Transcription Transcription des fichiers de la notice - <em>Mythologie</em>, Paris, 1627 - VI, 01 : Que nous ne devons point murmurer contre Dieu, si nous luy demandons quelque chose qu’il ne nous veuille accorder Conti, Natale 1627 chargé d'édition/chercheur Équipe Mythologia Projet Mythologia (CRIMEL, URCA ; IUF) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1627 Fiche : Projet Mythologia (CRIMEL, URCA ; IUF) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Paris (France), BnF, NUMM-117380 - J-1943 (1-2)
Français

MYTHOLOGIE,

ov,

EXPLICATION

DES FABLES.

LIVRE SIXIESME.

SOMMAIRE DES CHAPITRES.

I. Que nous ne deuons point murmurer contre Dieu, ſi nous luy demandons quelque choſe qu’il ne nous vueille accorder. II. De Phaëton. III. De l’Aurore. IV. De Memnon. V. De Tithon. VI. De Paſiphaé. VII. De Circe. VIII. De Medee. IX. De Iaſon. X. De Phrix, & de Hele. XI. Du Nauire d’Argo. XII. De la Cheure celeſte. XIII. De l’Oracle de Dodone. XIV. De Niobe. XV. De Thamyris. XVI. De Marſias. XVII. D’Ixion. XVIII. De Siſyphe. XIX. De Tentale. XX. De Titye. XXI. Des Titans. XXII. Des Geans. XXIII. De Typhon, ou Typhée. XXIV. De Pâris. XXV. D’Acteon.

Que nous ne deuons point murmurer contre Dieu, ſi nous luy demandons quelque choſe qu’il ne nous vueille accorder.

CHAPITRE PREMIER.

LA vie humaine eſtant de tous coſtez aſſaillie & trauerſee d’vn ſi grand nombre de difficultez, qu’elle ne peut s’exempter de beaucoup de miſeres ; ç’a eſté fort bien auiſé aux Anciens d’attirer les hommes à la prudence & à la tranquillité d’eſprit par douces & gracieuſes paroles, & qui par les merueilles des choſes qu’ils leur repreſentoient, peuſſent rauir leurs cœurs, & les eſleuer plus haut. Car comment eſt-ce qu’vn homme ſe pourroit perſuader, que ce qu’il demande à Dieu, voire d’vne bien ardente affection, eſt bien ſouuent choſe de neant, voire meſme dommageable, s’il n’auoit premieremẽt connoiſſance que beaucoup d’autres deuant luy n’ont qu’à peine obtenu par leurs prieres des choſes qui puis-apres ont grãdement affligé, tant eux que leur plus chers amis ? Exemples de trop grãde facilité. Chap. 8. liure 2. & chap. 9. l. 7 ch. 13. liure 5.Et pour exemple, que penſons-nous que deueint Theſee aprés qu’il eut reconnu l’innocence de son fils, que Neptun à ſa requeſte fit cruellement deſchirer en pieces ? Pareillement quel courroux, tant enorme ſoit-il, euſt peu dauãtage nuire à cette pauure Semelé, que fit la trop grande facilité de Iupiter, quãd à ſa requeſte ſi humble il la vint trouuer armé de telle majeſté qu’il auoit couſtume de s’aller esbaudir auec ſa Iunon immortelle, portãt ſa fouldre quant & ſoy ? Chapi re premier du preſent liure.Et de rechef quelle violence des mal-veillans & plus meſchans enuieux de Phaëthon l’euſt peu dauantage offenſer que fit l’indulgence de ſon pere, exauçant auec trop de facilité la priere de ſon fils ? Que ſi les Dieux n’euſſent point eſté bien ſouuent ſi faciles à accorder aux hommes leurs demandes, beaucoup de bonnes gens euſſent eſchappé pluſieurs calamitez, hazards, dangers, aſſaſſins. Or doncques afin que nous apprinſſions à nous armer de patience lors que nous ne pouuons impetrer de Dieu quelque choſe, les anciens ont en leurs cerueaux forgé beaucoup d’inuentions ; & afin que le ſimple peuple les trouuaſt de bon gouſt, & les print en bonne part, ils les ont enuelopees de Fables. Car quand nous demãdons quelque choſe, il ne nous faut pas quand & quand entrer en deſeſpoir, comme ont fait tant de mal-auiſez, qui ſe voyans reiettez & forclos de leurs requeſtes, ſe ſont pris à dire qu’il n’y auoit point de Dieu, ou qu’il ne tenoit conte des affaires de ce monde ; ou que tout eſtoit ſouſmis à vne ſuite & trainee de deſtins, dont il eſt impoſſible de ſe depeſtrer, voulans captiuer & aſſuiettir les choſes diuines à leur ignorance, non pas l’imbecillité de leur eſprit à la nature diuine. Afin donc que nous nous comportions modeſtement ſi quelques-fois nos prieres s’en vont en fumee, & que nous prenions en bonne part ce que Dieu determine en ſon conſeil, ils ont feint ce que nous entendrons au Chapitre suiuant de Phaëton, & pluſieurs autres ſemblables, que les plus ignorans & groſſiers penſent eſtre contes de vieilles, & choſes ridicules : Mais ſi vous conſiderez ſoigneuſement la qualité & nature de toutes les Fables, vous deſcouurirez aiſément qu’elles ont eſté inuentees pour reformer les mœurs, & amender la vie des hommes. Or entrons en la conſideration du diſcours de Phaëton, ſuiuant ce que les Anciens nous en ont laiſſé dans leurs eſcrits.