Ketteringham-Park Lundi 7 août 1848,
Midi
Je ne suis pas content. Pauline est encore très fatiguée. Point de mal proprement dit ni à la tête, ni au cœur, ni nulle part. Mais moulue de tout le côté gauche. Et ses écorchures qui sèchent l'empêchent de bien dormir. Il lui faut encore deux ou trois jours de repos. De plus le maître de la maison, Sir John est dans son lit depuis hier, avec un rhume qui est, dit-on, de la goutte dans la poitrine. Il devait me conduire aujourd’hui à Cromer. J’irai demain seul avec Henriette. Cela fait de la tristesse et de l’embarras pour tout le monde. Les contrariétés s’enchainent. Trop heureux quand elles ne deviennent pas des chagrins. Je ne voudrais pas que cette maison-ci eût des chagrins. Ce sont d’excellentes gens, très affectueux et très ouverts. Je n’ai pas de lettre ce matin. Je m’y attendais. Pas de journaux non plus, ni anglais ni français donc rien à vous écrire. J'aurais bien à vous dire si vous étiez là. J’aurai après demain tout ce qui a été envoyé pour moi à St Andrews. Ecrivez-moi encore ici. J’irai certainement m'établir dans la semaine à Cromer si j'y vais. Mais en tout cas, on m'y enverrait d’ici mes lettres. C’est la route. J'espère que vous n’êtes pas mal. Vous ne m'en dîtes rien. Adieu, adieu. Je suis en triste disposition. Je ne m’y laisse pas aller. Mais quand même, on se retient sur une pente, on y est. Adieu. Adieu. G.