Transcription Transcription des fichiers de la notice - 1555_<em>De quel parfum, ma dame</em>_[Épître V] Pasquier, Étienne 1555 chargé d'édition/chercheur Lagnena, Michela PARIS
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CINQIESME EPISTRECinqiesme Epistre.

DEDe quel parfum, ma dame, charmates vous le bouquet, que me donnates dernierement, par lequel il fault que ieje meure ? Vrayement ieje ne puis penſerpenser que dedans ces petites fleurs ſisi bien compaßéescompasséesdisposées de façon harmonieuse enſembleensemble, il n’y eut quelque influence de vostre diuinitédivinité : à l'odeur de laquelle ieje ne me ſenssens moins eſperduesperdu que iadisjadis ces bons vieux peres, lors qulorsqu'ils entroiẽtentroient esdans les alterestransports prophétiques, pour profetizer aux paſſantspassants. Mais pourquoy eſperduesperdu en fureur ? Veu que ce tãttant diuindivin bouquet prognoſtiqueprognostique ieje ne ſçaysçay quoy de calme &et bonace apres vneune longue tormente ? O bouquet que mille &et mille fois ieje fleure ! O main qui me le liuraslivras, que cent mille fois ieje baiſebaise ! Mais toy bõnebonne volunté qui acheminas cette main d'vnun coeur gay, &et non hypocrite, ieje t’adore, ieje t’adore auecquesavecques toute humilité. Plus tost me ſoitsoit vneune mort, &et encore vneune autre mort prochaine, que iamaisjamais ieje te mette en oubly : Et prendra ce tien bouquet contre le cours de nature telles racines dedans moy, que ij’espere par mon labeur le faire quelque iourjour plus croistre, que ne font ces grands chaiſneschaisneschênes des foreſtsforests, qui aparoiſſentaparoissent immortels. Tu croistras doncques mon bouquet,mais auecquesavecques telle intention que reuerdiſſantreverdissant par mes œuuresœuvres, iamaisjamais ne ſese ternira en moy la memoire de celle, qui te voulut compoſercomposer de tant de fleurs, pour en amaſſeramasser vnun million d'autres en mon eſpritesprit, qui luy ſontsont du tout dediées. Tu croiſtrascroistras, &et croiſſantcroissant congnoistra la posterité que quelque choſechose que les poëtes ayent iadisjadis menſongémensongé, rien ne feurent pour ton respect ny les arbres, ny les fleurs destinées pour la reſeruereserve de leurs dieux. Tu feuz par ma deeſſedeesse ſacrésacré : &et d'autant t'estiméestime-ieje plus, que ſanssans parole, ny ſanssans fableparole vaine, as deſiadesjà ouuertouvert vnun tel eſchangeeschangechangement en moy, que d’vnun esprit ſotsot &et terreſtreterrestre, auquel naguere ieje viuoisvivois, ieje ſenssens quelque caschose du celeste ſese viuifiervivifier dans mes os. Prens doncques ma deeſſe deesse , prens doncques cette vniqueunique deuotiondevotion, recognoiſſancerecognoissance de ton bienfait : De toy ieje tien mon meilleur, à toy außiaussi ieje le vouë, &et t'en preſentepresente la despouille, bien qu'elle n'entre en comparaiſoncomparaison auecquesavecques la victoire que tu as gaignée ſussus moy.