Mon cher ami – Je ne crois pas du tout que vous ayez raison – tout au moins du point de vue de l'article Hortie noire. Pour m'assurer que je n'étais pas trop de parti-pris, je l'ai soumis à quelques lecteurs exigeants sans leur rien dire : et leur opinion confirme la mienne. Je crois que vous saviez trop, à l'avance, les intentions (après tout secondaires) de ces quelques lignes. Car autrement vous auriez que W.L. y joue un rôle très effacé, et qu'elle-même à coup sûr aurait jugé trop effacé : ceci m'a été dit par des gens qui la connaissent bien. Quant aux oiseaux et autres rameaux, je ne puis que vous savoir gré de prendre soin de ma réputation littéraire. Vous voyez que je suis loin de vous en vouloir… Mais je serai coupable de vous taire l'embarras où m'a placé votre décision in-extremis. Ne croyez-vous pas qu'il eut été bien simple de relire cette note ensemble la veille au soir ?
Votre numéro est excellent : j'aime bien le Rendez-vous d'Arland, et toutes vos chroniques sont en plein centre des préoccupations présentes. La lettre ouverte de appliquer une intelligence qui, à demeurer trop longtemps dans la gratuité du jeu, aurait risqué de tourner en rond dans l'argutie. Voilà longtemps que je souhaitais – que je savais devoir un jour – entendre de lui des paroles directes. Oui, c'est très bien.
Quant à Une figure, deux visages, elles me valent un courrier invraisemblable et hétéroclite. Je suis submergé de photos de Gide, de Barrès – et surtout de ceux qui m'écrivent. Ce que je retiens de cela, pour le moment, c'est le désir très général de lire des "portraits" complets de certains contemporains. Je ne sais si l'expérience de ces deux numéros Nous Nous pourrions
Je viens de lire le roman – inachevé – que Léo Ferrero a laissé. Sur l'ensemble, plein de valeur du reste, les cent premières pages (les a-t-il retravaillées ? sans doute) se détachent comme un document et à la fois comme une grande œuvre. La vie d'un groupe d'enfants, puis d'adolescents, à la veille de la déclaration de guerre de l'Italie, à Florence. C'est jeune, c'est gai, c'est allant, c'est plein de trouvailles (et de ou de vérités). Des jeunes gens à qui je l'ai donné à lire en ont été encore plus ravis que moi – sans doute parce qu'il sont plus près de l'âge des héros et de la génération de Leo Ferrero. Cela vous intérresserait-il d'y jeter les yeux et de me dire si vous pensez que la NRF pourrait en publier des fragments ?