Jean ARABIA
Thuir (Pyr. Or.)
Thuir 31 Obre LVIII
Combien heureux de vos nouvelles – mais il y a l’ombre qui me chagrine, de vous savoir souffrant ! – Je me suis toujours rebellé contre cette ombre affreuse – cette voleuse de joies et de bonheur – La souffrance – la mienne, celle de ceux que j’aime inexorablement – donc la vôtre – et (par justice et pitié de tous les hommes) celle de nos ennemis, même.
J’espère et de toute ferveur souhaite, que vous puissiez me lire, bien rétabli et bien joyeux.
Non, laissez-moi vous le dire – car il m’arrive de flirter avec l’esthétique même joliment – excessive : votre crayon est excellent.
Je suis rentré dans la maison il y a presque un mois et demi. J’ai maugréé d’y camper : mais cette semaine nous installons, et tout sera bientôt dans l’ordre ; et mes dossiers et mes outils (hirondelles) comme hier apprivoisées très parisiennes ou catalanes.
(car dans mes dossiers il y a des chemises poëtiques et dans mes outils, des loupes et des brucelles, les unes et les autres, aussi purement féminines que le sont grammaticalement les hirondelles).
Oui, cher bon ami Jean, vous m’avez bien promis un article – un peu avant que je ne quitte – à grand regret – notre cher Paris.
Et l’article sera à votre goût, à votre choix, pacifiste ou de haute littérature ou les deux à la fois, et il me plaira, et il plaira !
Pour l’heure je n’ai que « le garage », ensuite si la tramontane favorise mes efforts, il y aura l’auto.
Quand vous viendrez, je crois bien que notre petite maison et « le fauve » et « l’éclatant » de l’âme ruscinole
En attendant vos bonnes nouvelles, nos bonnes pensées et très affectueux souvenir.
Merci, cher ami.
Fraternellement vôtre.
Vauvenargues a raison
nous sommes ses fameux disciples
et rejoignons Gandhi.