Ce 23 oct[obre] 1813
Je viens de lire la relation du voyage de l’abbé
La partie du voyage et de la description n’en est pas moins curieuse et instructive. Elle est faite par un philosophe, dont la tête est ardente et le cœur sensible. Voilà les gens qu’on n’apprécie plus et c’est cependant dans leur sève que vie la société.
La Russie est un g[ran]d désert, qui n’est pas plus favorable aux productions sociales qu’à celles de la nature. Où la sujétion du peuple oppose un obstacle absolu à la prospérité de l’empire. Où le système de transporter des hommes, comme des meubles, partout où ils manquent le plus, ne fait qu’ajouter aux chances de dépopulation.
On est fatigué de cette neige perpétuelle, de ces longues nuits, de ce froid qui glace ou abrutit, et qui confine l’habitant dans des cahutes enfumées, et malsaines. Quel malheur d’être né en de telles régions. On n’y saurait forcer le sol, mais si l’on cherche d’abord à aider la prospérité propre à chacune de ses partie, on arriverait à la métamorphose.
Une chose est remarquable, c’est le respect, la considération, que les plus hautes classes de la société témoignent pour la science en Europe. À Vienne, l’
Les idées libérales ne se présentent plus à la génération actuelle, je veux dire à celle qui a atteint l’âge d’environ trente ans, qu’à travers le prisme de la terreur. Il semble que le sang de ceux qu’on a perdus oblige leur conscience à les repousser. Mais en furent-elles jamais causes de ces malheurs dont on gémit ? L’âme atteindra-t-elle jamais à quelque hauteur, arrivera-t-elle à quelque degré d’une véritable et féconde énergie, sans s’y identifier volontairement ? Je ne prétend pas que ceux qui affectent de les proscrire, soient nécess[airemen]t énervés. Je pense qu’elles influent sur leurs idées, toutes les fois qu’ils l’ignorent eux-mêmes. Je pense que leur l’inconséquence de tant de gens n’a pas d’autre cause que le contraste des notions réduites en maximes, et des sentiments qui s’élèvent de l’âme.