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Transcription Transcription des fichiers de la notice - <em>Zénéïde,</em> comédie en un acte et en vers Cahusac (de), Louis (1706-1759) 1743-05-01 (visa de censure) chargé d'édition/chercheur Macé, Laurence (édition scientifique) Laurence Macé CEREdI, UR 3229 - Université de Rouen-Normandie ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1743-05-01 (visa de censure) Fiche : Laurence Macé CEREdI, UR 3229 - Université de Rouen-Normandie ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Paris, Bibliothèque-musée de la Comédie Française ms. 170<br /><a href="https://comedie-francaise.bibli.fr/visionneuse.php?lvl=afficheur&explnum=23451&myPage=&user_query=#"></a>
Français

Acteurs.

La Fée. Zeneide. Gnidie. Olinde.

La scene est dans le - Palais de la Fée.

Zeneïde -troublée

O ciel! qu'ay-je donc fait de mal? Auprés de vous j'ai vû le bal, Sur le gradin où vous m'aviez placée. C'est tout, je crois... .

La Fée

Et cet air de courroux, Que vous m'avez montré, quand je vous ay forcée De marquer garder ce masque jaloux, Qui malgré la foule empressée Des curieux qui rodoient prés de nous, Et plus encore malgré vous Aux regards vous tenait cachée ?

Zeneïde

Il est vray, vous m'avez fâchée; Et la chaleur du bal.....
La Feé. Vous ne la sentiez plus Quand pour cette raison j'ay voulu disparoître.

Zeneïde - vivement

Mais pourquoi ces soins superflus? Pourquoy refusez-vous de me faire connoître?Je vous dois tout; et je ne vis jamais Ceux de qui le ciel m'a fait naître; C'est de vôtre pouvoir que je tiens mes attraits: Puis-je trop chérir vos bienfaits? M'en parer, c'est les reconnoître.

La Fée.

Et vos voeux seroient satisfaits Si vous aviez fait voir cette reconnaissance A ce jeune inconnu, dont l'aimable presence.....

Zeneïde.

Oh! Madame, je sçais son nom.

deux

La Fée.

Scait-il le vôtre ? et de quelle façon Ma tendresse a pris soin d’élever vôtre enfance ?

Zeneïde.

Il m’a tout demandé, mais avec tant d’instance…..

La Fée.

Que vous avez tout dit.

Zeneïde.

Olinde est si pressant, Il me prioit si tendrement, Qu’il a vraimen ma résistance. Mais j’ay mal fait, peut=être ?

La Fée.

Il est donc à vos yeux Bien intéressant, bien aimable ?

Zeneïde.

Madame, il est charmant.

La Feé.

Peut=être dans ces lieux Il s’est montré dans un jour favorable : Et si vous le connoissiez mieux……

Zeneïde.

Il me plairoit sans doute davantage. Bien d’autres m’ont parlé ; mais leur air, leur langage, Leur gayeté, leur ton, et leurs soins, Leur enpressement à me plaire, Ont justement fait le contraire. Ils avoient tant d’esprit……

La Feé.

Olinde en a-t’il moins ?

Zeneïde.

Je ne sçay, (car je suis sincére) Mais avec luy je croyois en avoir.
Quand je parlois, ses yeux me faisoient voir Qu’il goûtoit un plaisir extrême. Tous les autres de bonne foy Me paroissoient contens d’eux-même : Lui seul ne l’êtoit que de moy.

La Feé.

Je le vois ; il est temps de rompre le silence ; Vôtre sort va se déclarer. On peut souvent par la prudence Des astres corriger la maligne influence, L’éviter, ou la réparer. Et si vôtre bonheur n’est pas en ma puissance, Je dois au moins vous éclairer. Dans un moment Olinde va paroître.

Zeneide.

Quoy, madame, dans ce palais?..... Quoy, tout'-à-l’heure je verrois?…

La Feé.

Il vous verra trop tost peut=être. Zénéïde, vous ignorez Que ce penchant ici

Que ce penchant qui vers lui vous entraîne, En le quittant cette cruelle peine, Ce plaisir à le voir que vous vous figurez, Tout ce que vous craignez, ce que vous desirez, Est le premier accez d’une passion vive Dont vôtre ame tendre et naïve Brulera tant que vous vivrez. L’amour, dans vôtre cœur, en un mot vient d’éclore.

Zeneïde.

Quoy, l’amour ? est-ce un bien ? Est-ce un mal ? je l’ignore.

La Feé.

Il peut causer le malheur de vos jours.

Zeneïde.

Vrayment ma frayeur est extrême.

La Feé.

Mais si vôtre Olinde vous aime D’un amour qui dure toujours, Comptez sur un bonheur suprême Dont rien n’alterrera le cours.

Zénéïde.

Mais en ce cas l’amour n’est pas si redouttable ?

La Feé.

Vous sçavez, je le vois, que vous estes aimable ?

Zeneïde.

Eh mais… peut-être Olinde m’aimera.

La Feé

Puisqu’il est homme, il changera.

Zénéïde.

Ah ! je n’en doute point, je serai malheureuse. Je ne sçaurai jamais changer.

La Feé.

Ce n’est pas tout. Une loi rigoureuse Menace vos jours d’un dansger, Dont tout mon art ne peut vous dégager. Apprenez des secrets que je ne dois plus taire. Dès que vous reçûtes le jour, J’accourus ; je vous vis avec des yeux de mére ; Et trop aveugle en mon amour, D’un préjugé fatal suivant l’extravagance, Pensant en femme en fin, je crus que la beauté Pour nôtre séxe êtoit le bien par excellence, La suprême felicité. Ainsi j’épuisay ma puissance Pour vous doüer de tous les vains attraits De la plus brillante figure. Tout mon art me servit pour embellir vos traits ; J’abandonnay Icreste à la Nature. La Fée Urgande en ce moment parut. Mon ame à son aspect s’émut ; Ses regards menaçans m’anonçoient sa colére.

quatre

" Tu connoîtrasun jour commme l’on doit aimer, Me dit-elle d’un ton sévére. Par mes respects je crûs en vain la desarmer. Elle approche de vous, vous touche, vous embrasse ; J’ignore si c’étoit ou faveur ou disgrace Qu’Urgande alors versoit sur vous ; Mais par les maux dont elle vous menace, Je dois juger de son courroux.

Zeneïde.

Je tremble. Achevez, je vous prie, Quels malheurs ay-je à redouter ? Olinde, aurois-je à craindre pour ta Vie ?

La Feé.

Voici ses propres mots ; je vais les répéter. " Zeneïde, tu seras belle ; " Mais crains l’amour ; s’il blesse un jour ton cœur, " Ta beauté deviendra laideur, " Si tu ne plais à ton amant sans elle.

Zénéïde.

O Ciel ! je deviendrois ?....

La Feé.

Oüy, laide à faire peur.

Zeneïde.

Olinde me trouveroit laide ! Ah ! qu’il ne vienne point ; je mourrois de douleur.

La Feé.

Au pouvoir de la Feé il faut que le mien céde. Et puis qu’Olinde vous a plû, Il faut le voir, et s’il se peut lui plaire, Comme Urgande l’a résolu.
Sur votre amour sur tout ayez soin de vous taire. Pour le projet que j’ai conçû, C’est le point capital.

Zeneïde.

Et le plus difficile. Car enfin, s’il m’aimoit, pourrois-je lui celer ? … Je ne sçai point dissimuler. Ma bouche garderoit un silence inutile. Et malgré moi mes yeux sçauroient parler.

La Fée.

Et la laideur ?

Zénéïde.

Vous me faites trembler. Instruisez=moi ; que faut-il que je fasse ?

La Feé.

Eh mais… Vôtre êtat m’embarasse. Les hommes sont si dangereux ! Il est si mal-aisé d’en trouver un sincére ! Tel qui le paroist à nos yeux, N’est qu’un fourbe qui cherche à plaire,  Par le secours d’un masque heureux. avec des dehors spécieux.Le Caprice regle leurs Vœux, Ou la vanité les fait naître. Volages, Ingrats, orgueilleux, Leur cœur préfére au plaisir d’estre heureux Le Faux honneur de le paroître ; Et le plus modeste d’entr’eux Sur cet article est petit-maître.

Zeneïde.

Que c’est penser bien faussement ! Ah ! Si je joüissois du plaisir d’estre aimée, Je sçaurois renfermer ce secret important Entre mon coeur et mon amant.

La Feé.

En fin, il ne vous a point veuë, Lemasque a voilé vos attraits, Et cependant son ame s’est émuë ? Par ses adieux, par Ses regrets, J’ai vû combien pour vous elle estoit prévenuë.

Zeneïde.

Je m’en êtois aussi bien apperçûë. D’ailleurs, ce qu’il m’a dit tout bas,…. Tous les hommes n’ont point cet air tendre et timide.

La Feé.

A nous tromper ils trouvent tant d’appas, Que ce plaisir est le seul qui les guide.

Zeneïde.

Tenez, s’il en est un qui ne soit point perfide, Je gagerois qu’Olinde ne l’est pas.

La Feé.

Eh bien, éprouvons sa tendresse. Gardez-vous de luis découvrir Combien pour lui vôtre coeur s’intéresse. Et cependant pour obéir Aux ordres absolus d’Urgande, A vôtre amant cachez vôtre beauté. Tâchez de l’enflammer comme elle le commande ; Que le masque avec fermeté Dérobe à ses regards……
Scene II.

Gnidie. La Feé. Zeneide.

Gnidie.

Zeneïde…. Ah ! Madame, Pardonnez-moy,…. Je ne vous voyois pas.

La Feé.

Qu’avez-vous donc ? D’où naist cet embarras ?

Gnidie.

Rien n’est égal au trouble de mon ame. J’ai vû dans les Jardins…..Son air est enchanteur….. Dieux ! Que sa figure est jolie ! Vous m’acusez peut-être de folie….. Mais je l’ay vû, vous dis-je, et j’en crois bien mon cœur.

La Feé.

Qui donc avez-vous vû, Gnidie ?

Gnidie.

Un jeune homme charmant. Faut-il le répéter ?

Zeneïde – à la fée.

Ah ! c’est luy ; je n’en puis douter.

Six

La Feéà Gnidie.

Et vous auroit-il apperçûë ?

Gnidie .

Je me flatte bien qu’il m’a veuë ; Mais je n’oserois l’assurer. Il êtoit encor loin… j’êtois si négligée… J’ay fuy pour aller me parer. Si j’eusse esté mieux arrangée…..

La Feé.

J’entends ; vous auriez pris grand soin de vous montrer ?

Gnidie -vivement.

Pour le revoir je vais me préparer.

à Zeneïde.

Si je prenois l’habit et la coëffure Que je portois lors qu’on fit mon portrait ? Je préfére cette parure.

à la Feé.

Elle est de vôtre goust, et me sied tout-à-fait. Adieu ; je vole à ma toilette.
Scene III.

La Feé. Zeneïde.

Zeneïde.

Ah ! Madame, elle luy plaira. Dessendez-luy….

La Feé.

Quoy, ma fille, déjà Un soin jaloux vous inquiéte, Rassurez-vous.

Zeneïde.

Sans ce masque importun,… Ou si Gnidie en avoit un, Je ne la redouterois guére : Mais elle est belle ; elle voudra lui plaire ; Olinde verra ses appas…..

La Feé.

Qu’importe S’il vous aime ?

Zeneïde

Il peut changer pour elle.

La Feé.

Aux ordres d’Urgande, en ce cas Il est aisé d’etre fidelle. Vous serez belle, au moins.

Zeneïde.

Et s’il ne m’aimoit pas, Que m’importeroit d’estre belle ?

La Feé.

J’entends du bruit.

Zeneïde.

Le coeurs me bat. C’est luy.

à la Feé qui sort.

Quoy, vous m’abandonnez ?

La Feé.

Il vient. Soyez prudente. Vous m’entendez.
Scene IV.

ZeneïdeSeule, et remettant son masque.

Hélas ! je craignois aujourd’huy De le revoir trop tard au gré de mon attente ; Et maintenant inquiéte, tremblante……

Sept

Scene V.

Olinde. Zeneïde.

Olinde.

Je la revois !... Zeneïde, c’est vous ? Que ce moment est flatteur pour ma flâme ! Je Soupirois aprés un bonheur aussi doux ; Et je sentois vers vous voler mon ame :

Zeneïde.

Tout ce qu’il dit, je le ressens.

Olinde.

Mais quoy ! pour prix d’une ardeur aussi tendre, Vous détournez de moi ces regards si touchans ; Vous paroissez ne pas m’entendre.

Zeneïdeen se retournant

Pardonnez-moi ; je vous entends.

Olinde

Que vois-je ? O ciel ! ce masque insuporttable A mes regards encor dérobe vos attraits ? Eh ! Ne dois-je vous voir jamais Que sous un voile impénétrable ?

Zénéïde.

Hélas ! j’en suis fâchée, et je désirerois Vous voir avec moins de mystére : Mais…..

Olinde.

Eh bien ?

Zeneïde

Oh ! je sçai me taire. pas faisant un mouvement pour sortir. Il faut la fuïr, je me perdrois. Avec trop de plaisir je Sens que je l’écoute. Olinde, laissez-moy. Par une feinte ardeur, Vous voulez me tromper sans doute.

B.

Olinde.

Moy, vous tromper ?

Zeneïde.

La Feé a, par bonheur, Eu l’attention de m’instruire. Ce desir curieux, ce langage flateur, Sans elle auroient pû me séduire…. Encore un coup, Olinde, laissez-moy.
Je scay que l’homme le plus sage Est ingrat, perfide, ou volage ; Et vous me manqueriez de foy.

Olinde.

Ah, Zeneïde, quel langage ! un tel soupçon m’accable de douleur. On connoit peu les hommes à mon âge ; Mais croyez-en mon témoignage, Ils vous ont esté peints avec trop de rigueur. Les Vices ne sont point leur unique appanage ; Quelques vertus parlent en leur faveur ; Et la constance au moins doit estre leur partage, Si je juge d’eux par mon coeur. Daignez donc me rendre justice ; Arrachez ce masque odieux ; A mes desirs soyez en fin propice. Zeneïde, ces traits qui combleroient mes vœux. S’ils êtoient offerts à mes yeux, Par vos refus font mon supplice. Est-ce par haine, ou par caprice, Que vous me rendez malheureux ?

Zeneideportant la main à son masque.

à part.

Je céde à son ardeur extrême….

retirant sa main avec précipitation

S’il me trompoit ! … S’il Se trompoit-lui=même !...

Olinde

Que vois-je ? Ce trouble flatteur Vous parle-t’il en ma faveur ?

Zeneïde.

à part les 2 p.°vers.

Je ne sçais où j’en Suis, et ma raison S’oublie. Ah ! s’il s’appercevoit !... Me serois-je trahie ?

à Olinde

Je ne vous aime pas, au moins.

Olinde.

Je ne le vois que trop, ingrate, Je vous déplais ; vous rejettez mes soins!....

Zeneïde.

Que dites-vous ?

Olinde.

Mon desespoir vous flatte, Vous me le faites trop sentir : Oüy, vous me haïssez… Eh bien, il faut vous fuïr.

Zeneïde.

Mais je ne vous hay point ; je le Sçai bien, peut=être.

Olinde

Par mon amour laissez-vous donc fléchir.

Zeneïde – Se laissant tomber dans un fauteüil

à part. De mon Secret mon cœur n’est plus le Maître. à Olinde Olinde, vous m’aimez ?

Olinde

Pouvez-vous en douter ?

Zeneïde

Prouvez-le moi par vôtre obéïssance.

Olinde

Commandez, je puis tout tenter.

Zeneïde.

Je dois cacher mes traits, et garder le silence

Olinde.

Ah ! Zénéïde, voulez-vous

neuf

Desespérer un cœur qui vous adore ? Pourquoy voiler vos appas les plus doux ? Pourquoy ce masque que j’abhorre, Quand l’amour seul est entiers avec nous ?il se met à sesgenoux. Je vais mourir à vos genoux, Si je n’obtiens la faveur que j’implore.

Zénéïde.

Ah !

Olinde.

Ce soupir est-il favorable à mes feux ? Montrez-vous, et je suis heureux ; Cédez à mon impatience.

Zeneïde.

à part.

Hélas ! S’ils sont tous si pressans, Contre eux de quel secours peut-estre la prudence ?

Olinde.

Ma chere Zeneïde…..

Zeneïde.

Olinde … Ah, quels momens !

Olinde.

Qu’ils seroient doux pour moi sans vôtre resistance !

Il se leve pour luy ôter son masque.

Ah ! permettez….

Zeneïde.

Non, je vous le deffens.

Olinde Continuant.

O Ciel ! quelle injuste défense !

Zeneïdeen se deffendant.

Olinde, finissez.

Olindeavec plus d’ardeur.

Mes feux sont trop ardens Pour cet effort d’obéïssance. Je meurs des transports que je sens.

Zeneïde vivementSe levant avec précipitations.

C’en est trop. Arrêtez, ou craignez ma Colére.

Olinde.

Quoy ! ne peut-il m’être permis ?.....

Zeneïde.

J’ai le courage nécessaire Pour me cacher, et pour me taire, Quand vous cessez d’estre Soumis.

Olinde.

Vous le voulez ; malgré moy j’obéïs : Mais j’entrevois le fonds de ce mystére.

Zeneïde.

Eh ! qu’entrevoyez-vous ?

Olinde - à part.

Piquons Sa vanité.

Zeneïde.

Parlez.

Olinde.

Puisque je suis forcé d’estre Sincére, On ne Se cache point quand on a de quoi plaire.

Zeneïde piquée.

Ainsi vous augurez fort mal de ma beauté ?

Olinde

Mais sans le croire…. Je soupçonne

Zeneïde.

Fort bien ; j’entends cette Sincérité.à par.Ah, si j’osois ! … mais non ; du moyen qu’il me donne Profitons pour sonder les replis de son coeur.hautVôtre soupçon n’est que trop verittable. Olinde, à cet aveu vous forcez ma candeur. Il est trop vray, pour mon malheur,

dix

Que mes traits n’ont rien d’agréable. Voilà tout mon secret.

Olinde.

Non je ne vous crois pas. Mon coeur me parle ; il me peint vos appas ; Et c’est luy seul que j’en veux croire.

Zeneïde..

Vos Soupçons

Olinde.

J’esperois de vraincre vos refus, En intéressant vôtre gloire.

Zeneïde.

Ils sont fondez….

Olinde.

N’en parlons plus. Ils êtoient feints : perdez-en la mémoire.

Zeneïde.

Ils n’ont pour moi rien d’offensant. La beauté me rendroit peu vaine. C’est une fleur qui flatte, et qui plaist un instant ; Mais qui périt presque en naissant ; Et ma laideur ne me fait point de peine.

Olinde.

Ah ! vous avez beau dire, et je ne vous crois point. Non, la femme la plus sincére Ne le fut jamais sur ce point. La plus laide croit le contraire. Vous estes belle, et très-sûre de plaire ; Vôtre miroir vous l’a dit trop souvent : J’en jurerois, s’il êtoit nécessaire, Sur vôtre discours seulement.

Zeneïde.

Vôtre obstination m’excéde. Je me connois, apparemment ;
Et je vous dis que je suis laide. Plus de dispute, ou…. je me fâcherai.

Olinde.

Vous m’y forcez ; eh bien, je vous croiray.

Zeneïde.

bas

. Vous me croirez ! Il le pense, le traître !

à Olinde, timidement.

Et cet amour qu’avoit fait naître Un vain phantôme de beauté Dont vôtre coeur s’êtoit flatté Avant que de me bien connoître, Apparemment va disparoître Avec l’erreur qui l’avoit enchanté ?

Olinde.

Non. Mon amour sera toûjours le même. Vous voulez en vain m’allarmer. Fussiez-vous laide…. Je vous aime, Et je ne cesserai jamais de vous aimer.

Zeneïde.

Quoy ! Si j’êtois d’une laideur extrême’…..

Olinde.

Mais vous ne l’êtes point.

Zeneïde.

Enfin si je l’êtois !

Olinde.

Je sens que je vous aimerois.

Zeneïde.

à part.

Je joüis d’un bonheur suprême.

à Olinde.

Olinde, est-il bien vray ? Ne vous trompez-vous pas ? D’un tel effort un homme est-il capable ?

Olinde.

Soit que le masque favorable Vous prête à mes yeux des appas,

onze

Soit qu’il couvre un visage aimable, Par un penchant insurmonttable Auprés de vous je me sens arrêté. Ce son de voix, cette ingénuité, Vos graces, vôtre esprit, ce sourire agréable, Ces regards, qui malgré ce masque qui m’accable, Portent le sentiment jusqu’au fond de mon coeurs, Me font trop éprouver que leur appas vainqueur, Même sans la beauté, vous rendroit adorable.

Zeneïde.

C’en est assez ; je suis dans un ravissement…. Olinde !... O ciel ! quelle est ma joye ! Je vais trouver la Fée : il faut que je la voye… Olinde, attendez un moment.

Olinde.

Ah ! permettez-moy de vous faire suivre.

Zeneide.

Non ; demeurez. Je reviens àdans l’instant.

Elle Sort.

au fond du théatre, avant de sortir.

Ne vous en allez pas, au moins.
Scene VI.

Olinde Seul.

Ah, quel tourment ! Dans cet êtat je ne sçaurois plus vivre. Est-il bien vray qu’elle ait dit son secret ? Seroit-elle laide en effet ?... Qu’importe après tout ? je l’adore…. Pourvû qu’elle m’aime à son tour, Je luy feray garder le masque tout le jour. Mais quelqu’un vient.
Scene VII.

Gnidie. Olinde.

Olinde.

Est-ce Venus, ou Flore ?

Gnidie.

C’est luy-même. Approchons, qu’il puisse voir mes traits.

Olinde à par.

Quelle parure ! et quels attraits ! Que cet ajustement sied bien à son visage ! Zeneïde sans ces aprêts Me plaist cependant davantage.

à Gnidie.

On doit goûter ici le bonheur le plus doux, On doit y rencontrer tous les plaisirs ensemble, Si les objets divers que la Fée y rassemble, Sont tous aussi charmans que vous.

Gnidie.

Vous me trouvez donc bien ? Ah, qu’un homme est aimable ! Croiriez-vous que dans ce séjour Personne ne m’a dit encor rien de semblable ?

Olinde.

On est donc peu galand ?

Gnidie.

Et fort peu vérittable. La Fée a seulement des femmes à sa cour : Elles me controlent sans cesse. Venus viendroit qu’elles secroiroient mieux. Un rien aigrit leur esprit envieux ; Et quelque chose en moi toûjours les blesse. Je leur rends bien aussi tendresse pour tendresse, Et je les juge à la rigueur. Sur ce point-là je n’ay point de scrupules. Par leur figure, ou leur humeur, Je les vois toutes, par bonheur, Sottes, laides, ou ridicules ; Et je les hais de tout mon cœur.

douze

Olinde.

à part.

Le charmant naturel ! Elle ressemble aux autres ; Elle est de plus de bonne foy.

haut.

Mais dans ce palais, dites-moy, Ne voyez-vous des charmes que les vôtres ? N’est-il point quelque objet que vous pûssiez loüer ?

Gnidie.

Mais j’y vois tant de monde, et d’ailleurs je Suis bonne… Je suis pourtant contrainte d’avoüer Que je n’y rencontre personne Dont les défauts ne frappent mes regards. La Feé est, par éxemple, injuste, impérieuse ; Pour nous à tous moment elle manque d’égards. Floride que l’on vante, est belle, généreuse ; Et sa taille majestueuse Au premier abord ébloüit. Mais la voit-on de prés, bientost le charme fuit. Un dehors apprêté cache une ame orgueilleuse ; Son ton rebute, choque, aigrit ; Elle est méchante, ingrate, dédaigneuse ; L’impertinence, en un mot, l’enlaidit.

S.

Ainsi des autres. La Nature De mille attraits en vain les embellït, Elles déparent leur figure Par les travers de leur esprit.

Olinde.

Vôtre pinceau ne flatte guére.

Gnidie.

Il est moins malin que sincére. Je peins d’après l’original.

Olinde avec timidité.

Et Zeneïde !

Gnidie.

Eh mais…. elle est en droit de plaire. Je la trouve assez bien ; son esprit est égal ; Elle a d’ailleurs un fort bon caractére.

Olinde bas.

Elle est laide, la chose est claire, Puisqu’elle n’en dit point mal. Vous l’aimez donc beaucoup ?

Gnidie.

Oüy, tout le monde l’aime.

Olinde – bas.

Voilà du moins mon goust justifié.

Gnidie.

La Fée a pour nous deux des momens d’amitié. Sa bonté pour lors est extrême. Peindre et broder font ses amusements. Elle a voulu dans un de ses momens Faire mon portrait elle-même. Il est vrayment joli. Les ornemens sur tout…. Je vous le feray voir. Je vous crois de bon goût. Eh bien, dans ce palais, soit basse jalousie, Ou défaut de discernement, La seule Zeneïde,oüy, seule éxactement, Fut assez juste, ou bien assez polie, Pour me trouver encore plus jolie, Que ce portrait qu’on vantoit tant.

Olinde.

Sans doute elle dut juste autant que bonne amie ? Et pour peu qu’il soit ressemblant….

Gnidie.

Oh ! Ce n’est pas en beau qu’il me ressemble. Je vous l’ay dit, vous le verrez ;

treize

Comme elle vous en jugerez. Nous nous retrouverons quelqu’autrefois ensemble. Mais, je vous prie, êtes-vous seul ici ? Nous n’allons que par compagnie : Apparemment les hommes vont ainsi. sont vos compagnons ? Vous me trouvez jolie. Ils auront de bon yeux aussi.

Olinde à part.

Ah, quel fonds de coquetterie !

haut.

Je suis arrivé seul.

Gnidie.

Quoy, seul dans ce palais ?

Olinde.

Oüy, seul éxactement exactement ouy, seul cela vous mortifie ? Pour la gloire de vos attraits, C’est trop peu que de mon suffrage.

Gnidie.

Je ne dis pas cela. Mais enfin….je voudrois….

Olinde.

Forcer tout à vous rendre hommage.

Gnidie.

La Feé approche ; adieu. Je vous quitte à regret.

à part.

Je vois qu’il me trouve charmante. Courons à Zeneïde apprendre ce secret ; J’en veux faire ma confidente.
Scene VIII.

Olinde- Seul

Que Zeneïde est différente ! Les qualitez du coeur sont les seuls vrais trésors : Sans elles, la beauté cesse d’estre piquante.
Scene. IX.

La Feé. Olinde.

La Feé en entrant.

J’ay pour un temps retenu ses transports. Je veux le voir moy-même, avant qu’elle S’expose

Olinde.

De mes chagrins vous connoissez la cause. Le pouvoir de vôtre art sans doute dans mon coeur Vous fait lire comme moy-même. J’attends de Zeneïde et de vous mon bonheur.

La Feé.

Je vous ay transporté dans ce séjour aimable Dans le dessein de vous unir tous deux. Espérez tout, si d’un amour durable Vous sentez les sincéres feux.

Olinde.

Quoy ! je pourrois me flatter d’être heureux ?

La Feé.

J’ignore si pour vous son ame s’intéresse. Il me suffit, pour vous unir, De connoître vôtre tendresse. Zeneïde en bien neé, et sçaura m’obéïr.

Olinde.

Ah ! Madame, qu’osez-vous dire ? Sa main est le Seul bien que mon ame desire. Mais de vôtre pouvoir (en dussay-je périr) Je n’attends point le bonheur ou j’aspire. Ce n’est que de son coeur que je veux l’obtenir.

quatorze

La Fée.

J’aime à trouver en vous cette délicatesse. Mais éxaminez-vous. Parlez-moy franchement. Zeneide a de la jeunesse, Des graces, de l’esprit, beaucoup de Sentiment ; Mais voilà tout ; et sa laideur est telle…

Olinde.

Elle est donc laide, absolument ?

La Feé.

Oüy, je vous en ferois un portrait infidelle Si je la peignois autrement.

Olinde.

Avec de Si beaux yeux, peut-on n’estre pas belle ?

La Feé.

Mais d’où naist cet êtonnement ? Sur ce point, elle a dû vous parler sans mystére.

Olinde.

Ah ! je ne sçay. Mon amour se flattoit… J’esperois qu’elle me trompoit. Sur sa laideur, este-vous bien sincère ?

La Feé.

Vous en serez sans doute revolté.

Olinde.

Non. Ses graces, son caractére, M’ont séduit ; j’en suis enchanté. Et dans le fonds ; la solide beauté N’est autre que le don de plaire. Qu’elle paroisse donc ; et je vais à vos yeux Luy consacrer mon amour et ma vie.

La Feé.

Si vous voyiez avant !...Oüy… Ce seroit bien mieux J’ai sur moy son portrait.

Olinde avec empressement.

Madame, je vous prie, Permettez-moi de le voir un instant.

La Feé.

haut ce premier mot. à part.

b.

Teney. Il va subir une épreuve cruelle ; Mais le bonheur de tous deux en dépend.

Olinde presque effrayé.

Que vois-je ? O ciel ! Est-ce bien elle ?

La Feé malignement.

Elle est flattée un peu ; mais un peintre prudent Doit quelque fois embellir son modelle.

Olinde.

Et ce portrait, dites-vous, est flatté ?

La Feé.

Sans doute. Eh quoy ? Déjà vous voilà rebuté ? A vos transports un froid mortel succéde ?

Olinde.

Il faut en convenir, je la croyois moins laide.

La Feé.

Je vous l’avois bien dit ; ses traits sont odieux. Avoüez maintenant que cette ardeur si tendre Est déjà loin….

Olinde

Ce sont pourtant ses yeux ; Et tous ses traits, à le bien prendre, Ne sont point mal.

La Feé.

Mais l’ensemble est affreux.

Olinde.

Affreux ! C’est trop. Sa laideur….

La Feé.

Est extrême.

quinze

Olinde.

Elle n’a rien dans le fonds de choquant.

La Feé.

Quoy ! Vous trouvez ?...

Olinde.

Et j’y remarque même Quelque chose d’assez piquant. Examinez, Madame, cette bouche.

La Feé.

La bouche est assez bien.

Olinde.

Mais je vous dis fort bien. Elle a ce sourire qui touche, Qu’on ne peut comparer qu’au sien.
Scene 10. e

Zeneïde. Gnidie. La Feé. Olinde.

Zeneïde toûjours masquée.

Madame, il me trompoit, il adore Gnidie.

à Olinde.

Ah, vous voilà !

Gnidie- à olinde

Vous me trouvez jolie ? N’est-il pas vray que vous me l’avez dit ?

Olinde - froidement.

Je vous l’ai dit, et je vous le répéte.

Zeneïde à la Feé.

Même à mes yeux il me trahit.

Olinde à Gnidie.

Vôtre figure est sans doute parfaite : Pour la trouver ainsi le seul bon goust suffit.

Gnidie à Zeneïde.

Eh bien ; vous trompois-je, ma chére ? Allez, je suis sure de plaire ; Et j’en crois mes attraits moins que vôtre dépit.

La Feéà Zeneïde.

Quoy, vous pleurez ?

Zeneïde.

Je suis desesperée.

Olinde.

Zeneïde !...

Zeneïde.

Que je la hais !

La Feé.

Icy toutes vivoient en paix ; Un jeune homme survient, la guerre est déclarée.

Olinde.

Vous pouvez soupçonner ?...

Zeneïde.

Oh ! je vous connois bien. N’espérez pas de me tromper encore. Mais quel est ce portrait ? C’est sans doute le sien ?

Olinde.

C’est le portrait de celle que j’adore.

Gnidie d’un air reservé.

Quoy ! Madame si tost vous a donné le mien ?

Olinde.

Vous vous trompez ; et c’est celui d’une autre.

Gnidie.

Il extravague, et je n’y comprends rien.

Zeneïde.

Mais ce portrait, quel est-il ?

Olinde.

C’est le vôtre.

Seize

Zeneïde.

elle prend le portrait.

Le mien ? Je veux le voir.

La Feé.

Il va lui faire peur.

Zeneïde.

O ciel ! Quelle est cette imposture ? C’est un vrai monstre de laideur.

Olinde.

Mais point du tout.

Zeneïde.

C’est elle, j’en suis sûre, Qui m’a joüé ce tour sanglant. Elle trouve son compte à m’avoir enlaidie.

Gnidie.

Je luy plais soussupercherie, Et je triomphe en me montrant.

Olinde.

Enfin ce portrait, je vous prie, Qu’a-til donc de si déplaisant ?

tendrement.

Il est le vôtre ; et mon ame ravie…

Zeneïde.

Finissez la plaisanterie.

Olinde.

Je ne plaisante point.

Zeneïde.

Quel procédé choquant !

Olinde à la Feé.

Madame, expliquez donc…

La Feé en riant.

Sur ce point important Nous n’entendons point raillerie.

Zeneïde.

Je suis outrée ; et mon dépit…

dixsept

La Feé en riant.

Un peu moins que vôtre portrait.

Olinde.

Est-ce une illusion flateuse ? Je n’ay rien vû de si parfait.

Gnidie.

Le sot ! En ma presence il vante Zeneïde.

Zeneïde.

Quoy, je ne suis point laide ?

Olinde.

Ah ! le jour est moins beau. Mais ces attraits, à l’amour qui me guide Ne prêtent point un feu nouveau.

Zeneïde à la Fée.

Je l’aime, je l’ai dit et je suis encor belle ; Il n’est donc point perfide ?

La Fée – en riant.

Eh mais… il le soutient.

Gnidie.

C’est maintenant qu’il le devient.

Olinde à Zeneïde.

Madame est le témoin de mon ardeur fidelle.

Zeneïde.

Mais Gnidie ?...

Olinde.

Il est sûr que je n’aime que vous. Je vous le jure à vos genoux.

Gnidie.

Quoy vous changez ainsi ! Car vous m’avez aimée.

Olinde.

Sans que l’ame soit enflammée, On peut loüer de bonne foy.

Gnidie.

Ah. le volage.

dixsept

La Feé en riant.

Un peu moins que vôtre portrait.

Olinde.

Est-ce une illusion flateuse ? Je n’ay rien vû de si parfait.

Gnidie.

Le sot ! En ma presence il vante Zeneïde.

Zeneïde.

Quoy, je ne suis point laide ?

Olinde.

Ah ! le jour est moins beau. Mais ces attraits, à l’amour qui me guide Ne prêtent point un feu nouveau.

Zeneïde à la Fée.

Je l’aime, je l’ai dit et je suis encor belle ; Il n’est donc point perfide ?

La Fée – en riant.

Eh mais… il le soutient.

Gnidie.

C’est maintenant qu’il le devient.

Olinde à Zeneïde.

Madame est le témoin de mon ardeur fidelle.

Zeneïde.

Mais Gnidie ?...

Olinde.

Il est sûr que je n’aime que vous. Je vous le jure à vos genoux.

Gnidie.

Quoy vous changez ainsi ! Car vous m’avez aimée.

Olinde.

Sans que l’ame soit enflammée, On peut loüer de bonne foy.

Gnidie.

Ah. le volage.
Scene XI

La Feé. Zeneïde. Olinde.

Zeneïde.

Et le portrait ?

La Feé.

C’est moy, Qui voulais l’éprouver. Cessez d’être allarmée. Heureusement, mes soins ont réüssi.

Olinde.

Eh, pourquoi m’éprouver ainsi ? Quoy ! vôtre art dans les coeurs ne vous fait-il pas lire ?

La Feé.

Mon art est soumis à l’amour. Mais ne songeons plus encejour Qu’à couronner les feux qu’il vous inspire.

Zéneïde.

Je puis donc, sans trembler, vous aimer, vous le dire.

Olinde.

Je vous adore, et vos divins appas Sont de nouveaux biens que j’admire : Mais je ne les desirois pas.

La Feé à olinde.

Vôtre ame s’est renduë à des charmes durables : Ceux qu’offre la beauté sont bien moins désirables, Et s’envolent avec les ans. Un solide bonheur sera Vôtre partage ; Et l’amour, de vos coeurs guidant les sentimens, Triomphera jusqu’au declin de l’âge, Et de l’habitude, et du temps.

Fin.

J’ay lu par ordre de Monsieur Le Lieutenant général des une comedie qui a pour titre Zéneïde et Je crois que

l’on peut en permettre la représentation ce 1 er may 1943 Crébillon

Avec l’aprobation permis de

a Paris le 3.

May 1943. m

18

Qu’à ma voix, ces lieux s’embellissent !Vous, qui vivez heureux sous mes commandemens,Venez, rassemblez-vous ; que vos chants applandissent A la félicité de ces tendres amans.

Divertissement.

Scene XI

La Feé. Zeneïde. Olinde.

Zeneïde.

Et le portrait ?

La Feé.

Ce pointc'est moi Ne regarde que moy.Qui voulais l’éprouver. Cessez d’estre alarmée. Cessez d'être alarmée. Je voulois l'éprouver; Heureusement, mes soins ont réüssi.

Olinde.

Eh, pourquoi m’éprouver ainsi ? Quoy ! vôtre art dans les coeurs ne vous fait-il pas lire ?

La Feé.

Mon art est soumis à l’amour. Mais ne songeons plus encejour Qu’à couronner les feux qu’il vous inspire.

Zéneïde.

Je puis donc, sans trembler, vous aimer, vous le dire.

Olinde.

Je vous adore, et vos divins appas Sont de nouveaux biens que j’admire : Mais je ne les desirois pas.

La Feé à olinde.

Vôtre ame s’est renduë à des charmes durables : Ceux qu’offre la beauté sont bien moins désirables, Et s’envolent avec les ans. Un solide bonheur sera Vôtre partage ; Et l’amour, de vos coeurs guidant les sentimens, Triomphera jusqu’au declin de l’âge, Et de l’habitude, et du temps.

Fin.

J’ay lu par… de Monsieur Le Lieutenant général des … une comedie qui a pour titre Zéneïde et Je crois que

l’on peut en permettre la représentation ce 1 er may 1943 Crébillon

Avec l’aprobation permis de

a Paris le 3.

May 1943. m

18

Qu’à ma voix, ces lieux s’embellissent ! Vous, qui vivez heureux sous mes commandemens, Venez, rassemblez-vous ; que vos chants applandissent