Transcription Transcription des fichiers de la notice - 1555_<em>Pendant que je ne sçay</em>_[Épître XI] Pasquier, Étienne 1555 chargé d'édition/chercheur Lagnena, Michela ** Editeur & Nom du projet ** ; EMAN, Thalim (CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1555 <span>Michela Lagnena, EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)</span>
VNZIESMEUnziesme EPISTREEpistre.

PEndantPendant que ieje ne ſçaysçay autre choſechose faire que d'entretenir mes pensées (ma dame, qu’il y àa aſſezassez long tẽslongtemps qu’on ne voit) ieje vous ay eſcritescrit celle chanſonchanson, teſmoignagetesmoignage de ma loyauté. Au ſurplussurplus ſisi en la liſantlisant vous riez, außiaussi a fait ſonson autheur, la cõpoſantcomposant. Et ne l’àa faite pour autre fin, ſi nonsinon à ce que les dames recognoißãtsrecognoissants par icelle la ſeruitudeservitude

 

qu’il a en elles, le prennent quelque iourjour à mercy. IeJe vous eſcriroisescrirois dauentagedaventage, mais quelques pẽséespensées qui me ſontsont de nouueaunouveau ſuruenuessurvenues, m'y dõnẽtdonnent empeſchementempeschement. Car apresaprès vous auoiravoir donné lieu, außiaussi fault il pour mon acquit, traicter les autres. PriãtPriant dieu, ma dame, vous donner autant d’arreſtarrest en voſtrevostre maiſonmaison (affin qu'vneune autrefois vous allant voir ieje n'y aille à faulſesfaulses enſeignesenseignes) comme il y en a en mes amours, ainſiainsi que vous pourra mieux aprendre la chanſonchanson, que ieje vous enuoyeenvoye.

CHANSONChanson
SISi pour conter ſonson malheur, NoſtreNostre plus grand mal s’abſenteabsente, D'ou vient qu'ouurantouvrant ma douleur, Ma douleur touſiourstousjours s’augmente ? Tout martire par long trait Perd ſasa vigueur &et ſasa force, Mais plus ieje veis, plus s’atrait En moy douloureuſedouloureuse entorce. Cruel deſtindestin, qui de moy Feis l'amour ſeigneurseigneur &et maiſtremaistre, Pourquoy ſoubssoubs ſisi triſtetriste loy Me voulus tu faire naiſtrenaistre ? Venez ô amants heureux, Venez ouir la complainte, Qu'vnun dieu dans vnun langoureux A desdès ſasa naiſſancenaissance emprainte.
Et vous qui de liberté N'eutes oncques cognoiſſancecognoissance, Et vous qui en loyauté AuezAvez plaine iouiſſancejouissance. Oyes la triſtetriste chanſonchanson Que dedans ceſteceste prairie, Sous vnun lamentable ſonson IeJe chante, ieje pleure, &et crie, Heureux, heureux qui ſuyuezsuyvez Les vertus d’vneune &et la grace, Heureux vous qui pourſuiuezpoursuivez La gloire d’vneune à la trace. Heureux qui d’vnun ſeulseul obietobjet Rendez voſtrevostre amour contente, Heureux qui d'vnun ſeulseul proget ViuezVivez en heureuſeheureuse attente. En vneune fichez voſtrevostre œil, En vneune ſese paist voſtrevostre ame, Vous entretenant ſanssans dueil D'vneune reciproque flame. Mais mon aſtreastre infortuné Ma deſaſtréedesastrée fortune, Ne me permiſtpermist eſtreestre né Pour me contenter en vneune. L'vneune m'a rauyravy le ris, Sans que plus auantavant ij'y touche, L’autre dont ieje ſuissuis eſprisespris
Se depart ſanssans plus ma bouche. L'autre qui au vif m'attaint Prit mon meilleur en ſeruiceservice : Et l’autre pour ſonson beau taint Feit de mon œil ſacrificesacrifice. L’autre couurecouvre mon malheur Et mon heur ſoubssoubs ſonson eſſelleesselle : L'autre d’außiaussi grand valeur D'vnun meſmemesme apaſtapast m'enſorcelleensorcelle. L'vneune ſese range à rigueur : L'autre ma douce ennemie, Fait de mon ame &et mon cœur VneUne eſtrangeestrange anatomie. L'vneune d'entre elles ieje voy (Celle que tant ij'ay priſéeprisée) Faire de moy, de ma foy, Et de mon amour riſéerisée. Telle me tient en horreur, Telle eſtest vnun peu moins hagarde, Qui d'vnun œil auantcoureuravant-coureur Le deſſeindessein de ſonson cœur farde. Toutes d’vnun commun accord En moy dreſſentdressent vnun trophée, Estimants que de mon ſortsort Sera leur gloire estophée. Tant leur aigreur s'aſſouuitassouvit De voir ma douleur guidée
Vers ceſtcest amour, qui rauitravist Mon esprit en leur Idée. Plus me cognoißentcognoissent captif Soubs vneune &et autre maiſtreſſemaistresse, Plus eſtest leur cœur ententif AÀ m'engloutir de detreſſedetresse : Et plus ieje voy leur froideur S'englacer ſoubssoubs loy ſeueresevere, Plus ieje ſensen dans moy l’ardeur D'vnun amour qui perſeuerepersevere. AinſiAinsi va doncq' le decret, (O cieux ! ô mon influence!) Qu'à ce Phœnix le regret Soit ſeulseul pour ſonson eſperanceesperance ? O prodigue de ton cœur Et de ta vaine penſéepensée ! Fault il qu'en telle langueur Ta foy ſoitsoit recompenſéerecompensée ? Vous Daimons, qui conduiſezconduisez Mon amour ſoubssoubs celle flame, Plus tostPlustost, plus tostplustost reduiſezreduisez Ce mien cors ſoubssoubs vneune lame : Ou bien en moy rebouchez Cette trop aspre pointure, Ou aux dames retranchez Leur froid en autre nature.