316 Calais, mercredi 26 février 1840, 2h1/2
Merci mille fois, merci comme adieu. Votre lettre est arrivée une heure avant moi. Elle m’attendait sur la cheminée. Un plaisir inespéré, un plaisir attendu, lequel est le plus doux ? Je n’en sais rien. Je penche en ce moment pour le plaisir inespéré. Je ne m’attendais pas à trouver ici un plaisir. Je suis bien. J’ai dormi cette nuit et déjeuné ce matin, à Montreuil. Je vais faire ma toilette, recevoir les autorités, dîner et me coucher. Je pars à 4 heures du matin, pour entrer dans le port de Douvre avec la marée, vers 7 heures. J’y passerai deux heures, et je serai à Londres, de 4 à 5 heures ? Il fait un temps admirable, et j’ai éprouvé la nuit dernière qu’on pouvait se garder à merveille du froid.
Je ferai, sur le paquebot comme ailleurs, ce que vous me dîtes, tout ce que vous me dîtes.
J’aurais voulu m’arrêter à Abbeville à l’auberge où vous avez été malade. J’aurais voulu m’arrêter à Boulogne. J’aurais été triste pourtant. Adieu. Adieu. N’ayez pas de vaines terreurs. C’est bien assez des maux réels et des craintes légitimes. Adieu. G.
Demain, je verrai des lieux où vous avez été, que vous avez aimés. Ce sera pour moi ce que la chaise verte était hier pour vous. Oui, nous nous reverrons, à Londres et sur la chaise verte à Paris.