Transcription Transcription des fichiers de la notice - <em>Mythologie</em>, Paris, 1627 - X [33] : De la riviere de Lethé Conti, Natale 1627 chargé d'édition/chercheur Équipe Mythologia Projet Mythologia (CRIMEL, URCA ; IUF) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1627 Images : BnF, Gallica
Paris (France), BnF, NUMM-117380 - J-1943 (1-2)
Français

De la riuiere de Lethé.

OR d’autant que les Anciens philoſophes tenoient que l’ame fuſt non ſeulement immortelle, mais auſſi eternelle (telle eſtoit l’opinion de Pythagoras & quelques autres) ils croyoient que ſelon leurs merites & deportemens de leur premiere vie elles fuſſent touſiours infuſes & tranſmiſes en nouueau corps, & penſoient que retourner en nouueaux corps ce fuſt eſtre renuoyé aux enfers. Mais les ames qui toute leur vie n’auoient eu que mal & tourment, ne r’entroient point volontiers en d’autres corps, ſi l’on n’euſt trouué quelque expedient pour leur faire oublier toutes leurs incommoditez paſſees. Pour cette cauſe ils firent acroire que l’eau de la riuiere de Lethé eſtoit de telle qualité, que quiconque en buuoit, perdoit toute memoire & connoiſſance du paſſé. Voire mais on pourroit doubter en quel lieu eſtoit cette riuiere, parce que les vns la ſituoient aux Enfers ; & d’autant que Pythagore enſeignoit que les ames deſcendoient du Ciel, ie croy volontiers qu’elle fut miſe au cerueau de la Lune, cõme ainſi ſoit qu’elle manifeſte ſes forces aſſez propres pour engendrer vne oubliance : ioint qu’ils cuidoient que le ſigne celeſte du Cancre fuſt la porte par laquelle les ames des hommes montoient & deſcendoient, & celuy du Capricorne, celle par ou les Dieux en faiſoient de meſme.