Le C.N.R.S. est une grande entreprise. Il emploie plus de 16 000 personnes, son budget dépasse un milliard de francs. Il n'est pas de secteurs de la recherche auxquels il ne soit directement ou au moins indirectement intéressé.
La diversité de la science, et aussi celle des insti tutions, fait que le C.N.R.S., cherchant à s'adap ter aux contingences internes et externes, a été amené à mettre en œuvre des procédures dont la variété, satisfaisante pour les experts, est suscep tible de déconcerter les non initiés.
Bon nombre de nos laboratoires sont associés en groupes (Bellevue, Gif, Marseille, Strasbourg...). Mais d'autres sont plus isolés ou même, et cela souvent par nécessité, très isolés (Observatoire de Haute-Provence, Laboratoire Souterrain de Mou lis, Laboratoire du Four Solaire à Odeillo, Centre d'Etudes Biologiques des Animaux Sauvages à Chizé, Laboratoire de Primatologie et d'Ecologie des Forêts Equatoriales de Makokou...).
Tâille de l'entreprise, diversité des missions et des modes d'intervention, dispersion nécessaire de nos implantations sur le territoire national ou même à l'étranger, sont autant de raisons pour inciter à mettre des traits d'union entre les par ties qui composent le C.N.R.S. Le« Courrier duC.N.R.S. » a été conçu pour être l'un de ces traits d'union
Nous vous présentons donc avec confiance ce pre mier numéro, car nous ne pouvons pas douter que cette initiative vous paraisse opportune. Mais le succès d'un journal n'est assuré que si l'intérêt que lui portent ses lecteurs est soutenu.
Pour l'avenir de ce courrier, pour qu'il tienne les promesses que nous faisons en son nom, nous avons besoin de vos critiques et surtout de votre concours.
Trait d'union au sein du C.N.R.S., le Courrier devra aussi contribuer à mieux faire connaître autour de nous nos activités. Il deviendra, nous l'espérons, un élément efficace pour l'illustration des résultats obtenus grâce à notre action et pour la défense de nos moyens.
Mais la meilleure illustration et la meilleure défen se reposent sur la sincérité et sur la qualité. Notre souhait le plus fervent est donc que ce Courrier soit à la fois le reflet de notre cordiale solidarité, de notre profonde confiance dans l'avenir de la science, de notre constante recherche de la qualité et de la vérité.
CLASSIFICATION D'ARISTOTE
(d'après CARUS)
monstrueux ou, à l'occasion, comme le
fulgore-porte-lanterne, en promenant
devant eux de véritables masques. Il
est alors impossible de ne pas penser
respectivement aux légendes de chapeau
ou de manteau qui rendent invisible
et aux procédés de camouflage ;
en second lieu, aux impulsions qui, chez
l'homme, se traduisent par les phénomènes
de mode et de déguisement, de
carnaval et de théâtre ; enfin à la terreur
sacrale et institutionnelle que suscitent
les officiants masqués et travestis
des cérémonies primitives. Anthropomorphisme,
s'écrira-t-on. C'en est justement
l'inverse, car il faut prendre
garde qu'il ne s'agit nullement d'expliquer
à partir de l'homme certaines données
énigmatiques qu'on constate dans
la nature, mais au contraire d'expliquer
l'homme, qui relève des lois de cette
même nature et qui y appartient par
presque tout en lui, à partir des conduites
plus générales qu'on y rencontre
répandues dans la grande généralité
des espèces. Cette attitude conduit à
élargir considérablement les principes
d'explication biologique et à tenir que
la nature, qui n'est pas avare, tout
autant que la survie poursuit le plaisir,
le luxe, l'exubérance, le vertige. De sorte
qu'il semble légitime de briser le
cadre de la lutte pour la vie et de la
la communauté nationale. La définition
<l'Action Thématiques Programmées
permet en effet d'ouvrir l'univers scientifique
sur l'extérieur, d'une double
manière:
• en permettant d'apporter une réponse
concrète à des besoins ressentis
par le pays et traduit dans les axes de
recherche : ainsi, entre autres exemples,
les problèmes de l'Education feront
l'objet d'une Action Thématique
Programmée en Sciences de l'Homme ;
• en rendant plus intelligible, parce
qu'explicites, publiées, et clairement
raccrochées aux finalités, un certain
nombre d'actions qui, certes, ne recouvrent
pas - et ne doivent pas recouvrir
- l'ensemble de l'activité du
C.N.R.S. mais qui lui donnent, à l'extérieur,
une image de marque conforme
à sa vocation ; de fait la mission spécifique
du C.N.R.S. est d'apporter à la
recherche un soutien sélectif et initiateur.
Une technique
adaptée aux
impératifs actuels
du travail
scientifique ...
Les Actions Thématiques Programmées
apparaissent comme le moyen donné
aux chercheurs de s'affranchir de deux
contraintes, celles tenant au découpage
en disciplines ou en unités de travail
cloisonnées, et celle résultant de l'absence
de garantie sur les crédits.
L'un des principaux objectifs des Actions
Thématiques Programmées consiste
à rassembler, autour d'un thème
de recherche, des scientifiques venus
d'horizons différents, à l'intérieur d'un
même secteur, voire d'un secteur à
l'autre. Elles sont fréquemment donc
interdisciplinaires.
Ainsi les Actions Thématiques Programmées
en Sciences de l'Homme
font-elles. pour la plupart, appel à plusieurs
spécialités de ce domaine.
D'autres Actions Thématiques Programmées
sont intersectorielles, rassemblant,
par exemple, autour de l'étude
des surfaces, chimistes, physiciens,
mathématiciens et biologistes.
Les Actions Thématiques Programmées
constituent d'autre part une assurance
de financement, précieuse pour la continuité
du travail scientifique. L'affichage,
plusieurs années à l'avance, des
thèmes pouvant faire l'objet d'Actions
Thématiques Programmées est de nature
à donner aux scientifiques une indication
sur leurs chances d'obtenir un
soutien particulier du C.N.R.S.
Surtout, l'inconvénient de l'annualité
budgétaire se trouve enfin complètement
éliminé. Les Actions Thématiques
Programmées ne constituent en effet
pas seulement - comme les Actians
Spécifiques - un engagement de
la Direction du C.N.R.S. à reconduire
une certaine masse de crédits pendant
quelques années ; leur inscription sur
les crédits d'Autorisations de Programmes
les met à l'abri des aléas conjoncturels.
La garantie donnée pour l'exécution
d'un programme est donc totale.
Une procédure
pragmatique ...
Les modalités et les objectifs propres
aux Actions Thématiques Programmées
expliquent le recours à une procédure
essentiellement pragmatique qui
concilie le souci de publicité avec
l'exigence d'efficacité.
Une Action Thématique Programmée
s'analyse concrètement en un programme
assez vaste, portant sur plusieurs
années, et se décomposant en un certain
nombre de thèmes de recherches
plus précis. Elle implique donc le recours
à différentes équipes de chercheurs,
se consacrant chacune à une
tranche du programme d'ensemble.
L'analyse de la structure fine de l' Action
Thématique Programmée, l'arbitrage
entre les projets des équipes correspondant
à chacune de ses tranches,
et enfin le contrôle des réalisations,
impliquent le rassemblement d'un certain
nombre de compétences placées
dans les meilleures conditions de travail
possibles. En même temps, la nécessité
d'attirer le concours, sur chaque
thème, des spécialistes les plus qualifiés,
implique une publicité suffisante
pour garantir aussi bien l'égalité des
chances que l'impartialité des jugements.
La procédure mise en place en 1971
à titre expérimental paraît répondre de
manière satisfaisante à ces diverses
·préoccupations.
Des comités d' Actions Thématiques
Programmées sont institués, qui ont
mission d'intervenir à trois stades :
• l'analyse du thème général et son
découpage en sujets plus précis soumis
à la communauté scientifique,
• l'arbitrage entre les projets de recherche
présentés,
• le contrôle de l'exécution.
Ces comités, qui constituent la pierre
angulaire du système, sont issus du
rassemblement des personnalités les
plus compétentes du domaine intéressé
par l'Action Thématique Programmée.
De fait, trois membres des sections
concernées du Comité National peuvent
y participer ; l'appel à des personnalités
extérieures permet en outre de
diversifier au maximum la composition
du Comité, notamment par le recours
quasi systématique à des personnalités
étrangères.
contrôlant la bonne exécution du
contrat.
Une large publicité ...
Pour être inspirée par un souci d'efficacité
et de souplessse maximale, la
procédure n'est ni confidentielle ni
discrétionnaire : aussi bien la volonté
d'attirer les meilleurs projets et les
meilleures équipes requiert-elle une
large information.
Les sujets d'Actions Thématiques Programmées
font donc l'objet d'appels
d'offres, lancés dans la communauté
scientifique ; les appels d'offres comportent
des indications scientifiques
sur l'Action Thématique Programmée,
et les thèmes précis mis au contrat, des
informations administratives sur la procédure,
enfin, la fixation d'une enveloppe
financière dans laquelle doivent
s'inscrire les propositions. S'il aurait
été sans objet, s'agissant de sujets très
spécialisés, de donner aux appels d'offres
une diffusion universelle, il fallait
s'assurer que tous les milieux susceptibles
d'y être intéressés et d'y répondre,
en seraient informés : c'est la
raison pour laquelle, en plus des laboratoires
propres, des formations associées
du secteur, et, éventuellement, des
formations bénéficiant de Recherches
Coopératives sur Programme, les Universités
et les sections du Comité National
susceptibles de comporter en leur
sein des spécialistes du domaine sont
destinataires des appels d'offres.
Les possibilités de contrôle données au
Comité National et au Directoire, par
l'intermédiaire des représentants des
sections aux comités d'Actions Thématiques
Programmées, et par l'information
donnée en séance sur le lancement
et l'exécution des Actions Thématiques
Programmées, permettent à
un mécanisme ouvert à tous, de fonctionner
en outre dans des conditions de
publicité qui assurent l'emploi le plus
juste et le plus rationnel des crédits
ouverts.
Secrétaire des Affaires Etrangères.
M. Jean Teillac et M. Georges Ricci ont été nommés
le
l'Institut National de Physique Nucléaire et de
Physique des Particules et Directeur-Adjoint
administratif.
Cet Institut, déjà connu sous le signe I N2 P3, est
l'aboutissement d'un projet dont l'étude fut
confiée à M.
M. Teillac, Chevalier de la Légion d'Honneur,
Officier de l'ordre du mérite, est professeur titulaire
(il a été nommé en 1959 dans la chaire de
physique nucléaire et radio-activité ; succession
de M. Frédéric J oliot), et Directeur de la section
de physique-chimie de la fondation Curie - Institut
du Radium.
Ses principaux travaux portent sur la spectroscopie
nucléaire des noyaux lourds et des zones de
transition, les réactions nucléaires, notamment les
réactions de spallation.
M.
d' Administration.
L'I N2 P3, Institut national du C.N.R.S., aura pour
objet de coordonner et de développer l'ensemble
des recherches poursuivies dans le secteur de la
physique nucléaire et physique des particules au
sein des laboratoires universitaires et ceux du
C.N.R.S.
Il s'agit d'une structure d'accueil, qui permettra
d'harmoniser les différents programmes des organismes
intéressés, de répartir entre eux les moyens
matériels, financiers et humains, mais aussi, d'assumer
les liaisons nécessaires avec le Commissariat
à !'Energie Atomique (C.E.A.) et le Centre
Européen de Recherches Nucléaires (C.E.R.N.).
Le Directeur sera assisté d'un Conseil d' Administration
présidé par le Directeur Général du
C.N.R.S., et d'un Conseil Scientifique composé en
partie par des membres du Comité National de
la Recherche Scientifique.
Dans l'interview publiée ci-après, M. Teillac expose
les objectifs et la nature du nouvel Institut.
pas possible de ne pas limiter la création
de laboratoires et la commission
de physique nucléaire du C.N.R.S. y a
toujours veillé. Il est ainsi possible de
répartir les crédits entre des centres
parfaitement définis et de leur donner
les moyens suffisants pour que puisse
se faire une recherche compétitive.
• Il s'agit donc de coordination au niveau
de la répartition des moyens.
Mais l'i N2 P3 n'aura-t-il pas également
un rôle en ce qui concerne les activités
de recherche elles-mêmes. Autrement
dit, le nouvel Institut aura-t-il
à intervenir dans la définition des programmes
des travaux poursuivis dans
ces laboratoires ?
En effet le premier objectif de l'I N2P3
sera de procéder à l'harmonisation des
programmes de recherches de ces laboratoires.
Ce travail a déjà été amorcé
durant la phase de préparation de
l'I N2 P3
, en liaison avec les instances
qui préparaient le VI" Plan, et à partir
des idées et des discussions de la commission
du Comité National.
• L'I N2P3 est un institut national.
Est-ce à dire qu'il aura compétence sur
tous les laboratoires français qui font
des recherches en physique nucléaire
et en physique des particules.
Il est exact que l'I N2P3 est un institut
national, mais il existe en France un
autre organisme qui procède à des recherches
fondamentales, notamment
dans le domaine de la physique nucléaire
et de la physique des particules
: il s'agit du Commissariat à !'Energie
Atomique. Le C.E.A. a depuis sa
création poursuivi des recherches en
physique nucléaire et physique des particules.
Il dépend du Ministre du développement
industriel et scientifique, et
poursuivra donc indépendamment de
l'Institut national son activité dans ce
domaine. Je dis indépendamment, ce
n'est pas tout à fait exact comme je
vais le préciser dans un instant.
La deuxième mission de l'Institut National
de Physique Nucléaire et de
Physique des Particules sera en effet de
resserrer les liens avec le Commissariat
à !'Energie Atomique, de façon à ce
que, sur le plan national, les recherches
soient coordonnées dans leur ensemble.
Par ailleurs vous savez que la
France participe au C.E.R.N. Les physiciens
français, qu'ils dépendent de
l'Education Nationale ou du Commissariat
à !'Energie Atomique, vont procéder
à des expériences auprès des
machines du C.E.R.N. et il est bien
certain que si l'on souhaite que les
moyens soient répartis de la meilleure
façon possible, il est nécessaire
d'étendre cette coordination à la participation
française au C.E.R.N. qui est
rattachée au Ministère des Affaires
Etrangères
Vous venez d'expliquer Monsieur
le Professeur les objectifs de l'i N2 P3
•
Pouvez-vous me dire, maintenant que
nous savons à quoi il sert, comment il
est organisé et de quoi il se compose ?
Je pense que c'est le moment de préciser
qu'il s'agit d'un institut national
du C.N.R.S. Le C.N.R.S. a en effet
vocation pour créer, si besoin est, des
instituts nationaux dans des domaines
de recherche particuliers. Il l'a déjà
fait en ce qui concerne l'astronomie
et la géophysique en créant l'I.N.A.G.
On peut dire que l'I N2 P3 est le second
institut national de ce type, si l'on excepte
l'A.N.V.A.R. En fait l'I N2 P3
sera différent de l'I.N.A.G. par sa forme
administrative puisqu'ayant le statut
d'établissement public il aura une
certaine autonomie et une personnalité
juridique.
• Le C.N.R.S. a donc des enfants
qui ne se ressemblent pas tous ?
Pas tous en effet et cela me paraît ju_dicieux.
La forme retenue pour
l'I N2 P3 est certainement bien adaptée
aux problèmes qui se posent dans le
domaine de la physique nucléaire et
de la physique des particules, où, à côté
de la répartition de gros moyens, il y
a aussi des problèmes de gestion qui
doivent se traiter avec les laboratoires
intéressés.
Le fait que ce soit un établissement
public n'implique d'ailleurs pas une
séparation avec le C.N.R.S. Les liens
entre les deux organismes seront nombreux,
d'abord parce que l'I N2 P3 est
placé sous la tutelle du C.N.R.S., ensuite
parce qu'un certain nombre de
relations organiques sont prévues par le
décret de création. J'en citerai deux
institut comme l'Institut national apporte
des charges très lourdes du point
de vue administratif et, par conséquent,
supprime en fait pendant la durée du
mandat toute possibilité réelle de travail
dans un laboratoire. Heureusement
de telles charges sont maintenant, d'une
façon très générale, limitées dans le
temps. Par exemple, pour l'Institut National
de Physique Nucléaire et de Physique
des Particules, le mandat est de
cinq ans renouvelable une fois au maximum.
10 ans font une période considérable
et je pense que, dans toute la
mesure du possible il est raisonnable
de se limiter à un seul mandat.
• Et pour l'avenir ? Il faut sans doute
d'abord mettre sur pied cet institut, ce
n'est pas rien, mais une fois cela atteint,
n'y a-t-il pas certains objectifs auxquels
vous vous attacherez plus particulièrement?
Dans l'immédiat, et ceci est évidemment
essentiel, il faut trouver le personnel
de façon à créer une infrastructure
administrative et scientifique telle
que l'Institut puisse fonctionner. Je
pense que cette étape durera au moins
une bonne année.
Comme objectifs, eh bien nous sommes
dans une période où, pour la physique
nucléaire, nous avons avant tout des
soucis de choix, dans un contexte où
les crédits sont très limités. En effet,
au cours du VI" Plan, il a été prévu
que la physique nucléaire ne devrait
pas croître à un rythme supérieur à
5 % par an. C'est un rythme qui est
inférieur à la croissance des autres
secteurs de la recherche.
Cette décision a été prise après une
étude soignée, faite sur la place qu'occupe
la physique nucléaire dans l'ensemble
scientifique français.
Il est certain que la physique nucléaire
avait connu pendant une quinzaine
d'années un développement relativement
rapide. Tout le monde est d'accord,
y compris les physiciens nucléaires
pour que le domaine de recherche
fondamentale soit un domaine équilibré,
dans lequel chaque secteur trouve
une place raisonnable.
Toutefois, il reste bien évident qu'on
risque de compromettre gravement
l'avenir d'une discipline qui se trouve
avec un taux d'expansion nettement
inférieur à la moyenne. Il y aura là
un problème vital pour l'Institut National
: celui de préserver la vie de
la discipline et de ne pas l'engager
dans une voie irréversible qui conduirait
à une baisse de potentiel très considérable
sur le plan national.
• Les choix seront donc très difficiles
à faire?
Dans certains domaines de la physique
nucléaire et physique des particules,
des choix ont déjà été faits puisque
la France a décidé de participer au
300 GeV. On peut donc dire que l'avenir
est assez bien défini pour une très
longue période, pratiquement jusqu'à
la fin du siècle. La machine de 300
GeV qui se construit au voisinage du
C.E.R.N. actuel sera opérationnelle
vers 1977. Certaines idées qui sont actuellement
en train de se concrétiser
permettent de penser qu'on pourra
peut-être porter l'énergie initialement
prévue de 300 GeV à 800 ou 1 000
GeV.
On a, par conséquent, devant nous une
longue période d'expérimentation. Cela
peut nous conduire jusque vers l'an
2000.
Dans l'immédiat on doit donc veiller à
ce qu'un effort d'équipement soit fait
pour que nos physiciens puissent bénéficier
de cet investissement européen.
Dans le domaine de la physique nucléaire
les choix sont beaucoup plus
difficiles, c'est un domaine plus vaste,
déjà beaucoup plus fouillé. Les machines
sont plus variées par conséquent
il est moins aisé d'arrêter un choix. Il
est certain qu'au VI° Plan, nous
n'avons pas les moyens pour construire
une nouvelle machine. C'est donc
avant tout vers l'exploitation des machines
existantes ou des machines qui
sont en cours de réalisation qu'on va
travailler. En particulier les 2 Van de
Graff achetés par le C.N.R.S., dont
l'un est à Strasbourg et l'autre à Orsay,
doivent être équipés et utilisés.
Le cyclotron de Grenoble est aussi une
machine qu'il faut continuer à exploiter,
elle vient d'être mise en marche il
y a seulement 2 ou 3 ans.
Faudra-t-il rénover certains appareillages
plus anciens ou essayer de définir
des objectifs nouveaux ? Il est évidemment
trop tôt pour que je puisse vous
dire quelque chose à ce sujet et nous
envisageons d'en faire le sujet de prochaines
discussions.
LE FERROMAGNÉTISME
UN EXEMPLE D'ÉTAT CONDENSÉ
magnétique, on commencera par déplacer
des parois ; celles-ci interagissant
avec les impuretés éventuelles
- il y en a toujours - il en résultera
une viscosité magnétique ou traînage,
qui, réciproquement, est utilisé pour
étudier les impuretés. Au-delà du déplacement
des parois il interviendra le
retournement des domaines dans des
champs plus élevés.
Il est alors possible de comprendre,
au moins dans les grandes lignes, la
forme des courbes d'aimantation
« technique », le phénomène d'hystérésis
et le champ coercitif. Grâce à
différentes techniques. il est possible
de voir les domaines sur la surface
d'un échantillon. et ceci est indispensable
car les problèmes théoriques
sont tels qu'il semble difficile de ne
pas faire de nombreuses approximations.
où l'expérience doit être un guide
précieux. La complication introduite
par les effets à longue distance est très
sérieuse ; ainsi Neel a dû, pour expliquer
le champ coercitif. introduire la
non-planéité des parois. l'inhomogénéité
de l'aimantation dans un domaine
et l'apparition. en conséquence. de pôles
magnétiques internes. De plus. la
viscosité des mouvements de parois,
due à des forces d'ancrage. est extrêmement
sensible aux impuretés. ce qui
rend les expériences très délicates. mais
est riche en possibilités techniques.
Avant de conclure sur ces problèmes,
où beaucoup reste encore à faire. remarquons
que Brown a posé le problème
sous forme extrêmement mathématique
et, qu'en principe. les équations
en question. dites du micro-magnétisme,
devraient pouvoir être résolues.
Comme on observe en réalité un système
de- domaines. donc de" "immlarités
qui ne semblent pas exister dans les
équations primitives, la question reste
ouverte de savoir si leur complexité
entraîne des singularités ou si elles
sont encore insuffisantes pour décrire
la réalité.
Remarquons. enfin, l'analogie du type
de pensée physique nécessaire en théorie
des domaines, avec celle des métallurgistes
étudiant des déformations
plastiques et leur cinétique, ou celle
des spécialistes de l'ancrage des vortex
dans les supraconducteurs. Il serait
bon que l'utilité pratique de telles recherches
ne contrebalance pas trop l'attrait
qu'elles devraient avoir sur des
théoriciens.
En conclusion de cette revue rapide,
et très incomplète. il faut remarquer
que la recherche en magnétisme couvre
un très large éventail de problèmes,
que de nombreuses questions restent
ouvertes. et. qu'au fond. elle est inséparable
de l'ensemble de la physique
des milieux condensés. Il existe en
France une très longue tradition de
recherche dans ce domaine. et il est
rassurant de voir que l'afflux de jeunes
n'est pas limité par leur mauvaise volonté.
Cela est d'autant plus heureux
que la richesse des problèmes théoriques
et expérimentaux encore posés
font de cette branche une école de formation
particulièrement exaltante.
Maître de Recherche au C.N.R.S.
cieuses mais d'une utilisation délicate
étant donné la diversité et la multiplicité
des noms d'un même individu;
dresser ce répertoire, c'est réussir à
identifier les personnages quels que
soient les noms dont ils sont pourvus
et réunir à leur sujet tous les renseignements
dispersés dans les diverses sources.
L'impressionnante masse de données
à mettre en œuvre (des centaines
de milliers de fiches), l'impossibilité de
constituer manuellement un répertoire
de ce type lui donnent une importance
de premier rang. L'obstination avec
lequel ce projet a été poursuivi tient
pour une grande part dans sa réussite :
il est le premier de l'Institut des Textes
à être sur la voie de l'achèvement.
Le second projet émane de la section
de Codicologie. Il vise à une exploitation
exhaustive des inventaires de bibliothèques
médiévales. L'intérêt de
ces inventaires est considérable : c'est
par leur intermédiaire que nous apprenons
ce que les hommes du MoyenAge
lisaient et connaissaient, selon les
temps, les lieux, leur qualité. L'ensemble
des données est suffisamment homogène
pour qu'on puisse dès maintenant
définir une méthode de traitement
à la fois pour les documents déjà
connus et pour ceux qui seront inventoriés
par la suite. L'introduction d'informations
nombreuses et diverses,
l'utilisation de plusieurs variables, la
diversité des appellations et des orthographes
rendent l'entreprise délicate,
mais les résultats qu'on en peut espérer
sont à la mesure de ces difficultés :
non seulement, tables, index systématiques
mais surtout réponses aux questions
occasionnelles et complexes qui
seront adressées par les demandeurs.
Enfin, le dernier des projets nous fait
pénétrer dans le domaine de l'analyse
de contenu et des langages documentaires.
C'est au sein de la section de
Diplomatique qu'il prit corps : pour
tirer parti de la masse croissante des
analyses d'actes, groupées dans des
« regestes » et d'une sélection difficile,
on eut l'idée d'en exploiter le contenu.
Tenter de le faire entrer dans des classifications,
c'est en laisser échapper
toute la complexité et la méthode analytique
semble, dans ce cas, bien préférable
: les analyses d'actes font l'objet
d'une indexation ; leur homogénéité
permet de procéder rapidement à cette
extraction de descripteurs. Une organisation
paradigmatique en mémoire
(permettant d'obtenir automatiquement
les notions spécifiques en demandant
une notion générique). des relations
syntagmatiques dans l'acte affinent le
système et accroissent la précision des
indications fournies. Ce svstème est
entièrement sur pied ; malheureusement
la réduction des crédits en interdit
la mise en application.
Ainsi s'est constitué petit à œtit l'Institut
de Recherche et d'Histoire des
Textes. tel que nous avons tenté de Je
présenter, souvent au hasard des circonstances,
mais toujours en accord
avec le dessein primitif du fondateur :
créer un centre complet de documentation
et d'étude du manuscrit médiéval.
Cette ligne de conduite uniforme
lui conféra une forte structure interne
; la recherche svstématique des informations.
leur mise en œuvre rigoureuse
contribuèrent à forger une méthode
de travail solide qui. pour s'appuyer
sur les principes traditionnels de
la recherche érudite. n'en est pas moins
mise constamment à l'épreuve des
sciences et des techniques nouvelles.
Tout comme l'étendue des recherches
et le contenu des fichiers avaient attiré
les chercheurs individuels, la méthodologie
contribue à grouper autour des
sections fortement structurées des
équipes de travail et des groupes de
recherche pour la réalisation de programmes
limités. C'est là un nouvel
aspect de l'Institut qu'on s'attache à
présent à développer tout particulièrement.
LES ORIENTATIONS
ACTUELLES
Les publications
La règle de l'Institut des Textes, son
objet même, ont toujours été de mettre
sa documentation au service des érudits
et des chercheurs : collaboration
fructueuse que celle qui s'établit entre
les sections et leurs correspondants et
qui aboutit à bien des découvertes
communes, en liant indissolublement la
mission de recherche à celle de documentation.
Mais il apparut vite que la
mise en œuvre des informations devait
L'ALLEMAGNE FÉDÉRALE
Les relations
, du CNRS avec
les organismes
de recherche de
l'Allemagne Fédérale
Conscient de l'importance des relations
internationales en matière de recherche
scientifique, le C.N.R.S. a depuis sa
création été soucieux de multiplier et
d'approfondir les contacts avec les organismes
de recherche étrangers. Certaines
possibilités liées à la nature
même du C.N.R.S. ont été très tôt
mises à profit, tandis que d'autres se
sont révélées utiles au cours des années,
ce qui explique la diversité actuelle
des moyens de la coopération
internationale. Toutefois, un des
moyens principaux de créer un courant
d'échanges consiste en la signature
d'accords de coopération scientifique,
et la Deutsche Forschungsgemeinschaft
s'inscrit dans une série de conventions
liant le C.N.R.S. à des organismes
de recherches des 17 pays suivants
:
R.F.A., Belgique, Bulgarie, Canada,
Cuba, Espagne, Etats-Unis, Grande-
Bretagne, Hongrie, Israël, Italie, PaysBas,
Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie,
U.R.S.S., Yougoslavie.
Certaines de ces conventions sont relativement
anciennes, d'autres de signature
très récente ; le cadre général est
le même pour toutes les conventions :
toutes incluent en effet des échanges
de documentation et d'informations et
des échanges de chercheurs.
Les frais de voyage des chercheurs sont
pris en charge par le pays d'origine,
et les frais de séjour sont à la charge
du pays d'accueil; à cet effet, chaque
pays ouvre un crédit annuel global
pour les frais de séjour des chercheurs
de l'autre pays. En 1970, 1 200 000 F
ont été mis à la disposition des échanges
dans le cadre des conventions.
Bien que la France fut liée tout particulièrement
à l'Allemagne par le traité
Franco-Allemand du 23 janvier 1963,
qui prévoyait des consultations régulières
entre gouvernements et une coopération
étroite dans le domaine de
l'éducation et de la science, la République
Fédérale Allemande était restée
longtemps en marge des relations internationales
du C.N.R.S. Parmi tous
les pays d'Europe occidentale possé-
dant un haut niveau de recherche, elle
était jusqu'à l'année dernière le seul
avec lequel le C.N.R.S. n'avait pas
signé de convention d'échange. Quelques
chiffres donneront une idée des
conséquences de cet état de fait sur le
nombre de scientifiques appelés à travailler
outre-Rhin : en 1970, 5 chercheurs
allemands et 4 chercheurs français
ont travaillé à titre temporaire
dans un laboratoire de l'autre pays.
Dans le même temps, 38 Belges et
30 Anglais étaient invités par le
C.N.R.S., tandis que 20 Français se
rendaient en Belgique et 42 en GrandeBretagne.
Cette anomalie doit être attribuée en
partie au fait que, pendant la phase
d'expansion des relations internationales
du C.N.R.S. (qui se situe à la fin
des années 50), l'Allemagne n'était pas
encore un grand pays de recherche, du
fait des limitations longtemps imposées
par les alliés. Cependant, les communications
faites par les savants allemands
aux congrès internationaux des
dernières années ont montré que l'Allemagne,
dans ce domaine avait rejoint
les pays scientifiquement les plus avancés.
Aussi devenait-il nécessaire de renforcer
cette coopération. A cet effet, le
Centre National de la Recherche Scientifique
et la Deutsche Forschungsgemeinschaft
ont pris contact au début de
l'année 1970. MM. les professeurs
Speer, Pick et Müller Daehn respectivement
président, vice-président et directeur
des relations extérieures de la
D.F.G. se sont rendus à Paris les 27
et 28 avril 1970 afin de procéder à
des échanges de vues sur les problèmes
communs tels que Politique Générale
de la recherche et définition des priorités,
et sur les formes à donner aux
relations futures entre les organismes.
Cette première rencontre, au cours de
laquelle la délégation allemande visita
des laboratoires du C.N.R.S. à Gif-s/Yvette
(biologie) et à Orsay (physique)
renforça les partenaires dans leur intention
d'accroître les échanges.
Des propositions concrètes furent élaborées
dans le courant de l'année et
discutées à Paris lors d'une visite au
C.N.R.S. du président Pick, le 18 décembre
1970. Du 31 janvier au 6 février
1971, une délégation du C.N.R.S.
conduite par le directeur général
Allemagne. Elle comprenait M. Creysse!,
directeur administratif et financier,
M.
les sciences humaines, M.
scientifique pour la physique,
M.
la chimie. M. Audé, chef de la division
des Relations extérieures et M. Zuinghedau,
chef de la division matériel
et bâtiments. Le r•r février, un projet
d'accord scientifique fut paraphé à
Bad-Godesberg au siège de la D.F.G.
Après la visite de l'institut de radioastronomie
de la société Max Planck
dans l'Eifel, où fonctionne le plus
grand radiotélescope du monde, le
voyage s'est poursuivi à Munich où
la délégation a été reçue par le prof.
Butenandt, président de la société Max
Planck et le Docteur Schneider, secrétaire
général de cette société et s'est
rendue à Garching où se trouvent un
important institut de physique des
plasmas de la société Max Planck et
le département de physique de l'Université
de Munich. Puis les membres
de la délégation ont rendu visite à
diverses formations de recherche en
rapport avec leur spécialité : M. Bau-
chet à Francfort chez le Dr Coing,
M. Chabbal à Stuttgart chez le prof.
Pick, M. Gallais à Gottingen et Brunswick,
M. Zuinghedau à Stuttgart et
Karlsruhe, chez le prof. Linde.
Les recherches en commun constituent
un point fondamental de l'accord signé
avec la D.F.G. Depuis 1968, en effet,
des accords d'un type nouveau ont été
passés avec la Pologne, l'Italie, les
U.S.A. et le Canada. La nécessité d'une
coopération internationale accrue en
matière de recherche scientifique faisait
paraître de plus en plus insuffisants
les simples échanges de chercheurs
; aussi les nouvelles conventions
impliquent-elles, outre les clauses traditionnelles,
la mise en œuvre de recherches
en commun. Des contacts sont
pris d'un pays à l'autre en laboratoires,
çn vue de déterminer des domaines de
recherche précis dans lesquels une
_Joopération serait fructueuse eu égard
aux centres d'intérêts respectifs des
partenaires.
Pour ce qui est des relations entre le
C.N.R.S. et la D.F.G., l'année 1971
sera consacrée à des travaux exploratoires,
consistant en un inventaire des
formations de recherche susceptibles
de travailler de concert. Dans le même
temps sera établie, en fonction des
axes préférentiels définis par les deux
partenaires, une liste des domaines et
thèmes particuliers qui justifient la
mise en œuvre de recherches en commun.
La nature précise de ces recherches
en commun ainsi que les modalités
de leur mise en application seront
fixées tous les deux ans dans un protocole
d'ensemble qui déterminera également
le volume des échanges de chercheurs.
Afin d'approfondir les liens scientifiques
entre les pays d'Europe occidentale,
il a paru en outre souhaitable que
les chercheurs séjournant en pays
étranger puissent s'exprimer dans la
langue de ce pays sans avoir recours
à une tierce langue. Aussi envisage-ton
une formation linguistique préalable
de scientifiques allemands et français
concernés par cet accord.
Il est encore difficile, au stade actuel,
de parler en détail des projets communs.
On peut cependant d'ores et
déjà affirmer que la physique des solides
et la biologie retiendront en particulier
l'attention.
Les 26, 27 et 28 avril dernier, une délégation
de physiciens de la D.F.G. travaillant
dans les laboratoires de Stuttgart,
se sont rendus à Paris. La délégation
comprenait MM. les Professeurs
Haken, Eisenmenger, Pilkuhn, Wolf,
Spaeth et Queisser. De très nombreux
contacts ont été établis au cours de ces
trois journées avec les physiciens de
Bellevue, Orsay et Paris.
Ont été visités à Bellevue, les laboratoires
de physique du solide, des
rayons X, de magnétisme, des microstructures,
des terres rares et des hautes
pressions ; à Orsay, les laboratoires
de physique des solides, de physique
cristalline, de physico-chimie des
rayonnements, d'optique quantique et
de photophysique nucléaire ; à Paris,
les laboratoires de physique du solide
de Paris VI, de Paris VII et de l'Ecole
Normale Supérieure.
Il est prévu qu'une délégation de physiciens
français se rendra à Stuttgart
dans les mois à venir et qu'un groupe
de biologistes conduit par M. Levi, directeur
scientifique pour la biologie au
C.N.R.S. ira examiner sur place les
possibilités de travail en commun dans
les domaines de la biologie moléculaire,
de la biologie cellulaire et de la biocybernétique.
La Deutsche Forschungsgemeinschaft
et la Société Max Planck se partagent
en République Fédérale les tâches de
soutien à la recherche de telle sorte
que l'on peut considérer que la D.F.G.,
ne possédant aucune installation de recherche,
correspond à la partie « laboratoires
associés » du C.N.R.S. tandis
que la M.P.G. en représenterait la
partie « laboratoires propres».
Aussi le C.N.R.S. entend-il développer
parallèlement ses relations avec les
deux organismes, bien que jusqu'ici la
signature d'un accord global avec la
M.P.G. ne soit pas envisagé. Une coopération
directe est envisagée dans
plusieurs domaines précis, en particulier,
dans celui des champs magnétiques
intenses. Au cours d'une mission
qui a eu lieu à Paris, le 6 avril,
M. Schneider, secrétaire général de la
société Max Planck et les professeurs
Genzel et Queisser ont fait savoir que
leur organisme était désireux de disposer
d'un certain nombre de postes de
chercheurs permanents au laboratoire
de M. Pauthenet. M. Butenandt, président
de la société Max Planck, sera
l'hôte de M. Curien au début du mois
de juillet, et les modalités de la coopération
doivent alors être précisées.
Signalons pour terminer que c'est à
l'automne prochain qu'entrera en service
une importante installation francoallemande,
le réacteur à très haut flux
de Grenoble. L'initiative de ce projet
revient aux gouvernements français et
allemand, et les partenaires sont, du
côté français, le Commissariat à !'Energie
Atomique (25 %) et le C.N.R.S.
(25%) du côté allemand la Gesellschaft
für Kernforschung de Karlsruhe 50 %).
L'Institut « Max von Laue Paul Langevin
» sis en France est dirigé par un
directeur allemand et emploiera environ
500 personnes.
Agrégé de l'Université.
DU COTÉ DE L'ANVAR
L'anvar au service des chercheurs
L' Agence nationale de valorisation de la recherche (Anvar) a maintenant plus de deux ans d'existence, et les chercheurs du C.N.R.S. connaissent déjà ce jeune organisme.
Créée par la loi du 3 janvier 1967, l'Anvar a été organisée par le décret du 10 juillet 1968. Etablissement public à caractère industriel et commercial, doté de l'autonomie financière, elle a été placée auprès du Centre National de la Recherche Scientifique, sous la tutelle du Ministre de l'Education Na tionale.
Etre au service des chercheurs, voilà le principe d'action essentiel de l'Anvar. C'est en effet grâce à eux qu'elle a pu constituer un portefeuille de brevets et de licences, qui représente tout son actif scientifique.
Pour répondre à cette exigence, l' Anvar va au devant du chercheur : elle prospecte et sélectionne les inventions ; puis, dans un second temps, elle procède aux opérations de protection, de développement, et de mise en exploitation.L'Anvar prospecte...
Les laboratoires sont en effet les principaux centres créateurs d'innovations, et représentent un terrain d'action privilégié pour les délégués scientifiques, chargés de la prospection.
Ces derniers sont choisis en fonction de leur compétence dans des secteurs particuliers, où ils ont acquis une double expérience : pratique de la recherche (soit dans les laboratoires de l'Université ou du C.N.R.S., soit dans les services de recherche des entrepri ses) et connaissance des contraintes propres au développement et à l'industrialisation.
Les délégués scientifiques de l' Anvar :
L'Anvar sélectionne...
Les données de la vie industrielle dans leur ensemble ne sont pas toujours connues du chercheur, et celui-ci peut difficilement être informé de l'éventail des possibilités offertes à ses inven tions. Tel travail théorique est-il appelé à connaître un développement industriel? telle technique peut-elle être transposée du laboratoire à l'usine ? quelles sont les modalités pratiques de mise en œuvre d'une idée les mieux adaptées au marché ? A ces questions, le délégué scientifique, assisté par des spécialistes - de l'Anvar ou de l'extérieur - répond en fournissant une évaluation, aussi objective que possible. fondée sur les trois critères suivants :
L'Anvar protège...
Le brevet est un acte juridique destiné à protéger un résultat dans une perspective d'exploitation industrielle. il ne s'agit pas là d'un titre honorifique consacrant l'importance de travaux de recherches aux yeux du monde industriel.
Une étroite collaboration entre le chercheur et l'Anvar est fondamentale pour protéger l'invention. En effet. un excellent texte de brevet ne peut être établi qu'à l'issue d'un dialogue au cours duquel le spécialiste en propriété industrielle apporte son expérience des procédures, et le chercheur sa connaissance profonde de l'invention. La décision pour une date optimale de dépôt résulte d'une discussion semblableIl faut souligner que si certains brevets, de faible portée économique ne suscitent pas de tentatives pour être affaiblis ou tournés, ceux qui font l'objet de fortes redevances, sont examinés à la loupe par des spécialistes de propriété industrielle, en vue d'y trouver la moindre faille.
C'est dans le but de faire mieux connaître aux chercheurs la signification de ces opérations de protection, que la brochure Anvar : « Un brevet d'invention - pourquoi ? comment ? » a été largement diffusée dans les milieux de la recherche. Ceux-ci lui ont du reste réservé un accueil particulièrement favorableL'Anvar participe au développement des résultats...
L'Anvar commercialise...
Le choix du partenaire commercial étant décisif pour le lancement d'un nouveau produit ou procédé, l' Anvar examine avec soin le potentiel financier, technique, commercial des entreprises souhaitant acquérir la licence d'un brevet, et sélectionne celle-ci en vue d'une exploitation optimale de la découverte.
là aussi, l'Anvar s'efforce d'agir en accord avec le chercheur : tous deux définissent ensemble le processus le mieux adapté à la valorisation de la découverte.
L'Anvar informe...
Si le rôle principal de l'Anvar consiste à favoriser le passage des inventions du stade « résultat de laboratoire » au stade « produit industrialisé », un au tre organisme, étroitement lié à }'Agen ce, le Centre de Diffusion de l'inno vation (C.D.I.) est chargé d'une double mission d'information:
Dans cette optique, le « Marché de l'innovation » - revue trimestrielle, dont le premier numéro est paru en mai dernier - est une publication C.D.1.-Anvar qui regroupe les brevets (Anvar ou autres origines) dont les licences sont disponibles, et est appe lée à une large diffusion dans les mi lieux industriels.
L' Anvar a conscience de l'iµiportance de l'effort qui reste encore à entrepren dre. Par sa réussite elle peut contribuer à montrer que les moyens accordés à la recherche constituent un investisse ment national éminemment rentable. Cependant, elle atteindra d'autant mieux ses objectifs que les chercheurs lui feront confiance.
Maurice PONTE, Membre de l'Institut, Directeur de l' Anvar