Je viens de lire le 4e vol[ume] et le 5e vol[ume] de Bailly, 2e et 3e de l’astronomie moderne. Il commence à Kepler et son talent se déploie à mesure que le sujet s’étend. Plus je l’étudie plus je l’admire. On le néglige aujourd’hui, trop savant pour les ignorants qui retombent dans la barbarie, trop philosophique peut-être pour les savants qui repoussent tout accessoire ! Ces derniers lui font peut-être quelques reproches mérités, mais les ornements superflus s’écartent sans peine, ils ne sont que superposés, et le bel ensemble qu’il offre ne se trouve nulle part ailleurs.
Kepler brisa les épycycles en reconnaissant le mouv[emen]t elliptique des astres. Les plus beaux génies ont toujours tendu à trouver des causes simples, les grecs surtout, et Ptolémée s’excusait de la complication de son système, demandait si l’homme à qui tout est difficile, pouvait juger de la véritable simplicité.
Kepler naquit à Wiel, en Wirtemberg, le 27 dé[cembre] 1571. De son temps encore, on mêlait des choses sacrées aux combinaisons de l’esprit, Kepler considérant trois g[ran]des choses en repos, le Ciel des fixes, le Soleil, et l’intervalle énorme qui les sépare, les compara à la trinité, et la figure sphérique de l’univers qui embrasse tout, à l’être suprême qui enveloppe tout de son immensité.
Tycho attira Kepler à Pragues. Kepler calcula pendant 20 ans après lui, les fruits de ses longues observations, les tables rudolphines. Il travailla sur l’optique, et la réfraction. Il créa donc l’astronomie optique, science composée et du m[ouvemen]t des astres et des phénomènes de la lumière qui nous la fait apercevoir.
Porta venait d’inventer la chambre obscure.
Vers ce temps Brunus, napolitain, mit en avant l’opinion confuse chez les anciens, de l’habitation des planètes, il amena même des
gnomes au sien de la Terre, et c’était chez lui un délire de l’imagination, non un apparen de génie, l’idée s’éclipsa à sa naissance.
Il y eut une étoile nouvelle, en 1604, on la découvrit en cherchant une conjonction, et B[ailly] observa que les anciens ne la restreignaient ni à une heure, ni à un jour, il leur suffit d’un rapprochement. Kepler commença sa dissertation sur l’étoile par les conséquences astrologiques, mais sans y croire, et en présentant cette vaine science comme une maladie de l’esprit humain. Il n’en avait plus qu’un sentiment vague, le préjugé si je l’ose dire, car il ne la rejette pas absolument.
Kepler traita beaucoup des questions oiseuses et insolubles, on appliquait encore la métaphysique aux choses, ou plutôt on l’y cherchait, l’infini effrayait Kepler, il ne pouvait concevoir que le centre fut partout, et ne fut nulle part. Il se plaignait qu’on abusât du système de Copernic, il était timide, comme on l’est avec la vérité nouvelle, l’âme se nourrie de la vérité mais nos forces ne s’augmentent que par l’usage modéré des aliments ! Kepler, dit B[ailly], était très savant, c’est ce qui forma en lui l’esprit philosophique par lequel il est distingué.
Il approcha de Newton, en méditant sur la gravité des corps. Il vit que les causes de la variation de la vitesse, et la source du m[ouvemen]t sont dans le centre du monde ? Il est beau d’observer, dit B[ailly], comment l’esprit humain s’essayait avant de s’élever à la hauteur de Newton ! Kepler compara la vertu motrice du Soleil, et la lumière. Il en tira de belles conséquences, un pas de plus, il prévenait Newton. Les petites choses font les progrès de l’esprit humain comme le destin des empires. Kepler avant l’invention des lunettes, et par la vue de l’esprit, devina la rotation du Soleil. L’invention, dit B[ailly], est placée entre les faits qui fondent les systèmes, et les faits qui les vérifient. Le premier moyen du génie est l’art des expériences, c’est par elles qu’il ramène les objets à sa portée pour les pénétrer de son regard.
Nous ne connaissons la force que par ses effets.
Galilée, né à Pise en 1564, était le génie qu’attendait la science du mouv[emen]t. Ses calculs sur la chute des corps lui montrèrent les espaces pris du commencement, toujours en proportion avec les quarrés des temps écoulés. Quelles sera la mesure des temps, ou intervalles ?
Galilée trouva les propriétés du pendule, en examinant les oscillations d’une lampe suspendue à une voûte.
Depuis le 13e siècle, on faisait usage de verres convexes, ou concaves. Jacques Metius d’Alcmaer, en Hollande, selon Descartes, les enfants d’un lunetier de Middlebourg selon d’autres, découvrit par hazard, l’effet de leur réunion. Galilée en fit sur le champ usage. Le monde inconnu de mille étoiles s’ouvrit à ses yeux enchantés. Il découvrit successiv[vemen]t les 4 satellites de Jupiter. Il les nomma astres de Medicis. Il connu l’anneau de Saturne, il vit des taches dans le Soleil, mais ces taches ne l’empêchait pas de briller.
Kepler, occupé de calculer ses tables, ne chercha point à pénétrer dans le monde nouveau, il travailla pourtant sur le télescope, et mit ensemble deux verres convexes, qui n’ont que l’inconvénient de renverser les objets, mais ce ne fut pas même lui qui publia sa découverte.
Le P[è]re Scheiner jésuite, J. Fabricius à Vittemberg, virent les taches du Soleil, vers le même temps que Galilée vers 1611.
Le B[ar]on Neper écossais, à cette époque, trouva les logarithmes.
Kepler travailla sur la théorie des nombres, où les anciens et mêmes d’autres depuis, ont cherché un mystère. La médiocrité pour se consoler de son abaissement, s’applaudit du mépris qu’elle a pour les recherches, et croit être vengée de la hauteur du mérite par ses chutes. Kepler trouva une importante vérité, les rapports des temps périodiques de deux planètes quelconques sont précisément en raison des racines quarrées des cubes de leurs distances moyennes au Soleil. Sera quidem respexit.
Respexit tamen, et longo post tempore venit [Virgile - Les Bucoliques - Eglogue I], dit Kepler [illisible] même, en rapportant sa découverte le 8 mars 1618, le rapport s’offrir à son esprit, il l’appliqua mal, et le rejeta. Le 15 mai
il y revint, le voile tomba de ses yeux, 17 ans de travail a mérité ce succès. Les tables rudolphines parurent en 1627, 26 ans après la mort de Tycho. Kepler travailla sur les comètes, mais il les considéra presque comme des météores, et en chercha des rapports astrologiques. Il mourut pauvre, dans ce temps malheureux, ses pensions n’était pas payées. Il avait supporté à Pragues onze ans de disette, et mourut à Pragues Ratisbonne, en sollicitant à l’âge de 59 ans.
Galilée fut cité à l’inquisition pour le système de Copernic, et promit de ne le plus soutenir. Il le soutint, et en 1633, 7 cardinaux le jugèrent, déterminant que la proposition du Soleil immobile et au centre du monde est fausse en philosophie, et hérétique comme contraire au témoignage de l’écriture, et que soutenir que la Terre n’est pas au cette du monde sous le rapport de la foi. À 70 ans, Galilée à genoux, les yeux sur l’évangile, maudit et détesta ses erreurs, absurdités, hérésies, etc. renvoyé en toscane, il y eut la villa d’arcetti pour prison. S’apercevant que la Lune présente toujours la même face, il crut que c’était une sympathie.
Les hollandais députèrent vers lui, et lui envoyèrent une chaîne d’or, il avait promis de travailler sur les longitudes, mais il fut frappé de cécité. Il mourut en 1642, le siècle avait été bien grand, avant Louis 14.
Longomontanus, au Dannemark, avait été disciple de Tycho. Il éleva un observatoire à Copenhague, commença en 1632, il a été achevé en 1656, brûlé en 1728. Il abandonna les idées de Tycho pour celle de Copernic.
Les P[è]res Scheiner, et de Rheita cultivèrent l’astronomie. Jean Bayer d’Ausbourg, imagina de marquer les étoiles des constellations par les lettres grecques. Les juifs avaient autrefois eu cette idée, pour éviter de tracer des figures.
Plusieurs de ces savants furent entêtés d’idées harmoniques, c’était un préjugé de l’antiquité. Je l’envisage autrement, la musique a une mesure fixe, et précise, dont chez les anciens, l’idée a pu se
joindre à celle de l’harmonie céleste, la précision de la danse a pu donner l’idée de la danse des heures. Ce serait une chose assez singulière que de substituer dans une observation un concert au pendule, j’ai su que le Ch[evali]er de Borda voulait, dit-il, [illisible] indivisible, en prononçant les notes de la gamme. Ce qu’il y a de certain, c’est que l’idée harmonique frappait les anciens et qu’ils y cherchaient un g[ran]d secret.
Vers cette époque, 1619, il y eut deux chaires, l’une d’astronomie, l’autre de géométrie, fondée à Oxford, par le bienfait d’Henri Saville.
Gassendi observa Mercure sur le Soleil en 1661.
Il y eut des astronomes partout. Vendelinus trouva la parallaxe du Soleil et trouva la variation de l’écliptique. Est-elle constante, j’aime assez l’idée d’un chang[emen]t quelconque et progressif dans ce qui existe, elle se rattache à celle de la création.
En 1647 l’italie perdit Cavalieri, Reinieri et Toricelli.
Riccioli, né en 1598, mort en 1671, fut jésuite, compilateur infatigable, il a composé le nouvel almageste où il a réuni toutes les connaissances acquises, et quoique les opinions savantes de Riccioli fussent erronées, son livre est un trésor.
Le P[è]re Grimaldi, son ami, travailla utilement sur la lumière.
Peyresc, et Gassendi, renouvellement à marseille en 1636 l’expérience du gnomon de Pytheas [ajout en interligne] elle ne fut pas bien faite, et de pareilles fautes retardant l’esprit humain. Gassendi était fils d’un paysan de digne, il y eut beaucoup d’autres habitants des champs, entre autres Longomontanus, chez qui le génie de l’astronomie se développa. Gassendi soutint le système atomique d’Épicure, et combattit Descartes. Il a écrit les vies de Peyresc, Purbach, Regiomontanus, Copernic et Tycho. Il vécut chaste et austère, et mourut pauvre, sans jamais avoir envié les richesses.
Morin fut un astrologue en faveur près du C[ardina]l de Richelieu, il faillit être nommé astrologie du roi.
Descartes apprit à penser, il ne voulut admettre que des vérités examinées, reconnues, enchaînées par l’évidence, jamais philosophe peut être n’a mis en avant plus d’erreurs. L’esprit humain se joue
de lui-même, mais Descartes avait donné un g[ran]d ébranlement, g[ran]de leçon.
Descartes était né en touraine en 1596. Il appliqua l’algèbre à la géométrie.
En général, il choisit quelques vérités premières évidentes, par la simplicité il pensa que toutes les autres en étaient écoulées, et se crut à la source d’un g[ran]d fleuve, il crut parcourir la nature dans les songes qu’il faisait sur elle. Les bons esprits furent frappés de l’ordre et de la succession des pensées de Descartes, avide de créer, il ne demandait que de la matière, et du mouv[emen]t. Il aperçut la force centrifuge. Il conçut les tourbillons. La cause unique était l’objet de ses méditations. D’ailleurs il n’était pas assez savant peut-être, il resta en allemagne, sans chercher Kepler, il alla en Italie, sans chercher Galilée.
Descartes a fait de beaux travaux sur la réfraction, et l’optique, il voyagea beaucoup, et vécu toujours seul, toujours pensant, toujours rapportant tout à ses pensées, cherchant à appliquer les mathématiques, jusqu’à la médecine. Les animaux lui parurent des machines méchaniques, comme les tourbillons. Il fut victime de son entêtement à cet égard : l’homme habile n’aura jamais de succès s’il veut tout détruire dans les sciences et tout rectifier à lui seul, il ne sera jamais heureux s’il abandonne la sagesse de ses [pairs?] pour ne suivre que la sienne.
Les g[ran]des vues de Descartes furent une occasion de progrès, et une source de lumière. Bouillaud observait à Paris dès 1633, Hevelius à Dantzik vers 1644. Bouillaud donna à son ast[ronomie] copernicienne le nom de philolaique, du nom du disciple de Pythagore. L’angleterre avait quelques hommes habiles, dont plusieurs furent moissonnés à la fleur de l’âge dans les guerres civiles.
Hevelius fut un des plus g[ran]d observateurs, par malheur, au lieu d’adapter des lunettes, il s’obstina à conserver des alidades à ses instruments, il fit une carte de la Lune mais les noms donnés par Riccioli l’ont emporté sur les siens.
Huygens né à la Haye, en 1629, perfectionna les télescopes, qui
alors étaient d’une longueur immense. Il appliqua le pendule aux horloges, les bienfaits de Louis 14 atteignirent Hevelius à Dantzik, il a dédié sa cométographie à Colbert, l’auteur en considérant les beaux apparens qui naissent souvent de graves erreurs, demanda où nous en serions sur cette Terre, si les maux ne produisaient que des maux.
Des sociétés particulières fondèrent l’académie des sciences, elle fut établie à Paris en 1666, comme l’académie française l’avait été en 1675, la société Royale fut en activité à Londres vers le même temps. Le Dannemark donna Roemer à notre académie, la Hollande Huygens, l’italie Cassini. Elle possédait Roberval, Auzout, Picard, Richer, etc.
Auzout trouva le micromètre. L’observatoire fut fondé en 1671. Le tableau que B[ailly] fait de l’observatoire est très beau, c’est l’adoration perpétuelle.
Cassini était né en 1629, dans le comté de nice. J’ai parlé de lui ailleurs. Il travailla sur les comètes. Il travailla sur Jupiter, sur Vénus, et les planètes.
Ce fut un beau moment pour l’esprit humain, il faut le juger sans fontenelle, l’espace était si vaste que ceux qui s’y élançaient étaient encore des intéressés et purs. Les esprits étaient muris par l’expérience, le génie éclairaient la raison, la raison réglait le génie. L’académie s’occupa de sonder l’édifice des connaissances, et de n’y rien ajouter, qu’après des certitudes. Louis 14 présida noblement à ses travaux, il n’en demandait pas compte, mais il en désirait, il en attendait le succès, et les voyages, les dépenses, les essais proposés, décidés par l’académie furent toujours adoptés par le roi. Il se fit devant lui de g[ran]des choses.
Auzout lui disait, qu’on manquait d’instruments, il s’occupait d’en procurer.
Il fut question de mesurer la Terre. Picard exécuta la mesure du degré de Paris à amiens. Le 25e du degré devint la lieue, on s’occupa ensuite de conduire la méridienne de dunkerque
à Perpignan. Louis 14 y joignit l’idée de la carte de la France, réalisée à la fin du 18e siècle. On voulut connaître les positions que les fondements de l’édifice de Tycho. Chazelles se rendit en Égypte. Richer partit pour Cayenne en 1672, revint riche d’observations, et entre autres, de celle de l’allongement du pendule sous l’équateur. Sans distinction de temps, les faits s’unissent aux faits, on ne peut ni les détruire, ni se passer d’eux, ils durent parce que ce sont des vérités. Varin et Deshayes allèrent faire des observations en différent lieux.
Les missionnaires jésuites vers ce temps, portèrent en Chine leurs connaissances des astres, et en rapportèrent un trésor de connaissances. Nommons les P[è]res Schaal, qui fut chargé de l’éducation du jeune emp[ereur] Can-hi, Verbiest, Bouvet, Gerbillon, le Comte, Tachard, Gaubil, etc.
Cassini découvrit les satellites de Saturne. Huygens en a découvert un sur cinq. Cassini a voulu les nommer Borbonien, il n’a pas mieux réussi que Galilée pour les Médicis. Il soupçonna le satellite de Vénus. Il reconnut la lumière zodiacale du Soleil, quelle joie pure que celle qui résulte de l’étude et des découvertes !
Roemer prouva que la vitesse n’était point instantanée, il en calcula la vitesse. Vitesse 250 mille fois plus grande que celle d’un boulet de canon, 60 millions de lieues en 14 minutes.
Flamsteed, né en 1646, fut un des fondateurs de l’ast[ronomie] en Angleterre.
Charles 2 fonda un observatoire à Greenwich en 1676. Flamsteed y entra, et son recueil d’observations est aussi précieux que celui de Tycho. Halley, né en 1656, le seconda. Ce dernier disait que l’étude de l’ast[ronomie] lui avait fait goûter des plaisirs qui ne peuvent être conçus que de ceux qui les ont éprouvés. Halley alla à S[ain]te Hélène, observer l’hémisphère austral, mais c’est la Caille qui en a eu l’honneur. Halley n’a fait qu’une part de l’ouvrage.
Hook fit de savants travaux, il perfectionna les horloges à pendules, l’optique etc., il avait du génie : ce qui caractérise en particul[ie]r cette faculté si rare de l’esprit, c’est un regard étendu qui apparait au loin, les découvertes possibles, qui voit ce qui manque, et ce qu’il faut chercher.
Newton fut solitaire, et modeste. Il ne tarda point à paraître, et fit de g[ran]des choses, avec simplicité. Il créa l’ast[ronomie] phizique, il naquit en 1642. Newton connut son génie en lisant descartes. Newton a tout éclairé, mais il ne m’est pas donné de suivre son flambeau. Il a connu la loi universelle de l’attraction, il a décomposé la lumière, fixé la route des comètes etc. Le génie par sa nature est ardent, passionné, il semble que ce soit le besoin du mouv[emen]t qui lui fasse prendre l’essor, celui de Newton fut g[ran]d sans passion, et tranquille sans rien perdre de son activité. Le génie de Newton sembla ne lui avoir servi qu’à le transporter au centre de la nature, au point où aboutissent tous les rayons de la vérité, il a été spectateur et il a raconté ce qu’il a vu.
Ce fut un or sans alliage, auteur du calcul différentiel, en même temps que Leibnitz, il n’a jamais rien revendiqué ou contesté, content de produire.
Je vois avec peine qu’il occupe des emplois dans le 2e moitié de sa vie. Le temple des sciences ne doit pas se trouver sur la route de l’ambition. Le g[ran]d homme fut le même partout, il mourut à 85 ans, comblé d’honneur.
Bradley, vers 1725, commença en Angleterre, un beau travail sur les étoiles, et leur lumière, il reconnut l’aberration des étoiles, qui est ce me semble, une sorte de réfraction.
Les 1ères années du 18e siècle, et la fin de l’autre, furent élever des observatoires, et fonder des académies. Leibnitz fonda en 1710 celle
de Berlin. Le c[om]te Marsigli renouvela celle de Bologne, il y en avait à Upsal, il y en eut à Petersbourg.
B[ailly] observa qu’au 17e siècle, les progrès furent brillants, presque tout était nouveau, depuis 1730 les difficultés devinrent plus grandes, la route plus obscure, le succès moins sensible, et moins éclatante, les richesses actuelles, dit-il, sont environnées d’une espèce d’obscurité née de leur profondeur.
Il y eut de g[ran]ds travaux entrepris. Il s’agissait de déterminer par la mesure du degré, la figure de la Terre. En 1733, le voyage de l’équateur et du Pôle fut proposé. MM. de Maupertuis, Clairaut, le Monnier, le Camus, l’abbé Outhier, allèrent au nord, leur opération fut hardie, et fut courte.
MM. Godin, de la Condamine, et Bouguer, allèrent au Pérou, leur voyage fut de plus huit ans, et les localités leur firent éprouver plus d’obstacles.
Les mesures rapportées des deux parts, et comparées à celles de France, parurent donner d’abord des résultats contradictoires. Tout s’accorda en vérifiant le travail de Picard, dans lequel se trouva une erreur dont les conséquences s’étaient agrandies dans le calcul.
La carte de France fut achevée.
M. de la Caille au Cap, renouvela seul la mesure d’un degré du méridien. On voulait maintenant des résultats d’une précision mathématique. M. la Caille décrivit le Ciel austral, B[ailly] son disciple, et son ami, fait de lui un éloge charmant.
MM. de la Place, de Lagrange, etc., ont repris depuis, et calculé tous ces g[ran]ds problèmes de la figure de la Terre. On travailla de nouveau sur les comètes. M. Dionis du Sejour a traité ce sujet à fond. d’Alembert, Pingré, beaucoup d’autres firent d’important travaux, la g[ran]de découverte d’Herschell est de 1781, c’est une chose assez remarquable que la jalousie qu’il inspire encore à nos astronomes. On alla aux extrémités du monde, observa le passage de Vénus en 1761 et en 1769. Cette observation devait
servir à déterminer la distance du Soleil, je ne puis presque plus suivre mon auteur dans les régions mathématiques de l’astronomie.
L’horlogerie, les instruments furent perfectionnées, les Euler, les Bernoulli, maintinrent la science en Allemagne, et en Suisse. La géométrie fit des pas de géants, partout elle donna des formules rapides et profondes. M. du Sejour en fit une du calcul des éclipses.
Je ne détaille pas toutes les belles parties de l’ouvrage de B[ailly], je l’ai lu, relu, et je le relirais encore. Ce savant, ce philosophe, est mort comme Socrates, mais non pas au milieu de ses amis, au milieu d’une foule de bourreaux. Ne rappelant que les temps heureux de sa vie, où l’étude occupait tout son temps, où dans une des arcades qui sert maintenant de remise à une voiture, était au Louvre, son cabinet, son logement tout entier ; séjour honorable, où tant de savants, et de gens instruits, ont été si souvent, si modestement rassemblés ! Je ne vois pas ces anciennes galeries basses, aujourd’hui [détruites?], sans un sentiment de respect, d’envie pleut-être, et de regret.
M. Arrago, jeune émule de tant de g[ran]ds hommes, m’a dit que la Terre roulait inclinée dans l’espace, que l’étoile polaire n’était pas justement au pôle, et que par l’effet d’une sorte de nutation de la Terre, la distance du pôle à l’étole devait varier. Je n’ai pas encore trop bien conçu tout cela.