Le 10 mars 1970, le Directoire du C.N.R.S. approuvait la création du Centre de recherches archéologiques. Cette mesure marquait l'aboutissement d'une étude entreprise en 1968 par M. Pierre Monbeig, directeur scientifique du C.N.R.S., avec la collaboration de nornb_reux archéologues, sur l'opportunité d'un regroupement des moyens consacrés par le C.N.R.S. à la recherche archéologique, et sur les modalités possibles de ce regroupement. A la même date, M. Bernard Groslier, directeur de recherche au C.N.R.S. et conservateur des monuments d'Angkor, était nommé à la tête du Centre de recherches archéologiques. Les événements qui survinrent peu après au Cambodge obligèrent M. Groslier à différer son retour en France. A sa demande, l'intérim fut confié à M. J .-C. Gardin, qui dirigeait alors le centre d'analyse documentaire pour l'archéologie au C.N.R.S. Un comité de direction fut constitué à la fin de 1970, sous la présidence de M. Henri Seyrig, membre de l'Institut ; l'année 1971 put ainsi être consacrée aux tâches préliminaires essentielles : définition du statut et des règles de fonctionnement du laboratoire, examen des premières propositions de programmes, choix de l'implantation future du Centre et élaboration du budget pour 1972. L'exposé ci-après fait le point des principales options approuvées par le comité de direction sur ces différents sujets. S'il est un domaine où le projet d'une réforme des institutions a longtemps agité les esprits, c'est .assurément l'archéologie. Dès 1962, M. Henri Seyrig, alors directeur de l'institut français d'archéologie de Beyrouth, soumettait à différents services une note dans laquelle il dépeignait les inconséquences de l'éparpillement des ressources et des responsabilités qui caractérise l'organisation de la recherche archéologique dans notre pays. D'autres archéologues joignaient leurs voix à la sienne pour demander une réforme; les avis différaient, cependant, sur la nature des mesures souhaitables ou possibles. Pour certains, il ne fallait envisager rien moins qu'une refonte totale de 1:appare. il, par la création d'un Institut national d'archéologie, auquel devaient être subordonnées, d'une manière ou d'une autre, toutes les recherches financées par la France, dans quelque domaine que ce fût (préhistoire, égyptologie, antiquités classiques, civilisations orientales, antiquités nationales, etc.), et sans égard à la diversité présente des instances de tutelle : la Direction de l'enseignement supérieur, pour les centres de recherche universitaires et les grands instituts d'archéologie à l'étranger (Ecole d'Athènes, de Rome, Institut du Caire); la Direction générale des relations culturelles, au ministère des affaires étrangères, pour d'autres établissements à l'étranger (Instituts de Beyrouth, d'Istanbul, etc.), ainsi que pour la plupart des missions de fouilles opérant · hors de France ; le C.N.R.S., pour ces mêmes missions, ainsi que pour un certain nombre de formations de recherche souvent associées par ailleurs à l'Université; le Bureau des fouilles, au ministère des affaires culturelles, pour les travaux archéologiques conduits en France. lesquels bénéficient cependant aussi du concours de la Direction de l'enseignement supérieur et du C.N.R.S., etc. Pour d'autres archéologues, au contraire, cette diversité même, et les particularismes dont elle est le reflet, interdisaient que l'on mît aucun espoir dans un regroupemerit aussi ambitieux ; bien plus, la multiplicité des sources de financement avait ses défenseurs, et l'on se bornait alors à recommander la création d'un Conseil supérieur de coordination, à l'échelon national, où l'ensemble des organismes précités seraient représentés. Les projets se succédèrent entre ces deux pôles sans qu'un mouvement général se dessinât en faveur d'aucun d'entre eux. C'est alors que le C.N.R.S. décida de reconsidérer sans plus tarder l'état de ses propres affaires. dans les mêmes perspectives unificatrices. Un rassemblement d'équipes de recherche Même dans ce cadre limité, en effet, la multiplicité des formations de recherche archéologique, comme aussi la diversité de leurs structures et de leurs statuts, semblaient faire obstacle à un développement concerté de leurs moyens. En 1971, on ne comptait pas moins d'une trentaine de formations de ce genre - laboratoires propres, laboratoires associés, équipes de recherche, groupes plus ou moins stables formés dans le cadre d'une recherche coopérative sur programme, etc. La plupart d'entre elles manquaient de locaux, plusieurs réclamaient les équipements «lourds» rendus nécessaires par le développement des techniques d'analyse en archéologie (prospection des sites, datation, conservation caractérisation des matériaux, etc.); presque toutes, enfin/déploraient l'insuffisance des moyens dont elles disposaient pour les tâches les plus banale_s : relevés de monuments, dessin et photographie d'objets, recherches documentaires, etc ... La similitude des besoins, d'une formation à l'autre, et l'impossibilité de les satisfaire séparément pour chacune d'elles, conduisit à envisager d'abord un regroupement physique des équipes dans des locaux et autour de services techniques communs. Ce parti eût été défendable si l'on avait pu mener l'opération à Paris, où se trouvent aujourd'hui la plupart des équipes en question (cf. carte ci-contre); mais la politique de décentralisation s'y opposait. Quant à l'idée d'un regroupement en province. certains la jugeaient proprement scandaleuse. D'autres, plus nuancés, voulaient bien s'en accommoder, mais trouvaient sans peine des raisons qui semblaient vouer l'entreprise à l'échec : - la richesse collective des bibliothèques d'archéologie parisiennes, en premier lieu, et l'impossibilité d'en reconstituer aucune qui les égale jamais, à moins d'investissements et de délais si considérables que nul n'ose y songer. - la densité des enseignements d'archéologie à Paris, avec pour corollaire une concentration des élèves et des maîtres dont il parait déraisonnable de se couper, etc. Une autre voie s'offrait néanmoins: au lieu d'un regroupement géographique, on pouvait viser d'abord un rassemblement d'ordre organique, sans rien abandonner des objectifs précédents, mais en les replaçant dans une perspective à long terme qui permît de mieux définir les étapes et les conditions de la décentralisation. C'est ainsi que naquit l'idée d'une sorte de fédération