34e lettre
J'ai visité ce matin au fond des bois une fontaine délicieuse. Représentez-vous, mon ami, un coteau ouvert d'un bois épais. Un filet d'eau limpide saute de roche en roche, et roule en petites cascades, jusqu'à ce que, rencontrant un amas de rochers, il soit forcé de filtrer entre leurs fentes et de remplir, avant de s'échapper, un joli bassin naturel ; [partie barrée] la mousse la plus fine, les pampres les plus verts, décorent cette retraite que les beaux arbres couvrent dérobent entièrement. Pendant que la Nayade murmurait un concert, j'ai examiné ses trésors et j'ai recueilli d'abord la scolopendre, ensuite l'épais lychen que l'on nomme hépatique. La scolopendre, ou langue de cerf, est l' asplenium scolopendrium, que l'on range entre les fougères. Elle croit au bord des eaux, et est un gage de leur salubrité.
La scolopendre est une feuille d'un beau vert, glâbre, assez épaisse, longue de six pouces environ, et dont les bors unis, arrondis en coeur, à la bâse, se rapprochent en point, a son extrémité. Elle est portée sur un pétiole de quatre pouces a peu près, qui se prolonge et qui se perd dans la nervure solide qui sert de soutien a la feuille. Ce petiole est quarré brunâtre et chargé de poils peu nombreux.
On remarque a la surface inférieure de la feuille des petites lignes parallelles mais peu régulières qui n'atteignent ni la nervure ni les bords de la feuille. Ces légères elevations, blanches, fendues dans leur longueur, ne m'offrent en ce moment aucun signe de fructification, mais elles deviendront les dépôts des semences mystérieuses, dont la poussière se forme, et reproduit, sans qu'on ait encore pu en fixer les operations. Toutes les fougères offrent la même enigme.
[en marge] marcantia polymorpha
J'ai trouvé l'hepatique étalée sur un lit de mousses. Ce sont de grandes, et larges feuilles, profondement découpées, et festonnées inegalement sur leurs bords. Elles sont horizontalement placées et disposées en forme de rosaces. Leur nuance
[image suivante floue, à remplacer]