Transcription Transcription des fichiers de la notice - J'ai à décrire une anémone, qui, s'y j'en crois Lamarck, ne se trouve que dans nos jardins et qui cependant… Chastenay, Victorine de 1819-04-02 chargé d'édition/chercheur Tessier, Florence PARIS
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1819-04-02
FRADCO_ESUP 378_8_78
Français
Ce 2 avril 1819
j'ai a décrire une anémone, qui, si j'en crois Lamark, ne se trouve que dans nos jardins, et qui cependant a été cueillie dans les bois. C'est l'anémone hépatique, appelée aussi la trinitaire, et presque toujours, à corolle multiple dans nos parterres.
Les feuilles à long pétioles partent du collet de la racine, d'où la touffe des fleurs doit s'élever. Les feuilles découpées en trois grands festons retombent solitaires à l'extrémité de chaque pétiole. Elles sont sèches, glabres, épaisses et souvent fortement colorées en rouge.
La tige de chaque fleur est droite, sans raideur, cotonneuse et arrondie ou plutôt elle est un long pétiole. Elle s'évase à son extrémité, en un calice de trois feuilles allongées et cotonneuses sur sa surface interne. La corolle est en six pétales lilas d'un tissu délicat, leur forme est arrondie, leur onglet est blanchâtre, mais leur nuance est fraiche et brillante. Les étamines, au nombre de vingt ou plus, ont des filaments blancs et déliés, et de légères anthères blanches aussi. Les nombreux pistils, qui sont un petit cône au centre, sont des ovaires sans style avec des stygmates, qui deviennent brunâtres de plus en plus. La tige n'est pas fistuleuse.
Une charmante surprise m'est advenue, en examinant, la touffe que j'ai sous les yeux. Je remarquais à sa bâse, un gonflement de feuilles florales, ou stipules blanches et soyeuses. Je l'ai ouvert et comme dans un berceau, j'ai vu une petite fleur non encore épanouie non encore dans toutes ses dimensions, mais déjà colorée. Elle était recouverte et la tête en bâs en quelque sorte, sous l'abri salutaire de la foliole qui lui servait de voile, et son pédoncule y était replié. Plus bas deux petites fleurs naissantes se dérobaient aussi au jour. Mais plus enveloppées, leur court pédoncule, pouvait encore être droit, et la fleur ne se manifestait que comme un bouton de soye blanche. La courbure du pédoncule est quelquechose d'admirable.
Chaque jour est un progrès. Les boutons de verdure, sont devenus dans les lilas surtout, autant de jolies houpettes. Le gazon devient plus vert, et plus charmant , à chaque heure dans la prairie.
Quelques fleurs l'émaillent déjà. Les plantes des bois sont encore sèches, les rameaux du jolibois, les touffes de cornouiller commencent pourtant une guirlande au bord des chemins. Les anémones, les violettes percent l'abri que leur ont prêté les mousses et les [illisible]. La teinte vague et grise des mousses d'arbre, n'a plus rien déjà de la tristesse de l'hiver. Je ne me rappelais hier, les nuances de cette même teinte à la fin de l'automne dernier. Je comparais, le souvenir, l'espérance, des deux consolantes [illisible] !
Toutes ces fleurs, toute cette verdure, me ravissent comme une première fois. Quelle est douce à considérer, la pâle primevère au bord d'un petit ruisseau ! Je l'ai saluée, je l'ai bénie, je n'ai osé la ceuillir. Mais qui peindra la paix vivifiéede l'atmosphère, qui exprimera l'amour bienveillant qu'il respire ? C'est au milieu de la nature, c'est dans l'élysée de ce jardin, où je reste sans suivre une pensée, que je sens le plaisir de vivre ! Est-ce rêver que de divaguer, que de someiller ainsi ? Mon âme est comme ravie d'une harmonie charmante.
Les oiseaux chanteurs, voilà ce qui ne peut être dit, ni compris - il faut les entendre, en jouir !