262 Paris, Dimanche 15 septembre 1839 9 heures
Je vous vois fort occupé de moi, de ma solitude, des moyens de la soulager. Je vous en remercie. Il y a bien de l'amour dans cette préoccupation et il y a un peu de remord n’est-ce pas ? Tandis que vous me proposez de me trouver quelqu’un qui vint me faire lecture le soir. Moi je ne pensais qu'à cela aussi. Et c’est mon pauvre médecin que je tourmente pour trouver quelque jeune fille qui s'en charge. J'aime les jeunes visages. Cette petite Ellice ne me sort pas de l'imagination. Jusqu’ici il ne trouve rien, je m’adresserai à Génie.
Les soirées sont bien longues depuis 6 heures je ne puis plus lire. Hier à l'exception d’une visite de Madame Appony j'ai été seule tout le jour, couchée sur mon canapé, pensant, rêvant. Pas une pensée pas un rien qui ne me ramène à la plus triste des réalités. Mon isolement complet.
Voici deux jours que je ne me suis nourrie que d'un peu de bouillon. Les crampes ont diminué, et j’ai dormi cinq heures cette nuit. Le médecin est venu trois fois chez moi hier. Je n’entends pas parler de Démion. Je vous remercie de la Révolution de Thiers, je prierai Génie de le prendre chez vous. Vous voyez, que n'ayant vu personne Je n'ai rien de nouveau à vous dire. Voilà Don Carlos à peu pris en France, c’est donc fini. Je vais écrire à mon frère quoi que cela me fatigue. Adieu. Adieu, que de fois nous répéterons ce stérile mot ! Adieu.