De Mercure.
AFin auſſi que l’on entendiſt que les choſes humaines ne ſont pas du tout ſeparee de la nature diuine, ils ont cuidé que Mercure fuſt comme interceſſeur, rapportant aux hommes les ordõnances & arreſts des Dieux ; & aux Dieux les prieres & deſſeings des hommes. C’eſtoit vne fiction de ceux qui ne pouuoient comprendre comment les affaires de ce monde ſe gouuernoieut par la vertu de Dieu. Car Mercure eſt cette force & puiſſance diuine infuſe diuinement és eſprits humains, qui ageance auec vn merueilleux ordre l’eſtat de ce monde, & le conſerue en ſon eſtre. Derechef, cuidans que les ſonges deuallaſſent du ciel és entendemens des hommes, & que les ames fuſſent extraites du ciel & infuſes és corps de ceux qui venoient au monde, & apres leur decés deſcendiſſent és bas lieux, ils qualifioient cette puiſſance là qui produiſoit tels effects, du nom de Mercure : & ce d’autant que Mercure homme tres-ſage & bien entendu, enſeigna le premier que le monde auoit eſté creé de Dieu, & ne ſe pouuoit regir que par la prouidence de Dieu ; & dreſſa la maniere & les ceremonies des ſeruices des Dieux anciens ; enſeignant auſſi que perſonne ne pouuoit naiſtre ny mourir que par l’ordonnance & volonté d’iceux. Et pour auoir le premier dõné cette traditiue aux hommes de ſon temps, tout ainſi que s’il leur euſt manifeſté les conſeils & les choſes diuines, ils luy donnerent le tiltre de Meſſager des Dieux. Ie laiſſe paſſer ce qui touche l’efficace de l’eloquence & du bien-dire qui luy fut conſacree, qu’il faut lire en ſon diſcours, auec la nature de cette meſme Planete.