51 rue Boussingault
Paris XIIIe
le 1er décembre 1952
Cher Ami,
Souvent je m’interroge sur l’obscurité des mouvements qui semblent écarter nos chemins et ne leur permettre de se croiser qu’en de rares occasions.
Aussi un jour comme votre anniversaire achève-t-il de me convaincre de la valeur des signes, non seulement « parmi nous », mais pour nous, ce qui est l’essentiel.
Demain, quelques uns sentiront le signe de votre naissance et sauront qu’elle contenait déjà votre présence ; je serai de ceux-là, avec tout mon coeur, au sens le plus vulgaire, comme au plus pascalien de ce mot.
D'autres, qui nient l’être, refuseraient, en se moquant, de voir un signe dans le souvenir de l’instant où, selon eux, vous n’étiez rien ; c’est ignorer le drame de la promesse et la mystérieuse magnificence de la promesse tenue.
Nous appartenons à une religion selon laquelle Dieu a fait le monde et le conduit éternellement, « hic et nunc », mais a laissé à l’homme la liberté de le croire ou de ne pas le croire.
Comment ne pas le croire devant ces signes – ce signe précis que j’évoque ici ?
Pour moi, le 2 décembre signifie votre nécessité ; ce jour est donc aussi celui de la reconnaissance.
Jean-Michel Jasienko me demande de joindre ses messages et ses voeux aux miens.
Avec toute la fidèle affection de
P. S. S'est-on rendu compte de l’importance qu’a pour la Suisse Romande la réapparition de la N.R.F. ? ... Et du contraire, au point de vue matériel au moins ?