À Monsieur Buisson Seigneur de Vaillebresay, Advocat en la cour de Parlement.
He vraiement vous avez raison de m'improperer maintenant qu'en ma jeunesse, à la suite de mon Monophile, j'aye mis en lumiere, un livre d'Epistres amoureuses : ce qui n'avoit encores esté attenté par nul des nostres. Comme si vous ne sçaviez pas bien que tout ainsi que chaque saison de l'année, aussi faut-il que chaque aage ait ses fonctions particulieres. J'aimerois tout autant que vous vous plaignissiez du Printemps qui ne nous produit que des fleurs, et requissiez en luy des fruits tels que raporte l'Automne. L'on dit que le Printemps estant doux, l'Esté chaud, l'Automne entre-deux, et l'Hiver froid et humide, il est malaisé que l'année ne soit bonne et plantureuse. Ainsi est il de nos aages : [c]ar si un jeune homme par quelque prerogative ou arrogance particuliere de sa nature, pensoit anticiper sur sa jeunesse, et se donner beaucoup d'avantages en sagesse par dessus ses compagnons, croyez qu'au jugement des plus sages, il ne seroit gueres sage. Jamais bonne farce ne feut jouée sur un eschafault, que celuy qui represente le fol ne face la premiere entrée. Jamais vie d'homme ne feut belle et accomplie, qu'elle n'ait produit en nous quelques traits de gaillardise sur nos premiers avenements. Le privilege de nos jeunes ans nous en dispense. Mais laissons la conside [ZZ2v°]