OR aprés nous auoir par les Fables ſuſdites exhortez à liberalité, largeſſe, humanité, & remontré que le fondement de tous malheurs eſtoit l’oubliance des bienfaits receus, ils ont voulu par la Fabuloſité d’Acteon enſeigner qu’il n’eſt pas expedient de faire du bien à toutes ſortes de perſonnes indifferemment, mais à ceux-là ſeulement qui ont l’ame bonne ; d’autant que, bien-faiſant à des ingrats l’on pert non ſeulement ſon bien-faict : mais qui plus eſt l’on employe du bien qui ſeruiroit vtilement pour en ayder vn honneſte homme. Afin doncques que nous ne nourriſſions à nos deſpens des eſpions de noſtre honneur, moyens & propre vie, & que nous apprenions à eſtre prudens & diſcrets à l’employ des plaiſirs & ſeruices que nous auons moyen de faire chacun ſelon ſa portee, ils nous ont propoſé cette Fable. Dauantage ils nous ont montré qu’il ne faut point eſtre par trop curieux, ny s’entremeſler de ce qui ne nous touche en rien, d’autant que la connoiſſance des ſecrets conſeils des Princes à ſouuent eſté dommageable à beaucoup de perſonnes.