VIE DE MOLIERE, AVEC DES JUGEMENS SUR SES OUVRAGES.
A
Chez
à la descente du
à Avec approbation & privilege du roi.
VIE
DE
MOLIERE.
teurs pour les choses fri-
voles, & l'envie de faire
un volume de ce qui ne devroit
remplir que peu de pages, sont
cause que l’histoire des hommes
célébres est presque toujours gâ-
tée par des détails inutiles & des
contes populaires aussi faux qu’in-
sipides ; on y ajoute souvent des
A
2
VIE DE
critiques injustes de leurs ouvra-
ges. C’est ce qui est arrivé dans
l’édition de
en
écueil dans cette courte histoire
de la vie de
de sa propre personne que ce qu’on
a crû vrai & digne d’être rappor-
té, & on ne
vrages rien qui soit contraire aux
sentimens du public éclairé.
à
qui subsiste encore sous les piliers
des
tiste Poquelin
tapissier chez le roi, marchand
lui donnerent une éducation trop
conforme à leur état, auquel ils
le destinoient : il resta jusqu’à qua-
3
VIE DE
torze ans dans leur boutique,
n’ayant rien appris outre son mê-
tier, qu’un peu à lire & à écrire.
Ses parens obtinrent pour lui la
survivance de leur charge chez
le roi ; mais son génie l’appelloit
ailleurs. On a remarqué que pres-
que tous ceux qui se sont fait un
nom dans les beaux arts, les ont
cultivés malgré leurs parens, &
que la nature a toujours été en
eux plus forte que l’éducation.
qui aimoit la comédie, & qui le
menoit quelquefois à l’
Bourgogne
sentit bien-tôt une aversion invin-
cible pour sa profession. Son goût
pour l’étude se développa, il pres-
sa son grand-pere d’obtenir qu’on
le mît au college, & il arracha
A ij
4
VIE DE
enfin le consentement de son pe-
re, qui le mit dans une pension,
& l’envoya externe aux Jésuites,
avec la répugnance d’un bour-
geois, qui croyoit la fortune de
son fils perdue, s’il étudioit.
Le jeune
ge les progrès qu’on devoit atten-
dre de son empressement à y en-
trer. Il y étudia cinq années ; il y
suivit le cours des classes d’
mand de Bourbon
de
tecteur des Lettres & de
Il y avoit alors dans ce collé-
ge deux enfans qui eurent depuis
beaucoup de réputation dans le
monde. C’étoit ChapelleBer- nier
5
VIE DE
qui lui ont fait d’autant plus de
réputation, qu’il ne rechercha pas
celle d’auteur.
prenoit un soin singulier de l’édu-
cation du jeune
naturel ; & pour lui donner de
l’émulation, il faisoit étudier avec
lui le jeune
rens étoient mal à leur aise ; au
lieu même de donner à son fils
naturel un précepteur ordinaire
& pris au
peres en usent avec un fils légiti-
me qui doit porter leur nom, il
engagea le célébre
charger de l’instruire.
ne heure le génie de
l’associa aux études de
& de
A iij
6
VIE DE
maître n’eut de plus dignes dis-
ciples. Il leur enseigna sa philo-
sophie d’
aussi fausse que les autres, avoit
au moins plus de méthode & plus
de vraisemblance que celle de
l’école, & n’en avoit pas la bar-
barie.
re sous
collége, il reçut de ce philoso-
phe les principes d’une morale
plus utile que sa
s’écarta rarement de ces principes
dans le cours de sa vie.
Son pere étant devenu infirme
& incapable de servir, il fut obli-
gé d’exercer les fonctions de son
emploi auprès du roi. Il suivit
sion pour la comédie, qui l’avoit
7
VIE DE
déterminé à faire ses études, se
réveilla avec force.
Le théâtre commençoit à
fleurir alors : cette partie de bel-
les-lettres, si méprisée quand
elle est médiocre, contribue à la
gloire d’un État, quand elle est
perfectionnée.
Avant l’année
point de comédiens fixes à
Quelques farceurs alloient, com-
me en
lls jouoient les pieces de Hardy,
tre de la barbarie & de l’avilisse-
ment vers l’année
A iiij
8
VIE DE
mieres comédies, qui étoient aussi
bonnes pour son siècle qu’elles
sont mauvaises pour le nôtre, fu-
rent cause qu’une troupe de co-
médiens s’
tôt après la passion du cardinal
de
mit le goût de la comédie à la
mode, & il y avoit plus de so-
ciétés particulieres qui représen-
toient alors que nous n’en voyons
aujourd’hui.
ques jeunes gens qui avoient du
talent pour la déclamation ; ils
jouoient au
main
Cette société éclipsa bien-tôt
toutes les autres, on l’appella l’Il-
lustre théâtre. On voit par une
tragédie de ce tems-là intitu-
9
VIE DE
lée,
Ce fut alors que
tant son génie, se résolut de s’y
livrer tout entier, d’être à la fois
comédien & auteur, & de tirer
de ses talens de l’utilité & de la
gloire.
On sçait que chez les Athé-
niens, les auteurs jouoient sou-
vent dans leurs piéces, & qu’ils
n’étoient point deshonorés pour
parler avec grace en public de-
vant leurs concitoyens. Il fut plus
encouragé par cette idée, que
retenu par les préjugés de son
siécle. Il prit le nom de
& il ne fit en changeant de nom,
que suivre l’exemple des comé-
10
VIE DE
diens d’
tel de Bourgogne
nom de famille étoit
s’appelloit
gédie, &
d’où vient le mot de turlupinage.
les piéces sérieuses sous le nom
de
jouoit toujours un certain
qu’on appelloit Gautier-Garguille
De même,
mouche
sous ce nom de théâtre ; il y
avoit déja eu un comédien ap-
pellé
gédie de Polixéne
Le nouveau
pendant tout le tems que dure-
rent les guerres civiles en
ce
11
VIE DE
tiver son talent & à préparer quel-
ques piéces. Il avoit fait un
recueil de scénes italiennes,
dont il faisoit de petites comédies
pour les provinces. Ces premiers
essais très-informes tenoient plus
du mauvais théâtre italien où il
les avoit pris, que de son génie,
qui n’avoit pas eu encore l’occa-
sion de se développer tout entier.
Le génie s’étend & se resserre par
tout ce qui nous environne. Il fit
donc pour la province
12
VIE DE
écrites en entier. Il y a quelques
phrases & quelques incidens de
la premiere, qui nous sont con-
servés dans
La première piéce réguliere
en cinq actes qu’il composa, fut
Quelques acteurs de cette
ancienne troupe se joignirent à
pour les États de
avec une troupe assez complet-
13
VIE DE
te, composée principalement de
deux freres nommés
de Duparc
de la
Le
les États de
ziers
avoit vû au collége, il lui donna
une protection distinguée ; il joua
devant lui
Cette petite piéce des
14
VIE DE
tre ans, c’est l’âge ou
fit
On prétend que le
son secretaire, & qu’heureuse-
ment pour la gloire du théâtre
françois,
ge de préférer son talent à un
poste honorable. Si ce fait est
vrai, il fait également honneur
au prince & au comédien.
Après avoir couru quelque
tems toutes les provinces, &
avoir joué à
à
donna accès auprès de
15
VIE DE
frere unique du roi
la reine mere. Sa troupe & lui
représenterent la même année de-
vant leurs Majestés la tragédie
de
Il y avoit depuis quelque tems
des comédiens établis à l’
de Bourgogne
Ces comédiens assisterent au
début de la nouvelle troupe.
de
16
VIE DE
craindre la jalousie : il finit en de-
mandant la permission de donner
une piéce d’un acte qu’il avoit
jouée en province.
La mode de représenter ces
petites farces après de grandes
piéces étoit perdue à l’
Bourgogne
de
l’instant
On permit à la troupe de
liere
fixerent & partagerent le
du Petit Bourbon
médiens italiens qui en étoient
en possession depuis quelques
années.
La
17
VIE DE
La troupe de
sur le théâtre les mardis, les jeu-
dis & les samedis, & les Ita-
liens les autres jours.
La troupe de l’
gogne
fois la semaine, excepté lorsqu’il
y avoit des piéces nouvelles.
Dès-lors la troupe de
prit le titre de la troupe de
sieur
deux ans après en
accorda la salle du
Le cardinal de
fait bâtir pour la représentation
de
B
18
VIE DE
occasion, que nous n’avons aujour-
d’hui aucun théâtre supporttable ;
c’est une barbarie
les Italiens nous reprochent avec
raison : les bonnes piéces sont en
La troupe de
jouissance de cette salle jusqu’à
la mort de son chef. Elle fut alors
accordée à ceux qui eurent le
privilége de l’opéra, quoique ce
vaisseau soit moins propre encore
pour le chant que pour la décla-
mation.
Depuis l’an
c’est-à-dire en quinze années de
tems, il donna toutes ses piéces,
qui sont au nombre de trente. Il
voulut jouer dans le tragique,
mais il n’y réussit pas ; il avoit une
19
VIE DE
volubilité dans la voix & une es-
péce de hoquet qui ne pouvoit
convenir au genre sérieux, mais
qui rendoit son jeu comique plus
plaisant. La femme d’un des meil-
leurs comédiens que nous ayons
eus, a donné ce portrait-ci de
Il n’étoit ni trop gras, ni trop
maigre ; il avoit la taille plus
grande que petite, le port no-
ble, la jambe belle, il marchoit
gravement, avoit l’air très-sé-
rieux, le nez gros, la bouche
grande, les lévres épaisses, le
teint brun, les
forts, & les divers mouvemens
qu’il leur donnoit lui rendoient
la
comique ; à l’égard de son carac-
tére, il étoit doux, complaisant,
B ij
20
VIE DE
généreux, il aimoit fort à ha-
ranguer, & quand il lisoit ses
piéces aux comédiens, il vou-
loit qu’ils y amenassent leurs
” enfans, pour tirer des conjectu-
res de leur mouvement naturel.
très-grand nombre de partisans,
& presque autant d’ennemis. Il
accoutuma le public, en lui fai-
sant connoître la bonne comé-
die, à le juger lui-même très-
sévérement. Les mêmes specta-
teurs qui applaudissoient aux pié-
ces médiocres des autres auteurs,
relevoient les moindres défauts
de
hommes jugent de nous par l’at-
tente qu’ils en ont conçue, & le
moindre défaut d’un auteur cé-
lébre, joint avec les malignités du
21
VIE DE
public, suffit pour faire tomber un
bon ouvrage. Voilà pourquoi
naturel & l’esprit très-juste, sans
l’avoir cultivé, ramena souvent
par son approbation la cour & la
ville aux piéces de
eût été plus honorable pour la
nation de n’avoir pas besoin des
décisions de son maître pour bien
juger.
cruels, sur-tout les mauvais au-
teurs du tems, leurs protecteurs,
& leurs cabales ; ils susciterent
contre lui les dévots, on lui im-
22
VIE DE
puta des livres scandaleux ; on
l’accusa d’avoir joué* des hom-
mes puissans, tandis qu’il n’avoit
joué que les vices en général, &
il eût succombé sous ces accusa-
tions, si ce même roi, qui en-
couragea & qui soutint
gé
Il n’eut à la vérité qu’une pen-
sion de mille livres, & sa troupe
n’en eut qu’une de sept. La fortune
qu’il fit par le succès de ses ou-
vrages, le mit en état de n’avoir
rien de plus à souhaiter ; ce qu’il
retiroit du théâtre avec ce qu’il
avoit placé, alloit à trente mille
livres de rente, somme qui en
ce tems-là faisoit presque le dou-
* Voyez n. 6 les remarques sur ses pié-
ces.
23
VIE DE
ble de la valeur réelle de pareille
somme d’aujourd’hui.
Le crédit qu’il avoit auprès du
roi paroît assez par le canonicat
qu’il obtint pour le fils de son
médecin. Ce médecin s’appelloit
qu’étant un jour au dîné du roi :
Vous avez un médecin, dit le
roi à
Sire, répondit
sons ensemble, il m’ordonne des
remédes, je ne les fais point, &
je guéris.
Il faisoit de son bien un usage
noble & sage, il recevoit chez lui
des hommes de la meilleure com-
pagnie, les
sacs
joignoient la volupté & la philo-
sophie. Il avoit une maison de
24
VIE DE
campagne à
délassoit souvent avec eux des
fatigues de sa profession, qui sont
bien plus grandes qu’on ne pense.
Le
par son esprit & par son amitié
pour
chez
comme
qu’il le vînt voir souvent, & di-
soit qu’il trouvoit toujours à ap-
prendre dans sa conversation.
de son revenu en libéralités, qui
alloient beaucoup plus loin que
ce qu’on appelle dans d’autres
hommes, des charités. Il encou-
rageoit souvent par des présens
considérables de jeunes auteurs
sans fortune, dans lesquels il re-
marquoit
25
VIE DE
marquoit du talent ; c’est peut-
être à
cine
à travailler pour le théâtre dès
l’âge de dix-neuf ans. Il lui fit
composer la tragédie de
Il n’est peut-être pas inutile de
dire qu’environ dans le même
tems, c’est-à-dire en
cine
mariage de
bert
du roi.
Il est très-triste pour l’honneur
des Lettres que
C
26
VIE DE
de si grands génies, dont l’un
avoit été le bienfaicteur de l’au-
tre, devoient être toujours amis.
Il éleva & il forma un autre
homme, qui par la supériorité de
ses talens & par les dons singu-
liers qu’il avoit reçûs de la nature,
mérite d’être connu de la posté-
rité, c’étoit le comédien
qui a été l’unique dans la tragé-
die & dans la comédie ;
en prit soin comme de son pro-
pre fils.
Un jour
cer qu’un comédien de campa-
gne, que la pauvreté empêchoit
de se présenter, lui demandoit
quelque léger secours pour aller
joindre sa troupe.
sçû que c’étoit un nommé
27
VIE DE
de, demanda à
il croyoit qu’il falloit lui donner ;
celui-ci répondit au
tre pistoles : Donnez-lui quatre
pistoles pour moi, lui dit
liere
vous lui donniez pour vous, & il
joignit à ce présent celui d’un habit
de théâtre magnifique.
Un autre trait de sa vie mérite en-
core plus d’être rapporté. Il venoit
de donner l’aumône à un pauvre.
Un instant après le pauvre court
après lui, & lui dit : Monsieur, vous
n’aviez peut-être pas dessein de
me donner un louis d’or, je viens
vous le rendre :
dit
il s’écria : Où la vertu va-t-elle
se nicher ! Exclamation qui peut
C ij
28
VIE DE
faire voir qu’il refléchissoit sur
tout ce qui se présentoit à lui,
& qu’il étudioit par-tout la
nature en homme qui la vouloit
peindre.
cès & par ses protecteurs, par ses
amis & par sa fortune, ne le fut
pas dans sa maison ; il avoit épou-
sé en
de la
me nommé
que
soin avec lequel on avoit répandu
cette calomnie, fit que plusieurs
personnes prirent celui de la ré-
futer.
On prouva que
connu la mère qu’après la nais-
sance de cette fille. La dispro-
portion d’âge, & les dangers aus-
29
VIE DE
quels une comédienne jeune &
belle est exposée, rendirent ce
mariage malheureux, &
tout philosophe qu’il étoit d’ail-
leurs, essuya dans son domesti-
que les dégoûts, les amertumes,
& quelquefois les ridicules, qu’il
avoit si souvent joués sur le théâ-
tre ; tant il est vrai que les hom-
mes qui sont au-dessus des autres
par les talens, s’en rapprochent
presque toujours par les foibles-
ses. Car pourquoi les talens nous
mettroient-ils au-dessus de l’hu-
manité ?
La dernière piéce qu’il com-
posa fut
C iij
30
VIE DE
la troisième représentation il se
sentit plus incommodé qu’aupa-
ravant ; on lui conseilla de ne
point jouer, mais il voulut faire
un effort sur lui-même, & cet
effort lui coûta la vie.
Il lui prit une convulsion en
prononçant juro
tissement de la réception du
31
VIE DE
trois ans ; il ne laissa qu’une fille,
qui avoit beaucoup d’esprit. Sa
veuve épousa le comédien
rin
ne pouvoir mourir avec les se-
cours de la religion, & la pré-
vention que l’on a contre la co-
médie, toute épurée qu’elle étoit
par lui, furent cause qu’on refusa
de l’enterrer. Le roi le regret-
toit, & ce monarque, dont il
avoit été le domestique & le pen-
sionnaire, eut la bonté de prier
l’archevêque de
enterrer dans une église. Le curé
de
voulut pas s’en charger. La popu-
lace qui ne connoissoit dans
liere
32
VIE DE
ignoroit qu’il avoit été un excel-
lent auteur, un philosophe, un
grand homme en son genre, s’at-
troupa en foule à la porte de sa
maison le jour du convoi ; sa veu-
ve fut obligée de
par les fenêtres, & ces misérables
qui auroient, sans sçavoir pour-
quoi, troublé l’enterrement, ac-
compagnerent le corps avec res-
pect.
La difficulté qu’on fit de lui
donner la sépulture, & les injusti-
ces qu’il avoit essuyées pendant sa
vie, engagerent le fameux
Bouhours
péce d’epitaphe, qui de toutes
celles qu’on fit pour
seule qui mérite d’être rapportée,
& la seule qui ne soit pas dans
cette fausse & mauvaise histoire
33
VIE DE
qu’on a mise jusqu’ici au-devant
de ses ouvrages.
Non-seulement j’ai omis dans
cette
34
VIE DE
obligé de dire, que ces contes
adoptés par
faux. Le feu
nier
de
coup vécu avec
assuré que toutes ces historiettes
ne méritoient aucune créance.
35
Comédie en vers & en cinq actes, jouée d’abord à Lyon en 1653 & à Paris au mois de décembre 1658 sur le théâtre du Petit Bourbon.
Cette piéce est la premiere
comédie que
au public : elle est composée de plu-
sieurs petites intrigues assez indépen-
dantes les unes des autres, c’étoit le
goût du théâtre italien & espagnol,
qui s’étoit introduit à
médies n’étoient alors que des tissus
d’
36
L’ETOURDI,
guéres songé à peindre les mœurs. Le
théâtre n’étoit point, comme il le doit
être, la représentation de la vie hu-
maine ; la coutume humiliante pour
l’humanité, que les hommes puissans
avoient pour lors, de tenir des fous
auprès d’eux, avoit infecté le théâtre ;
on n’y voyoit que de vils bouffons,
qui étoient les modéles de nos
lets
cule de ces misérables, au lieu de jouer
celui de leurs maîtres. La bonne co-
médie ne pouvoit être connue en
ce
seules sources du bon comique, ne
faisoient que d’y naître. Ce loisir, où
les hommes rendus à eux-mêmes, se
livrent à leur caractere & à leur ridi-
cule, est le seul tems propre pour la
comédie ; car c’est le seul où ceux qui
ont le talent de peindre les hommes
ayent l’occasion de les bien voir, &
le seul, pendant lequel les spectacles
37
COMEDIE.
puissent être fréquentés
aussi ce ne fut qu’après avoir bien vû
la cour &
hommes, que
avec des couleurs si vraies & si durables.
Les connoisseurs ont dit, que
Son valet paroît plus étourdi que
lui, puisqu’il n’a presque jamais l’at-
tention de l’avertir de ce qu’il veut
faire. Le dénouement qui a trop sou-
vent été l’écueil de
meilleur ici que dans ses autres piéces ;
cette faute est plus inexcusable dans
une piéce d’intrigue, que dans une
comédie de caractere.
On est obligé de dire (& c’est prin-
cipalement aux étrangers qu’on le dit)
que le stile de cette piéce est foible &
38
L'ETOURDI, COMEDIE.
& négligé, & que sur-tout il y a beau-
coup de fautes contre la langue.
Non-seulement il se trouve dans les
ouvrages de cet admirable auteur des
vices de construction, mais aussi plu-
sieurs mots impropres & surannés.
Trois des plus grands auteurs du
siécle de
taine
qu’avec précaution par rapport au lan-
gage. Il faut que ceux qui apprennent
notre langue dans les ecrits de ces
grands hommes, y discernent ces peti-
tes fautes, & qu’ils ne les prennent pas
pour des autorités. Au reste,
39
LE DÉPIT
AMOUREUX,
Comédie en vers & en cinq actes ; représentée au théâtre du Petit Bourbon en 1658.
40
LE DÉPIT AMOUREUX,
de la brouillerie & du raccommode-
ment d’
est toujours assuré, soit en tragique,
soit en comique, à ces sortes de scenes
qui représentent la passion la plus chere
aux hommes dans la circonstance la
plus vive. La petite ode d’
Donec gratus eram tibi.
a été regardée comme le modéle de
ces scenes, qui sont enfin devenues des
lieux communs.
41
LES PRETIEUSES
RIDICULES,
Comédie en un acte & en prose, jouée d’abord en province, & représentée pour la premiere fois à
Lorsque
comédie, la fureur du bel esprit
étoit plus que jamais à la mode.
ture
avoit écrit avec cette galanterie ingé-
nieuse, dans laquelle il est si difficile
d’éviter la fadeur & l’affectation. Ses
ouvrages où il se trouve quelques vraies
beautés avec trop de faux-brillans
étoient les seuls modéles, & presque
D
42
LES PRETIEUSES
tous ceux qui se piquoient d’esprit,
n’imitoient que ses défauts. Les ro-
mans de
achevé de gâter le goût, il régnoit dans
la plûpart des conversations un mélan-
ge de galanterie guindée, de sentimens
romanesques & d’expressions bizarres,
qui composoient un jargon nouveau,
inintelligible & admiré ; les provinces
qui outrent toutes les modes, avoient
encore enrichi sur ce ridicule ; les fem-
mes qui se piquoient de cette espéce
de bel esprit s’appelloient prétieuses,
ce nom, si décrié depuis par la piéce
de
a beaucoup de respect pour les vérita- bles prétieuses, & qu’il n’a voulu jouer
Cette petite piéce faite d’abord pour
la province, fut applaudie à
jouée quatre mois de suite ; la troupe
de
43
RIDICULES.
miere fois le prix ordinaire, qui n’étoit
alors que dix sols au parterre.
Dès la premiere représentation,
nage
dit au fameux
Du moins c’est ce que l’on trou-Nous ado- rions vous & moi toutes les sottises qui viennent d’être si bien critiquées ; croyez- moi, il nous faudra brûler ce que nous avons adoré.
La piéce est sans intrigue & toute
de caractere, il y a très-peu de défauts
contre la langue, parce que lorsqu’on
écrit en prose on est bien plus maître
D ij
44
LES PRÉTIEUSES
de son stile, & parce que
ayant à critiquer le langage des beaux
esprits du tems, châtia le sien davanta-
ge. Le grand succès de ce petit ouvra-
ge lui attira des critiques, que
On sçait qu’à une représentation des
Prétieuses ridicules
cria du milieu du parterre : Courage,
On eut honte de ce stile affecté con-
tre lequel
toujours élevés. On commença à ne
plus estimer que le naturel, & c’est
peut-être l’époque du bon goût en
L’envie de se distinguer a ramené
depuis le stile des prétieuses, on le
45
RIDICULES.
retrouve encore dans plusieurs au-
teurs célébres. Ce stile a reparu sur
le théâtre même où
si bien tourné en ridicule. Mais la
nation entière a marqué son bon goût,
en méprisant cette affectation dans des
auteurs que d’ailleurs elle estimoit.
46
LE COCU
LE COCU
IMAGINAIRE,
Comédie en un acte & en vers, représentée à Paris le 28 mai 1660.
47
IMAGINAIRE.
gage, il est vrai qu’il y a quelques gros-
sieretés.
La bierre est un séjour par trop mélan-
colique
Et trop mal-sain pour ceux qui craignent
la colique
Il y a des expressions qui ont vieilli.
Il y a aussi des termes qu’une délica-
tesse peut-être outrée a bannis aujour-
d’hui du théâtre, comme carogne,
cocu, &c.
Le dénouement que fait
quin
& des moins heureux de
piéce eut le sort des bons ouvrages, qui
ont & de mauvais censeurs & de mau-
vais copistes. Un nommé
fit jouer à l’ La à la fin de
48
DON GARCIE
DE NAVARRE,
OU
LE PRINCE JALOUX,
Comédie héroïque en vers & en cinq actes, représentée pour la pre- miere fois le
de Garcie
piéce qu’il apprit qu’il n’avoit point de
talent pour le sérieux, comme acteur.
La piéce & le jeu de
très-mal reçûs. Cette piéce imitée de
l’espagnol, n’a jamais été rejouée depuis
sa chûte. La réputation naissante de
grace, & ses ennemis triomphérent
quelque tems.
imprimé qu’après la mort de l’auteur.
L'ECOLE
49
L'ECOLE
DES MARIS.
Comédie en vers & en trois actes, représentée à Paris le 24 juin 1661.
Il y a grande apparence que
liere
ces premieres piéces déja préparés,
tems.
E
50
L'ECOLE
fait passer en
l’ancienne
d’avoir dérobé sa piéce. Mais
51
DES MARIS.
séance, même dans les tours qu’elle
joue à son tuteur.
Le dénouement des
E ij
52
LES FACHEUX,
Comédie en vers & en trois actes ; représentée à Vaux devant le roi, au mois d’ août, & à Paris sur le théâtre du Palais Royal le 4 novembre de la même année 1661.
intendant des Finances, engagea
pour la fameuse fête qu’il donna au roi
& à la reine mere, dans sa maison de
se préparer. Il avoit déja quelques
scenes détachées toutes prêtes ; il y en
ajouta de nouvelles, & en composa
cette comédie, qui fut, comme il le
53
LES FACHEUX,
dit dans sa préface, faite, apprise &
représentée en moins de quinze jours.
Il n’est pas vrai, comme le prétend un
certain
E iij
54
LES FACHEUX.
fortunes de cour. Les Facheux ne sont
pas le premier ouvrage en scenes ab-
solument détachées qu’on ait vû sur
notre théâtre. Les visionnaires de
avoient eu un succès si prodigieux,
que tous les beaux esprits du tems de
inimitable co- médie. Le goût du public s’est telle-
55
LES FACHEUX.
fut le premier qui fit sentir le vrai, &
par conséquent le beau. Cette piéce
le fit connoître plus particulierement
de la cour & du maître, & lorsque
quelque tems après,
cette piéce à
lui ordonna d’y ajouter la scene du
chasseur. On prétend que ce chasseur
étoit le
qui n’entendoit rien au jargon de la
chasse, pria le
lui-même, de lui indiquer les termes
dont il devoit se servir.
56
L'ECOLE
DES FEMMES,
Comédie en vers & en cinq actes, représentée à Paris sur le théâ- tre du Palais Royal le
Le théâtre de
donné naissance à la bonne comé-
die, fut abandonné la moitié de l’an-
née
pour certaines farces moitié italiennes,
moitié françoises, qui furent alors fort
accréditées, par le retour d’un fameux
pantomime italien, connu sous le nom
de
teurs qui applaudissoient sans réserve
à ces farces monstrueuses, se rendirent
difficiles pour
57
L'ECOLE
DES FEMMES.
piéce d’un genre tout nouveau, la-
quelle, quoique toute en récits, est mé-
nagée avec tant d’art, que tout paroît
être en action.
Elle fut très-suivie & très-critiquée,
comme le dit la Gazette de
Elle passe pour être inférieure en tout
à
58
L'ECOLE
DES FEMMES.
cinq actes, par la seule confidence
d’
ples récits. Il sembloit qu’un sujet ainsi
traité ne dût fournir qu’un acte. Mais
c’est le caractere du vrai génie de ré-
pandre sa fécondité sur un sujet stérile,
& de varier ce qui semble uniforme.
On peut dire en passant, que c’est-là le
grand art des tragédies de
59
LA CRITIQUE
DE
L'ECOLE DES FEMMES,
Petite piéce en un acte & en prose, représentée à Paris sur le théâtre du Palais Royal le
C’est le premier ouvrage de ce
genre qu’on connoisse au théâ-
tre. C’est proprement un dialogue &
non une comédie.
la satyre de ses censeurs qu’il ne dé-
fend les endroits foibles de
60
LA CRITIQUE, &c.
petits défauts pour condamner un bon
ouvrage.
le portrait de
il fit jouer à l’
petite piéce dans le goût de
L’IMPROMPTU
DE VERSAILLES,
Petite piéce en un acte & en prose, représentée à Versailles le 14 octobre 1663 & à Paris le 4 novembre de la même année.
en partie pour se justifier de-
vant le roi de plusieurs calomnies, &
en partie pour répondre à la piéce de
outrée.
nom. La licence de l’ancienne comé-
die grecque n’alloit pas plus loin. Il
eût été de la bienséance & de l’honnê-
teté publique de supprimer la satyre
de
honteux que les hommes de génie & de
62
L'IMPROMPTU DE VERSAILLES.
talent s’exposent par cette petite guerre
à être la risée des sots.
d’ailleurs la foiblesse de cette petite
comédie, & ne la fit point imprimer.
63
LA PRINCESSE D’
ELIDE
OU
LES PLAISIRS
DE L'ISLE ENCHANTÉE,
Représentée le 7 mai 1664 à Versailles à la grande fête que le roi donna aux reines.
Les fêtes que
dans sa jeunesse, méritent d’entrer
dans l’histoire de ce monarque, non-
seulement par les magnificences singu-
lieres, mais encore par le bonheur qu’il
eut d’avoir des hommes célébres en
tous genres, qui contribuoient en mê-
me tems à ses plaisirs, à la politesse, &
à la gloire de la nation. Ce fut à cette
fête, connue sous le nom de l’isle en-
chantée, que
64
LA PRINCESSE D'ELIDE,
actes ; il n’y a que le premier acte & la
premiere scene du second qui soient
en vers.
écrivit le reste en prose. Cette piéce
réussit beaucoup dans une cour qui
ne respiroit que la joie, & qui au mi-
lieu de tant de plaisirs, ne pouvoit cri-
tiquer avec sévérité un ouvrage fait à
la hâte pour embellir la fête.
On a depuis représenté
libre
65
OU L'ISLE ENCHANTÉE.
libre est toujours sévére. Le genre sé-
rieux & galant n’étoit pas le génie de
n’ayant ni le plaisant de la comédie,
ni les grandes passions de la tragédie,
tombe presque toujours dans l’insipi-
dité.
66
LE MARIAGE
FORCÉ,
Petite piéce en prose & en un acte, représentée au Louvre le 24 jan- vier 1664 & au théâtre du Palais Royal le 15 décembre de la même année.
C’est une de ces petites farces
de
de faire jouer après les piéces en cinq
actes. Il y a dans celle-ci quelques
scenes tirées du théâtre italien. On
y remarque plus de bouffonnerie que
d’art & d’agrément ; elle fut accompa-
gnée au
67
L'AMOUR
MEDECIN,
Petite comédie en un acte & en prose, représentée à Versailles le 15 septembre 1665 & sur le théâtre du Palais Royal le 22 du même mois.
C’est ce premier ouvrage dans le-
quel
ils étoient fort différens de ceux d’au-
jourd’hui, ils alloient presque toujours
F ij
68
L'AMOUR MEDECIN.
en robe & en rabat, & consultoient
en latin.
Si les médecins de notre tems ne
connoissent pas mieux la nature, ils
connoissent mieux le monde, & sça-
vent que le grand art d’un médecin
est l’art de plaire.
contribué à leur ôter leur pédanterie,
mais les mœurs du siécle qui ont chan-
gé en tout, y ont contribué davantage.
L’esprit de raison s’est introduit dans
toutes les sciences, & la politesse dans
toutes les conditions.
69
DON JUAN,
OU
LE FESTIN DE PIERRE,
Comédie en prose & en cinq actes,représentée sur le théâtre duPalais Royal le 15 février1665 .
L’original de la comédie bizarre
du Festin de Pierre, est de
70
DON JUAN,
révolta point contre le monstrueux as-
semblage de bouffonnerie & de reli-
gion, de plaisanterie & d’horreur, ni
contre des prodiges extravagans qui
sont le sujet de cette piéce, une statue
qui marche & qui parle, & les flammes
de l’enfer qui engloutissent un impie
sur le
verent point les esprits, soit qu’en effet
il y ait dans cette piéce quelqu’interêt,
soit que le jeu des comédiens l’embel-
lit, soit plutôt que le peuple à qui
Bourgogne
71
OU LE FESTIN DE PIERRE.
veauté inouie alors, qu’une piéce de
cinq actes en prose. On voit par-là
combien l’habitude a de puissance sur
les hommes & comme elle forme les
différens goûts des nations ; il y a des
pays où l’on n’a pas l’idée qu’une co-
médie puisse réussir en vers ; les Fran-
çois au contraire ne croyoient pas
qu’on pût supporter une longue co-
médie qui ne fût pas rimée. Ce préjugé
fit donner la préférence à la piéce de
jugé a duré si long-tems, que
Corneille
après la mort de
72
LE
Comédie en vers & en cinq actes, représentée sur le théâtre du Palais Royal le 4 juin 1666.
L’
comme le chef-d’œuvre du haut
comique, le sujet du
ceptible
73
LE
ceptible du genre comique. Celle dont
& fournissant bien moins exigeoit beau-
coup d’art ; il s’est fait à lui-même un
sujet stérile, privé d’action & vuide
d’intérêt ; son
mes encore plus par humeur que par
raison ; il n’y a d’intrigue dans la piéce
que ce qu’il en faut pour faire sortir
les caracteres, mais peut-être pas assez
pour attacher : en récompense tous ces
caracteres ont une force, une vérité &
une finesse, que jamais auteur comique
n’a connues comme lui.
tourner en scenes ces conversations du
monde & y mêler des portraits ;
santrope
ture continuelle ; mais une peinture de
ces ridicules que les yeux vulgaires
n’
miner ici en détail les beautés de ce
chef-d’œuvre de l’esprit, & de montrer
G
74
LE MISANTROPE.
avec quel art un homme qui pousse la
la vertu jusqu’au ridicule, est si rempli
de foiblesses pour une coquette, de re-
marquer la conversation & le contraste
charmant d’une prude avec cette co-
quette outrée. Quiconque lit doit sen-
tir ces beautés, lesquelles même, toutes
grandes qu’elles sont, ne seroient rien
sans le stile. La piéce est d’un bout à
l’autre à peu près dans le stile des
75
LE MISANTROPE.
confirma l’opinion où l’on étoit, que
cette piéce seroit plus admirée que sui-
vie. Ce peu d’empressement qu’on a
d’un côté pour
G ij
76
LE MISANTROPE.
tables, mais qui n’étant pas toujours
nécessaires à la piéce, peut-être réfroi-
dissent un peu l’action, pendant qu’elles
font admirer l’auteur ; enfin dans le
dénouement, qui tout bien amené &
tout sage qu’il est, semble être attendu
du public sans inquiétude, & qui ve-
nant après une intrigue peu attachante,
ne peut avoir rien de piquant. En effet
le spectateur ne souhaite point que
Misantrope
méne
se détachera d’elle. Enfin on prendroit
la liberté de dire, que
77
LE MISANTROPE.
par sa vertu sauvage, que c’étoit lui
que
78
LE MÉDECIN
MALGRÉ LUI,
Comédie en trois actes & en prose, représentée sur le théâtre du Palais Royal, le 6 août 1666.
chef-d’œuvre du
79
LE MÉDECIN MALGRÉ LUI.
80
LE SICILIEN
OU
L'AMOUR PEINTRE,
Comédie en prose & en un acte, représentée à Saint Germain en Laye en 1667 & sur le théâtre du Palais Royal le 10 juin de la même année .
C’est la seule petite piéce en un
acte où il y ait de la grace & de
la galanterie, les autres petites piéces
que
des farces, ont d’ordinaire un fonds
plus bouffon & moins agréable.
81
MELICERTE,
PASTORALE HEROÏQUE
Représentée à Saint Germain en
deux actes de cette comédie,
le roi se contenta de ces deux actes
dans la fête du
82
AMPHITRION,
Comédie en vers & en trois actes, représentée sur le théâtre du Pa- lais Royal le 13 janvier 1668 .
té ce sujet de tragicomédie chez
les Grecs, c’est une des piéces de
qui a eu le plus de succès ; on la jouoit
encore à
lui, & ce qui peut paroître singulier,
c’est qu’on la jouoit toujours dans des
fêtes consacrées à
ceux qui ne sçavent point combien les
hommes agissent peu conséquemment,
qui puissent être surpris qu’on se moc-
quât publiquement au théâtre des
mêmes dieux qu’on adoroit dans les
temples.
les scenes de
83
AMPHITRION.
Ceux qui ont dit qu’il a imité son
prologue de
la différence qui est entre une imitation
& la ressemblance très-éloignée de l’ex-
cellent dialogue de
cure
gue de
cien
un seul mot que
auteur grec.
Tous les lecteurs exemts de pré-
jugés sçavent combien l’
que.
Dans Tu viens avec des fourberies cousues.
, replique le dieu,Je viens avec des habits cousus.
Tu as menti
Cetu viens
avec tes pieds & non avec tes habits.
84
AMPHITRION.
n’est pas-là le comique de notre théâ-
tre ; autant
que les Romains nommoient urbanité,
autant paroît-il aussi l’emporter dans
l’économie de sa piéce. Quand il falloit
chez les Anciens apprendre au specta-
teur quelque événement, un acteur
venoit sans façon le conter dans un
monologue ; ainsi
cure
tout ce qu’ils ont fait, pendant les
entre-actes ; il n’y avoit pas plus d’art
dans les tragédies, cela seul fait peut-
être voir que le théâtre des Anciens,
(d’ailleurs à jamais respectable) est
par rapport au nôtre, ce que l’enfance
est à l’âge mûr.
son sexe par son érudition, & qui lui
en eût fait davantage, si avec la science
des commentateurs elle n’en eût pas
eu l’esprit, fit une dissertation pour
85
AMPHITRION.
prouver que l’
L’
86
L’AVARE,
Comédie en prose & en cinq actes, représentée à Paris sur le théâ- tre du Palais Royal le
CETTE excellente comédie avoit
été donnée au public en
mais le même préjugé qui fit tomber
87
L'AVARE.
de fort bonnes comédies en prose, &
qu’il y a peut-être plus de difficulté à
réussir dans ce stile ordinaire où l’esprit
seul soutient l’auteur, que dans la ver-
sification, qui par la rime, la cadence
& la mesure, prête des ornemens à des
idées simples, que la prose n’embelli-
roit pas. Il y a dans
88
L'AVARE.
Tout le reste de la piéce est de
santeries ; il n’en a imité que quelques
lignes, comme cet endroit où
parlant (peut-être mal-à-propos) aux
spectateurs dit,
Et cet autre endroit encore, oùMon voleur n’est-il point parmi vous ? lls me regardent tous, & se mettent à rire.
Ostende tertiam ?
Mais si l’on veut connoître la diffé-
rence du stile de
chacun fait de son avare.
Clamat suam rem periisse seque, De suo tigillo sumus si qua exit foras. Quin, cum id dormitum, sollem obstringit
ob gulamNe quid animæ forte amittat dormiens ; Etiámne obturat inferiorem gutturem ? &c.
Il crie qu’il est perdu, qu’il est abîmé,
si
89
L'AVARE.
si la fumée de son feu va hors de sa mai- son. Il se met une vessie à la bouche pen- dant la nuit, de peur de perdre son souffle. Se bouche-t-il aussi la bouche d’en-bas ?
Cependant ces comparaisons de
du dernier, n’empêche pas qu’on ne
doive estimer ce comique latin, qui
n’ayant pas la pureté de
d’ailleurs tant d’autres talens, & qui
quoiqu’inférieur à
la variété de ses caracteres & de ses intri-
gues, ce que
trouve aussi à la vérité dans
, & quelques mauvaises plai-je sçai l’art de traire les
hommes
je marierois, si je
l’avois entrepris, le grand turc & la ré-
publique deVenise .
Cette comédie a été traduite en
plusieurs langues, & jouée sur plus
d’un théâtre d’
H
90
L'AVARE.
de même que les autres piéces de
liere
vent réussir que par l’habileté du tra-
ducteur. Un poëte anglois nommé
la donna en anglois du vivant de
liere
Je crois pouvoir dire sans vanité que Mo- liere n’a rien perdu entre mes mains, Ja- mais piéce françoise n’a été maniée par un de nos poëtes, quelque méchant qu’il fût, qu’elle n’ait été rendue meilleure ; ce n’est ni faute d’invention ni faute d’esprit que nous empruntons des François, mais c’est par paresse ; c’est aussi par paresse que je me suis servi de
On peut juger qu’un homme qui n’a
pas assez d’esprit pour mieux cacher sa
vanité, n’en a pas assez pour faire mieux
que
généralement méprisée.
meilleur poëte & plus modeste a tra-
duit
91
L'AVARE.
en
ques beautés de dialogue particulieres
à sa nation, & sa piéce a eu près de
trente représentations ; succès très-rare
à
de cours, ne sont jouées tout au plus
que quinze fois.
92
GEORGES DANDIN
OU
LE MARI CONFONDU,
Comédie en prose, & en trois actes, représentée à Versailles le 15 de juillet 1668 & à Paris le 9 de novembre 1668.
ON ne connoît, & on ne joue cette
piéce que sous le nom de
93
L’IMPOSTEUR,
OU
LE TARTUFFE,
Joué sans interruption en public le 5 février 1669.
On sçait toutes les traverses que
cet admirable ouvrage essuya. On
en voit le détail dans la préface de l’au-
teur au-devant du
Les trois premiers actes avoient été
représentés à
le
miere fois que
le prix des ouvrages de
voulu les voir avant qu’ils fussent ache-
vés ; il fut fort content de ce commence-
ment, & par conséquent la cour le fut
aussi.
Il fut joué le
94
L'IMPOSTEUR,
même année à
Condé
lerent, les dévots commencerent à
faire du bruit, les faux zélés, (l’espece
d’hommes la plus dangereuse) crierent
contre
quelques gens de bien.
tant d’ennemis qui alloient attaquer sa
personne encore plus que sa piéce,
voulut laisser ces premieres fureurs se
calmer ; il fut un an sans donner
& le zéle de ses amis aux cabales nais-
santes de ses ennemis, obtint du roi
une permission verbale de jouer
95
OU LE TARTUFFE.
la premiere distinction aux troisiémes
loges. Les acteurs alloient commencer
lorsqu’il arriva un ordre du premier
président du
fense de jouer la piéce.
Pendant qu’on supprimoit cet ou-
vrage, qui étoit l’éloge de la vertu, &
la satyre de la seule hypocrisie, on per-
mit qu’on jouât sur le theâtre italien,
On sçait sur cela le motqu’esto è per mortifi-
car la carne.
96
L'IMPOSTEUR,
fois qu’on joueroit cette piéce ; elle fut
représentée trois mois de suite, & du-
rera autant qu’il y aura en
gout & des hypocrites. Aujourd’hui
bien des gens regardent comme une
leçon de morale cette même piéce,
qu’on trouvoit autrefois si scandaleuse.
On peut hardiment avancer que les dis-
cours de
vraie & éclairée est opposée à la dévo-
tion
ques expressions près, le plus fort & le
plus élégant sermon que nous ayons
en notre langue ; & c’est peut-être ce
qui révolta davantage ceux qui par-
loient moins bien dans la chaire que
Voyez sur tout cet endroit,
Allez, tous vos discours ne me font point de
peur,Je sçai comme je parle, & le ciel voit mon
cœur ;
Il
97
OU LE TARTUFFE.
Il est de faux dévots ainsi que de faux bra-
ves, &c.
Presque tous les caracteres de cette
piéce sont originaux ; il n’y en a aucun
qui ne soit bon, & celui du
est parfait : on admire la conduite de
la piéce jusqu’au dénouement ; on sent
combien il est forcé, & combien les
louanges du roi, quoique mal amenées,
étoient nécessaires pour soutenir
liere
Dans les premieres représentations
l’imposteur se nommoit
ce n’étoit qu’à la derniere scéne qu’on
apprenoit son vérittable nom de
tuffe
supposées être connues
près la piéce étoit comme elle est au-
jourd’hui ; le changement le plus mar-
qué qu’on y ait fait, est à ce vers :
O Ciel pardonnes -moi la douleur qu’il me
donne ;
I
98
L'IMPOSTEUR,
Il y avoit,
O Ciel pardonne-moi comme je lui par-
donne.
Qui croiroit que le succès de cette ad-
mirable piéce eût été balancé par celui
d’une comédie qu’on appelle La Femme, qui fut jouée à l’
99
OU LE TARTUFFE.
Moliere plaît assez, c’est un bouffon plaisant,Qui divertit le monde en le contrefaisant ; Ses grimaces souvent causent quelques sur-
prises,Toutes ses piéces sont d’agréables sottises ; Il est mauvais poëte & bon comédien. Il fait rire, & de vrai c’est tout ce qu’il fait
bien.
On imprima contre lui vingt libelles ;
un curé de
poser une de ces brochures, dans la-
quelle il débutoit par dire qu’il falloit
brûler
homme fut traité de son vivant ; mais
l’approbation du public éclairé lui don-
noit une gloire qui le vengeoit assez.
100
MONSIEUR
DE
POURCEAUGNAC.
Comédie-ballet en prose & en trois actes, faite & jouée à Cham- bord pour le roi, au mois de septembre 1669 & représentée sur le théâtre du Palais Royal le 15 novembre de la même année.
Ce fut à la représentation de cette
comédie, que la troupe de
liere
de la troupe du roi.
101
M. DE POURCEAUGNAC.
de l’opéra, fit la musique du ballet
de
On n’écrivit point contre
I iij
102
LE BOURGEOIS
GENTILHOMME,
Comédie-ballet en prose & en cinq actes, faite & jouée à Cham- bord au mois d’ octobre 1670 & représentée à Paris le 23 novembre de la même année.
Tout prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages.
Cette foiblesse est précisément la même
103
LE BOURGEOIS,&c.
que celle d’un bourgeois qui veut être
homme de qualité. Mais la folie du
bourgeois est la seule qui soit comique
& qui puisse faire rire au théâtre ; ce
sont les extrêmes disproportions des
manieres & du langage d’un homme,
avec les airs & les discours qu’il veut
affecter, qui font un ridicule plaisant ;
cette espéce de ridicule ne se trouve
point dans des princes ou dans des
hommes élevés à la cour, qui cou-
vrent toutes leurs sottises du même air
& du même langage ; mais ce ridicule
se montre tout entier dans un bour-
geois élevé grossiérement & dont le
naturel fait à tout moment un contraste
avec l’art dont il veut se parer. C’est
ce naturel grossier qui fait le plaisant
de la comédie ; & voilà pourquoi ce
n’est jamais que dans la vie commune
qu’on prend les personnages comiques.
I iiij
104
LE BOURGEOIS, &c.
Les quatre premiers actes de cette
piéce peuvent passer pour une comé-
die ; le cinquiéme est une farce qui
est réjouissante, mais trop peu vrai-
semblable.
moins de prise à la critique, en suppo-
sant quelqu’autre homme que le fils
du
ce divertissement plûtôt à réjouir qu’à
faire un ouvrage régulier.
& il y joua comme dans
105
LES
FOURBERIES
DE SCAPIN,
Comédie en prose & en trois actes, représentée sur le théâtre du Palais Royal le 24 mai 1671.
Ces deux sce-
nes sont assez bonnes. Cela m’appar-
tenoit de droit, il est permis de re-
prendre son bien par-tout où on le
trouve.
106
LES FOURBERIES
Si
tures,
res,
On pourroit répondre à ce grand
critique, que
comédies, où il surpasse
s’il a déféré au goût du peuple, c’est
dans ses farces, dont le seul titre an-
nonce du bas comique, & que ce bas
comique étoit nécessaire pour soutenir
son théâtre.
107
DE SCAPIN.
108
Tragédie-ballet en vers libres & en cinq actes, représentée devant le roi, dans la salle des machi- nes du .
Le spectacle de l’opéra connu en
dinal Mazarin
mort ; il commençoit à se relever.
rin
chez
sique de la
de Sourdiac
du génie pour les machines, avoient
109
obtenu en
péra, mais ils ne donnerent rien au
public qu’en
alors que les François pussent jamais
soutenir trois heures de musique, &
qu’une tragédie toute chantée pût
réussir. On pensoit que le comble de
la perfection est une tragédie décla-
mée avec des chants & des danses dans
les intermédes. On ne songeoit pas
que si une tragédie est belle & inté-
ressante, les entre-actes de musique
doivent en devenir froids, & que si
les intermédes sont brillans, l’oreille a
peine à revenir tout d’un coup du char-
me de la musique à la simple décla-
mation. Un ballet peut délasser dans
les entre-actes d’une piéce ennuyeuse ;
mais une bonne piéce n’en a pas be-
soin, & l’on joue
110
voit chanter toute une tragédie, com-
me on faisoit en
pouvoit même rendre intéressante, per-
fection que l’
Depuis la mort du
rin
piéces à machines avec des divertisse-
mens en musique, telles qu’
Il ne put faire que le premier acte,
la premiere scene du second & la pre-
miere du troisième ; le tems pressoit,
la piéce, il voulut bien s’assujettir au
111
PSICHÉ.
plan d’un autre, & ce génie mâle, que
l’âge rendoit sec & sévére, s’amollit
pour plaire à
tion de
encore pour un des morceaux les plus
tendres & les plus naturels qui soient
au théâtre.
Toutes les paroles qui se chantent
sont de
airs ; il ne manquoit à cette société de
grands hommes que le seul
afin que tout ce qu’il y eut jamais de
plus excellent au théâtre se fût réuni
pour servir un roi qui méritoit d’être
servi par de tels hommes.
112
LES FEMMES
SÇAVANTES,
Comédie en vers & en cinq actes, représentée sur le théâtre du Palais Royal le 11 mars 1672.
Cette comédie, qui est mise par
les connoisseurs dans le rang du
Plus
113
LES FEMMES SÇAVANTES.
Plus on la vit, & plus on admira
comment
de comique sur un sujet qui paroissoit
fournir plus de pédanterie que d’agré-
ment ; tous ceux qui sont au fait de
l’histoire litteraire de ce tems-là, sça-
vent que
nom de Vadius
fameux
K
114
LES FEMMES SÇAVANTES.
pellé aux premières représentations
toit avoit affecté autant qu’il avoit pû
de ressembler à l’original par la voix &
par le geste ; enfin pour comble de
ridicule les vers de
sur le théâtre à la risée publique,
étoient de l’
avoient été bons, & si leur auteur
avoit
sanglante de
preaux
tation ;
aussi cruellement sur le théâtre de
moins estimé. Le vrai mérite résiste à
la
de pouvoir se soutenir contre de telles
attaques ; on dit qu’il fut si accablé de
ce dernier coup, qu’il tomba dans une
mélancolie qui le conduisit au tom-
beau. Les
115
LES FEMMES SÇAVANTES.
triste effet d’une liberté plus dangereu-
se qu’utile, & qui flatte plus la mali-
gnité humaine qu’elle n’inspire le bon
goût.
La meilleure
faire des mauvais poëtes, c’est de don-
ner d’excellens ouvrages ;
ajouter des injures.
116
LES AMANS
MAGNIFIQUES,
Comédie-ballet en prose & en cinq actes, représentée devant le roi à
sujet de cette piéce à
voulut qu’on représentât deux princes
qui se disputeroient une maîtresse, en
lui donnant des fêtes magnifiques &
galantes.
précipitation. Il mit dans cet ouvrage
deux personnages qu’il n’avoit point
encore fait paroître sur son théâtre, un
astrologue & un fou de cour. Le
monde n’étoit point alors désabusé de
l’astrologie judiciaire, on y croyoit
117
LES AMANS MAGNIFIQUES.
d’autant plus, qu’on connoissoit moins
la véritable astronomie. Il est rappor-
té dans
manqué à la naissance de Louis XIV
faire tenir un astrologue dans un cabi-
net voisin de celui où la reine accou-
choit ; c’est dans les cours que cette
superstition regne davantage, parce
c’est-là qu’on a plus d’inquiétude sur
l’avenir.
Les fous y étoient aussi à la mode ;
chaque prince & chaque grand sei-
gneur même avoit son fou, & les hom-
mes n’ont quitté ce reste de barbarie
qu’à mesure qu’ils ont plus connu les
plaisirs de la société & ceux que don-
nent les beaux arts. Le fou qui est re-
présenté dans
fou ridicule, tel que le
118
LES AMANS MAGNIFIQUES.
ne fut jouée qu’à la cour & ne pou-
voit guéres réussir que par le mérite
du divertissement & par celui de l’a-
propos.
On ne doit pas omettre, que dans
les divertissemens des
LA COMTESSE
D'
Petite comédie en un acte, & en prose, représentée devant le roi à
C'EST une farce, mais toute de
caracteres, qui est une peinture
naïve, peut-être en quelques endroits
trop simple des ridicules de la provin-
119
LA COMT. D'ESCARBAGNAS.
ce ; ridicules dont on s’est beaucoup
corrigé à mesure que le goût de la so-
ciété & la politesse aisée qui regne en
proche.
LE MALADE
IMAGINAIRE,
En trois actes avec des intermédes, fut représentée sur le théâtre du Palais Royal le 10 février 1673.
C’est une de ces farces de
dans laquelle on trouve beaucoup
de scenes dignes de la haute comé-
die. La naïveté peut-être poussée trop
loin en fait le principal caractere. Ses
farces ont le défaut d’être quelquefois
un peu trop basses, & ses comédies
de n’être pas toujours assez intéressan-
tes ; mais avec tous ces défauts-là, il
sera toujours le premier de tous les
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LE MALADE IMAGINAIRE.
poëtes comiques. Depuis lui le théâ-
tre françois s’est soutenu, & même a
été asservi à des
rigoureuses que du tems de
On n’oseroit aujourd’hui
scene où le
de son hôte ; on n’oseroit se servir des
termes de fils de putain, de carogne,
& même de cocu ; la plus exacte bien-
séance regne dans les piéces modernes.
Il est étrange que tant de régularité,
n’ait pû lever encore cette tache qu’un
préjugé très-injuste attache à la profes-
sion de comédien ; ils étoient honorés
dans
moins bons ouvrages ; il y a de la
cruauté à vouloir avilir des hommes
nécessaires à un Etat bien policé, qui
exercent sous les yeux des magistrats
un talent très-difficile & très-estimable ;
mais c’est le sort de tous les gens à
talens, qui sont sans pouvoir, de tra-
vailler pour un public ingrat.
FIN.
APPROBATION.
J’ai lû par ordre de Monseigneur le Chan-
celier la Vie de , & n’y ai rien trou-
PRIVILEGE DU ROI.
feaux Conseillers les gens tenans nos cours
de Parlement, maîtres des requêtes ordi-
naires de notre hôtel, grand Conseil, pre-
vôt de
tenans civils, & autres nos justiciers qu’il
appartiendra, salut. Notre bien amé
à
haiteroit faire imprimer & donner au public
l' Histoire de la poësie françoise, par le sieur abbé Massieux ; Mahomet, tragédie ; la Vie de Moliere, avec des jugemens sur ses ouvra- ges, s’il nous plaisoit lui accorder nos let-
présentes de faire imprimer les dits ouvrages
ci-dessus spécifiés, en un ou plusieurs vo-
lumes, conjointement ou séparément, & au-
tant de fois que bon lui semblera, & de les
vendre, faire vendre & débiter par tout notre
royaume, pendant le tems de six années
consécutives, à compter du jour de la
des dites présentes : faisons défenses à toutes
sortes de personnes de quelque qualité &
condition qu’elles soient d’en introduire d’im-
pression étrangere dans aucun lieu de notre
obéissance ; comme aussi à tous libraires,
imprimeurs, & autres, d’imprimer, faire
imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni
contrefaire les dits ouvrages ci-dessus exposés
en tout ni en partie, ni d’en faire aucuns
extraits, sous quelque prétexte que ce soit,
d’augmentation, correction, changement de
titre ou autrement, sans la permission ex-
presse & par écrit du dit exposant ou de ceux
qui auront droit de lui, à peine de confisca-
tion des exemplaires contrefaits, de six mille
livres d’amende contre chacun des contreve-
nans, dont un tiers à nous, un tiers à l’
tel-Dieu
sant, & de tous dépens, dommages & inte-
rêts ; à la charge que ces présentes seront
enregistrées tout au long sur le registre de
la communauté des libraires & imprimeurs
de
que l’impression des dits ouvrages sera faite
dans notre royaume, & non ailleurs ; & que
l’impétrant se conformera en tout aux régle-
mens de la librairie, & notamment à celui
du
vant de les exposer en vente, les manuscrits
ou imprimés qui auront servi de copie à l’im-
pression des dits ouvrages seront remis dans
le même état où les approbations y auront
été données, ès mains de notre très-cher &
féal chevalier le
celier de
dres ; & qu’il en sera ensuite remis deux exem-
plaires de chacun dans notre bibliothéque
publique, un dans celle de notre
Louvre
& féal chevalier le
celier de
dres : le tout à peine de nullité des présentes ;
du contenu desquelles vous mandons & en-
joignons de faire jouir l’exposant ou ses
ayans cause pleinement & paisiblement, sans
souffrir qu’il leur soit fait aucun trouble ou
empêchement : voulons qu’à la copie des di-
tes présentes, qui sera imprimée tout au long
au commencement ou à la fin des dits ou-
vrages soit tenue pour dûement signifiée, &
qu’aux copies collationnées par l’un de nos
amés & féaux conseillers & secretaires foi
soit ajoutée comme à l’origrinal : comman-
dons au premier notre huissier ou sergent de
faire pour l’exécution d’icelles tous actes
requis & nécessaires, sans demander autre
permission & nonobstant clameur de haro,
chartre normande & lettres à ce contraires ;
car tel est notre plaisir. Donné à
ce mil sept cens trente-neuf
gne le vingt-quatriéme. Par le roi en son
conseil,
Registré sur le registre dix de la chambre royale des libraires & imprimeurs de Paris, n o 247 fol. 224 conformément aux anciens réglemens, confirmés par celui du 28 février 1723. A Paris le 12 Juin 1739.
yndic.
L27n
14358