Dieu veuille qu’il ne se passe rien en France. Il me faut la France tranquille, vous tranquille. Lord Normanby écrit qu'à [?] lorsque le Président y est venu on a crié à bas la république, vive l’Empereur et pas de bêtises. " Je trouve cela charmant, je ne demande pas mieux.<br /><br />Midi. Voici votre lettre de Dimanche. La correspondance va bien. Gardons ce bien précieux le seul qui nous reste. J'envoie ma lettre à la poste de bonne heure, c'est plus sûr. J’aime ce qui est sûr. Adieu. Adieu. Je suis bien aise que vos amis viennent vous voir n'importe d'où. Je voudrais vous savoir entouré. Je ne veux pas que vous vous promeniez seul. J'ai si peur. Adieu. Adieu dearest. Adieu.</div>
Conditions matérielles de la correspondance
Diplomatie
Politique (Angleterre)
Politique (France)
Politique (Hongrie)
Presse
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Relation François-Dorothée (Politique)
Réseau social et politique
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
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Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Lundi le 30 juillet 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
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Richmond, Lundi 30 juillet 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-07-30
Language
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Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Réseau social et politique
Circulation épistolaire
Politique (France)
Réception (Guizot)
Diplomatie
Enfants (Benckendorff)
Politique (Italie)
Politique (Vatican)
Santé (Dorothée)
Enfants (Guizot)
Femme (mariage)
Relation François-Dorothée
Eloignement
Mariage
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond lundi le 30 juillet 1849<br /><br />Duchâtel m’a tenu longtemps et mon essai de la poste de 4 heures ne peut pas se faire aujourd’hui. Il part le 4. Il s'embarque à Ostende, le lendemain il dîne à Spa chez sa belle-mère. Il ira ensuite à Paris pour peu de jours & de là chez lui dans le midi. Je crois qu'il préfère ne pas débarquer dans un port français. Son arrivée ne fait pas événement et il aura fait d'une pierre deux coups, la France & Paris. On lui écrit pour lui conseiller cela. Il sera à Paris encore avant la dispersion de l'Assemblée. On lui mande que Morny est un vrai personnage et que c’est lui qui pousse à l’Empire. Duchâtel n’y croit pas. Il ne voit d’où viendrait le courage. En même temps je pense, que si on le tentait cela serait accepté par tous, lui, Duchâtel le premier. Morny a écrit à Duchâtel une lettre très vive d'amitié, de vœux de le voir à Paris, à l’Assemblée, disant que des gens comme lui sont nécessaires & &<br />Il faut que je vous dise qu'ayant été très inquiétée par suite de ce qui s’est passé au Havre le 19. J’avais écrit au duc de Broglie pour lui demander s’il voyait du danger pour vous au Val-Richer, il me répond et me rassure pleinement, me disant que les quelques cris poussés au Havre n’avaient aucune signification aucune portée mais voici comme il finit sa lettre... " Votre bon souvenir m’est d’autant plus précieux que je n’espère point vous revoir ici. Vous avez vu les derniers beaux jours de la France, ni vous, ni nous ne les reverrons plus. " Il n’espère pas me revoir. Cela veut dire poliment que je ferai grand plaisir en ne [?] pas. C’est clair. Je [?] bien ne pas lui faire ce plaisir. Lettres de vendredi et Samedi très intéressantes. Je vois que vos journées sont bien garnies. J’en [suis] bien aise. J’aime qu’on vienne [vous] voir.<br /><br />Mardi 31. Onze heures<br />[?] ce que m'écrit mon fils de [?] en date du 20. [Je] vous ai écrit dans le temps que les français mettaient le maintien [de] la constitution comme prix au [retour] du Pape, ils n’auraient rien [?], & que si le Pape avait la faiblesse d’accepter cette condition [?] serait recommencé. D’après tout ce que j'ai su, le [?] Pape retournerait à Rome les mains libres. Lui de sa personne ne retournera qu’après un an à Rome où il serait représenté par une commission, et toutes les commissions le [?] à une sécularisation partielle de l’administration. En attendant le Pape irait probablement résider dans quelque ville des légations. Rayneval qui c’est conduit dans toute cette affaire avec sagesse et habileté succéderait dit-on à Haverest. Si le pays est tranquille et gouvernement fort. "<br />Voilà un petit rapport très bien fait. Je lis avec plaisir que mon Empereur a écrit au Président pour lui annoncer, je crois la mort de sa petite-fille. Voilà les relations régulières rétablies. Cela ne fera pas à Claremont autant de plaisir qu'à moi.<br />Hier M. Fould s’est annoncé chez moi, je l'ai reçu. Quelle figure ! Che bruta facia ! Puisque nous sommes voisins, il a cru devoir venir. Il m’a rassurée sur le choléra de Richmond aussi bien que sur celui de Paris. Il arrivait de là. Il dit que c'est bien vide & bien triste. J'ai fait ma promenade en voiture avec lord Chelsea. Le soir j’ai [?] le piquet à Lord Beauvale. Cela ne lui a pas plu du tout. Je suis un mauvais maitre.<br />J’ai pris un nouveau médecin à Richmond. J'ai horreur de celui qui m’a tant effrayé l’autre jour. M. G. de Mussy reviendra me voir aussi. Adieu. Adieu. Aujourd’hui Mardi, Il y a quinze jours, je vous ai vu encore. Je ne veux pas me laisser aller à vous dire tout ce que je sens, tout ce que je souffre ! Trouvez un mari, je vous en prie. Travaillez- y. Adieu. Adieu dearest adieu.</div>
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Enfants (Benckendorff)
Enfants (Guizot)
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Title
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1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Le 8 août 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Mercredi 8 août 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-08-08
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Réseau social et politique
Politique (France)
Réception (Guizot)
Enfants (Benckendorff)
Circulation épistolaire
Politique (Angleterre)
Politique
Politique (Russie)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond le 8 août 1849<br /><br />J'ai eu hier une longue & bonne lettre de Montebello. A propos de tous les mea culpa exprimés par tous les côtés, il me dit " Thiers a fait le procès du gouvernement provisoire qui est aussi un peu le sien. Si on était logique il faudrait en conclure que celui qui a le moins failli est M. Guizot et se hâter de l’envoyer chercher au Val-Richer, où, tout considéré je suis bien aise de le voir. Il grandit dans sa retraite et son jour viendra. " Il veut vous faire visite. Il veut venir ici aussi. Je le voudrais bien.<br />J'ai eu aussi une très bonne et affectueuse lettre du grand duc héritier, pleine de respect, de souvenir, & d’amitié. Il m'écrit de Grodus en marche pour Varsovie à la tête de la garde Impériale. La femme de Constantin est accouchée d'un fils. Il en est dans un grand bonheur. Il allait la quitter le 3ème jour pour retourner auprès de l'Empereur à Varsovie. J’ai vu hier lord John Rusell tout rempli du succès de voyage de la Reine. L’enthousiasme est immense. Cela ne peut s’adresser qu'à la durée d'une dynastie, ou à un très grand homme. Il n'y a plus de grands hommes, et une petite fille de mérite très médiocre devient un objet de vénération et d’idolatrie par cela seul que son arrière grand-père, a régné là où elle règne aujourd’hui. Certainement il y a dans cette réflexion de quoi frapper beaucoup aujourd’hui les esprits partout si toutes fois, les esprits du continent sont susceptibles de réflexions sages.<br />La princesse Crasalcovy à dîner chez moi hier, nous nous sommes fait traîner à nous trois en calèche très découverte jusqu’à 10 heures du soir par le temps le plus beau, le plus chaud du monde. Cette nuit il y a eu de l'orage mais l'air n’en est pas rafraîchi. J’ai fait lire à John Russell la lettre de Montebello qui l'a fort intéressé. Il dit ce que vous me dites. Cela ne peut pas durer comme cela, mais on ne sait comment s'y prendre. Tranquillité assurée pour quelques mois, mais après ? God knows. Tolstoy m'écrit du Havre. Ce pauvre Pogenpohl est en paralysie. Adieu, dearest Adieu. Mille fois.</div>
Circulation épistolaire
Enfants (Benckendorff)
Politique
Politique (Angleterre)
Politique (France)
Politique (Russie)
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/3de66c8e190907cabaa5d36550ea5fcf.jpg
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Vendredi 10 août 1849
Heure
Onze heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
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Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Vendredi 10 août 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-08-10
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Réseau social et politique
Politique (Angleterre)
Conversation
Révolution
Politique (France)
Réception (Guizot)
Posture politique
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond vendredi 10 août 1849<br />Onze heure<br /><br />Flahaut est venu passer quelques jours à Richmond, il est venu me voir hier matin triste aussi sur la France mais beaucoup plus noir qu’il ne faut. Il est ridicule de dire que c'est un pays perdu, une nation pourrie. Une grande nation, un grand pays savent toujours se relever. Il attend Morny en Écosse après la prorogation. Je le verrai sans doute ici puisque l'une des petites Flahaut y reste. Flahaut a fait visite à Claremont. La conversation s’est engagée sur la Hongrie. La Duchesse d’Orléans espérant bien qu’on ferait grâce à un Bathiany à un Caroby, Flahaut espérant bien qu’ils seraient pendus. La duchesse d’Orléans parlant de nationalité, de leurs droits ; Flahaut décidant que ce ne sont que des révolutionnaires et des rebelles. Enfin la conversation s'est échauffée au point que Flahaut a dit : " Pour moi, j'ai une telle horreur de tout ce qui sent une révolution que je demande pardon à Dieu tous les jours de m'être réjoui de la révolution de juillet. " Grand silence que le roi a rompu en disant : " vous savez bien que ce n’est pas moi qui l'ai faite. " La Duchesse d’Orléans parle de rester jusqu’à la fin du mois.<br />Grand orage hier qui a un peu rafraîchi l'air, ce qui était nécessaire. J’ai manqué John Russell qui était venu me voir. Beauvale comme de coutume, Lady Alice, les Delmas. Pas de nouvelles. Le cholera continue à Londres. Hier 110 morts. On ne me parle pas de celui de Richmond, & je n'interroge pas. Flahaut m’a interrompue ; il croit qu'il se passera quelque chose à Rouen ou au Havre. Va pour quelque chose. Voici votre lettre d’avant hier. Bonne. Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr. Adieu. Adieu. Adieu.</div>
Conversation
Politique (Angleterre)
Politique (France)
Posture politique
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
Révolution
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
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Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Samedi le 11 août 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
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Richmond, Samedi le 11 août 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-08-11
Language
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Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Politique (France)
Réseau social et politique
Politique (Italie)
Relation François-Dorothée
Politique (Hongrie)
Politique (Autriche)
Politique (Russie)
Relation François-Dorothée
Révolution d'Angleterre (œuvre)
Culture
Réception (Guizot)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond samedi le11 août 1849<br /><br />J’ai vu longtemps Flahaut hier le matin chez moi, le soir chez Beauvale. Il ne sait rien de nouveau de Paris. Il a des lettres de G. Delessert de Naples. Il avait passé à Rouen quelques jours, grande tranquillité, excellente tenue de l'armée, sa population bienveillante pour elle. Quant au Pape la plus complète indifférence à son égard. A Naples tout va bien.<br />Lady Palmerston est venue me voir, très radicale et parlant toujours de concessions à faire à l’esprit du temps. Ce rabâchage est ennuyeux. Lord Chelsea était présent, il a ri comme moi. Elle ne m’a rien appris de nouveau. Toujours le même vœu pour la France. Ils attendaient hier Le duc de Lenchtemberg à Londres. Le Roi Louis-Philippe la reine et toute la famille sont venues prendre le thé au Star & Garter hier. J’ai rencontré la duchesse d’Orléans marchant sur la terrasse. Lady Alice est venue dîner avec moi. Elle n’a plus de cuisinier du tout. Pourquoi a-t-on rappelé le général Oudinot ? Est-il trop catholique ? M. de Falloux me plait beaucoup. C'est une vraie acquisition pour le gouvernement. Le Times a aujourd’hui à son sujet un long article fort bien fait ou il démontre. Comment Louis Philippe était à tout jamais privé des services des gens de ce parti, tandis que la République peut les réunir tous. Seulement il range M. de Tocqueville parmi les légitimistes. Ceci n’est pas exact je crois. Comme je regrette que vous ne veniez pas dîner chez moi ! Le pain ici est excellent, le dîner fort bon aussi, vous voyez bien que je ne vous regrette que pour cela. Lady Palmerston me disait hier que le Consul Anglais à Yassy annonce l’entrée de 25 m. hommes de troupes hongroises en Moldavie. On n’y comprend rien, & l’étonnement là est extrême. Cela peut forcer la Porte à faire cause commune avec l'Autriche & la Russie.<br />Voici votre lettre. Il faut causer pour que je comprenne votre préface, & j'espère bien que nous causerons. L’occasion serait excellente pour dire d’excellentes choses. Adieu. Adieu. Demain le mauvais dimanche. Adieu dearest adieu. J'aime mieux que vous ne soyez pas du Conseil général. Flahaut souhaite le contraire. Adieu.</div>
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Politique (France)
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Title
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1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
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<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Mercredi 15 août 1849
Heure
6 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 11
Title
A name given to the resource
Richmond, Mercredi 15 août 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-08-15
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Politique (Angleterre)
Réseau social et politique
Conversation
Santé (Dorothée)
Politique (Italie)
Politique (France)
Réception (Guizot)
Santé (Dorothée)
Enfants (Benckendorff)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Mercredi 15 août 1849 6 heures<br /><br />Je viens de voir lord John, le hasard a fait qu’il me citait un mot un peu radical de Lord Grey l'actuel, je lui dis à cela, que je croyais que lord Palmerston était le seul radical des ministres, qu'au moins on prenait bien du soin pour le classer ainsi et le distinguer des autres. Vous voulez parler du portrait & du discours dans les meetings ? oui. à quoi Lady John observe qu’elle ne croit pas qu’il ait recherché cela. C’est possible, mais il l’a mérité Lord John. I Wonder whether they are flatered by it. Si Lord Palmerston est un homme d'esprit, il devrait ne pas l’être, ce sera la pierre de touche, quant à moi je croirai convenable de lui en faire un compliment de condoléance. Lord John a ri ; bien des petits mots & des petits gestes m'ont prouvé que la chose lui déplairait fort. J’ai eu soin de glisser dans la conversation le mot de position isolée. J’ai voulu vous dire cela tout de suite pour ne pas l'oublier. Hier lord John & les Palmerston ont dîné chez Brunnow avec le duc de Lenchtemberg. Il n’y avait d'Anglais qu’eux. Les Collaredo y étaient mon fils aussi qui ne parait que quand il y a du [?]. Lord John a distingué un nommé Mussard le secrétaire du commandement du Prince avec lequel il a causé & qu'il a trouvé homme d'esprit. Vous ai-je parlé de lui ? Il a vraiment de l’esprit. <br /><br />Jeudi le 16. Je ne me remets pas et cela m'ennuie. Je fais ce qu'on me dit ; j'ai une très pauvre mine je crois que M. G. de Mussy vient aujourd’hui. Je vois toujours chez moi tout Richmond, je suis sortie aussi le temps était avez beau quoiqu'il soit fort rafraîchi. Lord John en me parlant hier de Rome, me dit qu'on leur demande conseil sur ce qu’il y a à faire là (je suppose qu'il veut dire les Français) et qu'on a répondu d'ici qu’on n’avait aucun conseil à donner. La situation est bien désagréable. Il est évident que la conduite du Pape est insensée. Les français vont-ils soutenir et protéger les cardinaux, ou les combattre ? Ou se retirer de là absolument ? Mauvaise affaire.<br />Je vous prie ne soyez pas du conseil général. Un journal anglais dit ce matin que vous en êtes. Je ne veux pas le croire.<br />1 heure. Voici votre lettre. Vitet dit comme le Journal des Débats sur le Havre. Va donc pour la république. What a bore ! Imaginez que les Ellice restent à Brighton, pas de Paris les parents n’en veulent plus. Adieu. Adieu & Adieu dearest.</div>
Conversation
Enfants (Benckendorff)
Politique (Angleterre)
Politique (France)
Politique (Italie)
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
Santé (Dorothée)
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Jeudi le 6 septembre 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
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Archives Nationales (Paris)
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Source
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 12
Title
A name given to the resource
Richmond, Jeudi 6 Septembre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09-06
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Réseau social et politique
Conversation
Diplomatie
Politique (France)
Circulation épistolaire
Portrait
Réception (Guizot)
Famille Benckendorff
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Jeudi le 6 septembre 1849<br /><br />Morny est venu hier. Je l'ai fait dîner avec moi et causer beaucoup. Grande affection pour le président, et l'opinion de lui qu'en a tout le monde, sans exagération. Le président ne veut rien hâter. Cela viendra de soi-même. Un changement dans le ministère est inévitable dés le retour de l’Assemblée. Molé & Thiers sont prêts et désirent le pouvoir. Barrot resterait garde des sceaux, Molé aff. étr., Thiers finances ou intérieur. Benoist, je ne me rappelle plus qui encore. Le président aime beaucoup Molé. Celui-ci & du courage beaucoup plus que Thiers, et au fond c’est le président qui n'était pas pressé de prendre celui-ci comme ministre. Grand discours éloge de Falloux, tout-à-fait premier personnage dans l’Intérieur & la confiance de tous. Montalembert aussi. Les légitimistes imbéciles et rendant tout difficile. Berger n’est pas de ce nombre. Broglie très compté & respecté mais pas très pratique. Piscatory faible. On avait tant dit de lui qu’il était cassant, qu'il s'est mis à joué le modéré, il fait cela gauchement avec exagération et on en rit. On rit surtout de la Redorte. L’un et l'autre ayant frisé le ministère se considèrent toujours comme candidats. Excellentes relations avec Kisselef. Grand éloge de celui-ci. Normanby une vacature qui ne quitte pas le président. Tout aussi ridicule que jamais Morny a essayé une explication de la conduite envers vous. Vous avez été mal informé. C'est par égard & amitié pour vous qu’il craignait que vous ne fussiez élu. Et certainement plus le temps coule & plus on voit que vous êtes le premier homme de votre pays. Is not the word this war the meaning.<br />Les Orléans parfaitement oubliés. Paris tranquille & charmant. Il va en Ecosse & retourne pour la rentrée de l'Assemblée. Je le verrai encore. J'ai eu une longue lettre de d’Impératrice, excellente, de [?], elle a voulu aller à Fall voir le tombeau de mon frère. Elle en revenait encore. Grande joie de nos victoires et elle me dit : " Palmerston va être bien affligé pour ses chers Hongrois, lui qui formait des vœux sincères pour nos défaites. " Cette lettre a été bien ouverte. J'espère que c’est en Angleterre. J'ai déjeuné hier chez la duchesse de Glocester. On serait charmé dans la famille royale que Claremont décampât et allât en Italie. On est fatigué de leur présence. La reine est de cet avis aussi. Cette reine vient de passer deux jours dans une petite chaumière isolée dans les Moors. Personne que son mari, une femme de chambre, un valet de pied & un marmiton & deux [ ?]. Le valet de pieds habillant le prince, les [?], & ramant le couple royal sur le lac. Une hutte composée de deux chambres pour le ménage un autre pour les domestiques pas d'habitation à 40 miles à la ronde. Elle écrit dans des extases de joie. C’est charmant d’être jeune. Voici mon petit billet de Metternich. Assez spirituel. Pas de grande feuille. Vous ne l'aurez jamais. Votre lettre m’arrive. Quelle idée que l’Empereur ait donné son portrait et celui de l’Impératrice à Lamoricière. C’est un conte. Mais Morny me dit qu'on le traite très bien. Adieu. Adieu. Adieu.</div>
Circulation épistolaire
Conversation
Diplomatie
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Portrait
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Broglie
Date précise de la lettre
Le 25 septembre 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Richmond, Mardi 25 Septembre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Richmond (Angleterre)
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1849-09-25
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Français
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Correspondance
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Circulation épistolaire
Réseau social et politique
Politique (France)
Réception (Guizot)
Conditions matérielles de la correspondance
Relation François-Dorothée (Politique)
Conversation
Révolution
Politique (Grèce)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond le 25 septembre 1849<br /><br />Lord John a été frappé de la lettre de l'Empereur au comte Nesselrode. C’est au Manifeste. Il y a de l’intention dans chaque ligne pas mal d'orgueil. L'avez-vous lu avec attention ? le 26. jeudi Le feuilleton des Débats de Samedi est très remarquable. Des choses très frappantes, seulement la dernière scène n’est pas exacte. Le roi ne gouvernait plus alors ; C'était la princesse de Montpensier Emile Girardin & &. Du reste vraiment c'est un article très curieux & très bien fait. Le roi & la Reine se promenaient hier à pied dans le parc ils viennent en [raiment], mais toujours à l’heure où je suis rentrée, de sorte que je ne les rencontre pas. J’ai vu hier matin Van de Weyer & Flahaut. Celui-ci arrive d'Ecosse. Il restera probablement une quinzaine de jours à Richmond. Sombre sur Paris, sur la France. Renvoyez-moi je vous prie la dernière lettre de Beauvale celle sur vos affaires. Elle m’a tant plus que je veux la garder, tant de good sens. Les Metternich sont décidés pour Bruxelles. Je ne sais si cela plait tout-à-fait au roi Léopold. Je suis bien contrarié de ne plus recevoir vos lettres que tard, je ne puis pas y répondre. J’appends que mon fidèle correspondant que lord Palmerston est bien aigre contre lord Grey & contre lord John à propos de l’affaire de Malte. J’apprends aussi que lord Palmerston est en grande espérance d'une révolution en Grèce, et qu'il s’en mêle. Voilà tous mes commérages pour aujourd’hui. Adieu. Adieu Pauvre lettre Adieu.</div>
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Conditions matérielles de la correspondance
Conversation
Politique (France)
Politique (Grèce)
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Réseau social et politique
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-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
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Français
Anglais
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Description
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<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Broglie
Date précise de la lettre
Mercredi 26 septembre 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 12
Title
A name given to the resource
Richmond, Mercredi 26 Septembre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09-26
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Réseau social et politique
Politique (France)
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Relation François-Dorothée (Politique)
Parcours politique
Portrait (François)
Conversation
Salon
Femme (politique)
Presse
Révolution
Diplomatie
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Mercredi 26 septembre 1849<br /><br />Vous voilà donc écrivant toujours vous fatigant la tête. Pourquoi ? [Vain est] bien la peine de parler raison à des gens qui ne savent pas la comprendre. Dire des vérités mais de quoi cela sert il ? Si non à augmenter le paquet assez gros d’ennemi que vous avez déjà. Moi je vous voudrais tranquille, reprenant tranquillement une douce vie à Paris. Ceci ne vous la rendra pas plus facile qui sait si cela ne vous empêchera pas d'y venir ? Vous aurez fait de la belle. besogne. Dormez. Mangez, pas trop, menez une vie paisible, ne vous tracassez pas. Laissez aller le monde comme il lui plait d’aller. Vous ne le reformerez pas. Il y aurait trop de vanité à croire que vous le pouvez. Les Français sont incorrigibles, vous ne les corrigerez pas. Mais je veux que vous vous portiez bien, et que nous causions tranquillement des misères de ce monde, de ses drôleries aussi, car il est drôle. N'êtes-vous pas un peu philosophe aussi ? On le porte mieux à ce métier. ces deux pages sont le produit de votre lettre. Je parlerai [?] cela bien mieux que je ne puis vous écrire. I do my best.<br />Jeudi 27 septembre Voici une lettre. Assez curieuse, vous me la renverrez. Flahaut est venu jaser hier. Trois heures de séance, très bonne conversation. Beaucoup de good sense. Deux idées favorites absolues : l’Empire, et l'abolition de la liberté de la presse. Sans elle on ne sortira jamais des Révolutions. De quoi servent des lois restrictives ? On publie journellement des horreurs. Si cela continue, le monde croulera, la société s’entend pour cela je le crois. Flahaut a parlé à lord John un langage bien France sur lord Palmerston. Il est impossible de dire plus & plus fort. Il écoute, il sourit el va à Woburne pour 10 jours. Je le reverrai encore à son retour. Evidement les Metternich tout bien de quitter l'Angleterre. Elle ne se possède plus. Son langage est si violent qu'elle pourrait bien s’attirer des désagréments ici. On peut bien haïr & nuire mais avec plus de convenance M. Guenau de Mussy vient me voir quelques fois. Hélas il est prié par le roi. Il reste attaché à sa maison. 20 m. Francs par an, & les pratiques qu’il pourra se procurer à Londres. Je regrette fort qu’il ne vienne pas à Paris. J'aurais en lui pleine confiance. Imagines que lord John Russell & M. Drouyn de Lhuys ne se connaissaient pas. Ils se sont vus une fois à la chambre des communes. Voilà tout. John a porté sa carte, l’Ambassadeur l'a rendue, & c’est fini. C’est incroyable. Certainement le tort est à l’Ambassadeur. C'est à lui à rechercher le premier ministre. Adieu, car je n’espère pas votre lettre. Je vais me plaindre à lord Clauricarde. Adieu. Adieu.</div>
Conversation
Diplomatie
Femme (politique)
Parcours politique
Politique (France)
Portrait (François)
Presse
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Relation François-Dorothée (Politique)
Réseau social et politique
Révolution
Salon
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Broglie
Date précise de la lettre
Vendredi le 28 septembre 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
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Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 12
Title
A name given to the resource
Richmond, Vendredi 28 Septembre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09-28
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Réseau social et politique
Conversation
Salon
Portrait
Politique (France)
Réception (Guizot)
Parcours politique
Travail intellectuel
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond vendredi le 28 sept. 1849<br /><br />M Achille Fould est venu me voir, je ne sais trop pourquoi. Sa conversation m’a intéressée. Il a de l'esprit, & il n'y a rien d’exagéré dans ses idées ni son langage. Espérant, désirant autre chose comme tout le monde. En voyant pas trop comment on pourrait s'y prendre pour y arriver. Le parti conservateur mais seulement tant qu'il a peur. Le jour où l’on n’aurait plus peur, chacun voudra tirer de son côté. Croyant aux charmes de Louis Napoléon plutôt qu’à tout autre. croyant aussi que la président pour 10 ans est une question sur la quelle tout le monde pourrait s’entendre. Mais même pour cela il faudrait un homme de courage pour le proposer. Il n’est amoureux ni de M. Dufaure, ni de M. de Falloux. Il dit de celle-ci, un doctrinaire et un jésuite. De l’autre, il travaille pour Cavaignac. Disant beaucoup de bien du prince. Approuvant toutes ses fautes, parce qu’en définitive elles lui profitent toutes. Il a passé deux heures hier avec le Roi. Pas l’idée de rapprochement entre les 2 Bourbons. Au contraire, le roi se plaignant que la branche aîné ne fait rien pour cela et répétant que l’initiative ne saurait être prise par la cadette. Les princes sont en Ecosse à la chasse. Les Nemours ne sont pas revenus d'Allemagne. M. Fould serait fâché que M. Molé entrât, il doit se réserver pour un meilleur moment. Mais il sait qu’il en a envie, quant à Thiers ce ne serait pas une acquisition. On n'a pas confiance en lui, ni aucune considération pour lui.<br />Il m’a parlé de vous, de ce que dans un an ou deux vous deviez nécessairement vous retrouver l’homme important, le seul. Qu’en attendant il valait bien mieux pour vous et pour cet avenir ne pas faire partie de l'assemblée. On a accusé le parti conservateur de n’avoir pas poussé à votre élection. C'était par amour pour vous. J’ai dit ici. On a repoussé. Et c'est là ce qui a étonné tout le monde. Il a équivoqué des interrogations sur ce que vous allez faire. Rien, il reste tranquille chez lui. Il écrit. Parce qu'il a besoin d'écrire. Une grande honte pour notre pays. Et puis si vous viendriez à Paris. Je ne sais pas, peut être. Il n’est pas prévu. Voilà à peu près tout.<br />Samedi le 29. Flahaut a été voir le roi hier. Il l'a trouvé bavard, mécontent de tout le monde. N’aimant que l'Angleterre. Et décidé à mourir ici ; même à Claremont, ce qui véritablement n’arrange pas la cour. Mais dit Flahaut "Le roi a raison de penser à lui même." Voilà donc le manifeste du Pape. Que ferez-vous ? 1 heure. Vous avez donc eu mes lettres, me voilà rassurée. Ce que vous me répondez est triste. Pauvre pays. Petits hommes ! Adieu. Adieu. Bien vite. Je suis en retard aujourd’hui, mauvaise nuit, levée tard. Adieu</div>
Conversation
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Politique (France)
Portrait
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
Salon
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-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Dimanche 30 septembre 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Richmond, Dimanche 30 Septembre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Richmond (Angleterre)
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1849-09-30
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Français
Type
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Correspondance
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Réseau social et politique
Conversation
Portrait (François)
Réception (Guizot)
Parcours politique
Politique (France)
Politique (Russie)
République
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond dimanche 30 septembre 1849<br /><br />Je sais le fait que Schwarzenberg a enfin répondu à la dépêche de Lord Palmerston sur la Hongrie & que cette réponse est excellente. Je ne l’ai pas lue, j'en saurai peut-être davantage. Lord Aberdeen est très curieux de cela. Il ne cesse de m'écrire à ce sujet. Peel va passer quelques jours chez lui, & il tient à l’endoctriner. Peine perdue je crois. Le Pce Metternich est fort occupé de son départ. Dans 10 jours il s'embarque pour Ostende. Il est en bonne santé. M. de Hübner est ou sera nommé ministre à Paris. C'est le président lui-même qui l’a désiré. Ce Hübner est, dit Metternich un homme très intelligent, et de la bonne école. Mais il n’est ni plus ni moins que le gendre de M. Pilat, rédacteur des Oestereihisher [?] et fils naturel d'un ami de ce même Pilat. Ce n'est pas très aristocratique. Thom passe ministre en Suisse. Je le regretterai beaucoup à Paris. Morny est très occupé d’affaires à Londres. Il ne retourne pas encore à Paris. Ces affaires c'est des affaires d’argent. Je vous ai dit que Lord John est allé à Woburn pour huit. jours. Il y a maintenant près de deux mois qu’il n’a vu lord Palmerston. J’ai lieu de croire qu’ils sont assez froidement ensemble. A propos vous saviez César & Auguste avant Lord John, car il n'en a eu connaissance qu'il y a trois jours. C’est drôle. Je vous envoie un billet de Metternich, spirituel & sévère sur le journal des Débats. Je crois qu'en vous rendant compte de la conversation de M. Achille Fould je n’ai pas assez appuyé sur ce qu'il m’a dit de vous. Personne n’approche de votre talent, & vous êtes le seul homme en France qui ayez du courage. Infailliblement vous vous retrouverez là où vous devez être. Moi je dis que je vous prêche & que je désire [ ?] l'abstention, le repos. Il dit c’est impossible. Il fait beaucoup plus de cas de Molé que de Thiers.<br />4 heures. Voici Morny qui est venu passer une heure avec moi. Ses nouvelles de Paris sont qu’il peut considérer M. de Falloux comme hors du cabinet. Il le regretterait du reste toujours le même dire. On ne peut rien faire parce qu'on ne peut pas s’entendre sur la chose à faire. Si l'Empire On perd les légitimistes. On les perdrait peut-être même si on demandait la présidence pour 10 ans. Son opinion est qu’on restera comme on est, et que c'est là l'avis de tout le monde. Il m’a parlé très mal de Lamoricière de Drouyn de Lhuys, de tout le paquet qui tient de près ou de loin au paquet Cavaignac, Dufaure. Il croit que l’assemblée fera renvoyer & les préfets objectionnables. Il n’est pas prévu de retourner à Paris. Deux choses : il se dit charmé du Manifeste du pape. Après tout. Il a fait des concessions & il est meilleur juge que la France de la mesure des concessions. Et puis plainte de ce qu'on, nous russes par exemple, nous sommes trop polis pour la république. Nous avons par non rudesses contribué à la chute de la monarchie de juillet. Nous pourrions bien par nos bons procédés contribuer à la durée de la république. On était plus poli même pour Cavaignac que pour Louis Philippe. Morny voudrait que tout le monde se mêlât de décréditer cette forme de gouvernement. <br />1er octobre lundi. Voici l’étonnante nouvelle de la rupture entre la Russie & la porte ! Si cela est vrai c'est une bien grosse affaire. J’ai peine à y croire. Mais je crois certainement que Palmerston y pousse. Ah quel homme ! Je suis très préoccupée de cette grande nouvelle. Brunnow n’a pas bougé de Brighton depuis 6 semaines. Il ne cesse d'écrire et d’envoyer des courriers, mais il est là tout seul, il n’a pas vu une seule fois Lord Palmerston qu'est-ce qu'il écrit ? J’attends votre dernière lettre du Chateau de Broglie. Voici vos deux lettres, merci merci. Curieuses. Intéressantes. Je n’ai pas le temps d’y répondre il faut que ceci parte. Adieu. Adieu, adieu.</div>
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1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
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Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
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Français
Anglais
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
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<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Dimanche le 7 octobre 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 12
Title
A name given to the resource
Richmond, Dimanche 7 octobre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Richmond (Angleterre)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-10-07
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Politique (Autriche)
Politique (Russie)
Guerre
Diplomatie (Russie)
Diplomatie (Angleterre)
Conversation
Réception (Guizot)
Circulation épistolaire
Réseau social et politique
Portrait
Politique (Turquie)
Politique (Internationale)
Femme (politique)
Politique (Grèce)
Conditions matérielles de la correspondance
Santé (Dorothée)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Richmond Dimanche le 7 octobre<br /><br />Metternich ne peut pas croire que cela devienne la guerre. Il croit que la Turquie aura cédé moi, j’ai peur que non, et comme je ne puis concevoir que l'Empereur se rétracte s’il est vrai qu'il a dit, extradition ou guerre, il y aura la guerre. L’incertitude durera encore près de 3 semaines de Pétersbourg doit venir tout. Je n’ai pas vu encore John Russell, il n’est revenu d' Osborne que cette nuit. Je le verrai aujourd’hui. Sa femme est venue chez-moi, très vive. Le Globe est d'une insolence sans égale. Il appelle l'Empereur insane. je ne me fais au fond pas une idée bien claire de toute cette affaire. On la fait bien grosse ici. L’est-elle vraiment autant ? Tout est énigme. D'un côté Sturnier et Titoff agissent comme un seul homme. D’un autre côté comment. admettre que l’Autriche s'associe à nous pour aboutir peut être à la destruction de l'Empire Ottoman ? A Vienne personne n’est inquiet, on ne parle pas même de l'incident. Les l’étourderie ave laquelle on a engagé l’affaire de Rome c’est Toqueville qui rit. Les Palmerston restent à [?] chez L. Baauvale. On m'écit en confidence qu’ils ne peuvent pas rentrer chez eux. Ils seraient pour suivis, saisis pour dettes. Quelle situation ! Le 8 Longue conversation avec Lord John. Toute l’histoire telle que vous la connaissez. La porte ne refuse ni n'accorde. Elle attend les suites de l’envoi de Fuat Effendi. (mais lui permettra-t-on de passer la frontière ). Strattford Canning se vante de n’avoir pas voulu voir nos ministres, il regarde cela comme son devoir. Plaisant médiateur, et il appelle cela faire son devoir. Lord John est convenu que c’était singulier. Peut être ancienne rancune Et vous acceptez les conséquence de cette rancune ? Il a ri. La dépêche pour [Pétersbourg] n'est pas encore partie. Elle a été revue par tout le cabinet. Aucun ordre n’a encore été donné a L'amiral Parker. Mais à propos. On ordonne à Parker d’aller s’emparer de 2 petites îles voisines de 7 îles, en possession du Gouvernement grec. Mais on croit que le gouvernement n’a pas le droit de les posséder. On va donc les lui prendre. C’est impayable. fonds à Paris et à Londres ne se sont guère émus. Et cependant le langage ici dans tous les partis, dans tous les journaux est aussi menaçant que possible. Je suis curieuse de la conversation de Lord John. Voici un bout de lettre de Beauvale qui vous regarde. Il a bien de l’esprit. J'ai eu hier à dîner Lady Allice qui est venue passer quelques jours avec moi. Mad. de Caraman, lord Chelsea & Bulwer. Je n’avais pas vu celui-ci depuis 4 mois, il est près de son départ pour l'Amérique, pas très pressé pour son compte. Il revient de Paris, il a beaucoup causé avec M. de Toqueville. Il me le donne pour un homme de beaucoup d’esprit. Il rit de l’étourderie ave laquelle on a engagé l’affaire de Rome. C’est Toqueville qui rit. Les Palmerston restent à [?] chez L. Baauvale. On m'écit en confidence qu’ils ne peuvent pas rentrer chez eux. Ils seraient pour suivis, saisis pour dettes. Quelle situation ! Le 8 Longue conversation avec Lord John. Toute l’histoire telle que vous la connaissez. La porte ne refuse ni n'accorde. Elle attend les suites de l’envoi de Fuat Effendi. (mais lui pemettra-t-on de passer la frontière ). Strattford Canning se vante de n’avoir pas voulu voir nos ministres, il regarde cela comme son devoir. Plaisant médiateur, et il appelle cela faire son devoir. Lord John est convenu que c’était singulier. Peut être ancienne rancune Et vous acceptez les conséquence de cette rancune ? Il a ri. La dépêche pour [Pétersbourg] n'est pas encore partie. Elle a été revue par tout le cabinet. Aucun ordre n’a encore été donné à l'amiral Parker. Mais à propos. On ordonne à Parker d’aller s’emparer de 2 petites îles voisines de 7 îles, en possession du Gouvernement grec. Mais on croit que le gouvernement n’a pas le droit de les posséder. On va donc les lui prendre. C’est impayable. Mes pauvres yeux m'empêchent de vous donner le [?] de cette curieuse conversation. Au total j’ai trouvé l'humeur plus douce qu’elle n'était dans le billet, des plaisanteries sur Palmerston, mêlé de défiance. De l'espoir que l’affaire s'arrangera. Un peu de peur cependant. Enfin mélange. Pas le langage d'un premier ministre. Voici votre lettre de Vendredi. Celle de samedi viendra plus tard. Vous voyez que vous faites bien d'écrire tous les jours. Adieu. Adieu.<br />Nous n'avons par dit livrez-les ou la guerre. Au contraire les termes sont très convenables. [?]</div>
Circulation épistolaire
Conditions matérielles de la correspondance
Conversation
Diplomatie (Angleterre)
Diplomatie (Russie)
Femme (politique)
Guerre
Politique (Autriche)
Politique (Grèce)
Politique (Internationale)
Politique (Russie)
Politique (Turquie)
Portrait
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
Santé (Dorothée)
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Lundi le 22 octobre 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
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Archives Nationales (Paris)
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Source
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 12
Title
A name given to the resource
Paris, Lundi 22 octobre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-10-22
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
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Subject
The topic of the resource
Politique (France)
Conversation
Réseau social et politique
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée (Politique)
Femme (politique)
Diplomatie (Angleterre)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris Lundi le 22 octobre 1849<br /><br />J’ai vu bien du monde hier. Le plus important de tous Molé qui est resté une heure 1/2 racontant le passé & le présent. Les vacances de l'Assemblée ont été fatales au président. Pour agir sur son esprit il faut la présence continuelle. Tout le monde à la campagne. Falloux, l'espérance de tous, malade et éloigné aussi. Restait Normanby & un mauvais entourage. Molé a perdu son influence. Le président agit selon ses propres idées. En grandissime défiance de tout ce qui n’est pas son house hold. Il a été enchanté du discours de Mathieu de la Drôme ! Il est très décidé à un coup d’État ; il le fera certainement avant la fin de l'année. Il est encombré de dettes, il lui fait du pouvoir pour avoir de l’argent. Il prendra le pouvoir. Molé très sensé ; il faut avant tout rester unis pour conserver l'ordre. Il se plaint des légitimistes, immense obstacle à tout ce qu’on pourrait entreprendre. Thiers n’a aucun courage. Toutes les bonnes occasions sont perdues. Triste, sans désespoir, demandant (il a dit cela avant hier encore à un intime) ce que vous pensez. Il est bien difficile de penser dans cet épais brouillard, mais certainement avant toutes choses soutenir l’ordre pour tous. J’ai enterré de la curiosité sur votre compte, & je suis bien sûr qu'on vous recherchera quand vous viendrez. J'aurai long à écrire sur cette conversation. Ah comme il hait Palmerston ! Et quel mal cet homme fait ici dans ce moment. J'écrirai à John toute la vérité. Je reviens à Molé, la comparaison de la situation. Un grand fleuve à traverser. Il fait en passer la moitié avec le président il n'y a que lui qui puisse débarrasser de cette monstrueuse constitution suffrage universel, vote de l’armée & &. Il doit faire cela sous sa forme actuelle où une autre. C’est donc l'ouvrier qu'il faut soutenir. Kisselef est resté longtemps aussi. Pas de nouvelles de Pétersbourg. Nous ferons sans doute attendre un peu le Turc. Cependant dans quelques jours on saura quelque chose. Kisselef aussi dit que Normanby fait un mal énorme. A propos tout le monde dit qu’il paie la maitresse sur les secret service money. Il lui a déjà donné 160 m. francs il dîne chez elle à 3 avec le président. Midi voici votre lettre. Si vous étiez ici, vous ne seriez pas étonné de mes perplexités ou plutôt de mes terreurs. La courageuse lady Sandwich va louer son appartement & se prépare à partir. Elle était arrivée de Londres cinq jours avant moi. Plus d’Autriche dans la maison de sorte que je n’ai pas un voisin de connaissance. Car Jaubert est établi en Berry. Ah, que tout cela est triste ! Adieu. Adieu. J’ai bien à écrire et à faire. La journée est trop courte, & toute cette besogne si peu satisfaisante. J’arrange mon appartement de façon à le sous-louer. Adieu. adieu.</div>
Conversation
Diplomatie (Angleterre)
Femme (politique)
Politique (France)
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée (Politique)
Réseau social et politique
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Mardi le 30 octobre 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Paris, Mardi 30 octobre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
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1849-10-30
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A language of the resource
Français
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Correspondance
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Portrait (François)
Enfants (Guizot)
Réception (Guizot)
Politique (France)
Réseau social et politique
Conversation
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris Mardi le 30 octobre 1849<br /><br />Deux lettres ce matin, toutes les deux intéressantes. J’avais eu de vos nouvelles hier autrement. M. de Moulins vous a trouvé à merveille, bonne mien, l'air gai, heureux, votre entourage aussi, & vous heureux de revenir à Paris pour votre fils & vos livres. Lady Normanby est venue hier avec un immense empressement. Son mari est venu une heure après, [?]. Ces gens-là sont à mes pieds. Le prince Paul vient sans cesse, toujours gros de nouvelles que j’avais apprises 3 jours avant et oubliées. Le duc de Noailles a diné avec moi, nous avons beaucoup causé de tout. Il est et se met beaucoup en avant. Il avait passé sa matinée entre Molé, & Berryer. Toujours à la recherche d'un ministère. En fin de compte, si les gros ne pensant pas s’y mettre, il propose des petits, mais honnêtes. Benoît & Bugnon, Vatimesnill. Je crois que je dis bien. Il n’est préoccupé que d’une seule idée, l’épuration des fonctionnaires. Si cela ne se fait pas, et tout de suite, il dit qu'on est perdu. Il désire beaucoup votre retour. Il croit que sans agir vous-même vous pourriez agir beaucoup sur certains meneurs, qui manquent de discussion & d'idées. Il est en grande confiance en vous. Il est parti cette nuit pour Cologne. Un rendez-vous avec Madame de Sagan, il sera de retour samedi. [?] y, qui en avait demandé [?] pour lui exposer le [?] majorité de se débarrasser [?]. " je le désire autant [?] " Je ne tiens pas à eux [?] du monde. Donnez-moi [un ministère], je l’accepte." [?] veut venir me voir, il [?] pas une minute. Je [?] aise de causer avec lui. [?] par une source un [subalterne] mais très sûr [?] président ne dort ni ne [?] tant il est préoccupé [?] un coup d'état, il le veut à [?]. Il y est poussé par l entourage. Persigny [?]. Il compte beaucoup [environnement] du général [?] Sa confiance dans Changarnier n’est pas entière. J'ai eu une longue lettre d'Aberdeen. Brunnow lui avait fait dire qu’il était très inquiet & qu'il doutait qu’on pût éviter la guerre. Vous voyez que je n’étais pas seule à le penser. Le duc de Noailles est bien contente de Berryer. M. de Pastoret n’est rien que le caissier du duc de Bordeaux. Il ne compte pas comme homme politique. Molé est plein de courage, il se conduit bien. Broglie c’est pitoyable, personne ne fait attention à lui. Pourquoi s’être fait nommer si c'était pour s’annuler ? Adieu. Adieu. Adieu.</div>
Conversation
Enfants (Guizot)
Politique (France)
Portrait (François)
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
-
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A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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1849-09
1849-12
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Français
Anglais
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An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Vendredi le 2 novembre 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 12
Title
A name given to the resource
Paris, Vendredi 2 novembre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-11-02
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Conversation
Salon
Politique (France)
Réception (Guizot)
Diplomatie
Femme (politique)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris Vendredi le 2 Novembre 1849<br /><br />Ne vous inquiétez pas de mes petites boutades. Elles passent. Il y a tant d’autres choses pour lesquelles il faut s’inquiéter vraiment. Thiers est venu hier. Il est resté plus de deux heures. Pas trop étonné, mais en grande critique. Le président veut le gouvernement personnel. Il veut faire. Impossible de voir au-delà de la journée. Il faut oublier complètement le jeu parlementaire les partis, les rivalités. Tout est puéril. Il n'y a de réel que le danger. On a déjà beaucoup fait contre, Il faut persévérer. Montebello entre, racontant que dans la salle des conférences, on voulait absolument que la majorité fit une déclaration en réponse au message. Appuyant le nouveau cabinet mais rappelant à l’élu du 10 Xbre les élus du 13 mai et on voulait que Broglie prit aujourd’hui la parole pour dire cela. Montebello y pousse. Thiers ne semblait pas être de cet avis. Il faut mieux se taire absolument. Il avait l’air d’ignorer qu’aujourd’hui à 10 h. le conseil des 10 est convoqué chez Molé, pour décider de la conduite dans la séance de ce jour. Je crois que Thiers voudra qu’on se taise. il parle bien du président, mais un coin de folie, il croit sa race la première du monde. Ce n’est pas le titre n'importe c’est le [?] La politique étrangère il est [?] & m'a raconté des séances [?] traité Normanby, de polisson. [président] il a dit : Vous apportez [?] la France les bonnes de l'Empereur Nicolas. N'oubliez [?]. N’allez pas risquer de [?] grande confiance. [?] Changarnier. Le seul. Naguère [?] lui, mais inférieur. [?] vous a pas nommé. [?]indra. Ste Aulaire aussi [?], j’avais fermé ma porte [?] les autres. Ste Aulaire avec moi. Sa femme est [?] après le dîner & Kisselef que je n’ai pas vu seul. [Ste Aulaire] est excellent, excellent [?] vous. Plein de bons avis très sincère. Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent. Thiers m’a dit que le Prince est un peu penaud de l'accueil fait à son message. Le mécontentement l’étonnement sont universels. M. Rouher, & Parieu sont les hommes importants du Cabinet. (Relativement of course). Le premier a été donné par Morny. C’est celui-ci qui me l’a dit. Il lira aujourd’hui le programme du Cabinet. Il n’est pas question d'amnistie. Tocqueville est très blessé & le dit, tous les anciens ministres le sont. Lord John me dit : " Le président doit demander son pouvoir à vie, il doit demander que l'assemblée siège 6 ans. S'il ne trouve pas de Ministres qui veuillent demander cela. Il faut qu'il abdique and he would succeed. I warrant. N'êtes-vous pas étonnée de ce langage ? Adieu. Adieu. Adieu.</div>
Conversation
Diplomatie
Femme (politique)
Politique (France)
Réception (Guizot)
Salon
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Le 3 novembre 1849 samedi
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
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Archives Nationales (Paris)
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Source
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Title
A name given to the resource
Paris, Samedi 3 novembre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-11-03
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Subject
The topic of the resource
Politique (France)
Révolution
République
Femme (politique)
Réseau social et politique
Salon
Relation François-Dorothée (Politique)
Conversation
Femme (maternité)
Réception (Guizot)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris le 3 Novembre 1849 Samedi<br /><br />La situation est des plus tendues des plus extraordinaires. J’ai vu hier Berryer, après le dîner. Il se rendait à la réunion du soir où l’on devait décider de la conduite à tenir, il est sombre, il n’est pas désespéré, mais il n’entrevoit pas comment on pourra sortir de ce chaos au milieu de tant de prétentions vivantes. Voilà pour l’ensemble quant au moment actuel Dieu sait ce qu’on aura décidé hier. Les intrigues de la semaine ont été énormes. On se plaint beaucoup de Molé. Un très bon conservateur disait hier. " M. Molé est toujours, en toutes circonstances, avec tout le monde en trahison, on ne peut pas croire à lui un instant. " M. Molé est dans le dépit le plus grand contre le président qui l’a joué. Thiers n’est pas allé hier à la réunion des 10 chez Molé. Il y manquait aussi Berryer & Vatimeuil. Sur les 7, quatre ont voulu qu’on parle, et 3 qu'on se taise à la séance. On avait préparé quelque chose s'il y avait eu lieu. Mais le programme n’y a pas donné lieu. Accueilli avec le plus grand silence. Broglie est d’avis qu’on ne fasse aucune opposition, mais que personne en mette plus les Jeudi chez le président à ses réceptions. Marquer de la froideur & du mécontentement. Avant aucun accord même cela s’est déjà fait ainsi jeudi à la soirée. Il y avait la diplomatie, grand nombre de militaires, point de députés. Hier on a fait entrer de la troupe de plus à Paris. Tout le monde disait hier que dans le petit public, la masse, le message du président avait le plus grand succès. Je sais que hier devait se tenir une réunion des partisans personnels du président, Moskova, Victor Hugo & & qui cherchent à en attirer d’autres parmi les rangs des conservateurs. Le coup d’état est regardé comme infaillible. Les affidés disent : " Nous sommes en marche." Berryer en disait : dans les faubourgs il pourra se trouver 40 m. personnes. criant vive l’empereur. Alors il pourrait s’en trouver 60 m aussi qui crieraient vive la république socialiste. On verra alors. Il y aura lutte certainement. Que faire je parle de moi maintenant certainement à supposer même que l’armée reste très bonne. (Changarnier ne ferait pas comme au 13 juin. Il laisserait faire un peu pour pouvoir réprimer. Réprimer c'est batailler. Vous savez si j’aime les batailles. Tout le monde y compte & reste. On est aguerri ici. Mais moi qui n’ai aucun appui auprès de moi, comment me risquer dans la bagarre. Tout cela est bien triste. Je ne puis pas vous dire tout ce que je vois de monde. Depuis 3 1/2 jusqu'à 9 du soir jamais un moment seule, que l’intervalle très court des dîners. Kisselef vient sans cesse, impossible de causer. Je le ferai dîner avec moi. pour avoir enfin le tête-à tête. Il a reçu un courrier, il a des communications importantes à faire. Il ne sait à qui parler. Il est allé hier chez Hautpoul, pas reçu. Berryer est plein de sens. Au fond sa conversation est celle qui m’a le plus convenu d'entre toutes les autres, vous verrez, car vous le verrez. Il m’a parlé de vous, mais pas autrement que pour me dire que lui dans le temps, avait voté pour qu'on soutint votre élection. La princesse de Joinville est accouchée avant terme d'un enfant mort. Elle a été à la mort elle même. Selon les nouvelles d'hier elle allait mieux. Quelle tour de Babel que ce Paris. Je me trompe. Tout ce que je vois est d'un seul et même avis au fond, mais que faire, & quoi au bout ? Adieu. Adieu. Adieu.<br />Personne ne sait ce que veut Changarnier, au fond il est impénétrable. Flahaut est ahuri. Lui, approuve le message et s’étonne de la majorité Il dînera chez le Président mais il ne veut pas se montrer à ses soirées. Il repart jeudi pour Londres.</div>
Conversation
Femme (maternité)
Femme (politique)
Politique (France)
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée (Politique)
République
Réseau social et politique
Révolution
Salon
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
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An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Dimanche 4 novembre 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
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Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 12
Title
A name given to the resource
Paris, Dimanche 4 novembre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-11-04
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Femme (politique)
Politique (France)
Relation François-Dorothée (Politique)
Réception (Guizot)
Posture politique
Réseau social et politique
Empire (France)
République
Diplomatie
Circulation épistolaire
Diplomatie (Russie)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris Dimanche 4 Novembre 1849<br />La situation s'est beaucoup modifiée. Le temps a été à l’avantage du président. La majorité est matée. C'est clair. Tout le monde dit aujourd’hui qu'on va à l’empire et que c’est inévitable dans peu de semaines. Broglie, (qui est enfin venu hier) m'a dit qu’on avait proposé au Prince la prolongation de la présidence, une bonne liste civile, que c'eut été difficile à faire, mais enfin que la majorité l’aurait entrepris. Il a refusé, cela ne lui suffit pas. Il lui faut l’empire. Comment cela se fera-t-il, Broglie ne sait pas. Sans doute on aura sous la main un certain nombre de représentants dévoués qui ratifieront le [?] de l’armée, si l'armée le pousse. Après cela, est- ce que la majorité de l’Assemblée qui déteste la République irait se battre pour elle ? C’est stupide d'y penser. Elle joue là un pauvre rôle. On fera sans elle, malgré elle, & il faudra. qu’elle se dise contente, ou au moins qu’elle se soumette. Après tout, le président aura habilement manœuvré. Mais au dire de Broglie, & d’autres, tout ceci pourrait bien être accompagné de gros mouvements dans la rue. Les rouges n’accepteront pas sans essayer autre chose. Les légitimistes pensent s'en mêler aussi. Enfin le bruit est probable. Dans cet état de choses à peu près inévitable, on me dit que vos amis poussent, qu’il vaudrait mieux que vous ne vinssiez pas tomber tout juste au milieu de la bagarre. Qu'il vaut mieux attendre la chose faite, sur tout comme cela ne peut par tarder. Je suis de cet avis aussi. Pour mon compte, selon que je serai avertie, je partirais ou j’irai passer ma journée chez Kisselef, si cela est fort menaçant le chemin de fer est le plus sûr. Mais pour vous songez à ce que je vous dis. Je crois qu’il vaut mieux s'abstenir. Ah, comme Broglie est noir et d'une amer ironie. Il déborde, il n’en peut plus. Au plus fort de sa harangue, Normanby est entré. Vous convenez quel éteignoir. Il venait de l'installation de la magistrature très frappé du spectacle. Le discours du président a été trouvé très bon, & suffisamment impérialiste. Kisselef a dîné avec moi. Il a eu deux courriers. L’un portant des paroles excellentes, sachant gré à la France de s’être conduit très différemment de l'Angleterre, car celle-ci avait eu une dépêche après l’audience de Fuat & Lamoricière point. L’autre un grand étonnement du départ de la flotte, accompagné de paroles. peu agréables. Si Kisseleff avait pu s’acquitter plutôt du premier message, & si on avait d’ici tout de suite rappelé la flotte désormais sans objet, il supprimait le second message. Mais aujourd’hui c’est trop tard. Point de Ministres, personne à qui parler, Molé & Thiers sans action directe pour le moment :et aujourd’hui Kisselef va faire sa petite déclaration à M. Hautpoul. Celui ci au reste est excellent pour nous. Sachez que tout le monde est russe ici. Et très peu anglais. La diplomatie toute entière, regarde l’Empire comme fait. Voilà. Quelle curieuse affaire. Adieu. Adieu. On ne parle on ne rêve qu’empire. Adieu. Adieu.</div>
Circulation épistolaire
Diplomatie
Diplomatie (Russie)
Empire (France)
Femme (politique)
Politique (France)
Posture politique
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée (Politique)
République
Réseau social et politique
-
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Lundi le 5 novembre 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 12
Title
A name given to the resource
Paris, Lundi 5 novembre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-11-05
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Empire (France)
Politique (France)
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée (Politique)
Régime politique
Femme (politique)
Réseau social et politique
Diplomatie
Conversation
Salon
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris lundi le 5 Novembre 1849<br /><br />L’Empire était moins florissant hier que la veille. On a l’air de le croire trop difficile pour qu'il arrive. Cependant comment rester stationnaire après le message. Il faudrait donc reculer ? Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. Molé le [?]. Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres. C’est naturel, c'est bien jugé, et cela profite. A nous, beaucoup, tous les deux sont bienveillants pour la Russie, et fort impatientés du joug de l'Angleterre. Hier Kisselef a eu sa première entrevue avec Hautpoul, avant d'entamer, celui-ci lui a annoncé que l’ordre pour le retour de la flotte venait de partir. à la bonne heure. Je ne sais pas encore si cela s'est fait d’accord, ou non avec l'Angleterre. Hautpoul très Russe. Je vous dis que tout le monde est russe. Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume " personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. " Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, la Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. J'ai eu des lettres d'Aberdeen de Beauvale de Clauricarde. Tout le monde me demande d'écrire, d'expliquer, d'inexplicable message. Montebello est prié à dîner aujourd’hui à l’Elysée. Votre ami B.[roglie] lui a dit de refuser. Moi je lui ai dit d’aller, et il ira. Quelle idée a votre ami. En pratique quel pauvre esprit ! Comme il doit avoir fait des fautes de convenances et de tact dans sa vie. En y pensent bien je crois que le tact est un ingrédient bien nécessaire aux choses de toute taille. 1 heure. Point de lettres ce matin. Qu’est-ce que cela veut dire ? Je ne suis pas bien depuis quelques jours. Du rhumatisme, pas d’appétit et peu de sommeil. cela reviendra peut-être. Adieu. Adieu. Adieu. Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.</div>
Conversation
Diplomatie
Empire (France)
Femme (politique)
Politique (France)
Réception (Guizot)
Régime politique
Relation François-Dorothée (Politique)
Réseau social et politique
Salon
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Mardi le 6 novembre 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
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Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 12
Title
A name given to the resource
Paris, Mardi 6 novembre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-11-06
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Subject
The topic of the resource
Politique (France)
Empire (France)
Conversation
Réception (Guizot)
Posture politique
Réseau social et politique
Relation François-Dorothée (Politique)
Salon
Femme (politique)
Diplomatie (France-Angleterre)
Politique (Russie)
Politique (Hongrie)
Relation François-Dorothée
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris Mardi le 6 Novembre 1849<br /><br />C’est le second Lundi que votre lettre un manque. Cela fait le dimanche de Londres, car je compte bien recevoir deux lettres aujourd’hui. Le bavardage se calme. Hier il y en avait peu. Flahaut est venu causer avant de se rendre au dîner du président. Il part aujourd’hui pour Londres. Il est très partisan du Prince. S’il n’avait pas été ambassadeur du roi, il se mettrait de toutes ses forces à servir celui-ci. Cela ne lui est pas possible. Il ne sait quand on fera le le coup, mais il se fera. C'est un parti arrêté. Vous savez qu'on a offert au Prince de lui donner la présidence décénale & 6 millions de rente. Il a dit " C’est trop peu pour un coup d’Etat. " On reproche au Prince de prendre des petits ministres, mais on lui criait de se défaire de Dufaure. Les grosses gens refusant de se mettre à l'ouvrage. Et bien il prend des petits, et il les prend dans les rangs de la majorité. Elle ne peut pas se plaindre. On lui reproche son entourage. Où en trouver un autre ? Tout le monde s'écarte. Ni légitimistes ni orléanistes ne viendraient à lui. Il lui faut cependant des amis. Voilà le duc de Flahant. Voici vos deux lettres. Oui en vérité c’est bien triste, attendre encore ! Mais je crois que l’avis est bon, c'est à vous d’abord qu'il faut songer. Laissez passer la bourrasque, seulement j’y pousserais [si je pouvais]. Hier, comme je vous dis, cela n’avançait pas. Mais je crois les entours plus pressés de jour en jour ils meurent de faim, et Persigny est infatigable. J'ai été hier soir chez Madame de Boigne, trois hommes que je ne connais pas, & très [?] le langage, hostile, dédaigneux pour l’Elysée. J’ai rencontré le Chancelier lorsque je sortais [?] moi encore froide. Mad. de Boigne très empressée, elle [était] venu quelques jours avant [?] voir le matin, et elle ne sort jamais, mais il y avait tant de monde chez moi que nous n’avions pas pu causer. Je ne vous nomme pas mes visites Il y en a trop. Cela ferait une page de noms. Ce que je remarque c'est beaucoup d'empressement et plus d’amitié. Ainsi Mme de la Redorte hier toute fraîche débarquée, toute douce & gracieuse. A propos Flahaut croit qu'il serait très utile que M. de Broglie en causant avec Lord Lansdowne (qui arrive demain), lui parle très franchement de tout ce qu'il pense sur le compte de Lord Palmerston, & sur la conduite de Normanby ici. Il dit que cela ferait plus d’effet que quoi que ce soit. Il désire beaucoup que je fasse parvenir cela à Broglie. Comme je ne le verrai pas je ne sais comment m’y prendre, mais je suis tout-à-fait d’avis que ce serait très bon. Dites le. Je me mets en tête que le président se fera Empereur le 2 Xbre. C'est le jour où Napoléon a pris ce titre. A Paris partout dans les boutiques, dans les cafés on demande l’empire. Je ne vous dis pas ma tristesse de notre séparation. A quoi bon ? Je cherche à me persuader que cele sera plus long. Mais je suis triste du terrain que vous trouverez ici pour votre compte. Triste et indignée. Adieu. Adieu. Adieu.<br /><br />Beauvale qui me tient bien en courant me dit que Nesselrode est très aimable & doux pour Lamoricière. Celui-ci n’a fait aucune communication. C’est Bloomfield qui est allé se brûler les doigts. Je crois que je verrai aujourd’hui la réponse. L’Empereur m’apprenant les exécutions en Hongrie s’est écrié publiquement. " C’est infâme." Nesselrode a dit à Lamoricière que le gouvernement russe les regrettait profondément & que le public en était indigné. Beauvale approuve le Président et regarde ceci comme une suite naturelle du langage légitimiste si hautement tenu.</div>
Conversation
Diplomatie (France-Angleterre)
Empire (France)
Femme (politique)
Politique (France)
Politique (Hongrie)
Politique (Russie)
Posture politique
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Relation François-Dorothée (Politique)
Réseau social et politique
Salon
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1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
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Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
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Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
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1849-09
1849-12
Language
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Français
Anglais
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
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<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Jeudi le 8 novembre 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 12
Title
A name given to the resource
Paris, Jeudi 8 novembre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-11-08
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Femme (politique)
Salon
Réseau social et politique
Circulation épistolaire
Politique (France)
Politique (Grèce)
Diplomatie
Réception (Guizot)
Politique
Régime politique
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris jeudi le 8 novembre 1849<br /><br />Beaucoup de monde hier matin comme de coutume, et la diplomatie hier soir comme jadis ; en fait de français. Le duc de Noailles, Berryer et Dalmatie. Rien de nouveau. On commence à croire que cela peut trainer cependant on veut se tenir préparé, et c'est là où me semble régner une grande confusion. C’est naturel, il n'y a aucune union. C'est ce qui fait la force du Prince. Il est plus puissant que l'assemblée. Hubuer s’accoutume à venir. Il a beaucoup d'esprit. Je trouve la situation de Kisselef très grandie ici. Cela provient ainsi de la que toutes les petites gens sont devenus quelque chose. La Sardaigne nous envoie une ambassade spéciale pour demander la reprise des relations. Elle chasse de son service tous les Polonais qui s’y trouvaient. C'est notre condition sine qua non. Quel dommage que Léopold ne puisse pas en faire autant. Nous sommes pour lui très bien, moins cela. Je vous envoie un petit Appendix à une lettre de Beauvale. Clever comme tout ce qui vient de lui. Je suis bien de son avis aussi. Je copie au lieu de l'original que je veux garder. Je vous ai dit de Richmond N'est-ce pas ce que me disait John Russell ? " il ne peut ressortir de ce bouleversement si profond que deux choses. Ou l'anarchie ou l'absolutisme, partout, hors l'Angleterre." Pardon de l'horreur de copie. On dit aujourd’hui que le président veut attendre l’année 52 et qu'il a des moyens d’attendre. C'est des mauvaises langues qui disent cela. Flahaut doit être parti. Il a aidé dans l’affaire du rappel de la flotte. J’ignore toujours si l'Angleterre en ait. Je n’ai pas vu Montebello depuis deux jours. Que pensez-vous de Germain ? Je lui aurai peut-être une bonne place. Mais je voudrais savoir ses mérites & ses inconvénients. Le gros de la lettre de Beauvale est toute à l’Empire." Donnez-moi de bonnes nouvelles de lui je vous en supplie. Régime militaire en Prusse, en Autriche, en France, en Piémont et le monde est sauvé. Mais qu’on fasse vite." Voilà textuel. Adieu. Adieu. Adieu.<br />Hier on parlait de la Grèce, d’Eyragues de la Rosière comme destinés au portefeuille si Rayneval n’accepte pas. Voici Flahaut qui est venu me voir tout botté pour le chemin de fer. Il emmène Morny qui a des affaires en Belgique. Lui va à Londres. Le coup d’état n’est pas encore probable au moins pour cette semaine.<br /><br /></div>
<div style="text-align: justify;">extrait de la lettre d'un allemand constitutionnel " on assure que M. Guizot n’espère le salut de la France que de sa chère constitution à [?] gentiment l'Angleterre sans le vouloir a rendu un bien mauvais service au continent par l’exemple de sa constitution, admirable pour elle, mais qui copiée par des institutions forcément différentes menace de précipiter le centre du continent dans des bouleversements. sans fin. " We English nous avions à attribuer notre impopularité. La démocratie nous a toujours détestés comme trop aristocrates que, les rois & les royalistes n'ont pas trop de motifs pour nous aimer, & voilà maintenant les libéraux constitutionnels faisant la découverte que nous avons joué le tour d'un feu follet les engageant dans un chemin d'où il n'y a d’autre issue que dans l'anarchie ou le règne du sabre. Nous voilà bien. Mais a-t-on trop tort !</div>
Circulation épistolaire
Diplomatie
Femme (politique)
Politique
Politique (France)
Politique (Grèce)
Réception (Guizot)
Régime politique
Réseau social et politique
Salon
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Vendredi le 9 novembre
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
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AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 12
Title
A name given to the resource
Paris, Vendredi 9 novembre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-11-09
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Diplomatie
Guerre
Politique (Autriche)
Politique (Russie)
Politique (Hongrie)
Politique (France)
Politique (Angleterre)
Politique (Internationale)
Réception (Guizot)
Femme (politique)
Réseau social et politique
Salon
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris Vendredi le 9 novembre<br /><br />Je n'ai reçu vie d'important hier. Mais je sais par Montebello qu’il ne s’est rien passé de mémorable. Vous ne voulez pas que je vous parle de l'enseignement, cela m'ennuie trop. Berryer était bien fâché de cela avant hier et je vois tout le monde dans le même train de regret. On dit que Changarnier est bien frondeur et mécontent de l’Elysée encore plus que Thiers. Flahaut est parti le cœur très pris par le procès, mais très décidé à rester en dehors et à Londres. Je sais par lui, qu'avant de donner l’ordre du rappel de la flotte on en a prévenu le gouvernement anglais je trouve cela convenable, puisque la mesure avait été prise d’accord. Mais j'ignore toujours si l'Angleterre a fait de même. Il me restera d’éternels doutes sur la fin de l’affaire tant qui Stratford Canning sera là pour agir. Lord Lansdowne vient d’arriver, je le verrai tantôt. Il m’envoie une lettre de John. Très motu proprio, quant à Rome. Il conseille à la France de s'en aller, et de respecter la volonté du pape. Quant à l’Elysée il dit que tout cela est provenu du rapport de Thiers si dédaigneux pour le président. Celui-ci ne pouvant frapper sur Thiers a frappé sur ses ministres ; cependant il trouve le procédé un peu brusque. Voici votre lettre. Mes observations pour ce qui vous regarde sont ceci. On ne me parle pas de vous. Dans le corps diplomatique personne ne vous nomme. Vous n'avez pas existé, et bien cela me blesse, cela me laisse un doute désagréable sur l’accueil que vous rencontrerez si vous reparaissez. Votre situation est tendue, difficile, la mienne pourrait le devenir, il faudra de l'habileté & du good sense. Nous verrons. La fin de votre lettre me plait, je vous crois décidé à revenir pour la fin de la semaine prochaine, quel plaisir ! Rien dans ce que j'ai appris hier ne me donne lieu d' y voir obstacle. Je suis dans les grosses écritures. Un courrier pour Pétersbourg ce soir, j’écris à l’Impératrice longuement Adieu. Adieu. Adieu.<br />Dans mes soirées vacantes Je vais quelques fois le soir chez Mad. Swetchine & chez la vicomtesse.</div>
Diplomatie
Femme (politique)
Guerre
Politique (Angleterre)
Politique (Autriche)
Politique (France)
Politique (Hongrie)
Politique (Internationale)
Politique (Russie)
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
Salon
-
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Title
A name given to the resource
1849 ( 19 Juillet - 14 novembre ) : François de retour en France, analyste ou acteur politique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Guizot, François (1787-1874)
Subject
The topic of the resource
Absence
Politique
Parcours politique
Posture politique
Presse
Travail intellectuel
Histoire
France (1848-1852, 2e République)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-09
1849-12
Language
A language of the resource
Français
Anglais
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><strong>Les préparatifs du retour de Guizot dans le réseau politique parisien</strong><br /><br />Le corpus s’ouvre sur la lettre que François rédige à son débarquement au Havre le 19 juillet 1849. Il revient de son exil en Angleterre causé par la révolution de 1848. (Voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1848 (1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/37)." target="_blank" rel="noopener">1849 ( 1er janvier - 18 juillet) : De la Démocratie en France, Guizot reprend la parole</a>)<br /><br />De son côté Dorothée reste en Angleterre, et ne rentre à Paris que trois mois après, le 17 octobre 1849. Le corpus se termine lorsque Guizot retrouve Paris, un mois plus tard. Ainsi, les lettres de François qui constituent se corpus sont rédigées au Val-Richer et à Broglie, durant un séjour chez son ami le duc Victor de Broglie (Voir la notice Le duc <a href="https://www.guizot.com/fr/amities/le-duc-victor-de-broglie/" target="_blank" rel="noopener">Victor de Broglie</a>)<br /><br />La réception de Guizot tant dans la rue que dans les institutions publiques, et, la posture à adopter sur la scène politique sont les thématiques qui structurent le discours épistolaire des deux amants. Ainsi, le rôle de Dorothée dans l’existence sociale et politique de François apparaît alors qu’ils préparent ensemble son retour à Paris et la reprise du salon de la princesse diplomate.<br /><br />
<p>Voir les mots-clés : <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique+%28France%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique (France)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=politique&facet=tag%3A%22Politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Réception (Guizot)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Posture politique</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (politique)</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=salon&facet=tag%3A%22Salon%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Salon</a>, <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=femme&facet=tag%3A%22Femme+%28politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Femme (politique)</a></p>
<p><strong><br /><br />Rentrer chez soi</strong></p>
<p>Il faut tout d’abord noter le plaisir de François Guizot lorsqu’il retrouve sa propriété du Val-Richer, il écrit le 20 juillet 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ma maison et mon jardin sont en bon état, comme si j’en étais sorti hier. Des fleurs dans le salon, et dans la bibliothèque ; mes journaux sur mon bureau, les allées nettoyées, les parquets frottés. Cela m’a plu et déplu. Tant de choses m'ont rempli l'âme depuis que je ne suis venu ici ; je ne puis me figurer qu’elles n'aient laissé ici aucune trace. Et puis cette tranquillité tout autour de moi, cette non interruption du passé et de ses habitudes, cela me plaît, et même me touche, car je le dois aux soins affectueux de deux ou trois personnes, amis ou serviteurs, qui ont pris plaisir à tout conserver ou remettre en ordre, et qui m’attendaient à la porte. J’ai rencontré beaucoup d'affection en ma vie ; je voudrais en être assez reconnaissant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée est bien consciente du plaisir de Guizot à retrouver son bonheur domestique, son parc et son jardin entouré de sa famille, et répond deux jours plus tard :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous voilà donc en France ! Que c'est loin de moi. Je suis charmée de connaître le Val Richer. Je saurai où vous chercher. Vous aurez un grand plaisir à vous retrouver là, à retrouver vos arbres, votre pelouse, vos sentiers. Tout cela reposera votre âme. Vous avez là tout le contentement intérieur, de la famille, de la propriété. Je vous manquerai c'est vrai, et je crois que je vous manquerai beaucoup, mais vous avez mille plaisirs que je n’ai pas. Et certes dans cette séparation je suis plus à plaindre que vous. Vous le sentez. Je voudrais me mieux porter et j'y prendrai de la peine, pour vous faire plaisir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3016" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p><strong><br /><br />Se séparer</strong></p>
<p>Ce retour détermine une séparation et un éloignement. (Sur le quotidien de François et Dorothée en Angleterre voir la collection 1<a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">848 ( 1er août -24 novembre) : Le silence de l'exil</a>) Dorothée évoque avec nostalgie les habitudes prises en Angleterre, telles que leurs conversations intimes.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je bavarderais bien cependant si je vous avais là dans ce fauteuil, si bien placé pour un entretien intime, comme je regarde ce fauteuil avec tendresse et tristesse !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>L’évocation de leur conversation se fait à partir du fauteuil que Guizot utilisait. Le lendemain le dimanche 22 juillet 1850, elle l’évoque encore :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Toujours ce fauteuil devant moi et vide. Comme c’est plus triste de rester que de partir.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3022" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>C’est dans une lettre du 27 juillet que François l’évoque à son tour, en exprimant nettement la coordination des pratiques de conversation et de correspondance :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je cause comme si j'étais dans mon fauteuil du Royal Hotel. Pauvre illusion !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3031" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François est bien décidé à continuer ses échanges avec Dorothée sans craindre qu’ils puissent être lus. Il écrit le 20 juillet le lendemain de son arrivée :</p>
<p style="padding-left: 40px;">On me dit qu’il faut prendre garde au nouveau directeur de la poste de Lisieux. Je n'y prendrai point garde. On lira mes lettres si on veut. On y trouvera peut-être quelque amusement, peut-être même quelque profit. On n’y trouvera rien que je sois bien fâché qu’on ait lu. Si j’avais quelque chose à vous dire que je tinsse vraiment à cacher, je saurais bien vous le faire arriver autrement que par la poste. Faites comme moi. Ne nous gênons pas en nous écrivant. Nous n'avons aucune raison pour nous gêner, et nous avons assez d’esprit pour nous ingénier, si nous en avions besoin. Les gens d’esprit sont toujours infiniment plus francs et plus cachés que ne croient les sots.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p><strong><br /><br />Réception de Guizot à son retour en France </strong></p>
<p>Le retour de Guizot en France ne se fait pas sans une certaine inquiétude. Il est attendu au Havre par quelques amis, politiques, diplomates et journalistes. Il cherche à rassurer Dorothée dès son arrivée le 19 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai trouvé sur le port le duc de Broglie, MM. Piscatory, Plichon, Herbet, Mallac, Léon Pillet<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><sup>[1]</sup></a>, et assez de foule. Pas un mot agréable, ni désagréable. Des regards curieux ; beaucoup de chapeaux levés. De la déférence dans l’indifférence. Il reste assez de personnes devant l'hôtel de l’Amirauté où je suis logé. Leur attitude me convient.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3017" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a> </p>
<p>Dorothée n’a pas encore reçu de nouvelles de Guizot mais elle suit son retour en France dans la presse et écrit le 21 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'attends aujourd’hui une lettre du Havre. Le Times ce matin dit que vous y êtes arrivé, et que votre réception a été des huées. Cela fait bien de l'honneur à vos compatriotes !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3020" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>En effet, Guizot complète le récit de son arrivée sur le sol Français le 20 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je me suis vanté trop tôt hier en vous disant que je n’avais rencontré dans l’accueil du Havre rien d’agréable, ni de désagréable, de la déférence dans l’indifférence. Cela a un peu changé deux heures après. Cinquante ou soixante gamins se sont réunis sous les fenêtres de l’auberge où je dînais, et se sont mis à crier : « à bas Guizot ! » et à siffler. Cinquante à soixante curieux, ou plutôt curieuses, se sont attroupés autour d’eux. Pas l’ombre de colère ni de menace ; une curiosité mécontente de ce que je ne paraissais pas entendre les cris, et une petite démonstration malveillante organisée par le journal rouge de la ville qui l’avait annoncée le matin en annonçant mon arrivée. J'ai dîné tranquillement au bruit de ce concert, et je suis descendu dans la rue pour monter dans la voiture qui devait me reconduire à l’auberge où je couchais. J’ai trouvé autour de la voiture une douzaine de gentlemen qui en écartant les gamins, l’un m’a dit d’un très bon air : « M. Guizot, nous serions désolés que vous prissiez ce tapage pour le sentiment de la population de notre ville ; ce sont des polissons ameutés par quelques coquins. Non seulement nous vous respectons tous ; mais nous sommes charmés de vous voir de retour et nous espérons bien vous revoir bientôt où vous devez être. » […]. Cela n’avait pas la moindre gravité en soi, beaucoup comme symptôme. Rien n’est changé et je ne suis point oublié. Ce matin, sur le bateau du Havre à Honfleur, les gentlemen étaient en grande majorité et m'ont fait fête. […] Ce pays-ci est bien animé, et bien prompt à saisir les occasions de le montrer. Je n’en suis que plus décidé à rester bien tranquille chez moi. Il n’y a absolument rien de bon à faire, et ma position est bonne pour attendre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3018" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La réception chahutée de Guizot au Havre le conforte dans sa décision de rester en retrait au Val Richer, même si en réaction il reçoit des témoignages de sympathie en soulignant son retour sur le sol français comme un événement. Il écrit le 25 juillet :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La petite scène du Havre a bien tourné. De bons juges m’écrivent de Paris : « Tout compté et bien compté, ce n'est point à regretter. Puisqu'il n’y a rien eu de grave autant vaut au risque de quelques embarras et de quelques inquiétudes, que vos éternels adversaires vos ennemis naturels aient fait la faute de provoquer ce qui a houleusement échoué. Il ne faut pas regretter l'éclat qu’ils ont donné à votre rentrée. Votre retour en France est un fait considérable. Il est considérable pour vos amis comme pour vous-même, en raison de votre passé et probablement aussi en raison de votre avenir. On l’a compris on le comprend, et l'on n'a pas su dissimuler sa mauvaise humeur. Encore une fois, tant mieux. »<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot reprend ses marques en évaluant la place et le rôle qui lui sont attribués par ses amis politiques. François commence par écouter les membres de son réseau. Il écrit le 23 juillet, quatre jours après son arrivée en France :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J’ai passé ma matinée hier à recevoir des visites. Dix-neuf. Mon impression reste la même. Rien n’est changé au fond, dans la situation générale, ni dans la mienne. Seulement tout a éclaté et s'est exaspéré. C’est toujours la même lutte entre les mêmes classes et les mêmes passions, et j'y tiens toujours la même place. Mais évidemment le moment n'est pas venu pour moi, quand je le pourrais, de la reprendre activement. Mes amis se troubleraient. Mes ennemis s’irriteraient. Et les uns et les autres saisiraient le premier prétexte pour rejeter sur moi seul la responsabilité du premier malheur. Et le public spectateur les croirait. Je n’ai qu'à attendre, si le temps, en s'en allant, n'emporte pas trop tôt ce qui me reste de forces, je puis avoir encore un grand moment. Si je m'en vais avant que ce moment n’arrive, j'ai lieu d'espérer aujourd’hui que justice sera faite à mon nom.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3023" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que la place qui lui est réservée le porterait sur le front de bataille. Il évoque un possible retour sur la scène politique tout en concluant que les conditions n’y sont pas encore favorables. Le 10 août 1849, Dorothée écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Restez comme vous êtes à l’écart, tranquille. Cela a très bon air. Profit tout clair. Soyez en sûr.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3057" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 15 septembre 1849, Dorothée lui fait part de sa conversation avec l’ancien diplomate Théobald Piscatory (1800-1870) qui poursuit sa carrière politique sous la deuxième République en tant que député monarchiste :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Voici votre lettre avec extrait de Piscatory. C’est un esprit [?] & qui est resté doctrinaire. Je vous en prie ne le redevenez pas.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3122" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François y répond le 17 septembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les décadences me déplaisent toujours. Soyez tranquille ; je ne redeviendrai pas doctrinaire. Fatuité à part, je ne voudrais pas redevenir rien de ce que j’ai été. Je crois que ce serait déchoir. Redevenir jeune en restant ce que je suis à la bonne heure. Et si je ne me trompe, vous en diriez autant.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3125" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot se sent fort de son expérience et de son expertise. Il n’exprime jusqu’ici aucune nostalgie de ses succès de jeunesse.</p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><sup>[1]</sup></a> Théobald Piscatory (1800-1870), Ignace Plichon (1814-1888), Edmond Herbet (1813- ?), Léon Pillet (1803-1868)<strong><br /><br /><br /><br />Guizot s’impatiente au Val-Richer</strong></p>
<p>Plus d’un mois après, François commence à s’interroger sur la réception de son action publique. Ne sera-t-elle jamais reconnue ? Aussi, c’est en s’adressant à Dorothée qu’il s’autorise à comparer ce retour d’Angleterre avec un avenir incertain, à son retour de son ambassade à Londres en 1840 avec plus d'espoir :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous rappelez-vous bien le 29 octobre, il y a neuf ans mon arrivée à Paris le 26 et les trois jours qui précédèrent la formation du Cabinet ? Je suis décidé à ne pas croire que ce jour-là, et tout ce que j’ai fait du 29 octobre 1840 au 24 février 1848 m'ait été bon à rien. Mais aujourd’hui il n’y a que Dieu qui sache à qui cela a été et restera bon.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3209" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il semble que Guizot tienne moins à reprendre sa place ou une place qu’à ce que son œuvre politique de 40 à 48 soit reconnue. Il faut noter que Guizot considère son action de cette période et non celle du début de la Monarchie de Juillet. Et c’est cette conscience de la tâche accomplie qui lui permet d’affirmer le 30 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">J'ai dit à M. Moulin, ce que je pense comme je le dirai quand je serai à Paris. J'ai acquis le droit de tout dire. Ce qui ne veut pas dire que j'en serai toujours. Mais je ne me laisserai gêner par personne.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>La reprise du salon de Dorothée permet de multiplier les éléments pour évaluer les conditions du retour de François à Paris. Le 2 novembre, elle lui écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Attendez-vous à beaucoup d'ingratitude. Vous êtes le politique de la monarchie de juillet. Absurdité incrustée dans le gros du public. Il ne faut pas que vous disiez que vous n’avez jamais eu tort. Je lui ai répondu qu'il n'y a que les sots qui se croient infaillibles. Je vous répète que Ste Aulaire est excellent.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3216" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot répond le 3 novembre</p>
<p style="padding-left: 40px;">Merci, merci. Cela ne me paraît pas, à tout prendre, inquiétant pour le moment. Mes tendres amitiés à Sainte-Aulaire quand vous le reverrez. Je crois plus que personne qu’il n’y a que les sots d'infaillibles, mais je suis très décidé à ne pas me laisser affubler du moindre tort prétendu pour épargner à d'autres la honte de leurs gros péchés.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Il poursuit le 4 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">La vérité est grosse comme une montagne, et moi, je ne suis pas encore mort. Il faudra bien qu’on y voie clair qu’on le veuille ou non. Et comme l’ingratitude ne me donnera point d'humeur, je prendrais mon temps et les bons moyens.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3221" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Guizot comprend que chacun le dissuade de revenir, mais il suggère qu’il envisage de nouvelles modalités d’action publique et de présence politique. Le 5 novembre Guizot écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Ils me recommandent de ne pas arriver au milieu de la crise : " Quelque réservé quelque prudent que vous soyez, on commentera votre arrivée vos paroles, en vous fera parler quand vous n'aurez rien dit. Il ne vous est pas permis, de vous renfermer dans la vie privée ; vous serez, malgré vous malgré nous, traité en homme public. " Voilà leurs paroles. Ce qu’ils disent est vrai. Je n’y vois pas autant d’inconvénients qu'eux ; et ces inconvénients, s'ils existent, existeront à peu près toujours, A quelque moment que j’arrive, il m’arrivera ce qu’ils disent. Pourtant, je crois que pour ce moment-ci, ils ont raison, et qu’il vaut mieux ne pas fixer de jour précis. Quel ennui, et quel prélude, d'ennemis ! Je suis dans une veine de tristesse profonde, pour vous, pour moi. Si j'étais là, je serais bien moins triste, bien moins inquiet. Votre inquiétude à vous me désole au-delà de ce que je puis dire. J’espère qu'elle est exagérée ; mais je la trouve bien naturelle. Si j'étais là, vous seriez moins inquiète et moi probablement pas inquiet du tout. Ah, que le monde est mal arrangé !<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3223" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Dans cette lettre, Guizot semble un peu atteint par ses perspectives pessimistes sur son retour diffusées par son réseau politique. Il semble pris dans une tension entre la volonté de revenir et de reprendre la parole et la prudence. Il ne veut pas précipiter son retour. Le 7 novembre, il écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne veux pas retourner étourdiment à Paris. Je ne veux pas tarder inutilement à y retourner. Ce qui est inutile en ce genre serait inconvenant pour moi. Je ne me fais pas la moindre illusion sur ce qui m'attend à Paris. L’ingratitude ne me touche point ; il n'y en aura jamais plus que je n'en attends. Les stupidités populaires, les perfidies infatigables, et infiniment détournées, des rivaux d’autant plus acharnés qu’il sont un peu honteux, les froideurs embarrassées, des indifférents, les poltronneries, des amis, je compte sur tout cela. J'étais puissant avec grand combat. Je suis tombé avec grand bruit. Si j'étais mort, encore passe. Mais je reviens. La plupart s'étonnent, quelques uns craignent que je ne sois pas mort. Ma présence est pour les uns un reproche, pour les autres, une inquiétude, pour d’autres simples spectateurs, quelque chose d'inconnu, et par conséquent d'incommode. Tout cela me fait une situation délicate, et qui aura des difficultés. Je ne puis pas la changer. Je ne veux pas l’éluder. S’il y a un bon avenir, je surmonterai ces difficultés. S'il n'y a pas un bon avenir, peu m'importe tout cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>François ne conditionne pas son retour à Paris à une possible reprise de son action politique directe. Il explique comment tout bien considéré, chacun sera dérangé par son retour. Après près de quatre mois au Val-Richer, sa décision est prise. Bonne ou mauvais réception, François veut faire face et ne veut pas se condamner à l’isolement en France. Le 5 novembre, trois semaines après son arrivée, Dorothée rouvre son salon parisien et fait part à François de ce qu’elle a pu sonder parmi ses visiteurs. Dorothée apparaît comme la personne avec laquelle il peut réfléchir ouvertement à son retour politique. Dorothée n’est pas seulement une oreille attentive, depuis son retour à Paris, elle est au plus près pour recueillir des informations nécessaires à l’analyse de François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Tout le monde entrait chez moi hier en riant, une sorte de plaisir de retrouver du vieux. Cela m’a plu, le commencement m’a plu ; à la fin de la soirée, j’ai dit à Montebello, avec amertume « personne n’a prononcé le nom de M. Guizot. » Cela m’a choquée. Voilà les hommes. Voilà le temps. Montebello m’a cité une exception, le Prince Wittgenstein. Je lui en saurai gré. [..]Que vous écrit-on sur vous ? Adieu. deux choses à relever. Molé ne croit pas à l’Empire. Et en fait d'avenir, il ne croit plus qu'une Monarchie constitutionnelle soit possible autre part qu’en Angleterre.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Et François répond le 11 novembre à ce que lui rapporte Dorothée quelques jours plus tôt le 5 novembre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je dis comme vous pour ce qui touche ma situation personnelle en reparaissant. Nous verrons. Nous devons avoir ce qu’il faudra d'habileté et de bon sens. Le silence qui vous choque ne m’étonne pas. C'est de l’embarras et de la platitude, faute d’esprit et faute de cœur. Deux choses, si je ne me trompe, mettront à l'aise, autant qu’ils peuvent être à l'aise, les poltrons et les sots ; d'abord ma manière, et bientôt ma situation même. [...] Je ne vois absolument aucune raison d'hésiter, et je suis décidé. Il n’y a que deux espèces de personnes qui me conseillent de ne pas revenir ; celles qui s'en iraient volontiers elles-mêmes, et celles qui ont envie que je ne revienne pas du tout.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3235" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Le 10 novembre, Dorothée fait part à Guizot d’une réception positive de la part d’Achille Fould, Ministre des Finances entre 1849 et 1867 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3232" target="_blank" rel="noopener">la lettre</a></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la posture politique à adopter par Guizot <span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=posture&facet=tag%3A%22Posture+politique%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22"></a></span></p>
<p>Voir <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=r%C3%A9ception&facet=tag%3A%22R%C3%A9ception+%28Guizot%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">les lettres</a> sur la réception de Guizot <br /><br /><br /><br /><br /></p>
<p><strong>Préparer le retour de Guizot à Paris : rouvrir le salon parisien de Dorothée<br /><br /></strong>Voir les lettres <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/solr-search?q=relation&facet=tag%3A%22Relation+Fran%C3%A7ois-Doroth%C3%A9e+%28Politique%29%22+AND+collection%3A%221849+%3A+Fran%C3%A7ois+de+retour+en+France%2C+analyste+ou+acteur+politique+%3F%22" target="_blank" rel="noopener">Relation François-Dorothée (Politique)</a><br /><br /></p>
<p>Le retour de Dorothée à Paris à l’automne alors que François Guizot est encore au Val Richer conduit à la reprise de leur relation épistolaire politique. Guizot s’y prépare, il écrit le 16 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand vous m'écrirez de Paris, vous m'enverrez les faits, je vous renverrai mes réflexions. En attendant que faits et réflexions nous soient communs.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Ce corpus met en lumière le fonctionnement du duo politique. Au travers de ses correspondances et conversations, Dorothée doit rassembler des faits sur la situation politique à Paris. Elle constitue un matériau pour l’élaboration d’une analyse par Guizot. Le 25 octobre, il exprime nettement la dynamique de leur relation et comment il pratique à deux l’analyse des faits politiques :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quel ennui d'être loin et de ne pas avoir avec vous, sur ce point-là encore plus que sur tout autre, ces conversations infinies où à force de se tout dire, on finit par atteindre ensemble à la vérité et pas s'y reposer ! Enfin dans trois semaines nous en serons là.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3201" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Dans une lettre du 18 octobre à propos de la politique étrangère menée par l’Angleterre, Guizot donne un exemple de conclusion établie à deux :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Les questions du Cabinet anglais ne se décident pas par la politique étrangère. Nous nous le sommes dit cent fois, et nous l’oublions toujours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3186" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Lorsque Dorothée rentre à Paris, François décrit comment constituer un salon où l’on puisse prendre des informations mais aussi en diffuser. D’un côté François garde encore ses distances avec la vie politique parisienne, de l’autre, Dorothée sonde et prépare le terrain en reprenant ses activités sociales et politiques parisiennes. Il écrit le 19 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous avez toute raison ; arrangez votre vie ; faites-y entrer comme il vous convient, les personnes qui sont à la fois indifférentes et importantes. Que chacun vienne et prenne place. Cela se fera plus aisément et plus sûrement moi n’y étant pas. Je viendrai quand ce sera fait et nous en jouirons ensemble. On ne sait pas combien on peut lever de difficultés et concilier d'avantages avec un peu d'esprit, et de bon sens, en se laissant mutuellement l’espace et la liberté nécessaires pour agir, et pour réussir. Chacun pour soi, et pour soi seul, c'est l’égoïsme, la solitude dans la glace ; chacun par soi- même et selon sa propre situation, c’est la dignité et le succès ce qui ne nuit en rien à l'affection. Je reviens à mon désir du moment. Je suis bien curieux de votre impression sur Paris et sur la situation actuelle.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Afin que le salon de Dorothée n’apparaisse pas au service de la reprise de la vie politique de Guizot, ils agissent séparément. L’autonomie de Dorothée est manifeste, et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle peut lui être le plus utile. Guizot n’est plus ministre des Affaires étrangères. Mais Dorothée reste une princesse russe, diplomate, anglophile et installée en France en rayonnant encore sur la diplomatie et les monarques européens. Dans la même lettre, il cite un autre exemple de femme qui mène une pratique d’action politique et diplomatique dans son salon.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous ai-je dit, ou savez-vous que lord Normanby<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> est très assidu chez Madame Howard ; et que c’est surtout par elle qu’il agit sur le Président ?<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3188" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Guizot note les visites de l’ambassadeur d’Angleterre en France chez Madame Howard, la maîtresse de Louis Napoléon en soulignant que c’est elle qui « agit sur » le président de la République. Dans la lettre suivante, du 20 octobre, Guizot précise les personnes importantes à convier au milieu des indifférents.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Dans l’arrangement de votre vie, indépendamment des anciennes connaissances qu’il faut reprendre, peut-être y en a-t-il aussi quelques nouvelles qu’il vous convient de faire, soit à cause de leur value personnelle, soit à cause de l’importance qu'elles ont prise dans ces derniers temps. Montalembert, Falloux (s’il vit), Bussierre, d’Haussonville, Piscatory<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>. Je ne crois pas qu’il faille étendre votre cercle, et les étrangers en sont, et doivent en être, toujours le fond. Mais vous aurez des vides. Du reste, vous jugerez mieux de cela après quelques jours de séjour que moi d’ici. J’avais pensé à M. de Tocqueville, s'il se recherchait comme de raison. Il est homme d’esprit, de bonne compagnie et sûr je crois. Mais il ne serait pas sans inconvénients. Je vous dis ce qui me passe par l’esprit.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3190" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Guizot réfléchit à la composition du salon de Dorothée et en éclaire les caractéristiques. La première est sa nature internationale. Son salon est l’espace des relations diplomatiques. La seconde est d’introduire de nouvelles personnalités politiques. Après la révolution de 1848 et l’avènement de la République, Dorothée doit actualiser la composition de son salon. Neuf jours plus tôt, Guizot mentionne déjà Tocqueville en dressant un portrait positif notamment grâce à un point commun qu’ils partagent : une action coordonnée à une œuvre intellectuelle.<br />
<p style="padding-left: 40px;">M. de Tocqueville a été, jusqu'ici, un homme d’esprit dans son Cabinet et dans ses livres. Il est possible qu’il ait de quoi être un homme d’esprit dans l'action et gouvernement. Nous verrons. Je le souhaite. C’est un honnête homme et un gentleman<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3172" target="_blank" rel="noopener">lettre</a></p>
<p>Deux semaines plus tard, Dorothée rend compte à François. Les deux personnes qui restent toujours importantes en 1849 sont Molé et Thiers, les deux personnalités avec qui Guizot a dû naviguer au cours de la Monarchie de Juillet.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mon salon hier était comme il y a deux ans, excepté vous de moins, et M. Molé & Berryer<a href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span>[3]</span></a> de plus, & quelques légitimistes. La diplomatie au complet moins l'Angleterre. […] Voici le vrai de la situation. Les ministres changent, mais deux hommes restent immuables, importants, sont Molé et Thiers. La diplomatie se tient à eux. On leur parle comme à des Ministres & on leur montre souvent plus qu'aux ministres.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3222"></a></span></p>
Dans une lettre du 31 octobre, le fonctionnement du couple apparait avec son usage de l’art de converser de Dorothée
<p style="padding-left: 40px;">Puisque M. Hübner est enfin venu vous voir, ce dont je suis bien aise, causez un peu à fond avec lui de la Hongrie. Ce pays-là est entré dans l’Europe. On regardera fort désormais à ses affaires. Est-ce sage la résolution qu'on vient de prendre à Vienne de maintenir, quant à la Hongrie, la Constitution centralisante de mars 1849, et de considérer son ancienne constitution comme abolie, au lieu de la modifier ? Je n’ai pas d'opinion ; je ne sais pas assez bien les faits ; mais je suis curieux de m'en faire une. Puisque M. Hübner est un homme d’esprit il vous reviendra souvent.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3213" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
Une fois que le comte de Hübner, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, devient un membre du salon de Dorothée, François indique à Dorothée les questions à lui poser et vers quoi orienter la conversation.
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a><span> Normanby, Constantine Henry (1797-1863 ; Marquess of) </span></p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Il s’agit d’hommes politiques attachés à une droite libérale. Charles Forbes René, comte de Montalembert (1810-1870), Alfred de Falloux (1811-1886) ministre de l’instruction publique jusqu’en octobre 1849, Alfred Renouard de Bussière (1804-1887), Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d'Haussonville (1809-1884).</p>
<p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span>[3]</span></a> Berryer, Pierre Antoine (1790-1868), journaliste, avocat et député des Bouches-du-Rhône à partir de 1848.</p>
<p><br /><br /></p>
<p><strong>L’art de converser de Dorothée </strong></p>
<p>Alors que Dorothée a repris sa vie parisienne depuis trois semaines et qu’elle en fait le compte-rendu à François, la qualité de sa correspondance fait écrire à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Vous êtes la plus excellente et fidèle glace (miroir est trop petit) qui se puisse voir. Vous me renvoyez toutes les hésitations, fluctuations alternatives du public qui vous entoure. Hier, l'Empire infaillible ; aujourd’hui, impossible. Les brusques revirements d'inquiétude et de confiance d’abattement et d’entrain, ces oublis frivoles et ces préventions entêtées, ce mouvement perpétuel qui avance si peu, ce je ne sais quoi d'immobile, je devrais dire d’incorrigible qui persiste sous ce besoin insatiable de changement et de nouveauté, tout cela, qui est la France, et surtout Paris dans la France, tout cela est dans vos lettres. Tantôt vous le peignez parce que vous l'avez observé ; tantôt vous le reproduisez sans vous en douter. Ce qui, pour vous, est spectacle devient à l’instant tableau dès que vous en parlez. Cela est rare et charmant.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3227" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><span> </span></p>
<p>Alors que la question de l’établissement d’un nouveau régime politique, et de la transformation du Président en Empereur, François souligne avec enthousiasme la maîtrise de Dorothée dans l’art de transcrire les tendances et les fluctuations politiques mais aussi de les saisir au travers d’une analyse fine des détails. (Sur la pratique épistolaire de Dorothée voir aussi la collection<br /><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16)" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants</a> )</p>
<p>Dans ce corpus de correspondance, un autre écho se laisse entendre. Alors que Chateaubriand meurt en juillet 1848, la publication posthume des Mémoires d’Outre-tombe se fait en feuilleton dans <em>La Presse</em> à partir du 21 octobre 1848 (Voir le <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4311597/f1.image.zoom" target="_blank" rel="noopener">numéro</a>), Dorothée craint une critique de ses pratiques diplomatiques et politiques. En effet, la princesse de Lieven et Chateaubriand ont fait partie du même réseau diplomatique en Angleterre. Le 2 octobre Dorothée demande à François :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Et à propos encore, avez-vous lu ce que M de Chateaubriand dit de moi dans son Outre tombe.<br /><span>Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3155" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </span></p>
<p>Le 4 octobre, Guizot répond :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Je ne lis pas les Mémoires d’Outre-tombe. C’est vous qui me faisiez lire ces frivolités-là, Outre-tombe, Raphael. Quand je ne vous ai pas, je ne me doute pas qu'elles paraissent. Je vais demander les passages où il est question de vous.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3159" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>C’est douze jours plus tard, le 16 octobre, que Guizot répond à Dorothée après s’être renseigné, vraisemblablement auprès d’Armand Bertin<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a> du Journal des Débats qui a été au service de Chateaubriand lors de son ambassade à Londres en 1822.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Armand Bertin était attaché à l'Ambassade de M. de Châteaubriand. Un soir en rentrant M. de Châteaubriand lui dit : « Madame de Lieven me traite bien mal. Elle ne sait pas à qui elle a affaire ni quels sont mes moyens de me venger. Certainement je me vengerai ? » Votre article d’Outre-tombe a été écrit alors de verve de vengeance. Il y a ajoute depuis ce qui me regarde. Je vous dis ce qu’on vient de me dire. Je ne l’ai pas lu.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3183" target="_blank" rel="noopener">lettre </a></p>
<p>Dorothée a quelques raisons de craindre la parution des Mémoires de Chateaubriand. L’auteur consacre un portrait à Dorothée et lui retire d’emblée ce qui lui est reconnu : son esprit et son expertise dans les pratiques de cour. Chateaubriand écrit :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Comme elle était hardie et passait pour être bien en cour, elle était devenue extrêmement fashionable. On lui croyait de l'esprit, parce qu'on supposait que son mari n'en avait pas; ce qui n'était pas vrai : M. de Lieven était fort supérieur à. madame. Madame de Lieven, au visage aigu et mésavenant, est une femme commune, fatigante, aride, qui n'a qu'un seul genre de conversation, la politique vulgaire ; du reste, elle ne sait rien, et elle cache la disette de ses idées sous l'abondance de ses paroles.<br />Chateaubriand, F.-R. de, <em>Mémoires d’outre-tombe</em>, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249</a> </p>
<p>C’est à Londres que Dorothée prend sa carrure diplomatique, sans se cantonner au rôle d’une femme d’ambassadeur. Elle devient diplomate.. En quelque sorte, Chateaubriand la remet à sa place, et une fois qu’il lui a ôté ses qualités intellectuelles et politiques, il lui retire ce qui peut alors donner plaisir à fréquenter une femme : sa beauté. Mais c’est sur son esprit et sur l’intérêt de ses conversations et de ses correspondances qu’il insiste et à la vulgarité, il ajoute la puérilité de ses pratiques diplomatiques.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Quand elle se trouve avec des gens de mérite, sa stérilité se tait ; elle revêt sa nullité d'un air supérieur d'ennui, comme si elle avait le droit d'être ennuyée ; tombée par l'effet du temps, et ne pouvant s'empêcher de se mêler de quelque chose, la douairière des congrès est venue de Vérone donner à Paris, avec la permission de MM. les magistrats de Pétersbourg, une représentation des puérilités diplomatiques d'autrefois.</p>
<p>Le portrait continue sur la description du contenu de son discours épistolaire. Sa politique et sa diplomatie semble restreinte à organiser des mariages. Encore une fois, Chateaubriand la ramène à sa condition de femme.</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle entretient des correspondances privées, et elle a paru très forte en mariages manqués. Nos novices se sont précipités dans ses salons pour apprendre le beau monde et l'art des secrets ; ils lui confient les leurs, qui, répandus par madame de Lieven, se changent en sourds cancans. Les ministres, et ceux qui aspirent à le devenir, sont tout fiers d'être protégés par une dame qui a eu l'honneur de voir M. de Metternich aux heures où le grand homme, pour se délasser du poids des affaires, s'amuse à effiloquer de la soie. Le ridicule attendait à Paris madame de Lieven. Un doctrinaire grave est tombé aux pieds d'Omphale : « Amour, tu perdis Troie. »<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) p. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">250</a> </p>
<p>Chateaubriand ne manque pas de terminer sur les relations de la princesse avec des grands hommes en ne soulignant que leur caractère sexuel et frivole. Le point d’orgue est atteint lorsqu’il évoque la relation entre Dorothée et François avec ironie. Le portrait est si acide qu’Edmond Biré l’éditeur de 1898 se sent obligé d’annoter ce passage en citant un témoignage d’un autre secrétaire d’ambassade de Chateaubriand :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. « Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><sup>[2]</sup></a>, elle dominait les filles d'Albion par une in- contestable supériorité d'attitude et 'de manières. Elle savait causer de tout ; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance ; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique ; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano. » Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich ; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. A Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Egérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.<br />Chateaubriand, F.-R. de, Mémoires d’outre-tombe, Tome 4 ; Edmond Biré (ed.), (1899-1900) pp. <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9660797n/f267.item.r=m%C3%A9moires%20d'outre%20tombe" target="_blank" rel="noopener">249-250</a> </p>
<p>Voir encore sur ce sujet la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/16" target="_blank" rel="noopener">1837 (1<sup>er</sup> juillet- 6 août) : Les premières semaines de la relation et de la correspondance entre les deux amants </a></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Armand Bertin (1801-1854)</p>
<p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> Marcellus, Marie Louis Auguste de Martin du Tyrac (1776-1841 ; comte de)<br /><br /><br /></p>
<p><strong>Politique et histoire</strong></p>
<p>François rentre en France, mais au Val Richer et non à Paris. Cette distance géographique de la scène politique permet à François de réfléchir aux modalités de son activité en France. Comme en 1837, lors de ses vacances gouvernementales (voir les collections <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/33" target="_blank" rel="noopener">1837-1839 : Vacances gouvernementales</a> et <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/14" target="_blank" rel="noopener">1838 : Réflexion politique et élaboration historique</a>) et en 1849 en exil (voir la collection <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/collections/show/39" target="_blank" rel="noopener">1849 : De la Démocratie en France : Guizot reprend la parole</a>), le travail historique permet à Guizot de prendre une posture légitime d’expert. Dans sa retraite au Val-Richer, il décrit l’emploi de son temps :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Le beau temps a disparu. La pluie revient dix fois par jour. Je me promène pourtant. Les bons intervalles ne manquent pas. Je me lève de bonne heure. J’écris ; ma toilette, la prière. Nous déjeunerons à 11 heures. Promenade. Je fais mes affaires de maison et de jardin. Je remonte dans mon cabinet à une heure. J'y reste, sauf les visites. Nous dînons à 7 heures. Je me couche à 10. Quand le flot des visites se sera ralenti, j'aurai assez de temps pour travailler. Je veux faire beaucoup de choses. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3438" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>Il exprime dès son arrivée sa volonté de s’engager dans son travail historique et de profiter de ce temps au Val-Richer pour écrire :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Samedi. 4 août. 7 heures<br />Je vous dis bonjour en me levant. Je vais travailler. Il faut que j'aie fait deux choses d'ici à la fin de l'automne. Pour les grandes et pour les petites maisons. Le temps est superbe. Je vous aime mille fois mieux que le soleil. Adieu. Adieu. Je dors bien mais toujours en rêvant. Décidément la révolution de Février m’a enlevé le calme de mes nuits, bien plus que celui de mes jours.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045" target="_blank" rel="noopener">lettre </a><span><a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3045"></a></span></p>
<p>Guizot est le premier à établir des liens entre ses études historiques et les principes de sa position politique. Il exprime ce va-et-vient entre l’histoire et l’actualité. Alors que la question du régime politique de la France et son système constitutionnel est en discussion, il reprend son point de vue depuis l’histoire d’Angleterre et la réussite d’une monarchie constitutionnelle.</p>
<p style="padding-left: 40px;">C'est, je vous assure, une singulière impression que de vivre en même temps au milieu de tout cela, et au milieu du long Parlement, de Cromwell, de Richard Cromwell des Républicains, des Stuart & & & C'est une perpétuelle confusion de ressemblances et de différences, et de curiosités et de conjectures, qui tombent pêle-mêle sur la France et sur l’Angleterre, sur le passé et sur l'avenir. Je ne dirai pas cependant que je m’y perde. Mon impression est plutôt qu’il rejaillit bien de la lumière d'un pays et d’un temps sur l'autre. Mais soyez tranquille ; j'ai assez de bon sens pour ne pas me fier à mon impression et pour savoir que je n’y vois pas aussi clair que par moments, je le crois.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3219" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>C’est en 1850, qu’est publié le <em><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5368009n/f11.item" target="_blank" rel="noopener">Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre : pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi</a>.</em> Comme pour son essai <em>De la Démocratie en France</em>, publié un an plus tôt, Guizot vise une publication simultanée en France et en Angleterre. Ainsi Mad Austin vient d’Angleterre pour travailler avec Guizot au Val-Richer sur la traduction du manuscrit. Il écrit le 13 octobre 1849 :</p>
<p style="padding-left: 40px;">Mad. Austin m’arrive le 19 au Val Richer, pour traduire, mon ouvrage sous mes yeux. Il me faut 36 heures pour la mettre en train. Je ne puis partir que le dimanche 21 pour vous voir lundi 22. Je ne pourrai rester à Paris que deux jours. Il faudra que je revienne ici pour achever, mon travail et surveiller la traduction. Je comptais rester au Val Richer, jusqu'à la fin de Novembre, et quelques jours employés à une course à Paris me mettront en retard, par conséquent dans l'impossibilité d'y revenir plutôt. Si au contraire, je ne me détourne pas de mon travail, le 21 Octobre, je pourrai avancer mon retour définitif à Paris. J'y reviendrai alors décidément, le 15 ou le 16 novembre. Je prends le choix des deux jours à cause de l’incertitude des diligences où il me faut beaucoup de places. Il me semble que cela vaut mieux. Si vous étiez revenue à Paris vers le milieu de septembre, selon votre premier projet, il n’y avait pas à hésiter ; notre réunion définitive était trop loin ; j’allais vous voir sur le champ, ne fût-ce que pour deux jours. Vous ne revenez que le 18 octobre. Je puis, en ne m'interrompant pas dans mes affaires d’ici, travail et traduction, retourner définitivement à Paris, le 15 novembre. Ne vaut-il pas mieux faire cela que nous donner deux jours le 22 octobre pour retarder ensuite de quinze jours ou trois semaines notre réunion définitive ? Point de mauvais sentiment, point d'injuste méfiance, je vous en conjure. Le bonheur de vous retrouver de reprendre nos douces habitudes est ma première, ma constante pensée. <br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3176" target="_blank" rel="noopener">lettre</a> </p>
<p>François écrit finalement le 28 octobre :</p>
<p style="padding-left: 40px; text-align: left;">J’arriverai à Paris sans avoir fini mon travail. Il sera très près de sa fin, mais pas fini. Il me plaît, et je crois qu’il m'importe. Je ne veux le publier que bien et vraiment achevé. J'aurai besoin, chaque jour, pendant trois ou quatre semaines de quelques heures de solitude. Je les prendrai le matin, en me levant. C'est mon meilleur temps. Je ne recevrai personne avant 11 heures. On me dit que j'aurai bien de la peine à me défendre, qu’on viendra beaucoup me voir. Amis et curieux, tous oisifs. Je me défendrai pourtant. Je veux garder pleinement mon attitude tranquille et en dehors. Je n'ai rien à faire que de dire, quelquefois et sérieusement, mon avis.<br />Voir la <a href="https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/items/show/3207" target="_blank" rel="noopener">lettre</a><br /><br />Marie Dupond (Octobre 2022)<br /><br /><br /><br /></p>
</div>
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Le 10 novembre 1849
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
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Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
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Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 12
Title
A name given to the resource
Paris, Samedi 10 novembre 1849, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1849-11-10
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Subject
The topic of the resource
Politique (France)
Conversation
Réseau social et politique
Salon
Réception (Guizot)
Femme (politique)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris le 10 novembre 1849<br /><br />M. Dunon est venu me voir hier matin. Il est d'avis comme vos autres amis que vous retardiez votre venue ; mais après un peu de dialogue il a reconnu que dans la parfaite incertitude de l'époque d’un événement cela n’avait pas de sens. Le duc de Noailles de son côté est très pressé de votre retour et ne comprend pas pourquoi on vous conseillerait de le différer. Lui voudrait plutôt le hâter. Il désire fort vous lire son discours à l'académie. Il l'a lu à la vicomtesse que le dit charmant. Comme j’avais refusé hier de dîner à l’ambassade d'Angleterre, j'ai imaginé d’être polie, et d'y aller tout de suite après. On venait de se lever de table. Très petit dîner, j’y ai trouvé M. Molé, le général Changarnier et Lord Lansdowne. Changarnier est venu causer et a débuté en me disant que je serais contente des journaux du matin (aujourd’hui) lesquels renfermeraient une sorte de manifeste de M. Carlier très menaçant pour les rouges, et en général d'un ton très ferme, & où se trouve omis le mot république & puis liberté fraternité & & qui sont l’ornement obligé de ces sortes de pièces. J’ai accueilli cette nouvelle avec un grand plaisir, & fort applaudi à tout ce que ressemblerait à de la force, il a soupiré et semble trouver qu'on n'en fait pas comme on ne devrait faire. Un peu de tristesse dans son langage. Comme je ne connais pas l'homme je ne sais pas la valeur de cette [ ?]. Il a encore prôné ce que j'allais. lire. Molé très préoccupé très triste. Point de conversation suivie avec moi. Beaucoup d’aparté avec Changarnier, et [?] & Achille Fould qui sont entrés quelque temps après moi. On m’avait dit le matin que jamais Changarnier ne va chez Molé ni Thiers. C'est convenu. Ils se bornent à se rencontrer. Changarnier préfère cela. Achille Fould m’a abordée, il m’a parlé avec tristesse de la situation qu'il a acceptée, & puis tout de suite il a passé à me demander. de vos nouvelles quand vous reviendrez. J’ai dit que j’espérais dans 8 ou 10 jours. Et puis, que pense M. Guizot ? - M. Guizot pense qu’il faut soutenir l’autorité tant qu’elle donne des gages d’ordre & de force. - M. Guizot a un trop bon esprit pour ne pas penser cela.<br />Son langage m’a plu. Je ne suis resté qu’une demie heure, je voulais éviter la grande soirée. Les hôtes étaient comblés de ma présence. Il voulait encore descendre dans la rue, je me suis opposée. Le matin j’étais d'une grande impatience de lui, et à ma grande surprise, je ne trouve rien. Le manifeste n’a point paru. Pourquoi ? J’ignore peut-être le moniteur le contient- il ? Dupin est venu aussi. Il s'est borné à me saluer. Je vous répète que j’ai trouvé les visages celui de Molé surtout, triste. Lansdowne est ravi de se trouver à Paris. Le prince Paul affirme qu'on prépare une loi pour supprimer les gardes nationales d'abord dans pour arriver à leur suppression à Paris. Midi. J’ai envoyé chercher le Moniteur. Il n’y a rien. Je suis d'autant plus surprise de ce silence que lady Normanby connaissait la pièce, et la glorifiait hautement. Que s’est-il passé cette nuit qui a fait changer d’avis ? Changarnier m’a dit aussi que les rouges avaient détaché 200 émissaires qu'ils ont lancé dans les départements depuis deux jours. J’attends votre lettre. Mais je finis en attendant. Adieu. Adieu.<br />Le duc de Noailles vante Molé, et parle mal de Thiers, dans le sens que vous dites. Je viens de recevoir votre lettre, je n’ai pas d’autres nouvelles.</div>
Conversation
Femme (politique)
Politique (France)
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
Salon
-
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Title
A name given to the resource
1850 (31 mai-18 octobre) : Une posture politique et publique à établir
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-06
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Val-Richer (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Le 14 juin 1850
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 13
Title
A name given to the resource
Paris, Vendredi 14 juin 1850, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-06-14
Language
A language of the resource
Français
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Santé (Dorothée)
Circulation épistolaire
Réseau social et politique
Femme (politique)
Institut
Relation François-Dorothée
Conversation
Réception (Guizot)
Politique (France)
Salon
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris le 14 Juin 1850<br /><br />D'abord, je ne suis pas poitrinaire. Je respire. Chancel veut que j'aille à Ems le 1er juillet. Le détail je vous le dirai. Je vois par votre lettre ce matin que vous ne hâtez pas votre arrivée ici. Duchâtel part Dimanche à 8 h. du matin avec Broglie. Vous ne les verrez donc pas ici. J'ai eu hier une seconde lettre. de Lord A[berdeen]. très bonne. Je l’ai envoyée au G[énéral] Lahitte. J’ai vu hier comme de coutume beaucoup de monde. Ste Aulaire entre autre, qui voudrait bien savoir si vous voulez être porté à l’Institut. Je lui ai dit que je croyais que non. Ai-je mal fait ? Je compte que vous dînerez avec moi dimanche, car sans cela nous aurons bien peu de temps pour nous voir. 1 heures Je viens de voir un de vos fidèles. Il trouve et les autres aussi, qu'il faudrait absolument que vous allassiez tous ensemble. Et puisque Beauvale veut absolument partir Dimanche matin on essayerait de le faire retarder jusqu’à Dimanche soir. Ou bien on vous engagerait bien à ne faire que traverser Paris pour partir avec lui dimanche matin aussi. Ils ont tous l'air de tenir tant à ce que vous & Beauvale allassiez ensemble, que je suis obligé de le désirer aussi et de me résigner à ne pas vous voir à votre passage. Vous me retrouveriez à votre retour. Voyons ce que vous déciderez.<br />Je me suis trouvée hier soir dans un cercle de [pointus] chez la vicomtesse. Ah, c’était drôle. La dotation. J’ai dit qu'il fallait la voter. M. de la Rochejaquelein était d'une courtoisie pour moi qui était presque de la platitude. On a parlé de prorogation des pouvoirs, et on m’a demandé si je voulais que cela fût voté aussi. Pourquoi pas ? Mais consultez-moi dans deux ans, en attendant votez les 3 millions. Votre nom était prononcé là avec beaucoup de respect. Si je ne vous vois pas, vous saurez de mes nouvelles dans un grand détail par quelqu’un qui vous attendrait chez vous dès 5 heures du matin dimanche. Quel dommage que vous n’arriviez pas demain. ! That would have been the thing. Adieu. Adieu.</div>
Circulation épistolaire
Conversation
Femme (politique)
Institut
Politique (France)
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Réseau social et politique
Salon
Santé (Dorothée)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/9dae13d3b689b9e5e3daf97886c41f28.jpg
ecb484125cadd5b30b8a974324acfe76
Dublin Core
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/c89a1512da33291a3f3c1ee58bdf343c.jpg
1621a945e3f311b85a9469038f83214f
Dublin Core
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/8f4f2da44fbfd5e98c60a8b44b875db1.jpg
db0a68ec1def1327f11217729832be3e
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1850 (31 mai-18 octobre) : Une posture politique et publique à établir
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-06
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Val-Richer (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Bruxelles
Date précise de la lettre
Le 6 août 1850, mardi
Heure
5 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
2753, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 13
Title
A name given to the resource
Ems, Mardi 6 août 1850, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Ems (Allemagne)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-08-06
Language
A language of the resource
Français
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Conditions matérielles de la correspondance
Relation François-Dorothée
Enfants (Benckendorff)
Diplomatie
Réception (Guizot)
Presse
Politique (France)
Presse
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Ems le 6 août 1850 Mardi<br />5 heures<br /><br />Que c’est triste de recommencer à écrire ? Voilà un orage semblable à celui du jour de votre arrivée, mais comme il a bien fini alors. Je n’attends rien au bout de celui-ci. Je viens de dîner avec mon fils. Kolb est revenu. Il a arrêté pour moi à Schlangenbad l'appartement de la princesse de Prusse. Elle le quitte samedi matin, moi j’y entre samedi soir. Excepté la princesse, qui n'y sera plus, il n’y a personne absolument. Je me suis fait lire votre lettre, je la trouve belle, évidemment elle a fait de l'effet.<br /><br />Mercredi 7<br />Hier nous avons passé une moitié de la journée à nous barricader contre le soleil et une chaleur étouffante, l’autre moitié en précautions contre le tonnerre & une pluie battante. La journée entière passée sans promenade. Mon fils & moi tous seuls. Le soir votre petite princesse de Beauvau, & le Prince de Chalais. Aujourd’hui il fait parfaitement froid, & pas un rayon de soleil. Vous m’avez tout enlevé. Une longue lettre d’Ellice. Je m'en vais l’étudier, & je vous l’enverrai demain. Voici la fin d'un long article de la presse du 4 à propos de votre lettre. " M. G. vient de se venger en homme d'esprit. Il s’est montré tout à la fois plus libéral que M. Thiers plus religieux que M. de Montalembert & plus républicain que M. le Président de la république. " Je cite parce que vous ne lisez pas la presse.<br /><br />2 heures. Voici encore un temps détestable, du veut de la pluie, & très froid. C’est trop triste. Vous et le beau temps de moins ! Je n’ai rien à vous dire, que mon plaisi,r mon regret. Ces huit jours ont été charmants. Recommençons l’année prochaine, mais mieux. Adieu. Adieu.</div>
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Conditions matérielles de la correspondance
Diplomatie
Enfants (Benckendorff)
Politique (France)
Presse
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/5bf3199c168fba09799b0318dd1c733a.jpg
fb77b18f6410830af01b45e53b549836
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/aa52437073a9fc887070677739a53441.jpg
7cc173010790c8d3b6b16f170ab40800
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1850 (31 mai-18 octobre) : Une posture politique et publique à établir
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-06
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Val-Richer (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Paris
Date précise de la lettre
Samedi le 10 août 1850
Heure
8 heures
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
2761, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 13
Title
A name given to the resource
Ems, Samedi 10 août 1850, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Ems (Allemagne)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-08-10
Language
A language of the resource
Français
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Presse
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Ems 8 heures Samedi le 10 août 1850<br /><br />Je sais de vos nouvelles par les journaux de Bruxelles. J’attendrai avec impatience plus & mieux par votre lettre. Mon fils vient de partir, grande peine pour moi. Je pars à l’instant, je laisse encore ce petit mot d’adieu de ce joli Ems, si joli quand vous y étiez. Je vais me plonger dans l’eau de beauté & dans la solitude. Voyons comment me réussira celle-ci, l’autre revient à la Princesse Grasalcovitch. Le temps s’est relevé un peu. Il faut qu'il dure car je serai bien malheureuse sans cela. Adieu. Adieu.</div>
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Presse
Réception (Guizot)
Relation François-Dorothée
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/a27f9adeb5369011a54b3acf16119114.jpg
2abc1204dbd2c75b8fb25b5a6eb4fd4b
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/61e54921314aa486455763cb7cc34b8f.jpg
31bdf3d271ebd852685bd73e7e67d022
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/afb6decbbbbbeb24c7bfc361a43813cd.jpg
ae8756ebc569825a4ca3159de24cec56
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1850 (31 mai-18 octobre) : Une posture politique et publique à établir
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-06
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Val-Richer (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Paris
Date précise de la lettre
Mardi le 13 août 1850
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
2766, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 13
Title
A name given to the resource
Schlangenbad, Mardi 13 août 1850, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Schlangenbad (Allemagne)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-08-13
Language
A language of the resource
Français
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Presse
Politique (France)
Diplomatie
Réception (Guizot)
Enfants (Benckendorff)
Santé (Dorothée)
Réseau social et politique
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Schlangenbad Mardi le 13 août 1850<br /><br />Les journaux me paraissent fort occupés des dîners militaires du Président. Vous ne manderez quelque chose de Paris sur ce sujet. Est-ce que je retrouverai la république. J’ai eu un mot de Chreptovitch de Kissingen. Il partait avec son beau père pour Vienne. Il avait été question de lui donner l’initiative de Londres pendant l'absence de Brunnow mais on a trouvé que c’était faire trop d'honneur à l'Angleterre, et afin de faire le contraire on y laissera M. de [Bey], parfaitement bête, chargé de ne rien faire.<br /><br />4 heures Voici votre lettre du 10. Merci, merci. Constantin me fait un long bulletin de Berlin. Le roi enchanté de votre enchantement de Stalgenfeld. S'il avait su, il vous aurait fait préparer un appartement. Le roi aussi bien que le Prince de Prusse mécontent de la Duchesse d’Orléans. Occupés de l'avenir de la France, écoutant Constantin avec curiosité et de son avis. Le comte de Chambord a passé la journée du 6 à Postdam. Il y a fait une impression très favorable. On l'a traité avec de grands égards. Le roi & son frère avaient [mis] le St Esprit. Périgny en est désolé. L’Empereur va faire un voyage d’inspection à Kiev & & et rejoindra plus tard à Varsovie l’Impératrice qui y va dans trois semaines. Venise est possible pour l'hiver, mais rien n’est décidé.<br />Le 14. Je vous écris de mon lit. Le temps humide ne me va pas. Je n’ai pas dormi. J'ai des douleurs partout. Quel ennui. Hier Mad. Malorte a été à Wisbaden. Elle a vu le Général de Changarnier et lui a même parlé. Elle est dans l’enthousiasme de sa bonne grâce de son grand air. Il lui a dit à revoir à Paris car tant que je n’y serai pas il n’y aura pas de repos en Europe. C’est gros. Il me semble qu'il a la même confiance que le Président. C’est l'effet qu'il a fait sur Mad. M. C'est une personne très sensée, & je crois à ses impressions. Pour moi, je n’irai pas à Wiesbaden malgré ma curiosité. C’est loin c’est fatigant, & j’ai ici une détestable voiture. Le duc de Parme a passé la soirée chez moi. Il me plonge dans l'Italie. Cela ne m’intéresse pas encore beaucoup. Si je suis réduite à sa société il faudra bien que cela vienne. Adieu. Adieu. Je suis bien contrariée de mon lit.</div>
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An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Diplomatie
Enfants (Benckendorff)
Politique (France)
Presse
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
Santé (Dorothée)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/94d45510c46c52ccddad448e80df56a1.jpg
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Dublin Core
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
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Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
1850 (31 mai-18 octobre) : Une posture politique et publique à établir
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-06
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Val-Richer (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Le 19 septembre jeudi 1850
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
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Source
A related resource from which the described resource is derived
2819-2820, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 13
Title
A name given to the resource
Paris, Jeudi 19 septembre 1850, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-09-19
Language
A language of the resource
Français
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Deuil
Famille royale (France)
Politique (Angleterre)
Femme (politique)
Réseau social et politique
Politique (France)
Presse
Santé (Dorothée)
Réception (Guizot)
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris le 19 Septembre jeudi 1850<br /><br />J’ai oublié de vous répondre sur le deuil. Je crois qu'en le portant jusqu’à la fin de l’année cela sera bien, et assez. Ce que vous dites sur Liverpool et Castelrengh est vrai. Il reste le choix entre rendre son pays très heureux & même glorieux car c'est ce qu’ils ont fait, et se donner à soi des pages brillants dans l’histoire. Moi, j'honore bien plus lord Liverpool que M. Canning. C’est très bourgeois ici que je vous dis là, je le suis un peu en politique. J’ai vu hier matin, lady Douglas, très bonne personne & qui me plait. Tolstoy est revenu. Un accident dans la famille a hâté son retour. Il regrette beaucoup de n’avoir pas pu aller au Val Richer. Je suis charmée de l’avoir ici. Hier soir M. Mercier, revenant de Bade. Trés curieux sur Bade. Thiers archi orléaniste. Ennemi juré des des légitimistes, & républicains plutôt que cela. La reine de Hollande éprise de lui & lui d’elle. Tous les jours ensemble. C'est assez drôle à entendre. Il parait qu’il n’avait pas encore vu la grande duchesse Hélène. Les princesses en querelle entre elles. La princesse de Prusse en grande hostilité avec la reine de Hollande sa cousine. Thiers n’a pas bougé de Bade. La princesse Mathilde a rêvé.<br />Achille Fould est venu hier soir aussi. Il a certainement de l’esprit, et de la mesure dont je fais grand cas. Il est convaincu quoiqu’on dise ou qu’on fasse, qu'il en ira de la prolongation de la Présidence comme de la dotation. On la votera & tout le monde. Le pays très tranquille & à aucune époque le gouvernement n’a été plus puissant et plus obéi. J’ai donné à lire à Dumon des articles de l’Indépendance Belge, répétés dans le Galignani, évidemment venus de Clarmont qui atténuent & dénaturent même un peu les messages entre Wiesbaden & Clarmont. Salvandy y est tourné en ridicule. Je ne sais pas un mot d’aucun de ces quartiers, pas même des commérages. Montebello est ici, mais il n’est pas venu me voir encore. Mon rhume continue. C'est bien long, et mes yeux sont enrhumés aussi. Adieu. Adieu.<br /><br />2 h. tout à l'heure Montebello & M. Molé venu pour la commission. Molé enchanté de ce que vous me dites à propos de l’article dans le Constitutionnel. Il signerait chacune de vos paroles.</div>
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Deuil
Famille royale (France)
Femme (politique)
Politique (Angleterre)
Politique (France)
Presse
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
Santé (Dorothée)
-
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/46b05f1e80fb06a0da8ee679eb304e3b.jpg
a9ecffb1d95fe31cafa3bd1f35e32713
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/17eac3879d1ab62e41087ccfbc5af7bd.jpg
5e3f220bf3c5f97bc019a0af1da2d7f5
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/files/original/e779dc3485403bd1ca0c649af1bb2780.jpg
ac6ee55fbe45d1191e0b581cb384bcbe
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
1850 (31 mai-18 octobre) : Une posture politique et publique à établir
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guizot, François (1787-1874)
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-06
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Val-Richer (France)
Language
A language of the resource
Français
Type
The nature or genre of the resource
Correspondance
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Correspondance
Notice pour une lettre ou toute correspondance
Destinataire
Format à utiliser : Nom, Prénom
Hormis la majuscule à la première lettre, ne pas utiliser la majuscule.
Vous pouvez mettre les dates de naissance et de mort, entre parenthèses après le nom de l’auteur si ce n'est pas l'auteur décrit dans la collection
Si la lettre a plusieurs destinataires, mettre un nom par entrée.
Si l'identification d'un éventuel surnom ou pseudonyme n'a pas été possible, on l'indiquera dans le champ DC « Description »
Guizot, François (1787-1874)
Lieu de destination
Format : Ville (Pays), puis Adresse complète si possible.
Val-Richer
Date précise de la lettre
Lundi 30 septembre 1850
Nature du document
Propositions non exhaustives :
Manuscrit, tapuscrit, copie dactylographiée, etc.
Lettre, carte postale, photo, etc. (correspondance)
Photographie, diapositive, etc. (iconographie)
Passeport, carte d'identité, répertoire, agenda, etc. (dossier biographique)
Journal, magazine, revue, etc. (presse)
Lettre autographe
Support
Support physique (codicologie). Propositions non exhaustives :
Papier, carnet, feuillet
Carte plastifiée (dossier biographique), négatif, etc. (iconographie)
Autre support : enregistrement sonore, vidéo, etc.
copie numérisée de microfilm
Etat général
Pour tout commentaire sur l'état du document (présence de ratures, etc.), il faut mieux l'indiquer dans la rubrique « état génétique ».
Bon
Localisation
Localisation géographique du document.
Indiquer où est hébergé le document et le nom du fonds, avec l’adresse précise si possible.
Archives Nationales (Paris)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Source
A related resource from which the described resource is derived
2845, AN : 163 MI 42 AP Papiers Guizot Bobine Opérateur 13
Title
A name given to the resource
Paris, Lundi 30 septembre 1850, Dorothée de Lieven à François Guizot
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Paris (France)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1850-09-30
Language
A language of the resource
Français
Rights
Information about rights held in and over the resource
Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0.
Subject
The topic of the resource
Politique (France)
Réception (Guizot)
Famille royale (France)
Réseau social et politique
Femme (portrait)
Salon
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Paris Lundi 30 septembre 1850<br /><br />Voici Bruxelles, de première source. Grandissime joie de la Circulaire de Wiesbade. La fusion n’est plus possible. Elle ne l’a au reste jamais été, et personne n'y a sereinement pensé à Clarmont. La mission de Salvandy réduite à un simple remerciement du bon procédé, aucune portée politique. Il faut rester séparé, conserver intactes ses propres chances. Voilà le roi & van Prast. Je vous en réponds. Et très très décidés. M. Guizot a beaucoup faibli. En revanche M. Thiers est plein de vigueur et d'énergie, pleine confiance dans Thiers et d'amour pour lui. C’est toujours le roi et son Ministre dont je vous parle. La Reine mourante, & sans doute morte dans peu de semaines. Immense péril pour le Roi. La population. amuse le roi, la reine meurt du chagrin qu’il lui cause. La maîtresse, une Mme Mayer a été huée l’autre jour comme elle passait en voiture avec son fils, le fils du roi. On est convaincu à Bruxelles que si la reine meurt la populace ira attaquer la maison de cette femme l’émeute grossira. Le roi résistera. Ce sera une seconde édition de Lola Montès, et l’on s’entretient publiquement dans les rues de l'abdication du roi et d’une future régence. Voilà qui est gros, & je vous répète que la source est excellente. Eye witness, et qui a reçu toutes les confidences.<br />J’ai vu hier deux fois Kisseleff. Le soir une nouvelle dame Baratinsky avec des yeux fascinants. On ne peut pas regarder autre chose, noirs, une forêt de cils dessus, dessous, comme je n'en ai jamais vus agréable avec cela. Elle vient de Bade, elle a été témoin du désappointement. de la grande duchesse Olga, & de son piteux retour de Heidelberg. Elle est très lié avec tout ce monde. Je saurai par elle davantage. Pas de nouvelle ici. Adieu. Adieu.<br />Brignoles. Bauffremont. Antonini. Durazzo & hier soir.</div>
Publisher
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Marie Dupond & Association François Guizot, projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)
Famille royale (France)
Femme (portrait)
Politique (France)
Réception (Guizot)
Réseau social et politique
Salon