TranscriptionTranscription des fichiers de la notice - 1555_<em>Ma dame, vous n'estes point ignorante</em>_[Épître VIII]Pasquier, Étienne1555chargé d'édition/chercheurLagnena, MichelaPARIShttp://eman-archives.org1555
HVICTIESME EPISTREHuictiesme Epistre.
MAMadame, vous n'eſtesestes point ignorãteignorante qu'il y àatantoſttantost , que fortune voulut guider en tel acces mes penſéespensées, qu’oubliant mes anciennes façõsfaçons, ieje me ſubmissubmis du tout à voſtrevostre mercy : Soubs esperance vrayemẽtvrayement d’arriuerarriver quelque iourjour au portouoù tout nautonniermarindreſſedresseſesses voiles &et vœuz, pẽdantpendantvneune longue tormẽtetormente. Ce neantmoins ieje ne ſçaysçaycõmentcommentauezaveztouſiourstousjours tellement tenu le gouuernailgouvernail de ma volũtévolunté, que me ſinglãtsinglantorientant vers vnuneſpoirespoir, m'auezavez ancré en vneune crainte : En maniere que quelque choſechose que ij'euſſeeusse progetté en moy auecavec deliberation bien meure, ſoudainsoudaineſtoitestoit effacée par la preſencepresence de voſtrevostremaieſtémajesté. AinſiAinsi me fermiez le paſſagepassage, me remettant deuantdevant les yeux voſtrevostrehõneurhonneur, et enſembleensemble l’entretenemẽtentretenement de noſtrenostre amitié, &et autres telles raiſonsraisons, non conſiderablesconsiderables en ſoysoy, pour le regard de l’amour, &et toutesfois conſiderablesconsiderables en mon endroit, cõmecomme venants de voſtrevostre part. Car en quel point pourroy-iejecõtreuenircontrevenir ou retifuerretifverdésobéir à voſtrevostre commandement ? Toutesfois ma dame, ſisideuezdevez vous eſtimerestimer, que lors quelorsqueieje meis ma puiſſancepuissance entre vos mains, vous ayãtayanthabandõnéhabandonné tout le reſtereste, ce ſeulseul point demeure en moy : C’eſtest la puiſſancepuissance et liberté de reclamer voſtrevostre aide. Vous ſeuleseule entamates la playe, &et vous ſeuleseule la conſoliderezconsoliderez. EſtimeriezEstimeriez vous que l’amour feut ſisi ennemy à ſoysoymeſmemesme, que contre l’ordre de ſasa nature, il ne dreſſadressatouſiourstousjoursſesses voiles, vers ſonsonſeulseulſignalsignal&et Pharos, dernier refuge de ſessesmiſeresmiseres ? IeJeſçaysçaybiẽbien ma dame, que le grand diſtributeurdistributeur de ſesses graces, vous en àa fait ſisibõnebonne part, que ſisi l'auiezaviez entrepris, pourriez tyranniſertyranniserſussus l'amour : Qui me donne plus grand loiſirloisir de repenſerrepenser en moy meſmemesme, la temerité que ce m'est, de vous adreſſeradresser mes prieres. Mais ne ſçauezsçavez vous pas außiaussi, que les offrandes des plus petits ſontsontaußiaussi agreables aux ſaintssaints, comme celles des plus grands princes ? C’est pourquoy ieje vous ſuplysuply ma deeſſedeesse, auoiravoireſgardesgard, nõnon à la qualité, ains au coeur : &et guidant vostre faueurfaveur&et bonté, ſelonselon la proportion de voſtrevostre excellence, ne deſdaignezdesdaignez à mercy celuy, qui ne vouldroit eſpargnerespargnerſasa vie en voſtrevostreſeruiceservice : Sa vie ? ains meſmesmesmesſonson ame propre, laquelle ne trouueratrouvera oncques contentement, ſi nonsinon celuy qu'elle eſpereespere, &etſese promet trouuertrouver en voſtrevostre paradis : Auquel ſisi par lõguelongue&et cordiale deuotiondevotion y àa quelque acheminemẽtacheminement, iejepenſepense que la porte ne m'en ſerasera du tout cloſeclose.