Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Schlangenbad le 26 août 1850

Je me décide à aller à Bade. Adressez-moi vos lettres là, grand duché de Bade. C'est plus correct & peut être c’est plus amusant que de me morfondre déjà à Paris. Il est vrai que j’y perds la société du duc de Noailles pour mon retour. J’en trouverai peut être une autre. Je ne sais rien vous dire, pas un chat, pas une lettre. Je ne resterai certainement à Bade que jusqu'au 4. Mais j’aurai le temps d'y recevoir deux ou trois lettres car là elles arrivent vite. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Schlangenbad le 23 août Samedi 1851

Votre lettre du 17 me prescrit de continuer à vous adresser les miennes au Val Richer. C’est drôle. Certainement vous ne recevrez plus celle-ci à Londres, & je ne vous écris que par obéissance. Constantin est arrivé il ne me dit rien de nouveau mais bien des détails. Aujour d’hui je vais avec lui dîner au Johannisberg. Ensuite coucher à Bibérich. Demain je m'embarque pour aller coucher à Cologne, de là vous savez. Cela me ramène à Paris bien plutôt que je ne voulais surtout par ce beau temps mais je suis tracassée de ma santé. Ma langue, ma tête. Il faut aller consulter mieux que Kolb. Adieu. Adieu.
Cette lettre ne vous arrivera jamais. Quelle idée de ne pas laisser vos ordres au moins à Paris.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Cologne vendredi le 4 juillet
8 heures de matin 1851

Je suis arrivée ici hier très tard. Le tapage dans l’auberge m’a empêchée de dormir toute la nuit, je vais repartir & je vous dis seulement deux mots. J’ai eu une longue conversation à Bruxelles. J’efface c’est inutile, je vous dirai cela d’Ems. Le Roi Léopold était attendu hier à Bruxelles. Ses enfants seuls vont à Ems. Il reste à Bruxelles M. Van Praet a été pour moi, charmant. Il m’a donné jusqu' ici une voiture royale qui me recommande tout-à-fait avec les chemins de fer. Mon fils me conduit à Coblence Adieu. Adieu. Je suis très fatiguée, Je serais bien contente d'être arrivée.
Marion & Kolb, des perfections. Adieu

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Ems Samedi le 5 juillet 1851

Je suis arrivée hier à 7 heures après un voyage excellent. Je me suis séparée de mon fils à Coblence, bien bon garçon. Ici je retrouve tout, très bien, matériellement, pas une âme de connaissance. Nous avons bien besoin l’un de l’autre. Duchatel & moi.
Votre lettre du 2 qui est venue ce matin. Une d’Ellice aussi. Le discours de Thiers n'a pas fait fortune en Angleterre du tout. Ellice me dit quel effort de déraison ! Lord john est parfaitement raffermi, & restera très solidement. pour l’éternité. Amen. On m’a dit à Bruxelles qu'on ne s’est pas douté à Paris de l’effet produit à Claremont par la lettre du comte de Chambord en février. La duchesse d’Orléans était rendue complètement. On songeait à une entrevue. La proposition Creton renversée par Berryer a renversé toute la [?]. Léopold est très sensé. Il donne les meilleurs conseils. Les doutes que j’avais exprimés à ce sujet ont beaucoup déplus & étonnés. J’ai dit des choses utiles.
A Bruxelles comme partout, on est convaincu de la durée du Président, et comme partout, on la désire car on ne voit rien de bon que cela en fait de choses possibles. A Naples chaque fois qu'on se rencontre, on fait un petit programme de phrases à s'adresser ni plus ni moins. C’est positif. Je crois que je vous ai dit tout ce que j'ai ramassé.
Marion est ravie d’Ems elle a une fort jolie chambre à la gauche de mon salon. L’air est délicieux, ni trop chaud, ni trop froid. Je ne regrette de Paris que vous, car du reste je pense de lui avec mépris, au physique & au moral. Adieu. Adieu. Adieu.
Brunnow ne parle de Walensky que comme d’un polisson. S'il fait comme il parle cela va faire une relation agréable. Le discours à Châtellerault est excellent.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Ems le 16 juillet 1851

Comme de raison je n'ai rien eu aujourd’hui. Vous vous éloigniez. Qu’est-ce qu’un Baron de Renduff qui dit qu’il était ministre du Portugal à Paris à l’époque de la Révolution ? Il tombe chez moi comme une bouche hier soir. Je dis que je ne le connais pas. Duchâtel lui dit la même chose. Il reste un peu, & puis il part et quand il a été parti, il nous est venu un souvenir vague de l’avoir vu.
Nous nous sommes amusés au piquet, au lansquenet à des bêtises, à 9 heures je renvoie tout le monde.
J’ai l’esprit un peu tourmenté sur Paris. Attendu que je n'ai point pris de robes, je crois qu'il arrivera là des choses qui m’empêcheront d’y retourner, excellente raison n'est-ce pas ? Parlez-moi raison je vous prie afin que je sois rassurée.
J’avais passé chez Mad. d’Ust. Elle vient de me rendre ma visite, c'est une aimable personne tout à fait. Elle était accompagnée d'un vieux général. J’irais voir la petite princesse. Je suis bien aise de faire des politesses au roi Léopold. M. van Praet a été parfaitement poli pour moi. Jamais je n'oublierai cette belle et bonne voiture qui m’a conduit à Cologne.
Je ne vous ai pas parlé de ma santé encore. Cela ne va pas si bien que l’année dernière, j’ai un an de plus. Le temps aussi est exécrable. Adieu. Adieu, vous êtes donc seul au Val-Richer ? Je ne vous conçois pas tout-à-fait seul. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Ems le 2 août Samedi. 1851 6 h. du matin

On m'emballe, et pendant ce temps je vous écris un mot. La comtesse Chreptovitz est arrivée de Londres hier. Elle me raconte à propos du nouvel oukaze pour les passeports, que Nesselrode & Orloff l'ont appris en même temps que le public. L’Empereur l'a fait promulguer d'une manière soudaine, ses ministres l’ignoraient. L’étonnement & le mécontentement ont été grands. J'essaye avec les Chreptovitz de parer le coup qui attend peut être mon pauvre Alexandre. si on lui refuse de sortir du pays, quelle triste affaire. On vient de refuser à une de ses cousines aussi une sœur du petit cousin.
J'ai eu la migraine hier tout le jour, & tout le monde est venu, beaucoup de monde. Je me suis couchée de très bonne heure. J’espère aller mieux à Schlangenbad. Je vous quitte. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Francfort Dimanche 10 août 1851

Avant de quitter Schlangenbad. J’ai reçu votre lettre du 5, et ce matin ici, celle du 6. Voilà qui est bien, mais les perdues restent perdues. Je suis arrivée ici à 8 h. La grande Duchesse un quart d’heure après moi, et une minutes après j’étais dans ses bras, car c’est ainsi qu'elle m’a reçue. Aussi tendre, plus tendre qu'il y a 16 ans à Pétersbourg. J’ai eu un grand grand plaisir à la voir & la contempler. Elle est charmante. Une heure de conversation intime, toutes choses. Je n’ai retrouvé mon lit qu'à dix et demie. Ce qui est hors de mes habitudes. J'ai dormi un peu. Je passe la journée ici. Demain, je ne sais pas. Ma tête va toujours mal.
Brunnow a été appellé en toute hâte à Petersbourg. On me mande cela de Londres. Il est radieux. J’ignore tout-à-fait pourquoi on l’a fait venir. Mon ministre ici le Prince Gortchakoff qui a été huit ans secrétaire chez mon mari à Londres est un homme d'esprit et fort au courant. Il est content de l’Allemagne, les deux grandes puissances laissent de côté les questions politiques & ne songent dans ce moment qu'à la question sociale. Premier intérêt pour tous, & sur cela on s’entend à merveille, & on agit avec une merveilleuse activité. Je suis interrompue par des visites, & de peur d'accident je fermerai ma lettre. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Ems le 25 juillet 1850

Je vous adresse à tout hasard un mot dans votre maison de ville. Car la peur me prend que vous ne vous soyez mis en campagne, & je veux que vous sachiez que je reste en Allemagne jus qu'au 20 ou 22 août ou même plus si vous venez plus tard. Je vais le 8 à Shlangenbad. Tout près d'ici. Ce sont des bains calmants excellents pour les nerfs. J’y resterai une quinzaine de jours. Si vous venez après le 13 vous me trouverez là, et cela vaut bien mieux que de vous presser maintenant pour vous retrouver au Val Richer le 6. Je crois vous avoir parlé de mon projet de Schlangenbad. Si vous avez eu cette lettre elle vous aura décidé à attendre. Enfin nous verrons, quand on est si loin les explications. sont impossibles ! Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Richmond 8 août 1848, Mardi
Midi

Mon fils a longtemps causé hier avec Tallenay. Celui-ci lui a dit qu’il n'y avait un jusqu’ici que de la conversation avec Palmerston. Le désir de s’entendre, le désir comme d’éviter la guerre, & d’offrir la médiation commune que cependant les prétentions de l’Autriche étaient telles qu'il était fort douteux qu'on puisse les présenter, & que lui Tallenay ne croyait pas du tout à la réussite ni de l’entente ni de la médiation. Et il y croyait moins encore depuis l’article du National que je vous ai envoyé hier, & qu’il regarde comme officiel. Tallenay ayant appris que Marast devait le remplacer a fait comprendre à Paris qu'il ne le souffrirait pas. Que s'étant chargé de les représenter dans un moment où ils n’avaient rien d’honorable & de convenable à envoyer, ni il était en droit d’attendre des égards. Qu'il concevait que lorsque les relations seront établies régulièrement on tient à avoir ici une bonne politique considérable. Mais que c’était lui qui devait rester jusqu'à ce moment, c.a.d. lui faire reconnaître la république. Il a ajouté que d’après ses lettres de Paris, on se conformerait à cela. Montebello a vu des lettres de Paris. Flocon a dit que dans 6 mois personne ne voudrait plus de la République. Cause perdue. Vous voyez comme l’Assemblée nationale s'échauffe. Le rapport sur l’enquête a fait un grand effet. Beaucoup de lettres menaçantes anonymes. Enfin cela va devenir gros. La déclaration de Palmerston hier au Parlement est quelque chose. Cela prouve le travail commencé. Mais il me parait impossible qu’après de si éclatants succès l’Autriche se contente de ce qu’elle demandait lorsqu'elle était en mauvaise situation d’un autre côté comment la France pourrait-elle faire moins qu'assurer la Lombardie à l'union italienne. Ici l’opinion sera un peu combattu. Mais en toute justice peut-on imposer à l’Autriche des sacrifices quand c’est elle qui a été attaquée, chassée, & que c’est elle qui triomphe ! Quel dédale. Et puis Francfort ! Et puis Berlin. ¨Pas d’hommage le 6. Ainsi un commencement de résistance à la volonté de Francfort. Que de choses à nous dire, que de raisonnements à perte de vues ! Comme vous êtes loin ! J’attends votre lettre ; je n'ai rien à vous dire de nouveau que ce qui précède. Ma santé est comme vous l'avez laissée. Je crois que mon fils part demain. Adieu. Adieu. Voici le National. Curieuse.

3 heures. Voici votre lettre. Vous me paraissez être in a perplexing state cela m'inquiète aussi. Vous serez probablement très mal à Cromer sans aucune ressource. Pourquoi ne pas revenir ? La mer du nord est la moins bonne pour les bains de mer. S'il les faut absolument allez donc les chercher sur la côte méridionale. St Leonard, Hastings, Weymouth, si vous ne voulez pas de Brighton. Encore plus chaud. Mieux civilisés. Enfin je ne trouve pas qu’il y ait beaucoup de good sens dans tous vos projets. Pardonnez-moi de croire que si je m’en mêlais cela serait mieux. La presse a reparu hier, je l’ai reçu, pas lu encore. Les Débats se moquent très joliment d’un nouveau journal de l’Etat qu’on veut mettre au monde.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Ems le 24 Juillet 1850

Non vraiment ce serait trop shabby de venir à présent avec l’obligation de vous retrouver au Val-Richer le 6, ce qui vous ferait quitter Ems le 2 août, car enfin il faut le temps de voyage. Renoncez à cela maintenant. Ce serait absurde. Puisque vous vous arrangez toujours de façon à avoir des devoirs de 10 en 10 jours, je ne vois pas le moyen d’entreprendre un voyage. Je ne veux pas de vous à présent, dans quelques jours j’aurai décidé Schlangenbad. Alors vous m’y trouveriez après les prix de l’Université. En ne s’arrêtant pas on arrive à Ems le 3ème jour. Ainsi aller et venir 6 jours de Paris seulement ! Ce qui fait huit pour le Val-Richer. A moins que vous ne soyez parti aujourd’hui je ne vois pas le moyen que vous me fassiez une visite de plus de 48 heures. Vraiment cela n’en vaut pas la peine.
Hier la chaleur a été très forte. Aujourd’hui c’est le tour de la pluie. Ces changements soudains rendent tout le monde un peu malade. Il n'y a d’autre protection pour les demoiselles Ribinsky que le Maréchal Paskevitch, il peut tout. Je le connais, mais je n’aimerais pas à me mettre en avant dans cette affaire. Ce sera possible par le Prince Labanoff son gendre que vous avez vu à Paris, et qui y revient. On me dit qu'on est très large en fait d’argent chez nous pour les Polonais. Que va devenir ma lettre ? J’espère qu'elle vous trouvera chez vous, & que vous ne ferez pas la bêtise, pardonnez moi de me faire une visite comme si j’étais à Beauséjour. Il sera temps après le 14. Aberdeen ne m’a pas répondu. Je ne pense donc pas qu'il vienne. Je lui avais parlé du 1er au 3 août croyant alors que ce serait là le moment où vous viendriez. Je finis je n'ai rien du tout à dire. J’apprends que les 25 de la Commission sont mauvais. Je n’ai pas lu la liste encore. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Schlangenbad le 15 août 1851

Je commence par vous quereller. Je remarque que vous ne m'avez pas écrit du tout dimanche le 10. Pourquoi ? J'aurai fait pendant mon voyage une nouvelle connaissance importante, Mirabeau ah qu'il a d'esprit ! Et quel courage, quelle confiance en lui-même, quelle énergie, quelle puissance de volonté. Un homme comme celui-là aujourd’hui ! Que cela ferait de bien ! Il y a des lettres de lui merveilleuses, vraiment je vous remercie de m’avoir donné cette lecture. Je vous la rapporte en bon état.

7 heures Voilà qui est trop fort. Après m’avoir planté là le dimanche & donné quatre lignes seulement. Lundi vous ne me dites rien du tout. Mardi. Pas de lettres. Et j’en attendais une très intéressante. Les dissipations de Paris font que je vous passe du souvenir. J’étais bien fatiguée, bien harassée à Francfort je vous écrivais tout de même.

Samedi 16 Je ne me console pas de n’avoir pas eu de lettre, & j’allais dire, je ne pardonne pas. Voyons aujourd’hui mais il faut attendre jusqu'à 4 h. Et il est huit heures ! Pas une âme hier. Je me partage entre la promenade, les journaux & Mirabeau. Ce soir un peu de piquet avec Marion & mon lit à 9 heures. Et incendie aux Invalides tous les drapeaux brûlés. Sébastiani ne valait pas cela. Adieu. Adieu.
Ma tête & ma bouche vont toujours mal, je ne sais ce que c’est.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Schlangenbad le 19 août Mardi 1851

Merci de votre très intéressante lettre du 14. Vous me trouverez probablement à Paris à votre retour de Londres. Je crois que j'y serai le 30. Je vous adresserai ma prochaine lettre à Paris. Et puis je n’ai plus votre adresse où allez-vous à Londres ? J'espère que vous aurez songé à me le dire. De Paris adressez-moi une lettre à Bruxelles poste restante, de Londres la première aussi car je resterai certainement un jour à Bruxelles. Ensuite à Paris.
Le temps est bien rafraîchi. Et Schlangenbad alors est détestable. Enfin, c’est bientôt fini. Je partirai sans doute dimanche. Constantin sera ici après-demain.
Quelle joie dans tous les journaux radicaux de ces lettres de Gladstone. Vous devriez bien en faire honte à lord Aberdeen. Moi je lui ai parlé assez durement de cela, un petit mot plus doux de vous ferait bien de l’effet, et vraiment il mérite une leçon. Le Roi de Prusse a passé hier à Mayence le jour de la fête de l’empereur d’Autriche ou plutôt ses 21 ans. Samedi le roi reçoit l'hommage de ses nouveaux sujets de Hohenzollern. Grand speech historique à cette occasion. Adieu. Adieu. Que voulez- vous que je vous dise de ce lieu solitaire ? Pas une âme. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Boulogne Mercredi 17 octobre 2 heures

Me voici débarquée depuis une heure. Affreuse traversée tout le monde malade, moi compris. Je suis trop fatiguée pour poursuivre. Je n’irai à Paris que demain. Madame de Caraman & le Duc Kolb m’accompagnent tous deux très utiles. Je trouve ici de singulières nouvelles. Rupture entre le président et la majorité. A propos de Rome ! Hier matin j’ai encore vu du monde à Londres. La grande duchesse Stéphanie entre autres arrivée la nuit d’Allemagne. Elle était descendue au Clarendon. Bonne femme pas beaucoup d’esprit, et pas beaucoup princesse. La fille l’est davantage. Flahaut, Morny. Il se peut que Flahaut vienne à Paris. G. Delassort arrivé la veille. Assez noir sur son pays. Mon fils m’a établie au chemin de fer. Le raisonnement inquiétant de Brunnow est celui-ci. Quand on saura à Constantinople l'explosion dans les journaux anglais à la protection du gouvernement. Les Turcs ne deviendront insolents. Nous rappellerons notre ministre. L'Angleterre sera cause de tout ce qui peut s'en suivre. L’Empereur ne peut pas céder, on aurait pu le fléchir, mais c'est aux Turcs seuls à s’adresser à lui. En compagnie ils n'obtiendront rien.
Adieu. Adieu, je suis encore trop malade de la traversée pour savoir ce que je pense en me retrouvant en France. Je suis bewildered. Adieu. Adieu. Adieu. Voici votre lettre. Les Holland sont à Paris.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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20. Boulogne, Dimanche le 17 août 1845
Onze heures

J’ai quitté Londres hier à 9 h., arrivée à Folkestone à 6 1/2 embarquée à 7 1/2, et à Boulogne à 9 1/2 mais pas dans mon lit avant minuit à cause des désagréments de votre douane qui a failli me faire passer la nuit sur le bateau. J’ai dormi, mais je suis bien fatiguée. Bulwer m’a menée ici. Il est retourné à Londres ce matin, tout cela sera une histoire drôle à vous conter. Je n’ai pas des yeux suffisant pour cela. Je me borne au stricte nécessaire.
Voici vos N°18 & 19 merci, merci. Quand ne nous écrirons nous plus ? Combien j'espère à Beauséjour ! J'ai besoin de me réposer de ma rude journée d’hier. J'ai ici les Cowley ; je n’ai encore vu que la fille. Adieu, pardonnez-moi cet abrégé. Brunnow était chez moi hier à 9 h. du matin & m'a mis en voiture. Mes Anglais ont été charmants pour moi tous. Beaucoup mieux que jamais. Adieu, adieu, adieu.
P. S. Voici la lettre de vendredi merci, merci.

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34 Paris le 11 Juillet 1852

Il ne faut pas vous fâcher si je ne vous écris pas tous les jours. La tête me tourne de tout ce que j’ai à faire, à dire, à écouter. Je regrette bien de ne vous avoir pas vu. Vous auriez sû. Ma crainte a été de vous déranger. Quand on est loin, on croit qu'il n'y a rien. Il y a toujours mais je ne puis pas écrire.
Fould me prie de vous dire que le Sénat a fait la liste civile & la haute cour. Il ira avec le Président à Strasbourg. Le prince a fait visite à sa femme ce qui l’a beaucoup flatté. La modification ministérielle n'aura lieu qu’à la fin du mois. Il y aura des changements en Belgique donnant satisfaction à la France. Je vous ai dit que Kisseleff est allé à Vichy.
Je pars Mardi à 8 h du matin pour Dieppe. Pas d'Aggy encore. J’espère qu’elle viendra mais ma sécurité n'y est plus, quoique Marion affirme. Jamais je n’aurais cru de sa part à tant d’affirmations déçues ! Votre portrait de L’Empereur est charmant. Je l'enverrai quand même. Adieu. Adieu.
J’étouffe et je me sens mal.

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Bibérich le 24 août 1851

J’ai passé ma journée hier au Johannisberg. Je suis venu coucher ici. Je m'embarque dans une heure. Je suis vraiment malade. Vous le verrez, car je suis maigre & changée, & jaune. Je crois que je serai à Paris le 27.
Je hasarde de vous adresser cette lettre à Grillon. Je trouve trop absurde d'écrire au Val Richer. Vous avez mal managed cela, si vous teniez à avoir une lettre. Ce n’est que hier que j'ai eu la vôtre du 17. Constantin me conduit à Cologne. Il fait bien chaud.Adieu, Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Bruxelles Mardi 26 août 1851

Je suis bien fatiguée & je me repose ici aujourd’hui dans la plus mauvaise des auberges. J’ai frappé à onze portes hier. Pas un coin, tout est pris. J’ai vu un moment M. Van Praet, je vais le revoir. Il me dit que la D. d’Orléans part pour l’Allemagne tout de suite. Nous avons causé candidature Joinville. Il dit que l'abstention, le silence sont ce qu'il y a de mieux. Je dis moi que c’est-ce qu’il y a de plus honteux, et je l’ai très élogieusement soutenu & développé. Nous y reviendrons. Si le Prince de Joinville ne déclare pas qu'il n’accepterait pas le Président. Je le tiens pour déshonoré. Je n’ai lu qu’ici le N° de l'Assemblée nationale du 20 à propos de Gladstone. Quel excellent article, admirable. Faites en mon compliment à l’auteur quel est-il ?
Je serai à Paris demain. Je vous adresse encore ceci à Londres. N'est-ce pas qu'il serait par trop ridicule de l'envoyer au Val Richer Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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19 Londres, vendredi le 15 août 1845 dix heures.

Mauvaise journée hier. Mes yeux allaient mal. J’ai eu bien peur le matin je suis mieux. Je serai curieuse de me faire lire votre discours du dîner. J’aurai cela à Douvres sans doute. Je pars demain matin à 9 heures avec Bulwer. J’irai à Folkston peut être, mais toujours par terre et non par fer. Si le temps n’est pas mauvais je passerai dimanche. Dietrichstein est revenu hier. Décidément il me fait sa cour pour arriver à Paris ! Pas d’autres news. Londres est [?] on avait bien envie de m’entraîner à la campagne. Le genre de vie et la lumière ne me vont pas.
Que de choses à vous raconter ! Tâchez que ce soit bientôt. Adieu. Adieu. J'ai mes paquets à faire & les bills à payer. Adieu beaucoup de fois adieu. Je viens de lire votre discours. Excellent. Parfait. Adieu. excellent.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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18 Londres jeudi le 14 août 1845, à midi

Décidément je me suis encore trompée de N° & celui-ci est le 18ème. Votre dîner hors de chez vous, dimanche dernier me dérange. Je crains une indigestion ; & puis un assassinat, ou bien, une voiture versée. Vous savez comme je suis, parfaitement déraisonnable. Je suis tranquille quand je vous ai à Beauséjour, chez moi, ou bien dans votre cabinet que je regarde.
Hier longue promenade & causerie avec Dédel qui a tout plus de good sense & d'esprit & de connaissance de ce qui se passe ici. Beaucoup de monde chez moi le matin car tout ce qui est resté vient. Bulwer je crains me fera faux bon. Il voudrait que je retarde, & moi, je suis décidée à partir après demain. Flahaut part Lundi mais tout le monde va par le rail way. Il n'y a plus que moi dans le monde qui me serve de très mauvais chevaux de poste. Je ne sais vraiment qui partira avec moi, & je ne veut pas partir seule. Lady Cowley m’attend avec impatience et curiosité à Boulogne. J’y serai sans doute dimanche à moins de mauvais temps.
Je vous ramène des yeux assez ressemblants à ceux que j'avais en vous quittant, mais il est bien avéré que ce n’est que de l’ennui, des soins, des précautions, des privations, mais point de véritable danger. Il n’y a que Verity qui sache me traiter. Il sera à Paris au commencement de septembre. Londres est parfaitement dull, plus un seul homme public, et pas une nouvelle. Adieu, adieu, j'ai des yeux très capricieux et j'y ai mal dans ce moment, il faut que je vous quitte. Adieu.

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Paris, le 15 octobre Mardi

Vous comprenez que je n’ai pas fermé l’œil de toute la nuit que chaque coup de vent me faisait bondir d’effroi. La suite de cela est que je suis parfaitement malade. A 10 heures Génie m’apprend que vous êtes à Douvres. J’ai rendu grâce à Dieu. Mais maintenant il faut encore que je vous sache à Calais. Et quand je saurai cela je m’inquiéterai de votre fatigue. Vous ne pouvez arriver dit-on à Eu que fort avant dans la nuit. Vous avez à passer deux nuits sans repos. Si vous êtes clever, vous vous reposerez à Eu toute la journée de demain & la nuit d’ensuite et vous ne reviendrez que jeudi. Pourquoi vous fatiguez hors de mesure ? Je vous l'ai déjà dit je saurai attendre. Songez d'abord à votre santé.
Vous me trouverez un peu malade, mais j’ai Marion pour me soigner. Je n’ai pas bougé hier, je ne bougerai pas aujourd’hui. Le Roi ne sait pas comme j'ai été occupée, inquiète de lui. Il ne faut pas faire des visites en octobre. Adieu. Adieu.
La vraisemblance est que cette lettre ne vous arrivera plus, que vous serez parti, j'ai cependant voulu essayer encore. J’ai eu aujourd’hui votre dernière lettre de Dimanche. Comme tout a bien été là ! Comment cela ira-t-il ici. Adieu. Adieu soignez vous je vous en conjure. Adieu. dear, dear, dearest.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris lundi le 14 octobre 1844, onze heures.

Vraiment vos lettres sont the most satisfactory imaginable. Tout est parfait. Il ne me reste plus qu’un bon passage, et une journée sans accident Mercredi, et je serai merveilleusement contente et heureuse. J’ai regardé déjà cent fois le ciel. Il y a des images, il y a des vents ! Je suis sortie hier quoiqu’un peu malade, j'ai eu tort. Je ne bougerai pas aujourd'hui. Outre mes crampes d'estomac je me suis enrhumée et je tousse beaucoup. Mais ce ne sera rien. Que les journaux sont charmants à lire. Comme cela fera enrager bien loin d'ici. Quel contraste. J’ai vu hier matin les Appony. Bacourt, Fleichman, Lady Cowley, le diplomates croient que le voyage fera un immense effet en Europe. Certainement il ne restera indifférent pour personne. Les meilleurs en resteront embarrassés. Pourquoi ont-ils peur, pourquoi en viennent ils pas rendre hommage ici ? Voilà le premier pays du monde comblant le roi de respect au delà de ce qu'on a jamais vu pour un monarque étranger. Quant aux malveillants imaginez ! Je ne sais pas vous parler d’autre chose d'ailleurs je ne sais rien. J’ai encore passé la soirée chez Annette. Elle se remet.
J’attends Génie. Il n’est pas si exact que vous. Hier il était bien content des nouvelles de Windsor. Il ne le va pas [l'être] moins aujourd’hui.

3 heures. Voilà Lady Cowley & Kisseleff dan ma chambre. Pas possible de continuer. Le temps est noir, du vent, ah mon Dieu, que je vais être inquiète. Adieu. Adieu. Adieu. Mille fois, ayez une bonne traversée. Revenez bien portant. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Richmond le 1er Septembre 1848 Jeudi
3 heures.

Et moi aussi je ne sais rien dire, aujourd’hui que nous sommes si près de demain. à demain donc à Putney bridge ; intra s'il pleut, extra, s'il ne pleut pas. Je suis bien contente de voir ce beau temps pour votre voyage. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris, dimanche 13 octobre 1844, 9 heures

Quelle excellente lettre que celle de vendredi ! Evidemment vous êtes content ; cela me rend toute heureuse. Cela aura été un bon et utile voyage. Pour beau, c’est clair. Les journaux anglais sont dévorés par moi, je lis tout. Je suis ravie, et la Cité par dessus le marché. Tout cela se fait grandement, royalement. Il est impossible que cela n'impose pas un peu ici, et beaucoup sur le continent. Dans tous les cas cela sert plus que de compensation aux mauvaises manières du continent. Enfin c’est excellent. J'espère que vous lirez cette lettre-ci tranquillement à Eu. Non, je me trompe, elle ira sans doute vous chercher a Portsmouth. C’est donc décidément Portsmouth. Je regrette. Je vais encore passer une nuit blanche, c’est-à-dire noire car toutes les idées de cette couleur assaillait mon esprit. Vous avez vent contraire et du vent trop fort, aujourd’hui cela ne vaudrait rien. Fera-t-il mieux demain ? Comme je serai dans l'anxiété mardi !
J’ai vu longtemps Génie hier, & puis la jeune comtesse, revenue depuis une heure seulement et qui est tout de suite accourue. Mad. de Strogonoff, quelques autres indifférences. Je me suis promenée dans le bois mais un moment seulement, j'avais des crampes d’estomac. J’ai été dîner chez le bon Fagel, personne qu’Armin, Bacourt, Kisseleff. Je les avais nommés. A huit heures je les ai envoyés dans ma loge aux Italiens, et je suis allée comme de coutume chez Annette. En rentrant à 10 heures j’ai trouvé Marion m’attendant sur le perron. Elle venait d’arriver avec ses parents. Joyeuse, charmée et charmante.
J’ai assez mal dormi, mais mes douleurs sont un peu passées ce matin. une heure. Je rentre de l’église. J'ai bien prié, remercié, demandé. Génie était venu avant dans la crainte de ne pas me rencontrer plus tard. Il est content aussi du voyage. Il parait que l’effet est excellent. Mon avis est que vous preniez à l’avenir votre politique sur un ton plus haut. Oui, la paix. Oui, l’alliance de l'Angleterre ; la seule bonne, la seule possible. Que vous dédaignez toutes les misérables chicanes que vous défiez vos adversaires, que vous les réduisiez ainsi ou à se taire ou à vous renverser. Prenez grandement votre parti là dessus. Vous en aurez l’esprit plus tranquille et le corps mieux portant. Tout le monde est venu me faire visite ces jours-ci, ( non pas que j'ai vu tout le monde ) Salvandy même ; mais pas de mad. de Castellane. Adieu. Adieu, que le ciel vous protège et vous ramène en bonne santé. Adieu.
Génie me dit cependant que cette lettre va vous attendre à Eu. Adieu encore dearest.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris Samedi 12 octobre 1844
9 1/2

Voici vraiment ma dernière lettre portant l’adresse de l'Angleterre. Demain je vous écrirai à Eu. Quel plaisir ! Cependant voyez à quel point je vous aime plus que je ne m'aime moi-même, je regrette presque pas que Windsor ne soit pas plus long. Evidemment c’est un grand plaisir pour vous : c’est un beau un charmant moment dans votre vie, et je prends patience quand je vous sais content. Votre lettre de jeudi vient de m’arriver. Tout me plait là dedans continuez.
J’ai vu hier matin les Appony, Bacourt, Fagel, Fleichman. Ma promenade au bois de Boulogne, deux visites de Génie dans la matinée. Mon dîner solitaire la soirée chez Annette. Ceux que je vois prennent plaisir aux journaux Anglais et sont occupés et charmés de ce charmant voyage du Roi. Je cite Fagel comme le plus fervent. Il me prie aussi toujours de vous offrir son souvenir. Bien brave homme. Je suis charmée de deux articles des Débats aujourd’hui, l’un contre Thiers, l’autre contre Bruat.
Oui, votre Bruat manque à toute convenance ; il ne faut pas laisser de tels agents à ma semblable distance, & vous auriez grand tort de ne pas l’envoyer ailleurs. Faire des sottises plus innocentes. Génie m’a dit que les ministres avaient écrit au roi pour le supplier en revenant de faire la traversée de mer la plus courte. Voilà de braves ministres. Soumettez-vous je vous prie. Ils ont mille fois raison. Always chose the safest way. J’attendrai avec impatience l’itinéraire & pour le Roi, et pour vous ensuite. Marion arrive aujourd’hui, j’en suis charmée.

2 heures Vous êtes un étourdi ? Vous me dites jeudi que vous êtes sans lettre. Vous, vous impatientez, & vous n’avez pas remarqué que vous me répondiez à ma lettre de Mardi. C’est que tout simplement elle avait couru très vite et vous l'aviez reçue la veille. Adieu. Adieu. Encore du monde, encore des interruptions, mais je n’ai rien à vous dire qu'un very hearty adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris, vendredi le 11 octobre 1844,
à 9 heures

J’ai abandonné les N° parce que j’ai cru que vous me trouveriez pédante, il est si clair que je dois vous écrire tous les jours que les occasions sont si sûres et si directes. Cette précaution est donc inutile. Voilà votre lettre de 9 heures Mercredi, finie à Midi et demi.
Je devais me rappeler que les lits Anglais sont durs, & vous recommander de faire mettre le feather bed over the mattress instead ot under it. Mais je ne pense à rien, je suis une sotte aussi comme André. Et mon avertissement vient trop tard. Cependant si vous avez cette lettre demain faites faire encore ce changement. Car à tous les lits Anglais il y a ce feather bed, à moins que les mœurs n’aient changé depuis mon temps.
Le petit Nesselrode hier était en train de me parler quand on est venu nous interrompre. Il reviendra aujourd’hui. Il postulait de l’inquiétude de son père à la seule possibilité d’une vraie querelle entre la France et l'Angleterre, de son ardent désir de la paix. Il parle du voyage de son père en Angleterre comme de la promenade d'un indépendant désœuvré. Il donne sa parole d’honneur qu’il n’est pas question du mariage Cambridge, et ajoute cependant que ce serait le plus convenable de ceux qu'ont faits les filles de l'Empereur.
Lord Cowley est fort irrité à ce que le Boüet du Sénégal the real french boute feu, he says, se trouve sur l’escadrille qui a mené le roi, par conséquent à Portsmouth. Comment a-t-on pu permettre cela ? Il n’appartient pas ces navires. C’est Cowley qui parle. Il est aussi dans l'agonie pour cette nouvelle aventure à Tahiti. Il a de suite envoyé à Lord Aberdeen le Messager qui nie l'arrivée d’aucun rapport sur ce fait mais cela n’empêchera pas qu'on ne croie à Londres, qu'il a eu lieu. Il se félicite de n'avoir pas l’explication sur ses épaules, car il pense que vous allez vider cela à Windsor. J'en doute. Et votre Bruat faisant imprimer à Tahiti les rapporte dont vous niez l’existence ici. Ah mon Dieu, quels agents vous employez. Et celui-là vous l'avez choisi vous me l'avez vanté. Quel mauvaise affaire que ce Tahiti tout ensemble.
Je me suis promenée hier au bois de Boulogne, j’avais besoin d'air, une matinée est massacrée. Tout le monde vient, et puis j’ai beaucoup à écrire en Russie. Je m’occupe d’Annette bonne fille, bien triste. Après mon dîner, je vais tous les jours chez elle. J’y reste jusqu'à 10 heures.
Dieu merci vous me répétez que vous allez bien. Comme je vous regarderai à votre retour ! Votre retour ! Quelle charmante chose que cela. Comme j'y pense mais avant tout je veux savoir à quelle heure lundi vous quitterez Windsor à quelle heure vous vous embarquerez à Portsmouth. Ah, s’il fait du vent, que je serai malheureuse ! A quelque moment que vous partiez, mettez-vous sur votre lit, c’est toujours la meilleure précaution à prendre contre le mal de mer. Ne croyez pas les gens qui vous diront qu'il faut rester sur le pont. Et puis arrivé à Eu, reposez-vous bien, ne vous pressez pas, je saurai attendre une fois que je vous saurai en safety. Et puis je ne sais pourquoi j’ai des préventions contre Rouen. Pourquoi ne pas venir par la route naturelle. Coucher à Granvilliers ou à Beauvais en faisant faire une bon fin, bien bassiner votre lit ; et ayant soin d'avoir une voiture dont les roues tournent & les glaces se lèvent. Pensez à tout et racontez-moi ce que vous ferez.
Je reçois dans ce moment une longue lettre de Bulwer, je n’ai fait que la parcourir. Grande éloge de Bresson & de Glusbery. Beaucoup de goût pour le Prince de Joinville. " H. R. H. is clever agreable & what we English like off hand. He pleased me much. " Au bout de tout cela il me rappelle une petite demande qu'il m’a faite dans le temps. Vous savez bien, & me prie if I could manage that. & &
Je me suis mise à penser ce que seraient vos dernières paroles avec Lord Aberdeen et voici mon little speech. " Maintenant nous nous connaissons bien, nous nous sommes éprouvés, notre règle de conduite politique est la même, tant que nous serons ministres nous pratiquerons la paix, la bonne entente. Le jour où une difficulté bien grave se présentait, et où nous pourrions vraiment craindre de ne pas parvenir à nous entendre par voie diplomatique ordinaire promettons-nous, avant la dernière extrémité, de nous rencontrer ; un rendez-vous sur terre française. Les Anglais pas plus que les Français ne veulent la guerre. Ils sauront gré aux deux hommes qui la leur épargneront, qui auront épuisé toutes ses ressources en tout cas nous aurons fait votre devoir. " Est-ce que je radote ?

2 heures. Génie est venu me trouver. Nous rabâchons ensemble. Mais je n'en ai jamais assez. Herbet lui dit aussi que vous allez bien. Je vous en prie prenez bien du soin de vous. Génie m'ébranle sur la question du retour mais je veux savoir absolument quelle route vous prendrez ; mandez-le moi. Je laisse ceci ouvert pour le cas où j'apprendrais quelque chose.
Quels bons leading articles dans les journaux anglais. Comme je serais fixée de mon roi dont on dirait cela, et comme j’aurais de la bonne conduite pour une nation étrangère qui me parlerait de cette façon. Mais ces français n’ont aucun sens de la vraie délicatesse, du vrai honneur, du vrai mérite. Vraiment j’ai quelque chose comme un grandissime mépris pour les Français de ce moment. Adieu. Adieu.
Je vous envoie la lettre de Bulwer après l’avoir lue. Vous verrez qu'il parle mal de Nyon, mal de Hay, qu'il se loue beaucoup du consul napolitain Martino.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Richmond lundi le 7 août 1848
11 heures

J'ai été hier à Holland house. J'y ai rencontré assez de monde. Voici le butin. La France et l'Angleterre travaillent en commun à une médiation entre l’Autriche et Charles Albert. La France fera appuyer cela par une démonstration militaire, mais la guerre non. Ce qui préoccupe le plus la France & tout autant l'Angleterre, c'est l’Allemagne. Ni l'une et l’autre ne veulent de l'unité allemande. Surtout par lord Palmerston. Partout il prêche la réaction, & la fomente avec la même ardeur qu'il mettait à prêcher la révolution. Le mouvement en France est très vif, mais le Roi & le gouvernement comprennent. Quels insensés ! On ne sait pas comment se sera passée la journée d’hier. L’hommage. Peut être y aura-t-on renoncé. Le sentiment public à Hanovre mauvais. Le roi avait été soutenu d’abord chez lui, mais depuis comme aucun souverain ne l’a invité, on a perdu courage et on l’abandonne. On blâme beaucoup la fuite du Roi de Wurtemberg. Lui aussi est allé se divertir & se reposer avec une actrice. la grande Duchesse Olga dans le mouvement ! Est-il possible ? Kielmansegg affirme. Bunsen n’aura pas les Affaires étrangères à Francfort Mais il sera probablement nommé Ambassadeur du [?] ici. Et ici on est très décidé à ne pas reconnaitre la nouvelle Allemagne. En général à ajourner le plus possible toutes les reconnaissances. Etrange situation négocier avec des gens qu'on ne reconnait pas. Conclure des conversations peut être, avec la France & n’avoir aucune relation officielle. On dit qu'on pousse à la république à Vienne pour se ménager les droits d'aller y rétablir la monarchie à la tête de l'armée, alors seulement l'Empereur y rentrera. Far fetehd plan. Les bruits de Paris sont que Cavaignac ne tiendra pas longtemps. Après lui [Lamartine] & Thiers. Après ceux là Changarnier ramenant la Monarchie. L’échec de Goudchaux faisait du bruit, mais on ne dit pas cependant qu'il se retire. Toutes fois c’est le Ministre du dictateur battu. Parmi les choses que m’a dit Ellice j’ai oublié je crois de citer que c’est décidément Marast qui sera envoyé à Londres, si le National règne encore quand on nommera un ambassadeur.

2 heures
Je suis contente, mais seulement à demi contente. L'Ecosse à bas, bon. Mais pourquoi les bannir de ceux en Norfolk, et pourquoi pas près d'ici sur la côte méridionale. Je ne comprends pas. Je vous adresse toujours ici chez M. Boileau. Il faudra me dire où [?] & quand je dois changer d’adresse. Je vous plains de n’avoir pas vos journaux. Vous voyez que toute cette invention de voyage était mauvaise j'espère que l’accident de Pauline n’aura point de suite. Comment n’avez vous pas su dire non quand elle vous a demandé de la laisser monter à cheval ? Sachez bien qu’il n’y a pas un cheval bien dressé en Angleterre, de même qu'il n’y a pas un garçon ni une jeune fille qui ne soit très bon Cavalier. Et bien, excepté Guillaume je crois tout le reste du ménage très peu exercé. Melle Chabaud, je ne sais pas, peut-être, mettez-la à cheval. Je vous conjure donc de n’y pas monter. Sachez donc une fois m’accorder ce que je vous demande. Je m'en vais me mettre à penser à votre Cromer dont je n'ai jamais entendu parler. Je compte que vous vous y amusiez bien, que vous aurez soif de causerie. Enfin, c’est certainement mieux que l’Ecosse. Mais ce n’est pas si bien que vous auriez pu faire. J'ouvre mes journaux. Le National de Samedi ne m’est pas arrivé. je découpe le leading article du journal de hier dimanche. J'ai souligné, ce qui me parait Capital. On laisse à l’Autriche. la Vénétie. Adieu. Adieu. J’ai le cœur plus léger depuis qu’il n’y a plus d’Ecosse. Je voudrais l’avoir content . Cela viendra, quand vous viendrez. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Hôtel Bellevue. Mercredi le 2 juillet 1851,
6 heures

Je viens d’arriver fatiguée. Voilà toutes mes nouvelles. Si le train ne part pas de trop bonne heure demain je poursuis, sinon je me repose. Je sais que le Roi de Würtemberg va venir à Ems. Pensez un peu quel dommage que vous ne le voyiez pas ! Je crois qu’il y vient dans l'espoir que vous y serez. J’en saurai davantage après-demain.
Adieu, je tombe de fatigue de faim et de sommeil.
Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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26. Boulogne Samedi le 23 août 1845
Onze heures

Bulwer n’est pas arrivé encore ; Madame de Flahaut non plus. Voilà une chance de compagnon de voyage. En attendant. on cherche à Boulogne quelque amateur pace qu’après tout, faire venir de Paris est bien long et vraiment trop fort. Lady Allen Peel m’est arrivée hier. Elle demeure chez moi. Elle n'est venue que pour moi, quelle idée ! Enfin c’est de la société de plus. Cowley a aussi quelques visites d'Angleterre. Il est venu & part pour Londres après demain. Je ne puis assez vous dire combien il est bien sur Tahiti. Il veut aller là parler au Duc & à Peel.
Je fais ma promenade en voiture dans la journée avec Lady Cowley & sa fille. Je ne risque de marcher que là où il y a de l'ombre, & pas de vent. & cela est rare à rencontrer à Boulogne. Dans huit jours, quel bonheur ! Vos nouvelles sur la reine d'Angleterre me divertissent. à Londres on s'inquiétait un peu de sa perpétuelle agitation Mais il n’y a pas lieu. Ce n'est que de la fantaisie de principe & de despotisme. Les ministres sont trop complaisants & le public très soumis en renonçant on veut bien contrarier un vieux roi, cela vaut la peine. Mais une jeune femme ! Cela ne compte pas. Brignole est vraiment bien plat. Mais les vrais courtisans sont sincères dans le moment où ils flattent. J'ai été comme cela.
Cowley a envoyé à Lord Aberdeen le petit mot que vous lui avez répondu sur Tahiti. Il veut que cette affaire soit traitée & s'il se peut coulée à fond entre vous et lui sans autre intermédiaire. Il sera à Paris le 10 septembre. Il tremble de la Chambre quand il faudra demander l’argent, & moi aussi. N’y a-t-il pas un moyen d'arranger cela ? Voici Lady Cowley qui me prie de la rapeller à vous. Adieu. Adieu.
Je ne sais vraiment quand je partirai de Boulogne. Je compte toujours sur le lendemain. La seule chose sûre est que je serai à Beauséjour avant vous, si Dieu le permet. Vraiment. Il arrive des accidents si inattendus si effroyables qu'il est presque impie de se croire sûre de quelque chose. Vous ne me parlez pas de cette affreuse catastrophe de Rouen ? Adieu. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Dieppe le 7 août Samedi

Je suis tout-à-fait décidée, je pars lundi. Ceci m’ennuie et ne fait pas avancer mes jambes. Au moins là l'escalier est plus commode pour me porter à ma voiture. J’ai fini Cromwell aujourd’hui. C’est charmant. A propos quelqu’un me priait l’autre jour de vous demander de trouver un titre qui ne serait ni roi, ni empereur, ni président, ceci vraiment est trop petit et commun. Ne pourriez-vous pas inventer ?
Molé m'écrit de Paris pour demander de mes nouvelles Il va au Marais, & puis à Maintenon, & plus tard fin de Septembre Champlatreux. J'ai eu des nouvelles de Paris par Marion, Drouyn de Lhuys a dit à l’un des grands représentants : L’Empire est inévitable, mais il doit être précédé d'un autre événement. A Paris personne ne doute que le mariage Wasa ne se fasse quoique le père s'obstine à refuser. Le Prince l'a trouvée charmante. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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30 Boulogne Mercredi le 27 août 1845 7 heures du matin

Je pars, et je veux vous dire adieu. Je prends avec moi le révérend Groves, prêtre Anglais de Boulogne. Bulwer arrive dans ce moment mais ... des aventures. Je vous divertirai. Adieu. Adieu Mille fois adieu.

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Schlangenbad le 26 août 6 h. du soir.

Je reçois de Fleichmann de si mauvais renseignements sur les chemins de fer, que je renonce à Bade, & je pars demain pour Paris. C’est donc là que vous continuerez à m’adresser vos lettres. La paix est à peu près faite entre Vienne & Berlin, mon Empereur a arrangé cela. L'Autriche a fait des concessions. C'est Constantin qui me mande cela. Adieu. Adieu. Je porterai ceci à Cologne.

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Bruxelles mercredi le 28

J'arrive à l’instant. Ecrivez à Paris. Je trouve ici Duchâtel, & Berryer. Je suis venue avec le duc de Noailles. Je vous dirai demain ce que je fais.

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Bruxelles le 29 août jeudi

Je me suis décidée à partir aujourd’hui quoique bien fatiguée. Mais demain je n’aurais pas de compagnon de voyage, et aujourd’hui je pars avec le duc de Noailles & Duchâtel. J’ai vu un moment hier Berryer très pressé d'aller à Paris, il est parti hier soir. Il veut empêcher les sottises de ses amis. La mort du roi Louis-Philippe fait une grande consternation. J’ai vu van Pradt. Il croit à la dispersion prochaine de la famille. Duchâtel pense que si il y a une cérémonie funèbres vous devez tous aller en Angleterre. J’attendrai avec impatience de vos nouvelles à Paris. J'y serai à cinq heures. Adieu. Adieu.

La reine Amélie écrit à sa fille une lettre. très ferme. Le duc de Nemours donne les détails au roi Léopold. Louis-Philippe s’est endormi sans souffrance. Il est mort à Clarmont. J’aime mieux cela que Richmond. Le voyage du Président paraît avoir mal tourné. Adieu.

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Paris le 30 août 1850 10 heures du matin,

Bonne date pour ma première lettre de Paris. Je suis arrivée hier à 7 heures Du retard en route. Je suis bien fatiguée de ces trois jours. J’ai envoyé chez vous dans l'espoir que vous seriez arrivé. Duchâtel n’en doutait pas. Selon lui il est indispensable que vous alliez tous & tout de suite à Clarmont, pour les obsèques, & si elles avaient lieu trop subitement au moins faut-il que vous portiez vos hommages à la reine & à la famille. Certainement c’est un devoir, et y manquer serait une inconvenance. Duchâtel & Dumon sont ici, Montebello à St Andrew près du Havre. Il faudrait le faire revenir. Enfin ne tardez pas. Duchatel est bien décidé à aller. Il aimerait mieux que ce fût collectif. J’espère toujours que vous n’aurez pas attendu que les réflexions vous soient suggérées. Je crois qu’il n’y a pas une âme à Paris. Le duc de Noailles vous attend jusqu'à demain soir. Si vous n’arrivez pas jusque là, il ira à Maintenon. Il a écrit à Wiesbaden pour recommander de prendre le deuil. Je suis convaincue que toutes les cours de l’Europe le prendront, la mienne inclue. J'ai causé avec Vaudran à Bruxelles. Je crois vous l’avoir dit. Je suis étonnée de ne point trouver de lettres de vous ici, je vous avais écrit il y a plus de huit jours pour vous prier d’y adresser vos lettres.

Midi. Je viens de voir quelqu'un qui a eu de vous une lettre hier. A mon grand étonnement vous ne songiez pas à aller en Angleterre. Est-il possible ? Je ne vous reconnais pas là. Adieu. Adieu.
Je ne vous écrirai pas demain, car je dois supposer que vous viendrez au moins après ceci.

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Ems le 9 août 1850 Vendredi

De la pluie, de la pluie ; pas autre chose depuis mardi. Je ne parviens pas à montrer à mon fils le vieux château de Nassau. Les petites Beauvau sont parties ce matin, les nouveaux arrivants je n'y pense pas, puisque je m’en vais. Je fais mes paquets demain je pars. Alexandre va de son côté. Je vous reprends à 2 heures. Nous avons profité d'un petit moment de vacances de pluie pour aller à Nassau. Mon fils est monté au vieux château & m'a répété ce que vous avez écrit, qu'il croit très propre à charmer ce pays.
J’ai eu une lettre de Marion. qui ne dit rien que son admiration de votre lettre. Que faire de cette lettre-ci ? Il faut bien vous l’envoyer puis que vous vous fâcheriez s’il n'en venait pas. Mais vous est-il jamais arrivé d'en recevoir une pareille ? Adieu. Adieu.

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Richmond le 5 août 1848, Samedi
2 heures

Quand une idée qui me plait s'empare de moi, je la prends pour un fait, & je la travaille. J’ai donc travaillé cette nuit. Et j'ai découvert qu’il ne vous fallait qu’un prétexte pour revenir du Norfolk ici et abandonner le reste de votre voyage. Voulez-vous que ce soit moi, très malade ? Et bien, je serai très malade. Et aussi longtemps qu’il vous plaira. Je n’ai vu personne. Je ne sais donc rien, mais vraiment les journaux donnent assez. Seulement ment je crois que vous n’avez pas les j. français & ce serait dommage. Le National décidément contre l’intervention. Le Constitutionnel aussi certainement elle ne se fera pas mais probable ment médiation menée de la France & l'Angleterre. Le discours de Thiers mercredi a fait beaucoup d’effet. Sa dispute avec Gouchaux semble être un événement. L’Assemblée nationale divisée & la rue de Poitiers en dissidence éclatante avec le Gouvernement. Il me serait très difficile de retrouver dans ma mémoire ce que m’a dit Ellice. Je m'étais hâté de vous l'écrire, et puis je l'ai dismissed de ma tête comme inutile. Le compte-rendu est à Glasgow post office. Aggy va très mal c’est probablement l’hydropisie. Tout cela rend peu probable que les Ellice restent à Brighton qu’elle meure ou qu’elle traine on partira de là. Vous ai-je dit que Bulwer est parti subitement pour Paris pour empêcher sa belle Espagnole d’arriver ? Il veut décidément le mariage. Entre ici et demain, je verrai probablement lord John. J'attends votre lettre d’hier. La voici. Merci, merci. Intéressante curieuse. Vous avez bien de l’esprit et du good sense, que j'aime au moins autant que l’esprit. D’après votre nouvel arrangement de voyage, je pense que je vous écrirai encore demain à Norfolk. Et depuis lundi à Edimbourg ! & depuis Mercredi à St Andrews. Est-ce comme cela ? à moins que ce ne soit Brompton. Hélène me mande que le choléra décroit. Pendant sa durée, l’amant avait perdu sa vertu ou au moins sa force diminue de moitié. N’est-ce pas curieux ? Les savants sont très occupés de cela. L'Empereur toujours inquiet de sa fille. Elle résolue à ne pas abandonner son mari. Le père ? approuve, admire, & pleure. Le Roi de W. est parti, son fils est régent. L’abdication s’en suivra. Adieu. Adieu. Pas un mot de plus de nouvelles.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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4. Beauséjour Mardi le 9 septembre 1845
Onze heures

Votre lettre d’hier est charmante ful of interesting topics. Je vous vois arriver demain soir ou jeudi de bonne heure dans la journée. C'est là ce qu’il y aura de plus charmant dans ce voyage comme le temps est gracieux pour le roi !
Madame Appony, un Esterhazy cousin, Fleichman, & Mad. Rothschild, voilà ce que j'ai vu dans la journée hier à Anvers la reine d'Angleterre a encore éte maussade ; elle n’est charmante qu'a Cobourg et à Eu. On me dit que Génie est malade. Je vais voir à Paris si je peux le voir pour lui communiquer ce qu’il y a de montrable dans votre lettre, au fond tout pourvu que je n’explique pas l’adieu.
Me voilà en ville, j'ai vu Génie convalescent, je lui ai donné à lire votre lettre dont il a été charmé. No news.

Beauséjour again à 2 heures. Pas plus de nouvelles ici que là. Vous voilà dans la forêt à déjeuner. Derniere conversation avec Aberdeen. J’espère que vous vous séparez contents. Vos filles me disent que c’est jeudi que vous arrivez pour dîner. Ceci est donc probablement ma dernière lettre ; si on vous écrit encore. Je vous écrirai adieu, adieu, adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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3 Beauséjour Lundi le 8 7bre 1845
Onze heures

Merci, merci de vos deux lettres 1 & 2. Je vous imite, celle-ci porte le N°3. Je crois la reine arrivée et vous dans le full time of conversation. J’espère que vous ressortirez de là aussi content que vous l'avez été il y a deux ans.
J’ai eu hier une très longue conversation avec Kisseleff. Le maître n’est pas changé. Caractère, opinion, tout est resté de même. Seulement de plus en plus inaccessible à tout conseil. Personne ne rêve plus à en donner. Vraisemblance qu’il ira de la mer noire en Sicile. Je pense qu'il verra le Sultan un moment. Evénement ! J’ai été chez les Appony le soir ; assez mauvaise humeur mais qu'on cache.

Paris 1 heure. Je suis ici pour un moment. Je viens de voir Vérity. Il me trouve mieux qu'à Londres. Mais ce sera tout. Pas la moindre nouvelle à vous donner. Le plus beau temps du monde. et moi adieu adieu. Voilà tout et toujours.

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Ems le 28 Juillet 1850

Me voilà bien perplexe ! Vous arrivez ayant découvert que vous pouviez rester huit grands jours en attendant je vous déconseillais de venir puisque selon votre premier calcul vous n'en seriez resté ici que deux. J’ai eu le grand tort de vous écrire un mot à Paris qui vous aura dérouté, car mes explications étaient adressées au Val Richer, et ces lettres là vous ne les avez pas attendues. J'ai deux raisons de plus pour désirer que vous ne veniez qu’après le 14, mais C’est trop tard. Enfin voyons, je sais bien que le bonheur de vous voir sera le même. A présent que plus tard, seulement je vais rester très incertaine jusqu'à mercredi en attendant votre logement est prêt.
La grande duchesse Hélène arrive ici le 17. Elle désire bien que je l’attende. J’irai le 8 comme je vous l'ai mandé à Schlangenbadad. Je la verrai à mon retour de là, cela me fera m’arrêter un jour ou deux au plus à Ems. J'adresse ceci à Strybon. Si vous êtes encore à Paris il vous porte ma lettre si non il la fait aller plus loin. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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Paris Samedi 6 7bre 1845 Midi 1/2

J'arrive ; j'ai reçu votre petit mot j’ai vu Génie qui vous a embarqué. J’attends le télégraphe, & quelques visites, & un cache nez brun ou bleu foncé, s'il existe.
Vous oubliez hier en faisant le programme de la marche à dîner qu'Aberdeen doit passer devant vous. Vous faites en France les honneurs au ministre Anglais. Je suis furieuse qu'on pense à toutes petites choses, les bagatelles importantes. Je me tourmente de Constantin.
4 heures, voilà le télégraphe et pas un moment de plus à vous donner. Pas de cache nez trouvable. Beaucoup de monde, Mallkan entre autres devant témoins demandant de vos nouvelles avec beaucoup de sollicitude. Adieu. Adieu mille fois.
Soignez bien votre rhume, c’est à dire envoyez le promener. Prenez garde de l’air de la mer, n’allez pas en bateau à la rencontre. Adieu

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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31. Rue St Florentin, jeudi 28 août 1845
3 heures

Me voici arrivée à temps pour vous le dire encore aujourd’hui. J’ai bien fait mon voyage. Mon compagnon, un brave homme. Je viens d'envoyer chez Génie demander mes lettres & sa visite. Personne de reste ne sait ma venue. Je suis un peu fatiguée & je pense à Samedi avec transport. J'espère que c'est bien samedi, après demain, le 30. Adieu. Adieu. Adieu.
Voici vos trois bonnes lettres. Merci, merci, mille fois adieu. à Sameit adieu. Ah mon Dieu ! Mon bien aimé Constantin blessé, blessé plusieurs fois. On dit pas de danger comment puis je le croire. Le Malheur me poursuit. Ah que j'ai besoin de vous. Ce cher Constantin. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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3. Cologne Vendredi 4 Juin 1852

Notre petit ami m'a remis votre lettre hier matin, et m’a raconté le reste c’est assez d’accord avec ce que m'a dit Van Praet. J'ai fait la route très agréablement dans une excellente voiture. Au débarcadère hélas je me suis séparée de mon fils avec chagrin très réciproque.
À Malines, j’ai aperçu Changarnier je l'ai appellé, il est venu très empressé. La vue de Madame |Kalerdgi] l'a contrarié. Il l’a appelée scélérate. A moi Il m’a fait compliment de mon nouvel ami Persigny. J’ai dit, ami, non, c’est trop fort, mais bonne connaissance. Il a parlé du serment d'amour qu'on avait voulu lui faire prêter après l’avoir traité comme il l’a été. Il a parlé de sa tranquillité, de sa philosophie. Il a bonne mine & l'air aussi arrangé qu'à Paris.
D'ici je serai escortée par le comte Goly et des amis de Mad. [Kalerdgi] Je coucherai à Coblence.

6 heures Coblence. J'arrive, journée très orageuse et ma malle, celle qui contient toutes mes parures, perdue, égarée entre Bruxelles et Cologne. Grande consternation et impossibilité d'avaler jusqu'à ce que je la retrouve. Cela me contrarie horriblement. Voilà comment je suis servie, vous voyez ma colère ! Je n’ai littéralement, absolument rien à mettre. Je me soulage en vous contant ma misère.

Samedi 5. 9 heures. La malle est retrouvée, à force de télégraphes & de protection prussienne elle m’est arrivée cette nuit. Je ne pars cependant qu’à midi. Cela convient ainsi à Mad. [Kalerdgi] et je lui dois de faire un peu sa volonté. Je coucherai sans doute à Biberich, et je serai rendue à Schlangenbad demain matin.
Pas la moindre nouvelle à ramasser en route, beaucoup de curieux, petits renseignements à recueillir de ma compagne. Elle a beaucoup d’esprit mais sans suite aucune. Elle sait assez bien observer. Elle amusera son oncle. Adieu. Adieu.
Je suis très impatiente de Schlangenbad. Je crois que l'[Impératrice] y restera plus longtemps qu'on n’avait dit. Le temps est assez froid, et toujours à l'orage. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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28 Boulogne lundi le 25 août 1845

Vous ou Génie m'avez joué un bien mauvais tour. Point de lettres ce matin, j’avais tant répété et écrit à Génie de continuer jusqu’à nouvel avis ! Vous voyez que je m'en prends à une étourderie ne voulant pas croire pire. Bulwer n’est pas arrivé encore, il faudra partir avec un étranger. J’aurais attendu encore deux jours mais vos lettres n’arrivant plus je serais inquiète. Comme c’est mal fait à vous ou à Génie. Quel mal si une lettre ne me trouvait plus à Boulogne ; elle avait toujours le temps de revenir à Paris avant moi. Vous n’êtes pas des practical people, & vous ne pensez pas assez à mes joies ou à mes peines. La correspondance était allé si bien ! Pouquoi innover ? C'était à moi à la régler, je sais mieux mes [?] que vous. Voyez-vous comme je retrouve des yeux lorsqu’il s’agit de vous quereller ?
Lord Cowley part aujourd'hui. Mad. de Flahaut est arrivée hier. Je ne l'ai pas vue encore.

1 heure. Voilà votre lettre, déchirez la première page et pardonnez moi. Je ne me gouverne pas. Vous me pardonnez n’est-ce pas ? Mad. de Flahaut s'en va à Eu. Je viens de la voir un moment Lord Cowley est vraiment excellent. Vous serez content de lui. Certainement vous verrez Bulwer, & je crois que vous pouvez vous fier à lui sous le rapport d’une extrême envie de rester bien ami ici. Adieu. Adieu. Je vais écrire un mot à Génie au sujet de mes lettres. Il me semble que je partirai après-demain. Adieu, merci, pardon, adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
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4. Schlangenbad Dimanche le 6 juin 1852

J'ai trouvé à Biberich, les voitures de la cour qui m’attendaient. Il a bien fallu en profiter. Je suis arrivée tard ici.
L'Impératrice était allée au devant de la [Grande Duchesse] Olga. Meyendorff est accouru et m'a tenue jusque près de onze heures & si agréable, si curieux que je n'avais pas sommeil.
J’ai mal dormi. Je ne suis pas logée auprès de l’[Impératrice]. Les jeunes grands ducs sont venus à [Schlangenbad] & deux jeunes Princesses de Dessau nièces de l’Imp.. Il a fallu mettre dehors les autres je suis dans la maison vis-à-vis. Le duc de Leuchtenberg avec moi, à 9 h ce matin le G. D. Nicolas est venu me voir, je n’étais pas à moitié prête. Un quart d'heure après la G. D. Olga et son mari, puis l’Impératrice avec le G. D. Michel. Voilà toute la famille impériale dans mes bras. J’ai été très émue en voyant entrer l'Impératrice, elle a été charmante, gracieuse, affectueuse. J'ai été lui rendre sa visite tout à l'heure, elle m’a gardée longtemps questionnant avec intérêt, intelligence.
Le Prince de Prusse arrive ce soir. Le roi de Wurtemberg demande à venir faire sa cour. On n'a pas envie de le recevoir. On ne veut voir personne. Le roi de Prusse sera ici le 24.
Meyendorff m’adore, & je l’adore aussi, nous allons passer notre temps ensemble. Que de choses nous nous sommes dites déjà. Je lui ai montré votre lettre car il est très avide de vous, il me dit que vous êtes dans l'erreur. Nous n'isolons pas la France du tout. Au contraire nous avons besoin d’elle pour toute affaire européenne. Elle est et restera dans ce concert. Seulement sous une autre forme, elle n'y sera pas aussi agréablement. C’est très exact ce qu’il me dit là & que je vous redis. Il est notre Cabinet. C’est ce que K. a l'ordre de dire et c'est parfaitement notre pensée.
Je suis très lasse j’attrape un petit moment avant le dîner. Je dînerai chez moi tête-à-tête avec Meyendorff. L’Impératrice dîne seule. Le soir j’irai auprès d'elle. Je ne l'ai pas trouvée aussi changée qu'on me l’avait dit. Olga superbe. Mes jeunes G. D. charmants. Le duc de Leuchtenberg arrive mourant dit-on. On l’attend ce soir. Personne ne croit à la fusion. On l’a trop souvent annoncée. Adieu. Adieu.

Voici votre N°3 du 3 juin. Merci. Le duc de Leuchtenberg a l’air d'un mort qui tâche d'avoir l’air vivant.

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9. Schlangenbad le 11 juin 1852

Je me suis couchée à 9 h. hier soir, et levée à 9 ce matin j’ai beaucoup dormi & je ne suis pas reposée. Il me faut du repos & des soins. Il est clair que si je dois rester seule je n’aurai ni l’un ni l’autre, & que dans ces conditions là les bains les plus efficaces seront sans efficacité pour moi. Si donc je n’ai la certitude ici de Marion, ni d'Aggy, Je finis l’Allemagne en même temps que l’Impératrice c’est-à-dire le 1er Juillet, & je retourne à Paris avec un blanc, un bleu, un rouge, tout m’est égal pourvu que ce soit un homme qui me protège en route. Je le cherche pourriez-vous écrire encore un mot à Marion. Clothal, Mad. Baldoux Herti. L’une d’elle pourrait elle venir ici avant cette date ? La soeur ne mourra pas, le médecin du lieu le dit. Elles ont pris l’alarme inutilement et m'ont fait à moi un mal bien grand. Elles pourraient réparer. Si elle vient je reste et je fais quelque chose pour cette pauvre santé. Si non, Paris et là Dieu sait quoi.
J’ai écrit à Beauvale aussi sur cela, mais vous pouvez davantage. Tous les soirs en m'envoyant coucher l’Impératrice crie Marion, Marion. Dites lui cela. Mad. Narichkin a passé quelques heures ici. Elle est partie. L’Empereur envoie tous les deux jours un courrier. Je voudrais bien que Constantin fut le prochain.

5 h. J'ai essayé mes jambes soutenue par Meyendorff. J’ai eu une longue visite du général Philosofof gouverneur des grands Ducs. Ceux-ci n'ont donné au Comte de Chambord que le Monseigneur. Le grand duc Constantin avait été plus loin, mais jamais devant un témoin étranger, ce qui explique que les autorités autrichiennes interrogées sur cela ont répondu néga tivement. L'Empereur en apprenant que le [grand duc Constantin] avait dit Majesté, a dit de son fils, il s’est émancipé. Meyendorff averti par moi en temps utile à empêcher les cadets d’imiter leur aîné.
Voici votre lettre d’avant hier. Je suis mieux traitée que vous ne l'êtes par les facteurs. Le temps est laid depuis deux jours froid et pluvieux. Je suis fâchée que vous ayez manqué Fould & Noailles. J’espère que vous me donnerez des nouvelles de l’un et de l'autre. Adieu, adieu.

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20. Schlangenbad le 23 juin 1852

Petite soirée fort agréable chez l’Impératrice. Abominable nuit ; des crampes d’estomac ; levée tard. Maudt, Meyendorff à 11 1/2 chez l'Impératrice pour lui faire lecture du séjour de l’Emp. Alexandre à Londres. Il me semble que cela l’a amusée.
Il pleut à verse toujours. C’est désespérant. Décidément on part le 30 et décidément il faudra que j’accompagne l'Impératrice jusqu’à Cologne. De là, où nous arriverons le 3 juillet, j'irai à Paris escortée par le comte Schouvaloff, ou bien je retournerai à Francfort avec Meyendorff. Cela reste flottant parce que j'ignore si j'aurai ou non Aggy.
On me fait bien languir, et je me sens un peu humiliée de cette dépendance de la volonté de deux jeunes filles qui ne calculent pas le mal. qu'elles me font et me font surement le besoin que j'ai d'elles. Ce qui bien certain est que je ne puis pas vivre seule, cela n’est pas tolérable. Je péris de cela.
Le Prince Albert de Prusse est arrivé, le quatrième frère de l’Impératrice. Pas la moindre nouvelle à vous donner. Ellice me mande que le parlement sera dissous le 3 juillet. 8 heures. Je ferme je suis toute seule. Tout le monde est à une grande promenade dans les environs. Huit voitures. Quarante personnes toutes occupées à plaire à une seule ! C’est charmant d’être impératrice. Adieu. Adieu.

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22. Schlangenbad Vendredi le 25 juin 1852
3 heures

Encore séance chez l’Impératrice. Elle a l'air d'y prendre goût. Nous sommes seules avec la grande duchesse Olga en rentrant j’ai trouvé chez moi Van Praet, causant avec Meyendorff, c'est une bonne connaissance réciproque. Ils se promènent ensemble dans ce moment. Je crois qu'ils seront contents l'un de l’autre. La duchesse d'Orléans a passé deux jours à Liège ! Quelle idée ! Quatre grandes conversations avec Changarnier. Celui-ci très fusionniste, elle peu disposée à cela se déclarant cependant ébranlée. Elle a voyagé de là à Aix la Chapelle avec Lamoricière. Tout cela est jugé par le roi Léopold trés inconvenant. Il n'y a eu de sa part aucune manifestation. comme il ignorait son passage. Il n’y a eu personne pour la recevoir pas même les voitures royales, (pas si bien traitée que moi à qui on les a données. Excellentes voitures avec lesquelles j’irais si on veut en Russie. Non, pas si loin) L’Autorité militaire, & le bourgmestre ont inventé de leur propre chef de lui faire fête. Elle leur a donné à dîner, après le dîner sur le balcon où elle a été saluée par la foule. Tout cela est bien ridicule dans sa situation, & Van Praet en rit. Changarnier a refusé de dîner.
Tout ce que vous me dites dans votre lettre du 16 est vrai sur Claremont. Seulement il n’y a pas encore de démarches ou correspondances. Les Princes & leur belle soeur ne s’entendent point. Mais les Princes passeront outre. La Princesse de Prusse en causant avec le roi Léopold s’est montré fusionniste. Il me paraît que la Duchesse d'Orléans reste seule avec Lasteyrie. La rencontre hier entre l’Impératrice & le roi Léopold a fort bien réussi. Elle m’a tout raconté, elle a été fort contente. Elle n’avait voulu prendre personne avec elle. Il n’y avait que la grande duchesse Olga, son mari & les deux princes de Prusse. Point de témoins donc & je n'ai que le récit de l'Impératrice. Van Praet me dit que de son côté [Léopold] & a été très content.
Le roi de Prusse a envoyé ici hier son grand Maréchal. Il m’a formellement invité de sa part à venir à Stolzenfels. C’est le 30 ou le 1er que je pars avec l’Impératrice. Nous coucherons deux nuits là et puis à Cologne, où je me séparerai d’elle, ce sera tout-à- fait du chagrin de cœur. Quant à mon corps il a besoin de repos, grand besoin. Je n’en puis plus mais où aller me refaire ? Et avec qui ?

5 heures. Voilà un courrier & rien de vous, à mon tour l’étonnement & tout à l'heure l’inquiétude. J'ai une longue lettre de Fould intéressante, racontant la séance du C. législatif où assistait le Président. " Montalembert a fait un discours modéré dans la forme, plein d'éloges pour la personne pour l’acte qui a sauvé la France & l’Europe du danger qui la menaçaient, mais où perçaient au milieu d'assez piquantes critiques sur les institutions un dépit personnel assez vif. " Autre passage. " Sans doute il pourra être reconnu nécessaire d’apporter quelques changements dans les institutions, mais elles s’y prêtent vous le savez et le Prince y avisera dans sa sagesse. "
Pas question pour Fould de rentrer dans le gouvernement. Si je relève autre chose dans sa lettre, je vous le donnerai demain. En attendant. Adieu, & adieu.

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24 Schlangenbad Dimanche le 27 juin 1852

Je suis horriblement enrhumée. Je tousse beaucoup, cela me désespère, les derniers jours vont être bien gâtés par là. Vous ai-je dit hier que Kolb est arrivé ? C’est une grande sécurité pour moi. Il reste à mon service pour tout le mois de juillet. Maintenant si Aggy pouvait arriver ce serait complet. Je doute parce que je le désire tant. Il y a là quelque chose que je ne m'explique pas. J’ai écrit au Médecin du lieu. Il m’a répondu que [?] allait beaucoup mieux. Ellice & Marion m'écrivent que les parents veulent qu'Aggy m'arrive, qu'elle-même le désire ardemment. Mais que c'est la soeur malade qui s'y oppose. Est-ce la vérité ? On pourrait bien vaincre cet obstacle. Enfin que faire !
Nous avons dîné aujourd’hui en plein air avec l’Impératrice ; grande musique, nombreux public pour nous voir manger. Magnifiques ombrages, les plus beaux arbres du monde, & le plus beau temps, malgré cela, comme ma toux m'inquiète j’aurais préféré la chambre.
Van Praet est revenu me voir aujourd’hui m’apportant une lettre de son roi. Toujours bien bonne conversation avec lui. L'Empereur a envoyé à Kisseleff 13 décorations de ses ordres pour des militaires Français en retour des politesses faites à ses fils à Rome par les autorités françaises.
Décidément le roi Léopold n'a pas vu la duchesse d’Orléans à son passage sur le Rhin, et décidément il n'ap prouve pas sa conduite. C'est Lasteyrie qui la gouverne souverainement. Ce que disent les journaux sur Frohsdorf est-il donc vrai ? Est-il vrai que le comte de Chambord persiste à interdire le serment.

2 heures. J’ai essayé une petite promenade. Elle ne m’a pas réussi. Je rentre plus malade. Je crois qu'il me faudra mon lit au lieu de la soirée chez l'Impératrice. Adieu. Adieu.

Le 1er Juillet je m'embarque avec l’Impératrice. Nous dînons sur le bateau, nous arrivons de bonne heure à Stolzenfels, Vendredi la journée se passe là. Samedi je me séparerai d'elle soit à Stolzenfels, soit à Cologne si je devais aller jusque là. J'en doute, je suis trop fatiguée. Je penche beaucoup pour le retour ici. J'ai si besoin de repos que je ne songe plus à l'ennui de ce lieu quand toutes les magnificences l'auront quitté. Adieu. Adieu.

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25 Schlangenbad Lundi le 28 juin 1852

Le dîner en plein air hier ne m’a pas réussi du tout. Je suis en plein rhume si ce n’est pire. Une toux violente. Je n'ose pas bouger, pas parler, c’est affreux. Je serais désolée de manquer Stolzenfels.
Dernière réponse de Clothall. Elles se sont un peu moqués de moi. Après m'avoir promis le Rhin, Aggy se refuse à y venir, elle viendrait à Paris. Je n'ose pas montrer tout ce que je pense de cela. Je le répète elles abusent du besoin que j'ai d'aller. Il résulte de tout ceci que je retournerais à Paris sans savoir ce que je pourrais faire de mon été. Je vous demande cependant une dernière faveur c’est de dire que comme c’est pour Aggy que je renonce à l’Allemagne elle me doit de ne pas me manquer de parole pour Paris. Je crois que ceci dit par vous avec amitié et un peu d’autorité ferait bon effet.
Voilà donc où j’en suis ; à moins de toucher sérieusement malade, et je suis un peu en train de cela, je pars avec l'Impératrice. Je me sépare d'elle à Cologne le 3, & je serai à Paris le 6 juillet. Il est possible que je change encore d'avis, mais aujourd'hui voilà le projet.
L'Empereur a fait une chute & s'est blessé à la hanche ; il a été couché deux jours. L’Impératrice ne s’inquiète pas mais Maudt s’en préoccupe. Point de nouvelles. Vous êtes arriéré au Val Richer. Adieu. Adieu.

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26. Schlangenbad le 29 juin 1852

L’Impératrice est venue chez moi ce matin. Elle y a passé une heure et davantage. Long tête-à-tête où nous avons causé de tout. De son côté tant d’intimité, de bonté, de confiance, d'abandon. Un esprit si sérieux, une âme si élevée, si adorable. Je ne puis assez-vous dire combien j'ai pour elle de tendresse & de respect sincère. Si vous aviez pu écouter. Vous auriez été frappé & charmé de ce naturel, cette grâce d'esprit et de coeur rare dans toutes les conditions, unique dans le rang qu’elle occupe, moi je n’ai pas l’honneur de connaître une femme qui ressemble à l’Impératrice s'il y en a qui lui ressemble.
Au milieu de tout cela l’intérêt de ma vie n’a pas été négligé, & j'ai toutes les garanties possibles. Je suis bien contente d’être venue. Précieux souvenir & sincérité pour l’avenir.
Mais mes forces ! Pauvre, pauvre santé. Enfin, je retourne à Paris ; c’est là que vous allez m’adresser vos lettres. Constantin est arrivé aujourd’hui. Le roi vient chercher l’Impératrice après demain. Outre Stolzenfels où nous passons deux jours, nous irons dans un autre château Barath. C'est le 4 que je me sépare de l’Impératrice. Adieu. Adieu.
Toute la journée j'ai du monde je n’ai pas. un moment de repos, & j'ai tant de besoin d'en avoir. Adieu.
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