Jean ARABIA
Thuir (Pyr.- Or.)
P. U.
Tout ce qui est Humain
et Fraternel est nôtre.
Thuir Vendredi 7 NovIl faut me pardonner de ne pas avoir répondu par courrier à votre lettre et envoi des quatre magnifiques volumes de l’Encyclopédie de la Pléïade.
Vous m’avez comblé et c’est trop gentil de votre part (la montre ne valait pas tout ça !)….. me voilà en dette avec vous ; et surtout (pour équilibrer) pensez à moi si l’une de vos horlogeries se met à dérailler.
Mon long silence provient que j’aie toute sortes d’ennuis du fait que nous ne sommes pas encore installés. (Nous campons à la nouvelle petite maison de l’Av de Llupia).
Jamais je n’ai eu tel désordre (de ma vie) ! Je peux le jurer par l’amour (et cœurs en désarroi) de toutes les madones du monde – quoique cela ne m’avance point et ne me permettra de mettre à jour (sous ma main ou encore joli[e] escorte) mes
Le n° 2 de P. U. paraîtra avec un retard monstre !... Je n’y suis pour rien.
Ce qui me console c’est que j’ai monté une société de Billards, ici, et qu’elle commence à faire un gentil bruit de tonnerre dans la Région
L’impression du propriétaire ? Elle n’est pas bonne. Une maison non achevée vous donne un commencement de vertige.
Tous les ouvriers sont partis – mais il reste encore le peintre. Croyez qu’il me tarde et aussi à ma femme – de la voir s’en aller au plus-tôt, son ultime labeur achevé !.....
Enfin j’espère tout de même que pour la Noël nous serons définitivement installés. Vous viendrez nous voir et vous recevrons ici, de grand coeur, et en belle joie.
La saison est douce. Le soleil va toujours au galop parmi les vignes où les vendangeurs ont cueillis jusqu’aux derniers raisins.
Quel temps avez-vous à Paris ?
Dans une prochaine lettre je vous ferai part de mes projets d’un muguet de la PAIX, lancé par P. U. J’espère que vous accepterez d’être l’un des premiers mainteneurs.
Merci encore, cher Ami, de vos si délicates et généreuses attentions.
En bonne amitié de nous deux. Mes hommages très respectueusement choisis à Madame Jean Paulhan. À vous, mes mains affectueuses.
P.S. Si vous pouvez me faire
adresser un exemplaire du Dr JIVAGO
faites-le – mais à condition que je le paye à vos éditions par virement postal.
Sinon ne l’envoyez point – Merci encore et pardon de ce grand retard.