Cambridge. Mardi 31 octobre 1848
8 heures et demie
Je suis dans une immense chambre, un vrai hall. Je sors d'un immense lit, une vraie chambre. De vieilles boiseries couvertes de vieilles estampes, la grotte de staffa la chaussée des Géants, la Cathédrale d'York, le Colysée &. C’est une grande et excellente maison avec un magnifique jardin et deux avenues formées par deux portes ferrées qu’on ouvre au son d'une forte cloche et qui roulent sur leurs gonds comme des portes de forteresse ou de prison. Je suis arrivé hier à 6 heures et demie, par une nuit close, moitié vraie nuit, moitié brouillard. Et les portes étaient déjà aussi closes que la nuit. J’ai attendu une grande minute à chaque porte avant qu’elle s'ouvrit. Un petit diner, l’évêque d'Oxford et Milnes invités, as my friends, à passer ici deux jours. Et deux professeurs célèbres de l'Université !
Aujourd'hui, tout le jour des courses dans l'université. Grand dîner. Grande soirée. Des visites. J’en ai déjà eu hier, entr'autres Arthur Gordon, le fils de Lord Aberdeen ; a great favourite here, m'a dit mon hôte.
Voilà toutes mes nouvelles. Et voilà la cloche qui sonne pour la prière. Une vie très grave in a hurry perpétuel. Et des esprits très animés, riant beaucoup, en galopant lourdement. L’ensemble est beau, fort honnête, et me plaît sans me suffire.
Je me porte bien. Je crois que je ferai bien quand je serai de retour à Brompton de boire quelques verres d’eau de Vichy. Je n'ai rien, mais je sens que cela me sera bon. On me promet mes lettres dans une heure. Je n'en aurai pas de vous aujourd’hui ce matin du moins. J’espère ce soir celle qui sera arrivée ce matin à Brompton. Je vous veux bien portante et pas amusée. Adieu. Adieu. Adieu. Je vais achever ma toilette. Au fait, il fait froid, malgré un feu superbe. Adieu. G.