Transcription Transcription des fichiers de la notice - [1610_Petit-Pas_<em>LJ_</em>Ptxt] Adresse au lecteur Du Chesne, André (pseudonyme de Pasquier) 1610 chargé d'édition/chercheur Lagnena, Michela Michela Lagnena, Université Ca' Foscari et Université Sorbonne Nouvelle & Projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1610 Projet Pasquier Amoureux ? (Michela Lagnena, Anne Réach-Ngô, Magda Campanini) ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Paris (Fr), Bibliothèque nationale de France, 8-BL-8830 ; exemplaire disponible sur <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8727991z?rk=21459;2" target="_blank" rel="noopener" title="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8727991z?rk=21459;2">Gallica</a>
<div style="text-align: justify;">Se cachant sous l'identité imaginaire d'André Du Chesne Tourangeau, Pasquier se déguise en éditeur et porte un regard critique sur sa production littéraire ; il insiste notamment sur la diversité de sa plume qui « n'a jamais esté oiseuse ». En exploitant les principales ressources rhétoriques et discursives, le juriste présente le volume de <em>La Jeunesse et sa suite </em>offert au public comme un grand bouquet se composant de « fleurs esparses ça et là ». La métaphore topique du bouquet met bien l'accent sur le statut polygénérique de cet ouvrage, où l'image de la jeunesse jouxte celle de la vieillesse. Axées sur la célébration et la valorisation de l'amour, les œuvres réunies dans le recueil de <em>La Jeunesse d'Estienne Pasquier et sa suite</em> montrent en effet, comme dans un tableau, toutes les saisons du parcours littéraire de l'auteur. La posture d'auto-appréciation adoptée ici par Pasquier et la conscience de la valeur de son écriture, se caractérisant par la pluralité des sujets et la richesse du style, se confirment dans le rapprochement de <em>La Jeunesse</em> des <em>Iuvenilia</em> de Bembo, dont l'auteur ne manque pas de faire l'éloge. Finalement, dans le sillage de la conception horacienne, Pasquier porte l'attention du lecteur sur la double fonction du volume mêlant l'agréable à l'utile.</div> Français <div style="text-align: justify;">Se cachant sous l'identité imaginaire d'André Du Chesne Tourangeau, Pasquier se déguise en éditeur et porte un regard critique sur sa production littéraire ; il insiste notamment sur la diversité de sa plume qui « n'a jamais esté oiseuse ». En exploitant les principales ressources rhétoriques et discursives, le juriste présente le volume de <em>La Jeunesse et sa suite </em>offert au public comme un grand bouquet se composant de « fleurs esparses ça et là ». La métaphore topique du bouquet met bien l'accent sur le statut polygénérique de cet ouvrage, où l'image de la jeunesse jouxte celle de la vieillesse. Axées sur la célébration et la valorisation de l'amour, les œuvres réunies dans le recueil de <em>La Jeunesse d'Estienne Pasquier et sa suite</em> montrent en effet, comme dans un tableau, toutes les saisons du parcours littéraire de l'auteur. La posture d'auto-appréciation adoptée ici par Pasquier et la conscience de la valeur de son écriture, se caractérisant par la pluralité des sujets et la richesse du style, se confirment dans le rapprochement de <em>La Jeunesse</em> des <em>Iuvenilia</em> de Bembo, dont l'auteur ne manque pas de faire l'éloge. Finalement, dans le sillage de la conception horacienne, Pasquier porte l'attention du lecteur sur la double fonction du volume mêlant l'agréable à l'utile.</div>

André Du Chesne Tourangeau,

Au Lecteur.

Comme la plume de cest Autheur n'a jamais esté oiseuse, ains diversifiée selon la diversité de ses ans, aussi sur son premier avenement au PalaisPasquier fait son entrée au Palais, en tant qu'avocat, en 1549, à l'âge de vingt ans.,voyant une flote de beaux esprits de la France, qui s'estoient voüez à la celebration de l'Amour en nostre vulgaire par leurs Poesies, il les voulut contrecarrer par ses ProsesEsprit ouvert au goût littéraire de l'époque, Pasquier entre en contact avec les membres de la Pléiade. Dans une lettre, datant de 1555, il s'adresse à Ronsard et le range, avec Du Bellay, parmi les poètes qui se sont acquis du mérite par leur innovation poétique (voir Les Lettres d'Estienne Pasquier, I, Lettre VIII, dans Les Œuvres d'Estienne Pasquier, Amsterdam, [imprimé à Trévoux], Compagnie des libraires associez, 1723, II, col. 11). . Et sur cette opinion bastit le Monophile, des Colloques d'Amour et Lettres Amoureuses, accompagnées de quelques Jeus poetiques. Ce sont les fleurs de sa primevere dont j'ay voulu faire ce bouquet, que j'ay aussi enjolivé de quelques fruits de son Esté, et Automne : Car pour te bien dire (Lecteur) encores qu'arrivé sur son aage plus meur il ait receu cest honneur d'estre employé [A2r°] aux plus grands et signalez Plaidoyez de nostre temps C'est la plaidoirie contre l'ordre des Jésuites qui marque le début effectif de sa carrière juridique. Pasquier se propose, à cet égard, comme défenseur de l'Université de Paris contestant aux Jésuites le droit d'enseigner au collège de Clermont., toutesfois cela n'a pas empesché, que de fois à autres il n'ait tracé quelques vers par maniere de passetemsDans une lettre adressée à M. de Taix, Pasquier soutient en effet être « advocat, le jour, et Poëte, la nuict » (Les Lettres d'Estienne Pasquier, VIII, Lettre IV, dans Les Œuvres d'Estienne Pasquier, op. cit., II, col. 199)., selon que les occasions se presentoient, voire n'ait induit plusieurs beaux esprits de le suivre à la trace. Tesmoins les Jeuz Poetiques de la Puce, et de la Main des Grands Jours de Poitiers, et de Troye, és années 1579. et 1583. Tout cecy ne luy estoit qu'un rafraichissement à ses plus serieuses estudes, dont il t'a fait part tant par ses Recherches de la France, que lettres Françoises et Epigrammes Latins. Je me promets que si ses jeunes fleurs esparses çà et là, t'ont esté autresfois agreables, estant maintenant reduites en un corps, elles te seront d'une plus souefve odeur. Sous cette esperance ay-je voulu faire renaistre sa jeunesse dedans sa vieillesse, et non seulement renaistre, ains donner à ce mien Recueil le nom de La Jeunesse D'Estienne Pasquier, ores qu'outre les premieres gayetez de cest aage, j'y aye compris plusieurs autres pieces qui depuis se sont escoulées de sa plume. Et croy que je n'en seray [A2v°] par luy desavoué. Ayant en cecy pour parrein le grand et docte Cardinal Bembo, honneur de son siecle, qui ne doubta d'adjouster à ses oeuvres de poix toutes les belles faillies et gaillardises de son esprit sous le titre de Petri Bembi Iuvenilia. D'une chose te prie-je, vouloir jetter l'œil dessus, asseuré qu'en rapporteras, et plaisir, et profit tout ensemble. [A3r°]