255. Du Val-Richer, Lundi 26 août 1839
7 heures
Vous voilà à Paris. Je me le dis comme si je le savais. Je veux me le dire. Je ne le saurai que demain. Demain, je serai heureux. Et quand je vous aurai vue ! Je ne puis partir tout de suite. Il m’arrive cette semaine trois personnes, entre autres M. Devaines qui viennent précisément de Paris passer quelques jours au Val-Richer. Je m’arrangerai pour y aller (à Paris) quand elles y retourneront. Il y aura plus de trois mois que nous ne nous serons vus !
Vous dîtes que vous êtes encore changée ! Ce qui m’est insupportable, c’est que sur votre santé, je ne me fie pas à vous, à vos impressions et à vos paroles. Vous avez tantôt des terreurs, tantôt des insouciances inouïes. Avec moi, cela n'a d'autre inconvénient que de m'agiter, avec d’autres, que vous appelez vos amis, il en résulte ce mal qu’ils sont incrédules à ce que vous sentez et dites de vous même de votre état intérieur. J’ai rencontré cette incrédulité et avec effroi. Vous vous reposerez à Paris.
Je suis bien fâché que les Granville n’y soient plus. Sont-ils partis pour longtemps ? Il n’y a rien de nouveau pour eux en Angleterre. Le Cabinet n’est pas en péril. Ce sera vous maintenant qui me donnerez des nouvelles. On me tient assez au courant, mais pas de votre monde. Pahlen doit être bientôt de retour. Il vous reviendra sûrement aussi fidèle. M. de Pahlen doit être toujours fidèle, quand il est près et oublier beaucoup dès qu'il est loin. Vous aurez le pauvre Pozzo. Pour celui-là, tout déchu qu’il est, je vous répondrai toujours plus de son esprit que de sa fidélité. Ramenez-vous Marie ? Je crois que non. Pourtant vous ne m’avez jamais rien dit de positif.
Vous me direz si vous voulez que je prie ma mère de vous chercher sérieusement quelqu'un.
9 h.1/2
Je respire. Vous n’êtes donc pas malade. Vous êtes venue bien vite. Je n'attendais ce matin qu'une lettre de la route. Vraiment, vous êtes à Paris, et pas malade, et votre médecin ne vous trouve pas si mal que vous l’imaginez. Mais comment avez-vous fait pour maigrir ? Ce n’est peut-être pas vrai, par autant que vous l’imaginez. Trompez vous donc, je vous prie. Et reposez-vous. Il se pourrait bien que les bains de mer vous fussent bons. Laissez-moi y penser un moment avant de choisir entre Paris et Dieppe. Aurez-vous quelqu’un à Dieppe. Et puis, il ne fait pas chaud. Il fera moins chaud tous les jours. Les bains de mer ont besoin de chaleur. Enfin, nous verrons. Vous êtes arrivée.
Adieu. Adieu. Adieu. Je n’en finirais pas. G.