Ce 17 fruct[idor] an 10 (4 septembre 1802)
Je viens de lire la théorie de la Terre de
L’auteur, écrivain sublime, engage à voir beaucoup, et à voir sans dessein, à ne tirer que bien tard des conséquences, et des rapports, parce que l’esprit épuisé en fausses combinaisons, on se charge la mémoire de conséquences vagues, et de résultats faux, qui forme dans la suite des préjugés ineffaçables. Cette vérité peut s’appliquer à tout.
Mais il faut un but imaginaire aux hommes, pour les soutenir dans leurs travaux. S’ils étaient persuadés qu’ils ne feront que ce qu’en effet ils peuvent faire, ils ne feraient rien du tout.
Les vérités mathématiques sont des vérités de définitions. Nous avons fait les suppositions, nous les avons combinées. Ce corps de combinaisons est la science mathématique. Il n’y a donc dans cette science que ce que nous y avons mis. La vérité mathématique se réduit aux identités d’idées, et n’a aucune réalité.
La vérité phizique s’appuie sur des faits, sur une répétition constante et non interrompue des mêmes évènements. Ce n’est donc qu’une probabilité. Dans la première, on arrive à l’évidence, dans la seconde, à la certitude.
La Méditerranée a fait irruption dans le lieu qu’elle occupe par Gibraltar. Son lit était une terre. Le mouvement général de la mer est d’orient en occident. Celui-là seul est en sens contraire. Ce qui fait que la Méditerranée ne sent presque point le flux, et le reflux, et ce qui prouve qu’elle est un golphe moderne.
De grand affaissement ont aidé les fentes des montagnes. La plupart de ces affaissements sont causés par des feux intérieurs, qui ont produit des de terre, et des volcans, mais il ne faut pas croire que ces feux viennent d’un feu central, ni même d’une grande profondeur. L’air est nécessaire à leur embrasement. Le foyer de la matière enflammée dans les volcans n’est pas à une grande profondeur. L’action du feu se fait en tout sens, et si elle partait de loin toute la montagne serait criblée, au lieu d’avoir une seule bouche à son sommet.
Les eaux coulent, infiltrent, d’un lieu plus haut, à un lieu plus bas. Elles forment des réservoirs souterrains. C’est ainsi que plusieurs lacs sont la source de grand fleuves. S’il se trouve des lacs sur les montagnes, il y a toujours des montagnes autour de ces plateaux. Il doit se trouver dans l’intérieur de la Terre, des lacs, et des eaux répandues, surtout au dessous des plaines.
Le fond d’un puit n’est pour l’ordinaire autre chose qu’un petit bassin dans lequel les eaux suintent des terres voisines.
La filtration n’imbibe guère la terre qu’à quatre pieds. Mais l’eau descend par son poids, dans les petites routes, qu’elle se fait elle-même.
Leibniz a dit que la lumière fut séparée des ténèbres, quand les planètes s’éteignirent, lorsque Dieu débrouille le cahos.
Les étoiles lumineuses sont fixes. Le mouvement a sans doute éteint celles qu’on a perdues. Les comètes ne sont point lumineuses par elles-mêmes.
On ne peut déterminer si Il dit qu’avant le déluge Cela gêne le lecteur.
La queue d’une comète est la partie la plus légère de son atmosphère, elle est toujours du côté opposé au Soleil.
Les terres australes, la nouvelle Hollande, font le quart du globe dont les deux continents ne font que le 5e. Il faudrait partir du Cap, pour
le bien reconnaître.
On a trouvé des peuples civilisés au Pérou, au Mexique, dans les parties élevées, et ??? probablement anciennes de l’Amérique. Des sauvages dans les parties basses, et nouvelles. Si les habitants de la nouvelle Hollande sont sauvages, ce serait donc que leur terre est nouvelle.
Dans un puit creusé à Amsterdam, on n’a trouvé de coquilles qu’à 100 pieds sous terre.
La terre est composée de couches parallèles et horizontales. Les couches des montagnes suivent seulement un peu la direction de leur sommets. On ne peut avoir les pierres en gros volumes que dans leur vrai sens et pour faire de bonne maçonnerie, il faut les poser sur leur lit de carrière.
Chaque couche a dans toute son étendue une épaisseur égale.
On trouve les mêmes couches de même épaisseur, et aux mêmes hauteurs, dans les coteaux opposés que sépare une plaine. On trouve correspondance entre leurs angles saillants, et rentrants.
Les différentes couches dont la terre est composée ne sont pas disposées selon leur pesanteur spécifique.
L’argile lavée précipite toujours assez de sable vitrifiable, la poussière des rues pavées de grès donne une terre semblable à l’argile.
L’argile au feu se couvre d’un émail très dur. Un degré de chaleur de plus la fera couler en verre.
Le sable en se divisant ne pourrait-il devenir de l’argile ? Le verre est la véritable terre élémentaire. Métaux, minéraux, sels, etc. sont une terre vitriscible, mais la pierre, les coquilles etc. ne peuvent se vitrifier.
er soutenir que les coquilles fossiles étaient
de vraies coquilles amenées par la mer. C’était à la fin du 16e siècle. On en trouve en Touraine, à 36 lieues de la mer, un amas de 138 millions 680 mille toises cubiques, sans mélange. On s’en sert pour l’engrais des terres.
En général les profondeur des hautes mers augmentent ou diminuent d’une manière assez uniforme. Plus on s’éloigne des côtes, en général plus la profondeur est grande. Le long des côtes, la profondeur de la mer est toujours proportionnée à la hauteur de cette même côte.
Les plus grandes inégalités du globe se trouvent dans les climats méridionaux, vers la ligne.
Les chaînes des plus hautes montagnes dans l’ancien continent vont d’occident en orient. Dans le nouveau du nord au sud. En général, quand le corps d’une montagne va d’occident en orient, elle forme des avancés qui regardent le nord et le midi.
Lorsque dans une vallée la pente d’une des montagnes est moins rapide que l’autre, la rivière prend son cours beaucoup plus près de la montagne la plus rapide. Elle suit aussi dans ses sinuosités les angles de la plus rapide.
Les plus grandes montagnes occupent le milieu des continent, ou des îles. Les grands fleuves suivent la même direction.
En général, quand la direction d’une rivière est droit dans une longueur de 15 ou 20 lieues, on doit se croire loin de la mer. Il y a de plus, le long des bords des grands fleuves, un remous d’autant plus considérable qu’on est plus près de la mer. Le grand nombre de sinuosités d’un fleuve à son embouchure finit par lui donner plusieurs bouches.
Le remous est produit par la marée, ou par quelque obstacle, et comme la vitesse de l’eau augmente en raison de l’étrécissement de son canal, le passage des ponts procure un remous ou tournoiement considérable près des arches. Quand quelque accident produit un remous presque immobile
les bateliers l’appellent une morte.
On a calculé qu’il faudrait par approximation le cours de 1874 rivières comme le Pô pour remplir l’océan en 812 ans. L’évaporation de l’océan ne va pas à 21 pouces par an. Mais cette évaporation suffit à l’entretien des fleuves.
La salure ne préserve par l’eau de mer de la corruption, mais bien son mouvement perpétuel. Il y a un 40e de sel dans l’eau de mer. On conjecture qu’outre les bancs de sel, le courant des fleuves qui y entraîne les sels de terre entretient cette salure. On a prétendu qu’on découvrirait l’ancienneté de la mer à son degré de salure, s’il est vrai qu’elle augment journellement. Ce sont sans doute les fleuves qui salent la mer Caspienne, car le sel ne s’évapore point.
Plus les plongeurs descendent descendent dans la mer, plus ils en trouvent l’eau froide.
Il ne fait jamais aussi froid sur les côtes que dans l’intérieur des terres. Voilà pourquoi la Sibérie, vaste continent où la mer n’entre pas, est plus froide que la Suède environnée de mers.
Les pointes formées par les continents regardent le midi, et sont coupées par des détroits qui vont de l’orient à l’occident, tels l’Amérique méridionale, l’Afrique, la presqu’île de l’Inde etc. tous les détroits hors Gibraltar, le Sund etc. vont d’orient en occident.
Les fonds de la mer est composé, comme la Terre que nous habitons, il est inégal comme la surface où nous sommes, et c’est à ces inégalités qu’on doit attribuer la cause des courants. Les vents et les reflux les déterminent, et les accélèrent.
L’une des plus puissantes causes des vents est la raréfaction, et le vent d’est, souffle constamment entre les tropiques, où la chaleur procure une plus grande raréfaction.
Il y a des vents réglés produits par d’autres causes, comme la fonte des neiges.
On ne peut donner une théorie des vents, on ne eut encore qu’en faire l’histoire.
On croit le vent insensible à une certaine hauteur au dessus des nuages. Les courant qu’on croit y remarquer, sont sans doute l’effet de quelques résistances locales dans les nuages.
La force du vent doit s’estimer, non seulement par sa vitesse, mais aussi par la densité de l’air. La réaction qu’éprouvent les vents de terre augmentent leur impétuosité.
C’est à la différence des vents que
Les gouffres sont des tournoiements d’eaux produits par des courants opposés. Les ouragans sont des tournoiements d’air produits par des vents contraires.
La trombe est une nuée épaisse comprimée resserrée et réduite, en un petit espace, par des vents opposés, et contraires, qui lui donnent une forme cylindrique, et forcent la masse d’eau à tomber sous cette forme.
Les typhons, ou trombes, qui s’élèvent de la mer, ont pour cause des flux souterrains. L’air est alors chargé de nuages sulfureux. La mer de Chine, où ils sont fréquent, est tiède en hiver.
Un volcan est un canon d’un volume immense dont l’ouverture a souvent plus d’une demie lieue.
En 1683 une éruption de l’Etna cause un tremblement de terre qui détruisit Catane, et fit périr plus de 60 mille personnes.
Quand la terre doit trembler près de la mer, les vaisseaux éprouvent une agitation que les flots ne partagent point.
Les petits îles en élévations produites par un volcan, sont composées de décombres et non de couches horizontales comme toutes les montagnes.
Les tremblements de terre sont produits par des vents que produisent sous terre des matières en fermentation, qui s’enflamment.
Les collines de roc [illisible] et de caillou en grande masse, ont toujours une pente plus rapide que les autres.
On appelle pois dans la pierre une fente remplie d’une matière à peu près semblable à elle. La pierre casse dans la direction de ce pois. Cette substance lapidifique est du sparr.
On trouve en Flandres et en Angleterre surtout, des forêts enfouies sous terre, et encore debout. Ce qui ferait supposer de grands et modernes changements dans l’état de cette île. On y a trouvé des arbres enterrés à 17 pieds au dessous desquels encore on a reconnu des médailles de
Les couches de tuf de pierre molle, de sable rond, sont partout récentes.
On trouve près de Bruges, une grande quantité d’arbres à 60 pieds sous terre. Il y a 500 ans que cette même place était couverte de mer. L’Amérique, l’Angl[eterre], la Fland[res] ont beaucoup de marais.
On a trouvé les animaux nuisibles du continent dans les îles qui en sont très voisines, jamais dans les autres.
En 1446 une irruption de la mer a fait périr et a englouti une partie de la Hollande. On prétend que Liège fut entouré de la mer parce que ses murs portent encore des anneaux pour attacher les vaisseaux.
Les îles d’Asie ont dû former une seule terre, il existe des cocotiers dans les détroits des Maldives.
Les embouchures des fleuves forment des îles.
On trouve en Irlande les mêmes fossiles, les mêmes coquillages, les mêmes productions marines, qu’en Amérique. C’est-à-dire celles qui lui sont particulières.