Béatrice Elliott, dans l'analyse qu'elle livre au fil du numéro 5 des Cahiers du Cyrnéisme, retient de la revue L'Annu Corsu qu'elle se démarque « par son indépendance absolue, par son amour du pays natal, sa compréhension profonde de tout ce qui est corse a fait beaucoup pour le développement de « l'Ile », pour le retour aux coutumes et à la tradition, et pour l'union, l'entraide et la fusion de tous ses enfants. Au point de vue littéraire, elle a su grouper d'excellents collaborateurs ».
Dans L'Annu Corsu, chronique de l'année régionaliste et littéraire de 1927, sont mentionnés les liens qui existent avec la revue U Laricciu que dirige Carulu Giovoni, où l'on peut notamment lire des poésies de Pierre Leca[1]. Le 20 février 1927, l'association Salvadore Viale de Bastia, « centre d'études qui permet à une élite de mieux connaître les œuvres de nos écrivains locaux »[2], fait paraître un numéro spécial sur Santu Casanova où son neveu, Pierre Leca, fait reproduire deux de ses poèmes, Matinata corsa et Loghi fatati, inspirés des paysages de la région d'Arbori où son oncle passa ses années de jeunesse.
Petru Santu Leca brigue par le délaissement volontaire des images recherchées, une simplicité poétique qui suscite l'admiration et qui provoque l'émotion. Ses paysages sont sobres mais grandioses. Celui que campe le poème Matinata Corsa par exemple, tissé de scènes pastorales, au creux desquelles le soleil peu à peu réveille un village, jusqu'à son zénith, ces enfants qui courent dans les ruelles, ces visages familiers qui se côtoient, ce foyer - issu fuculaghju tantu caru - que rallume le magnifique poème de Peppu Flori afin d'y accueillir un ami[3], tout nous remémore des préludes que nous connaissons bien. Tout parle au lecteur de manière émouvante, à qui se demande ce qu'est un village corse et lui donne l'aspect de la vie.
Les vers sonnent juste dans le cœur, pour la raison d'une écriture à la difficile simplicité certes, car la simplicité ne se donne guère facilement à un poète ; mais une écriture bien moins savante qu'émotive. Et tout résonne à l'esprit, d'un principe de conscience et de sensibilité où l'art poétique devient presque palpable. Le poème Matinata corsa reste sans doute à cert égard, l'un des plus aboutis.
[1] L'Annu Corsu, 1927, p. 181.
[2] L'Annu Corsu, 1928, p. 181.
[3] Peppu Flori, « L'Ultimu viaghju »
]]>Béatrice Elliott, dans l'analyse qu'elle livre au fil du numéro 5 des Cahiers du Cyrnéisme, retient de la revue L'Annu Corsu qu'elle se démarque « par son indépendance absolue, par son amour du pays natal, sa compréhension profonde de tout ce qui est corse a fait beaucoup pour le développement de « l'Ile », pour le retour aux coutumes et à la tradition, et pour l'union, l'entraide et la fusion de tous ses enfants. Au point de vue littéraire, elle a su grouper d'excellents collaborateurs ».
Dans L'Annu Corsu, chronique de l'année régionaliste et littéraire de 1927, sont mentionnés les liens qui existent avec la revue U Laricciu que dirige Carulu Giovoni, où l'on peut notamment lire des poésies de Pierre Leca[1]. Le 20 février 1927, l'association Salvadore Viale de Bastia, « centre d'études qui permet à une élite de mieux connaître les œuvres de nos écrivains locaux »[2], fait paraître un numéro spécial sur Santu Casanova où son neveu, Pierre Leca, fait reproduire deux de ses poèmes, Matinata corsa et Loghi fatati, inspirés des paysages de la région d'Arbori où son oncle passa ses années de jeunesse.
Petru Santu Leca brigue par le délaissement volontaire des images recherchées, une simplicité poétique qui suscite l'admiration et qui provoque l'émotion. Ses paysages sont sobres mais grandioses. Celui que campe le poème Matinata Corsa par exemple, tissé de scènes pastorales, au creux desquelles le soleil peu à peu réveille un village, jusqu'à son zénith, ces enfants qui courent dans les ruelles, ces visages familiers qui se côtoient, ce foyer - issu fuculaghju tantu caru - que rallume le magnifique poème de Peppu Flori afin d'y accueillir un ami[3], tout nous remémore des préludes que nous connaissons bien. Tout parle au lecteur de manière émouvante, à qui se demande ce qu'est un village corse et lui donne l'aspect de la vie.
Les vers sonnent juste dans le cœur, pour la raison d'une écriture à la difficile simplicité certes, car la simplicité ne se donne guère facilement à un poète ; mais une écriture bien moins savante qu'émotive. Et tout résonne à l'esprit, d'un principe de conscience et de sensibilité où l'art poétique devient presque palpable. Le poème Matinata corsa reste sans doute à cert égard, l'un des plus aboutis.
[1] L'Annu Corsu, 1927, p. 181.
[2] L'Annu Corsu, 1928, p. 181.
[3] Peppu Flori, « L'Ultimu viaghju »