Transcription Transcription des fichiers de la notice - Jean-Baptiste André Godin à Victor Considerant, 16 septembre 1853 Godin, Jean-Baptiste André (1817-1888) 1853-09-16 chargé d'édition/chercheur Équipe du projet FamiliLettres (Familistère de Guise - CNAM) & Projet EMAN (UMR Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1853-09-16 Familistère de Guise et Bibliothèque centrale du CNAM ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR).
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Sur le spiritisme. Godin évoque une entrevue avec François Cantagrel quelques jours plus tôt à Bruxelles et indique qu'il envoie sa lettre à celui-ci pour qu'il la remette à Victor Considerant. Godin explique à Considerant que la lecture des œuvres de Fourier l'a convaincu qu'il existe des mondes ultérieurs et que les corps mondains peuvent communiquer avec les esprits ; il ajoute que sa connaissance du magnétisme animal est venu renforcer cette conviction. Godin confie à Considerant qu'il avait lu dans les journaux la description de tables parlantes, phénomène qu'il a essayé de mettre en relation avec le magnétisme animal, avant de lui faire le récit de la visite qu'il fit rue de Beaune à Paris le 13 août 1853, à l'occasion de laquelle il a eu connaissance des lettres d'Amérique de Considerant. À cette occasion, Brunier l'a invité à poser les mains sur une table, qui écrivit « Dieu fait cela », mais avec beaucoup de lenteur du fait que les mouvements de la table suivent l'ordre alphabétique pour désigner chaque lettre. Godin explique à Considerant qu'une fois revenu à Guise, il a mis au point un instrument pour communiquer plus efficacement avec les esprits, en partant du principe que le système nerveux des individus était le véhicule emprunté par les esprits pour communiquer leurs pensées. Godin décrit l'instrument et son fonctionnement : en posant les mains sur l'aiguille, celle-ci indique les lettres du cadran de l'instrument et formule ainsi les réponses aux questions posées verbalement ou mentalement ; l'instrument a été testé avec succès auprès des personnes de l'entourage de Godin ; à raison de deux heures par jour pendant une vingtaine de jours, l'instrument a dicté 73 pages de 30 lignes dans lesquelles il est question du ciel et de la terre, de la transformation du monde, des passions de Godin et de son entourage, des plus secrets replis de la pensée de Godin ; il lui est annoncé que c'est la volonté de Dieu qui s'exprime ; mais après quelques jours, des contradictions dans les communications firent douter Godin de l'origine des révélations, et il en est venu à penser que c'est Considerant qui en était l'origine, lui qui avait découvert la loi des ressorts qui permet de soumettre l'individu à un analyse complète de sa pensée. Godin apprend à Considerant que Cantagrel a cru qu'il était en état de surexcitation nerveuse quand il lui a fait ce récit, mais Godin proteste de sa bonne santé. Il demande si Considerant peut lui donner la clé de l'énigme. Français Sur le spiritisme. Godin évoque une entrevue avec François Cantagrel quelques jours plus tôt à Bruxelles et indique qu'il envoie sa lettre à celui-ci pour qu'il la remette à Victor Considerant. Godin explique à Considerant que la lecture des œuvres de Fourier l'a convaincu qu'il existe des mondes ultérieurs et que les corps mondains peuvent communiquer avec les esprits ; il ajoute que sa connaissance du magnétisme animal est venu renforcer cette conviction. Godin confie à Considerant qu'il avait lu dans les journaux la description de tables parlantes, phénomène qu'il a essayé de mettre en relation avec le magnétisme animal, avant de lui faire le récit de la visite qu'il fit rue de Beaune à Paris le 13 août 1853, à l'occasion de laquelle il a eu connaissance des lettres d'Amérique de Considerant. À cette occasion, Brunier l'a invité à poser les mains sur une table, qui écrivit « Dieu fait cela », mais avec beaucoup de lenteur du fait que les mouvements de la table suivent l'ordre alphabétique pour désigner chaque lettre. Godin explique à Considerant qu'une fois revenu à Guise, il a mis au point un instrument pour communiquer plus efficacement avec les esprits, en partant du principe que le système nerveux des individus était le véhicule emprunté par les esprits pour communiquer leurs pensées. Godin décrit l'instrument et son fonctionnement : en posant les mains sur l'aiguille, celle-ci indique les lettres du cadran de l'instrument et formule ainsi les réponses aux questions posées verbalement ou mentalement ; l'instrument a été testé avec succès auprès des personnes de l'entourage de Godin ; à raison de deux heures par jour pendant une vingtaine de jours, l'instrument a dicté 73 pages de 30 lignes dans lesquelles il est question du ciel et de la terre, de la transformation du monde, des passions de Godin et de son entourage, des plus secrets replis de la pensée de Godin ; il lui est annoncé que c'est la volonté de Dieu qui s'exprime ; mais après quelques jours, des contradictions dans les communications firent douter Godin de l'origine des révélations, et il en est venu à penser que c'est Considerant qui en était l'origine, lui qui avait découvert la loi des ressorts qui permet de soumettre l'individu à un analyse complète de sa pensée. Godin apprend à Considerant que Cantagrel a cru qu'il était en état de surexcitation nerveuse quand il lui a fait ce récit, mais Godin proteste de sa bonne santé. Il demande si Considerant peut lui donner la clé de l'énigme.

À Considerant

Le 16 7bre 1853

Mon cher Ami

J'éprouve un trop violent désir de m'entretenir avec quelques amis qui me comprennent et dont leur bienveillance pour les erreurs d'interprétation que j'ai pu commettre me soit presque assurée à l'avance pour que je ne vous écrive pas en ce moment. Cantagrel vous a peut-être entretenu de ce que je lui ai communiqué lorsque ces jours derniers je suis allé à Bruxelles dans l'espoir de vous y rencontrer tous deux. Ce qui fait le sujet de cette lettre Dans tous les cas, cette lettre qu'il vous adressera lui-même vous en instruira.

Permettez-moi une petite exposé sur la manière dont j'ai envisagé jusqu'à ce jour l'existence de certains phénomènes inexpliqués afin de vous faire mieux comprendre les raisons qui m'ont dirigées

Depuis que la lecture des ouvrages de Fourier ont déterminé en moi de vérittables convictions l'existence d'un monde ultérieur est aussi pour moi presque une certitude. De là j'ai cru dans les choses possibles que des rapports pussent s'établir entre les corps mondains et les esprits. Le magnétisme animal, particulièrement, est venu affermir en moi cette manière de voir. En l'absence de toute autre explication satisfaisante, j'ai pensé que le somnambulisme fluide pouvait être un état de l'esprit dans lequel, fortement débarrassé des liens de la matière terrestre, il lui devient possible de communiquer avec un monde supérieur pour nous transmettre par la parole des choses qu'il [sic] cet état lui aura pu ermis d'apprécier ou même nous transmettre seulement les révélations que d'autres esprits peuvent lui faire, etc., etc.

Sous l'empire de ces idées, j'ai lu dans les journaux ont retenti dernièrement du des phénomène relations des tables tournantes et je me suis demandé aussitôt s'il n'existait aucune

analogie entre ces phénomènes et ceux du magnétisme animal mes diverses expériences ne m'avaient rien appris. lorsque le 13 août dernier me trouvant rue de Beaune où j'avais la satisfaction de lire vos lettres d'Amérique je fus invité par Brunier à poser les mains sur une table qui nous écrivit cet [sic] phrase Dieu fait cela. Pour arriver à obtenir chaque lettre, il faut un temps considérable car la table fait autant de mouvement qu'il en faut en suivant l'ordre de l'alphabet pour indiquer chaque lettre. Je sus dès ce moment que depuis plusieurs jours plusieurs personnes à Paris étaient en conversation régulière avec les tables.

Je revins à Guise et je me mis aussitôt sans en parler à personne à exécuter un instrument qui me parraissait [sic] devoir arriver à faire disparaître les lenteurs apportées qui existaient dans les entretiens moyens de communication qu'à Paris certaines personnes considéraient comme ayant lieu avec les esprits, ce que pour ma part je ne me refusais pas à admettre le moins du monde, au contraire. Voici le raisonnement qui me servit pour la conception de l'instrument que j'exécutai. – S'il est dans les volontés nécessités du monde ultérieur de communiquer avec nous, le cont[…] des esprits doit être la première chose possible et comme l'esprit est étroitement lié à la matière, notre système nerveux doit être le véhicule dont les esprits se servent pour déterminer à notre insu les mouvements propres à exprimer leurs pensées. – Je fis deux planches de bois de 40 centimètres carrés dont que je plaçais l'une sur l'autre La supérieure pouvaisnt se mouvoir [...] faire un mouvement rectiligne de va et vient destiné à communiquer un mouvement circulaire à une aiguille que je […] j'adaptais à cet instrument sur un cadran autour duquel se trouvaient les lettres de l'alphabet. Après trois jours d'un travail continu, mon instrument est achevé et bientôt, après avoir posé les mains dessus, l'aiguille se met à m'indiquer les lettres avec une grande précision et à m'écrire des phrases presque

aussi vite que je peux les copier. Je pose des questions, je reçois aussitôt la réponse. Je fais mentalement mes questions, la réponse se fait de la même manière.

Je fais mettre d'autres personnes à l'instrument, elles obtiennent également la possibilité de lier conversation avec lui.

Enfin, pendant une vingtaine de jours où le matin et le soir je consacrais environ deux heures à ces entretiens, 73 pages contenant chacune environ 30 lignes ont été écrites sous la dictée de cet instrument.

Il y est parlé du ciel, de la terre, de la transformation du monde, mes passions m'ont été expliquées et celles des personnes qui m'entourent m'ont été dévoilées, ma pensée était pénétrée jusque dans ses plus secrets replis et tout se produisait m'était dit comme venant d'un esprit de l'âme d'une personne amie qui me disait avoir à me transmettre les volontés de Dieu. Mais après quelques jours de ces entretiens, quelques erreurs et quelques contradictions dans les choses qui m'étaient dites me firent mettre en doute l'origine de ces révélations. La forme même de certaines questions me parraissaient [sic] suspectes d'intentions mauvaises que je ne pouvais entièrement saisir.

J'ai été enfin ammené [sic], comme vous le verrez par la copie que je vous remets de quelques bribes de mes entretiens, à penser que c'était vous mon ami qui aviez découvert la loi matérielle en vertu ou plustot sdes ressorts, en vertu et sous l'influence desquelles notre être se meut et agit, et que de cette loi et de ces ressorts, vous en disposiez comme vous l'entendiez pour soumettre l'individu à la plus complète annalise qu'il eut jamais été donné de faire de ses intentions, de ses actes et de sa pensée et pour déterminer en lui des émotions factices de joie, de douleur et surexciter toutes les passions à votre gré, ce que j'ai vu se produire ici.

J'ai dit ces choses à Cantagrel que j'ai quitté avec le regret de lui voir croire que j'étais sous l'empire d'une surrexcitation [sic] nerveuse. Si vous voulez m'accorder qu'il soit permis à un homme qui se sent fort, bien portant et sain d'esprit, de vous affirmer le contraire , je m'empresse de le faire pour attirer votre attention sur cette lettre car j'éprouve le regret de ne plus pouvoir croire que ce soit vous qui ait [sic] produit les phénomènes dont je suis le témoin et il me paraît nécessaire d'attirer votre attention qu'une intelligeance [sic] comme la vôtre ne soit pas sans connaître les choses qui me parraissent [sic] avoir un caractère d'étrangeté si particulier et si nouveau.

Cette communication me parrait [sic] nécessaire pour vous en raison de l'intérêt que vous pourrez lui accorder mais surtout pour moi qui serais heureux si je pouvais obtenir de vous le mot de l'énigme dont je ne peux m'empêcher d'être préoccupé

Je vous ai exposé les faits. Je réserve pour une autre lettre mes appréciations et j'espère que votre réponse me permettra bientôt de le faire.

Agréez l'assurance de mon amitié.