1
lettres de
Romans, &c.
2
rectifier mon adresse
M° je vois dans la
le hazard a fait ton
secretaire de l’abbé de
vie de
manuscrit de lettres inedites de en 1782
ce manuscrit étoit estet approuvé par
le censeur Mr
qui a dit qu’on en peut permettre tacitement
26[1]
en résumé la lettre 215 doit commencer par les
cinq premiers vers de la lettre 261
ainsi donc.
Je n’ai pas sous la main la correspondance de
mais ainsi je ne puis pas verifier si une lettre autographe
que je possede dans une collection est inedite. Elle est
adressée par Mr de
lui avait envoyé son ouvrage de l’homme moral. Si
elle peut vous etre agreable je vous enverrai
une copie ainsi que de celle de
qui n’est pas sans merite.
N
M
3
Renouard. Tome 46 correspondance
Lettre 215. (la lettre 261 doit faire partie du n°215°)
commence par les cinq vers de la lettre 261
Ainsi donc vous quittez
Ensuite le premier alinea de la lettre 215. apres cet
alinea qui finit aux mots les femmes d’ avignon vient
Au portrait que vous faites &c. et les 10 vers
qui suivent. La version du texte est ensuite
differente voici celle que j’ai.
Pour moi, Monsieur &c. ― me le faire aprehender
vous savez que l’epitre a
d’ailleurs je craindrois plus pour l’auteur de la
henriade où les papes sont mal menés que pour l’auteur
de l’epitre où il n’est question que de la religion ;
mais quoiqu’il en soit je ferois hardiment le voyage
de
et nulle devotion je serois tres bien reçu
Nous ne sommes pas dans le tems
d’une ignorante barbarie
ou l’on faisoit bruler les gens
pour un peu de philosophie
aujourd’huy les gens de bon sens
ne sont brulés qu’en l’autre vie.
on a déjà enlevé a
Les 4 vers doivent etre supprimes ayant été mis avant
Dans le premier alinea du n°215. dans les mots c’est une femme
que l’on ne connoît pas. Il y a un o au lieu d’un a
que vous avez mis.
nouvelle ortographe | 2eme alinea de 215° paroisse et [angloise] avec o françois
à la fin de la lettre apres la citation latine
adieu le papier me manque vale
dans la lettre 225° meme volume
le dernier vers de la premiere piece est ainsi
ou de villars ou de l’amour
tome 52
la lettre 190 doit etre adressée à l’abbe et non
au
dans cette derniere page 544 ligne deux 2 il faut
ligne 8
tem ― porelle qui vaut un peu mieux
l’ortographe qui substitue ai a oi dans une foule de mots
2
4
Preface de l’editeur
Les ecrits qu’un auteur publie ne sont
d’ordinaire que le masque sous lequel il
nous presente son cœur. C’est dans une
correspondance intime et secrette qu’il se
dévoile en liberté.
Les lettres de
Moussinot
fameux trés occupé du soin de sa fortune.
Les services même qu’il rend ne paroissent
rien moins que désintéressés.
D’autres lettres imprimées du vivant de
M. de
loin de le peindre en beau.
Celles dont je fais part actuellement
au public, bien superieures aux precedentes
par leur stile ou par leur objet, n’offrent
que peu de traits de la fausseté du
[paraphe]
pretendu philosophe. On y reconnoît partout
le bel esprit rare qui converse avec un
homme d’esprit.
J’ai joint a ce recueil un petit poëme
fort agréable que
manuscrit et qu’il dont il m’a dit plusieurs
fois que
chose ne paroitra douteuse à personne.
Après les lettres de
le public verra sans doute avec bien du
plaisir celles de son illustre amie. C’est
un tresor veritablement precieux pour les
litterateurs. Elles nous entretiennent
fidélement de ce grand poëte dans les
tems les plus agités de sa vie.
Si quelqu’un me blâme d’avoir
mis au jour une correspondance destinée
à rester secrette ; c’est à coup sûr un de
ces êtres interessés à cacher leur
turpitude et qui ne voudroient laisser dans
[paraphe]
3.
5
les cœurs d’autres vertus que celles dont leur
dissimulation puisse n’avoir jamais rien à craindre.
[paraphe]
(cf. f°57, avant dernière ligne)
6
4.
du censeur
a
ainsi donc vous quittez
les belles lettres et les beaux esprits
vos etudes vos esperances
pour aller dans le doux pays
des agnus et des indulgences
Votre lettre, monsieur, pouvoit seule me
dedomager de votre charmante conversation,
la divine
etois attaché et sait à present combien
je vous regrette, elle connoit ce que vous
valez, et elle mêle ses regrets aux miens.
C’est une femme que l’on ne connoît pas
elle est assurement bien digne de votre
estime et de votre amitié. Regardez moi
comme son secretaire, écrivez lui et
[paraphe]
ecrivez moi, malgré les amusemens que
vous donnent les femmes d’Au
portrait que vous faites des habitans
mâles et femelles du petit comtat de
Je vois que le grand d’
eut aujourd’hui mal reussi
car helas qu’aurait il pu faire
avec son(1) lut et ses chansons
auprés de vos vilains gitons
et des déesses de
le pauvre homme alors confondu
eut quitté le rond pour l’ovale
et se fût à la fin rendu
heretique en terre papale.
Pour moi, Monsieur, je ne crains point
(1) dans ce vers ecrit en entier de la main de
trouve ainsi ortographié.
[paraphe]
5.
7
d’etre brulé dans les terres du
vous voulez me me faire aprehender. Vous
savez que l’Epitre a
de moi, d’ailleurs je craindrois plus
pour l’auteur de la henriade ou les
papes sont mal menés que pour l’auteur
de l’Epitre où il n’est question que de
la religion ; mais quoiqu’il en soit je
ferois hardiment le voyage de
persuadé qu’avec beaucoup de Louis d’or je serois très bien
et nulle devotion
recu
Nous ne sommes plus dans les tems
d’une ignorante barbarie
où l’on faisoit bruler les gens
pour un peu de philosophie
aujourd’hui les gens de bon sens
ne sont brulés qu’en l’autre vie.
On a deja enlevé a
[paraphe]
angloise de mes lettres. C’est une chose assez
plaisante que la copie paroisse avant
l’original. J’ai heureusement arreté
l’impression du manuscrit francois,
craignant beaucoup plus le clergé de
la cour de
Vous me demandez l’Epitre a
mais vous savez bien que c’est à la
divinité même et non à l’un de ses
pretres qu’il faut vous adresser, et que
je ne peux rien faire sans ses ordres.
Vous devez croire qu’il est impossible
de lui desobéir, vous avez bien raison
de dire que vous auriez voulu passer
votre vie auprès d’elle : il est vrai
qu’elle aime un peu le monde.
Cette belle âme est d’une étoffe
qu’elle brode en mille façons
[paraphe]
6
8
son esprit est très philosophe
et son cœur aime les pompons
mais les pompons et le monde sont
de son age, et son merite est au-
dessus de son age, de son sexe et
du notre.
J’avouerai qu’elle est tirannique
il faut pour lui faire sa cour,
lui parler de métaphysique,
quand on voudroit parler d’amour.
Mais moi qui aime assez la
metaphysique et qui préfére l’amitié
d’
aucune peine à me contenir dans
mes bornes.
[paraphe]
mes bornes.
c’est à
l’art de penser est consolant
quand on renonce à l’art de plaire
ce sont deux beaux metiers vraiment
mais ou je ne profitai guere
J’aurois du moins fait quelque
profit dans l’art de penser entre
l’admirateur de tous deux. Je
n’aurois jamais été jaloux des
preférences que vous meritez
j’aurois dit de sa maison, comme
[paraphe]
7.
9
ditior hic aut est quia doctior est ...
cuique suus.
Mais vous allez courir à
cette divine abeille va porter son
miel aux bourdons de
pour moi je reste presque toujours
dans ma solitude entre la poesie
et la philosophie.
Je connois fort
de reputation et c’en est assez
pour l’aimer, si je peux me
flatter de votre suffrage et du
sien.
[paraphe]
adieu. Le papier me manque
V
[paraphe]
8.
10
Ce lundi
Voila une fort mauvaise copie
d’Adelaide mais je n’en ai pas d’autre,
vous n’aurez pas besoin de mes vers
pour vous amuser en chemin. Votre
imagination et votre compagne de
voyage vous meneroient au bout du
monde. Cependant prenez toujours
ce chifon de tragedie pour les
quarts d’heures où vous voudrez
lire des choses inutiles. Si vous
voulez en procurer une lecture au
petit gnome1
savants, vous êtes le maitre. Quand
vous serez arrivé a
je vous prie mon ami
conseiller au Parlement. Je le croi
[paraphe]
au fonds digne de vous quoiqu’il n’ait
pas de brillant. Vous lui ferez lire
cette piece, mais point de copie. Adieu
bon voyage, mille respects, tendre
amitié.
[paraphe]
9.
11
A
Vous m’avez ecrit, Monsieur, en
arrivant et je me suis bien douté que
vous n’auriez pas demeuré huit jours
dans ce pays là que vous n’écririez
plus qu’a vos maitresses. Je vous fais
mon compliment sur le mariage de
M. votre frere mais j’aimerois encore
mieux vous voir sacrer, que de lui
voir donner la benediction nuptiale.
On s’est très souvent repenti du s.t sacrement de mariage et jamais de la s. l’onction épiscopale. Jete
viens d’écrire a M. de .... cette
petite guenille.
Vous suivez donc les étendarts
[paraphe]
de
vous vous enrolez cette année
sous Car.... et sous
Le doyen des heros, une beauté novice
vont vous occuper tour à tour
et vous nous aprendrez un jour
quel est le plus rude service
ou de ou de l’amour.
Ceci n’est bon que pour votre trinité
indulgente. Je vous destinois des vers
un peu empoulés. C’est une
nouvelle edition de
[paraphe]
10
12
contenant une Henriade pour vous et
une pour
remercie de tout mon cœur de m’avoir
procuré l’honneur et l’agrement de
son commerce, mais c’est à lui que
je dois à present m’adresser pour
ne pas perdre le votre. Il semble que
vous ayez voulu vous défaire de moi
pour me donner à
comme on donne sa vieille maitresse
à son ami. Je veux lui plaire
mais je vous ferai toujours des
coquéteries. Je ne lui ai pas pû
envoyer les Lettres en anglais, parce
que je n’en ai qu’un exemplaire.
Ni en francais parce que je n’en ai ne veux point être
qu’un exemplaire
[paraphe]
brulé sitôt. Comment
sait aussi l’anglais ! vous devriez
bien l’apprendre. Vous l’apprendrez
surement, car
appris en quinze jours, elle traduit dejà
tout courant elle n’a eu que cinq lecons
d’un maitre irlandois. En verité
et avec genie on est bien
Voulez vous des nouvelles ? Le fort
de RKell
d’
coupe les deux ailes de l’aigle
impériale en
le
que jamais. Une grande moitié de sa
[paraphe]
11
13
petite armée l’a abandonné pour aller
reçevoir une paye plus forte de l'electeur
roy.
Cependant le r
faire la cour par tout le monde, et ne se
declare encore pour personne. Les
Hollandois veulent être neutres [et
vendre librement leur poivre et leur
canelle. Les anglais voudroient secourir
l’empereur et ils le feront trop tard.
Voilà la situation presente de l’
mais à
tout celà. On ne parle que du rossignol
que chante elle de Petit pas
procés qu’à
pour le payement de ses impertinentes
magnificences. Adieu quand vous serez
Las de toute autre chose souvenez-
Vous que
[paraphe]
sa vie avec le devouement le plus tendre
et le plus inviolable.
[paraphe]
12
14
Elle est dans l’edition de
a bre 1733
J’interromps l’agonie pour vous dire que
vous êtes une créature charmante. Vous
m’avez écrit une lettre qui me rendroit la
santé si quelque chose pouvoit me guérir.
On dit que vous allez être pretre et
grand vicaire, voilà bien des sacremens
à la fois dans une famille c’est donc
pour cela que vous me dites que vous
allez renoncer à l’amour.
ainsi donc vous vous figurez
alors que vous possederez
Le triste nom de grand vicaire
qu’aussitôt vous renoncerez
à l’amour au grand art de plaire
ah tout prêtre que vous serez
seigneur, seigneur, vous aimerez
fussiez vous evêque ou St. Pere
vous aimerez et vous plairez
[paraphe]
voilà votre vrai ministère
vous aimerez, et vous plairez
et toujours vous reussirez
et dans l’Eglise et dans Cythere.
Votre prose Vos vers et votre prose sont bien
assurement d’un homme qui sait plaire.
Je suis si malade que je ne vous en
dirai pas d’avantage et d’ailleurs que
pourrais-je vous dire de mieux sinon
que je vous aime de tout mon cœur.
J’ai envoyé trois Henriades de la
nouvelle édition à
M.
M
ecris point, et à vous je ne vous
ecris gueres car je n’en peux plus. Adieu
[paraphe]
13.
15
de l’avoir perdue et d’aimer le plaisir. Vale
vale. Ne parlez pas à M
chatelet
secret qu’il faut qu’elle vous aprenne.
Adieu, je vous serai attaché tout le
tems de ma courte et chienne de
vie.
Volt.
N.a on observera que
pas alors adopté l’orthographe qui
termine avec aisubstitue ai a oi dans
la terminaison d’une foule de mots
[paraphe]
[paraphe]
14.
16
Vous remplissez, Monsieur, le devoir
d’un bon parent de
allié de
goût et par les graces ; mais parce que
je ne crois point que
assez saot pour aimer vingt ans une
ingrate. Je suis sûr que vos mémoires
vaudront beaucoup mieux que les raisons
que vous donnez de m’avoir abbandonné
si longtems ; vous n’en avez d’autre
que votre paresse.
Je suis enchanté que vous ayez
pris le parti de la retraite ; vous me
justifiez par là, et vous m’encouragez.
Si je n’étais pas vieux et presqu’aveugle
avec
[paraphe]
e dae la famigliuola sbigottitá,
che vede il caro padre venir manco.
J’irais vous voir assurement à la
fontaine de
mes vallées ne soient plus vastes et
plus belles que celles où a vècu
bords du
que les miens aux cruels vents du
Nord.
est un vaste jardin entre des montagnes,
mais la grêle et la neige viennent
trop souvent fondre sur mon jardin.
J’ai fait batir un château trés petit,
mais trés commode, où je me suis
precautionné contre ces ennemis de
la nature ; j’y vis avec une niéce
[paraphe]
15.
17
que j’aime ; nous y avons marié Mad. lle
Corneille
qui demeure avec nous ; je me suis
donné une nombreuse famille que la
nature m’avait refusée, et je jouis
enfin d’un bonheur que je n’ai jamais
gouté que dans la retraite, je ne peux
laisser la famiglia sbigottita
feriez donc fort bien, vous, Monsieur,
qui avez la santé et qui n’êtes
point dans la vieillesse, de faire un
pelerinage vers notre climat heretique.
Vous ne craindrez point le souffle
empesté de r le legat
chargera d’agnus et de reliques, vous
en trouverez d’ailleurs chez moi, et je
vous avertis d’avance, que
envoyé par
un petit morceau de l’habit de st
Francois
[paraphe]
Vous voyez que vous ne risquez rien à
faire le voyage. D’ailleurs, la ville
de
et je ne crois pas qu’on en puisse
dire autant de la ville de la
Il y a longtemps que je n’ai été à
ma petite campagne des Délices, je
donne la préférence au petit
chateau que j’ai bati, et je l’aimerai
bien d’avantage si jamais vous
daignez prendre une celule dans
ce couvent, vous m’y verrez cultiver
les lettres et les arbres, rimer et
planter.
J’oubliais de vous dire que nous
avons chez nous un jesuite qui
nous dit la messe. C’est une
[paraphe]
16
18
espece d’Hebreu que j’ai recueilli
dans la transmigration de
il n’est point du tout gênant,
non tanta superbia victis
joue très bien aux echecs, dit la ; enfin
messe fort proprement
c’est un jésuite dont un philosophe
s’accomoderait. Pourquoi faut il
que nous soyons si loin l’un de
l’autre, en demeurant sur le même
fleuve ?
Je suis bien aise que messieurs
d’A
qui leur envoye l
du l
fenêtres aux Delices. Il ne tient
qu’à vous de venir voir sa source ;
vous combleriez de plaisir votre
[paraphe]
vieux serviteur, qui ne peut vous écrire
de sa main, mais qui vous sera toujours
tendrement attaché.
V.
au e fevrier 1764
[paraphe]
17.
19
Vous avez écrit à un aveugle, Monsieur,
et j’espere que je ne serai que borgne
quand j’aurai l’honneur de vous revoir.
Soyez sûr que je vous verrai de très
bon œil s’il m’en reste un. Les neiges
du mont J
d’abominables fluxions que votre
presence guerira. Mais serez vous
en effet assez bon pour venir habiter
une petite cellule de mon petit
couvent ? Il me semble que Dieu a
daigné me pétrir d’un petit morceau
de la pâte dont il vous a façonné.
Nous aimons tous deux la campagne
et les lettres, embarquez vous sur
notre fleuve, je vous recevrai à la
descente du bateau, et je dirai
benedictus qui venit in nomine apol-
[paraphe]
-loi
Je n’ai point encor entendu parler
de votre second tome mais quand il viendra
je ne sais comment faire pour le lire.
Il y a trois mois que je suis obligé de
me servir des yeux d’autrui. Jugez s’il
y a quelque apparence au beau conte
qu’on vous a fait, que j’avais mis
quelques observations dans la Gazette
Litteraire. Je ne lis, depuis longtems,
aucune gazette, pas même l’ecclesiastique.
Il est juste que vous ayez beaucoup
de jesuites dans Ad’assouci eteux sont sauvés ils n'ont rien à craindre
les parlemens ont fait du mal à
l’Ordre mais du bien aux particuliers.
Ils ne sont heureux que depuis qu’ils
sont chassés. Mon jesuite
mal couché, mal vêtu, mal nourri
[paraphe]
18.
20
il n’avait pas un sou, et toute sa
perspective étoit la vie éternelle. Il a
chez moi une vie temporelle qui vaut assezagréableun peu mieux. Peut être que dans
un an il n’y aura pas un seul
de ces pauvres gens qui voulût retourner
dans leurs colléges s’ils etoient ouverts.
Du reste, nous ignorons, Dieu merci,
tout ce qui se passe dans le monde, et
nous nous trouvons fort bien de notre
ignorance. Le meilleur parti qu’on
puisse prendre avec les hommes,
c’est d’etre loin d’eux, pourvû qu’on
soit avec un homme comme vous.
Mon indifférence pour le reste du
genre humain augmentera quand je
jouirai du bonheur que vous me faites
esperer. Je prens la liberté d’embrasser
de tout mon cœur le parent de
[paraphe]
qui est de meilleure compagnie que
son heros.
V.
[paraphe]
19.
21
7465
Le second volume m’est arrivé, Monsieur,
je vous en remercie de tout mon cœur ; mais
remerciemens que moi. Il doit être bien
glorieux ; vous l’avez cité et c’est Mais comme je suis
assurement la premiere fois de sa vie qu’on
l’a crû sur sa parole(1).
plus instruit que lui de ce qui me regarde,
je peux vous assurer que je n’ai pas
seulement lû cet extrait de
dont vous me parlez. Il faut que ce
tant de credit en terres papales. Vous
m’avez traité comme un excomunié.
Si la seconde edition de l’Histoire
générale était tombée entre vos mains
vous auriez vû mes remords et ma
penitence d’avoir pris la rime quaternaire
V. 3.e lettre du tome 5. de l’Année litteraire de 1764.
[paraphe]
pour des vers blancs. Ces rimes de quatre
en quatre n’avaoient pas d’abord frappé
mon oreille, qui n’est point accoutumée
à cette espece d’harmonie. Je prends
d’ailleurs actuellement peu d’intérêt aux
vers soit anciens soit modernes. Je suis
vieux, faible, malade.
Je n’en dis pas demême de votre amitié,
et de l’envie de vous voir, ce sont deux
choses pour lesquelles je me sens toute
la vivacité de la jeunesse.
J’ai l’honneur d’etre, Monsieur, du
meilleur de mon cœur et sans ceremonie,
votre trés humble et trés obéissant
serviteur.
[paraphe]
20.
22
Lettre de
chanoine de ... a
au même
Monsieur
J’ai recu avec bien du plaisir et de la
reconnoissance l’exemplaire dont vous avez
bien voulu m’honorer, je n’aurois pas tant
tardé à vous en faire mes remercimens sans
les differentes affaires dont je suis accablé
depuis un an ; votre ouvrage a fait la plus
forte sensation dans la grande capitale, tous
les gens de lettres l’ont lû avec un plaisir
infini à peine eut il paru que je n’oubliai
pas de lui faire rendre l’hommage qui lui
etoit dû par
attendent avec impatience les autres volumes.
Je partage en quelque façon une portion des
lauriers dont les muses couvrent votre tête
par l’intérêt que je prens à tout ce qui
[paraphe]
vous regarde ; j’ai vû aussi dans le temps
l’abbé Arnaud
critique de l’
à ne point la faire paroître, ou qu’il la
modifiât s’il y etoit contraint par les ordres de la cour, c’est ce qu’il a fait comme vous
[paraphe]
21.
23
N.a C’est ainsi que soutient nie
sans facon a son ami, qu’il ait mis quelques
observations dans la Gazette Litteraire et il
employe pour les y faire inserer les ordres
de la cour. Voyez Gazette litteraire de
l’Europe page 392.
[paraphe]
[paraphe]
22.
24
Fragmens de deux’une lettres de
es
Sertvent à entendre certains endroits des
lettres precedentes et de celles qui
suivent.
[paraphe]
1.er
... Je voudrois bien que vous puissiez venir
ici vous mettre à l’abri de l’orage qui
gronde sur votre tête, mais vous n’y seriez
pas en sureté contre les foudres du
et les fagots de l’Inquisition vous ne
pourriez pas dire comme dassouci en y
arrivant ; me voila sauvé, Dieu merci, car je suis en terre papale. Ce même
vous un moment de moy .... &c.
2d
... nous prenons fort peu d’interêt
aux evenemens de la guerre d’
j’avoue pour moy qu’une de vos lettres me
fait plus de plaisir que la nouvelle de la
prise du c
pense à peu près de même. Il est fort
engoué de vous. L’empressement que vous
lui temoignez excite ma jalousie je cede à
la demangeaison de vous crayonner
l’homme pour qui vous me faites infidélité.
Sa figure est celle d’un gnome
il écrit à tous les savans
ceux de
il amasse à grands fraix d’antiques monumens
de discours pésans il m’assomme
il mange et dort voilà votre homme
&c.....
[paraphe]
23.
25
[paraphe]
[paraphe]
24.
26
On imprime ici les vers suivans sont
de
occasionné ceux de
à leur intelligence
Vers de
La fleur des enfans du Parnasse
est arrivée en ces quartiers
mais la cabale en vain pourchasse
un jeune front ceint de lauriers.
Les generaux de cette armée
s’empressent à qui l’heberger
il est grace à la renomée
mille Admetes pour ce berger.
Te voici donc Seigneur
ma foi tu sois le bien venu
mais qu’il soit dit sans te déplaire
que ton dessein nous est connû.
[paraphe]
[Pour te faciliter l’histoire
de chacun de nos generaux
un soldat que l’on en peut croire
fait leur portrait en peu de mots.
C’est d’
qui succède au feu general
le seul royaume de
a droit de lui vouloir du mal.
Vigilant, froid, infatiguable
habile, bon ingénieur
aux ennemis insupportable
dans le combat mauvais railleur
est aussi devant
rien que de grand ne peut éclorre
de la race de
[paraphe]
25.
27
Le nouveau chevalier de l’ordre
sur qui malgré tant de rivaux
l’envie encore n’a pu mordre
en merite a bien peu d’égaux.
Tu t’attends que je te le nomme
mais non je ne le ferai pas
devine eh bien la c’est cet homme
qui sort de tous les embarras.
C’est ce dragon, ce capitaine
dont T
et qui fait dans une semaine
ce que d’autres font en un mois.
Jadis favori de ton roi
Clermont toujours digne de l’etre
ta valeur fait parler de toi
plus que le sang qui te fit naître.
[paraphe]
pour faire trembler les Germains
sang des rois dont les moins illustres
sont faits pour regir les humains.
Tant d’autres enfin dont l’histoire
honorera leurs descendans
et dont les noms à ma mémoire
se refusent à contretems.
Tu veux encor savoir peut etre
combien nous avons de soldats
autant que d’hommes mon cher maitre
quoique gascon je ne ments pas.
Mais encor qui peut faire vivre
ce nombre infini de guerriers
garde lui place dans ton livre
car il merite des lauriers.
[paraphe]
26
28
C’est l’un de ces freres uniques
qui quatre jadis n’ont fait qu’un
bons financiers – bons politiques
pensant au dessus du commun.
Consultés par les plus grands princes
dans des tems remplis d’embarras
et qui regiroient cent provinces
surs de ne point faire un faux pas.
Mais tout
que fait donc
tout ce qu’il faut qu’on en attende
il soupire après les combats.
Il veille, il travaille sans cesse
homme de tête homme de main
tous les jours il entend la messe
et jeûne comme un capucin.
En un mot voici la justice
que lui rend le camp tout entier
[paraphe]
Vers sur le même sujet et
relatifs aux precedens.
Par
Les heros du
a
Je suis trop bon francais seigneur
pour voir sans honte et sans aigreur
cette impertinente ecriture
dans tout
oh ciel ! quelle pesante main
barbouille nos heros du
un sot eloge est une injure
à punir comme un trait malin
ch. monsieur de l’academie
[paraphe]
27.
29
Laissez les chansons aux grivois
ou prenez leur ton je vous prie
moins bas et plus uni cent fois
mangez chez le munitionnaire
s’il est homme assez debonnaire
pour vous admettre à ses repas
mais ce riche à fait des ingrats
il voudra bien encore en faire
croyez moi donc ne payez pas
en mechants vers sa bonne chere
quelle lache indiscretion
vous porte a róuvrir nos blessures
et du Visé les dechirures
peignez vous par aversion
nos ruineuses avantures ?
Malgré la bonne intention
vous demandez que fait
là bas, que fera-t-il demain
notre pinceau l’habille enfin
non pas d’une cotte de maille
ou du casque de D
mais du manteau d’un capucin
louons son esprit sa vaillance
[paraphe]
c’est l’homme de tous les talens
Laissons au moine noir ou blanc
les secrets de sa conscience :
pour ce seigneur la verité
c’est une œuvre bien meritoire
de vous pardonner le grimoire
où vous l’avez si bien traité :
Revendiquez votre partage
d’un ton
chantez les sièges les blocus
chefs et soldats dont le courage
epargne la honte aux vaincus ;
tracez mais d’une main hardie
l’anglois qui chez nous accueilli
y retrouve une autre patrie
celui dont la mort et la vie
ne craignent ni le prompt oubli
ni le fade eloge avili
par la bavarde confrairie
Berwick joingnit auplus grand cœur
la sagesse la plus profonde
[paraphe]
28.
30
il fut le modele et l’auteur
d’une race en heros féconde
entre ses fils au champ de d’honneur
il meurt et son sang les innonde
que de gloire que de grandeur
est-ce mourir ou de ce monde
sortir en vrai triomphateur
donnons la place et la puissance
au
a ce
qui ne doit rien à sa naissance
il se montre seul à mes yeux
et que m’importent ses ayeux
quelle race ne sera fiere,
de commencer par un tel pere !
Muses, peignez de traits de feu
celui dont il ne faut rien dire
plutôt que de le louer peu
[paraphe]
L’apprentif qui l’ose décrire
ne voit en lui qu’un cordon bleu
j’y vois le vainqueur de l'env
qui par la force et le genie
mit la fortune à la raison
qui des débris de sa maison
fit les fondemens de sa gloire
aux grands projets donna l’essor
et des aîles à la victoire
et la trouvoit trop lente encor.
Cet infatigable
menevole au combat
ce frere son eleve agile qui
jeune homme encor et vieux soldat
mes chers voisins de la
car je vous y vis tous les deux
à votre nom mon sang petille
je respire à vous voir heureux
[paraphe]
29.
31
Et vous augustes volontaires
Clermon
de la
dignes heritiers de vos peres
ah ! faut il qu’un grossier encens
enfume vos lauriers naissans
du soldat qui vous envisage
goutez les applaudissemens
Germanicus sut a votre age
préférer ce naïf hommage
au plus fastueux compliment
C
qu’òn apposoit à son ardeur
de tous les Condés son grand cœur
reunit en lui le spectacle.
Tu nous rendras jeune
ce heros chanté sur le Pinde
que
ont vu valoir seul un parti
ton digne ayeul dont le Sarmate
à genoux eut recu des loix
[paraphe]
si cette republique ingrate
meritoit d’avoir de bons rois
ah puissai je avoir une voix
egale au zele qui me flatte
pour chanter un jour tes exploits.
Je souhaite aux dieux de la terre
à nos princes succès la guerre,
plaisir la paix, bon tresorier
sultane fringante et jolie
fidele et toujours applaudie
un brave et galant ecuyer
mais surtout un bon secretaire
du merite et du caractere
de celui que
le succés l’avoit fait connoitre.
de l’air dont se battoit son maitre
Princes vos bontés sont d’un prix
à non pas profaner l’usage
à srd plus dignes favoris
4 vers
31.
32
du e 7.bre
Depuis que j’ai recu votre lettre, M.r j’ai
éprouvé un des malheurs attachés à l’etat
de mere. J’ai perdu le plus jeune de mes
fils j’en ai été plus fachée que je ne
l’aurois crû, et j’ai senti que les sentimens
de la nature existoient en nous sans que
nous nous en doutassions, sa maladie m’a
fort occupée… je me suis mise dans
les mathematiques depuis que la poësie
m’a abandonné. J’aprends la géométrie
et l’algebre, par un maitre que
connoissez et qui en ecarte toutes les épines.
Il me quitte pour aller philosopher à
r Bernouilly
vais arranger mon
au lieu d’aller à
ces lieux pour vous y recevoir un jour…
…on a joué une petite piece de
apellée
[paraphe]
comedies de
d’Atis que la belle voix de lle Le Maure
peut empecher d’etre fort ennuyant. On
parle du retour de nos guerriers, celui de
négocie toujours mais sans succés on n’en
est encore qu’aux preliminaires, cette
affaire est plus difficile que la paix
generale et m’interesse bien autant, j’ai
perdu ces jours ci un nommé
que vous avez vu chez moi, j’en suis
fort fachée. Il est affreux de voir
mourir les gens avec les quels on a vecu
celui dégoute de la vie, mais si on pouvoit
la passer avec vous on seroit trop
heureux.
[paraphe]
32.
33
a
…
affaire terminée si sa santé n’est pas
bonne le plaisir de revoir ses amis lui fera
je crois grand bien vs regrettons
[paraphe]
… Je vis avec un homme pour qui je
vous ai vû de l’amitié et qui la merite
par son attachement pour vous, vous devez
à cela reconnoître V. On va jouer une
tragedie qu’il a faite depuis que vous etiez
aux
donnée et il a valu cela au public par
le mauvais procedé qu’il avoit eu de voler son
[paraphe]
sujet dont on lui avoit rendu compte. Nous
allons jouer dans notre petite republique de
et qui ne le sera que par nous…
fait l’Histoire de
newtonise tant bien que mal. Je ne sai si
vous avez oui parler du voyage de
de la part de l’académie, vous avez sans doute
les observations periodiques de
Desfontaines
m’ôte le plaisir de vous envoyer une lettre
en vers de r Argalotty
jeune venitien qui vouloit être du voyage
au pôle, uniquement par cette soif
insatiable de voir et de connoitre qui
caracterise les gens de genie, il merite
cette epithéte à l’aage de 22 ans il
a passé six semaines icy cet automne
il a mis les sublimes decouvertes de r
Neuton
[paraphe]
33.
34
peuvent (au moins) faire le pendant de ceux
de
de savoir pourquoi
m’empeche de vous envoyer cette lettre, c’est
parce qu’il la imprimée. Je ne sais trop comment
il a fait pour l’avoir et nous en sommes
tous fort fachés.
a
… J’y ai essuyé les deux seuls malheurs
dont mon cœur fut suceptible. Celui d’avoir
a me plaindre d’une personne pour qui j’ai
tout quitté et sans qui l’univers si vous
n’y etiez pas ne seroit rien à mes yeux, et
celui d’etre soupconnée par mes meilleurs
amis mêmes d’une action qui doit me rendre
l’objet de leur mépris. Votre amitié est la
seule consolation qui me reste mais il faudroit
[paraphe]
en jouir de cette amitié et je suis à 300 lieues
de vous mon cœur n’est à son aise qu’avec
vous, vous seul l’entendez et ce que les autres
regardent en pitié comme une espece de
deraison vous paroit un sentiment qui
l’est dans votre nature, s’il n’est pas dans
la nature, je ne sais pourquoi je vous ai
avoué ce que je vous ai dit a
ne cherchez point de raison à une chose dont
je ne connois pas bien la raison moi même
je vous l’ai dit parceque c’est la verité
et que je crois vous devoir compte de tout ce
que mon cœur a senti ; aucune reflexion
n’a produit cet aveu, et toute reflexion
l’auroit empeché, je me le reprocherois
et je m’en repentirois si je ne croyois
être sure de votre caractére. C’est cette
même certitude qui me fait me livrer
sans crainte et sans remords à tous
les mouvemens de mon cœur pour vous
[paraphe]
34.
35
sans doute le sentiment que j’ai pour vous
doit être incomprehensible pour tout
autre, mais il n’ôte rien à la passion
éffrenée qui fait actuellement mon malheur
on auroit beau me dire, cela est impossible
j’ai une bonne reponse cela est, et cela
sera toute ma vie quand même vous
ne le voudriez pas… on me mande
de
manque que de voir sentir son succés.
[paraphe]
Le
…
campagnes du roi, j’aurai soin de vous
les envoyer.
[paraphe]
a
… Vous savez le resultat de notre affaire
de l’académie, ni votre archeveque ni vous
ni nous ne sommes contens. Je vous avoue
cependant qu’il est bien plaisant de voir
remplir une place destinée a
par Bignon
est donnée à son neveu ce qui n’est
gueres moins ridicules nous ne voulons
plus y penser que la cour d’elle-même ne
pense à nous. Ne croyez pas que nous
nous soyons mal conduits. Qui n’entend
qu’une partie n’entend rien et
Richelieu
amis. Votre archeveque ne doit point être
faché contre vous car
s’étoit chargé de lui mander le
desistement et de plus nous esperions
prendre la place par famine &c
[paraphe]
35.
36
… Imaginez vous que
mécontent dejà de tout ce qui s’étoit passé
au sujet de l’academie a eté si revolté du
refus que l’on fait de laisser jouer la tragedie
de
d’où il ira vraisemblablement en
est tout ce que je crains, car le roy de
moi je suis dans la plus grande affliction
et quoique je sente qu’il a bien quelque
tort puisqu’à sa place je ne me serois
pas surement en allé ; cependant ce que je
sens le plus c’est ma douleur je suis resté
ici dans l’esperance de faire jouer
de hater son retour je doute que j’y
parvienne et en ce cas j’irai à la fin de
me venir trouver. Voilà mon etat, et mes marches
&c.
[paraphe]
a
Vous savez que mon amitié pour vous
Monsieur, me fait compter sur la votre comme
sur ma plus grande consolation dans mes
malheurs je viens d’eprouver le plus affreux
de tous. Mon ami
connoissez mes sentimens est vraisemblablement
à present au
jours pour aller prendre les eaux de
longtems, quand un homme de r de la
Brisse
une lettre de cachet [qui lui ordonne de se
rendre audit
on a mandé qu’il etoit à
doute pas qu’il ne reçoive incessamment
les ordres du roi et qu’il ne lui obeïsse
il n’y a pas d’autre parti à prendre quand
on ne peut les eviter je ne crois pas qu’il
[paraphe]
36.
37
puisse etre averti avant de les reçevoir, il m’est
impossible de vous depeindre ma douleur je
ne me sens pas assez de courage pour
savoir mon meilleur ami avec une santé
affreuse dans une prison où il mourrera
surement de douleur s’il ne meurt pas
de maladie je ne pourrai ni recevoir de
ses nouvelles ni lui en donner des miennes
sous la puissance d’un pareilimplacable
qui ne connoît que la vengeance et qui est
innaccessible aux sentiment les plus c’est bien dans
communs de l’humanité
une circonstance aussi affligeante que votre
presence seroit necessaire à ma consolation
je ne connois que vous avec qui je puisse
pleurer le malheur de mon ami il me
semble qu’il m’a encore plus attaché à lui
je ne croyois pas que l’amitié pût causer
une douleur si sensible vous qui la
connoissez representez vous mon etat, helas
[paraphe]
dans quelles circonstances ai je recu votre
lettre ! vous enviez le bonheur que je goute
dans une société aussi pleine de charmes
vous avez bien raison si cela avoit duré
j’ai passé dix jours ici entre lui et e
de Richelieu
jamais passé de plus agréables ; je l’ai
perdu dans le tems où je sentois le plus
le bonheur de le posseder et comment l’ai-je
perdu s’il étoit en
moins à plaindre. J’aime assez mes amis
pour eux mêmes la société feroit le
bonheur de ma vie sa sureté en feroit
la tranquillité mais le savoir avec la
santé et l’imagination qu’il a dans une
prison je vous le dis encore je ne me
connois pas assez de constance pour
soutenir cette idée. e de Richelieu
ma seule consolation c’est une femme
charmante son cœur est capable d’amitié
[paraphe]
37.
38
et de reconnoissance elle est s’il est possible
plus affligée que moi, elle lui doit son
mariage, le bonheur de sa vie, nous nous
affligeons et nous nous consolons ensemble
mais que lui servent nos pleurs et nos
regrets je ne vois nulle esperance
Chauvelin
je ne reparerai jamais la perte d’un tel
ami, la coquetterie, le dépit, tout nous
console de la perte d’un amant, mais le
tems qui guérit toutes les playes ne
fera qu’envenimer la mienne, il m’est
impossible de vous parler d’autre chose
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . je serai obligée de
m’en retourner incessamment à
je crains ce moment comme celui de
ma mort, il me séparera de ede
Richelieu
me mettra à portée d’entendre à tous
momens des propos qui me desespereront
[paraphe]
je vais devenir bien misantrope je voudrois
être à
ne puis pas etre a
malheureux de devoir tous ses malheurs
à la sensibilité de son cœur sans la
quelle il n’y a point de plaisir, je vous
demande pardon de vous accabler de ma
douleur mais c’est le seul inconvenient
de l’amitié et de la confiance j’irai
incessamment dans mon chateau les
hommes me deviennent insuportables, ils
sont si faux, si injustes si plains de
préjugés, si tirranniques il faut mieux
vivre seul ou avec des gens qui pensent
comme vous, on passe sa vie avec des
viperes envieuses c’est bien la peine de
vivre et d’être jeune. Je voudrois avoir
50 ans et être dans une campagne
avec mon malheureux ami
de Richelieu
[paraphe]
38.
39
vie à faire le projet d’etre heureux et on ne
l’execute jámais, adieu Monsieur je pense
que ma douleur diminue à mesure que je
vous ecris mais je ne veux point abuser de
votre amitié.
[paraphe]
a
J’ai été cruellement payée de tout ce
que j’ai fait a
à bien l’affaire du monde la plus difficile,
je procure à r de Voltaire
honorable dans sa patrie, je lui rends la
bienveillance du ministère je lui róuvre le
chemin des academies enfin je lui rends
en 3 semaines tout ce qu’il avoit pris à
tache de perdre depuis six ans savez
vous comme il recompense tant de zêle
et tant d’attachement, en partant pour
[paraphe]
avec secheresse sachant bien qu’il me percera
le cœur, et il m’abbandonne à une douleur
qui n’a point d’exemple, dont les autres
hommes n’ont pas d’idée et que votre cœur
seul peut comprendre, je me suis échauffé
le sang à veiller, j’avois la poitrine en
mauvais etat, la fievre ma pris, et
finirai plus vîte, et que je n’aurai rien à
regretter, puisque votre amitié étoit un
bien dont je ne pouvois jamais jouir,
je retourne finir à
j’ai eu plus de bonheur que de
malheur, et qui finit d’elle-même
dans le tems ou je ne pouvois plus la
supporter, croirez vous que l’idée qui
m’occupe le plus dans ces momens
funestes c’est la douleur affreuse ou
sera
où il est de la cour de
[paraphe]
39.
40
diminué, je ne puis soutenir l’idée que mon
souvenir fera un jour son tourment, tous
ceux qui m’ont aimé ne doivent jamais
le lui reprocher, au nom de la pitié et
de l’amitié ecrivez moi a
simplement je recevrai encore votre lettre
et s’il me reste encore de la vie j’y
repondrai et vous manderai l’assiete de
mon ame dans ces momens qui paraissent
si terribles aux malheureux et que j’attens
avec joye comme la fin d’un malheur
que je n’avois ni merité, ni prévu, adieu
souvenez vous toujours de moi et soyez
sûr que vous n’aurez jamais de
meilleure amie.
elle est morte en
[paraphe]
[paraphe]
41 40.
sans datte
La conversation que je viens d’avoir avec
vous me prouve que l’homme n’est pas
libre, je n’aurois jamais dû vous dire ce que
je vous ai avoué, mais je n’ai pû me
refuser la douceur de vous faire voir que je
vous ai toujours rendu justice et que j’ai
toujours senti tout ce que vous valez,
l’amitié d’un cœur comme le votre me
paroit le plus beau present du ciel, et je
ne me consolerois jamais si je n’étois sure
que vous ne pouvez malgré toutes vos
résolutions vous empecher d’en avoir pour
moy au milieu du sentiment vif qui emporte
mon âme, et qui fait disparoitre le reste à
mes yeux, je sens que vous etes une exception
à cet abbandonnement de moi-même et de
tout autre attachement, j’ai tout quitté pour
[paraphe]
vivre avec la seule personne qui ait jamais
pû remplir mon cœur et mon esprit mais je
quitterois tout dans l’univers, or elle pour
jouir avec vous des douceurs de l’amitié, ces
deux sentimens ne sont point incompatibles
puisque mon cœur les rassemble, sans avoir
de reproche à se faire, je n’ai jamais eu de
verittable passion que pour ce qui fait
actuellement le charme et le tourment de
ma vie, mon bien et mon mal, mais je
n’ay jamais eu de verittable amitié que pour
conservé le sentiment si cher à mon
cœur au milieu de la plus grande
yvresse, et je le conserverai toute ma vie, la
seule chose qui y mêle de l’amertume
c’est que vous ayez pû croire capable d’une
indignité qui a du éxciter dans votre cœur
l’indignation et le mépris, il est affreux qu’il
y ait eu des tems dans votre vie ou vous avez
[paraphe]
41.
42
eu ces sentimens pour moi, rougissez donc de
votre injustice et voyez combien un cœur
comme le mien est incapable de perfidie elle
n’est pas dans ma nature et je suis de plus
incapable d’avoir jamais cru une telle horreur
de vous si on avoit osé vous en accuser, un cœur
capable d’un amour si tendre et d’une amitié
si solide ne peut l’être d’un crime, et c’en
seroit un que les honnetes gens ne
devroient jamais pardonner vous devez juger
combien ces idées cruelles m’occupent, puisque
je n’ai pu m’empecher de vous en parler
au milieu de l’attendrissement que votre
depart a mis dans mon ame, je suis
heureuse de vous avoir revû quoique je ne
doive plus vous revoir, je suis même
heureuse par l’indiscretion que j’ai fait
puisqu’elle vous a fait connoitre mon cœur,
mais je serai bien malheureuse si vous
ne me conservez pas votre amitié, et si
[paraphe]
vous ne m’en continuez pas les marques, vous
me feriez repentir de la verité avec la quelle
je vous ai parlé, et mon cœur ne veut point
connaoitre le repentir, il ne lui manque qu’un
ami comme vous pour etre aussi heureux que
la condition humaine le comporte, voudrez
vous mêler de l’amertume à mes plus bas
jours, songez que vous avez à réparer avec
moi et que vous ne pouvez trop faire pour me
consoler d’avoir été soupconnée d’un crime
par celui dans le cœur duquel j’aurois cru
trouver ma justification. Adieu il n’y aura
de bonheur parfait pour moi dans le
monde que quand je pourrai réunir le
plaisir de vivre avec vous, et celui d’aimer
celui à qui j’ai consacré ma vie.
[paraphe]
42.
43
du
Je ne connois point de problême plus
difficile à resoudre que vous quoi qu’il en soit
j’ai pris mon parti de vous aimer et de vous
le dire, je ne sais ce que me pourront
valoir mes bons procédés puisque je n’en suis
pas moins privée de votre commerce, vous
m’ecrivez comme a votre énnemi, mais
j’aime encore mieux vos lettres toutes
singulieres qu’elles sont que votre silence,
quand j’ai voulu vous envoyer la philosophie
de
l’eussiez quand même personne ne
l’auroit dans votre ville, mais je ne voulois
pas que vous tinssiez d’un autre que de
moi un livre qui m’est dédié et
d’ailleurs celui que je vous envoye est
une seconde edition beaucoup plus correcte
que la premiere, je sais qu’on peut faire
beaucoup de critiques de ce livre, mais avec
tout cela il n’y en a point de meilleur.
[paraphe]
en francois sur ces matiéres, car hors les
memoires de l’academie des sciences il n’y
a que des livres de physique pitoyables.
Les dialogues d' Argalotti sont pleins
[paraphe]
43.
44
a eu cet hommage il n’est pas plus l’un
que l’autre il faut donc que ce soit comme
mauvais plaisant, vous ne savez pas que
c’est mon portrait qui est à la tête du
moins ç’a eté l’intention mais il n’a pas
trop bien reussi, on le traduit c’est
Castera
on parlera davantage de la traduction
que de l’ouvrage car le dame savent
peu d’italien et encore moins de philosophie
on ne sait où est l’auteur s’il est à T
je vous en felicite c’est un des hommes
que j’aye jamais connûs le plus aimable
le plus instruit et le plus doux à vivre
j’espere qu’il vous dira du bien de moi et
je vous prie de ne pas lui en dire de
mal, si vous vous interessez encore
un peu a moi je vous conterai une petite
anecdote litteraire qui me regarde, mais
[paraphe]
cette lettre a dejà prés de quatre pages j’ai
peur qu’elle ne vous empeche de me
repondre, je vous plains, mais si vous
connoissez encore l’amitié vous ne
pouvez être à plaindre mais serez vous
toute votre vie à Toulouze, adieu
de V.
me soupconniez il y a plus de trois
ans que je ne lui ai prononcé votre
nom, il ignore que je vous ecris, adieu
je vous demande pardon de la longueur
de cette lettre.
[paraphe]
44.
45
sans dátte
Malgré les princesses et les pompons je
pense sérieusement sur la fortune de mes
amis. . . . . . . je me livre au monde sans
l’aimer beaucoup des enchainemens
insensibles font passer les jours entiers sans
souvent que l’on appercoive que l'on a vecu
. . . . . . puisque
ma confidence d’anglois je vous avouerai
que cela m’a extremement occupée et
amusée . . . . Je suis charmée qu’
[paraphe]
et la petite Gossein
pour moi je suis d’avis qu’il attende la
guerison de lle Dufresne
semaines qu’il est malade lui même et
qu’il n’a pas sorti mais il n’en a pas
l’imagination moins vive et moins
brillante, il n’y a pas moins fait deux
operas dont il en a donné un a
soit 6 mois, on vous aura surement
mandé ce que c’est que
differentes opinions qui divisent le
public sur sa musique, les uns la
trouvent divine et au dessus de
les autres la trouvent fort travaillée
mais point agréable et point diversifiée
je suis je l’avoue des derniers j’aime
[paraphe]
45.
46
cent fois mieux Issé que l’on joue à present
et où lle Le Maure
[paraphe]
a
Je ne puis me guérir de vous aimer et de
saisir avec empressement les occasions
de vous le dire, je vous envoye la bataille
de
l’auteur. Je desire que vous soyez
heureux et je le serai parfaitement si
je puis quelque jour jouir de votre
amitié. La vie vous aime trop pour
que vous ne m’aimiez pas toute votre
vie.
[paraphe]
suite d'une lettre [illis.]
sans datte
. . . . . . . . V. des affaires de qui j’avois
commencé à vous rendre compte et qui me
donne tant de chagrin et tant d’inquiétude
est plus à plaindre que jamais ses affaires
vont tous les jours de mal en pis. Le G.d.S.
a paru appaisé il avoit même donné
des paroles de paix à r d’Aiguillon
avoit demandé de lui des lettres de
desaveu de ce malheureux livre, moyennant
quoi il promettoit de revoquer cette lettre
signée Louis
l’on a voulu avec une docilité attendrissante
mais le depart de r d’Aiguillon
etoit le plenipotentiaire de cette affaire
à fait evanouir toutes nos esperances, le
[paraphe]
46.
47
ministre paroit plus irrité que jamais, le
Parlement l’a brulé, il y a dans l’arrêt une
permission d’informer que le procureur
general veut poursuivre contre toute
vraisemblance. La cour ne veut point
revoquer la lettre de cachet on lui fait
un crime d’un voyage qu’il a fait au camp
que son amitié seule pour
lui a fait entreprendre sur les bruits qui
passoient pour constans en
il etoit alors qu’il etoit blessé dangereu-
-sement d’autres disoient même mort
mais il y a des tems où tout se tourne
en aigre ; on lui a prêté cent mauvais
propos, le ministere a saisi ce pretexte
avec plaisir, je suis bien convaincue qu’il
a un dessein formé de le perdre, on parle
d’un bannissement. Pour moi je ne sais
plus qu’en croire, je sais bien qu'à la place
[paraphe]
je serois à
longtems, je vous avoue que tout cela m’a
sensiblement affligée, je ne m’accoutume
point à vivre sans lui et à l’idée de le perdre
sans retour, cela empoisonne toute la
douceur de ma vie, vous voyez que vos lettres
et les marques de votre amitié me deviennent
tous les jours plus necessaires,
Maupertuis
aimable, il me semble que vous le connoissez
peu, mais surement si vous le connoissiez
d’avantage vous en feriez cas, il pretend
qu’il m’aprendra la geométrie, mon
voyage a fort retardé le projet, je
commence à le reprendre je lis l’anglois
assez bien à présent, mais je n’ai pû
encore parvenir à l’ecrire couramment
[paraphe]
47.
48
je lis le conte du tonneau c’est un livre bien
plaisant et bien singulier ; il y a à la comedie
francoise une tragedie nouvelle nommée
[paraphe]
promets de vous ecrire toutes les semaines et je
me le promets bien à moi même car j’y
trouve un plaisir extrême, la façon pleine
d’amitié dont vous avez partagé ma douleur
est une des choses du monde qui m’a fait le
plaisir le plus sensible. Qui peut vous
exprimer combien j’ai senti vivement
le desir que vous avez eu de la venir
partager je sens qu’il n’y a point de
malheur dont votre amitié me consolle
on travaille à force à mon hermitage et
je ne desespere pas de vous y recevoir
un jour. On m’a peu parlé de vous ici
je crois que vous n’êtes pas en peine de
mes reponses en cas que l’on m’en
parlât, adieu, Monsieur, je vous quitte avec
peine et j’ai besoin que le papier se
refuse à tout ce que mon amitié me dicte.
[paraphe]
48.
49
L’univers est instruit que
a fait un traité de la tolérance, mais presque
tout l’univers, ne sait pasignore qu’il a fait un beau
poëme intitulé la guerre de
Tout le monde sait qu’il a jusqu'à
l’ennuy sollicité l’indignation publique
contre le fameux poëte
vers méchans que peut etre il n’avoit pas
fait ; mais beaucoup de gens ignorent que
le bel esprit imitateur, s’est efforcé
d’acquerir de plus justes droits au même
sentiment. On doit pour l’édification
generale repandre les productions
avouées de cet homme, d’un caractere si
benin, d’une conscience si timorée qu’il
ne pardonna jamais davantage a
Rousseau
[paraphe]
J’ai fait imprimer a la suite de
la satire une lettre du célèbrevertueux infortuné
quelle attaque. Je plains ceux pour qui
ce rapprochement ne seraitvaudrait pas un
excellent commentaire.
[paraphe]
49.
50
L’inconstance donne ses ordres au
heros du poëme ; elle lui dit :
L’imprimeur
peut employer
cette page entiere
à l’exception
d’un vers et
demi que
j’ay raturé.
[paraphe]
mon favori... qui devers
par passe tems fait aujourd’hui ses pâques
c’est le soutien de mon Culte Eternel
toujours il tourne et jamais ne recontre
il vous soutient et le pour et le contre
avec un front de pudeur depouillé.
Cet etourdi souvent a barbouillé
de plats romans de fades comedies
des operas de minces melodies.
Puis il condamne en style entortillé
les operas, les romans les spectacles
il vous dira qu’il n’est point de miracles
mais qu’à
il se connoît finement en amis
il les embrasse et pour jamais les quitte
l’ingratitude est son premier merite
[paraphe]
par grandeur d’ame il hait ses bienfaiteurs
versez sur lui les plus nobles faveurs
il fremira qu’un homme ait la puissance
la volonté, la coupable impudence
de l’avilir en lui faisant du bien
il tient beaucoup du naturel d’un chien
il jappe et fuit et mord qui le caresse
ce qui surtout me plait et m’interesse
c’est que de secte il a changé trois fois
en peu de tems pour faire un meilleur choix
[paraphe]
3 pages plus loin
[paraphe]
Les antres sauvages de Moutier travers sont
... de
là se tapit ce sombre energuméne
cet ennemi de la nature humaine
petri d’orgueil et dévoré de fiel.
Il fuit le monde et craint de voir le ciel
et cependant sa triste et vilaine âme
[paraphe]
50.
51
du dieu d’amour a ressenti la flamme
il a trouvé pour charmer son ennuy
une beauté digne en effet de lui.
C’étoit
une infernale et hideuse sorciere
fuit en tous lieux le magot ambulant
comme la chouette est jointe au chat huant.
L’infame vieille avoit pour nom
c’est sa
L’aversion pour la terre et les cieux
tient lieu d’amour à ce couple odieux.
Si quelques fois dans leurs ardeurs secrettes
leurs os pointus joignent leurs deux squelettes
dans leurs transports ils se pament soudain
du seul plaisir de nuire au genre humain.
Notre
de diriger la foudre et la tempete
devers
du haut des airs terrible et forcenée
persecuter les restes d’
[paraphe]
Le Roux Rousseau
sans plus
[paraphe]
et foudroyer les Compagnons d’&renversé sur le sein
le sein pendant de l’infernale amie
l’encourageait dans le noble dessein
de submerger sa petite patrie
il detestoit sa ville de
helas pourquoy ? c’est qu’il l’avoit cherie.
Suit un Dialogue entre
Rousseau.
. . . . . . . . . .
tu vois
j’ai quelques fois festoyé ma sorciere ;
je la verroi mourante à mes côtés
des dons cuisans qui nous ont infectés
sur un fumier rendant son âme au Diable
que ma vertu paisible, inalterable
51.
52
me defendroit de m’ecarter d’un pas
pour se sauver des portes du trépas
d’un vrai & son caractere
[paraphe]
52.
53
Lettre de
a
prince de Condé. A M
a Motiers travers le e janvier 1763
J’apprends, Monsieur, avec d’autant plus de
douleur la perte que vous venez de faire de votre
digne oncle, qu’ayant négligé trop longtems de
l’assurer de mon souvenir et de ma reconnoissance,
je l’ai mis en droit de se croire oublié d’un
homme qui lui étoit obligé et qui lui étoit encore
plus attaché et à vous aussi.
sera regretté et pleuré de tous ses amis et de
tout le peuple dont il etoit le père. Il ne suffit
pas de lui succeder, Monsieur, il faut le
remplacer. Songez que vous le suivrez un jour, et
qu'alors il ne vous sera pas indifférent d’avoir
fait des heureux ou des miserables. Puissiez vous
meriter longtems et obtenir bien tard l’honneur
d’etre aussi regretté que lui.
Si le souvenir des momens que nous avons
passés ensemble vous est aussi cher qu’à
[paraphe]
moi je ne vous recommanderai point un
soin qui vous soit à charge en vous
priant d’en conserver les monumens dans
votre petite maison de St. Louis ; entretenez
au moins un petit bosquet je vous en
supplie ; surtout les deux arbres plantés de
ma main, ne souffrez point qu'
d’autres se melent de les tailler ou de les
façonner ; laissez les venir librement sous
la direction de la nature, et buvez quelque jour
sous leur ombre à la santé de celui qui
jadis eut le plaisir d’y boire avec vous.
Pardonnez ces petites sollicitudes pueriles
à l’attendrissement d’un souvenir qui ne
s’effacera jamais de mon cœur. Mes jours
de paix se sont passés à M
vous avez contribué a me les rendre
agréables. Rapellez en quelque fois la
memoire, pour moy je la conserverai toujours
lle Levasseur
[paraphe]
53.
54
respects et de les faire aggréer a e du
Moulin
village catholique pour pouvoir l’y envoyer le
plus souvent qu’il se peut remplir son devoir,
et notre pasteur lui prête pour cela sa
voiture avec grand plaisir. Je vous prie de
le dire a Monsieur le curé qui paroissoit
allarmé de ce que deviendroit sa religion
parmi nous autres. Nous aimons la nôtre
et nous respectons celle d’autruy.
Permettez que je vous prie de remettre
l’incluse à son adresse.
[paraphe]
54
55
Ce parallele digne d’etre conservé est tiré
d’un ouvrage, qu’une circonstance indifferente
au public, n’a pas permis de repandre
cet ouvrage traitoit de la peinture et de la
sculpture ; l'auteur, à l’occasion des bustes
de
[paraphe]
Voila donc ces deux hommes
celebres, que la France a perdu presque
en même tems. Il est singulier qu’on
nomme, et qu’on voye toujours ensemble deux
etres, dont la destinée a été si constamment
differente, que le rapprochement qu’on en
pourroit faire sembleroit un jeu de
l’imagination.
riche ; Le second, pauvre et roturier. Le genie
du premier fut precoce ;
[paraphe]
le sien qu’au bout de quarante ans :
il n’a cessé d’estimer les talens de l’auteur
de
[paraphe]
55.
56
le commerce des grands, il s’aveugloit
souvent lui même sur le danger de ses
maximes. En même tems qu’il faisoit
l’eloge des vertus, il excusoit le luxe qui
les corrompt. Il soutenoit qu’en matiere
de religion, c’étoit un mal que de
contraindre des esprits, et il employoit à
les contraindre, la seule arme qui fut
en son [pouvoir, le poignard du ridicule
après avoir acquis une fortune immense,
il se vantoit sans cesse d’avoir aidé
quelques malheureux. Je n'ai pas besoin
d’exprimer duquel de ces deux hommes
je parle ; ce que j’en dis suffit pour les
distinguer.
Cette opposition dans le sort et dans
les mœurs, a été encore favorisée par le
hazard.
[paraphe]
L’un s’est vu mourir entour
famille, dans le pays de sa naissance,
au milieu de ses vains triomphes et
tourmenté par le seul regret d’en jouir
trop peu.
pour souffrir qu’on le recueillit dans une
maison étrangere, y perd bientôt aprés dans
une courte agonie, des jours qu’il avoit
passé dans des longs tourmens. L’homme
le fait de
juroit contre sa garde il apostrophoit la mort et lui crioit en
declamant avec de grands gestes o mort eloigne toi ! eloigne
toi... quoi il faut mourir ! ... il prenoit les mains de son ami
parole d’honneur que je ne mourrai pas... d’autres fois il s'ecrioit
ils m’ont empoisonné avec leur fumée de gloire
[paraphe]
56.
57
estimable qui se flattoit de lui accorder
longtems un azile, a eu la douleur de ne lui
offrir qu’un tombeau ! ..... Le tombeau
de
des lieux qu’il eut voulu detruire. Sa
cendre peut elle reposer en paix sous les
autels qu’il ébranl
On a deposé la tienne sur des rivages dignes
de la recevoir. Dans ce même sejour ou
la nature simple et tranquille, étale aux
yeux des charmes si variés, on viendra
contempler avec une douce melancolie les
restes de celui qui nous en inspira l’amour ;
et tandis que les froids eloges qu’obtiendra
Voltaire auront droit d'irriter son ombre, les
cris furieux de l’envie acheveront le tien.
N°2665
[paraphe]
un manuscrit intitulé
amie à
en peut permettre tacitement l’impression. A
58
pour permission tacite