Genealogie d’Atlas.Nous avons dit cy-deſſus qu’Atlas fut fils de Iapet & de Clymene, ou d’Aſie, ou d’Aſope, ou de Lybie. Mais puiſque l’on fait mẽtionde tant de meres il eſt aiſé à recueillir qu’il y a eu pluſieurs Atlas ; dont le premier fut Roy (ce dit-on) d’Italie ; le ſecond, d’Arcadie ; le troiſieme, de Mauritanie, ſurnommé le Tres-grand, & frere de Promethee. Neantmoins tout ce qu’ils ont fait de beau fut imputé à ce dernier qui par ſa reputation a ſuffoqué tous les autres, pour auoir le premier trouué l’vſage des vaiſſeaux & de la nauigation : obſerué le cours du Soleil, de la Lune, & des eſtoilles ; inuenté la Sphere & ſcience d’Aſtrologie : au moyen dequoy on le feint ſouſtenir le Ciel ſur ſes eſpaules, & pour la ſinguliere cõnoiſſance qu’il auoit des choſes celeſtes & terreſtres, on le fait fils de l’Æther & de la Terre. Sa femme & filles.La femme d’Atlas fut Pleione fille de l’Ocean & de Tethys, de laquelle il engendra les Pleiades, qui furent ſept en nõbre, leſquelles auec leur mere, Orion les ayant pourchaſſees durant cinq ans pour auoir leur compagnie, elles ſupplierent en fin les Dieux de les garantir de la violence d’Orion. Ainſi donc Iupiter exauçant leur priere les logea entre les etoilles, comme pluſieurs autres, qui pour auoir aimé, ou bien eſté aimees meriterent la de-meure du Ciel. Arat en ſon œuvre Aſtronomique les nomme comme s’enſuit :
–elles ſont ſept en nombre , Combiẽque l’homme à l’œil que deux fois trois n’en nõbre, Pleiades.Merope, Alcioné, Celeno, Electra, Sterope, Taygete, & Maye, qu’engendra De Pleione Atlas : Atlas de qui l’eſpaule Souſtient ſans ſe laſſer & l’un & l’autre pole.
Elles ſont en la teſte du Taureau, diſpoſees de telle façon que deux occupent les cornes, deux les nareaux, deux les yeux, & la ſeptieme eſt poſee au milieu du front. Virgile les appelle Atlantides au premier des Georgiques, & dit que le Soleil ſe leuant auec le Scorpion, elles ſe vont cacher dans la mer, luy eſtant oppoſees. Quelques vns neantmoins ont dict qu’Atlas eut douze filles, & vn fils Hyas, lequel eſtant decedé d’vne piqueure de Serpent, cinq d’entre elles regretterent tant ſa mort, qu’elles moururent en fin de faſcherie. Hyades.Mais Iupiter ayant compaſſion d’elles, en fit les Hyades ainſi nommees par Heſiode :
Pheole, Coronis, Cleie la belle, Eudore, Qui de tortis dorez ſa perruque decore ; Et la gente Pheo, Nymphes de grand renom, A qui l’homme a donné Hyades le ſurnom.
Les autres les nomment, Ambroſie ou Coronis, Eudore, Dione, Æfile, Polyxo : les autres leur en ajoutent trois, Phileto, Thyene & Prodyle, diſans qu’elles furent nourrices de Bacchus, & nommees Dodonies de Dodone fils d’Europe. D’autres auſſi diſent qu’elles ne furent pas les filles des ſuſnommez, mais bien d’Erechthee, ou de Cadme. Aucuns penſent que Calypſo ait auſſi eſté fille d’Atlas. Or n’eſt-on pas incertain du nombre des Hyades : car Thalés Mileſien n’en a creu que deux, dont l’une s’appelle Boreale ou ſeptentrionale, l’autre Auſtrale ou Meridionale. Euripide en la tragedie de Phaëton en conte trois, Achee quatre, Pherecyde ſix. Quelques vns tiennent qu’elles furent dictes Hyades, pour auoir nourri Bacchus ſurnommé Hyés, teſmoing ce vers d’Euphorion :
Faſchee contre Hyés Dionyſe cornu.
Les autres tirent leur nom d’vn mot ſignifiant pleuvoir, d’autant que leur leuee amene la pluye au printemps. Car les ſignes que les mariniers recueillent du leuer des Hyades, ſont tres-certains, comme le montre Euripide en l’Ione :
La Pleiade marche au milieu Avec Orion port’eſpieu, Tirans vne droite carriere A travers le ciel couſtumiere. Sur elles au-bout apparoiſt L’Ourſe, où le pol doré paroiſt. Et la Lune d’enhault rencontre Quand ſa face plaine elle montre Le cercle du mois miparty. Les Hyades ont departy Aux nauchers vn treſſeur preſage Avec l’Aurore chaſſe-ombrage, Qui tire aprés-elles le iour, Suiuvant des Eſtoilles le cour.
Pauſanias en l’Eſtat d’Arcadie fait mention de Mœre fille d’Atlas, qui fut mariee à Tegeate fils de Lycaon. Et Homere de Calypſo, au 1. de l’Odyſſee :
La fille au preud’Atlas qui, pilote tres digne, Conoiſt les goulfres creux de la plaine marine, Se tient à la maiſon.–
Or Atlas ayant eſté auerty par l’Oracle de Themis, le plus ancien de tous autres, de ſe donner garde de l’vn des fils de Iupiter, ne vouloit plus aucune ſorte receuoir en ſa maiſon eſtranger paſſant, quel qu’il fuſt. Aduint en ſuite que Perſee remportant le chef de Meduſe qu’il luy auoit trenché, fit eſtat de loger chez luy, comme eſcript Ouide au 4. des Metamorphoſes :
Atlas ſe reſouuient et à-part ſoy repaſſe Le ſort que luy predit la Themis de Parnaſſe : Atlas, vn iour viendra que ton Arbre au fruict d’or On te viendra voler : & qui pis eſt encor, Celuy qui de ce vol parfera l’entrepriſe, Aura de Iupiter ſa geniture priſe.
Mais il le tança rudement, & le contraignit de ſortir, ruminant touſjours en ſon cœur cette prediction de Themis :
–A donc Perſé luy dit : Puiſque ie n’ay chez toy de loger ce credit, Pren de moy le preſent que ie te liure & donne. Lors il luy deſploya la teſte de Gorgonne, A gauche ſe tournant. Ce tant affreux regard Tranſmué en montagne.Fait que du Roy Atlas la forme humaine part, Et ſe change en hault mont : toute ſa chevelure En branches s’eſtendant ſe transforme en nature De boſcages touffus, ſa barbe ſans arreſt Et tout ſon poil ſe muë en eſpaiſe foreſt. Ses eſpaules, ſes mains, en montagne deuiennent : Tous ſes os ſe font pierre, & ſa durté retiennent. Ce qui de tout ſon corps le chef auoit eſté, Or’ d’vn mont touche-nuë eſt la ſublimité, Somme, de ſa perſonne accroiſt chaſque partie, Et au prix qu’elle croiſt, en mont eſt conuertie, Qui le lambris du Ciel au vueil des Dieux ſouſtient, Brillant de tant de feux eſtoillez qu’il contient.
Autres opinions de la qualité d’Atlas. Le Poëte dit icy qu’Atlas fut conuerty en montagne par Perſee, pour luy auoir refuſé de l’heberger en paſſant. Mais Hygin au 150. chap. raconte que Iunon, ialouſe de voir Epaphe fils de Iupiter & d’Io, monté à telle authorité que de poſſeder en paix le Royaume d’Egypte, ſuſcita malicieuſement la guerre des Geans contre les Dieux pour chaſſer Iupiter hors du Ciel, & y reſtablir Saturne : Que de cette entrepriſe Atlas fut chef, comme le plus grand de tous, & qu’il preſta l’eſpaule aux Titans pour monter au faiſte du Ciel. Pour cette cauſe, Iupiter ayant mis fin à cette guerre par la defaite de tous ſes ennemis, condamna Atlas à ſeruir de là en auant d’eſtançon & de ſouſtenir le Ciel ſur ſes eſpaules, de peur que la vouſte ne ſe dementiſt, & le tout s’aualaſt en bas. Zezes eſcrit qu’Atlas fut vn excellent Mathematicien de Libye, lequel eſtant monté au haut d’vne montagne pour plus à ſon aiſe contempler le ciel & les Aſtres, tumba dans la mer qui battoit au pied ; & que pour cette raiſon, & la mer & la montagne porterent depuis le nom d’iceluy. Toutefois Polyide Poëte dithyrambique le dit auoir eſté vn paſtre tranſmué par Perſee en rocher en luy preſentant la face de la Gorgone ; parce qu’il ne le vouloit laiſſer paſſer ſon chemin, que premierement il ne ſe declaraſt, & par ſon nom ſe donnaſt à connoiſtre. Strabon au 17. Liure fait mention de cette montagne, & dit qu’elle eſt en Lydie hors des colomnes d’Hercule, tirant à main gauche, que quelques-vns ont auſſi appellé Diris. Les habitans de ce lieu-là ont eſté nommez Atlantes, ſans auoir autre nom particulier. Que cette montagne ſoit fort haute, Herodote en ſa Melpomene le teſmoigne : En cette mer il y a vne montagne dicte Atlas, eſtroite et ronde de tous coſtez. On dit qu’elle eſt si haute que la veuë de l’homme ne peut atteindre iuſques à la cime, car iamais les nuës ne l’abandonnent, ſoit en Eſté ſoit en Hyuer. Les habitans du lieu diſent qu’elle ſert de colomne ou pilier au Ciel : & ſe nomment du meſme nom que la montagne.
Ces peuples ſont tout au bout de la Lybie & de la Mauritanie, qui diſoient poüilles au Soleil, pource que de ſes rais il bruſloit, & eux & leur pays. Hauteur du mont d’Atlas.Pauſanias auſſi en l’Eſtat d’Attique eſcrit que le mont Atlas auoit le bruit de toucher le Ciel de ſa croupe, tant il eſt haut : & qu’à caſe de la quantité & hauteur des arbres qui y croiſſent, & des eaux qui en coulent, à peine y pouuoit-on monter. Virgile au 4. De l’Æneide fait mention de la hauteur de cette Montagne :
Prés de l’extreme bord qui l’Ocean termine, Et vers où le Soleil ſon chef au ſomme encline, Des Ethiopes noirs eſt tout le dernier lieu, Où de ſon dos ſouſtient le grand Atlas l’eßieu Cloué d’aſtres ardans.–
Et en la deſcription qu’il fait de cette meſme montagne, il luy attribuë des qualitez d’homme partie ſelon la verité, partie par fiction Poëtique :
Et volant void le faiſte & les coſtez d’Atlas Qui de porter le ciel ſur ſon dos n’eſt point las : Atlas qui encerné des nuës obſcurcies, A ſans ceſſe le chef battu de vens & pluies Il a toujours le poil de ſa barbe enfroidi De friſſonnans frimas & de glaçons roidi : La nege luy couurant les eſpaules l’aſſomme, Puis l’eau iuſqu’au menton enfondre le bon-homme.
Diuers noms de l’Ocean. De cette montagne-cy tout l’Ocean qui eſt ou dehors ou dans les colomnes d’Hercule vers les dernieres frontieres de la Mauritanie, s’appelle Mer Atlantique, & Mer rouge ; teſmoing Herodote en ſa Clio : combien que Platon au Dialogue Critias die que la mer Atlantique ait eu ſon nom d’Atlas fils de Neptun. Les vns diſent que l’Ocean fut son beau-père ; les autres son frere, d’autant que l’Ocean s’appelle diuerſement & a pluſieurs noms ſelon les diuers quartiers où il eſt ſitué. Car comme on l’appelle Atlantique en l’Heſperie, auſſi vers le Septentrion où il eſt expoſé à la Biſe, on le nomme Mer gelee ou glaciale : autres l’appellent Mer morte, d’autant que le Soleil ne ietta que bien tard & bien froidement ſes rais ſur cette mer-là : & vers le Soleil leuant, c’eſt la Mer Eoë ou de Leuant : ce qui eſt vers le Midy, s’appelle Mer Ethiopique, ou Mer rouge. Or d’autant que cette montagne de la Mauritanie nommee Atlas eſt ſi haulte, qu’on n’en peut voir le faiſte, & qu’il ſemble que de ſa croupe il donne iuſqu’au Ciel, c’eſt ce qui a donné lieu à la Fable, qui dit, que cet Atlas Roy de Mauritanie, ſouſtient le Ciel. Homere au 1. liure de l’Odyſſee l’appelle colomne ou pilier, & enſemble vne autre montagne qui n’eſt pas fort loing des colomnes d’Hercule :
Atlas a deux piliers, eſtançons ſuffiſans Pour ſouſtenir la terre & les cieux treluiſans.
Quelques-vns luy donnent encore vn autre frere, Heſper, qui donna nom à l’Heſperie ; depuis dicte Italie ; Heſper fils d’Allis tranſformé en l’eſtoile du Veſpre.lequel eſtant vn iour monté ſur ſa fraternelle montagne pour contempler les Aſtres, diſparut, & ne fut plus veu : & creut-on qu’il auoit eſté mué en cette ſi brillante eſtoille nommee de ſon nom, qui le matin marchant deuant le Soleil s’appelle Lucifer ou Porte-iour ; & le ſoir cheminant derriere luy ſe nomme en Grec Heſper, & des Latins Veſper, c’eſt à dire, eſtoille du veſpre. D’autres ont dict que Heſper fut fils d’Atlas religieux, iuſte, courtois & enrichy de pluſieurs autres belles qualitez, que les vents emporterent tout à coup de deſſus le ſommet de ladite montagne ; & comme on ne peuſt trouuer nulle part, le bruit courut qu’il auoit eſté conuerty en vne eſtoille de meſme nom que luy. Voila ce que les anciens auteurs nous ont appris touchant Atlas Il faut expliquer ce qu’ils ont voulu dire.
¶Expoſitiõ des Fables ſuſdites.Quand au premier poinct, il ne ſe peut aucunement faire qu’Atlas ſouſtienne le Ciel comme l’enſeigne Ariſtote au 2. Liure du Ciel. La raiſon eſt, que ſi le Ciel a beſoing d’eſtançon & d’appui, il faut que ce ſoit vn corps peſant. Or n’est-il pas tel, comme il le montre par beaucoup de raisons. Cõment Atlas & Hercule ont ſouſtenu le ciel.D’auantage Atlas à la longue ployeroit ſous le faix, pource que rien de ce qui ſe fait auec peine & trauail n’eſt de duree. Zezes en la 1. hiſt.de la 5. Chiliade, eſcrit qu’Atlas Egyptien, qui a veſcu long temps deuant celuy de Lybie, a eu le bruit de ſouſtenir le Ciel ſur ſes eſpaules, parce que ce fut luy qui le premier en Egypte s’appliqua à l’eſtude des choſes celeſtes & aſtronomiques. Et ce que les Egyptiens ont dit d’Hercule Egyptien & d’Atlas, les Grecs l’ont accommodé au dernier Atlas & à Hercule fils d’Alcmene, & en ont faict des contes à plaiſir. Car ils diſent qu’Atlas donna le Ciel à Hercule pour le ſouſtenir quelques peu de temps, d’autant qu’Atlas luy apprit l’aſtronomie & le mouuemẽt des eſtoiles. Pour ce meſme ſubjet les Pleiades & les Hyades ſont dites filles d’Atlas, parce qu’il les remarqua le premier, & obſerua quelle force elles ont. Pauſanias en l’Eſtat de Bœoce dit qu’il y auoit vn bourg prés de Tenagre nõmé Poloſe, où l’on diſoit qu’Atlas s’eſtoit arreſté pour rechercher ſoigneuſement les choſes ſouſterraines & celeſtes. D’autres diſent qu’Atlas a le premier obſerué le cours de la Lune : ce que toutefois aucuns attribuent à vn autre Arcas fils d’Orchomene, de qui l’Arcadie a pris ſon nom : Arcadiẽs nais deuant la Lune.& pour cette cauſe les Arcadiens ſe ventoient d’eſtre naiz deuant la Lune, c’eſt à dire (ſelon mon auis) deuant qu’on euſt remarqué le cours de ce planete : lequel d’autres maintiennent qu’Endymion a le premier obſerué ; les autres ſouſtiennent que c’eſt Typhon, entre leſquels eſt le Philoſophe Xenagoras. Iſace dit qu’Atlas de Lybie a le premier recerché les mouuemens des Aſtres & les changemens de la Lune, lequel Thales a suiuy depuis. Les autres eſtiment que les Fables ont dict qu’Atlas auoit les pieds en terre, les eſpaules vers l’Orient & Occident, & la teſte vers le Midy, comme dit Ariſtote au liure des cauſes des mouuemens des animaux : pource qu’elles donnoient à entendre que le monde auoit beſoing d’vn ſiege ferme & affeuré pour ſe tourner tout au tour d’iceluy : car le diametre paſſe par ledit ſiege, & ſeparee qui eſt au-deſſus de nous d’auec ce qui eſt au deſſus de nous d’auec ce qui eſt au deſſous Atlas doncques a eu connoiſſance des choſes celeſtes ſelon l’opinion de ceux qui ont appellé de ſon nom l’aiſſeul du monde : ce qu’auſſi le nom meſme ſignifie ; car ſelon ſon etymologie il vaut autant que ne ſe laſſant point de ſouſtenir, à ſçauoir le faix de la machine ronde. Quelques-vns ont opinion que les colomnes d’Atlas ſoient le pole Septentrional & Meridional, d’autant qu’il ſemble que ces deux piuots ſouſtiennent le monde. Au reſte, l’on tient que cet Atlas des Anciens eſt proprement l’Enoch des Iuifs fils de Iared ; lequel ayant eſté rauy aux cieux, comme nous ſçauons du 5. de Geneſe, les peuples & nations de la terre qui ſçauoient la congnoiſſance qu’il auoit euë des choſes celeſtes, prindrent ſuject de croire qu’il s’eſtoit laiſſé choir de deſſus vne montagne en la mer, & n’eſtoit plus apparu. Virgile au 1. de l’Æneide nous apprend quelle eſtoit la croyance des Anceins touchant les bien-faicts d’Atlas enuers le genre humain :
–le barbus, Iopas D’vn lut doré chantoit ce que le grand Atlas Auoit iadis monſtré la Lune vagabonde, Les trauaux du Soleil : & qui peupla le monde D’hommes & de beſtail : d’où les playes, les feux, L’Arctur, les deux Trions, & l’aſtre pluuieux.
Les Pleiades & Hyades ont eſté filles d’Atlas, parce que les eſtoilles meſmes ſont nees apres la naiſſance du ciel ou de l’aiſſeul. Aucuns venlent dire qu’elles furent ainſi nommees des filles d’Atlas Lybien tres-habile Aſtronome, qui pour laiſſer de ſoy vne perpetuelle mémoire à ceux qui viendroient apres luy, nomma les eſtoilles des noms de ſes enfans ; ce que pluſieurs autres ont fait. Pleiades ames des planettes.Procle en ſes commentaires ſur les Oeuures & Iournees d’Heſiode, dit que les ames de toutes ſpheres, & les forces diuines ſont celles qu’on appelle Pleiades de façon que Celeno eſt l’ame de la ſphere de Saturne, Sterope de celle de Iupiter, Merope de celle de Mars, Electre de celle du Soleil, Alcyone de celle de Venus, Maje de celle de Mercure, Taygete de celle de la Lune : deſquelles les vnes ſe font accouplees & ont tiré race de leurs planetes, les autres d’autres Dieux ; ce qu’Ouide nous apprend au 4. Liure des Faſtes :
Les Pleiades viendront ſoulager les eſpaules D’Atlas : elles ſont ſept en nombre, mais les poles Nous en recelent vne außi d’elles, les ſix Se ſont auec les Dieux eſbatu dans leurs licts Caron dit qu’Alcyone & Celeno la belle Se ſouſmit de Neptun à la flame eternelle ; Et que le grand Iupin des enfans engendra De Maje, Taygete & la brune Electra, Et de Sterope Mars : Merope eut alliance A ſiſyphe mortel, & pour la repentance Et deſplaiſir qu’elle a de n’auoir qu’vn mortel, Se cache, tranſiſſant d’un vn reget immortel.
On en fait beaucoup d’autres contes, qui n’appartiennent point à cette œuure, & pourtant nous n’en dirons autre choſe pour cette heure, & prendrons Endymion.