NEVFIESME EPISTRENeufiesme Epistre.
AÀ V AEValentine .
MAMa damoiſelledamoiselle , ayant paßépassé quelques ioursjours en celle ville de Paris, auecquesavecques monſieurmonsieur de la Croix vostre affectionné ſeruiteurserviteur, &et l’vnun de mes meilleurs amis, ieje penſaypensay ne pouuoirpouvoir faire choſechose plus pour mon auantageavantage, que de luy donner à entendre par toutes voyes &et manieres, de combien s’accroiſſoitaccroissoit de iourjour en iourjour pour mon regard, celle amitié, qui eſtest iajà entre luy &et moy conceuë de longuemain. Or m'ayant deſcouuertdescouvert toutes ſesses particularitez (cõmecomme à ſonson plus cher ſecretairesecretaire) meſmemesme de l'entiere ſeruitudeservitude qu’il àa en vous, ij'ay pensé ne luy pouuoirpouvoir mieux cõgratulercongratuler à ſonson depart, que vous eſcriuãtescrivant la preſentepresente. Non que ieje ne feuſſefeusse biẽbien aſſeuréasseurésûr, que dedès l'entrée de cette lettre ne deußiezdeussiez trouuertrouver fort eſtrangeestrange, voire m'imputer à grãdegrande legereté d'eſpritesprit, la hardieſſehardiesse que ij'en ay pris : N'ayant de vous aucune cognoiſſancecognoissance, que celle que ij'en ay peu prendre par les diſcoursdiscours qu'il m'en àa fait. Mais außiaussi m'aſſeuréasseuré-ieje bien, que lá ouoù il y auroit aucune faulte en cest endroit, de ma part, trouueratrouvera ce neantmoins quelque excuſeexcusecontentement &et ſatisfactionsatisfaction en vous. Et ne feut ce qu'en faueurfaveur de celuy, lequel ſisi au parauantauparavant ij'ay eu en reputation d'homme d’eſpritesprit, maintenant l'eſtimerayestimeray-ieje beaucoup plus &et mieux apriséduqué, pour auoiravoir adreßéadressé ſesses vœuz à l'ẽdroitendroit d'vneune telle ſainctesaincte, ouoù repoſerepose toute miſericordemisericorde &et pitié. Qui m'àa fait plus hazardeuſementhazardeusement mettre la plume au papier, esperant que toute ma temerité ſeroitseroit couuertecouverte &et effacée, par vostre debonnaireté, ſoubssoubs la protection de laquelle ieje ſuissuis forcé me rendre vostre : Sans pretendre ce neantmoins faire tort à la Croix, de la volunté duquel dispoſezdisposez comme de la vostre. Mais vous ſçauezsçavez que ſisi par vnun commun accord de nature, les voluntez de luy &et moy ſese ſontsont vniesunies enſemblemẽtensemblement, que luy s'estant voué à vous, il me ſeroitseroit impoßibleimpossible m'exempter de voſtrevostre ſeruiceservice : AÀ la pourſuitepoursuite duquel ij'eſpereespere me porter en telle ſortesorte, que cettuy miẽmien amy &et moy, diuiſerõsdiviserons nos officesservices, ſanssans aucune ialouziejalouzie : Luy, en eſperanceesperance d'vnun iourjour auoiravoir en vous telle part, cõmecomme ſasa deuotiondevotion merite : et moy, en perpetuelle contẽplationcontemplation et plaiſirplaisir du contentemẽtcontentement que ieje pẽſepense que receuezrecevez l’vnun de l’autre, de vos affectiõsaffections reciproques. AuſquellesAusquelles ieje pry Dieu vous donner tel accõpliſſemẽtaccomplissement, que tout autre voulãtvoulant faire eſtatestat d'amour, aprenne par voſtrevostre exemple aimer de pẽſéepensée et de coeur : Duquel ma damoiſelledamoiselle, ieje me recõmanderecommande du tout à voſtrevostre bonne grace.