275 Paris, vendredi le 27 Septembre. 1839
Je trouve singulier que vous vous obstiniez à tousser. Vous y êtes trop sujet. Il me semble, lorsque vous êtes en santé, que vous devriez vous laver le cou le matin avec de la glace, cela fortifie beaucoup. Si vous n’aimiez pas la glace mettez un peu de vinaigre dans de l’eau, tous ces conseils là sont bons. Mais dites-moi bien vite que vous êtes mieux, que vous êtes bien.
J’ai prié Génie de vous rendre compte de la mémorable scène d’hier avec M. Démion. Imaginez une scène, je crois même qu'il n’a pas été très poli pour moi. J’en avais une grande envie de rire. M. Génie a été d'une bonté parfaire pour moi, mais sa physionomie a singulièrement déplu à Démion. Le dénouement a été que j'ai emporté la clause de sous location et que j’ai fait abandon de toutes les autres que Génie avait en réserve. J'ai signé mais M. Démion n’est plus de mes amis et vraiment je ne sais pourquoi. Que le ciel me préserve d’affaires Je ne suis pas faite pour elles. Démion prétendait que personne ne se mêlât des miennes, que lui !
J'ai été dîner chez Mad. de Talleyrand, et de là chez Mad. Appony, où j’ai trouvé ma diplomatie, avec le petit Nesselrode fils du ministre. Brunnow lui a parlé de mes affaires et lui a dit que j’aurais 50 milles francs. Vous savez que je ne sais encore rien, il a un peu mal parlé de Paul pour ce qui me regarde. On trouve que M. de Brünnow a l'air d'un sot. C'est bien sa mine.
L’Empereur a envoyé de beaux cadeaux à la Reine comme reconnaissance de l’accueil qu’elle a fait à son fils. Le Duc de Wellington se pressait de retourner à Douvres pour m'y recevoir. Le Ministère Anglais est très satisfait de l’état des affaires partout. Même la mort de Runget-Sing ne l’incommode pas du tout. Les affaires d’Orient l’arrangeront. Voilà Lady Cowper. Les Diplomates ici ne me paraissent pas être de très bonne humeur.
Je verrai demain M. de Valcourt et je lui remettrai tout l’arrange ment de mon appartement. Il prendra à M. de Jennisson ce qu’il croira devoir me convenir. C’est le 15 octobre que j’entre dans la maison. Mais c’est du 1er que je paye. M. Démion dit que c'est l’usage. Adieu. Adieu. Guérissez-vous de votre rhume. Pourquoi ne vous prierait on pas à Fontainebleau ? Voilà une idée qui me vient tout à coup. Ah si cela était ! Adieu.