Ce 12 nov[embre] 1810
Je viens de lire les entretiens sur les sciences du p[ère]
Je ne suivrai pas le savant père dans le détail des conseils qu’il donne, particulièrement pour l’étude des langues et de l’histoire. Mais il a des réflexions très
sages : il faut accoutumer les hommes à voir eux-mêmes la vérité. Lorsque pour leur rendre les sciences faciles, on ne les oblige point de la chercher eux-mêmes, de la découvrir, de la consulter, il se peut bien faire qu’à force de leur rabattre les choses on les fasse entrer dans leur mémoire, on dirait même, à les entendre parler, qu’ils les savent, mais la suite fait voir le contraire. Au lieu que quand on s’est exercé soi même dans la recherche de la vérité, on a toujours son cœur où l’on trouve le fond de toutes les sciences.
L’auteur semble disposé à penser comme ??? opérations de l’esprit. Mais je crois cette méthode très propre à l’égarer.
La savoir connaissance de la vérité est la fin des sciences, l’amour de la vérité doit en animer l’étude. Il faut que l’esprit consente quand il reçoit une idée. Je ne m’étonne point dit l’auteur si les hommes ne savent ce que c’est que de concevoir les choses clairement, s’ils s’occupent volontiers de ce qu’ils n’entendent pas c’est une mauvaise habitude qu’on leur fait contracter dès l’enfance. Que l’esprit et le cœur soient droits, voilà ce qui fait qu’on est un homme.
Les hommes sont faits de manière que comme le bien les attire, une connaissance claire les attire et les oblige de consentir. L’attention fait la principale partie de la sagesse. Pour ne pas croire, voir, ce qu’on ne voit pas, il faut commencer par douter.
J’ai jugé par ces apparents de logique la charpente dont on appuie tout l’édifice des écoles, ou plutôt il n’y a point d’édifice mais seulement un échafaudage. Il y a des termes absolus, il y en a de connotation, d’abstraits. Les universaux, gens et espèce, s’appliquent aux idées générales. On distingue le sujet et l’attribut. Enfin tout raisonnement suppose trois propositions, la majeure, la mineure, la conséquence. On appelle syllogisme un raisonnement parfait. On a calculé dans une table à 64 modes tous les syllogismes bons ou mauvais qu’on pouvait faire. C’est-à-dire, selon les résultats que la combinaison de trois ??? propositions peut donner. On les considère successiv[ement] comme universelles, particulières, affirmatives ou négatives.
L’éloquence, dit l’auteur, consiste principalement dans la disposition de la matière. L’éloquence des choses peut être indépendant du style.
L’auteur observe que
Ceux qui lisent les pères, sans le secours de l’histoire, s’égarent dit l’auteur, ils vont chercher leurs sentiments dans les lieux écartés et ils négligent les endroits où l’histoire fait connaître qu’ils se sont expliqués clairement. Parce qu’ils croient que ce qui est aujourd’hui reçu dans les écoles a toujours été cru dans l’église, et par tout le monde chrétien, ils s’embarrassent pour répondre des difficultés qui naissent de leurs préventions. On doit interpréter les paroles d’un auteur par la fin qu’il a eut, en parlant pour entendre les pères de l’église, il faut savoir contre qui ils écrivent,
quels étaient les sentiments de leur siècle, et quelles hérésies ils avaient combattues.
La science d’un controversiste consiste à bien connaître quelles sont les limites de la religion pour en pas faire de procès mal à propos à ceux contre qui on dispute. Il faut laisser chacun la liberté que l’église ne lui ôte pas. Il y a des théologiens qui font mille questions inutiles qui décident tour, et font des articles de foi de leurs décisions ; ainsi ils rendent la créance de la religion beaucoup plus difficile qu’elle ne l’est. On a d’ailleurs depuis 400 ans asservi la philosophie à la physique d’matières manières et des impressions inconnus aux premiers siècles de l’église.
On est surpris à la lecture de ce catalogue abrégé d’ouvrages de théologie que présentent ces entretiens. C’est un ordre d’idées nouveau qui s’ouvre à la curiosité de l’esprit.
Ce qui est vraiment admirable, ce sont cinq lettres adressées comme conseils à un jeune homme qui s’est voué à l’état ecclésiastique dans la communauté de l’oratoire. Tout le monde peut les lire avec propos. On y trouve comme dans l’ouvrage de belles choses. Nous trouvons dans le fond de notre nature de g[rande] connaissances de la divinité. Dieu nous a donné de lui-même une notion dans laquelle on peut apercevoir des choses admirables, quand on la considère avec attention. J. C. est la lumière intérieure qui éclaire tous les hommes, le verbe est notre raison qui nous parle intérieurement et nous avertit de notre devoir.