Transcription Transcription des fichiers de la notice - <em>Mythologie</em>, Paris, 1627 - X [66-67] : De Circe Conti, Natale 1627 chargé d'édition/chercheur Équipe Mythologia Projet Mythologia (CRIMEL, URCA ; IUF) ; projet EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne Nouvelle) PARIS
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1627 Images : BnF, Gallica
Paris (France), BnF, NUMM-117380 - J-1943 (1-2)
Français

De Circe.

MAis par la fabuloſité de Circe, ainſi nommee d’vn mot ſignifiant meſler, ils ont enſeigné la generation des animaux & des plantes, pource qu’il eſt neceſſaire que la chaleur y meſle de l’humeur : & pourtant cette mixtion eſtoit dicte fille du Soleil & de l’humeur : car nature entremeſle les elemens les vns auec les autres quand ils engendrent quelque choſe. Et d’autant que cette façon d’engendrer & la nature des elemens eſt perpetuelle, ils ont dict que Circe eſtoit immortelle, & d’autant que la corruption d’vne choſe eſt la generation d’vne autre, & que de cette corruption iamais ne peut naiſtre vne autre choſe de meſme forme, ains fort diuerſe, ils luy ont donné la reputation de pouuoir changer les hommes en diuerſes formes d’animaux. Vlyſſe s’empeſche bien de telle transfiguration, parce que l’ame eſtant immortelle & exempte de toute corruption, n’a point de principes eſquels elle ſe puiſſe diſſouldre, comme ainſi ſoit que Dieu l’a crée comme ſubſtance diuine ſubſiſtant de par ſoy. Ils vouloient doncques par cette fiction montrer l’immortalité de l’ame, combien qu’elle loge en vn corps aſſailly de diuerſes maladies, & ſubiet à corruption.

Explication Morale.

CIrce eſt cet appetit & concupiſcence que l’humeur & chaleur engendre és animaux : ſi ce chatoüillement de nature nous domine, il imprime en nos ames des vices brutaux, & ſelon qu’vn chacun eſt complexionné, tantoſt il l’induit à paillardiſe, tantoſt il l’enflamme de cholere, tantoſt il luy faict commettre quelque cruauté ou autre meſchant acte. C’eſt pourquoy l’on dit que les compagnons d’Vlyſſe, c’eſt à dire, les mouuemens de l’ame, furent tranſmuez en beſtes de diuerſes formes , Mais d’autant que la vertu des Eſtoilles nous encline aucunement à telles meſchancetez elle a eu le bruit de pouuoir meſme faire deualler les eſtoilles du ciel ; mais l’ame diuine & prudente, pourueu qu’elle ſe vueille euertuer, n’eſt point eſbranſlee par tels mouuemens : ſi ne peut elle ſurpaſſer ſi grande quantité de plaiſirs voluptueux & de dangers ſans l’aide de Dieu, c’eſt ce que les Anciens vouloient dire par cette Fable.