Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de John-Antoine Nau à Toussaint Luca, 18 août 1913 Nau, John-Antoine<br /> 1913-08-18 chargé d'édition/chercheur Bourgeois, Benjamin (édition numérique) Laboratoire LISA ; EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1913-08-18 Texte de Nau : collection privée
Dans cette lettre, John-Antoine Nau donne des indications à son ami Toussaint Luca pour qu'il vienne le rejoindre à Porto-Vecchio. Français Dans cette lettre, John-Antoine Nau donne des indications à son ami Toussaint Luca pour qu'il vienne le rejoindre à Porto-Vecchio.

Tournant de la Marine

Vieux frangin,

Enfin, nous avons été rassurés aujourd'hui par la lettre et la dépâche arrivées en même temps : nous étions effrayés : nous nous figurions que Boudette et toi étiez malades, nous étions plus qu'embêtés. Tout est bien qui fini bien.

Je te remercie de tout ce que tu eux bien faire pour "En suivant les Crapauds volants" et m'excuser encore de tous ls ennuis que je te cause. Tu es un bon frangin.
Nous sommes heureux au-delà de toute expression en songeant qu dans quinze jours nous verrons ta figure amie. Tout en regrettant que Boudette et Marguerite ne puissent venir, nous leur pardonnons avec magnanimité. En tout cas il y n aura un de vous trois qui connaîtra notre petit bourbier qui connaîtra aussi notre vie dans ce pays bizarre et la partagera un bon bout de temps, je l'espère.

L'itinéraire, mon vieux canard? En voici deux : Comme tu aimes la mer et n'aime pas plus que moi, je pense, à avoir des embêtements pour tes bagages, à subir des retards pour leur transport, je te conseille l'itinéraire n°1. Il ne peut se faire que bi-mensuellement mais tu tombes juste sur la date voulue :

1° Un départ de vapeur de la Compagnie Fraissinet aura lieu le vendredi 29 Août, (*) - de Marseille - entre 3 et 4 heures du soir. Tu arriveras le Samedi 30 Août vers 4 heures du matin à Ajaccio. (Pas forcé de te lever si tôt, si tu n'es prêt qu'à 8 heures au plus tôt ça ne fait rien.) Le jour même, à 4h du soir tu partiras pour Propriano, y arriveras à 7h soir, coucheras à bord après avoir dîné à terre (c'est moins cher) : tu quitteras Propriano le Dimanche 31 de très bonne heure le matin (4h ou 5h), - arriveras à Bonifacio vers dix heures, repartiras bientôt après et arriveras à PortoVecchio à 1h1/2 post méridien. - Ce voyage est un peu plus long, mais moins cher et plus commode que le voyage par Bastia, qui comporte du chemin de fer et de l'automobile publique. (Sur cette automobile on ne prend pas toujours les bagages.) Je te donne pourtant l'itinéraire n°2 : Il faudrait, dans ce premier cas, partir de Paris le Jeudi 28, par le train de 7h et qulque chose du soir.

De Nice il part un vapeur Fraissinet tous les Samedis soirs vers 7 heures pour Bastia. Tu arrives à Bastia le Dimanche à 4h1/2 ou 5h du matin. Tu prends le chemin de fer pour Ghisonaccia à 8h20 matin, et arrives à Ghisonaccia vers midi. Tu repars du trois fois nommé Ghisonaccia à 1h après-midi par l'automobile publique et arrives à PortoVecchio un peu après 4h après-midi. Tu me trouves sur la place de l'Eglise et ça fait le compte.

Moi je te reconseille plutôt le premier itinéraire parce que si tu

(Marseille-Ajaccio, etc)

prends le second (Nice-Bastia-Ghisonaccia), - il faut qu'en arrivant par le chemin de fer à Ghisonaccia tu retiennes, avant de déjeuner, ta place à l'automobile publique, (juste en face de la gar); et parce que tu peux craindre que cette automobile refuse tes bagages si elle est déjà chargée (La Corse est un peu bizarre : on y est jamais sûr de rien !)

Voilà mon fiston. Arrive-nous d'un côté ou de l'autre et tu seras toujours le bienvenu. Si tu viens par le bateau, nous serons au bateau. Si tu arrives par l'auto nous serons sur la place de l'Eglise. Tu nous trouveras, en tout cas, tout prêts à t'emmener et tout heureux de te conduire à notre petit cap et à notre grotte. Tu verras notre escalier-trappe dont nous sommes si fiers et la plus belle vue qu'il y ait en Europe, sur un golfe quelconque. Et celui-ci n'est pas quelconque.

N'écoute pas ce qu'on te racontera sur l'insalubrité de PortoVecchio. C'était vrai il y a cinquante ans : C'est aujourd'hui admirablement sain. Nous y passons tout l'été, cette année, avec bonheur et santé et les autres années nous n'avons jamais quitté le pays avant la fin du mois de juillet. Tout le reste de la Corse est jaloux de PortoVecchio et veut empêcher le pays de prendre. C'est là le secret de bien des sollicitudes d'hygienistes improvisés. A Ajaccio, surtout, on est insupportable. On nous y a menacés je ne sais combien de fois de fièvres terribles à PortoVecchio et nous nous portons mieux, Yette, moi, - et presque toute la population (sauf les phtisiques) qu'on ne se porte à Saint-Moritz ou dans d'autres sanatoria. On a peur je te répète, que lorsque les touristes conaîtront le golfe de PortoVecchio, ils ne lâchent à tout jamais tous les autres trous de la Corse !! Il n'y a pas

autre chose !

Merci encore, vieux, pour les "Crapauds Volants", embrasse bien la chère Boudette que nous aimons de tout notre coeur, Yette et moi; embrasse Marguerite, par lettre; nous t'embrassons de non moins bon coeur et nous réjouissons de te voir bientôt.

Ton vieux frangin qui t'aime bien,

Népomucène des Pieds de la Gourhaie

dit

Auguste Dorchaini

Et un peu moins connu encore sous le nom de :

John-Antoine Nau

Merci à Lavaud, je lui écrirai un petit mot ces jours-ci, - et un à Souza-Zombi.

P.S. J'espère bien que ce n'est pas notre Eugène Fayolle qui vient d'avoir des ennuis avec la justice à la suite d'une affaire d'aéroplanes.

P.S. Pourrons-nous nous arranger pour que, dans "En suivant les Goélands", le sonnet sur "La Vie" (revue LaVie) soit dédié à Charles Lacoste qui a dessiné le titre de LaVie? Merci, mon vieux frangin.